RAPPORT FINAL LES JEUNES ET L`ALCOOL

Transcription

RAPPORT FINAL LES JEUNES ET L`ALCOOL
Eric Le Grand
Consultant Santé publique
RAPPORT FINAL
LES JEUNES ET L’ALCOOL
LA ROCHE-SUR-YON
28 Novembre 2007
12, rue Duguesclin - 35590 L’Hermitage
Tél. 02.99.64.01.38 / Port. 06.61.10.14.82 / E-mail : [email protected]
REMERCIEMENTS
Nous tenions à remercier les personnes qui ont contribué au bon déroulement de cette étude.
•
Mr P. ZONGO, Directeur-adjoint Citoyenneté, Proximité et Tranquillité Publique, Mairie de La
Roche-sur-Yon,
•
Mme C. BRETHOME et Mr T. RAIMBAUD, Médiateurs sociaux, pour leur aide précieuse,
•
Mme CHARBONNOT, CPE, Lycée Guitton-Kastler,
•
Mr LEMORD, Principal du collège Renoir,
•
Mr ENFREIN, Lycée Technique Saint-Louis,
•
Mlle M.F. GUENEGUO, Responsable Accueil Jeune; Maison de quartier Saint-André d’Ornay,
•
Les membres du groupe de travail sur l’alcoolisation des jeunes,
•
Les professionnels rencontrés,
•
Et tous les jeunes ayant accepté de répondre à nos questions.
2
SOMMAIRE
Introduction
p. 4
Regards de professionnels : les principaux résultats issus des rencontres et du questionnaire
p. 7
I-
Perception de la consommation des jeunes
p. 7
II-
Temporalité et mode de consommation
p. 8
III-
Raisons de la consommation d’alcool et motivations à l’arrêt
p. 9
IV-
Politique des structures par rapport à l’alcool
p. 10
V-
Prévention
p. 10
A- Difficultés et atouts pour agir sur l’alcoolisation
p. 10
B- Les actions de prévention
p. 11
C- Les parents et la prévention
p. 12
VI-
Regard sur la prévention des jeunes
p. 12
VII-
En cas de consommation excessive d’alcool
p. 13
VIII-
Politique de développement d’un réseau de prévention de l’alcoolisme
p. 13
A- Des réflexions à intégrer
p. 13
B- Quelques exemples d’actions à mener
p. 15
Le regard des jeunes sur la consommation d’alcool
p. 16
I-
Raisons de la consommation d’alcool
p. 16
II-
Temporalité et mode de consommation
p. 16
III-
L’ivresse et le visage de l’alcoolique
p. 17
IV-
Prévention
p. 18
A- La connaissance des risques
p. 18
B- Regard sur la prévention
p. 19
C- Et vous, l’alcool, vous en êtes où ?
p. 20
V-
Alcool et parents
p. 20
VI-
Les jeunes, l’alcool, les parkings
p. 22
VII-
Alcool des villes, alcool des champs
p. 23
VIII-
Alcool et travail
p. 23
IX-
Alcool et perspectives d’avenir
p. 24
X-
De jeune à jeune : un regard qui montre des évolutions
p. 24
Conclusion
p. 25
Annexe 1 : le questionnaire
p. 27
Annexe 2 : liste des personnes interviewées
p. 31
Annexe 3 : les structures répondantes
p. 32
Annexe 4 : les thèmes abordés auprès des jeunes
p. 33
3
INTRODUCTION
Le Conseil Local de la Prévention et de la Délinquance (C.L.S.P.D.) de La Roche-sur-Yon, réuni en
séance plénière, le 11 décembre 2006 a décidé de réaliser une étude sociologique relative aux
comportements à risques des jeunes et, plus précisément en matière d’alcoolisation, sur le territoire
communal.
L’opportunité de cette étude reposait sur le constat émis par différents acteurs du champ éducatif,
sanitaire et social, de la police et de la justice d’une forte alcoolisation des jeunes.
L’étude sociologique confiée au consultant devait permettre selon le cahier des charges proposé:
•
d’établir un bilan des actions réalisées par les différents acteurs afin de préciser la création d’un
réseau, de les mobiliser en vue d’une planification et une coordination des actions,
•
de connaître les modalités d’alcoolisation des jeunes,
•
de mesurer la perception en matière de prévention et de santé des jeunes consommateurs
d’alcool afin d’agir sur leur système de valeurs.
Ce document constitue le rapport final de l’étude, qui s’est déroulée d’avril à octobre 2007. Il fait suite
au rapport intermédiaire présenté au CLSPD le 4 octobre 2007. Celui-ci avait notamment abordé la
question des représentations des professionnels et l’analyse des propos de jeunes sur la
consommation d’alcool, à partir de deux groupes rencontrés à la Maison de quartier Saint-André
d’Ornay, le 9 juillet 2007.
Ce rapport final reprend certains des éléments présentés en octobre. Ainsi, la partie relative au regard
des professionnels est reprise dans son intégralité sans modifications majeures. Seule la partie liée à
l’analyse des représentations des jeunes a été complétée.
Cependant, il convient de rappeler dès à présent l’une des principales limites de cette étude. En raison
d’un temps limité pour la mener (dû à des contraintes budgétaires), les éléments proposés doivent être
considérés comme une photographie et non comme une étude approfondie de la question de la
consommation d’alcool chez les jeunes. Ce point est important à prendre en compte notamment dans
les perspectives qui pourraient en être dégagées.
Au regard de la contrainte « temps » évoquée précédemment, des adaptations méthodologiques ont dû
être envisagées.
Ainsi, le public cible, qui était les jeunes de 13-25 ans a du être redéfini autour des 13-18 ans. Si cette
limitation exclut de fait la population étudiante, elle permet aussi de reposer le cadre de la prévention,
notamment dans les articulations avec le milieu scolaire, autour d’un public dit « captif ». De plus, elle
permet aussi d’envisager un lien, voire une continuité éducative entre le milieu scolaire et péri-scolaire
(lieux et espaces de loisirs, notamment les maisons de quartier). De la même façon, les 18-25 ans
posent la question de leur insertion dans la vie professionnelle et familiale, mais aussi entraînent des
pluralités de trajectoires qui restent difficiles à appréhender sans une enquête précise.
Cette contrainte de temps n’a pas permis non plus de faire des entretiens auprès des parents. Pour
les aborder, il serait nécessaire de définir avec discernement des « profils de parents ». Se pose aussi
4
la question de leur mobilisation. Afin de pallier à ce « manque », des questions portant sur les parents
ont été intégrées à la fois dans les rencontres avec les professionnels ainsi que dans les entretiens
menés auprès des jeunes.
Pour pouvoir répondre au cahier des charges proposé au consultant, et au regard de la contrainte de
temps, la méthodologie suivante a été mise en œuvre.
Pour les professionnels
Afin de toucher un nombre important de professionnels, un questionnaire a été élaboré (annexe 1) et
diffusé auprès de différentes structures du domaine éducatif, social et de prévention1. De plus, des
entretiens réalisés auprès de professionnels ont complété ce questionnaire.
Ainsi :
•
20 entretiens (annexe 2) soit en face à face, soit par téléphone ont été menés auprès de
professionnels de la commune,
•
23 structures et 60 professionnels (annexe 3) ont répondu au questionnaire et se sont exprimés
ainsi sur la question des jeunes, sur leur politique de prévention et sur le développement d’un
réseau de prévention de l’alcool.
Pour les jeunes
Des entretiens ont été menés auprès de groupes de jeunes et ce dans différents lieux de vie (maison
de quartier, établissements scolaires, parkings et espaces verts). Ces entretiens ont été réalisés en
groupes, sur un mode semi-directif, en abordant différentes thématiques autour de la consommation
d’alcool (représentations, mode de consommation, mode de prévention, rapport aux parents et aux
adultes en général. Annexe 4). Dans les établissements scolaire et maison de quartier, ces entretiens
ont duré entre 40 minutes et 1 heure. Ces entretiens se sont déroulés dans le respect de la parole de
chacun, en la seule présence du consultant afin que les jeunes puissent s’exprimer librement. De la
même façon, le choix des établissements s’est effectué au regard de liens préexistants avec la
municipalité. Les groupes de jeunes ont été constitués selon des critères portant sur l’âge, la répartition
entre garçons et filles et la présence d’interne.
Pour les rencontres faites sur les parkings et espaces verts, plusieurs points sont à souligner. Les
entretiens n’ont pu être enregistrés et les informations recueillies ont été retranscrites à la suite des
rencontres. De même, après une rapide présentation de l’objet de la rencontre, les groupes sollicités
étaient libres d’accepter ou non de répondre aux questions. Seul un groupe a refusé de répondre. Ces
entretiens ont duré entre 25 et 45 minutes.
Répartition des entretiens
1
•
9 juillet 2007 : Maison de quartier Saint-André d’Ornay
•
19 et 20 septembre 2007: rencontre de jeunes sur les parkings et espaces verts de la
commune. Accompagné de Mme Claudine Brethome, médiatrice , nous avons rencontré des
jeunes, au Parc du Château du Plessis, dans l’impasse Maurice Chevalier, au parking du
bowling, ainsi que sur le parking des Oudairies.
Nous n’avons pas diffusé le questionnaire dans les clubs sportifs de la commune en raison de leur diversité.
5
•
11 octobre 2007: rencontre des 4e et 3e du Collège Renoir, et d’un groupe dans la cour
pendant le repas de midi.
•
16 octobre 2007 : rencontre d’un groupe de BEP, au Lycée technique Saint-Louis et d’un
groupe d’internes au lycée Guitton-Kastler.
Ainsi, ce sont 90 jeunes qui ont été interviewés (52 jeunes en établissements ; 28 personnes dans les
parkings et espaces verts ; 10 jeunes dans la cour du collège).
Sur les 52 jeunes : 67 % sont des garçons, 56 % d’entre eux sont âgés de 13 à 15 ans et 52 %
n’habitent pas la commune.
Sur les 28 personnes rencontrées sur les parkings, il faut noter une faible présence féminine
(seulement 3 jeunes) et une absence des moins de 15 ans.
Dans une premier temps, nous allons analyser, le regard des professionnels sur la question de
l’alcoolisation des jeunes sur le territoire communal. La seconde partie du rapport présente une
photographie des représentations de la consommation d’alcool chez les jeunes.
6
REGARDS DE PROFESSIONNELS : LES PRINCIPAUX RESULTATS ISSUS DES RENCONTRES
ET DU QUESTIONNAIRE
Afin de mieux cerner les représentations des professionnels sur cette question de l'alcoolisation des
jeunes, le questionnaire et les entretiens ont intégré des questions liées à la perception de la
consommation des jeunes au sein de leur structure et dans l'environnement proche.
I – Perception de la consommation des jeunes
Dans ce chapitre seront traités successivement de la nature de la population concernée (tant par l'âge
que par genre) et de l'état de la consommation perçue.
1er constat : une consommation plus masculine et âgée
Que ce soit tant à l'intérieur des structures qu'au travers des observations faites par les
professionnels sur le territoire communal, la consommation d'alcool apparaît plus masculine que
féminine, et ce quelque soit le lieu d'observation (20 % à l'intérieur des structures, 25 % à l'extérieur).
Pour autant, le phénomène d'alcoolisation semble aussi toucher les jeunes filles même s'il reste
minoritaire. A cet effet, 43 % des répondants pensent que cela concerne les deux populations, à
l'intérieur des structures et 65 % à l'extérieur. Selon les professionnels, ce phénomène doit aussi être
pris en compte dans les politiques de prévention, tant les rapports à l'alcool semblent différents selon
les genres.
De la même façon, en ce qui concerne les tranches d'âges, il apparaît que la tranche d'âge la
plus concernée se situe entre 16 et 18 ans.
2e constat : une consommation d'alcool mieux maîtrisée à l'intérieur des structures que dans
l'environnement, mais des états d'ivresse constatés
S'il faut noter qu'aucune personne n'évoque une baisse du phénomène d'alcoolisation tant dans les
structures que sur le territoire communal, les professionnels considèrent ce phénomène en stagnation.
Ce constat semble plus prégnant à l'intérieur des structures que dans l'environnement. Pour quelques
personnes interrogées le phénomène semble en augmentation avec cette même dichotomie entre
intérieur des structures (faible augmentation) et extérieur (forte augmentation).
Il est important de préciser que cet élément doit être remis au regard de la visibilité de cette question
sur le territoire communal. En effet, si nous retrouvons cités comme lieux de consommation les bars, et
les discothèques, nous voyons apparaître surtout les squares, parcs et jardins, les chemins pédestres
et les parkings, notamment ceux qui sont à proximité des petites, moyennes et grandes surfaces. Cette
visualisation de la consommation d'alcool entraîne un sentiment d'alcoolisation fort de la population
jeune de la commune. Toutefois, si cette occupation de l'espace public correspond à des lieux de
passage pour les adultes, il correspond aussi à une phase de sociabilité de l'adolescence. Cette
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visibilité joue donc un rôle de double-miroir, miroir adolescent de la visibilité (et de la place que l'on
désire occuper dans l'espace public) et miroir des questions adolescentes pour les adultes.
Cependant, la question des états d'ivresse apparaît, elle, particulièrement présente tant dans les
structures que dans l'environnement. 42 % des personnes interrogées en ont constatés au sein de leur
structure et 68 % dans le cadre de l'environnement. Toutefois, si cette situation apparaît comme
préoccupante pour les professionnels, l'interrogation sur le nombre constaté laisse apparaître un
phénomène qui semble minoritaire (2 à 3 cas d'ivresse en moyenne dans les établissements, 5 à 6
dans l'environnement).
3e constat : Il y a jeune et… jeune
Il apparaît au travers des rencontres que le développement d'une politique de prévention de l'alcool sur
le territoire communal doit tenir compte non seulement des différences de consommation entre garçons
et filles et selon la tranche d'âge mais également d'autres paramètres évoqués par différents acteurs :
- les pratiques de consommation varient selon que les jeunes habitent La Roche sur Yon ou les
communes environnantes. Dans le cas présent, il apparaîtrait que les pratiques de
consommation sont en lien avec le lieu d'origine, où la pratique de l'alcool semble
culturellement plus tolérée.
- les pratiques de consommation varient aussi en fonction de la filière d'enseignement suivi.
Ainsi, les apprentis auraient une consommation plus importante d'alcool selon les filières du fait
d'une culture du travail plus ou moins tolérante vis-à-vis de l'alcool.
- certains établissements seraient donc plus sujet à des pratiques d'alcoolisation en raison de la
convergence de ces deux phénomènes.
Conclusion :
Pour conclure ce chapitre, certains éléments doivent être pris en compte :
- le phénomène d'alcoolisation semble plus présent et visible à l'extérieur des structures.
- le phénomène d'alcoolisation touche plus particulièrement la tranche d'âge des 16/18 ans et
plus particulièrement un public masculin, même s'il faut aussi noter que les filles apparaissent
touchées par ce phénomène.
- si des états d'ivresses ont pu être constatés au sein et à l'extérieur des établissements, ceuxci restent relativement minoritaires.
- des lieux bien identifiés de consommation, permettant une visibilité de l'adolescent.
II – Temporalité et mode de consommation d'alcool
Certains jours de la semaine apparaissent comme plus particulièrement sensibles à la consommation
d'alcool. Cette variation hebdomadaire de l'alcool montre une prédominance pour le mercredi, le
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vendredi et le samedi. Pour autant, ces variations renvoient aussi, selon les professionnels, à des
processus différents.
En effet, le vendredi et le samedi apparaissent comme des jours "traditionnels" de fête, un rythme
hebdomadaire, et semblent concerner une grande majorité de jeunes. Quant au mercredi, cette
consommation semble plus particulièrement toucher les internes qui restent sur le territoire communal,
ainsi que les lycéens.
De la même façon, 32 % des professionnels estiment que la consommation se produit tant le midi que
le soir.
Sans surprise, les produits privilégiés par les jeunes sont la bière, les alcools forts et les prémix. Pour
autant, les rencontres avec les jeunes montrent deux comportements différents liés au produit
consommé. Si effectivement la bière est le produit le moins onéreux, la quête de l'ivresse dure plus
longtemps, entraînant une consommation plus importante et plus longue. La consommation d'alcool fort
se traduit, elle, par une recherche rapide de "sensations".
III- Raisons de la consommation d'alcool et motivations à l'arrêt
Trois raisons principales se détachent du panel des 9 propositions du questionnaire2 :
- faire comme les autres,
- faire la fête,
- la quête de l'ivresse.
Si ces trois raisons sont conformes à de nombreuses études sur le comportement lié à l'alcool des
adolescents, il est intéressant de voir que les problèmes familiaux et scolaires n'apparaissent pas
comme un élément déclencheur, au même titre que la peur de l'avenir ni d'ailleurs… l'ennui.
Le regard des professionnels sur les motivations de l'arrêt :
Nous voyons apparaître ici la nécessité de renforcer la prévention autour de cette question, en montrant
notamment les dangers de la consommation de l'alcool - et ce pour certains dès le plus jeune âge- ou
en appelant au changement des mentalités et de la législation autour de l'alcool (soit par une
augmentation du tarif de l'alcool, soit par une interdiction de vente).
Il apparaît aussi d'autres éléments qui tranchent avec les résultats présentés précédemment.
En effet, si la question de l'ennui n'apparaissait pas de manière forte dans les raisons de la
consommation, les motivations de l'arrêt reposent bien souvent sur l'aspect occupationnel.
Nous retrouvons bien souvent cités la nécessité de développer des animations pour les jeunes dans le
centre-ville, le développement de lieux spécifiques pour les jeunes, le renforcement du partenariat avec
les maisons de quartier, la nécessité de combler et de gérer leur temps libre avec des activités
favorisant leur épanouissement, sportives notamment.
Les 9 items : volonté de devenir adulte ; les problèmes familiaux ; les problèmes scolaires ; la peur de l’avenir ; l’ennui ; la
quête de l’ivresse ; pour faire comme les autres ; pour faire la fête ; autre.
2
9
Ce point est important car il déplace le problème de l'alcoolisation du domaine sanitaire vers
des questions sociales et politiques, notamment parce qu'il interroge la politique de la jeunesse.
IV- Politique des structures par rapport à l'alcool
Comme nous l'avons vu précédemment, la stagnation de la consommation d'alcool apparaît plus forte à
l'intérieur des structures que dans l'environnement. L'un des facteurs explicatifs de cette situation serait
l'importance donnée à la réglementation régissant les consommations d'alcool. Du fait de cette
situation, l'environnement (au travers de l'occupation des différents espaces précédemment cités) serait
considéré comme un espace de "liberté" par les jeunes.
72 % des structures interdisent toute consommation d'alcool dans leur établissement. Si ce point se fait
essentiellement au travers du règlement intérieur, il apparaît que l'autorisation –même exceptionnellede consommer n'est pas tolérée. Il existe donc une cohérence forte des politiques des structures vis-àvis des jeunes.
Cette cohérence risque d'être affaiblie par le fait que 38 % des structures permettent aux adultes de
consommer. Cet élément n'est pas à négliger car il repose la question de l'exemplarité de l'adulte vis à
vis du jeune. Comme le souligne les jeunes interrogés, ce point concerne particulièrement les selfs où
l'alcool est à disposition des enseignants. Le développement d'une politique de prévention ne peut
se faire que dans le cadre d'une adéquation entre ce qui est demandé aux jeunes et le regard
qu'ils portent sur leur environnement.
De la même façon, 46 % des structures n'ont pas donné de consignes particulières vis-à vis de
l'environnement et 65 % n'ont pas reçu de plaintes du voisinage concernant l'alcool. Le nombre de
plaintes est d'ailleurs limité. Toutefois, il faut souligner le rôle prépondérant des médiateurs sociaux qui
jouent un rôle non négligeable dans le cadre de cette paix sociale.
Lorsque des infractions sont constatées, les démarches proposées relèvent d'une progression allant de
l'accompagnement du jeune à la sanction.
V- Prévention
A- Difficultés et atouts pour agir sur l'alcoolisation
Si 87 % des personnes s'estiment très bien ou plutôt bien informées sur le risque alcool, les difficultés à
agir ou à évoquer la question de l'alcool relèvent principalement :
- d'un problème budgétaire et de temps pour mettre en place des actions,
- d'un problème "pédagogique", lié tant à la motivation des élèves qu'à la nature des messages
à faire passer,
- de normes sociales (tant issues de la société que du groupe de pairs adolescents),
- d'un lien difficile avec les enseignants,
- de la difficulté de déterminer des états d'ivresses.
Pour autant des atouts non négligeables semblent favoriser le développement d'un discours autour de
l'alcool :
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- l'alcool est au programme de certains cours,
- l'âge des élèves semble être facilitant car il permet d'agir avant la conduite de dépendance,
- la présence de services de santé et d'équipes motivées,
- le sentiment d'améliorer le bien–être du jeune.
B- Les actions de prévention
51 % des professionnels ont mené des actions de prévention concernant l'alcool ces deux dernières
années. Les constats qui ont amené à cette élaboration diffèrent cependant.
Parmi ces constats, nous retrouvons :
- des états d'ébriété constatés au sein de l'établissement,
- des observations autour de l'établissement portant sur des comportements liés à l'alcool,
- une inscription dans les programmes scolaires,
- des accidents dûs à la consommation d'alcool,
- une analyse des discours des jeunes qui tendent à banaliser cette consommation et à en
minimiser les risques,
- plus rarement, une demande des jeunes eux-mêmes.
Les actions développées autour de cette thématique "alcool", le sont essentiellement en partenariat
(45% des personnes rencontrées). Parmi les partenaires cités, nous retrouvons :
- l'ANPAA,
- le COVESS,
- La Métairie,
- la sécurité et la prévention routière,
- les médiateurs sociaux, les éducateurs de prévention.
Les formes de ces actions relèvent principalement de :
- conférence,
- forum-débat,
- projection de film,
- journée banalisée (ateliers),
- campagne d'affichage,
- jeu,
- des actions sur les lieux d'alcoolisation des jeunes.
Les projets futurs :
30 % des structures ont des projets autour de l'alcool. Notamment la reconduction de projets, comme
des forums. Il faut aussi souligner la création et la mise en place d'un lieu d'écoute à l'AFORBAT.
Conclusion :
Comme nous le voyons, différentes actions de prévention ont été menées sur le territoire de La RocheSur-Yon auxquelles il faut ajouter : le travail de sensibilisation de la Municipalité dans les halls
11
commerciaux et les interventions de la police nationale dans les établissements scolaires3. Toutefois,
de l’avis des professionnels, ces actions restent trop ponctuelles pour être réellement efficaces. Il
apparaît donc un besoin fort d’inscrire le développement d’un programme d’action dans la durée.
C- Les parents et la prévention
Les attitudes parentales sont fréquemment mises en avant par les différents professionnels rencontrés.
Quatre attitudes parentales semblent se dessiner selon eux :
- le parent « cool » : ce dernier n’encourage pas forcément la consommation, mais estime que
c’est normal,
- le parent « sanction » : celui-ci ne tolère aucune consommation,
- le parent « qui ne sait pas du tout ce qui se passe »,
- le parent qui « se pose des questions » : notamment quand des problématiques alcool
apparaissent.
Si ces attitudes sont fréquemment citées, les professionnels restent prudents quant à la permission
donnée aux jeunes de consommer de l'alcool à leur domicile. En effet, 37 % des professionnels ne
savent pas si les parents l'autorisent et 40 % estiment que c'est le cas.
Cependant, si la problématique des parents reste forte dans les discours, il apparaît que seul 7% des
personnes ont mené dans leur structure des actions en direction des parents. Ce chiffre reste
relativement faible, même si des actions comme les conférences s’adressent plus particulièrement aux
parents. Il reste effectivement un point à renforcer, même si la mobilisation des parents reste
difficile.
VI – Regard sur la prévention des jeunes
Si 96 % des personnes connaissent le slogan "L'abus d'alcool est dangereux pour la santé.
Consommez avec modération", l'efficacité de ce message apparaît comme nulle pour 87 % des
personnes interrogées (62 % : plutôt pas efficace, 25 % plutôt pas efficace du tout).
Pour autant 4 tendances apparaissent dans la nature des messages à développer auprès des jeunes :
- La première tendance repose sur l'utilisation d'images chocs afin de dramatiser la situation,
- La seconde tendance repose sur la création de messages, à partir des attentes des jeunes et
utilisant leur code culturel et leur vécu,
- La troisième tendance vise à créer des message mettant en avant les notions de bien-être et
de responsabilité individuelle, et portant sur l'image que le jeune alcoolisé renvoie.
- La quatrième tendance met l'accent sur la nécessité de créer des messages autour de la
notion de fête sans alcool et en corollaire, propose leur organisation.
3
Des formateurs anti-drogues de la Police Nationale sont intervenus une trentaine de fois à la demande des établissements
scolaires. La Gendarmerie n’intervient pas sur le territoire communal. La Direction Départementale de la Jeunesse et Sports
a organisé des sessions de formations en direction des animateurs jeunesse en 2002, 2003 et 2004.
12
Si les trois dernières tendances peuvent s'avérer complémentaires, il est important de préciser que
l'usage de la peur en prévention n'a pas prouvé son efficacité et peut au contraire provoquer des effets
pervers dans la construction du jeune.
L'existence de ses différentes tendances implique aussi qu'un véritable travail de concertation
pédagogique et éthique soit entrepris afin de clarifier les diverses intentions éducatives et
représentations des professionnels. Cet élément est essentiel dans le cadre du développement d'une
culture commune et d'un travail en réseau.
VII – En cas de consommation excessive d'alcool
40 % des personnes interrogées ont accueilli des jeunes qui avaient envie de parler de problèmes
d'alcool. Globalement, l'information transmise a été, selon les interlocuteurs, de bonne qualité. Il faut
aussi noter que 65 % des personnes disposent, au sein de leur structure, d'une documentation de
qualité qui permet de renseigner et d'informer les jeunes. De plus, 75 % des répondants connaissent
des structures d'information et 66 % connaissent les structures de prise en charge. Ce point est
important notamment pour l'orientation des jeunes. Parmi les partenaires cités, nous retrouvons,
l'ANPAA, le COVESS, la Métairie, la CCAA, et par la suite, le médecin traitant, l'hôpital, la Croix d'or, les
médiateurs sociaux, les éducateurs de prévention.
VIII – Politique de développement d'un réseau de prévention de l'alcoolisme
Dans le cadre des réflexions menées par le C.L.S.P.D. sur la question des prises de risque liées à
l'alcool chez les jeunes, une piste d'action visait la création d'un réseau dont le champ d'action restait à
déterminer. Dans le cadre de l'étude, des questions ont été intégrées tant dans le questionnaire
qu'auprès des différentes personnes rencontrées afin de connaître leur positionnement, avis et réflexion
sur cette question.
Plusieurs points nous semblent importants à intégrer dans les plans d'actions qui resteront à développer
suite à cette étude. Notre propos n'est pas ici de trancher sur l'une ou l'autre de ces pistes. En effet, le
développement d'un réseau et ce quelque soit sa forme dépend bien évidemment de la volonté des
acteurs de le mettre en place, de le faire vivre et évoluer, mais surtout de décision(s) politique(s) qui ne
relèvent(nt) pas de notre responsabilité.
A - Des réflexions à intégrer
Si les différentes rencontres n'ont pas laissé entrevoir d'oppositions à la création d'un réseau, il apparaît
cependant que des réflexions doivent être poursuivies sur cette question.
1- Réseau Alcool ou …. : Les réflexions devront porter sur le champ du réseau. En effet, pour certains,
traiter exclusivement de la question de l'alcool peut paraître soit trop restrictif, notamment au regard des
politiques publiques de prévention des addictions (incluant tous les produits psychoactifs), soit très
stigmatisant pour les jeunes. De même, une dénomination "Réseau alcool" semblerait s'inscrire dans
une vision négative de la santé.
Il apparaît donc important de préciser s'il faut inscrire le réseau dans le cadre des politiques de
prévention des addictions ou bien de créer un réseau santé, voire de promotion de la santé des jeunes
ouvrant vers une perspective plus large.
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2- Coordonner… mais quel coordinateur ? Autres questions centrales : quelle structure semble la
plus pertinente pour coordonner ce réseau, et quels seraient les moyens humains et financiers
nécessaires à son bon fonctionnement ? Ces deux éléments apparaissent comme les freins essentiels
au développement d'un réseau pour les personnes rencontrées et selon les résultats du questionnaire4.
Cependant, la question de la coordination ne doit pas être posée uniquement en terme de fonction,
mais bien aussi être pensée en terme de légitimité de l'acteur qui le coordonnera. Parmi les
interlocuteurs rencontrés, différentes pistes ont été évoquées : la municipalité, de par sa connaissance
du territoire et sa capacité à agir sur celui-ci, ou bien une association de prévention connaissant la
problématique de l'alcool. Dans ce cadre, l'association la plus souvent citée est l'ANPAA. D'un côté, une
légitimité politique, de l'autre, une légitimité technique liée à la connaissance de la problématique alcool.
Pour autant, le choix du "coordinateur" doit être pensé en terme du meilleur "fédérateur" possible
auprès des acteurs concernés.
3- Coordonner… mais avec quel(s) partenaire(s) :
Les partenaires principalement cités sont les structures accueillant des jeunes (établissements
scolaires, maisons de quartiers, clubs sportifs), leurs organismes de "tutelle" et les associations de
prévention.
Toutefois, quatre éléments sont à évoquer :
- la participation ou non des jeunes et des parents à ce réseau. En effet, ils ont été cités par les
professionnels comme devant faire partie de ce réseau. L'avantage d'une telle participation serait
d'avoir leur ressenti sur les actions en développement, sur leur vécu et leur questionnement.
L'inconvénient repose sur la représentativité, quels jeunes choisir, quels parents choisir ?
- le fait que parmi les partenaires cités, si nous retrouvons les médiateurs sociaux, les éducateurs
de prévention et les policiers, la justice n'apparaît pas.
- la demande des professionnels pour que les débits de boisson, commerces et discothèques soient
représentés au sein de ce réseau. Cet élément semble intéressant à formaliser au regard des
actions déjà entreprises par la municipalité et les commerces. Ces actions sont d'ailleurs
considérées par les professionnels comme un bon point de départ à une démarche de prévention,
même si par ailleurs, leur responsabilité est évoquée dans les freins à toute démarche préventive.
- le fait que le choix des partenaires doit se faire aussi au regard du public cible de ce réseau. Si les
jeunes sont bien évidemment ciblés, les limites d'âges proposées sont fortement variables : 12-18
ans ou 12-25 ans.
4- Un réseau… oui, mais pour quel(s) objectif(s) : Si un réseau doit se mettre en place, la question
de ses objectifs reste posée. L'analyse des résultats du questionnaire donne ici quelques orientations :
- Développer et renforcer la connaissance des outils pédagogiques, les échanges de pratiques, et
améliorer l'information sur le risque alcool (10 5)
4
Parmi les autres freins cités, nous retrouvons : le manque de disponibilité, la présence de partenaires financés par la
production et la vente d’alcool, une forte pression de la société, une communication insuffisante.
5
Entre parenthèses, le nombre de personne ayant cité cet objectif.
14
- Permettre une meilleure prise en charge des enfants et des jeunes (7),
- Coordonner des actions à l'échelle de la ville, (5)
- Connaître l'ensemble des actions mises en place sur la ville et étudier leur complémentarité (2).
Au travers de ces différentes pistes, il semble important de préciser que la forme du réseau,
devra - et c'est l'une des conditions de sa réussite - intégrer deux niveaux d'interventions afin de
soulever l'adhésion du plus grand nombre :
- un niveau politique permettant la définition d'une politique générale sur le territoire communal.
A cet effet, ce niveau devra intégrer une réflexion sur les indicateurs pertinents de suivi de la
problématique alcool,
-un niveau technique permettant l'échange de pratiques, le développement des connaissances,
d'outils, etc.
Si la définition des objectifs permet une meilleure adhésion des professionnels, l'expérience de la vie
des réseaux montre que le temps passé à la réflexion doit être assez court, afin de s'engager
rapidement vers des actions.
B- Quelques exemples d'actions à mener auprès des jeunes, des parents et des professionnels
Nous donnons ici les pistes d'actions évoquées par les acteurs en direction des trois publics que sont
les jeunes, les parents et les professionnels.6
Jeunes
Parents
Campagne d'information (santé, sécurité routière, Les informer sur les risques, la dépendance
témoignages) (6)
Prévention des 10-11 ans (3)
Aider à comprendre les réactions des adolescents
et la manière d'analyser leurs expériences
Les impliquer dans les démarches préventives
Information auprès des parents pour les impliquer
dans les démarches de prévention
Actions tous les ans et régulières
Sensibiliser les familles au danger de la
consommation d'alcool dans le cadre familial
Campagne « Capitaine de soirée »
Faire un travail sur la culture familiale
Professionnels
Renforcer leur intervention sur le terrain
Formation pour ceux qui encadrent les jeunes
Formation sur les différentes structures d'aide
Besoin d'une réelle réflexion sur les stratégies
pédagogiques et éducatives avant de faire une
action.
Aider à la définition des contenus des messages.
Rappeler sans cesse que l'alcool est une drogue
que l'on doit apprendre à maîtriser
Témoignages de jeunes vers les jeunes sur quoi
faire de sa vie, parler et encore parler (3)
Organiser des fêtes et des évènements sans
alcool (2)
Ouverture plus souvent des accueils des MDQ(3)
Augmenter les structures de soins
Sensibilisation avec des personnes ayant eu des Lieu d'échanges et d'informations permanentes
problèmes d'alcool (2)
animé par une personne socioéducatrice formée
en alcoologie (ados/parents/professionnels)
Forum en commun sur les addictions et sur la
société en général
Eduquer au goût, développer l'estime de soi (3)
Temps de sensibilisation marquants, visuels
chocs (2)
Renforcer l’accueil et accompagnement (3)
6
Dans ce cadre, il faut aussi noter d’une façon plus large : une attente forte par rapport au changement de loi et une
évolution des codes de la société.
15
LE REGARD DES JEUNES SUR LA CONSOMMATION D’ALCOOL
Nous allons maintenant analyser les représentations des jeunes concernant l’alcool à partir des
entretiens 7 réalisés en maison de quartier, en collège, lycée professionnel et sur les parkings. Comme
nous l’avons indiqué précédemment, les propos présentés ne visent pas à l’exhaustivité de la question
de la consommation des jeunes mais bien de donner quelques points de repères pour des futures
actions en direction de ce public.
Si des points communs existent entre les groupes, des différences perdurent notamment dans la
perception de la consommation d'alcool.
•
Au point de vue de l’âge : les modèles de conscientisation de la consommation d’alcool sont
encore imprégnés d'une vision assez normative des choses dans le groupe d'âge le plus jeune,
même si nous sentons la phase d'expérimentation se mettre en place. Pour les groupes plus
âgés, nous voyons apparaître une vision de l'alcool plus ancrée dans la réalité, plus de vécu où
les différents messages de prévention ne sont pas ou peu efficaces.
•
Au point de vue du statut . les entretiens menés auprès des internes et des élèves en BEP
laissent apparaître des modes de consommation d’alcool plus excessifs. Toutefois, il serait
difficile de généraliser ce constat à l’ensemble de la population des BEP et des internes.
I- Raisons de la consommation de l'alcool
Les raisons de la consommation d'alcool reposent surtout sur le plaisir de la fête et de la quête de
l'ivresse. Ce point rejoint les représentations des professionnels. Toutefois, deux éléments sont à
intégrer. D’une part, la consommation est liée aussi à l'ennui et représente une aide pour faire passer le
temps. D’autre part, pour les plus jeunes, la consommation d'alcool permet selon eux de se donner plus
de force , de se sentir "grand" et de se montrer.
« L’alcool, c’est pour s’éclater mais aussi pour prouver qu’ils sont adultes. Les jeunes boivent parce
qu’ils s’ennuient, ou qu’ils sont déprimés ». « Pour se la pêter, pour se rendre intéressant » 8
« Pour s’arracher la tête, mettre de l’ambiance dans une fête » « C’est aussi ce qu’on va boire après les
cours, parce qu’on a rien à faire »9
II- Temporalité et mode de consommation
Quelque soit le groupe rencontré, la bière apparaît -et cela sans surprise- comme le premier produit
consommé par les jeunes et les alcools forts en second. Si la prédominance de la bière s’explique selon
eux par son faible coût, elle permet aussi de « s’échauffer » avant de prendre des alcools plus forts qui
visent eux à se « retourner la tête ».
"C'est surtout de la bière, mais aussi des alcools forts, vodka, whisky, etc.… rhum. La bière, c'est en
premier et l'après-midi, vite fait, c'est quand on a que ça, ou que l'on ne veut pas trop boire. C'est ce qui
7 Les
8
extraits d’entretiens sont en italique.
Elève de 3e Collège Renoir.
9 Jeunes du Lycée Guitton Kastler.
16
coûte le moins cher, enfin ça dépend. Cela dépend si l'on veut boire vraiment. Mais vite fait, c'est de
l'alcool fort pour avoir de l'effet".10
« Ca dépend du budget et des conditions. Si on est entre amis, ce sera de l’alcool fort, le week-end.
Autrement, si c’est avant d’entrer à l’internat, de la bière et parfois de la vodka, pour oublier où on
est»11.
« La bière, c’est juste pour avoir un coup de chaud, la vodka, c’est plus pour se retourner ».12
La plus forte consommation d’alcool se situe pour les jeunes de 16-18 ans, essentiellement pendant
les week-end. Toutefois, cette consommation apparaît plus importante pour les personnes qui ne sont
pas originaires de la commune (soit en internat ou apprentis). Cette sur-consommation est expliquée
selon eux par « l’abstinence » imposée par les établissements scolaires. Pour les internes, le week-end
apparaît comme un échappatoire où l’ivresse devient un modèle récurrent.
La consommation du mercredi après-midi n’est pas systématique. En effet, si des examens doivent
être préparés, ils ne se rendent pas sur les lieux de consommation.
III- L'ivresse et le visage de l’alcoolique
Pour les jeunes de 16-18 ans, la première ivresse est vécue à l'âge de 13/14 ans et a concerné une
trentaine d’entre eux. Dans les groupes des plus jeunes, seules 5 personnes en ont déjà fait
l'expérience. Cette pratique de l'ivresse prend naissance essentiellement dans un cadre festif.
Toutefois, si chacun d'entre eux a déjà vu des personnes ivres, le regard et les modes d'actions
proposés diffèrent selon les tranches d'âges.
Dans le groupe des plus âgés, l'ivresse est vécue comme un problème. La personne ivre est "chiante"
car elle nécessite que l'on occupe d'elle au lieu de profiter de la fête. L’ivresse est plus facile à gérer si
la personne est de sexe masculin. Dans les groupes des plus jeunes, l'image de la personne "ivre" est
négative.
Nous citons :
"oui, je pense de mauvaises choses. Je l'approche pas, surtout pas, j'appelle la police et s'il
tombe par terre, je vais le ramasser. Cela dépend qui c'est, je vais pas ramasser quelqu'un que je ne
connaît pas. Au pire, j'appelle quelqu'un, car cela peut être la ruse d'un psychopathe. On appelle la
police et les pompiers, comme pour un accident".
Il faut aussi souligner que seulement 15 personnes ont indiqué avoir été ivres au sein d’un
établissement scolaire.
Le visage de l'alcoolique
L'image de l'alcoolique, pour toutes les tranches d'âges, représente un modèle "repoussoir". Si cet
élément peut apparaître comme un levier d'action, il est nécessaire d'observer que la définition de
l'alcoolique prend des allures assez singulières.
10
Jeune de 17 ans, Maison de quartier.
Interne, Lycée Guitton-Kastler.
12 Elève de BEP.
11
17
Tout d'abord, l'image du "jeune" alcoolique repose sur une consommation solitaire, isolée de tout
groupe. Cette vision tranche avec la consommation en groupe qui soit a une origine festive, soit sert à
passer le temps, à tromper l'ennui. Cette consommation "solitaire" est associée à de la tristesse, et à
l'apparition de "problèmes" : "Ils sont pas bien dans leur tête, c'est chaud, ils ont un problème". De la
même façon, cette consommation est associée à une quotidienneté et au début de la dépendance.
"On devient alcoolique surtout quand on consomme tous les jours, tout seul. Même bourrés, tous les
samedis en fête, c'est pas alcoolique, car y a tout le monde et puis tu t'amuses".
IV- La prévention
A- La connaissance des risques
Le risque principal fréquemment évoqué est celui du coma. " Coma : Quand on boit comme un porc
pour se la raconter. On croit que l'on tient l'alcool". Certains d'entre eux ont eu l'occasion de voir ou
d’avoir connaissance de personnes ayant fait un coma. Le taux d'alcoolémie est connu. A l’exception du
coma sont cités comme risques - même s'ils ne se sentent pas concernés - les maladies du foie et du
sang ; les risques de bagarres. L'autre risque en lien avec l’ivresse est celui de l'accident de voiture,
mais qui, selon les jeunes originaires de la commune, ne les concernent pas, car ils font la fête chez
eux. Cependant, la conduite du scooter en état d’ivresse ne se pose pas en tant que risque. Comme le
souligne un jeune « Il faut bien que quelqu’un le ramène ».
Nous retrouvons cependant une forte dénégation du risque lié à l’alcool. D’une façon générale, et pour
reprendre une typologie empruntée à Patrick Perretti-Watel, sociologue13, les jeunes de 16-18 ans
proposent deux types de mécanismes de déni du risque.
Le premier mécanisme consiste pour la personne exposée à un risque dont elle est informée à se
réclamer d’un « groupe sûr » pour renvoyer le danger sur les membres d’un ou d’autres groupes qui
eux seraient « à risque ». Ce mécanisme collectif appelé « mécanisme de sélection victimaire »
concerne le regard des groupes entre eux. Pour les jeunes de la commune, ce sont les ruraux qui ne
« tiennent » pas l’alcool, et pour les ruraux, ce sont les jeunes citadins. Au même titre, les 16-18 ans
dans leur ensemble, stigmatisent les plus jeunes qui ne savent plus boire « correctement » et qui
cherchent perpétuellement à faire comme eux sans pour autant en avoir les moyens. Dans ce même
ordre d’idée, les filles sont stigmatisées car seuls les garçons « savent consommer ».
Le second mécanisme est un mécanisme de dénégation du risque qui est plus individuel et plus
moderne. Il consiste à tracer une frontière entre « soi » et la foule indéterminée des autres. En fait, il
repose sur l’idée simple que nous pourrions traduire ainsi : « Moi, je me contrôle, je connais mes limites,
contrairement aux autres ». C’est dans ce contexte, notamment, que sont vivement critiqués les jeunes
qui ont fait un coma. « Ils ont voulu se la pêter, affronter leurs limites », « mais en fait ils ne tiennent pas
l’alcool ». Le passage à l'hôpital pour coma n’est pas considéré comme un rite de passage vers le
monde adulte. Au contraire, pour eux, ce passage est synonyme d'échec et de rejet où apparaît le
manque de contrôle de la personne, et son incapacité à connaître ses limites.
Mais connaissent-ils leurs propres limites ? Les jeunes interrogés ont bien du mal à les cerner,
certains évoquent des indicateurs comme le mal de tête ou le vomissement. Toutefois, ces « signaux
d’alerte » ne sont pas suivis d’un arrêt de la consommation.14
13
Perretti-Watel P. Sociologie du risque . Paris : Armand Colin, Collection Sociologie U, 2000 : 286 p.
18
B- Regard sur la prévention
Sur l’ensemble des jeunes rencontrés, seulement ¼ d’entre eux ont assisté à des interventions de
prévention concernant la thématique de l’alcool, au sein de leur établissement actuel et/ou passé (pour
les plus âgés). Si ce point soulève la difficulté de mise en œuvre d’actions de prévention, il montre aussi
que c’est un axe fort à développer devant s’inscrire à la fois dans la durée, (sur une année, voire sur un
cycle) mais surtout qui doit ré-interroger les modalités de construction pédagogique de ces
interventions.
Pour les jeunes ayant été informés des risques liés à l'alcool, les interventions ont été faites
essentiellement par les professionnels de la prévention et par la police. Seul un groupe en collège se
souvient d’une animation autour d’un jeu mené par l’infirmière scolaire. Au-delà de cette animation, et
ce quelque soit l’intervenant, ces interventions sont considérées comme « moralisatrices » et
« culpabilisantes ».
Pour autant, si certains messages sont passés : l'alcool est une drogue entraînant la dépendance,
l'efficacité de ces interventions ne reçoit donc pas l'assentiment de tous. A la question : Quel type de
message selon eux doivent-ils être adressés pour ne pas consommer de l'alcool ? De l'avis de tous, il
faudrait des messages à caractère choquant, qui fassent peur, ou bien la mort de l'un de leur proche.
Ils écartent d'emblée les campagnes d'affichage proposées dans le cadre de l'action de prévention
menée par la mairie avec les grandes surfaces, jugées "trop naïves, gentilles » et surtout qui n’apparaît
compréhensible au regard de la législation. Selon les plus jeunes, "il faudrait que dans les bars, cela
soit limité à deux verres" ou bien augmenter l'âge de la consommation ou mettre des messages comme
sur les paquets de cigarettes".
Si le recours à la peur apparaît comme une piste séduisante pour les jeunes, elle n'entraverait pas,
selon eux, leur désir de boire, car "arrêter cela serait trop triste". De la même façon, le fait de proposer
ou de faire des « fêtes sans alcool » provoque de multiples discussions. Un jeune nous a proposé un
slogan « Fête sans alcool, la fête est moins folle ». Ils soulignent aussi l'hypocrisie des commerces qui
vendent de l'alcool et aussi celui de l'Etat, qui "aime vendre de l'alcool".
Cependant, l’une des pistes évoquées par les jeunes et qui montre depuis une dizaine d’année son
efficacité serait de construire avec eux non seulement les messages de prévention, mais aussi les
actions de prévention. Il serait intéressant de développer des actions relevant d’une dynamique
d’éducation pour la santé et de promotion de la santé, permettant d’une part de ne plus centrer
la question de l’alcool, uniquement sur la question des risques mais en ayant une approche
plus globale de la santé des jeunes et d’autre part, de renforcer le développement d’actions plus
interactives et ludiques.
Pour autant, la prévention ne s'arrête pas au message que les éducateurs transmettent, elle vise aussi
à créer un environnement favorable dans lequel les jeunes peuvent s'inscrire et vérifier la véracité du
discours adulte. En ce sens, les jeunes remettent en cause principalement les enseignants qui
consomment de l'alcool au restaurant de l'établissement, et ce devant les élèves."Ils boivent devant
nous. Au self, ils ont de l'alcool, ils ne se cachent même pas. C'est pas normal, ils sont en travail. Ils
montrent pas l'exemple, ils incitent les jeunes à boire". Certains, non sans humour d’ailleurs, dénoncent
cette situation, tout en faisant remarquer « qu’après tout les enseignants ont le droit de boire du vin de
mauvaise qualité ».
14
Nous n’avons pas trouvé dans les discours des jeunes, l’évocation du troisième type de dénégation du risque, à savoir : la
comparaison avec d’autres risques. Par exemple : comparer le risque alcool avec le risque de mourir de la pollution.
19
Un travail accru sur le restaurant scolaire et la consommation du personnel éducatif devrait être
envisagé afin de rendre crédibles, les différents messages des acteurs de la prévention.
La connaissance des dispositifs comme « Capitaine de soirée » ou les bus mis à disposition pour se
rendre en discothèques sont bien connus par les jeunes. Cependant, ces mêmes dispositifs qu’ils
considèrent comme essentiels pour éviter des accidents de la route liés à l’alcool, ne sont pas exempts
de toutes critiques. Comme le souligne une lycéenne, l’action « Capitaine de soirée » ne se soucie pas
de la sécurité de celui qui conduit et légitime aussi la consommation excessive d’alcool. Les bus quant
à eux pour se rendre en discothèque donnent aussi matière à réflexion.
"Ah oui, les bus, c'est bien, cela incite à boire. Tu sais que tu peux boire comme un trou car tu sais que
tu vas rentrer sain et sauf. A ce qu'il paraît "l'alcool tue les gens, pas moi, je m'appelle pas gens"15.
C- Et vous, l’alcool, vous en êtes où ?
Si quelqu’un – un ami, un frère, un adulte – vous disait que vous avez un problème avec l’alcool , quelle
serait votre réaction ? Si cette question visait avant tout à comprendre les mécanismes de réception de
messages émis par des proches, la réponse est la même et ce quelque soit les groupes. Nous
pourrions la résumer ainsi pour les propos les plus tolérants : « C’est bien de s’occuper de moi, mais
c’est ma vie, donc tu me laisses tranquille » et « je lui colle une baffe », pour des modes de réponses
disons-le, plus directs.
Si la conscience du problème émerge de la personne elle-même, s’en ouvrir à des tiers révèle -selon
les âges- des différences. Pour les plus jeunes, ces tiers seraient les parents, la fratrie et les ami(e)s.
Pour les plus âgés, les parents sont exclus , et une discussion se ferait avec des amis et/ou la fratrie. Si
le médecin de famille est rarement cité, le personnel médico-sociale des établissements scolaires n’est
pas considéré comme ressource. Le manque de confiance, de confidentialité est évoqué pour expliquer
ce non-recours.
Ce point –qui n’est pas sans rappeler les comportements des adultes vis-à-vis de l’alcool – n’est pas
sans poser problème. En effet, l’expression du problème alcool se fait alors auprès de personnes
n’ayant pas de compétences pour apporter l’aide suffisante au jeune. De la même façon, c’est aussi
faire porter une énorme responsabilité sur les épaules de ces « aidants/confidents ».
Cette difficulté se renforce aussi par la méconnaissance des lieux d'aide soit pour parler de sa
consommation, soit pour engager une démarche de sevrage. La structure la plus citée par les jeunes a
été « Les alcooliques anonymes », et une personne a cité « Le Relais Accueil Jeune ». Ce point est lui
aussi à développer afin d’éviter ce type de situation :" Si j'avais un problème, j'en parlerais à personne,
et surtout pas à mes parents parce qu'après si l'on ne peut pas sortir cela ne va pas"
V- Alcool et parents
S'il n'a pas été possible de rencontrer des parents, les entretiens ont permis d'intégrer des questions
sur l'univers des jeunes lié aux parents. Ceux-ci ont permis de cerner plusieurs éléments qu'il faudrait
approfondir par une « enquête parents ».
Au regard de la diversité des jeunes rencontrés, les caractéristiques sociales et économiques des
parents semblent jouer un rôle moindre que les attitudes des parents eux-mêmes .
15
Jeune maison de quartier, 17 ans.
20
Comme nous le soulevions dans le rapport intermédiaire, et ce qui a été confirmé par la rencontre avec
différents groupes de jeunes, la première "ivresse" pour les 16-18 ans apparaît au moment où les
parents leur laissent plus de liberté notamment au travers de l'autorisation de sortie.
Toutefois, les parents donnent quelques « conseils » quant à la consommation d’alcool.
"Des fois, ils me disent bois, mais bois pas trop. Mon père, il a jamais bu de sa vie, donc il dit, tu peux
faire une fête sans alcool. Quand je bois c'est jamais devant quelqu'un de ma famille, sauf aux
mariages".
Pour les plus jeunes, les parents interdisent la consommation.
D'une façon générale, lorsque des états d'ivresse ou une consommation excessive sont constatés par
les parents, les réponses données sont rarement l'acquiescement et apparaissent plutôt de l'ordre de la
sanction : "monte dans ta chambre, je prend une baffe". Pour d'autres, l'élaboration de stratégie permet
de contourner cet obstacle de la sanction, soit en essayant d’adopter une attitude non alcoolisée
(comme le souligne un des jeunes, "ce qui des fois est difficile"), soit en se promenant, ou en montant
directement dans sa chambre. L'élaboration de ces stratégies est plus propre au groupe plus âgé, qui a
déjà une "expérimentation" et qui dispose d’une plus grande autonomie.
Cependant, les entretiens ont mis en évidence d’autres traits caractéristiques de l’univers parental.
Parmi ces traits, nous voyons apparaître :
-
une plus grande tolérance des pères vis-à-vis de la consommation d’alcool et de l’ivresse
que chez les mères.
-
l'ivresse apparaît plus acceptée si elle intervient dans un cadre familial précis. Nous
pouvons citer les réunions de familles et les mariages notamment.
-
Bien souvent, la première personne ivre que les jeunes ont vu, a été un de ses parents, et
ce dans le cadre de fêtes, de réunions de familles ou à l’occasion d’une soirée.
-
Vers 16,17 ans, le jeune est fréquemment associé à la consommation d’alcool par ses
parents, notamment dans le cadre d’apéritifs et de fêtes. En ce sens, la consommation
d’alcool apparaît naturelle, et montre ainsi l’intégration du jeune dans le monde adulte.
-
Comme nous l'avons déjà dit, les parents jouent un rôle de sanction/d'information en
direction des jeunes. Cependant, maintenir ce rôle est plus difficile à tenir auprès des
jeunes plus âgés. Dès lors, les parents insistent plus sur la consommation d'alcool au
volant.
Toutefois, si la consommation d'alcool et l’ivresse peuvent apparaître tolérées dans certains cas, cette
tolérance disparaît dès qu’un établissement scolaire et/ou un maître de stage contacte les parents pour
les signaler. Dés lors, les réactions des parents sont les sanctions et réprimandes. D’une manière
générale, les politiques développées par les différentes structures sont entendues par les parents. Ce
qui semble cependant en jeu et enjeu pour les parents est bien ce que représente l’école et le monde
du travail en matière d’insertion professionnelle pour les jeunes. Nous pouvons nous demander si c’est
21
le phénomène d’alcoolisation des jeunes qui gêne les parents ou plutôt le fait que cette situation peut
entraîner des complications pour son insertion.
VI – Les jeunes, l’alcool, les parkings
Regard sur l’occupation des parkings et des espace verts
Pour les groupes rencontrés en établissement, la raison principale de la présence de jeunes
consommateurs sur les parkings et espaces verts, relève principalement de l'ennui « On s’ennuie sur la
commune, c’est mort La Roche Sur Yon16 », pour les plus jeunes : « Ce sont les plus âgés qui y vont,
car ils ne peuvent pas se rendre dans les maisons de quartier17 ». Ce constat est fait quelque soit le
jeune interrogé, qu’il soit originaire de la commune ou non. Si ce point incite à réfléchir sur les
politiques de loisirs à mettre en œuvre pour les jeunes qu’ils soient originaires de la commune
ou non, il est nécessaire de préciser que pour certains, le fait d’aller consommer sur un espace public,
correspond aussi à un « rituel » permettant de se retrouver entre soi, en devenant un espace de
sociabilité et de convivialité. D’ailleurs, cette occupation est empreint de règles, notamment celle de
laisser l’espace propre afin de « respecter l’environnement ».
Cependant, des éléments supplémentaires doivent être apportés. En effet, il existe, de la part du public
collégien, une condamnation forte de cette « occupation ». Des termes comme « ils se la pêtent », « Ils
veulent jouer aux grands » sont fréquemment utilisés. De même, une certaine crainte vis-à-vis de ces
groupes s’installe. « On a peur d’être happé » ou « ils se foutent de nous ». Si les collégiens évitent de
se rendre sur ces lieux, c’est aussi par peur d’être repérés par des enseignants, et dans certains cas
par des parents.
L'occupation des espaces publics : une pluralité de comportements liés à l'alcool
L'observation et les interviews faites sur les espaces publics auprès des jeunes montrent une pluralité
de comportements, qu'il conviendra de prendre en compte dans le cadre du développement d'actions
sur la question de l'alcool. Si les discours relatifs à la consommation d’alcool sont similaires aux jeunes
rencontrés dans les établissements, il apparaît que les motivations d’occupation de ces espaces sont
différentes.
Pour le groupe de jeunes (essentiellement composé de lycéens habitant la commune) que nous avons
rencontré un mercredi après-midi au parc du Château du Plessis, la consommation d'alcool dans ce lieu
est associé au plaisir de se rencontrer dans un cadre « agréable ». L’alcool, en l’occurrence ici la
consommation de bière, est alors considéré comme un facteur de convivialité. D’une certaine façon,
nous nous trouvons dans ce que les sociologues appellent « l’entre-soi adolescent 18» qui marque le
fort attachement au plaisir à être en groupe et à se rendre visible aux regards des adultes.
Les jeunes rencontrés le jeudi midi sur les parkings des Oudairies et du bowling, sont pour la majorité
issus de l'Aforbat, plus âgés, possédant le permis et n’habitant pas la commune. Pour eux, la
consommation d’alcool revêt ici d’autres caractéristiques. Si, bien entendu, nous retrouvons le plaisir de
se retrouver entre personnes de même commune d’origine, l’alcool permet surtout de s’échapper de la
pression scolaire et de celle du travail en jouant le rôle d’une « soupape de décompression ». C’est
notamment parce que la consommation d’alcool n’est pas tolérée au sein de l’établissement que les
Interne : 18 ans.
Jeune de 3e, Collège Renoir.
18 Voir à cet effet, Michel Fize : Le peuple adolescent. Paris, Editions Julliard, 1994 :180 p.
16
17
22
jeunes viennent sur ce parking. Ils citent aussi le fait que, selon eux, le restaurant scolaire ne permet
pas de développer une réelle convivialité (temps d’attente trop long, bruyant, etc…).
Comme nous le voyons au travers de ces deux rencontres, l’origine des jeunes (âge,
établissement d’origine notamment) joue dans leur mode d’appropriation de l’espace public. Cet
élément est à prendre en compte dans le développement d’actions futures.
VII - Alcool des villes, alcool des champs
Nous avons posé la question de savoir si les jeunes consommaient plus en ville qu'à la campagne.
Poser cette question faisait écho aux constats des professionnels portant sur une différence de
consommation selon les jeunes qu'ils soient issus de la commune ou non, en raison notamment des
zones de recrutement des établissements scolaires.
Si la réponse à cette question laisse les plus jeunes "mitigés", la réponse des 16-18 ans est affirmative.
Il existe une consommation plus importante à la campagne qu'en ville, ce qui fait que pour les jeunes
non originaires de la commune, « les jeunes ruraux » tiennent mieux l'alcool que leurs homologues
citadins.
L'explication de cette sur-consommation d'alcool en milieu rural tient selon eux à différents facteurs :
-
une présence plus faible des forces de l'ordre,
le nombre plus réduit d’actions de prévention,
un environnement plus tolérant vis-à-vis de l'alcool,
un espace de liberté plus important. En ce sens, si les jeunes ont envie de boire, ils
peuvent aller dans les champs et/ou dans les caves.
Pour autant, les jeunes non originaires de La Roche-sur-Yon, n'oublient pas non plus de stigmatiser
leurs comparses citadins. Si selon eux, ils consomment moins d'alcool, les jeunes citadins sont plus
enclins à consommer du cannabis en raison d'une plus forte offre sur le territoire de la commune.
VIII- Alcool et travail
Au travers des entretiens, la consommation d'alcool sur les lieux de stage et/ou de travail est aussi un
élément important dans l'univers d'alcoolisation du jeune. Nous donnons ici les éléments relatés par les
jeunes, en précisant que des études précises devraient être envisagées afin de corroborer leurs propos.
Selon eux, il apparaît que :
-
certaines « cultures » de métiers semblent plus propices à la consommation d'alcool. Nous
trouvons : les métiers du bâtiment, la mécanique automobile, l'hôtellerie.
-
la consommation d'alcool semble renvoyer à des questions de virilité ou de goût
(notamment dans l’hôtellerie),
-
la consommation d’alcool est liée aussi aux conditions de travail (pénibilité des travaux
nécessitant un « réconfort », stress).
-
la consommation d'alcool apparaît plus forte chez les petits artisans, les petits chantiers
que dans les grandes entreprises où les règles de sécurité et d’hygiène sont plus strictes.
23
Les mesures définies en outre par les établissements scolaires semblent bien intégrées.
IX- Alcool et perspectives d’avenir
Si les jeunes avouent sans complexe consommer de l'alcool et parfois même avec excès, tous
soulèvent que ce phénomène n'est que "temporaire", lié à l'instant de la jeunesse propre aux
expérimentations. D’une certaine façon, il faut que « jeunesse se passe ». En ce sens, la
consommation excessive d'alcool au travers notamment de l'ivresse, est pour eux "normale".
Le fait d'avoir un travail, de fonder une famille, et/ou d’avoir le permis marquerait la baisse, voire l’arrêt
de la consommation. D’une certaine façon, si ces éléments impliquent pour eux de développer des
attitudes responsables, dans lesquelles l’alcool ne pourrait plus avoir de place, ils montrent aussi le
passage à l'âge adulte, à un statut identifié. Si nous pouvons penser que certains continueront à
consommer parfois avec excès, il faut aussi remarquer, comme le souligne le dernier Baromètre santé,
que les ivresses tendent à baisser avec l'augmentation de l'âge (Proportion de personnes déclarant
avoir été ivres au cours des 12 derniers mois : 25,9 % pour les 15-19 ans ; 35,1 % pour les 20-25 ans ;
23,7 % pour les 26-34 ans )19. L’acquisition de nouveaux comportements de santé renvoie là aussi à
des questions sociales portant sur l’insertion sociale et professionnelle des jeunes dans notre société.
X- De jeune à jeune : un regard qui montre des évolutions
Les discours des 16-20 ans permettent aussi de cerner des évolutions dans les modes de
consommation de l’alcool. Ces évolutions dessinées par les jeunes corroborent les études nationales et
européennes.
En effet, la première évolution qu’ils notent au regard de leurs expériences est une modification dans
la consommation des plus jeunes (12-16 ans). Si certains ne manquent pas d’évoquer qu’ils avaient
commencé à consommer au même âge, l’objectif de cette « nouvelle génération » n’est plus de boire
pour la « convivialité » ( pouvant amener parfois à l’ivresse), mais de consommer pour être « ivre ».
Cette modification de comportement doit donc être d’ors et déjà prise en compte.
« Les jeunes commencent à boire de plus en plus tôt. Saleté de gosses, ils sont intenables. C’est trop
tôt. C’est fait dans le secret, les parents sont relativement impuissants. Il faut faire plus de contrôle sur
les scooters, mais les flics les prennent moins »20.
« Ca nous dérange, ça peut faire peur, mais nous on est passé par là. Ils sont trop jeunes. Il faudrait
qu’ils consomment à partir de 14-15 ans, pas avant. Il y a boire et boire, pour goûter, mais pas pour se
défoncer la tronche. Ils boivent des choses plus fortes. »21.
La seconde évolution concerne la recrudescence de la consommation d’alcool chez les filles. Ils
expliquent cette « nouveauté » par une volonté « égalitariste » de ces dernières vis-à-vis des hommes,
ce que confirment les filles interrogées . Ce point doit être aussi intégré dans les politiques de
prévention, non pas exclusivement en terme de risques liées à l’alcool, mais bien aussi autour du
rapport garçons/filles, et du positionnement de la fille dans notre société.
19
Legleye S ; Rosilio T., Nahon S. Alcoolisation, un phénomène complexe. In Guilbert P., Gautier A. (sous dir.), Baromètre
santé 2005- premiers résultats. Saint-Denis : INPES, coll. Baromètres santé, 2006 : 39-47.
20 Jeune du Lycée Guitton-Kastler.,
21 Jeune de BEP, 16 ans.
24
CONCLUSION
Au regard de l’analyse des représentations de l’alcool tant chez les acteurs de terrain que chez les
jeunes eux-mêmes, il convient de définir certains traits qui devront être pris en compte pour le
développement d’actions futures sur la commune de La Roche-sur-Yon.
En premier lieu, si ce phénomène de forte alcoolisation est présent sur la commune, il reste cependant
marginal et minoritaire par rapport à l’ensemble de la population jeune. Comme le souligne les
différents acteurs, ce phénomène apparaît plus en stagnation et le sentiment d’un problème lié à cette
question est relatif notamment à la visibilité des groupes de jeunes consommateurs sur des espaces
publics. Ce phénomène est accentué par la forte concentration d’établissements scolaires sur le
territoire. Dès lors, cette visibilité et cette concentration de jeunes entraînent un phénomène
d’amplification de la consommation d’alcool chez les jeunes. Afin de conforter ce point, nous avons
recensé quelques données issues de différents organismes, collecteurs d’informations.
Parmi ces données, nous trouvons :
-
En 2006 : au Relais Accueil Jeune , sur 224 jeunes accueillis, 7 jeunes étaient concernés
par des problèmes d’alcool,
-
En 2006 : A la Métairie, sur 351 personnes âgées de 13-18 ans, 17 jeunes étaient
concernés par l’alcool (en premier produit de consommation) et 39 personnes en second
produit.
-
En 2006 : La Police nationale a arrêté 2 mineurs pour état d’ivresse et 1 mineur en 2007
(données de juillet 2007).
-
La Police municipale constate une baisse du chiffre des interventions auprès des jeunes
sur l’alcool . Celui-ci est passé de 24 à 9 interventions entre 2003 et 2005.
-
En 2005, le Centre d’alcoologie et de consultation en tabacologie a reçu 653 personnes
dont seulement 2 % ont moins de 18 ans.
-
Au point de vue des services des urgences, la non informatisation du service, ne permet
pas d’avoir une vue précise de la situation des jeunes alcoolisés. Une requête a été
demandée auprès du Service d’Information Médicale mais celle-ci est restée à ce jour sans
réponse.
-
Dans le cadre de l’Education Nationale, un recensement pour l’année 2006-2007 a été
effectué à partir des passages à l’infirmerie. 3 jeunes en collège, 17 en Lycée et 9
personnes en Lycée professionnel ont été reconnus en état d’ébriété avancé.
Ces chiffres confirment le phénomène minoritaire de l’hyper alcoolisation des jeunes (en le comparant
par exemple aux 7000 jeunes scolarisés en établissements publics). Ils indiquent aussi en
établissements scolaires, une bonne intégration des règlements intérieurs par les jeunes.
Ces chiffres doivent cependant être interprétés avec précaution. Comme nous l’avons vu, la majorité
des jeunes rencontrés ne connaît pas les structures d’aide et peuvent développer des stratégies leur
évitant d’être repérés par les adultes.
25
Cependant, au-delà des limites de ces chiffres, le développement d’une politique de prévention de
l’alcoolisme devra intégrer aussi un travail sur le suivi d’indicateurs pertinents permettant de mesurer
les évolutions de ce phénomène.
Pour autant, si ce phénomène d’alcoolisation ne concerne qu’une minorité de jeunes, il est important
dès à présent de renforcer la prévention. En effet, comme le soulignent les jeunes les plus âgés, une
mutation s’effectue dans les modes de consommation et ce en direction de deux publics. Le premier
concerne les plus jeunes (les 12-15 ans) qui consomment non plus pour faire la fête, mais pour « se
retourner la tête », cherchant avant tout l’ivresse. Le second public concerne les filles qui semblent
adopter un comportement similaire aux garçons.
Renforcer la prévention implique, à notre sens, deux axes. Le premier est d’inscrire dans la durée, les
actions de prévention, et surtout de privilégier une approche non moralisatrice autour de l’alcool. La
principale demande des jeunes est l’écoute et de pouvoir construire eux-mêmes les messages de
prévention. Dans ce cadre, des actions d’éducation pour la santé et de promotion de la santé pourraient
correspondre à cette problématique. De même, il est nécessaire de privilégier des actions inscrites dans
l’environnement du jeune afin que celui-ci perçoive une cohérence dans les messages, attitudes et
comportements des adultes. En ce sens, les comportements des adultes notamment en milieu scolaire
et en milieu professionnel doivent être particulièrement questionnés pour continuer à impulser un
discours crédible auprès du jeune. Cela implique aussi la poursuite des actions auprès des grandes
surfaces et dans les lieux de consommation du jeune. Le second axe vise à renforcer la connaissance
sur les risques, sur le déni lié à l’alcool ainsi que sur les structures d’aides et de prise en charge en
alcoologie.
Ce renforcement de la prévention - qui n’est pas de la seule responsabilité de la commune -peut
s’inscrire dans une réflexion menée dans le cadre d’un réseau. Ce dernier devra intégrer l’existence
d’une diversité de publics ayant –même si des traits communs existent- des comportements et des
représentations différentes de la consommation d’alcool selon qu’ils soient internes, apprentis,
originaire de la commune ou non, etc.
L’objectif ici n’est pas de stigmatiser un public plutôt qu’un autre, mais de pouvoir répondre aux attentes
des différents professionnels ayant un rapport de proximité plus ou moins forts avec des jeunes
consommateurs d’alcool. Au-delà de l’intégration de cette multiplicité de publics, il convient donc de
développer une approche territorialisée des politiques de prévention sur la commune. Cette approche
en territoire permettra de renforcer les liens entre les maisons de quartiers et les établissements
scolaires, et de développer une culture commune de la prévention de l’alcoolisme, au plus proche des
préoccupations des différents acteurs.
Si cette approche territorialisée concerne la commune de La Roche-sur-Yon, une réflexion pourrait être
menée avec les communes d’origine des jeunes afin là aussi de développer une politique de
prévention intercommunale.
Pour conclure, il apparaît enfin au travers des expressions des professionnels et des jeunes euxmêmes, que l’alcoolisation des jeunes n’est pas seulement une question de santé et/ou de sécurité
publique. Ce qui se joue aussi pour le jeune au travers de sa consommation est la place que la société
veut bien lui laisser prendre. En ce sens, elle nous réinterroge sur sa place dans la cité.
26
Annexe 1 : L'alcool et les jeunes : état des lieux
Le Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CLSPD) de la Roche sur Yon dans sa séance plénière du
11 décembre 2006, présidé par M. Le Maire, en présence du Préfet, du Procureur de la République et de l’Inspecteur
d’Académie, souhaite disposer d’informations concernant l’alcool et les jeunes de 13 à 18 ans, afin de renforcer par la suite
le dispositif de prévention et de prise en charge de l’alcool. A cet effet, un premier état des lieux sera mené auprès des
professionnels du secteur éducatif, sanitaire et social, qui sera complété par des entretiens auprès de jeunes. Le
questionnaire que nous vous demandons de bien vouloir remplir constitue un premier élément de cet état des lieux. Il n’est
cependant pas une fin en soi, et sera complété par d’autres indicateurs. Nous souhaitons aussi que cet état des lieux puisse
concerner le plus de professionnels possibles. A cet effet, n’hésitez pas à le communiquer au sein de votre structure à
plusieurs professionnels.
Nous vous demandons de bien vouloir retourner ce questionnaire rempli avant le 8 juin 2007 ainsi que tout document
(bilans, statistiques,…) que vous jugerez utile à la compréhension de cette problématique.
Afin de mieux vous connaître
6. Selon vous, au sein de votre structure, ces problèmes
concernent-ils plutôt…

les 13-16 ans

les 16-18 ans
1. Indiquez le nom de votre structure :
2. Précisez la nature de votre structure :
Collège
Lycée d’enseignement général
Lycée d’enseignement technique
Maison de quartier
Mission locale
Espace jeune
Centre d’apprentissage
Autre (précisez)
3. Vous êtes :
Animateur jeunes
Directeur de structure
Enseignant
Personnel de l'administration
Personnel d'éducation
Personnel social
Principal ou chef d'établissement
Professionnel de santé
Educateur
Autre (précisez)


















Perception de la consommation des jeunes
4. Selon vous, au sein de votre structure, les problèmes
d'alcool des jeunes depuis un an ont-ils…

augmentés

diminués

stagnés

restent inexistants
7. Au sein de votre structure, avez-vous constaté des états
d’ivresse ?

oui

non
8. Si oui, combien depuis un an ? ……………..
9. Selon vous, au sein de l'environnement (quartier,
commune), les problèmes d'alcool des jeunes depuis un an
ont-ils…

augmentés

diminués

stagnés

restent inexistants
10. Selon vous, au sein de l'environnement (quartier,
commune), ces problèmes concernent-ils plutôt…

les filles

les garçons

les deux
11. Selon vous, au sein de l'environnement (quartier,
commune), ces problèmes concernent-ils plutôt…

les 13-16 ans

les 16-18 ans
12. Au sein de l'environnement (quartier, commune), avez-vous
constaté des états d’ivresse ?

oui

non
13. Si oui, combien depuis un an ? ……………..
14. Quels sont les lieux dans l’environnement, que vous avez
identifiés comme favorisant la consommation d’alcool?
5. Selon vous, au sein de votre structure, ces problèmes
concernent-ils plutôt…

les filles

les garçons

les deux
27
Temporalité de la consommation d’alcool
15. Selon vous, les jeunes de la commune consomment
plutôt… (plusieurs réponses possibles)

le lundi

le mardi

le mercredi

le jeudi

le vendredi

le samedi

le dimanche
16. Selon vous, les jeunes de la commune consomment
plutôt… (plusieurs réponses possibles)

le matin

le midi

le soir

si autre (précisez)
Raisons de la consommation d’alcool
17. A votre avis, quelles sont les raisons qui poussent les
jeunes à consommer de l’alcool ? (noter de 1 à 9, du plus
important au moins important)

la volonté de devenir adulte

des problèmes familiaux

des problèmes scolaires

la peur de l’avenir

l'ennui

la quête de l’ivresse

pour faire comme les autres

pour faire la fête

si autre (précisez)
XI-
18. Qu’est-ce qui, selon vous, motiverait les
jeunes à arrêter leur consommation d’alcool ?
Politique de votre structure par rapport à l’alcool
21. Votre règlement intérieur stipule–t-il des interdictions par
rapport à l’alcool ?

oui

non
22. Si oui, lesquelles ?
23. La consommation d'alcool par les jeunes est-elle tolérée
dans votre structure ?

oui

non
24. Si oui, dans quelles circonstances ?
25. Les adultes ont-ils la possibilité de consommer de l'alcool
au sein de votre structure ?

oui

non
26. Des consignes ont-elles été données aux jeunes pour qu’ils
ne boivent pas aux abords de la structure?

oui

non
27. Avez-vous reçu des plaintes de riverains à ce sujet ?

oui

non
28. Si oui, combien depuis un an ? ……………..
Modes de consommation
29. Lorsque des infractions sont constatées, quelles démarches
entreprenez-vous
auprès
du
jeune
?
(sanction,
accompagnement santé, signalement auprès des parents,….)
19. Selon vous, les jeunes à La Roche-sur-Yon consomment
plus : (plusieurs réponses possibles)

de la bière

du cidre

du vin

des alcools forts

des premix

autre (précisez)
Prévention
20. Selon vous, à leur domicile, ont-ils le droit de boire de
l’alcool ?

oui

non

ne sais pas
30. En matière de prévention du risque alcool, pensez-vous
être…

Très bien informé(e)

Plutôt bien informé(e)

Plutôt mal informé(e)

Très mal informé(e)
28
31. Quelles sont les difficultés à agir ou à évoquer la question
de l’alcool dans votre structure ?
32. Si vous disposez d’un CESC22, l’alcool est-il un thème
prioritaire ?

oui

non
33. Avez-vous mené des actions de prévention du risque alcool
ces deux dernières années ?

oui

non
Si oui, veuillez répondre aux questions 34 à 42.
Si non, passez directement à la question 43.
40. Quelles thématiques ont-été abordées ? (plusieurs
réponses possibles)
les dangers de l’alcool pour la santé
les opinions et les motivations dans le choix de boire ou pas
la façon de résister quand on se voit proposer de l’alcool
les professionnels auprès de qui l’on peut obtenir de l’aide
la capacité à demander de l’aide
la gestion du stress, le bien être
l’industrie de l’alcool
la législation
Autre(s) thème(s)(précisez)
41. Avez-vous mené des actions en direction des parents ?

oui

non
42. Si oui, lesquelles ?
34. Quels constats vous ont amené à réaliser ces actions ?
35. Ces actions concernaient quel(s) public(s)
13-16 ans
16-18 ans
Internes
Apprentis
Autre (précisez)
43. Avez-vous des projets concernant la prévention de l’alcool
auprès des jeunes pour la rentrée prochaine ?

oui

non





36. Avez-vous mené ces actions uniquement avec vos
ressources humaines internes ?

oui

non
37. Avez-vous fait appel à d'autres partenaires ?
oui
non
44. Si oui, lesquels ?
45. Quels sont les atouts et les freins de votre structure en
matière de prévention du risque alcool ?


38. Si oui, lesquels ?
Regard sur la prévention chez les jeunes
46. Connaissez-vous l’avertissement « L’abus d’alcool est
dangereux pour la santé. Consommez avec modération» ?

oui

non
39. Quelle(s) forme(s) a(ont) pris cette(ces) actions ?
(conférence, projet participatif,….)
22
47. Pour inciter les consommateurs d’alcool à réduire leur
consommation, trouvez-vous cet avertissement…

Très efficace

Plutôt efficace

Plutôt pas efficace

Pas du tout efficace
CESC : Comité d'éducation à la santé et à la citoyenneté
29









48. Par rapport à ce que vous observez sur le terrain, quelle
devrait être la nature des messages à adresser aux jeunes ?
58. Sur quel public prioritaire devrait travailler ce réseau ?
En cas de consommation excessive d’alcool
49. Certains jeunes sont-ils venus parler de problème d’alcool
avec vous ?

oui

non
59. Quelles actions devraient être mises en œuvre rapidement
auprès des jeunes, des professionnels, des parents ?
50. Si oui, combien depuis un an? ……………..
51. Pensez-vous le(s) avoir informé(s) correctement ?

oui

non
52. Les jeunes disposent-ils de documents d'information sur le
risque alcool dans votre structure ?

oui

non
60 Selon vous, quels seraient les freins au développement de
ce réseau ?
53. Connaissez-vous des structures d'information vers
lesquelles orienter les jeunes ?

oui

non
54. Si oui, lesquelles ?
61. Quelles seraient vos attentes par rapport à un réseau ?
55. Connaissez-vous des structures assurant une prise en
charge de jeunes en difficulté avec l'alcool ?

oui

non
56. Si oui, lesquelles ?
62. Quelles sont vos attentes par rapport à la question de l'abus
d’alcool chez les jeunes ?
Projet de réseau de prévention de l'alcool
57. Dans le cadre de la mise en œuvre d’un réseau de
prévention de l’alcool, quels seraient les partenaires principaux
à y intégrer ?
30
Annexe 2 : Liste des personnes interviewées
Mme Sophie Cannevière et Mme Christelle Richard , Direction Départementale Jeunesse et Sports
Lieutenant Colonel Lecorps, Lieutenant Colonel Chabot et Mr Patrick Ditière, Service Départemental
d’Incendie et de Secours.
Mr Deick, Police nationale.
Dr Pluchon, responsable du service des urgences CHU La Roche sur Yon
Mme Béatrice Baudoin, chargée de prévention et Mr Pascal Guihal, directeur ANPAA 85
Mme Poirier, Relais Accueil Jeune
Rencontres au lycée Guitton-Kesler de :
-
Mme Lemon , assistante scolaire, Lycée Branly,
Mme Lefebvre, infirmière Cité scolaire Guitton,
Mme Coquard, assistante sociale Guitton Kastler et du Collège Haxo
Mme Vay Marie, responsable Service Assistantes Sociales Inspection académique.
Mme Charbonnot, CPE Guitton Kastler, les surveillants de l’internat du Lycée Guitton.
Mr Cournault, directeur de La Métairie.
Mme France Dupouet, directrice du COVESS et Mr Max Allo, chargé de projet au COVESS
Mlle Marie-Flore Gueneguo, responsable Accueil Jeune, Maison de quartier Saint André d’Ornay.
Mme Bolteau , Mission Solidarité Santé, Municipalité de La Roche Sur Yon.
31
Annexe 3 : les structures répondantes au questionnaire
Nature des structures
Service de Médiation sociale
Maison de quartier
Espace Jeune
Mission locale
Etablissements scolaires
Prévention
Spécialisée
(Mairie)
Foyer Jeunes Travailleurs
Police Municipale
FDE Gilbert de Gueney
Centre d'aide éducatif
Total
Nombre de
structures
1
3
1
1
11
1
2
1
1
1
23 Structures
Fonction
Médiateurs sociaux
Animateur club de jeunes
Animateur/pers. administratif
Conseiller en insertion
Professionnels de santé,
éducatif et sociale, directeur
/principal/proviseur
Educateur
Educateur/Animateur
Policiers
Responsable
Educateur
Nombre de
répondants
8
3
4
6
17
2
6
11
1
2
60 Professionnels
Répartition et nom des structures
Maison de quartier : Club Jeune Vallée Verte, Club Jeune Quartier du Bourg, Club Jeune Quartier des
Pyramides.
Foyer de jeunes travailleurs : Escale Rivoli et Arago
Etablissements scolaires : Collège Renoir, Collège Les Gondoliers et Segpa, Collège Haxo, Les
Etablières (collège et Lycée), LTP Saint Louis, LTP Branly, Lycée Notre Dame La Roc, Lycée SaintJoseph, AFORBAT.
32
Annexe 4 : les thèmes abordés auprès des jeunes
Ce guide d’entretien est donné à titre indicatif. Si les thèmes (en gras) étaient systématiquement
abordés, les questions afférentes étaient susceptibles de modifications selon la nature du groupe.
Les représentations de l’alcool
-
Pour vous, l’alcool, c’est quoi ?
Pourquoi les jeunes boivent-ils ?
Avez-vous déjà bu ? Si oui, à quelles occasions ?
Pour vous, être ivre, c’est quoi ?
Avez-vous déjà été ivres ?
Pensez-vous que les jeunes consomment seul ou en groupe ?
A quelles occasions boit-on et pourquoi ?
Pour vous, c’est quoi être alcoolique ?
Boit-on plus à la campagne, qu’en ville ? En milieu du travail ?
Temporalité / lieux/mode de consommation de l’alcool
-
A quel moment de la semaine et pourquoi ?
Que consomme-t-on et pourquoi ?
Pourquoi les jeunes vont boire sur les parkings ?
Les risques
-
Y’a-t-il des risques à trop boire ? Si oui, lesquels.
Y’a-t-il des risques à être ivre ? Si oui, lesquels, si non pourquoi
Les moyens d’aide
-
Connaissez-vous des gens, des structures pour vous aider ?
Si vous aviez un problème d’alcool, à qui en parleriez-vous ?
Les adultes, les parents
-
Par rapport aux parents, vous parlent-ils de l’alcool ?
Que font-ils si vous avez trop bu ?
Dans les structures et établissements, des adultes vous parlent-ils d’alcool ?
La prévention
-
Vous avez des interventions de prévention dans les établissements scolaires, qu’en
pensez-vous ?
Que faudrait-il comme message de prévention ?
Que faudrait-il pour que les jeunes consomment moins ?
33

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