RAPPORT FINAL LES JEUNES ET L`ALCOOL
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RAPPORT FINAL LES JEUNES ET L`ALCOOL
Eric Le Grand Consultant Santé publique RAPPORT FINAL LES JEUNES ET L’ALCOOL LA ROCHE-SUR-YON 28 Novembre 2007 12, rue Duguesclin - 35590 L’Hermitage Tél. 02.99.64.01.38 / Port. 06.61.10.14.82 / E-mail : [email protected] REMERCIEMENTS Nous tenions à remercier les personnes qui ont contribué au bon déroulement de cette étude. • Mr P. ZONGO, Directeur-adjoint Citoyenneté, Proximité et Tranquillité Publique, Mairie de La Roche-sur-Yon, • Mme C. BRETHOME et Mr T. RAIMBAUD, Médiateurs sociaux, pour leur aide précieuse, • Mme CHARBONNOT, CPE, Lycée Guitton-Kastler, • Mr LEMORD, Principal du collège Renoir, • Mr ENFREIN, Lycée Technique Saint-Louis, • Mlle M.F. GUENEGUO, Responsable Accueil Jeune; Maison de quartier Saint-André d’Ornay, • Les membres du groupe de travail sur l’alcoolisation des jeunes, • Les professionnels rencontrés, • Et tous les jeunes ayant accepté de répondre à nos questions. 2 SOMMAIRE Introduction p. 4 Regards de professionnels : les principaux résultats issus des rencontres et du questionnaire p. 7 I- Perception de la consommation des jeunes p. 7 II- Temporalité et mode de consommation p. 8 III- Raisons de la consommation d’alcool et motivations à l’arrêt p. 9 IV- Politique des structures par rapport à l’alcool p. 10 V- Prévention p. 10 A- Difficultés et atouts pour agir sur l’alcoolisation p. 10 B- Les actions de prévention p. 11 C- Les parents et la prévention p. 12 VI- Regard sur la prévention des jeunes p. 12 VII- En cas de consommation excessive d’alcool p. 13 VIII- Politique de développement d’un réseau de prévention de l’alcoolisme p. 13 A- Des réflexions à intégrer p. 13 B- Quelques exemples d’actions à mener p. 15 Le regard des jeunes sur la consommation d’alcool p. 16 I- Raisons de la consommation d’alcool p. 16 II- Temporalité et mode de consommation p. 16 III- L’ivresse et le visage de l’alcoolique p. 17 IV- Prévention p. 18 A- La connaissance des risques p. 18 B- Regard sur la prévention p. 19 C- Et vous, l’alcool, vous en êtes où ? p. 20 V- Alcool et parents p. 20 VI- Les jeunes, l’alcool, les parkings p. 22 VII- Alcool des villes, alcool des champs p. 23 VIII- Alcool et travail p. 23 IX- Alcool et perspectives d’avenir p. 24 X- De jeune à jeune : un regard qui montre des évolutions p. 24 Conclusion p. 25 Annexe 1 : le questionnaire p. 27 Annexe 2 : liste des personnes interviewées p. 31 Annexe 3 : les structures répondantes p. 32 Annexe 4 : les thèmes abordés auprès des jeunes p. 33 3 INTRODUCTION Le Conseil Local de la Prévention et de la Délinquance (C.L.S.P.D.) de La Roche-sur-Yon, réuni en séance plénière, le 11 décembre 2006 a décidé de réaliser une étude sociologique relative aux comportements à risques des jeunes et, plus précisément en matière d’alcoolisation, sur le territoire communal. L’opportunité de cette étude reposait sur le constat émis par différents acteurs du champ éducatif, sanitaire et social, de la police et de la justice d’une forte alcoolisation des jeunes. L’étude sociologique confiée au consultant devait permettre selon le cahier des charges proposé: • d’établir un bilan des actions réalisées par les différents acteurs afin de préciser la création d’un réseau, de les mobiliser en vue d’une planification et une coordination des actions, • de connaître les modalités d’alcoolisation des jeunes, • de mesurer la perception en matière de prévention et de santé des jeunes consommateurs d’alcool afin d’agir sur leur système de valeurs. Ce document constitue le rapport final de l’étude, qui s’est déroulée d’avril à octobre 2007. Il fait suite au rapport intermédiaire présenté au CLSPD le 4 octobre 2007. Celui-ci avait notamment abordé la question des représentations des professionnels et l’analyse des propos de jeunes sur la consommation d’alcool, à partir de deux groupes rencontrés à la Maison de quartier Saint-André d’Ornay, le 9 juillet 2007. Ce rapport final reprend certains des éléments présentés en octobre. Ainsi, la partie relative au regard des professionnels est reprise dans son intégralité sans modifications majeures. Seule la partie liée à l’analyse des représentations des jeunes a été complétée. Cependant, il convient de rappeler dès à présent l’une des principales limites de cette étude. En raison d’un temps limité pour la mener (dû à des contraintes budgétaires), les éléments proposés doivent être considérés comme une photographie et non comme une étude approfondie de la question de la consommation d’alcool chez les jeunes. Ce point est important à prendre en compte notamment dans les perspectives qui pourraient en être dégagées. Au regard de la contrainte « temps » évoquée précédemment, des adaptations méthodologiques ont dû être envisagées. Ainsi, le public cible, qui était les jeunes de 13-25 ans a du être redéfini autour des 13-18 ans. Si cette limitation exclut de fait la population étudiante, elle permet aussi de reposer le cadre de la prévention, notamment dans les articulations avec le milieu scolaire, autour d’un public dit « captif ». De plus, elle permet aussi d’envisager un lien, voire une continuité éducative entre le milieu scolaire et péri-scolaire (lieux et espaces de loisirs, notamment les maisons de quartier). De la même façon, les 18-25 ans posent la question de leur insertion dans la vie professionnelle et familiale, mais aussi entraînent des pluralités de trajectoires qui restent difficiles à appréhender sans une enquête précise. Cette contrainte de temps n’a pas permis non plus de faire des entretiens auprès des parents. Pour les aborder, il serait nécessaire de définir avec discernement des « profils de parents ». Se pose aussi 4 la question de leur mobilisation. Afin de pallier à ce « manque », des questions portant sur les parents ont été intégrées à la fois dans les rencontres avec les professionnels ainsi que dans les entretiens menés auprès des jeunes. Pour pouvoir répondre au cahier des charges proposé au consultant, et au regard de la contrainte de temps, la méthodologie suivante a été mise en œuvre. Pour les professionnels Afin de toucher un nombre important de professionnels, un questionnaire a été élaboré (annexe 1) et diffusé auprès de différentes structures du domaine éducatif, social et de prévention1. De plus, des entretiens réalisés auprès de professionnels ont complété ce questionnaire. Ainsi : • 20 entretiens (annexe 2) soit en face à face, soit par téléphone ont été menés auprès de professionnels de la commune, • 23 structures et 60 professionnels (annexe 3) ont répondu au questionnaire et se sont exprimés ainsi sur la question des jeunes, sur leur politique de prévention et sur le développement d’un réseau de prévention de l’alcool. Pour les jeunes Des entretiens ont été menés auprès de groupes de jeunes et ce dans différents lieux de vie (maison de quartier, établissements scolaires, parkings et espaces verts). Ces entretiens ont été réalisés en groupes, sur un mode semi-directif, en abordant différentes thématiques autour de la consommation d’alcool (représentations, mode de consommation, mode de prévention, rapport aux parents et aux adultes en général. Annexe 4). Dans les établissements scolaire et maison de quartier, ces entretiens ont duré entre 40 minutes et 1 heure. Ces entretiens se sont déroulés dans le respect de la parole de chacun, en la seule présence du consultant afin que les jeunes puissent s’exprimer librement. De la même façon, le choix des établissements s’est effectué au regard de liens préexistants avec la municipalité. Les groupes de jeunes ont été constitués selon des critères portant sur l’âge, la répartition entre garçons et filles et la présence d’interne. Pour les rencontres faites sur les parkings et espaces verts, plusieurs points sont à souligner. Les entretiens n’ont pu être enregistrés et les informations recueillies ont été retranscrites à la suite des rencontres. De même, après une rapide présentation de l’objet de la rencontre, les groupes sollicités étaient libres d’accepter ou non de répondre aux questions. Seul un groupe a refusé de répondre. Ces entretiens ont duré entre 25 et 45 minutes. Répartition des entretiens 1 • 9 juillet 2007 : Maison de quartier Saint-André d’Ornay • 19 et 20 septembre 2007: rencontre de jeunes sur les parkings et espaces verts de la commune. Accompagné de Mme Claudine Brethome, médiatrice , nous avons rencontré des jeunes, au Parc du Château du Plessis, dans l’impasse Maurice Chevalier, au parking du bowling, ainsi que sur le parking des Oudairies. Nous n’avons pas diffusé le questionnaire dans les clubs sportifs de la commune en raison de leur diversité. 5 • 11 octobre 2007: rencontre des 4e et 3e du Collège Renoir, et d’un groupe dans la cour pendant le repas de midi. • 16 octobre 2007 : rencontre d’un groupe de BEP, au Lycée technique Saint-Louis et d’un groupe d’internes au lycée Guitton-Kastler. Ainsi, ce sont 90 jeunes qui ont été interviewés (52 jeunes en établissements ; 28 personnes dans les parkings et espaces verts ; 10 jeunes dans la cour du collège). Sur les 52 jeunes : 67 % sont des garçons, 56 % d’entre eux sont âgés de 13 à 15 ans et 52 % n’habitent pas la commune. Sur les 28 personnes rencontrées sur les parkings, il faut noter une faible présence féminine (seulement 3 jeunes) et une absence des moins de 15 ans. Dans une premier temps, nous allons analyser, le regard des professionnels sur la question de l’alcoolisation des jeunes sur le territoire communal. La seconde partie du rapport présente une photographie des représentations de la consommation d’alcool chez les jeunes. 6 REGARDS DE PROFESSIONNELS : LES PRINCIPAUX RESULTATS ISSUS DES RENCONTRES ET DU QUESTIONNAIRE Afin de mieux cerner les représentations des professionnels sur cette question de l'alcoolisation des jeunes, le questionnaire et les entretiens ont intégré des questions liées à la perception de la consommation des jeunes au sein de leur structure et dans l'environnement proche. I – Perception de la consommation des jeunes Dans ce chapitre seront traités successivement de la nature de la population concernée (tant par l'âge que par genre) et de l'état de la consommation perçue. 1er constat : une consommation plus masculine et âgée Que ce soit tant à l'intérieur des structures qu'au travers des observations faites par les professionnels sur le territoire communal, la consommation d'alcool apparaît plus masculine que féminine, et ce quelque soit le lieu d'observation (20 % à l'intérieur des structures, 25 % à l'extérieur). Pour autant, le phénomène d'alcoolisation semble aussi toucher les jeunes filles même s'il reste minoritaire. A cet effet, 43 % des répondants pensent que cela concerne les deux populations, à l'intérieur des structures et 65 % à l'extérieur. Selon les professionnels, ce phénomène doit aussi être pris en compte dans les politiques de prévention, tant les rapports à l'alcool semblent différents selon les genres. De la même façon, en ce qui concerne les tranches d'âges, il apparaît que la tranche d'âge la plus concernée se situe entre 16 et 18 ans. 2e constat : une consommation d'alcool mieux maîtrisée à l'intérieur des structures que dans l'environnement, mais des états d'ivresse constatés S'il faut noter qu'aucune personne n'évoque une baisse du phénomène d'alcoolisation tant dans les structures que sur le territoire communal, les professionnels considèrent ce phénomène en stagnation. Ce constat semble plus prégnant à l'intérieur des structures que dans l'environnement. Pour quelques personnes interrogées le phénomène semble en augmentation avec cette même dichotomie entre intérieur des structures (faible augmentation) et extérieur (forte augmentation). Il est important de préciser que cet élément doit être remis au regard de la visibilité de cette question sur le territoire communal. En effet, si nous retrouvons cités comme lieux de consommation les bars, et les discothèques, nous voyons apparaître surtout les squares, parcs et jardins, les chemins pédestres et les parkings, notamment ceux qui sont à proximité des petites, moyennes et grandes surfaces. Cette visualisation de la consommation d'alcool entraîne un sentiment d'alcoolisation fort de la population jeune de la commune. Toutefois, si cette occupation de l'espace public correspond à des lieux de passage pour les adultes, il correspond aussi à une phase de sociabilité de l'adolescence. Cette 7 visibilité joue donc un rôle de double-miroir, miroir adolescent de la visibilité (et de la place que l'on désire occuper dans l'espace public) et miroir des questions adolescentes pour les adultes. Cependant, la question des états d'ivresse apparaît, elle, particulièrement présente tant dans les structures que dans l'environnement. 42 % des personnes interrogées en ont constatés au sein de leur structure et 68 % dans le cadre de l'environnement. Toutefois, si cette situation apparaît comme préoccupante pour les professionnels, l'interrogation sur le nombre constaté laisse apparaître un phénomène qui semble minoritaire (2 à 3 cas d'ivresse en moyenne dans les établissements, 5 à 6 dans l'environnement). 3e constat : Il y a jeune et… jeune Il apparaît au travers des rencontres que le développement d'une politique de prévention de l'alcool sur le territoire communal doit tenir compte non seulement des différences de consommation entre garçons et filles et selon la tranche d'âge mais également d'autres paramètres évoqués par différents acteurs : - les pratiques de consommation varient selon que les jeunes habitent La Roche sur Yon ou les communes environnantes. Dans le cas présent, il apparaîtrait que les pratiques de consommation sont en lien avec le lieu d'origine, où la pratique de l'alcool semble culturellement plus tolérée. - les pratiques de consommation varient aussi en fonction de la filière d'enseignement suivi. Ainsi, les apprentis auraient une consommation plus importante d'alcool selon les filières du fait d'une culture du travail plus ou moins tolérante vis-à-vis de l'alcool. - certains établissements seraient donc plus sujet à des pratiques d'alcoolisation en raison de la convergence de ces deux phénomènes. Conclusion : Pour conclure ce chapitre, certains éléments doivent être pris en compte : - le phénomène d'alcoolisation semble plus présent et visible à l'extérieur des structures. - le phénomène d'alcoolisation touche plus particulièrement la tranche d'âge des 16/18 ans et plus particulièrement un public masculin, même s'il faut aussi noter que les filles apparaissent touchées par ce phénomène. - si des états d'ivresses ont pu être constatés au sein et à l'extérieur des établissements, ceuxci restent relativement minoritaires. - des lieux bien identifiés de consommation, permettant une visibilité de l'adolescent. II – Temporalité et mode de consommation d'alcool Certains jours de la semaine apparaissent comme plus particulièrement sensibles à la consommation d'alcool. Cette variation hebdomadaire de l'alcool montre une prédominance pour le mercredi, le 8 vendredi et le samedi. Pour autant, ces variations renvoient aussi, selon les professionnels, à des processus différents. En effet, le vendredi et le samedi apparaissent comme des jours "traditionnels" de fête, un rythme hebdomadaire, et semblent concerner une grande majorité de jeunes. Quant au mercredi, cette consommation semble plus particulièrement toucher les internes qui restent sur le territoire communal, ainsi que les lycéens. De la même façon, 32 % des professionnels estiment que la consommation se produit tant le midi que le soir. Sans surprise, les produits privilégiés par les jeunes sont la bière, les alcools forts et les prémix. Pour autant, les rencontres avec les jeunes montrent deux comportements différents liés au produit consommé. Si effectivement la bière est le produit le moins onéreux, la quête de l'ivresse dure plus longtemps, entraînant une consommation plus importante et plus longue. La consommation d'alcool fort se traduit, elle, par une recherche rapide de "sensations". III- Raisons de la consommation d'alcool et motivations à l'arrêt Trois raisons principales se détachent du panel des 9 propositions du questionnaire2 : - faire comme les autres, - faire la fête, - la quête de l'ivresse. Si ces trois raisons sont conformes à de nombreuses études sur le comportement lié à l'alcool des adolescents, il est intéressant de voir que les problèmes familiaux et scolaires n'apparaissent pas comme un élément déclencheur, au même titre que la peur de l'avenir ni d'ailleurs… l'ennui. Le regard des professionnels sur les motivations de l'arrêt : Nous voyons apparaître ici la nécessité de renforcer la prévention autour de cette question, en montrant notamment les dangers de la consommation de l'alcool - et ce pour certains dès le plus jeune âge- ou en appelant au changement des mentalités et de la législation autour de l'alcool (soit par une augmentation du tarif de l'alcool, soit par une interdiction de vente). Il apparaît aussi d'autres éléments qui tranchent avec les résultats présentés précédemment. En effet, si la question de l'ennui n'apparaissait pas de manière forte dans les raisons de la consommation, les motivations de l'arrêt reposent bien souvent sur l'aspect occupationnel. Nous retrouvons bien souvent cités la nécessité de développer des animations pour les jeunes dans le centre-ville, le développement de lieux spécifiques pour les jeunes, le renforcement du partenariat avec les maisons de quartier, la nécessité de combler et de gérer leur temps libre avec des activités favorisant leur épanouissement, sportives notamment. Les 9 items : volonté de devenir adulte ; les problèmes familiaux ; les problèmes scolaires ; la peur de l’avenir ; l’ennui ; la quête de l’ivresse ; pour faire comme les autres ; pour faire la fête ; autre. 2 9 Ce point est important car il déplace le problème de l'alcoolisation du domaine sanitaire vers des questions sociales et politiques, notamment parce qu'il interroge la politique de la jeunesse. IV- Politique des structures par rapport à l'alcool Comme nous l'avons vu précédemment, la stagnation de la consommation d'alcool apparaît plus forte à l'intérieur des structures que dans l'environnement. L'un des facteurs explicatifs de cette situation serait l'importance donnée à la réglementation régissant les consommations d'alcool. Du fait de cette situation, l'environnement (au travers de l'occupation des différents espaces précédemment cités) serait considéré comme un espace de "liberté" par les jeunes. 72 % des structures interdisent toute consommation d'alcool dans leur établissement. Si ce point se fait essentiellement au travers du règlement intérieur, il apparaît que l'autorisation –même exceptionnellede consommer n'est pas tolérée. Il existe donc une cohérence forte des politiques des structures vis-àvis des jeunes. Cette cohérence risque d'être affaiblie par le fait que 38 % des structures permettent aux adultes de consommer. Cet élément n'est pas à négliger car il repose la question de l'exemplarité de l'adulte vis à vis du jeune. Comme le souligne les jeunes interrogés, ce point concerne particulièrement les selfs où l'alcool est à disposition des enseignants. Le développement d'une politique de prévention ne peut se faire que dans le cadre d'une adéquation entre ce qui est demandé aux jeunes et le regard qu'ils portent sur leur environnement. De la même façon, 46 % des structures n'ont pas donné de consignes particulières vis-à vis de l'environnement et 65 % n'ont pas reçu de plaintes du voisinage concernant l'alcool. Le nombre de plaintes est d'ailleurs limité. Toutefois, il faut souligner le rôle prépondérant des médiateurs sociaux qui jouent un rôle non négligeable dans le cadre de cette paix sociale. Lorsque des infractions sont constatées, les démarches proposées relèvent d'une progression allant de l'accompagnement du jeune à la sanction. V- Prévention A- Difficultés et atouts pour agir sur l'alcoolisation Si 87 % des personnes s'estiment très bien ou plutôt bien informées sur le risque alcool, les difficultés à agir ou à évoquer la question de l'alcool relèvent principalement : - d'un problème budgétaire et de temps pour mettre en place des actions, - d'un problème "pédagogique", lié tant à la motivation des élèves qu'à la nature des messages à faire passer, - de normes sociales (tant issues de la société que du groupe de pairs adolescents), - d'un lien difficile avec les enseignants, - de la difficulté de déterminer des états d'ivresses. Pour autant des atouts non négligeables semblent favoriser le développement d'un discours autour de l'alcool : 10 - l'alcool est au programme de certains cours, - l'âge des élèves semble être facilitant car il permet d'agir avant la conduite de dépendance, - la présence de services de santé et d'équipes motivées, - le sentiment d'améliorer le bien–être du jeune. B- Les actions de prévention 51 % des professionnels ont mené des actions de prévention concernant l'alcool ces deux dernières années. Les constats qui ont amené à cette élaboration diffèrent cependant. Parmi ces constats, nous retrouvons : - des états d'ébriété constatés au sein de l'établissement, - des observations autour de l'établissement portant sur des comportements liés à l'alcool, - une inscription dans les programmes scolaires, - des accidents dûs à la consommation d'alcool, - une analyse des discours des jeunes qui tendent à banaliser cette consommation et à en minimiser les risques, - plus rarement, une demande des jeunes eux-mêmes. Les actions développées autour de cette thématique "alcool", le sont essentiellement en partenariat (45% des personnes rencontrées). Parmi les partenaires cités, nous retrouvons : - l'ANPAA, - le COVESS, - La Métairie, - la sécurité et la prévention routière, - les médiateurs sociaux, les éducateurs de prévention. Les formes de ces actions relèvent principalement de : - conférence, - forum-débat, - projection de film, - journée banalisée (ateliers), - campagne d'affichage, - jeu, - des actions sur les lieux d'alcoolisation des jeunes. Les projets futurs : 30 % des structures ont des projets autour de l'alcool. Notamment la reconduction de projets, comme des forums. Il faut aussi souligner la création et la mise en place d'un lieu d'écoute à l'AFORBAT. Conclusion : Comme nous le voyons, différentes actions de prévention ont été menées sur le territoire de La RocheSur-Yon auxquelles il faut ajouter : le travail de sensibilisation de la Municipalité dans les halls 11 commerciaux et les interventions de la police nationale dans les établissements scolaires3. Toutefois, de l’avis des professionnels, ces actions restent trop ponctuelles pour être réellement efficaces. Il apparaît donc un besoin fort d’inscrire le développement d’un programme d’action dans la durée. C- Les parents et la prévention Les attitudes parentales sont fréquemment mises en avant par les différents professionnels rencontrés. Quatre attitudes parentales semblent se dessiner selon eux : - le parent « cool » : ce dernier n’encourage pas forcément la consommation, mais estime que c’est normal, - le parent « sanction » : celui-ci ne tolère aucune consommation, - le parent « qui ne sait pas du tout ce qui se passe », - le parent qui « se pose des questions » : notamment quand des problématiques alcool apparaissent. Si ces attitudes sont fréquemment citées, les professionnels restent prudents quant à la permission donnée aux jeunes de consommer de l'alcool à leur domicile. En effet, 37 % des professionnels ne savent pas si les parents l'autorisent et 40 % estiment que c'est le cas. Cependant, si la problématique des parents reste forte dans les discours, il apparaît que seul 7% des personnes ont mené dans leur structure des actions en direction des parents. Ce chiffre reste relativement faible, même si des actions comme les conférences s’adressent plus particulièrement aux parents. Il reste effectivement un point à renforcer, même si la mobilisation des parents reste difficile. VI – Regard sur la prévention des jeunes Si 96 % des personnes connaissent le slogan "L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. Consommez avec modération", l'efficacité de ce message apparaît comme nulle pour 87 % des personnes interrogées (62 % : plutôt pas efficace, 25 % plutôt pas efficace du tout). Pour autant 4 tendances apparaissent dans la nature des messages à développer auprès des jeunes : - La première tendance repose sur l'utilisation d'images chocs afin de dramatiser la situation, - La seconde tendance repose sur la création de messages, à partir des attentes des jeunes et utilisant leur code culturel et leur vécu, - La troisième tendance vise à créer des message mettant en avant les notions de bien-être et de responsabilité individuelle, et portant sur l'image que le jeune alcoolisé renvoie. - La quatrième tendance met l'accent sur la nécessité de créer des messages autour de la notion de fête sans alcool et en corollaire, propose leur organisation. 3 Des formateurs anti-drogues de la Police Nationale sont intervenus une trentaine de fois à la demande des établissements scolaires. La Gendarmerie n’intervient pas sur le territoire communal. La Direction Départementale de la Jeunesse et Sports a organisé des sessions de formations en direction des animateurs jeunesse en 2002, 2003 et 2004. 12 Si les trois dernières tendances peuvent s'avérer complémentaires, il est important de préciser que l'usage de la peur en prévention n'a pas prouvé son efficacité et peut au contraire provoquer des effets pervers dans la construction du jeune. L'existence de ses différentes tendances implique aussi qu'un véritable travail de concertation pédagogique et éthique soit entrepris afin de clarifier les diverses intentions éducatives et représentations des professionnels. Cet élément est essentiel dans le cadre du développement d'une culture commune et d'un travail en réseau. VII – En cas de consommation excessive d'alcool 40 % des personnes interrogées ont accueilli des jeunes qui avaient envie de parler de problèmes d'alcool. Globalement, l'information transmise a été, selon les interlocuteurs, de bonne qualité. Il faut aussi noter que 65 % des personnes disposent, au sein de leur structure, d'une documentation de qualité qui permet de renseigner et d'informer les jeunes. De plus, 75 % des répondants connaissent des structures d'information et 66 % connaissent les structures de prise en charge. Ce point est important notamment pour l'orientation des jeunes. Parmi les partenaires cités, nous retrouvons, l'ANPAA, le COVESS, la Métairie, la CCAA, et par la suite, le médecin traitant, l'hôpital, la Croix d'or, les médiateurs sociaux, les éducateurs de prévention. VIII – Politique de développement d'un réseau de prévention de l'alcoolisme Dans le cadre des réflexions menées par le C.L.S.P.D. sur la question des prises de risque liées à l'alcool chez les jeunes, une piste d'action visait la création d'un réseau dont le champ d'action restait à déterminer. Dans le cadre de l'étude, des questions ont été intégrées tant dans le questionnaire qu'auprès des différentes personnes rencontrées afin de connaître leur positionnement, avis et réflexion sur cette question. Plusieurs points nous semblent importants à intégrer dans les plans d'actions qui resteront à développer suite à cette étude. Notre propos n'est pas ici de trancher sur l'une ou l'autre de ces pistes. En effet, le développement d'un réseau et ce quelque soit sa forme dépend bien évidemment de la volonté des acteurs de le mettre en place, de le faire vivre et évoluer, mais surtout de décision(s) politique(s) qui ne relèvent(nt) pas de notre responsabilité. A - Des réflexions à intégrer Si les différentes rencontres n'ont pas laissé entrevoir d'oppositions à la création d'un réseau, il apparaît cependant que des réflexions doivent être poursuivies sur cette question. 1- Réseau Alcool ou …. : Les réflexions devront porter sur le champ du réseau. En effet, pour certains, traiter exclusivement de la question de l'alcool peut paraître soit trop restrictif, notamment au regard des politiques publiques de prévention des addictions (incluant tous les produits psychoactifs), soit très stigmatisant pour les jeunes. De même, une dénomination "Réseau alcool" semblerait s'inscrire dans une vision négative de la santé. Il apparaît donc important de préciser s'il faut inscrire le réseau dans le cadre des politiques de prévention des addictions ou bien de créer un réseau santé, voire de promotion de la santé des jeunes ouvrant vers une perspective plus large. 13 2- Coordonner… mais quel coordinateur ? Autres questions centrales : quelle structure semble la plus pertinente pour coordonner ce réseau, et quels seraient les moyens humains et financiers nécessaires à son bon fonctionnement ? Ces deux éléments apparaissent comme les freins essentiels au développement d'un réseau pour les personnes rencontrées et selon les résultats du questionnaire4. Cependant, la question de la coordination ne doit pas être posée uniquement en terme de fonction, mais bien aussi être pensée en terme de légitimité de l'acteur qui le coordonnera. Parmi les interlocuteurs rencontrés, différentes pistes ont été évoquées : la municipalité, de par sa connaissance du territoire et sa capacité à agir sur celui-ci, ou bien une association de prévention connaissant la problématique de l'alcool. Dans ce cadre, l'association la plus souvent citée est l'ANPAA. D'un côté, une légitimité politique, de l'autre, une légitimité technique liée à la connaissance de la problématique alcool. Pour autant, le choix du "coordinateur" doit être pensé en terme du meilleur "fédérateur" possible auprès des acteurs concernés. 3- Coordonner… mais avec quel(s) partenaire(s) : Les partenaires principalement cités sont les structures accueillant des jeunes (établissements scolaires, maisons de quartiers, clubs sportifs), leurs organismes de "tutelle" et les associations de prévention. Toutefois, quatre éléments sont à évoquer : - la participation ou non des jeunes et des parents à ce réseau. En effet, ils ont été cités par les professionnels comme devant faire partie de ce réseau. L'avantage d'une telle participation serait d'avoir leur ressenti sur les actions en développement, sur leur vécu et leur questionnement. L'inconvénient repose sur la représentativité, quels jeunes choisir, quels parents choisir ? - le fait que parmi les partenaires cités, si nous retrouvons les médiateurs sociaux, les éducateurs de prévention et les policiers, la justice n'apparaît pas. - la demande des professionnels pour que les débits de boisson, commerces et discothèques soient représentés au sein de ce réseau. Cet élément semble intéressant à formaliser au regard des actions déjà entreprises par la municipalité et les commerces. Ces actions sont d'ailleurs considérées par les professionnels comme un bon point de départ à une démarche de prévention, même si par ailleurs, leur responsabilité est évoquée dans les freins à toute démarche préventive. - le fait que le choix des partenaires doit se faire aussi au regard du public cible de ce réseau. Si les jeunes sont bien évidemment ciblés, les limites d'âges proposées sont fortement variables : 12-18 ans ou 12-25 ans. 4- Un réseau… oui, mais pour quel(s) objectif(s) : Si un réseau doit se mettre en place, la question de ses objectifs reste posée. L'analyse des résultats du questionnaire donne ici quelques orientations : - Développer et renforcer la connaissance des outils pédagogiques, les échanges de pratiques, et améliorer l'information sur le risque alcool (10 5) 4 Parmi les autres freins cités, nous retrouvons : le manque de disponibilité, la présence de partenaires financés par la production et la vente d’alcool, une forte pression de la société, une communication insuffisante. 5 Entre parenthèses, le nombre de personne ayant cité cet objectif. 14 - Permettre une meilleure prise en charge des enfants et des jeunes (7), - Coordonner des actions à l'échelle de la ville, (5) - Connaître l'ensemble des actions mises en place sur la ville et étudier leur complémentarité (2). Au travers de ces différentes pistes, il semble important de préciser que la forme du réseau, devra - et c'est l'une des conditions de sa réussite - intégrer deux niveaux d'interventions afin de soulever l'adhésion du plus grand nombre : - un niveau politique permettant la définition d'une politique générale sur le territoire communal. A cet effet, ce niveau devra intégrer une réflexion sur les indicateurs pertinents de suivi de la problématique alcool, -un niveau technique permettant l'échange de pratiques, le développement des connaissances, d'outils, etc. Si la définition des objectifs permet une meilleure adhésion des professionnels, l'expérience de la vie des réseaux montre que le temps passé à la réflexion doit être assez court, afin de s'engager rapidement vers des actions. B- Quelques exemples d'actions à mener auprès des jeunes, des parents et des professionnels Nous donnons ici les pistes d'actions évoquées par les acteurs en direction des trois publics que sont les jeunes, les parents et les professionnels.6 Jeunes Parents Campagne d'information (santé, sécurité routière, Les informer sur les risques, la dépendance témoignages) (6) Prévention des 10-11 ans (3) Aider à comprendre les réactions des adolescents et la manière d'analyser leurs expériences Les impliquer dans les démarches préventives Information auprès des parents pour les impliquer dans les démarches de prévention Actions tous les ans et régulières Sensibiliser les familles au danger de la consommation d'alcool dans le cadre familial Campagne « Capitaine de soirée » Faire un travail sur la culture familiale Professionnels Renforcer leur intervention sur le terrain Formation pour ceux qui encadrent les jeunes Formation sur les différentes structures d'aide Besoin d'une réelle réflexion sur les stratégies pédagogiques et éducatives avant de faire une action. Aider à la définition des contenus des messages. Rappeler sans cesse que l'alcool est une drogue que l'on doit apprendre à maîtriser Témoignages de jeunes vers les jeunes sur quoi faire de sa vie, parler et encore parler (3) Organiser des fêtes et des évènements sans alcool (2) Ouverture plus souvent des accueils des MDQ(3) Augmenter les structures de soins Sensibilisation avec des personnes ayant eu des Lieu d'échanges et d'informations permanentes problèmes d'alcool (2) animé par une personne socioéducatrice formée en alcoologie (ados/parents/professionnels) Forum en commun sur les addictions et sur la société en général Eduquer au goût, développer l'estime de soi (3) Temps de sensibilisation marquants, visuels chocs (2) Renforcer l’accueil et accompagnement (3) 6 Dans ce cadre, il faut aussi noter d’une façon plus large : une attente forte par rapport au changement de loi et une évolution des codes de la société. 15 LE REGARD DES JEUNES SUR LA CONSOMMATION D’ALCOOL Nous allons maintenant analyser les représentations des jeunes concernant l’alcool à partir des entretiens 7 réalisés en maison de quartier, en collège, lycée professionnel et sur les parkings. Comme nous l’avons indiqué précédemment, les propos présentés ne visent pas à l’exhaustivité de la question de la consommation des jeunes mais bien de donner quelques points de repères pour des futures actions en direction de ce public. Si des points communs existent entre les groupes, des différences perdurent notamment dans la perception de la consommation d'alcool. • Au point de vue de l’âge : les modèles de conscientisation de la consommation d’alcool sont encore imprégnés d'une vision assez normative des choses dans le groupe d'âge le plus jeune, même si nous sentons la phase d'expérimentation se mettre en place. Pour les groupes plus âgés, nous voyons apparaître une vision de l'alcool plus ancrée dans la réalité, plus de vécu où les différents messages de prévention ne sont pas ou peu efficaces. • Au point de vue du statut . les entretiens menés auprès des internes et des élèves en BEP laissent apparaître des modes de consommation d’alcool plus excessifs. Toutefois, il serait difficile de généraliser ce constat à l’ensemble de la population des BEP et des internes. I- Raisons de la consommation de l'alcool Les raisons de la consommation d'alcool reposent surtout sur le plaisir de la fête et de la quête de l'ivresse. Ce point rejoint les représentations des professionnels. Toutefois, deux éléments sont à intégrer. D’une part, la consommation est liée aussi à l'ennui et représente une aide pour faire passer le temps. D’autre part, pour les plus jeunes, la consommation d'alcool permet selon eux de se donner plus de force , de se sentir "grand" et de se montrer. « L’alcool, c’est pour s’éclater mais aussi pour prouver qu’ils sont adultes. Les jeunes boivent parce qu’ils s’ennuient, ou qu’ils sont déprimés ». « Pour se la pêter, pour se rendre intéressant » 8 « Pour s’arracher la tête, mettre de l’ambiance dans une fête » « C’est aussi ce qu’on va boire après les cours, parce qu’on a rien à faire »9 II- Temporalité et mode de consommation Quelque soit le groupe rencontré, la bière apparaît -et cela sans surprise- comme le premier produit consommé par les jeunes et les alcools forts en second. Si la prédominance de la bière s’explique selon eux par son faible coût, elle permet aussi de « s’échauffer » avant de prendre des alcools plus forts qui visent eux à se « retourner la tête ». "C'est surtout de la bière, mais aussi des alcools forts, vodka, whisky, etc.… rhum. La bière, c'est en premier et l'après-midi, vite fait, c'est quand on a que ça, ou que l'on ne veut pas trop boire. C'est ce qui 7 Les 8 extraits d’entretiens sont en italique. Elève de 3e Collège Renoir. 9 Jeunes du Lycée Guitton Kastler. 16 coûte le moins cher, enfin ça dépend. Cela dépend si l'on veut boire vraiment. Mais vite fait, c'est de l'alcool fort pour avoir de l'effet".10 « Ca dépend du budget et des conditions. Si on est entre amis, ce sera de l’alcool fort, le week-end. Autrement, si c’est avant d’entrer à l’internat, de la bière et parfois de la vodka, pour oublier où on est»11. « La bière, c’est juste pour avoir un coup de chaud, la vodka, c’est plus pour se retourner ».12 La plus forte consommation d’alcool se situe pour les jeunes de 16-18 ans, essentiellement pendant les week-end. Toutefois, cette consommation apparaît plus importante pour les personnes qui ne sont pas originaires de la commune (soit en internat ou apprentis). Cette sur-consommation est expliquée selon eux par « l’abstinence » imposée par les établissements scolaires. Pour les internes, le week-end apparaît comme un échappatoire où l’ivresse devient un modèle récurrent. La consommation du mercredi après-midi n’est pas systématique. En effet, si des examens doivent être préparés, ils ne se rendent pas sur les lieux de consommation. III- L'ivresse et le visage de l’alcoolique Pour les jeunes de 16-18 ans, la première ivresse est vécue à l'âge de 13/14 ans et a concerné une trentaine d’entre eux. Dans les groupes des plus jeunes, seules 5 personnes en ont déjà fait l'expérience. Cette pratique de l'ivresse prend naissance essentiellement dans un cadre festif. Toutefois, si chacun d'entre eux a déjà vu des personnes ivres, le regard et les modes d'actions proposés diffèrent selon les tranches d'âges. Dans le groupe des plus âgés, l'ivresse est vécue comme un problème. La personne ivre est "chiante" car elle nécessite que l'on occupe d'elle au lieu de profiter de la fête. L’ivresse est plus facile à gérer si la personne est de sexe masculin. Dans les groupes des plus jeunes, l'image de la personne "ivre" est négative. Nous citons : "oui, je pense de mauvaises choses. Je l'approche pas, surtout pas, j'appelle la police et s'il tombe par terre, je vais le ramasser. Cela dépend qui c'est, je vais pas ramasser quelqu'un que je ne connaît pas. Au pire, j'appelle quelqu'un, car cela peut être la ruse d'un psychopathe. On appelle la police et les pompiers, comme pour un accident". Il faut aussi souligner que seulement 15 personnes ont indiqué avoir été ivres au sein d’un établissement scolaire. Le visage de l'alcoolique L'image de l'alcoolique, pour toutes les tranches d'âges, représente un modèle "repoussoir". Si cet élément peut apparaître comme un levier d'action, il est nécessaire d'observer que la définition de l'alcoolique prend des allures assez singulières. 10 Jeune de 17 ans, Maison de quartier. Interne, Lycée Guitton-Kastler. 12 Elève de BEP. 11 17 Tout d'abord, l'image du "jeune" alcoolique repose sur une consommation solitaire, isolée de tout groupe. Cette vision tranche avec la consommation en groupe qui soit a une origine festive, soit sert à passer le temps, à tromper l'ennui. Cette consommation "solitaire" est associée à de la tristesse, et à l'apparition de "problèmes" : "Ils sont pas bien dans leur tête, c'est chaud, ils ont un problème". De la même façon, cette consommation est associée à une quotidienneté et au début de la dépendance. "On devient alcoolique surtout quand on consomme tous les jours, tout seul. Même bourrés, tous les samedis en fête, c'est pas alcoolique, car y a tout le monde et puis tu t'amuses". IV- La prévention A- La connaissance des risques Le risque principal fréquemment évoqué est celui du coma. " Coma : Quand on boit comme un porc pour se la raconter. On croit que l'on tient l'alcool". Certains d'entre eux ont eu l'occasion de voir ou d’avoir connaissance de personnes ayant fait un coma. Le taux d'alcoolémie est connu. A l’exception du coma sont cités comme risques - même s'ils ne se sentent pas concernés - les maladies du foie et du sang ; les risques de bagarres. L'autre risque en lien avec l’ivresse est celui de l'accident de voiture, mais qui, selon les jeunes originaires de la commune, ne les concernent pas, car ils font la fête chez eux. Cependant, la conduite du scooter en état d’ivresse ne se pose pas en tant que risque. Comme le souligne un jeune « Il faut bien que quelqu’un le ramène ». Nous retrouvons cependant une forte dénégation du risque lié à l’alcool. D’une façon générale, et pour reprendre une typologie empruntée à Patrick Perretti-Watel, sociologue13, les jeunes de 16-18 ans proposent deux types de mécanismes de déni du risque. Le premier mécanisme consiste pour la personne exposée à un risque dont elle est informée à se réclamer d’un « groupe sûr » pour renvoyer le danger sur les membres d’un ou d’autres groupes qui eux seraient « à risque ». Ce mécanisme collectif appelé « mécanisme de sélection victimaire » concerne le regard des groupes entre eux. Pour les jeunes de la commune, ce sont les ruraux qui ne « tiennent » pas l’alcool, et pour les ruraux, ce sont les jeunes citadins. Au même titre, les 16-18 ans dans leur ensemble, stigmatisent les plus jeunes qui ne savent plus boire « correctement » et qui cherchent perpétuellement à faire comme eux sans pour autant en avoir les moyens. Dans ce même ordre d’idée, les filles sont stigmatisées car seuls les garçons « savent consommer ». Le second mécanisme est un mécanisme de dénégation du risque qui est plus individuel et plus moderne. Il consiste à tracer une frontière entre « soi » et la foule indéterminée des autres. En fait, il repose sur l’idée simple que nous pourrions traduire ainsi : « Moi, je me contrôle, je connais mes limites, contrairement aux autres ». C’est dans ce contexte, notamment, que sont vivement critiqués les jeunes qui ont fait un coma. « Ils ont voulu se la pêter, affronter leurs limites », « mais en fait ils ne tiennent pas l’alcool ». Le passage à l'hôpital pour coma n’est pas considéré comme un rite de passage vers le monde adulte. Au contraire, pour eux, ce passage est synonyme d'échec et de rejet où apparaît le manque de contrôle de la personne, et son incapacité à connaître ses limites. Mais connaissent-ils leurs propres limites ? Les jeunes interrogés ont bien du mal à les cerner, certains évoquent des indicateurs comme le mal de tête ou le vomissement. Toutefois, ces « signaux d’alerte » ne sont pas suivis d’un arrêt de la consommation.14 13 Perretti-Watel P. Sociologie du risque . Paris : Armand Colin, Collection Sociologie U, 2000 : 286 p. 18 B- Regard sur la prévention Sur l’ensemble des jeunes rencontrés, seulement ¼ d’entre eux ont assisté à des interventions de prévention concernant la thématique de l’alcool, au sein de leur établissement actuel et/ou passé (pour les plus âgés). Si ce point soulève la difficulté de mise en œuvre d’actions de prévention, il montre aussi que c’est un axe fort à développer devant s’inscrire à la fois dans la durée, (sur une année, voire sur un cycle) mais surtout qui doit ré-interroger les modalités de construction pédagogique de ces interventions. Pour les jeunes ayant été informés des risques liés à l'alcool, les interventions ont été faites essentiellement par les professionnels de la prévention et par la police. Seul un groupe en collège se souvient d’une animation autour d’un jeu mené par l’infirmière scolaire. Au-delà de cette animation, et ce quelque soit l’intervenant, ces interventions sont considérées comme « moralisatrices » et « culpabilisantes ». Pour autant, si certains messages sont passés : l'alcool est une drogue entraînant la dépendance, l'efficacité de ces interventions ne reçoit donc pas l'assentiment de tous. A la question : Quel type de message selon eux doivent-ils être adressés pour ne pas consommer de l'alcool ? De l'avis de tous, il faudrait des messages à caractère choquant, qui fassent peur, ou bien la mort de l'un de leur proche. Ils écartent d'emblée les campagnes d'affichage proposées dans le cadre de l'action de prévention menée par la mairie avec les grandes surfaces, jugées "trop naïves, gentilles » et surtout qui n’apparaît compréhensible au regard de la législation. Selon les plus jeunes, "il faudrait que dans les bars, cela soit limité à deux verres" ou bien augmenter l'âge de la consommation ou mettre des messages comme sur les paquets de cigarettes". Si le recours à la peur apparaît comme une piste séduisante pour les jeunes, elle n'entraverait pas, selon eux, leur désir de boire, car "arrêter cela serait trop triste". De la même façon, le fait de proposer ou de faire des « fêtes sans alcool » provoque de multiples discussions. Un jeune nous a proposé un slogan « Fête sans alcool, la fête est moins folle ». Ils soulignent aussi l'hypocrisie des commerces qui vendent de l'alcool et aussi celui de l'Etat, qui "aime vendre de l'alcool". Cependant, l’une des pistes évoquées par les jeunes et qui montre depuis une dizaine d’année son efficacité serait de construire avec eux non seulement les messages de prévention, mais aussi les actions de prévention. Il serait intéressant de développer des actions relevant d’une dynamique d’éducation pour la santé et de promotion de la santé, permettant d’une part de ne plus centrer la question de l’alcool, uniquement sur la question des risques mais en ayant une approche plus globale de la santé des jeunes et d’autre part, de renforcer le développement d’actions plus interactives et ludiques. Pour autant, la prévention ne s'arrête pas au message que les éducateurs transmettent, elle vise aussi à créer un environnement favorable dans lequel les jeunes peuvent s'inscrire et vérifier la véracité du discours adulte. En ce sens, les jeunes remettent en cause principalement les enseignants qui consomment de l'alcool au restaurant de l'établissement, et ce devant les élèves."Ils boivent devant nous. Au self, ils ont de l'alcool, ils ne se cachent même pas. C'est pas normal, ils sont en travail. Ils montrent pas l'exemple, ils incitent les jeunes à boire". Certains, non sans humour d’ailleurs, dénoncent cette situation, tout en faisant remarquer « qu’après tout les enseignants ont le droit de boire du vin de mauvaise qualité ». 14 Nous n’avons pas trouvé dans les discours des jeunes, l’évocation du troisième type de dénégation du risque, à savoir : la comparaison avec d’autres risques. Par exemple : comparer le risque alcool avec le risque de mourir de la pollution. 19 Un travail accru sur le restaurant scolaire et la consommation du personnel éducatif devrait être envisagé afin de rendre crédibles, les différents messages des acteurs de la prévention. La connaissance des dispositifs comme « Capitaine de soirée » ou les bus mis à disposition pour se rendre en discothèques sont bien connus par les jeunes. Cependant, ces mêmes dispositifs qu’ils considèrent comme essentiels pour éviter des accidents de la route liés à l’alcool, ne sont pas exempts de toutes critiques. Comme le souligne une lycéenne, l’action « Capitaine de soirée » ne se soucie pas de la sécurité de celui qui conduit et légitime aussi la consommation excessive d’alcool. Les bus quant à eux pour se rendre en discothèque donnent aussi matière à réflexion. "Ah oui, les bus, c'est bien, cela incite à boire. Tu sais que tu peux boire comme un trou car tu sais que tu vas rentrer sain et sauf. A ce qu'il paraît "l'alcool tue les gens, pas moi, je m'appelle pas gens"15. C- Et vous, l’alcool, vous en êtes où ? Si quelqu’un – un ami, un frère, un adulte – vous disait que vous avez un problème avec l’alcool , quelle serait votre réaction ? Si cette question visait avant tout à comprendre les mécanismes de réception de messages émis par des proches, la réponse est la même et ce quelque soit les groupes. Nous pourrions la résumer ainsi pour les propos les plus tolérants : « C’est bien de s’occuper de moi, mais c’est ma vie, donc tu me laisses tranquille » et « je lui colle une baffe », pour des modes de réponses disons-le, plus directs. Si la conscience du problème émerge de la personne elle-même, s’en ouvrir à des tiers révèle -selon les âges- des différences. Pour les plus jeunes, ces tiers seraient les parents, la fratrie et les ami(e)s. Pour les plus âgés, les parents sont exclus , et une discussion se ferait avec des amis et/ou la fratrie. Si le médecin de famille est rarement cité, le personnel médico-sociale des établissements scolaires n’est pas considéré comme ressource. Le manque de confiance, de confidentialité est évoqué pour expliquer ce non-recours. Ce point –qui n’est pas sans rappeler les comportements des adultes vis-à-vis de l’alcool – n’est pas sans poser problème. En effet, l’expression du problème alcool se fait alors auprès de personnes n’ayant pas de compétences pour apporter l’aide suffisante au jeune. De la même façon, c’est aussi faire porter une énorme responsabilité sur les épaules de ces « aidants/confidents ». Cette difficulté se renforce aussi par la méconnaissance des lieux d'aide soit pour parler de sa consommation, soit pour engager une démarche de sevrage. La structure la plus citée par les jeunes a été « Les alcooliques anonymes », et une personne a cité « Le Relais Accueil Jeune ». Ce point est lui aussi à développer afin d’éviter ce type de situation :" Si j'avais un problème, j'en parlerais à personne, et surtout pas à mes parents parce qu'après si l'on ne peut pas sortir cela ne va pas" V- Alcool et parents S'il n'a pas été possible de rencontrer des parents, les entretiens ont permis d'intégrer des questions sur l'univers des jeunes lié aux parents. Ceux-ci ont permis de cerner plusieurs éléments qu'il faudrait approfondir par une « enquête parents ». Au regard de la diversité des jeunes rencontrés, les caractéristiques sociales et économiques des parents semblent jouer un rôle moindre que les attitudes des parents eux-mêmes . 15 Jeune maison de quartier, 17 ans. 20 Comme nous le soulevions dans le rapport intermédiaire, et ce qui a été confirmé par la rencontre avec différents groupes de jeunes, la première "ivresse" pour les 16-18 ans apparaît au moment où les parents leur laissent plus de liberté notamment au travers de l'autorisation de sortie. Toutefois, les parents donnent quelques « conseils » quant à la consommation d’alcool. "Des fois, ils me disent bois, mais bois pas trop. Mon père, il a jamais bu de sa vie, donc il dit, tu peux faire une fête sans alcool. Quand je bois c'est jamais devant quelqu'un de ma famille, sauf aux mariages". Pour les plus jeunes, les parents interdisent la consommation. D'une façon générale, lorsque des états d'ivresse ou une consommation excessive sont constatés par les parents, les réponses données sont rarement l'acquiescement et apparaissent plutôt de l'ordre de la sanction : "monte dans ta chambre, je prend une baffe". Pour d'autres, l'élaboration de stratégie permet de contourner cet obstacle de la sanction, soit en essayant d’adopter une attitude non alcoolisée (comme le souligne un des jeunes, "ce qui des fois est difficile"), soit en se promenant, ou en montant directement dans sa chambre. L'élaboration de ces stratégies est plus propre au groupe plus âgé, qui a déjà une "expérimentation" et qui dispose d’une plus grande autonomie. Cependant, les entretiens ont mis en évidence d’autres traits caractéristiques de l’univers parental. Parmi ces traits, nous voyons apparaître : - une plus grande tolérance des pères vis-à-vis de la consommation d’alcool et de l’ivresse que chez les mères. - l'ivresse apparaît plus acceptée si elle intervient dans un cadre familial précis. Nous pouvons citer les réunions de familles et les mariages notamment. - Bien souvent, la première personne ivre que les jeunes ont vu, a été un de ses parents, et ce dans le cadre de fêtes, de réunions de familles ou à l’occasion d’une soirée. - Vers 16,17 ans, le jeune est fréquemment associé à la consommation d’alcool par ses parents, notamment dans le cadre d’apéritifs et de fêtes. En ce sens, la consommation d’alcool apparaît naturelle, et montre ainsi l’intégration du jeune dans le monde adulte. - Comme nous l'avons déjà dit, les parents jouent un rôle de sanction/d'information en direction des jeunes. Cependant, maintenir ce rôle est plus difficile à tenir auprès des jeunes plus âgés. Dès lors, les parents insistent plus sur la consommation d'alcool au volant. Toutefois, si la consommation d'alcool et l’ivresse peuvent apparaître tolérées dans certains cas, cette tolérance disparaît dès qu’un établissement scolaire et/ou un maître de stage contacte les parents pour les signaler. Dés lors, les réactions des parents sont les sanctions et réprimandes. D’une manière générale, les politiques développées par les différentes structures sont entendues par les parents. Ce qui semble cependant en jeu et enjeu pour les parents est bien ce que représente l’école et le monde du travail en matière d’insertion professionnelle pour les jeunes. Nous pouvons nous demander si c’est 21 le phénomène d’alcoolisation des jeunes qui gêne les parents ou plutôt le fait que cette situation peut entraîner des complications pour son insertion. VI – Les jeunes, l’alcool, les parkings Regard sur l’occupation des parkings et des espace verts Pour les groupes rencontrés en établissement, la raison principale de la présence de jeunes consommateurs sur les parkings et espaces verts, relève principalement de l'ennui « On s’ennuie sur la commune, c’est mort La Roche Sur Yon16 », pour les plus jeunes : « Ce sont les plus âgés qui y vont, car ils ne peuvent pas se rendre dans les maisons de quartier17 ». Ce constat est fait quelque soit le jeune interrogé, qu’il soit originaire de la commune ou non. Si ce point incite à réfléchir sur les politiques de loisirs à mettre en œuvre pour les jeunes qu’ils soient originaires de la commune ou non, il est nécessaire de préciser que pour certains, le fait d’aller consommer sur un espace public, correspond aussi à un « rituel » permettant de se retrouver entre soi, en devenant un espace de sociabilité et de convivialité. D’ailleurs, cette occupation est empreint de règles, notamment celle de laisser l’espace propre afin de « respecter l’environnement ». Cependant, des éléments supplémentaires doivent être apportés. En effet, il existe, de la part du public collégien, une condamnation forte de cette « occupation ». Des termes comme « ils se la pêtent », « Ils veulent jouer aux grands » sont fréquemment utilisés. De même, une certaine crainte vis-à-vis de ces groupes s’installe. « On a peur d’être happé » ou « ils se foutent de nous ». Si les collégiens évitent de se rendre sur ces lieux, c’est aussi par peur d’être repérés par des enseignants, et dans certains cas par des parents. L'occupation des espaces publics : une pluralité de comportements liés à l'alcool L'observation et les interviews faites sur les espaces publics auprès des jeunes montrent une pluralité de comportements, qu'il conviendra de prendre en compte dans le cadre du développement d'actions sur la question de l'alcool. Si les discours relatifs à la consommation d’alcool sont similaires aux jeunes rencontrés dans les établissements, il apparaît que les motivations d’occupation de ces espaces sont différentes. Pour le groupe de jeunes (essentiellement composé de lycéens habitant la commune) que nous avons rencontré un mercredi après-midi au parc du Château du Plessis, la consommation d'alcool dans ce lieu est associé au plaisir de se rencontrer dans un cadre « agréable ». L’alcool, en l’occurrence ici la consommation de bière, est alors considéré comme un facteur de convivialité. D’une certaine façon, nous nous trouvons dans ce que les sociologues appellent « l’entre-soi adolescent 18» qui marque le fort attachement au plaisir à être en groupe et à se rendre visible aux regards des adultes. Les jeunes rencontrés le jeudi midi sur les parkings des Oudairies et du bowling, sont pour la majorité issus de l'Aforbat, plus âgés, possédant le permis et n’habitant pas la commune. Pour eux, la consommation d’alcool revêt ici d’autres caractéristiques. Si, bien entendu, nous retrouvons le plaisir de se retrouver entre personnes de même commune d’origine, l’alcool permet surtout de s’échapper de la pression scolaire et de celle du travail en jouant le rôle d’une « soupape de décompression ». C’est notamment parce que la consommation d’alcool n’est pas tolérée au sein de l’établissement que les Interne : 18 ans. Jeune de 3e, Collège Renoir. 18 Voir à cet effet, Michel Fize : Le peuple adolescent. Paris, Editions Julliard, 1994 :180 p. 16 17 22 jeunes viennent sur ce parking. Ils citent aussi le fait que, selon eux, le restaurant scolaire ne permet pas de développer une réelle convivialité (temps d’attente trop long, bruyant, etc…). Comme nous le voyons au travers de ces deux rencontres, l’origine des jeunes (âge, établissement d’origine notamment) joue dans leur mode d’appropriation de l’espace public. Cet élément est à prendre en compte dans le développement d’actions futures. VII - Alcool des villes, alcool des champs Nous avons posé la question de savoir si les jeunes consommaient plus en ville qu'à la campagne. Poser cette question faisait écho aux constats des professionnels portant sur une différence de consommation selon les jeunes qu'ils soient issus de la commune ou non, en raison notamment des zones de recrutement des établissements scolaires. Si la réponse à cette question laisse les plus jeunes "mitigés", la réponse des 16-18 ans est affirmative. Il existe une consommation plus importante à la campagne qu'en ville, ce qui fait que pour les jeunes non originaires de la commune, « les jeunes ruraux » tiennent mieux l'alcool que leurs homologues citadins. L'explication de cette sur-consommation d'alcool en milieu rural tient selon eux à différents facteurs : - une présence plus faible des forces de l'ordre, le nombre plus réduit d’actions de prévention, un environnement plus tolérant vis-à-vis de l'alcool, un espace de liberté plus important. En ce sens, si les jeunes ont envie de boire, ils peuvent aller dans les champs et/ou dans les caves. Pour autant, les jeunes non originaires de La Roche-sur-Yon, n'oublient pas non plus de stigmatiser leurs comparses citadins. Si selon eux, ils consomment moins d'alcool, les jeunes citadins sont plus enclins à consommer du cannabis en raison d'une plus forte offre sur le territoire de la commune. VIII- Alcool et travail Au travers des entretiens, la consommation d'alcool sur les lieux de stage et/ou de travail est aussi un élément important dans l'univers d'alcoolisation du jeune. Nous donnons ici les éléments relatés par les jeunes, en précisant que des études précises devraient être envisagées afin de corroborer leurs propos. Selon eux, il apparaît que : - certaines « cultures » de métiers semblent plus propices à la consommation d'alcool. Nous trouvons : les métiers du bâtiment, la mécanique automobile, l'hôtellerie. - la consommation d'alcool semble renvoyer à des questions de virilité ou de goût (notamment dans l’hôtellerie), - la consommation d’alcool est liée aussi aux conditions de travail (pénibilité des travaux nécessitant un « réconfort », stress). - la consommation d'alcool apparaît plus forte chez les petits artisans, les petits chantiers que dans les grandes entreprises où les règles de sécurité et d’hygiène sont plus strictes. 23 Les mesures définies en outre par les établissements scolaires semblent bien intégrées. IX- Alcool et perspectives d’avenir Si les jeunes avouent sans complexe consommer de l'alcool et parfois même avec excès, tous soulèvent que ce phénomène n'est que "temporaire", lié à l'instant de la jeunesse propre aux expérimentations. D’une certaine façon, il faut que « jeunesse se passe ». En ce sens, la consommation excessive d'alcool au travers notamment de l'ivresse, est pour eux "normale". Le fait d'avoir un travail, de fonder une famille, et/ou d’avoir le permis marquerait la baisse, voire l’arrêt de la consommation. D’une certaine façon, si ces éléments impliquent pour eux de développer des attitudes responsables, dans lesquelles l’alcool ne pourrait plus avoir de place, ils montrent aussi le passage à l'âge adulte, à un statut identifié. Si nous pouvons penser que certains continueront à consommer parfois avec excès, il faut aussi remarquer, comme le souligne le dernier Baromètre santé, que les ivresses tendent à baisser avec l'augmentation de l'âge (Proportion de personnes déclarant avoir été ivres au cours des 12 derniers mois : 25,9 % pour les 15-19 ans ; 35,1 % pour les 20-25 ans ; 23,7 % pour les 26-34 ans )19. L’acquisition de nouveaux comportements de santé renvoie là aussi à des questions sociales portant sur l’insertion sociale et professionnelle des jeunes dans notre société. X- De jeune à jeune : un regard qui montre des évolutions Les discours des 16-20 ans permettent aussi de cerner des évolutions dans les modes de consommation de l’alcool. Ces évolutions dessinées par les jeunes corroborent les études nationales et européennes. En effet, la première évolution qu’ils notent au regard de leurs expériences est une modification dans la consommation des plus jeunes (12-16 ans). Si certains ne manquent pas d’évoquer qu’ils avaient commencé à consommer au même âge, l’objectif de cette « nouvelle génération » n’est plus de boire pour la « convivialité » ( pouvant amener parfois à l’ivresse), mais de consommer pour être « ivre ». Cette modification de comportement doit donc être d’ors et déjà prise en compte. « Les jeunes commencent à boire de plus en plus tôt. Saleté de gosses, ils sont intenables. C’est trop tôt. C’est fait dans le secret, les parents sont relativement impuissants. Il faut faire plus de contrôle sur les scooters, mais les flics les prennent moins »20. « Ca nous dérange, ça peut faire peur, mais nous on est passé par là. Ils sont trop jeunes. Il faudrait qu’ils consomment à partir de 14-15 ans, pas avant. Il y a boire et boire, pour goûter, mais pas pour se défoncer la tronche. Ils boivent des choses plus fortes. »21. La seconde évolution concerne la recrudescence de la consommation d’alcool chez les filles. Ils expliquent cette « nouveauté » par une volonté « égalitariste » de ces dernières vis-à-vis des hommes, ce que confirment les filles interrogées . Ce point doit être aussi intégré dans les politiques de prévention, non pas exclusivement en terme de risques liées à l’alcool, mais bien aussi autour du rapport garçons/filles, et du positionnement de la fille dans notre société. 19 Legleye S ; Rosilio T., Nahon S. Alcoolisation, un phénomène complexe. In Guilbert P., Gautier A. (sous dir.), Baromètre santé 2005- premiers résultats. Saint-Denis : INPES, coll. Baromètres santé, 2006 : 39-47. 20 Jeune du Lycée Guitton-Kastler., 21 Jeune de BEP, 16 ans. 24 CONCLUSION Au regard de l’analyse des représentations de l’alcool tant chez les acteurs de terrain que chez les jeunes eux-mêmes, il convient de définir certains traits qui devront être pris en compte pour le développement d’actions futures sur la commune de La Roche-sur-Yon. En premier lieu, si ce phénomène de forte alcoolisation est présent sur la commune, il reste cependant marginal et minoritaire par rapport à l’ensemble de la population jeune. Comme le souligne les différents acteurs, ce phénomène apparaît plus en stagnation et le sentiment d’un problème lié à cette question est relatif notamment à la visibilité des groupes de jeunes consommateurs sur des espaces publics. Ce phénomène est accentué par la forte concentration d’établissements scolaires sur le territoire. Dès lors, cette visibilité et cette concentration de jeunes entraînent un phénomène d’amplification de la consommation d’alcool chez les jeunes. Afin de conforter ce point, nous avons recensé quelques données issues de différents organismes, collecteurs d’informations. Parmi ces données, nous trouvons : - En 2006 : au Relais Accueil Jeune , sur 224 jeunes accueillis, 7 jeunes étaient concernés par des problèmes d’alcool, - En 2006 : A la Métairie, sur 351 personnes âgées de 13-18 ans, 17 jeunes étaient concernés par l’alcool (en premier produit de consommation) et 39 personnes en second produit. - En 2006 : La Police nationale a arrêté 2 mineurs pour état d’ivresse et 1 mineur en 2007 (données de juillet 2007). - La Police municipale constate une baisse du chiffre des interventions auprès des jeunes sur l’alcool . Celui-ci est passé de 24 à 9 interventions entre 2003 et 2005. - En 2005, le Centre d’alcoologie et de consultation en tabacologie a reçu 653 personnes dont seulement 2 % ont moins de 18 ans. - Au point de vue des services des urgences, la non informatisation du service, ne permet pas d’avoir une vue précise de la situation des jeunes alcoolisés. Une requête a été demandée auprès du Service d’Information Médicale mais celle-ci est restée à ce jour sans réponse. - Dans le cadre de l’Education Nationale, un recensement pour l’année 2006-2007 a été effectué à partir des passages à l’infirmerie. 3 jeunes en collège, 17 en Lycée et 9 personnes en Lycée professionnel ont été reconnus en état d’ébriété avancé. Ces chiffres confirment le phénomène minoritaire de l’hyper alcoolisation des jeunes (en le comparant par exemple aux 7000 jeunes scolarisés en établissements publics). Ils indiquent aussi en établissements scolaires, une bonne intégration des règlements intérieurs par les jeunes. Ces chiffres doivent cependant être interprétés avec précaution. Comme nous l’avons vu, la majorité des jeunes rencontrés ne connaît pas les structures d’aide et peuvent développer des stratégies leur évitant d’être repérés par les adultes. 25 Cependant, au-delà des limites de ces chiffres, le développement d’une politique de prévention de l’alcoolisme devra intégrer aussi un travail sur le suivi d’indicateurs pertinents permettant de mesurer les évolutions de ce phénomène. Pour autant, si ce phénomène d’alcoolisation ne concerne qu’une minorité de jeunes, il est important dès à présent de renforcer la prévention. En effet, comme le soulignent les jeunes les plus âgés, une mutation s’effectue dans les modes de consommation et ce en direction de deux publics. Le premier concerne les plus jeunes (les 12-15 ans) qui consomment non plus pour faire la fête, mais pour « se retourner la tête », cherchant avant tout l’ivresse. Le second public concerne les filles qui semblent adopter un comportement similaire aux garçons. Renforcer la prévention implique, à notre sens, deux axes. Le premier est d’inscrire dans la durée, les actions de prévention, et surtout de privilégier une approche non moralisatrice autour de l’alcool. La principale demande des jeunes est l’écoute et de pouvoir construire eux-mêmes les messages de prévention. Dans ce cadre, des actions d’éducation pour la santé et de promotion de la santé pourraient correspondre à cette problématique. De même, il est nécessaire de privilégier des actions inscrites dans l’environnement du jeune afin que celui-ci perçoive une cohérence dans les messages, attitudes et comportements des adultes. En ce sens, les comportements des adultes notamment en milieu scolaire et en milieu professionnel doivent être particulièrement questionnés pour continuer à impulser un discours crédible auprès du jeune. Cela implique aussi la poursuite des actions auprès des grandes surfaces et dans les lieux de consommation du jeune. Le second axe vise à renforcer la connaissance sur les risques, sur le déni lié à l’alcool ainsi que sur les structures d’aides et de prise en charge en alcoologie. Ce renforcement de la prévention - qui n’est pas de la seule responsabilité de la commune -peut s’inscrire dans une réflexion menée dans le cadre d’un réseau. Ce dernier devra intégrer l’existence d’une diversité de publics ayant –même si des traits communs existent- des comportements et des représentations différentes de la consommation d’alcool selon qu’ils soient internes, apprentis, originaire de la commune ou non, etc. L’objectif ici n’est pas de stigmatiser un public plutôt qu’un autre, mais de pouvoir répondre aux attentes des différents professionnels ayant un rapport de proximité plus ou moins forts avec des jeunes consommateurs d’alcool. Au-delà de l’intégration de cette multiplicité de publics, il convient donc de développer une approche territorialisée des politiques de prévention sur la commune. Cette approche en territoire permettra de renforcer les liens entre les maisons de quartiers et les établissements scolaires, et de développer une culture commune de la prévention de l’alcoolisme, au plus proche des préoccupations des différents acteurs. Si cette approche territorialisée concerne la commune de La Roche-sur-Yon, une réflexion pourrait être menée avec les communes d’origine des jeunes afin là aussi de développer une politique de prévention intercommunale. Pour conclure, il apparaît enfin au travers des expressions des professionnels et des jeunes euxmêmes, que l’alcoolisation des jeunes n’est pas seulement une question de santé et/ou de sécurité publique. Ce qui se joue aussi pour le jeune au travers de sa consommation est la place que la société veut bien lui laisser prendre. En ce sens, elle nous réinterroge sur sa place dans la cité. 26 Annexe 1 : L'alcool et les jeunes : état des lieux Le Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CLSPD) de la Roche sur Yon dans sa séance plénière du 11 décembre 2006, présidé par M. Le Maire, en présence du Préfet, du Procureur de la République et de l’Inspecteur d’Académie, souhaite disposer d’informations concernant l’alcool et les jeunes de 13 à 18 ans, afin de renforcer par la suite le dispositif de prévention et de prise en charge de l’alcool. A cet effet, un premier état des lieux sera mené auprès des professionnels du secteur éducatif, sanitaire et social, qui sera complété par des entretiens auprès de jeunes. Le questionnaire que nous vous demandons de bien vouloir remplir constitue un premier élément de cet état des lieux. Il n’est cependant pas une fin en soi, et sera complété par d’autres indicateurs. Nous souhaitons aussi que cet état des lieux puisse concerner le plus de professionnels possibles. A cet effet, n’hésitez pas à le communiquer au sein de votre structure à plusieurs professionnels. Nous vous demandons de bien vouloir retourner ce questionnaire rempli avant le 8 juin 2007 ainsi que tout document (bilans, statistiques,…) que vous jugerez utile à la compréhension de cette problématique. Afin de mieux vous connaître 6. Selon vous, au sein de votre structure, ces problèmes concernent-ils plutôt… les 13-16 ans les 16-18 ans 1. Indiquez le nom de votre structure : 2. Précisez la nature de votre structure : Collège Lycée d’enseignement général Lycée d’enseignement technique Maison de quartier Mission locale Espace jeune Centre d’apprentissage Autre (précisez) 3. Vous êtes : Animateur jeunes Directeur de structure Enseignant Personnel de l'administration Personnel d'éducation Personnel social Principal ou chef d'établissement Professionnel de santé Educateur Autre (précisez) Perception de la consommation des jeunes 4. Selon vous, au sein de votre structure, les problèmes d'alcool des jeunes depuis un an ont-ils… augmentés diminués stagnés restent inexistants 7. Au sein de votre structure, avez-vous constaté des états d’ivresse ? oui non 8. Si oui, combien depuis un an ? …………….. 9. Selon vous, au sein de l'environnement (quartier, commune), les problèmes d'alcool des jeunes depuis un an ont-ils… augmentés diminués stagnés restent inexistants 10. Selon vous, au sein de l'environnement (quartier, commune), ces problèmes concernent-ils plutôt… les filles les garçons les deux 11. Selon vous, au sein de l'environnement (quartier, commune), ces problèmes concernent-ils plutôt… les 13-16 ans les 16-18 ans 12. Au sein de l'environnement (quartier, commune), avez-vous constaté des états d’ivresse ? oui non 13. Si oui, combien depuis un an ? …………….. 14. Quels sont les lieux dans l’environnement, que vous avez identifiés comme favorisant la consommation d’alcool? 5. Selon vous, au sein de votre structure, ces problèmes concernent-ils plutôt… les filles les garçons les deux 27 Temporalité de la consommation d’alcool 15. Selon vous, les jeunes de la commune consomment plutôt… (plusieurs réponses possibles) le lundi le mardi le mercredi le jeudi le vendredi le samedi le dimanche 16. Selon vous, les jeunes de la commune consomment plutôt… (plusieurs réponses possibles) le matin le midi le soir si autre (précisez) Raisons de la consommation d’alcool 17. A votre avis, quelles sont les raisons qui poussent les jeunes à consommer de l’alcool ? (noter de 1 à 9, du plus important au moins important) la volonté de devenir adulte des problèmes familiaux des problèmes scolaires la peur de l’avenir l'ennui la quête de l’ivresse pour faire comme les autres pour faire la fête si autre (précisez) XI- 18. Qu’est-ce qui, selon vous, motiverait les jeunes à arrêter leur consommation d’alcool ? Politique de votre structure par rapport à l’alcool 21. Votre règlement intérieur stipule–t-il des interdictions par rapport à l’alcool ? oui non 22. Si oui, lesquelles ? 23. La consommation d'alcool par les jeunes est-elle tolérée dans votre structure ? oui non 24. Si oui, dans quelles circonstances ? 25. Les adultes ont-ils la possibilité de consommer de l'alcool au sein de votre structure ? oui non 26. Des consignes ont-elles été données aux jeunes pour qu’ils ne boivent pas aux abords de la structure? oui non 27. Avez-vous reçu des plaintes de riverains à ce sujet ? oui non 28. Si oui, combien depuis un an ? …………….. Modes de consommation 29. Lorsque des infractions sont constatées, quelles démarches entreprenez-vous auprès du jeune ? (sanction, accompagnement santé, signalement auprès des parents,….) 19. Selon vous, les jeunes à La Roche-sur-Yon consomment plus : (plusieurs réponses possibles) de la bière du cidre du vin des alcools forts des premix autre (précisez) Prévention 20. Selon vous, à leur domicile, ont-ils le droit de boire de l’alcool ? oui non ne sais pas 30. En matière de prévention du risque alcool, pensez-vous être… Très bien informé(e) Plutôt bien informé(e) Plutôt mal informé(e) Très mal informé(e) 28 31. Quelles sont les difficultés à agir ou à évoquer la question de l’alcool dans votre structure ? 32. Si vous disposez d’un CESC22, l’alcool est-il un thème prioritaire ? oui non 33. Avez-vous mené des actions de prévention du risque alcool ces deux dernières années ? oui non Si oui, veuillez répondre aux questions 34 à 42. Si non, passez directement à la question 43. 40. Quelles thématiques ont-été abordées ? (plusieurs réponses possibles) les dangers de l’alcool pour la santé les opinions et les motivations dans le choix de boire ou pas la façon de résister quand on se voit proposer de l’alcool les professionnels auprès de qui l’on peut obtenir de l’aide la capacité à demander de l’aide la gestion du stress, le bien être l’industrie de l’alcool la législation Autre(s) thème(s)(précisez) 41. Avez-vous mené des actions en direction des parents ? oui non 42. Si oui, lesquelles ? 34. Quels constats vous ont amené à réaliser ces actions ? 35. Ces actions concernaient quel(s) public(s) 13-16 ans 16-18 ans Internes Apprentis Autre (précisez) 43. Avez-vous des projets concernant la prévention de l’alcool auprès des jeunes pour la rentrée prochaine ? oui non 36. Avez-vous mené ces actions uniquement avec vos ressources humaines internes ? oui non 37. Avez-vous fait appel à d'autres partenaires ? oui non 44. Si oui, lesquels ? 45. Quels sont les atouts et les freins de votre structure en matière de prévention du risque alcool ? 38. Si oui, lesquels ? Regard sur la prévention chez les jeunes 46. Connaissez-vous l’avertissement « L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Consommez avec modération» ? oui non 39. Quelle(s) forme(s) a(ont) pris cette(ces) actions ? (conférence, projet participatif,….) 22 47. Pour inciter les consommateurs d’alcool à réduire leur consommation, trouvez-vous cet avertissement… Très efficace Plutôt efficace Plutôt pas efficace Pas du tout efficace CESC : Comité d'éducation à la santé et à la citoyenneté 29 48. Par rapport à ce que vous observez sur le terrain, quelle devrait être la nature des messages à adresser aux jeunes ? 58. Sur quel public prioritaire devrait travailler ce réseau ? En cas de consommation excessive d’alcool 49. Certains jeunes sont-ils venus parler de problème d’alcool avec vous ? oui non 59. Quelles actions devraient être mises en œuvre rapidement auprès des jeunes, des professionnels, des parents ? 50. Si oui, combien depuis un an? …………….. 51. Pensez-vous le(s) avoir informé(s) correctement ? oui non 52. Les jeunes disposent-ils de documents d'information sur le risque alcool dans votre structure ? oui non 60 Selon vous, quels seraient les freins au développement de ce réseau ? 53. Connaissez-vous des structures d'information vers lesquelles orienter les jeunes ? oui non 54. Si oui, lesquelles ? 61. Quelles seraient vos attentes par rapport à un réseau ? 55. Connaissez-vous des structures assurant une prise en charge de jeunes en difficulté avec l'alcool ? oui non 56. Si oui, lesquelles ? 62. Quelles sont vos attentes par rapport à la question de l'abus d’alcool chez les jeunes ? Projet de réseau de prévention de l'alcool 57. Dans le cadre de la mise en œuvre d’un réseau de prévention de l’alcool, quels seraient les partenaires principaux à y intégrer ? 30 Annexe 2 : Liste des personnes interviewées Mme Sophie Cannevière et Mme Christelle Richard , Direction Départementale Jeunesse et Sports Lieutenant Colonel Lecorps, Lieutenant Colonel Chabot et Mr Patrick Ditière, Service Départemental d’Incendie et de Secours. Mr Deick, Police nationale. Dr Pluchon, responsable du service des urgences CHU La Roche sur Yon Mme Béatrice Baudoin, chargée de prévention et Mr Pascal Guihal, directeur ANPAA 85 Mme Poirier, Relais Accueil Jeune Rencontres au lycée Guitton-Kesler de : - Mme Lemon , assistante scolaire, Lycée Branly, Mme Lefebvre, infirmière Cité scolaire Guitton, Mme Coquard, assistante sociale Guitton Kastler et du Collège Haxo Mme Vay Marie, responsable Service Assistantes Sociales Inspection académique. Mme Charbonnot, CPE Guitton Kastler, les surveillants de l’internat du Lycée Guitton. Mr Cournault, directeur de La Métairie. Mme France Dupouet, directrice du COVESS et Mr Max Allo, chargé de projet au COVESS Mlle Marie-Flore Gueneguo, responsable Accueil Jeune, Maison de quartier Saint André d’Ornay. Mme Bolteau , Mission Solidarité Santé, Municipalité de La Roche Sur Yon. 31 Annexe 3 : les structures répondantes au questionnaire Nature des structures Service de Médiation sociale Maison de quartier Espace Jeune Mission locale Etablissements scolaires Prévention Spécialisée (Mairie) Foyer Jeunes Travailleurs Police Municipale FDE Gilbert de Gueney Centre d'aide éducatif Total Nombre de structures 1 3 1 1 11 1 2 1 1 1 23 Structures Fonction Médiateurs sociaux Animateur club de jeunes Animateur/pers. administratif Conseiller en insertion Professionnels de santé, éducatif et sociale, directeur /principal/proviseur Educateur Educateur/Animateur Policiers Responsable Educateur Nombre de répondants 8 3 4 6 17 2 6 11 1 2 60 Professionnels Répartition et nom des structures Maison de quartier : Club Jeune Vallée Verte, Club Jeune Quartier du Bourg, Club Jeune Quartier des Pyramides. Foyer de jeunes travailleurs : Escale Rivoli et Arago Etablissements scolaires : Collège Renoir, Collège Les Gondoliers et Segpa, Collège Haxo, Les Etablières (collège et Lycée), LTP Saint Louis, LTP Branly, Lycée Notre Dame La Roc, Lycée SaintJoseph, AFORBAT. 32 Annexe 4 : les thèmes abordés auprès des jeunes Ce guide d’entretien est donné à titre indicatif. Si les thèmes (en gras) étaient systématiquement abordés, les questions afférentes étaient susceptibles de modifications selon la nature du groupe. Les représentations de l’alcool - Pour vous, l’alcool, c’est quoi ? Pourquoi les jeunes boivent-ils ? Avez-vous déjà bu ? Si oui, à quelles occasions ? Pour vous, être ivre, c’est quoi ? Avez-vous déjà été ivres ? Pensez-vous que les jeunes consomment seul ou en groupe ? A quelles occasions boit-on et pourquoi ? Pour vous, c’est quoi être alcoolique ? Boit-on plus à la campagne, qu’en ville ? En milieu du travail ? Temporalité / lieux/mode de consommation de l’alcool - A quel moment de la semaine et pourquoi ? Que consomme-t-on et pourquoi ? Pourquoi les jeunes vont boire sur les parkings ? Les risques - Y’a-t-il des risques à trop boire ? Si oui, lesquels. Y’a-t-il des risques à être ivre ? Si oui, lesquels, si non pourquoi Les moyens d’aide - Connaissez-vous des gens, des structures pour vous aider ? Si vous aviez un problème d’alcool, à qui en parleriez-vous ? Les adultes, les parents - Par rapport aux parents, vous parlent-ils de l’alcool ? Que font-ils si vous avez trop bu ? Dans les structures et établissements, des adultes vous parlent-ils d’alcool ? La prévention - Vous avez des interventions de prévention dans les établissements scolaires, qu’en pensez-vous ? Que faudrait-il comme message de prévention ? Que faudrait-il pour que les jeunes consomment moins ? 33