Forum paysan

Transcription

Forum paysan
Rapport sur la réunion mondiale du
Forum paysan
tenue en marge de la trente et unième session
du Conseil des Gouverneurs du FIDA, février 2008
Oeuvrer pour que les populations rurales pauvres se libèrent de la pauvreté
Consensus de 2005 sur le Forum paysan*
Le Forum paysan est:
• un processus permanent – et non une manifestation occasionnelle – couvrant, à partir de
la base, les activités soutenues par le FIDA sur le terrain et la concertation;
• un processus tripartite impliquant des organisations paysannes, des États et le FIDA;
• un espace de concertation et de dialogue axé sur la réduction de la pauvreté rurale;
• un instrument pour rendre compte de l’efficacité du développement, en particulier en ce
qui concerne l’autonomisation des populations rurales pauvres et de leurs organisations;
• une interface entre les interventions visant le développement rural favorable aux pauvres
et le processus de renforcement des capacités des organisations d’agriculteurs et de
producteurs ruraux (y compris les organisations d’artisans pêcheurs, de pasteurs, de
paysans sans terre et de populations indigènes).
Le Forum paysan:
• est régi par les principes de large participation, de pluralisme, d’ouverture et de flexibilité;
• tire autant que possible parti des forums existants et évite les doubles emplois dans ce
domaine;
• respecte les organisations existantes et crée, autant que de besoin, de nouveaux
espaces.
Conditions:
• Le processus du Forum paysan débute par des consultations à l’échelle nationale que
complètent des réunions régionales ou sous-régionales. Ces dernières réunions
façonnent le contenu et déterminent la participation au Forum paysan qui a lieu lors du
Conseil des Gouverneurs du FIDA.
• Le processus du Forum paysan devra être répercuté par les organes directeurs du FIDA.
• Le succès du Forum paysan dépend de la capacité du FIDA à favoriser la consultation à
l’échelle nationale avec des organisations paysannes et à contribuer à satisfaire leurs
besoins en matière de renforcement des capacités.
• Les participants recommandent, en particulier, d’institutionnaliser les engagements pris
avec des organisations paysannes dans le cadre des principaux processus opérationnels
du FIDA (projets, stratégies nationales et régionales).
(*) Extrait de la déclaration conclusive de l’atelier de 2005.
Membres du comité de pilotage du Forum paysan
• Fédération Internationale des Producteurs Agricoles (FIPA)
• La Via Campesina (LVC)
• t (AFA)
• Coordinadora de productores familiares del MERCOSUR (COPROFAM)
• Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA)
• World Forum of Fish Harvesters and Fishworkers (WFF)
• World Forum of Fishermen Peoples (WFFP)
• Fonds International de Développement Agricole (FIDA)
Rapport sur la réunion mondiale du
Forum paysan
tenue en marge de la trente et unième session
du Conseil des Gouverneurs du FIDA, février 2008
Oeuvrer pour que les populations rurales pauvres se libèrent de la pauvreté
Table des matières
2
Sigles et acronymes
3
Introduction
5
Section 1: Discours liminaires et déclarations des membres
du comité de pilotage
9
Section 2: Évaluation et avenir des partenariats FIDA-OP
2.1 Programmes d’options stratégiques pour les pays (Country Strategic
Opportunity Papers, COSOP)
2.2 Conception et exécution des projets
2.3 Financement direct sous la forme de dons
2.4 Processus et principes directeurs du Forum Paysan
2.5 Problématique hommes-femmes
2.6 Système commun de suivi et évaluation (S&E)
15
16
16
17
19
20
21
Section 3: Perspectives régionales
3.1 Questions communes ressortant des débats régionaux
3.2 Spécificités régionales
23
23
25
Section 4: Groupes de travail thématiques
4.1 Accès à la terre: tendances, enjeux et possibilités –
rôle et perspectives des OP
4.2 Processus d’élaboration des politiques concernant la
petite agriculture familiale: expérience, enseignements tirés,
mobilisation et influence des OP
4.3 Changement climatique et petits exploitants: le point de vue des OP
35
35
38
41
Section 5: “Synthèse des délibérations” et réponse du FIDA
5.1 Synthèse des délibérations de la réunion mondiale
du Forum Paysan 2008
5.2 Réactions de la direction du FIDA
5.3 Clôture de la réunion du Forum Paysan
47
47
51
53
Annexes
Annexe 1: Programme de la réunion
Annexe 2: Liste des participants
56
58
Sigles et acronymes
FTM/CPM
Firaisankinan’ny Tantsaha eto
Madagasikara / Coalition Paysanne de
Madagascar
L’Alliance des Agri-Agences
JFU
Jordan Farmers’ Union, Jordanie
APE
Accords de partenariat
économique UE/ACP
KENFAP
Kenya National Federation of
Agricultural Producers
ASEAN
Association of Southeast Asian
Nations
LVC
La Via Campesina
MERCOSUR
Mercado Comùn del Sur
CAFTA-DR
Dominican Republic - Central America
– USA - Free Trade Agreement
MUCECH
Movimiento Unitario Campesino
y Etnias de Chile
CEDEAO
Communauté Economique Des
Etats de l'Afrique de l'Ouest
ACP
Afrique, Caraïbes et Pacifique
AFA
Asian Farmers’ Association for
Sustainable Rural Development
AgriCord
ONG
Organisation non gouvernementale
OP
Organisations paysannes et de
producteurs ruraux
CEP
Champs École Paysans
CIDH
Commission Inter-Américaine sur
les Droits de l’Homme
PAKISAMA
Pambansang Kilusan ng mga
Samahang Magsasaka, Philippines
CIRADR
Conférence internationale sur la
réforme agraire et
le développement rural
PROPAC
Plateforme sous-Régionale des
Organisations Paysannes
d’Afrique Centrale
COCOCH
Consejo Coordinador de
Organizaciones Campesinas
de Honduras
REAF
Reuniòn Especializada sobre
Agricultura Familiar (MERCOSUR)
ROPPA
CNFR
Comisión Nacional de Fomento
Rural, Uruguay
Réseau des Organisations
Paysannes et de Producteurs
de l’Afrique de l’Ouest
CNOP
Coordination Nationale des
Organisations Paysannes du Mali
SAARC
South Asian Association for
Regional Cooperation
COPROFAM
Coordinadora de productores
familiares del MERCOSUR
SACAU
Southern African Confederation
of Agricultural Unions
COSOP
Programmes d’options stratégiques
pour les pays, FIDA / IFAD Country
Strategic Opportunity Papers
S&E
Suivi et évaluation
UE
Union Européenne
UGAV
Unión de Ganaderos y Agricultores
Vascos/LVC, Pays Basque
EAFF
Eastern Africa Farmers’ Federation
FAO
Organisation des Nations Unies
pour l’alimentation et l’agriculture
UNAC
União Nacional de Camponeses,
Mozambique
FFFC
Federation of Free Farmers
Cooperatives, Philippines
USMEFAN
Union of Small and Medium
Scale Farmers of Nigeria
FIDA
Fonds International de Développement
Agricole
WAMIP
World Alliance of Mobile
Indigenous Peoples
FIPA
Fédération Internationale des
Producteurs Agricoles
WFF
World Forum of Fish Harvesters
and Fishworkers
FNP
Fédération Nationale de Pêche
de Mauritanie
WFFP
World Forum of Fishermen Peoples
FNSEA
Fédération Nationale des Syndicats
d’Exploitants Agricoles, France
WINFA
Windward Islands Farmers’
Association
3
4
Introduction
Les 11 et 12 février 2008, le Forum Paysan a
tenu sa deuxième réunion mondiale en
marge de la trente et unième session du
Conseil des Gouverneurs du FIDA. Le Forum
Paysan a rassemblé plus de 80 dirigeants,
représentant des centaines de millions de
petits agriculteurs et producteurs ruraux,
pasteurs et pêcheurs d’Afrique, d’Asie,
d’Europe, d’Amérique latine et du ProcheLa plénière du Forum Paysan,
Orient, pour les mettre en contact avec le
session d’ouverture, février 2008
personnel et la direction du Fonds
international de développement agricole (FIDA). Des représentants de l’Organisation des
Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), des membres de l’Alliance des
Agri-Agences (AgriCord) et quelques organisations non gouvernementales (ONG) ont
assisté à la réunion en qualité d’experts et d’observateurs.
L’un des objectifs de la réunion était d’évaluer les progrès accomplis par les
partenariats entre 2006 et 2008. La réunion a été ouverte par la lecture d’un message de
bienvenue de Mme Sentinelli, vice-ministre des affaires étrangères du gouvernement
d’Italie. Le Président du FIDA, le sous-directeur général de la FAO et chacun des membres
du comité de pilotage du Forum Paysan, ont pris la parole pendant la séance d’ouverture
pour expliquer les raisons de leur engagement dans le Forum et ce qu’ils attendaient de la
réunion et pour évoquer certains des défis auxquels les petits agriculteurs et producteurs
ruraux étaient actuellement confrontés. Le FIDA a fait une présentation sur l’évolution de
son engagement aux côtés des organisations paysannes et de petits producteurs (OP)1. Au
cours de l’après-midi, les participants ont été répartis dans cinq groupes de travail
régionaux afin de se pencher sur les progrès accomplis et les objectifs futurs des
partenariats FIDA-OP.
La première réunion mondiale du Forum Paysan
En février 2006, la première réunion mondiale du Forum Paysan s’est tenue à Rome en
marge du Conseil des Gouverneurs du FIDA. À l’issue de la réunion, le comité de
pilotage a élaboré à l’intention du FIDA une liste de requêtes et recommandations, qui
a été présentée au Conseil des Gouverneurs. Au mois de mai de la même année, le
Président du FIDA a participé au Congrès mondial des agriculteurs de la Fédération
internationale des producteurs agricoles (FIPA) à Séoul. Dans le discours-programme
qu’il a prononcé devant le Congrès, le Président a réagi aux recommandations du
Forum Paysan et pris un certain nombre d’engagements au nom du Fonds. Le FIDA a
préparé un rapport intitulé “Partenariats en action” pour évaluer les progrès réalisés
dans les partenariats entre le Fonds et les organisations paysannes.
1 Par “OP” on entend les organisations dont les membres sont des petits exploitants, des agriculteurs familiaux et
des producteurs ruraux – y compris les pasteurs, les artisans pêcheurs, les paysans sans terre et les peuples
autochtones –, et qui sont structurées au-delà du niveau communautaire, aux échelons local, national, régional
et mondial.
5
Le deuxième jour du Forum, des groupes de travail thématiques ont été formés pour
examiner: i) l’accès à la terre: les tendances, enjeux et possibilités et le rôle et les
perspectives des OP; ii) les processus d’élaboration des politiques concernant la petite
agriculture et l’agriculture familiale: expérience, enseignements tirés, mobilisation et
influence des OP; et iii) le changement climatique et les petits exploitants: le point de vue
des OP. Ces réunions en groupe thématique avaient pour but d’axer les partenariats FIDAOP sur ces questions, choisies en étroite consultation avec le comité de pilotage du Forum
Paysan, du fait de l’intérêt particulier qu’elles revêtent pour les OP et leurs membres. Dans
l’après-midi, une synthèse des délibérations a été préparée par le comité de pilotage pour
présentation, examen et approbation au sein du Forum Paysan, en vue de sa soumission
au Conseil des Gouverneurs. La version finale a été présentée lors du forum à la direction
du FIDA, qui a fait part de ses réactions avant un débat en plénière. Le Forum Paysan a été
clôturé par Kanayo Nwanze, Vice-Président du FIDA.
Le programme complet de la réunion figure à l’annexe 1, tandis que l’annexe 2 donne
la liste des participants.
Un CD-ROM et un DVD sont également fournis avec le présent rapport: le CD-ROM
contient le rapport sur la réunion mondiale 2006 ainsi que les documents préparés pour
la réunion mondiale 2008 et– y compris le rapport “Partenariats en action”. Le DVD
contient des extraits filmés de la réunion de 2008 ainsi que la lecture par E. Penunia, au
nom du Forum Paysan, de la synthèse des délibérations, pendant la trente et unième
réunion du Conseil des Gouverneurs du FIDA.
6
8
Section 1: Discours liminaires et
déclarations des membres du comité
de pilotage
Patrizia Sentinelli, vice-ministre des affaires étrangères du gouvernement d’Italie, a
souligné l’importance du développement rural en tant que pivot de la lutte menée à
l’échelon mondial contre la pauvreté et mis en exergue le rôle majeur du FIDA, de la FAO
et du Programme alimentaire mondial (PAM) dans ce contexte. Elle a prôné une action
urgente et commune “pour favoriser la pleine participation de la société civile et des
organisations paysannes aux processus locaux, nationaux et internationaux d’élaboration
des politiques”. Mme Sentinelli a expressément rappelé l’importance accordée par le
gouvernement d’Italie à la création de nouveaux partenariats internationaux pour le
développement rural, ainsi que l’engagement pris par son pays de continuer à soutenir le
renforcement du rôle des organisations paysannes. Elle a conclu son message en se
déclarant convaincue que “le chemin sur lequel le FIDA et les organisations paysannes se
sont engagés ensemble et qui a conduit au Forum Paysan est une avancée importante face
aux défis qui nous attendent”.
Lennart Båge, Président du FIDA, s’est félicité du nombre croissant de participants,
témoignant de la mobilisation autour des objectifs communs. Il a évoqué la nécessité de
coopérer face aux enjeux actuels: “Des défis extraordinairement complexes nous attendent
[…]. L’agriculture est et sera l’activité humaine la plus directement touchée par le
changement climatique […]. Des mesures audacieuses doivent être prises en vue de
l’adaptation aux changements climatiques et de l’atténuation de leurs effets. [Ceux que
vous représentez] ne sont pas seulement les victimes potentielles du changement
climatique. Ils sont et doivent être impérativement un élément de la solution. À cet effet,
bien entendu, des ressources additionnelles substantielles seront requises.
Avec le Forum Paysan […], nous nous engageons à mettre en place un
“Avec le Forum paysan, nous nous
cadre commun et accessible à tous d’interaction et de partenariat réguliers engageons à mettre en place un
cadre commun et accessible à tous
entre le FIDA, les organisations de producteurs ruraux et les
gouvernements. Mieux encore, nous institutionnalisons ce processus dans d’interaction et de partenariat
réguliers entre le FIDA, les
tous nos engagements et nous l’intégrons dans les processus
organisations de producteurs ruraux
opérationnels clés du FIDA. Vous nous avez donné au Forum Paysan
et les gouvernements.”
2006, il y a deux ans, des recommandations très précises, et j’ai réagi à ces
recommandations en mai 2006 à Séoul quand, au nom du FIDA, j’ai pris Lennart Båge, Président du FIDA
un certain nombre d’engagements très spécifiques et concrets. Je suis
heureux de pouvoir dire que, sur tous les fronts, nous avons accompli de
grands progrès et que nous sommes en passe de faire plus, beaucoup plus
[…]. C’est aussi une invitation adressée à nos amis de la FAO […]. Nous
sommes très attachés à notre partenariat et notre collaboration avec vous,
qui nous aide non seulement à donner des réponses pertinentes et
efficaces mais aussi, et peut-être surtout, à poser les bonnes questions et
voir et comprendre pleinement la réalité dans laquelle nous intervenons.»
José María Sumpsi Viñas, sous-directeur général du département
José María Sumpsi Viñas, FAO, Lennart Båge,
de la coopération technique de l’Organisation des Nations Unies pour FIDA, et Kanayo Nwanze, FIDA
l’alimentation et l’agriculture (FAO) et sous-directeur général par intérim
9
du département de l’agriculture, au nom de Jacques Diouf, directeur général de la FAO, a
souligné combien il était important pour la FAO de travailler avec les agriculteurs et les
petits exploitants, au regard de son mandat, de ses objectifs et de ses activités. Un exemple
de cette démarche est la collaboration historique de la FAO et des OP pour la promotion
des Champs École Paysans (CEP) visant le renforcement des capacités des OP à l’échelle
nationale. M. Viñas a insisté sur l’intérêt de la collaboration grandissante entre le FIDA et
la FAO, bien illustrée par l’action que les deux organisations mènent de concert dans le
cadre des négociations sur les accords de partenariat économique entre les pays d’Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et l’Union européenne. Du point de vue de la FAO, il
s’agit là “d’un partenariat d’un nouveau genre faisant directement écho aux priorités et aux
demandes des organisations paysannes confrontées à des bouleversements fondamentaux
de leurs sociétés et de l’environnement mondial. La FAO entend bien se servir de cette
expérience et de son solide partenariat avec le FIDA pour concevoir des programmes
d’appui répondant mieux aux demandes et aux décisions des OP et de leurs membres”.
Jack Wilkinson, président de la Fédération Internationale des Producteurs
Agricoles (FIPA), a évoqué l’importance des consultations à l’échelon national et a pris
acte des progrès significatifs accomplis jusqu’ici. M. Wilkinson a affirmé
“La nécessité de créer le consensus,
que c’était l’une des premières priorités que la FIPA continuerait à
d’instaurer la confiance et de renforcer
encourager, parce que “[…] il n’y a pas eu de consultation dans tous les
les capacités des organisations
pays et, par conséquent, les chargés de pays du FIDA n’ont pas obtenu les
paysannes et des organisations de la
informations que les consultations auraient fournies et qui auraient
société civile au niveau national est
contribué à l’efficacité des programmes du FIDA”. La nécessité de créer le
déterminante si l’on veut tirer des
bénéfices à long terme des politiques
consensus, d’instaurer la confiance et de renforcer les capacités des
relatives à l’agriculture et la pêche.”
organisations paysannes et des organisations de la société civile au niveau
national est déterminante si l’on veut tirer des bénéfices à long terme des
Jack Wilkinson, Président de la Fédération
Internationale des Producteurs Agricoles
politiques relatives à l’agriculture et la pêche. “Le FIDA a aussi accru les
(FIPA)
dons en faveur du renforcement des capacités à l’échelon national”, a
ajouté M. Wilkinson. “Cette action doit être menée avec le souci de
promouvoir un consensus national entre les organisations, faute de quoi
nous contribuerons à la fracture de la société et, concrètement, à un
retour en arrière. Ce souci de consensus devrait être fondamental
également à l’échelon régional. Ainsi, si tout fonctionne correctement, la
nécessité de tenir un forum tous les deux ans se transforme en
l’organisation d’une réunion où l’on constate les nombreux progrès
concourant à la réalisation de nos objectifs […]. Je pense qu’il est
important de donner plus de pouvoir au comité de pilotage. On nous a
Kanayo Nwanze, FIDA et Jack Wilkinson,
demandé notre avis sur les membres à inviter et le contenu de l’ordre du
FIPA
jour mais, pour être franc, nous n’en sommes pas au point où le comité de pilotage
organise la réunion […].” M. Wilkinson a conclu son intervention en déclarant: “Je
reconnais que c’est un peu tôt. Nous nous félicitons des progrès réalisés. Les prochaines
étapes seront déterminantes”.
Henry Saragih, secrétaire exécutif international de La Via Campesina/International
Operative Secretariat (LVC/IOS): “Les prix des principales denrées alimentaires ont
augmenté, rendant la vie extrêmement précaire en particulier pour les consommateurs les
plus pauvres. Ce n’est pas dû à la faiblesse de la production. On en est là parce que la
production est détournée des filières de produits alimentaires et que les réserves mondiales
sont à leur plus bas niveau depuis vingt-cinq ans. La tendance à la surexploitation des
ressources naturelles est à l’origine du problème. Le monde des affaires répond comme un
seul homme à la demande du nouveau marché des biocarburants, souvent au détriment
10
des petits exploitants. Ceux-ci doivent disposer des moyens de protéger
leurs sources de revenus; pour éviter une crise alimentaire majeure, le
gouvernement et les institutions publiques doivent créer l’environnement
politique correct. Nous espérons que le Forum Paysan et le FIDA
proposeront des mesures concrètes pour chacun d’entre nous – l’accès à la
terre et à l’eau pour favoriser la production locale durable et ralentir le
réchauffement de la planète, et des procédures et des mécanismes
transparents et simples. Nous espérons aussi que le FIDA reprendra à son
compte les résultats de la Conférence internationale sur la réforme agraire
et le développement rural (CIRADR) et aidera les OP à mettre en place
des processus de négociation avec leurs gouvernements respectifs
concernant les programmes exécutés avec un appui du FIDA dans leur
pays. Nous espérons aussi élaborer des programmes spécifiques au niveau
national pour les paysans. Les premiers pas ont été faits, mais le chemin
est encore long.”
Pedro Avendaño Garcès, secrétaire exécutif du Forum mondial des
aquaculteurs et des pêcheurs (WFF): “La pêche familiale et les
communautés de pêcheurs ne sont pas responsables du problème auquel
la planète est confrontée mais sont, au contraire, des éléments de la
solution à la crise des principaux secteurs de la pêche. Il n’y a pas trop
d’artisans pêcheurs dans le monde, mais il y a trop de flottes de bateaux
de pêches venues de très loin. Ces flottes pratiquent une pêche non
sélective qui se traduit par le pillage des mers du monde entier. Du point
de vue des artisans pêcheurs, la mer n’est pas à vendre. Il s’agit d’une
question politique et éthique que nous devons tous nous poser […]. Il
devient donc essentiel que ce secteur soit ostensiblement placé sous la
protection des organisations internationales agissant dans le domaine du
développement rural […]. Cette contribution exige des politiques en
faveur de la pêche durable […]. Une application plus large des règlements
et principes du droit international, en termes de droits de l’homme, sera
certainement bénéfique pour la structuration du secteur de la pêche
artisanale afin de réduire la vulnérabilité et l’exclusion sociale des
communautés de pêcheurs et des groupes vulnérables de ces
communautés, notamment les femmes, les migrants et les personnes
âgées… Nous ne sommes pas représentés au niveau politique. La FAO
organisera une conférence spéciale sur la pêche en octobre. Nous
espérons que le FIDA nous appuiera afin que les organisations de
pêcheurs puissent y participer.”
Herman Kumara Wijethunge, secrétaire général du Forum mondial
des pêcheurs (WFFP): “Les activités conduites par les sociétés
internationales, telles que l’aquaculture le long des côtes et dans les plans
d’eau, dévastent souvent les zones côtières et entraînent le déplacement
des communautés du littoral. La pêche industrielle représente aussi un
sérieux problème. Les subventions en faveur de la pêche artisanale sont
supprimées, les marchés sont ouverts à la libéralisation du commerce, et
tout cela a des répercussions. Les prix baissent et nos pêcheurs ne peuvent
pas concurrencer les prix du marché […]. Le WFFP attend du FIDA qu’il
considère les pêcheurs comme des partenaires à part entière du processus
de développement. Nous espérons aussi que les préoccupations, les
“Les prix des principales denrées
alimentaires ont augmenté, rendant la
vie extrêmement précaire en particulier
pour les consommateurs les plus
pauvres. Ce n’est pas dû à la faiblesse
de la production. On en est là parce que
la production est détournée des filières
de produits alimentaires et que les
réserves mondiales sont à leur plus bas
niveau depuis vingt-cinq ans. Des petits
exploitants doivent disposer des moyens
de protéger leurs sources de revenus.”
Henry Saragih, La Via Campesina/
International Operative Secretariat
Henry Saragih, LVC/IOS et Nemesia
Achacollo, FNMCB, Bolivia
“Il n’y a pas trop d’artisans pêcheurs
dans le monde, mais il y a trop de flottes
de bateaux de pêches venues de très
loin. Du point de vue des artisans
pêcheurs, la mer n’est pas à vendre.”
Pedro Avendaño Garcès, Secrétaire exécutif
du Forum mondial des aquaculteurs et des
pêcheurs (WFF)
Alberto Ercilio Broch, COPROFAM,
Pedro Avendaño Garcès, WFF et
Herman Kumara Wijethunge, WFFP
11
recommandations et les accords qui ressortiront du forum seront reflétés
au Conseil des Gouverneurs et seront concrétisés d’une manière efficace.”
Ndiogou Fall, président du Réseau des organisations paysannes et
de producteurs d’Afrique de l’Ouest (ROPPA): “Ce forum est un
événement exceptionnel et une occasion idéale de comparer nos façons
de travailler à celles d’autres organisations. Mais c’est aussi un moment
privilégié dans le temps parce que nous pouvons aider le FIDA à aider les
pauvres. Les instruments et les outils du FIDA doivent permettre aux OP
de mieux s’organiser. Ces dernières années, nous avons lancé, avec le
Ndiogou Fall, Président du Réseau des
soutien du FIDA, divers projets et programmes visant à renforcer les
organisations paysannes et de producteurs
d’Afrique de l’Ouest (ROPPA)
capacités des OP et à aider les pauvres à tirer parti de certains débouchés
économiques. Nous avons enregistré des succès incroyables. Nous avons
observé que si l’on mettait sur pied un partenariat fondé en premier lieu
sur les priorités des pauvres, un partenariat qui respectait les idées, les
rythmes et les mentalités des producteurs, nous pouvions être vraiment
très efficaces. Il nous faut donc établir un partenariat à trois plus solide
entre les OP, la FAO et le FIDA […]. Les nouveaux défis sont notamment
le changement climatique, les biocarburants et les prix des produits
agricoles […]. Le FIDA et la FAO peuvent se rendre utiles en fournissant
les outils et les véhicules permettant de stopper ces tendances
dangereuses pour l’humanité tout entière […]. Nous pensons aussi que la
Ndiogou Fall, ROPPA et Makanjuola
Olaseinde Arigbede, USMEFAN, Nigeria
FAO et le FIDA doivent nous aider à prendre part à la concertation sur la
réforme agraire. Nous croyons à l’efficacité de ce partenariat à trois, en
particulier parce que, du point de vue de l’accompagnement des OP et du
travail à leurs côtés sur le terrain, le FIDA et la FAO disposent d’un
“Les agriculteurs sont capables de
avantage unique.”
mener la lutte jusqu’à un certain point.
Makanjuola Olaseinde Arigbede, coordinateur national de l’Union
Mais avec un grand frère comme le
of Small and Medium scale Farmers of Nigeria (USMEFAN): “Au nom
FIDA à leurs côtés, ils peuvent gagner.
de tous les petits exploitants d’Afrique, nous sommes très heureux d’être
Nous ne demandons pas à une
associés à ce processus et de pouvoir vous parler, à vous qui êtes si
organisation intergouvernementale
importants pour tout ce qui a trait à la production alimentaire et
de faire des miracles. Nous
l’agriculture dans le monde entier. Les agriculteurs sont capables de
demandons, lorsqu’il y a une petite
brèche dans les connaissances des
mener la lutte jusqu’à un certain point. Mais avec un grand frère comme
agriculteurs, aux organisations telles
le FIDA à leurs côtés, ils peuvent gagner. Nous ne demandons pas à une
que le FIDA d’y remédier.”
organisation intergouvernementale de faire des miracles. Nous
Olaseinde Arigbede, Coordinateur national
demandons, lorsqu’il y a une petite brèche dans les connaissances des
de l’Union of Small and Medium scale
agriculteurs, aux organisations telles que le FIDA d’y remédier […]. Si
Farmers of Nigeria (USMEFAN)
nous, en tant qu’agriculteurs ou chefs de file d’agriculteurs, ne sommes
pas capables de nous adresser aux autres parties prenantes en termes
précis et scientifiques, personne ne nous prend au sérieux. Le FIDA doit jouer ce rôle de
soutien, pas seulement en termes d’argent, mais en termes d’assistance susceptible de nous
permettre de parler avec autorité. Un autre aspect extrêmement préoccupant est le futur de
l’agriculture. Dans bon nombre de nos pays, devenir agriculteur est une calamité. Or, nous
nous targuons tous d’être en mesure de contrôler notre production alimentaire,
maintenant et dans le futur. Qui va produire? Nous espérons que le FIDA va nous aider à
trouver des solutions à ce type de problèmes épineux. Nous avons besoin d’un FIDA qui
soit courageux et qui ne courbe pas l’échine devant les grandes puissances.”
Estrella Penunia Banzuela, secrétaire générale de l’Association des paysans d’Asie
pour le développement rural durable (AFA): “Bien que l’agriculture soit un secteur vital de
“Nous avons observé que si l’on
mettait sur pied un partenariat fondé
en premier lieu sur les priorités des
pauvres, un partenariat qui respectait
les idées, les rythmes et les mentalités
des producteurs, nous pouvions être
vraiment très efficaces. Il nous faut
donc établir un partenariat à trois plus
solide entre les OP, la FAO et le FIDA.”
12
“Nous, les petits agriculteurs et
l’économie asiatique, nous, les petits agriculteurs et producteurs, hommes
et femmes, qui formons la majorité de la population vivant de l’agriculture, producteurs, hommes et femmes, qui
formons la majorité de la population
sommes encore pauvres. Notre pauvreté s’explique par l’inégalité de la
vivant de l’agriculture, sommes encore
distribution des ressources naturelles et économiques et de l’accès aux
pauvres. Notre pauvreté s’explique par
processus décisionnels. Les processus d’intégration régionale qui se
l’inégalité de la distribution des
déroulent en Asie ne profitent pas aux petits exploitants. Ils nous déplacent ressources naturelles et économiques
un peu plus. Les agricultrices en font particulièrement les frais et, avec
et de l’accès aux processus
moins de revenus dans nos poches il y a moins d’argent pour
décisionnels.”
l’alimentation, la santé et l’éducation. Le réchauffement de la planète s’est
Estrella Penunia Banzuela, Secrétaire
révélé être le problème mondial le plus grave et aussi le plus universel
générale de l’Association des paysans d’Asie
pour le développement rural durable (AFA)
puisqu’il touche tous les citoyens, riches et pauvres. Il a toutefois des
retombées d’une gravité disproportionnée sur les petits exploitants, les
pêcheurs et les peuples autochtones, alors que nous sommes ceux qui y
avons le moins contribué… Nous attendons du FIDA dans ce partenariat
qu’il continue à mobiliser ses ressources techniques et financières, ainsi
que les ressources de la communauté internationale, pour aider les
organisations paysannes à renforcer leurs capacités en matière de recherche,
analyse et formulation de politiques, afin qu’elles deviennent capables
d’interpeller nos gouvernements et les organismes intergouvernementaux
régionaux et internationaux. Nous aimerions avoir plus d’emprise sur les
Estrella Penunia Banzuela, AFA
projets et programmes du FIDA, tant pour leur exécution que leur
évaluation. Aucun d’entre nous n’est actuellement associé à ces projets.
“Nous observons dans beaucoup de
Nous aimerions savoir s’il est possible que le FIDA ait des représentants
pays que les multinationales mettent la
d’agriculteurs au sein de ses organes exécutifs décisionnels. Puisqu’il s’agit
main sur une grande partie des terres.
d’un partenariat, en notre qualité de groupe d’agriculteurs nous voulons
Nous devons nous attaquer à ce modèle
assumer notre rôle et notre détermination à nous organiser nous-mêmes et
d’agriculture particulièrement pervers.
à comprendre comment donner le meilleur.”
Nous voulons un modèle qui soit
Alberto Ercilio Broch, secrétaire exécutif de l’Instance de
favorable aux petits exploitants et nous
coordination des producteurs familiaux (COPROFAM): “En dépit de
sommes convaincus que c’est possible.”
tous les efforts qui sont faits, la faim existe toujours et la pauvreté
Alberto Ercilio Broch, Secrétaire exécutif de
perdure. Du point de vue de la COPROFAM, l’un des facteurs de la
l’Instance de coordination des producteurs
familiaux (COPROFAM)
situation actuelle est le modèle d’agriculture et de développement mis en
œuvre dans bon nombre de régions du monde et, en particulier, en
Amérique latine – un modèle reposant sur les cultures commerciales et
les grandes plantations, qui chasse les petits exploitants et les peuples
autochtones hors de leurs terres […]. Nous observons dans beaucoup de
pays que les multinationales mettent la main sur une grande partie des
terres. Nous devons nous attaquer à ce modèle d’agriculture
particulièrement pervers. Nous voulons un modèle qui soit favorable aux
petits exploitants et nous sommes convaincus que c’est possible.
Quelques-uns des aspects importants sont l’accès à la terre et le régime
Alberto Ercilio Broch, COPROFAM
foncier, l’accès aux ressources naturelles [et] la mise en place de
politiques favorables aux agriculteurs. Nous avons besoin d’un modèle
durable aux plans économique et social. Durable en termes de souveraineté foncière et de
sécurité alimentaire. Il nous faut consolider le modèle de l’agriculture familiale. C’est
pourquoi le FIDA a un rôle non négligeable à jouer. Il est important de continuer à croire
en un processus qui implique de travailler de concert avec les associations… mais nous
devons renforcer le pouvoir d’action de notre organisation si nous voulons briser le
modèle. Voilà pourquoi nous croyons à l’efficacité du processus du Forum Paysan.”
13
14
Section 2: Évaluation et avenir des
partenariats FIDA-OP
Le processus du Forum Paysan a officiellement démarré en 2006 et est donc relativement
jeune. Toutefois, il est devenu beaucoup plus qu’un processus de dialogue entre le FIDA et
les OP. Après seulement deux ans, le processus du Forum Paysan a eu des
“Le FIDA qui siège avec vous aujourd’hui
effets tangibles sur la façon dont le FIDA et les OP travaillent ensemble à
n’est pas le FIDA d’il y a deux ans.
tous les niveaux, avec des collaborations et des partenariats nouvellement Aujourd’hui plus que jamais nous
créés aux échelons local, national et régional.
sommes convaincus que, ensemble,
“Lorsque nous nous sommes rencontrés, il y a à peine deux ans, nous
ne discernions pas clairement les perspectives. Nous étions seulement
sûrs de notre bonne foi et partagions l’espoir que des perspectives
existent effectivement. Pendant ces deux ans, nous avons étoffé nos
relations et approfondi nos connaissances. Nous avons uni nos forces
et accompli pas mal de choses ensemble. Le FIDA qui siège avec vous
aujourd’hui n’est pas le FIDA d’il y a deux ans. Aujourd’hui plus que
jamais nous sommes convaincus que, ensemble, nous pouvons faire
changer les choses, en acceptant pleinement notre diversité, nos
origines, nos cultures et nos atouts. Nous n’avons plus besoin de
tester notre bonne foi. Maintenant, il nous faut planifier ce que nous
allons faire et comment nous allons le faire pour que ce soit plus et
mieux.”
Sappho Haralambous, coordinatrice des politiques du FIDA
nous pouvons faire changer les choses,
en acceptant pleinement notre diversité,
nos origines, nos cultures et nos atouts.
Nous n’avons plus besoin de tester notre
bonne foi. Maintenant, il nous faut
planifier ce que nous allons faire et
comment nous allons le faire pour que
ce soit plus et mieux.”
Sappho Haralambous, Coordinatrice
des politiques
Une première évaluation officielle du partenariat FIDA-OP a été conduite
par le FIDA. Un rapport sur l’évolution des partenariats “Partenariats en
action” a été préparé pour informer les participants des progrès réalisés en
Sappho Haralambous et Matthew Wyatt, FIDA
2006 et 2007 et faire le point sur les recommandations émises lors de la
première réunion mondiale et les engagements pris par le FIDA à leur sujet (le texte
intégral du rapport figure dans le CD-ROM joint). La Division des politiques du FIDA a
présenté une synthèse du document 2. Pour le FIDA, la conclusion générale de l’évaluation
des partenariats 2006-2008 avec les OP est que ceux-ci varient selon: l’engagement
personnel des chargés de programme de pays et des équipes de pays; la volonté des
gouvernements de travailler avec les OP et leur degré d’implication; et la représentativité et
les capacités des OP individuelles, ainsi que leur volonté de se lancer avec leur
gouvernement dans des investissements publics visant la réduction de la pauvreté rurale.
La propre évolution interne du FIDA, dans le sens d’une présence accrue dans les pays et
de la supervision directe de ses projets, favorisera sans aucun doute le renforcement de son
engagement. Il n’en reste pas moins que des progrès sont encore nécessaires dans
différents domaines.
À l’issue de la présentation du FIDA, les partenariats ont fait l’objet d’un débat résumé
par thèmes dans les chapitres suivants.
2 La synthèse du rapport intitulé “Partenariats en action” a été présentée par Philippe Remy, coordinateur des
politiques du FIDA.
15
2.1 Programmes d’options stratégiques pour les pays (COSOP3)
En 2006 et 2007, le FIDA a conçu et approuvé 24 COSOP. La participation des OP à la
conception de ces programmes de pays a sensiblement progressé au cours de cette période.
Par exemple, en 2007, les OP ont activement participé 4 au processus de conception de
60% des COSOP approuvés, contre 33% seulement en 2006.
Les efforts déployés par le FIDA pour associer les OP à la conception et la mise en
œuvre de ses stratégies de pays et les résultats qu’il a obtenus ont été unanimement
reconnus mais il ne faut pas en rester là. La participation des OP aux programmes de pays
du FIDA est encore extrêmement variable d’un pays à l’autre en fonction de l’engagement
des chargés de programme.
Au-delà de la simple participation des OP à l’élaboration des stratégies-pays, les
modalités et l’efficacité des processus de dialogue et de consultation devraient faire l’objet
d’un examen particulier: quelles sont les attentes respectives du FIDA et des OP? Les
modalités de ces consultations sont-elles satisfaisantes? Comment les personnels des OP
et du FIDA jugent-ils leurs interactions dans les processus de préparation des COSOP?
2.2 Conception et exécution des projets
Les projets financés au titre de prêts5 représentent l’essentiel des opérations du FIDA et son
principal instrument pour atteindre ses objectifs stratégiques. En 2006 et 2007, le Conseil
d’administration du FIDA a approuvé 62 projets financés par des prêts, pour un montant
total de 1 055 millions d’USD. Les OP ont été consultées pendant le processus de
conception de 77% de ces projets, mais à des degrés extrêmement divers selon les projets.
Les OP ont aussi activement participé à la conception de plus d’un tiers de tous les projets
approuvés en 2006 et 2007. En ce qui concerne l’exécution des projets approuvés pendant
la période 2006-2007, dans 39% des cas au moins une OP est membre du comité de
pilotage du projet. Pour ce qui est de la conception, la participation effective des OP est
extrêmement variable. L’encadré ci-après présente des cas de partenariat entre le FIDA et
des OP pour des COSOP et des projets. Ces cas ont été exposés conjointement par le FIDA
et les OP partenaires pendant la réunion6.
Ici aussi, les participants ont reconnu les efforts déployés par le FIDA pour associer les
OP à la conception et à l’exécution de ses projets, et aux résultats obtenus. Cependant, il a
également été souligné que cette participation était souvent planifiée au dernier moment,
ce qui limite la capacité des OP à fournir une contribution de qualité.
La participation des OP à la conception et à l’exécution des projets pourrait
s’intensifier encore, à la fois en termes de fréquence et de portée. Quelques représentants
d’OP ont ainsi demandé au FIDA d’associer les OP aux processus de négociation entre le
FIDA et les gouvernements précédant la signature des accords relatifs aux projets du FIDA.
La participation des OP aux projets du FIDA est capitale pour améliorer la qualité, la
pertinence, l’efficacité et la pérennité des projets. Toutefois, la question reste posée de
3 Les opérations bénéficiant d’un appui du FIDA sont exécutées au niveau du pays dans le cadre des programmes de
pays du Fonds. Les programmes de pays sont définis dans les documents appelés programmes d’options
stratégiques pour le pays (COSOP). Le processus du COSOP consiste en un cycle de formulation, d’examen et
d’évaluation. Une fois examiné par le Conseil d’administration du FIDA, le COSOP sert de cadre à toutes les activités
conduites par le FIDA dans le pays: les projets d’investissement financés au titre de prêts, les dons de pays et les
initiatives de concertation sur les politiques, qui sont tous conçus pour se compléter mutuellement.
4 On parle de “participation active” quand des représentants des OP font officiellement partie de l’équipe chargée de
l’élaboration du COSOP ou que des OP fournissent des contributions substantielles tout au long du processus de
conception du COSOP.
5 Il s’agit de projets de développement publics, et les gouvernements sont les bénéficiaires et emprunteurs directs des
prêts financés par le FIDA.
6 M. Paolo Silveri, chargé de programme de pays pour l’Uruguay, et M. Fernando Ariel Lopez Rodriguez, président de
la Comisión Nacional de Fomento Rural (CNFR) uruguayenne ont présenté le cas du COSOP de l’Uruguay. M.
Benoît Thierry, chargé de programme de pays pour Madagascar, et M. Jean Berthin Rabefeno, secrétaire général de
Firaisankinan’ny Tantsaha eto Madagasikara ou Coalition paysanne de Madagascar (FTM/CPM), ont présenté le
processus de conception du projet d’appui aux organisations paysannes à Madagascar.
16
Le partenariat FIDA-OP dans la conception des COSOP et des projets
En Uruguay, le processus de conception du COSOP se déroule dans un contexte
particulier parce que l’Uruguay est l’un des pays pilotes de l’initiative des Nations Unies
“Unis dans l’action” pour l’Amérique latine. Dans ce contexte, le FIDA informe et consulte
les OP au titre du processus de conception du COSOP, tout en veillant simultanément à
la coordination avec les autres organisations onusiennes présentes dans le pays et le
gouvernement national. Les représentants des OP ont souligné l’importance de faire
participer leurs organisations à la mise en œuvre du COSOP afin qu’ils deviennent des
acteurs et des décideurs et pas seulement des bénéficiaires du programme.
À Madagascar, la formulation du projet d’appui aux organisations professionnelles
d’agriculteurs (projet AROPA), dont le démarrage est prévu en 2008, a mobilisé les
représentants de l’ensemble des cinq organisations paysannes faîtières pendant la
totalité du processus de conception, y compris les visites de terrain, et s’est conclue par
l’organisation d’un atelier participatif rassemblant gouvernement, bailleurs de fonds, ONG
et organisations paysannes (60 participants), pendant lequel les composantes du projet
ont été définies et articulées en activités. Le même type de participation est prévu pour
les prochaines étapes de la conception du programme jusqu’à sa soumission au Conseil
d’administration du FIDA. Le projet est cohérent avec l’objectif stratégique du COSOP de
Madagascar: autonomiser les OP.
savoir quels enseignements tirer des diverses expériences de partenariats en termes de lutte
contre la pauvreté rurale?
“L’information qui nous est donnée aujourd’hui montre clairement que les choses
bougent. Pour nous, ce qui est important c’est de travailler ensemble pour renforcer
nos stratégies afin de faire plus et mieux dans le futur.”
R. C. João, président de l’União Nacional de Camponeses (UNAC), Mozambique.
2.3 Financement direct sous la forme de dons
Le mécanisme d’octroi de dons est l’instrument principal utilisé par le FIDA pour fournir un
soutien financier direct aux OP. Comparé à la période 2004-2005, l’appui financier direct du
FIDA en faveur des OP a considérablement augmenté. En 2004 et 2005, sept dons ont été
affectés directement à des initiatives d’OP. En 2006 et 2007, leur nombre est passé à 34. Le
volume des dons a augmenté à l’avenant, passant de 2,4 millions d’USD à plus de 5,8
millions d’USD. Les dons du FIDA en faveur des OP ont financé des initiatives nationales,
régionales et mondiales. La plupart d’entre elles portaient sur le renforcement des capacités
et la consolidation institutionnelle ou soutenaient la participation indépendante d’OP à des
processus d’élaboration des politiques.
En ce qui concerne plus spécifiquement l’appui fourni par le FIDA pour permettre aux
OP de participer à la concertation sur les politiques, trois plateformes régionales facilitant le
dialogue entre les OP et les homologues publics régionaux et nationaux en ont bénéficié: la
Commission de l’agriculture familiale (REAF) en Amérique latine, la Commission
interaméricaine sur les droits de l’homme (CIDH – IACHR) en Amérique centrale et le Hub
en Afrique de l’Ouest. De plus, cinq campagnes de plaidoyer internationales ou actions de
concertation sur les politiques et initiatives de recherche ont reçu un appui en 2006 et 2007.
L’encadré ci-dessous résume l’exemple présenté lors du Forum Paysan7.
7 M. Ibrahima Coulibaly, président de la Coordination nationale des organisations paysannes (CNOP) du Mali, a
présenté ce cas au nom du ROPPA.
17
On pourrait encore envisager une progression du volume de dons octroyés aux OP.
Toutefois, elle impliquerait pour le FIDA un coût administratif accru, susceptible
d’atteindre rapidement sa limite. Le FIDA pourrait donc préférer fournir des dons en
faveur du renforcement des capacités plus substantiels mais moins nombreux, en passant
par l’intermédiaire des organisations faîtières régionales et des programmes régionaux (ou
sous-régionaux) portant sur le renforcement des capacités à l’échelon national. Les OP
pourraient aussi y trouver leur compte. Comment faire en sorte que les
“Nous ne demandons pas à une
programmes de renforcement des capacités de moyenne et grande
organisation intergouvernementale de envergures conduits à l’échelon régional profitent d’une manière efficace et
faire des miracles ni de changer le
efficiente aux organisations nationales et locales et, en dernier ressort, aux
monde […]. Ce partenariat donne au
petits producteurs dans les villages? Quel est l’équilibre juste entre
FIDA l’occasion de jouer un rôle de
subsidiarité et efficacité pour allouer les fonds? Entre large participation,
soutien, pas seulement en termes
coopération et concurrence au sein des regroupements d’OP? Comment
d’argent mais en termes d’assistance
faut-il renforcer la capacité des réseaux régionaux de gérer ces programmes
susceptible de nous permettre de
parler avec autorité.”
pour éviter de créer une nouvelle bureaucratie dépendante de financements
internationaux?
Olaseinde Arigbede, coordinateur national
de USMEFAN
Les participants au Forum Paysan ont souligné l’importance de
continuer sur la lancée actuelle, à savoir l’augmentation année après année
du financement par le FIDA de dons directs en faveur des OP. L’appui direct sous la forme
de dons vise à renforcer les capacités des OP en matière de concertation sur les politiques
et activités liées à la production. Les participants ont plus particulièrement mis en relief:
• la nécessité d’appuyer davantage le renforcement de la capacité des OP de participer
à la concertation sur les politiques et aux processus de prise de décision,
permettant aux représentants des OP de pouvoir négocier avec leurs homologues
sur un pied d’égalité. À cet effet, les participants ont insisté sur la nécessité de
fournir un appui régulier, sous la forme de ressources financières adéquates et
d’assistance technique pertinente.
Le partenariat FIDA-OP dans la concertation sur les politiques
À la demande des organisations paysannes africaines, le FIDA, la FAO et des ONG
européennes sélectionnées ont collaboré en 2006 et 2007 pour épauler la participation
des OP au processus de négociation des Accords de partenariat économique (APE)
entre l’Union européenne et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).
L’objectif était de permettre aux agriculteurs de faire part aux négociateurs des pays ACP
de leurs points de vue et de leurs perceptions concernant les APE. Les OP des pays
ACP (d’Afrique et des Caraïbes8) ont préparé un exposé commun de leur position
concernant l’examen à mi-parcours des APE et l’ont présenté dans diverses instances
aux représentants des gouvernements des pays ACP, des institutions régionales ACP et
de la Commission européenne. Le soutien concerté du FIDA, de la FAO et des ONG a eu
un effet catalytique, en permettant aux OP de plaider pour des APE résolument axés sur
le développement durable. Les retombées initiales sont plus particulièrement notables en
Afrique de l’Ouest où les OP se sont mobilisées à l’échelon national, ont lancé un
dialogue avec la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et
ont été capables de participer à la réunion des experts et des négociateurs des pays
ACP. Elles ont ainsi été en mesure de participer aux discussions relatives au choix des
produits sensibles et ont influé sur la date butoir de signature initialement fixée au
31 décembre 2007.
8 EAFF: Fédération des Paysans et Producteurs agricoles de l’Afrique Orientale; SACAU: Confédération sud-africaine
des syndicats agricoles; ROPPA: Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs de l’Afrique de l’Ouest;
PROPAC: Plateforme Régionale des Organisations Paysannes d’Afrique Centrale; WINFA: Association des
Producteurs Agricoles des Iles Windward, aux Antilles.
18
“Nous ne demandons pas à une organisation intergouvernementale de faire des
miracles ni de changer le monde […]. Ce partenariat donne au FIDA l’occasion de
jouer un rôle de soutien, pas seulement en termes d’argent mais en termes d’assistance
susceptible de nous permettre de parler avec autorité.”
Makanjuola Olaseinde Arigbede, coordinateur national de l’Union of Small and
Medium Scale Farmers of Nigeria (USMEFAN).
• L’importance de lancer un “dialogue économique” avec les organisations
professionnelles. À cet effet, le renforcement des capacités aux échelons national et
régional est déterminant pour permettre un accroissement de la production. Il est
également nécessaire de renforcer les capacités à l’échelon local ou de faire en sorte
que les actions de renforcement des capacités menées aux échelons national et
régional atteignent la base.
“Nous avons besoin du soutien du FIDA dans la communauté internationale pour
pouvoir assimiler, reproduire et pratiquer à plus grande échelle l’agriculture durable et
biologique, afin de commercialiser nos produits, et nous avons besoin de votre
soutien pour que nos gouvernements placent ces initiatives au rang des priorités.”
Estrella Penunia Banzuela, secrétaire générale de l’Association des paysans d’Asie pour
le développement rural durable (AFA).
Globalement, les représentants des OP ont insisté sur le fait que le renforcement des
capacités devait faire partie d’un processus de longue haleine permettant au FIDA et à ses
partenaires d’obtenir des résultats plus durables et de mettre en place des partenariats plus
solides.
2.4 Processus et principes directeurs du Forum Paysan
Pendant la période 2006-2007, le processus du Forum Paysan n’a pas suivi l’approche de
la base vers le sommet préconisée en 2005, qui prévoyait l’organisation de consultations à
l’échelon national complétées par des consultations régionales censées fournir, à leur tour,
les bases de travail de la réunion mondiale du Forum Paysan. En pratique, il n’en a pas été
ainsi faute de temps et de ressources de la part tant du FIDA que des OP. Ce “modèle”
devrait-il être révisé et ajusté? L’accord était que le Forum Paysan serait “régi par les
principes de large participation, de pluralisme, d’ouverture et de flexibilité”. Ces principes
ont-ils été entièrement respectés?
Les représentants des OP ont été d’accord avec l’évaluation du FIDA constatant que le
mécanisme de consultation établi en 2005 n’avait pas fonctionné comme prévu. À cet
égard, les participants ont réitéré le rôle central du comité de pilotage pour diriger le
processus du Forum Paysan et organiser les réunions mondiales bisannuelles. Or, le
comité de pilotage joue un rôle consultatif plus qu’un rôle de direction. Les participants
ont réaffirmé leur accord concernant la façon dont les prises de décision avaient lieu au
sein du comité, mais ont fait valoir que les pouvoirs du comité de pilotage devaient être
étendus. Il a été proposé que le comité de pilotage se réunisse régulièrement pour
i) évaluer les progrès accomplis par les partenariats FIDA-OP et promouvoir la voie à
suivre; ii) échanger points de vue et idées sur les questions importantes pour les membres
des OP; et iii) examiner la performance du comité de pilotage lui-même.
Dans le même ordre d’idée que le renforcement du rôle du comité de pilotage,
certains participants ont demandé à ce que des représentants d’agriculteurs intègrent les
organes décisionnels du FIDA afin qu’ils puissent participer aux débats actuels et futurs
conduits par le Fonds et représenter le point de vue des OP. Cette suggestion est
19
“Le FIDA ne donne pas de
recommandations sur la politique à
suivre ; il laisse leur autonomie aux
organisations et renforce le pouvoir
d’action des organisations paysannes.
Nous estimons qu’il est très important
d’apporter notre soutien à cette
approche du FIDA.”
Pedro Peretti, Secrétaire de la COPROFAM
considérée comme une étape plus avancée de l’institutionnalisation du
partenariat FIDA-OP, permettant aux OP de prendre une part active dans
les processus institutionnels du FIDA.
“Nous aimerions savoir s’il est possible que le FIDA ait des représentants
d’agriculteurs au sein de ses organes exécutifs décisionnels. Puisqu’il
s’agit d’un partenariat, en notre qualité de groupe d’agriculteurs, nous
voulons assumer notre rôle et notre détermination à nous organiser
nous-mêmes et à comprendre comment donner le meilleur.”
Estrella Penunia Banzuela, secrétaire générale de l’Association des
paysans d’Asie pour le développement rural durable (AFA).
À la lumière des expériences de la période 2006-2008, les participants
ont réaffirmé les principes généraux du Forum Paysan et souligné leur
importance dans le renforcement des partenariats FIDA-OP depuis 2006.
Parmi ces principes, celui de la large participation a fait l’objet de débats
spécifiques – quelles sont les organisations avec lesquelles le FIDA crée
des partenariats et comment sont-elles ou devraient-elles être
sélectionnées? Les participants estiment que le processus de sélection, en
Pedro Peretti, COPROFAM et Eduardo Buzzi,
FAA, Argentina
particulier pour les partenariats à l’échelon du pays, n’est pas
suffisamment transparent ni propre à favoriser un réel dialogue avec les représentants des
ruraux pauvres dans un pays donné. Le FIDA a admis cette faille et insisté sur la nécessité
de se pencher très sérieusement sur la question, qui est critique pour la solidité du
partenariat mais très complexe à appliquer. Par conséquent, le FIDA a demandé au Forum
Paysan de lui donner des conseils pour que la coopération FIDA-OP soit organisée d’une
manière productive, systématique et garantissant une large participation.
Bien que cela ne figure pas dans les principes du Forum Paysan, les participants ont
salué l’aptitude du FIDA à appuyer les OP d’une manière impartiale, en respectant leur
autonomie, leur diversité et leur indépendance. Le souci du FIDA d’autonomiser les OP
sans entrer dans les considérations politiques a aussi été reconnu. Les participants ont
unanimement observé combien il était important que le FIDA reste fidèle à cette approche
et continue à s’engager non seulement dans la coopération internationale au sens large du
terme mais aussi dans des partenariats avec des organisations actives au niveau du terrain.
“Le FIDA ne donne pas de recommandations sur la politique à suivre; il laisse leur
autonomie aux organisations et renforce le pouvoir d’action des organisations
paysannes […]. Nous estimons qu’il est très important d’apporter notre soutien à cette
approche du FIDA.”
Pedro Peretti, secrétaire de la COPROFAM.
2.5 Problématique hommes-femmes
Les femmes sont encore rares parmi les dirigeants des OP nationales et internationales.
Comment le partenariat entre le FIDA et les OP pourrait-il encourager l’accession des
femmes à la direction des organisations rurales?
Les participants au Forum Paysan ont été unanimes pour préconiser avec force la
participation accrue des femmes dans le contexte du partenariat FIDA-OP. La contribution
des femmes à l’agriculture et au développement rural, que ce soit au plan quantitatif ou
qualitatif, a été soulignée. En général, elles sont pourtant plus pauvres que leurs
homologues masculins et fortement sous-représentées à tous les niveaux des OP. C’est
pourquoi les participants ont demandé un appui ciblé qui permettrait aux femmes
d’acquérir plus de poids au sein de leurs organisations et dans le contexte du Forum
20
Paysan. Ils ont aussi demandé au FIDA de promouvoir les activités
susceptibles de favoriser l’indépendance économique des femmes,
associées à des activités de renforcement des capacités spécifiques, en vue
de leur rendre confiance et d’améliorer leur estime de soi.
“Je note que vous avez dit que la problématique hommes-femmes
était une question qui nous concernait tous; mais je vous mets en
garde. Les gens sont tentés de croire qu’une question est réglée dès
que chacun reconnaît qu’elle existe, or, c’est là que l’on risque de
repartir en arrière […]. La force tenant au nombre, pourquoi ne pas
envisager la définition d’un quota de représentation? Nous ne
pouvons rien exiger du FIDA, mais nous pouvons peut-être fixer un
objectif – peut-être 30% – […] pour défendre les intérêts des femmes
dans l’agriculture.”
Karen Serres, présidente de la Fédération nationale des syndicats
d’exploitants agricoles (FNSEA).
“Je note que vous avez dit que la
problématique hommes-femmes était
une question qui nous concernait tous ;
mais je vous mets en garde. Les gens
sont tentés de croire qu’une question
est réglée dès que chacun reconnaît
qu’elle existe, or, c’est là que l’on
risque de repartir en arrière.”
Karen Serres, Présidente de la Fédération
nationale des syndicats d’exploitants
agricoles (FNSEA), France
Le Forum Paysan a demandé au FIDA d’aider les OP à faire participer
leurs membres femmes aux processus de gestion et de prise de décision
de leurs organisations, en établissant un quota de représentation
Laurent Pellerin, AGRICORD et Karen Serres,
minimum. Le FIDA a aussi été invité à appliquer un quota minimum de
FNSEA, France
30% d’agricultrices dans tous ses programmes, projets, manifestations et
activités. Ce quota devra augmenter progressivement à chaque réunion mondiale du
Forum Paysan pour arriver à une représentation équilibrée des hommes et des femmes
parmi les participants.
Il a aussi été proposé d’organiser des consultations féminines aux échelons national et
régional afin de fournir des éléments à la prochaine réunion mondiale du Forum Paysan.
À l’occasion de celle-ci, une réunion des femmes représentant des OP devrait être
organisée (avant la réunion mondiale) afin qu’un exposé commun de leur position,
approuvé par toutes, puisse être soumis par les représentantes des OP.
2.6. Système commun de suivi et évaluation (S&E)
Les participants ont insisté sur l’importance d’évaluer l’efficacité des partenariats FIDA-OP
en termes de développement, en mesurant leur impact sur la capacité d’organisation des
petits exploitants; sur l’émancipation des ruraux, hommes et femmes; et, en dernier
ressort, sur la réduction de la pauvreté rurale. À cet effet, les participants sont tombés
d’accord sur la nécessité de veiller à ce que les futures activités du FIDA privilégient
davantage les programmes axés sur des résultats ayant des effets mesurables. L’efficacité du
partenariat FIDA-OP en termes de développement et son impact pourraient alors être
mesurés grâce à l’établissement d’un système commun de suivi et évaluation.
“Il devrait y avoir un programme d’évaluation dans chaque pays où un changement
est visible, où la vie des gens a été transformée – ne serait-ce que dans un seul village.
Si vous pouvez citer un lieu, quel que soit le pays, où la vie des petits exploitants a été
transformée, alors c’est un exemple de ce qui peut être fait. Le succès engendrera le
succès si on peut le mesurer.”
Leonard Nduati Kariuki, président national de Kenya National Federation of
Agricultural Producers (KENFAP).
21
22
Section 3: Perspectives régionales
Pendant la session de l’après-midi du premier jour de la réunion mondiale du Forum
Paysan, les participants se sont répartis dans cinq groupes de travail régionaux (Afrique de
l’Ouest et du Centre, Afrique orientale et australe, Proche-Orient et Afrique du Nord, Asie
et Pacifique, Amérique latine et Caraïbes) afin de débattre entre eux et avec le FIDA des
progrès accomplis dans le cadre du partenariat depuis la première réunion mondiale de
2006. Tous les groupes ont présenté une synthèse de leurs délibérations en séance
plénière.
Malgré la diversité et la richesse du débat propre à chaque groupe de travail régional,
des questions communes ont émergé dans tous les groupes: i) l’institutionnalisation de la
participation des OP à la conception et à la mise en œuvre des stratégies de pays,
programmes et projets du FIDA; ii) le financement direct des OP, sous la forme de dons,
aux fins de leur participation à la concertation sur les politiques; et iii) la création d’un
système commun de suivi et évaluation FIDA-OP.
Les débats conduits à l’échelon régional ont permis aux participants de se pencher sur
les problématiques et spécificités régionales et d’élaborer des propositions adaptées.
3.1 Questions communes ressortant des débats régionaux
Institutionnalisation de la participation des OP à la conception
et à la mise en œuvre des stratégies de pays, projets et
programmes du FIDA
La façon dont les OP pourraient être associées plus efficacement aux
stratégies de pays, programmes et projets du FIDA a été longuement
examinée. Les groupes régionaux ont cité la pérennité des projets du FIDA
comme étant un aspect à améliorer dans toutes les régions et qui pourrait
l’être si les OP participaient à la mise en œuvre des stratégies de pays et
des projets, en réduisant ainsi le nombre de problèmes apparaissant
pendant la phase de l’après-projet. Comme l’a souligné le groupe Asie et
Pacifique, l’association des OP aux diverses étapes des activités du FIDA
favoriserait l’appropriation des activités du projet par les bénéficiaires.
Bassiaka Dao, CPF, Burkina Faso et
Jacques Bonou, FUPRO, Benin
“Je pense que la valeur ajoutée par les OP dans les COSOP est de les rendre plus
pertinents et davantage en prise sur les réalités et les besoins des OP […]. Je pense
aussi que la participation des agriculteurs ne devrait pas être limitée à la consultation
sur ce qu’est le COSOP ni, simplement, à son examen. Le COSOP, en tant que
document de stratégie, peut tout à fait être la propriété des agriculteurs.”
Estrella Penunia Banzuela, secrétaire générale de l’AFA.
Les OP des régions Afrique de l’Ouest et du Centre et Amérique latine et Caraïbes ont
insisté sur la nécessité de mieux répondre à leurs besoins de renforcement des capacités si
l’on voulait qu’elles participent efficacement – et en toute indépendance – aux processus
de conception, exécution et suivi et évaluation des COSOP et des projets. Le financement
23
direct des OP dans le cadre de la conception et de la mise en œuvre des COSOP et des
projets a d’ailleurs été jugé déterminant pour permettre aux OP d’acquérir les capacités
techniques appropriées.
Dans le souci de corriger la disparité qu’il existe entre les pays dans la participation
des OP aux activités du FIDA, les représentants des OP ont proposé l’institutionnalisation
de leur participation, moyennant la création de directives opérationnelles destinées au
personnel du FIDA, indiquant comment associer les OP aux activités du FIDA, en
particulier à l’échelon du pays. Les OP ont aussi souligné que suffisamment de temps et
d’information devait leur être accordé pour que se mette en place une interaction
constructive.
Appui financier direct et flexible pour la concertation sur les politiques
Le renforcement des capacités des OP afin qu’elles soient capables de participer aux
négociations internationales sur les questions touchant leurs moyens d’existence a aussi
été mise en avant par tous les groupes régionaux, en tant qu’étape nécessaire pour que les
OP soient en mesure de dialoguer avec les autres parties prenantes sur un pied d’égalité. À
cet effet, les OP ont demandé au FIDA d’accroître son appui financier direct en leur faveur.
Le groupe Afrique de l’Ouest et du Centre a recommandé que le FIDA opte pour un
dispositif de financement plus ambitieux, par exemple avec la création d’un programme
de financement pluriannuel – assorti de programmes de travail annuels – propice aux
ajustements et flexible, si nécessaire, afin que les OP puissent réagir aux problèmes
politiques susceptibles de surgir inopinément. Un tel programme serait aussi respectueux
des manières indépendantes et variées dont les OP choisissent de participer aux initiatives
de concertation sur les politiques.
“Nous pouvons planifier la plupart des activités à l’exception de l’appui en faveur des
activités politiques parce que les choses bougent très rapidement d’un jour à l’autre et
qu’il est nécessaire de mobiliser des moyens et de réagir très rapidement sur ces
questions. Je pense donc que pour ces questions spécifiques, il nous faut réfléchir et
voir comment renforcer effectivement nos actions de planification et permettre à nos
partenaires d’intervenir au moment opportun.”
Ndiogou Fall, Président du ROPPA.
De plus, le groupe Afrique orientale et australe a insisté sur le fait que le faible montant
des dons du FIDA ne leur permettait pas toujours d’atteindre leurs buts et a recommandé
l’octroi de dons plus substantiels pour améliorer leur impact ou leur permettre de passer
du niveau local au niveau national.
Système de S&E et redevabilité
Les groupes régionaux ont recommandé que toutes les actions entreprises soient axées sur
les résultats et soient placées sous la responsabilité conjointe du FIDA et des OP.
L’importance des mécanismes d’encadrement et de suivi et évaluation a été soulignée par
le groupe Proche-Orient et Afrique du Nord pour mesurer l’impact des activités du FIDA.
Le groupe Afrique de l’Ouest et du Centre a fait valoir qu’un tel mécanisme de S&E serait
aussi utile en aidant les OP à rendre des comptes au FIDA et à leurs propres membres. Le
groupe Afrique orientale et australe a insisté sur l’importance des initiatives de
renforcement des capacités des OP pour qu’elles participent activement à cette initiative
conjointe. Enfin, tous les groupes régionaux sont tombés d’accord pour reconnaître que ce
système encouragerait la transparence et générerait des enseignements importants pour les
activités futures.
24
“Nous devons mettre au point un système commun de suivi et évaluation des
programmes du FIDA avec les organisations paysannes: combattent-ils effectivement
la pauvreté? favorisent-ils l’autonomisation? Ce serait une avancée notable.”
A. M. Vashee, président de la Confédération sud-africaine des syndicats agricoles
(SACAU) et vice-président de la FIPA.
3.2 Spécificités régionales
Partenariats FIDA-OP en Afrique de l’Ouest et du Centre
Le groupe de travail s’est principalement intéressé à la façon dont les OP pourraient être
associées plus étroitement aux programmes et projets du FIDA. Les points suivants ont été
plus spécifiquement abordés.
Communication et partage de l’information. Le groupe a mis en relief
l’importance de l’amélioration de la communication et du partage de
l’information aux échelons national et régional entre le FIDA et les OP. Le
groupe a insisté sur la nécessité d’avoir une collaboration évolutive entre
le FIDA et les OP, qui permettrait au partenariat de se hisser à un niveau
supérieur. Une communication et un partage de l’information améliorés
sont fondamentaux si l’on veut que les OP collaborent plus aisément avec
le FIDA, en ayant facilement accès à l’information nécessaire et en sachant
quand et comment intervenir dans les processus du FIDA. En
conséquence, le groupe a recommandé la création d’un “bureau” de la
communication et de l’information.
Cet outil pourrait alors être utilisé pour promouvoir la nature
novatrice du processus du Forum Paysan et du partenariat FIDA-OP
auprès d’autres organisations et institutions, amplifiant l’impact des
enseignements tirés. Le groupe attend de ce processus de diffusion des
savoirs qu’il entraîne dans la communauté du développement l’adoption
d’approches similaires au Forum Paysan.
“Je pense que nous devrions penser au futur parce que le FIDA
représente une sorte de tournant. Il représente un élément de
changement […]. Il nous faut voir comment bien communiquer dans
le cadre de ce processus novateur.”
Ibrahima Coulibaly, président de la CNOP du Mali.
“Je pense que nous devrions penser
au futur parce que le FIDA représente
une sorte de tournant. Il représente
un élément de changement […]. Il
nous faut voir comment bien
communiquer dans le cadre de ce
processus novateur.”
Ibrahima Coulibaly, Président de la CNOP
du Mali
Ibrahima Coulibaly, CNOP, et Korotoumou
Gariko Sanago, ROPPA
Appuyer la subsidiarité entre les OP nationales et régionales. À l’issue d’un débat sur les
échelons possibles de l’appui en faveur des OP – local, national ou régional – les
participants ont convenu que, à la lumière de l’expérience passée, l’échelon régional offrait
le meilleur potentiel pour le renforcement des OP lorsqu’elles s’alliaient autour d’un
objectif commun. L’action conduite à l’échelon régional a permis aux OP de renforcer
leurs actions et de ne pas agir dans l’isolement. Toutefois, c’est une démarche qui peut être
suivie seulement si le principe de subsidiarité est clairement défini et si les expériences aux
échelons local, national et régional sont partagées et se renforcent mutuellement.
Le groupe a aussi abordé plusieurs problématiques influant le développement de
l’agriculture familiale dans la région, dont l’accès à la terre et le régime foncier, la
prolifération des cultures destinées à la production de biocarburants, le changement
climatique et la hausse actuelle des prix des produits alimentaires.
25
Partenariats FIDA-OP en Afrique orientale et australe
Le groupe de travail a commencé sa réunion par une brève présentation du personnel de
la division régionale du FIDA9. Il a été admis que le FIDA avait plus d’expérience en
matière d’appui aux groupements de base qu’en matière de collaboration avec les
organisations de producteurs de plus haut niveau (national ou régional). C’est pourquoi
la validité des principes d’engagement définis pendant l’atelier de 2005 au moment du
lancement du processus du Forum Paysan a été réaffirmée: fournir un soutien aux
organisations de niveaux national et régional selon leurs propres priorités stratégiques;
permettre aux OP de contribuer à la définition du programme de travail et des stratégies
du FIDA; et promouvoir une large participation, c’est-à-dire la collaboration avec toutes les
organisations de niveaux national et régional authentiquement représentatives du groupe
cible du FIDA.
La présentation du FIDA a fourni des exemples de participation d’OP au processus de
conception du COSOP à Madagascar, au Rwanda, en Tanzanie et au Kenya, et à des projets
du FIDA – des OP au Kenya (KENFAP), à Madagascar (cinq organisations faîtières), au
Mozambique (União Nacional de Camponeses – UNAC) et au Rwanda (OP nationales).
Le FIDA a aussi présenté plusieurs cas d’appui financier direct en faveur
d’OP, aux niveaux national et régional.
En outre, le FIDA a exposé sa vision des perspectives futures: i) un
accent plus marqué sur le renforcement des capacités et le renforcement
institutionnel des OP; ii) la création de liens entre les groupements de la
base ayant travaillé avec le FIDA et les programmes d’appui aux
organisations paysannes nationales; et iii) le renforcement de la capacité
des OP d’offrir des services utiles à leurs membres et d’agir pour défendre
leurs intérêts au niveau des politiques.
Globalement, le groupe a estimé que le partenariat FIDA-OP avait
Elisabeth Mpofu, ESAFF, Afrique orientale et
australe, et Andrew Charles Hepelwa,
évolué dans le bon sens depuis 2006, tant à l’échelon national qu’à
MVIWATA, Tanzanie
l’échelon régional. Le débat s’est ensuite centré sur les recommandations
et propositions visant l’amélioration du partenariat.
Les OP, en tant que bénéficiaires des prêts du FIDA. La possibilité pour les OP de
devenir des bénéficiaires directs de prêts du FIDA a été examinée comme un moyen
efficace de consolider le partenariat à l’échelon national. Au demeurant, certains
participants ont considéré cette éventualité comme une étape naturelle pour une OP ayant
la capacité d’administrer les fonds du FIDA. À défaut (spécifiquement, en l’absence de
capacité de gestion financière suffisamment solide), il importe de conduire un processus
de renforcement des capacités dans un premier temps. Une telle démarche favoriserait une
prise en charge progressive des responsabilités et l’appropriation par les OP bénéficiaires
des activités entreprises au titre du prêt.
Renforcement du partenariat à l’échelon régional. À l’échelon régional, le groupe a
recommandé que le FIDA lie les échelons national et régional dans le contexte du
processus du Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique
(CAADP), puisqu’il s’agit d’un programme d’action clé. Le renforcement des capacités des
OP régionales a aussi été recommandé.
Le FIDA en tant qu’intermédiaire neutre dans les processus de concertation sur les
politiques. Les participants ont reconnu que le FIDA avait un rôle important à jouer, en
facilitant la relation entre les OP et les gouvernements. Le FIDA devrait aussi veiller à ce
que les priorités de ces deux parties prenantes majeures soient prises en compte dans ses
programmes.
9 M. Alessandro Marini, chargé de programme de pays et point focal de la division pour les questions relatives aux
organisations paysannes, a ouvert la session par cette présentation.
26
Rôle central de l’appui visant à permettre aux OP d’offrir des services
économiques à leurs membres. Le groupe a aussi insisté sur le fait que bien que l’appui
en faveur de la concertation sur les politiques soit important, le FIDA ne devait pas oublier
les activités ayant des retombées bénéfiques plus immédiates sur la vie des populations
rurales pauvres, par exemple le soutien en faveur de l’organisation de systèmes de
commercialisation, la mise à disposition de l’information et l’aide aux groupements
productifs dans le sens d’une rentabilité accrue.
“Je pense que la concertation sur les politiques est un domaine important qui doit
bénéficier d’un appui renforcé. Mais, à mon avis, beaucoup de ressources lui sont déjà
allouées. C’est bien, mais ça ne devrait pas compromettre d’autres programmes
présentant un intérêt plus immédiat et plus pratique pour les agriculteurs.”
Leonard Nduati Kariuki, Président national de la KENFAP du Kenya.
Le groupe a aussi souligné l’importance de la question foncière et la nécessité de
promouvoir des processus d’élaboration des politiques foncières associant les OP de
l’échelon local à l’échelon régional.
Partenariats FIDA-OP en Asie et dans le Pacifique
Le groupe de travail a commencé ses travaux par une présentation10 des raisons profondes
pour lesquelles le FIDA souhaitait intensifier son partenariat avec les OP, à la lumière de
l’expérience accumulée jusqu’ici. Premièrement, le renforcement du partenariat FIDA-OP a
permis à la Division Asie et Pacifique du FIDA de concevoir et exécuter ses projets et
programmes plus efficacement. Deuxièmement, la participation des OP aux activités du
FIDA a des effets tangibles et positifs sur les institutions agricoles. La troisième raison est
le rôle que les OP sont susceptibles de jouer pour améliorer la pérennité des projets du
FIDA, une question qui reste d’actualité malgré les efforts déployés par le Fonds, les
gouvernements et les OP. Enfin, la collaboration avec les OP est importante si l’on veut
que les OP soient capables de répondre d’une manière structurée aux nouveaux risques et
défis liés au changement climatique.
Cet exposé a été suivi d’une présentation du programme de collaboration régional à
moyen terme auquel la division travaille depuis 2006 aux fins du renforcement des
capacités des OP en Asie, et qui sera soumis pour approbation au Conseil
d’administration du FIDA en avril 2008. Il a été souligné que le programme satisfaisait la
demande de nombreux gouvernements asiatiques de travailler de nouveau en partenariat
avec le FIDA, tout en répondant à la nécessité de renouveler le pluralisme de cet
engagement, ce qui ne pouvait être obtenu qu’avec la participation active des OP. À cet
effet, le programme comporte une composante très importante de renforcement des
capacités, destinée aux OP et à leurs membres.
Les progrès accomplis pendant la période 2006-2008 dans le cadre du partenariat
entre la division régionale et les OP ont ensuite été passés en revue dans une
présentation11, assortie d’exemples de définition des stratégies de pays (COSOP), de
conception et d’exécution de projets et programmes et de financement direct en faveur
d’OP (dons). La dernière partie de la présentation a été consacrée à certaines des
difficultés rencontrées par le FIDA dans le contexte de son partenariat avec les OP,
notamment: i) la concurrence entre les plateformes et réseaux paysans avec lesquels le
FIDA travaille, qui n’a pas été propice au caractère largement participatif des consultations;
ii) la prise en compte des limites du FIDA et des OP, liées à leur mandat et à leurs
10 La présentation a été faite par M. T. Elhaut, Directeur responsable de la Division Asie et Pacifique du FIDA.
11 La présentation a été faite par M. Sana Jatta, chargé de programme de pays et point focal de la division pour les
questions relatives aux organisations paysannes.
27
politiques, dans la conception des programmes de pays du FIDA; iii) la
nécessité d’élever le dialogue à un niveau dépassant largement les
activités et les besoins quotidiens des OP lors des débats sur les stratégies
de pays du FIDA (“shopping list”); iv) le renforcement des capacités des
OP indispensable avant qu’elles ne soient associées à l’exécution des
programmes du FIDA; et v) la connaissance imparfaite des OP de la
région par le FIDA, qui requiert un meilleur recensement afin que tous
les partenaires pertinents soient inclus dans le partenariat.
Globalement, le groupe a estimé que le partenariat FIDA-OP avait
Zainal Arifin Fuat, SPI, Indonésie et
évolué dans le bon sens depuis 2006, tant à l’échelon national qu’à
Sarath Fernando, MONLAR, Sri Lanka
l’échelon régional. Le débat s’est ensuite focalisé sur les
recommandations et propositions visant l’amélioration du partenariat.
Priorités stratégiques du FIDA dans la région et participation du FIDA aux
processus d’élaboration des politiques agricoles. Les projets du FIDA devraient avoir
pour objectif principal d’aider les petits agriculteurs à commercialiser leurs produits, ce
qui est une priorité majeure dans la région et est aussi considéré comme une condition
propre à rendre l’agriculture plus viable et attrayante, en particulier aux yeux des jeunes.
En ce qui concerne les politiques, le groupe a suggéré que le FIDA plaide en faveur de
politiques de soutien des prix, de politiques qui promeuvent la sécurité alimentaire et la
souveraineté alimentaire et – plus important encore – de politiques qui appuient l’accès
aux ressources naturelles, en particulier la terre et l’eau.
Importance du partenariat tripartite. Au niveau stratégique, le groupe a affirmé la
nécessité d’associer les gouvernements aux partenariats FIDA-OP, dans la mesure où
l’appui du gouvernement était incontournable si l’on voulait que les partenariats
fonctionnent. Le groupe a aussi réfléchi à la façon dont le FIDA pourrait
collaborer au mieux avec les gouvernements afin de garantir la
“Il y a un troisième partenaire très
participation
des groupes d’agriculteurs à l’élaboration des politiques et
important, c’est le gouvernement. Sans
programmes agricoles.
le gouvernement à nos côtés, on ne
peut pas faire grand-chose.”
Raoul Montemayor, Administrateur national
de la Federation of Free Farmers
Cooperatives (FFFC) et Vice-Président
de la FIPA
“Il y a un troisième partenaire très important, c’est le gouvernement.
Sans le gouvernement à nos côtés, on ne peut pas faire grand-chose. Je
pense donc qu’au titre de notre stratégie et de notre approche, nous
devrions nous demander comment utiliser l’influence du FIDA, en sa
qualité de prêteur, pour pousser les gouvernements à nous écouter?”
R. Q. Montemayor, administrateur national de la Federation of Free
Farmers Cooperatives (FFFC) et vice-président de la FIPA.
La création d’un comité de pilotage régional a été suggérée pour servir
d’interlocuteur au comité de pilotage de la réunion mondiale du Forum
Paysan. Cette création est jugée nécessaire parce que chaque région a ses
propres priorités et caractéristiques qui ne peuvent pas toujours être
appréhendées à l’échelon mondial s’il n’existe pas d’échelon régional
Hung Nguyen Mahn, VNFU, Vietnam et
intermédiaire de réflexion, susceptible de fournir des éléments au débat
Raoul Montemayor, FFFC, Philippines
de niveau mondial.
Enfin, un des points importants qui a été soulevé a été l’intégration régionale. Les
OP ont fait part de leurs préoccupations concernant les tendances actuelles en Asie, avec
l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Association of South-eastern Asian Nations,
ASEAN) et, en Asie du Sud, avec l’Association sud-asiatique de coopération régionale
(South Asian Association for Regional Cooperation, SAARC).
28
“L’intégration va nous obliger à de nouveaux déplacements, nous perdrons nos
moyens d’existence, notre patrimoine rural et la culture des communautés agricoles
d’Asie.”
Estrella Penunia Banzuela, Secrétaire générale de l’AFA.
Le groupe a également évoqué quelques questions thématiques telles que l’accès aux
ressources naturelles – la terre en particulier – et les prix des produits agricoles de base
(voir la section 3).
Partenariats FIDA-OP au Proche-Orient et en Afrique du Nord
Cette réunion était la première de son genre entre le FIDA et les représentants des
producteurs ruraux de la région. Avant toute chose, les participants ont donc été invités à
faire mutuellement connaissance et à définir les bases d’une plateforme commune de
dialogue.
La réunion a débuté par une présentation12 sur le mandat du FIDA et la façon dont il
fonctionne et sur le cadre stratégique 2007-2010. Un bref exposé sur les activités du FIDA
dans la région Proche-Orient et Afrique du Nord et le processus du Forum Paysan13 lui a
fait suite.
Les participants ont décrit la genèse de leur organisation, leurs objectifs, leur domaine
d’intervention spécifique et leurs principales activités ainsi que la nature de leurs
adhérents. Un débat général, centré sur les recommandations des participants concernant
leur future coopération avec le FIDA, a ensuite été lancé.
Financement direct des OP pour les activités de production. Les participants ont
demandé au FIDA de financer directement les OP au moyen de dons afin qu’elles puissent
mettre sur pied leurs propres activités productives. Les participants ont estimé qu’il n’était
pas toujours nécessaire que le gouvernement serve d’intermédiaire. Ils ont aussi proposé
que le FIDA fournisse des fonds aux OP au titre de prêts lorsque les OP
ont la capacité financière et administrative de les gérer.
“Le fait de négliger l’agriculture aura
des conséquences très néfastes sur
“L’agriculture n’est tout simplement plus aussi populaire qu’elle l’était l’économie, bien pires que celles
dans le passé. L’agriculture est une activité que l’on fait si l’on n’a pas d’une guerre.”
d’autre choix. Évidemment, il est impossible de nier que l’agriculture
Ahmad Al Faour, Président de la Jordan
est un secteur très important puisque c’est à elle que nous devons rien Farmers’ Union (JFU)
de moins que notre survie. Le fait de négliger l’agriculture aura des
conséquences très néfastes sur l’économie, bien pires que celles d’une
guerre”.
Ahmad Al Faour, Président de la Jordan Farmers’ Union (JFU).
Financement direct des OP pour le renforcement des capacités. Au
cours des débats, la nécessité de fournir un appui financier en vue de
renforcer les capacités et d’améliorer la formation des petits producteurs
et de leurs organisations a été fortement soulignée. Le manque de
formations adaptées a été jugé comme un facteur limitant l’aptitude des
producteurs ruraux à améliorer leurs moyens d’existence.
Taghi Farvar, WAMIP et Ahmad al Faour,
JFU, Jordan
Gestion des ressources naturelles et savoirs des peuples autochtones et nomades.
Le groupe a affirmé la nécessité de reconnaître les savoirs des peuples autochtones et
nomades en matière de gestion des ressources naturelles, d’en promouvoir la préservation,
12 La réunion a été ouverte par Mme Mona Bishay, directrice de la Division Proche-Orient et Afrique du Nord.
13 L’exposé a été fait par M. Tawfiq El-Zabri, chargé de programme de pays et point focal de la Division ProcheOrient et Afrique du Nord pour les questions relatives aux organisations paysannes.
29
et de reconnaître aussi leur contribution à la conservation de la biodiversité. Le groupe a
fait observer que ces savoirs pourraient servir de base à la promotion de l’agriculture
biologique dans la région, qui, en dépit de son potentiel, reste encore à développer.
L’agriculture biologique est aussi considérée comme une réponse face aux défis posés par
le changement climatique, lequel est cité par les participants comme un sujet de
préoccupation majeur. Ils ont instamment demandé au FIDA de les aider à se lancer dans
l’agriculture biologique.
“Dans bon nombre de pays, les peuples et tribus nomades représentent une minorité
au regard de la population totale; cependant, ils contribuent notablement à la
production animale de ces pays. Ces peuples concourent ainsi d’une
manière disproportionnée, en qualité de producteurs, à l’économie du pays
“Les peuples et tribus nomades sont
et aux moyens d’existence nationaux. Or, ils sont négligés d’une manière
négligés d’une manière encore plus
disproportionnée, alors qu’ils sont
encore plus disproportionnée, alors qu’ils sont infiniment plus savants en
infiniment plus savants en matière de
matière de gestion raisonnée des ressources naturelles que la plupart
gestion raisonnée des ressources
d’entre nous, experts et gouvernements du monde entier.”
naturelles que la plupart d’entre
T. Farvar, Secrétaire exécutif de l’Alliance mondiale des peuples autochtones
nous, experts et gouvernements du
mobiles (WAMIP).
monde entier.”
Taghi Farvar, Secrétaire exécutif de
l’Alliance mondiale des peuples
autochtones mobiles (WAMIP)
Activités de recherche et développement des technologies. Le groupe s’est
penché sur la nécessité de participer à des travaux de recherche en
agriculture et de promouvoir le développement de technologies accessibles,
susceptibles d’être diffusées dans toute la région. Au demeurant, les pratiques techniques
inadéquates ont été citées comme l’une des principales contraintes freinant
l’accroissement de la quantité et de la qualité de la production, qui pourrait permettre aux
producteurs de devenir concurrentiels sur un marché ouvert. C’est notamment le cas
quand les normes internationales doivent être respectées. Les activités de recherche
doivent aussi porter sur la mise au point de mécanismes de gestion des risques et de
compensation adaptés, dont le besoin va devenir de plus en plus pressant avec
l’intensification des effets du changement climatique. L’appui du FIDA en faveur de telles
activités a été sollicité.
Attention portée aux groupes vulnérables – y compris les femmes et les pasteurs.
Le groupe a examiné le rôle important des femmes dans l’agriculture, ainsi que le rôle des
pasteurs et des éleveurs dans l’économie de la région. Les groupes ont demandé une aide
du FIDA pour permettre à ces catégories d’être représentées à tous les niveaux des
processus de décision et d’accéder à des fonctions de dirigeants.
Les autres questions thématiques abordées par le groupe ont été le changement
climatique, la hausse des prix des produits alimentaires et du carburant, et l’accès aux
ressources naturelles et leur gestion.
Le groupe a conclu la réunion en exprimant son soutien aux agriculteurs palestiniens
et aux exploitants travaillant sur le plateau du Golan et dans le sud du Liban.
Partenariats FIDA-OP en Amérique latine et aux Caraïbes
La réunion du groupe de travail a commencé par une présentation des défis rencontrés par
le FIDA dans la région14: i) une collaboration avec des pays à revenu intermédiaire, ce qui
exige du FIDA l’adoption de nouvelles approches et de nouveaux outils; ii) une
concertation sur les politiques renouvelée et plus concrète; iii) des domaines
d’investissement très diversifiés (infrastructures rurales, biocarburants, renforcement des
capacités, accès aux marchés); iv) un appui en faveur de nouveaux outils financiers et de
prêts en monnaie locale.
14 La présentation a été faite par M. R. Cooke, Directeur par intérim de la Division Amérique latine et Caraïbes du
FIDA.
30
La nécessité pour le FIDA de changer ses méthodes de travail dans la région a été
soulignée, suite aux changements observés à l’échelon régional, par exemple: i) la
transformation radicale des filières alimentaires; ii) le changement climatique et ses effets
sur la gestion durable des ressources naturelles; iii) le rôle croissant des envois de fonds
par les migrants, dont le montant total est supérieur à celui de la coopération
internationale dans la région; iv) l’importance des activités génératrices de revenus extraagricoles ou des micro-entreprises rurales; et v) le développement des technologies de
l’information et de la communication. La présentation s’est achevée par un tour d’horizon
des activités du FIDA dans la région.
Avant que les débats ne commencent, deux représentants d’OP ont exposé à titre
d’exemple leur expérience de partenariat avec le FIDA15 pour: la Commission de
l’agriculture familiale (REAF) dans le Cône sud et le programme de renforcement des
organisations rurales en matière de concertation sur les politiques dans le contexte de
l’accord de libre-échange concernant les États-Unis, l’Amérique centrale et la République
dominicaine (The Central America-Dominican Republic-United States Free Trade
Agreement, CAFTA-DR).
L’expérience de la REAF a été présentée comme un bon exemple d’action tripartite
rassemblant le FIDA, les OP et les gouvernements nationaux, conjointement engagés dans
une concertation sur les politiques relatives aux questions régionales pertinentes. Le
soutien technique et financier du FIDA et le dialogue permanent avec les OP et les
gouvernements ont été la clé de la création de la REAF. Quatre aspects essentiels du
processus ont été recensés: le dialogue permanent, le respect de l’autonomie de tous les
acteurs, la disponibilité des fonds nécessaires et la mise en œuvre conjointe des
programmes et activités qui ont débouché sur la création de la REAF.
Le Programme de renforcement des organisations rurales en Amérique centrale est
le fruit des demandes d’aide adressées par des OP au FIDA, dans le contexte des
négociations conduites dans la région sur les accords de libre-échange. Il s’agissait pour le
FIDA d’une nouvelle expérience dans cette sous-région – exécuter un programme
directement avec des OP et non avec des gouvernements –, et plusieurs ateliers et réunions,
de même que diverses négociations, ont été nécessai res pour articuler le programme. Les
OP sont très supportives de ce processus de consultation FIDA-OP, dans la mesure où il
leur permet d’avoir directement affaire au FIDA et d’être les agents d’exécution effectifs du
programme. Le respect mutuel de l’identité et de l’autonomie de toutes les parties prenantes
a été encore une fois cité comme un facteur clé du succès de ce processus.
“Nous sommes convai ncus que les organisations paysannes de la région ont à faire
valoir leur autonomie. Nous sommes convaincus que nous avons notre propre
identité et nous voulons avoir la possibilité de gérer des programmes. Nous voulons
avoir la possibilité de montrer que, dans notre secteur, nous sommes effectivement
capables de faire changer d’une manière tangible les conditions économiques,
politiques et sociales qui prévalent dans notre région.”
F. P. Vásquez López, du Consejo Coordinador de Organizaciones Campesinas de
Honduras (COCOCH).
Pendant les débats, le groupe a recensé plusieurs questions ayant trait à ce que les OP
d’Amérique latine et des Caraïbes attendaient du FIDA et à ce qu’elles estimaient devoir
être les priorités du Fonds. De l’avis général, la REAF et les programmes d’Amérique
centrale sont des exemples positifs de partenariats FIDA-OP et, globalement, des progrès
ont été accomplis pendant la période 2006-2008. Il a aussi été unanimement reconnu que
l’on pouvait faire plus.
15 Les exemples ont été présentés par M. Eduardo Buzzi, président de la Federación Agraria Argentina, et M. F. P.
Vásquez López, Consejo Coordinador de Organizaciones Campesinas du Honduras.
31
“Il y aura et il y a beaucoup de points faibles [dans le partenariat entre le FIDA et les
OP] sur lesquels nous pouvons nous pencher, mais je pense qu’il est important pour
nous de réaliser que nous commençons à dialoguer directement et que les
organisations paysannes ont la possibilité – bien qu’encore limitée – de s’essayer à
influer sur les grandes orientations d’une organisation intergouvernementale. À mon
avis, c’est quelque chose à quoi nous devrions tenir et dont nous devrions tirer parti
pour voir comment la reproduire avec d’autres organisations intergouvernementales.”
Renwick Rose, coordinateur de la Windward Islands Farmers’ Association (WINFA).
Vision à long terme des activités de renforcement des capacités. Le groupe a insisté sur
le fait que les activités de renforcement des capacités ne devaient pas être des interventions
ponctuelles, telles que des ateliers ou des séminaires, mais des programmes suivis et
continus adaptés aux besoins des agriculteurs, par exemple les Champs
École
Paysans (CEP). Ces écoles devraient cibler plus particulièrement les
“Je pense qu’il est important pour
nous de réaliser que nous
jeunes ruraux, les peuples autochtones et les femmes.
commençons à influer sur les grandes
Politiques et approches différenciées selon les sous-régions et les
orientations d’une organisation
groupes. Un autre point important étudié par le groupe a été la nécessité
intergouvernementale. À mon avis,
de conduire des politiques et des initiatives différenciées dans les sousc’est quelque chose à quoi nous
régions d’Amérique latine étant donné leurs différences. Par exemple, les
devrions tenir et dont nous devrions
petits États insulaires des Caraïbes ont besoin d’un appui spécifique pour
tirer parti pour voir comment la
atténuer
leur vulnérabilité en termes de production ou d’exposition aux
reproduire avec d’autres organisations
catastrophes
naturelles. Le FIDA doit prendre en compte ces spécificités
intergouvernementales.”
ainsi que celles des divers groupes de parties prenantes, tels que les
Renwick Rose, Coordinateur de la
artisans pêcheurs, les femmes et les jeunes, dont la contribution à la
Windward Islands Farmers’ Association
(WINFA)
production et à la réduction de la pauvreté est souvent sous-estimée.
Rôle central d’une communication/d’un flux d’information
efficace entre le FIDA et les OP. Le groupe s’est penché sur la
disponibilité de l’information relative aux activités du FIDA dans un pays
donné et sur la nécessité de mieux la communiquer aux OP, dans la
mesure où elle était décisive pour promouvoir et faciliter les actions
conjointes du FIDA et des OP et pour assurer la visibilité et la
transparence des initiatives entreprises.
Le groupe a aussi abordé les questions de l’accès à la terre et à l’eau,
du changement climatique, de la souveraineté alimentaire et de la hausse
Faustino Torrez Arauz, ATC, Nicaragua et
des prix des produits alimentaires.
Renwick Rose, WINFA
32
34
Section 4: Groupes de
travail thématiques
Le deuxième jour de la réunion mondiale du Forum Paysan, les participants se sont
répartis en groupes pour débattre des questions suivantes: accès à la terre et régime foncier,
rôle et capacités des OP en matière de formulation de politiques publiques et défis et
perspectives éventuels apportés à l’agriculture par le changement climatique. L’objectif de
ces réunions en groupes thématiques était d’axer les partenariats FIDA-OP sur ces
questions. Le résumé des débats est présenté dans les paragraphes qui suivent.
4.1 Accès à la terre: tendances, enjeux et possibilités – rôle et
perspectives des OP
Les débats de ce groupe de travail thématique du Forum Paysan ont permis au FIDA
de connaître l’avis des OP sur son propre projet de politique intitulé “Promouvoir l’accès
équitable à la terre et la sécurité foncière pour réduire la pauvreté rurale”, qui a été
présenté aux participants. Les débats ont aussi été l’occasion d’examiner les tendances
actuelles de l’accès à la terre et du contrôle des ressources naturelles, d’étudier les suites
données à la Conférence internationale sur la réforme agraire et le développement rural
(CIRADR) et de proposer des moyens d’associer les OP aux consultations sur l’initiative
conjointe Union africaine/Commission économique pour l’Afrique/Banque africaine de
développement sur la définition d’un cadre politique foncier panafricain.
Pour ouvrir la réunion, une brève introduction aux problèmes rencontrés par les petits
exploitants en matière d’accès à la terre et de régime foncier, a été présentée par trois
organisations membres du comité de pilotage du Forum Paysan16 – le
“Si une femme a le malheur de perdre
ROPPA, La Via Campesina et l’Association des paysans d’Asie pour le
sont mari, s’il meurt et si les enfants
développement rural durable (AFA).
son encore mineurs, la terre retourne
L’exposé du ROPPA a mis l’accent sur la situation difficile des femmes
à la famille du mari et la femme se
qui n’ont souvent ni accès à la terre ni le droit d’en posséder alors qu’elles
retrouve sans rien. Elle n’a pas de
comptent pour 52% de tous les agriculteurs. La présentation a aussi mis
terre et n’y a plus accès.”
en relief le rôle central de l’agriculture familiale, mais aussi la nécessité de
Korotoumou Gariko Sanogo, Présidente,
dépasser ce type d’agriculture.
membre du collège de femmes du ROPPA
“En Afrique, nous sommes profondément persuadés que c’est un problème
fondamental parce que ce n’est pas vraiment une question d’accès, c’est une question
liée à la propriété de la terre puisque les femmes travaillent avec leurs maris sur les
exploitations familiales et elles ont accès à la terre aussi longtemps que leur mari est
vivant. Mais si une femme a le malheur de perdre son mari, s’il meurt et si les enfants
sont encore mineurs, la terre retourne à la famille du mari et la femme se retrouve
sans rien. Elle n’a pas de terre et n’y a plus accès.”
Korotoumou Gariko Sanogo, Présidente, membre du collège de femmes du ROPPA.
16 Mme Korotoumou Gariko Sanogo, présidente, membre du collège de femmes (ROPPA); M. Pedro Rafael Alegria
Moncada, La Via Campesina (LVC); et M. Crispino T. Aguelo, président de PAKISAMA (membre de l’AFA).
35
L’exposé de la Via Campesina a évoqué la Conférence internationale sur la réforme agraire
et le développement rural que la FAO a organisée en 2006 à Porto Alegre et rappelé les
propositions faites au FIDA à cette époque: le FIDA et la FAO entreprennent la mise en
œuvre du plan d’action établi à la conférence et appuient les initiatives de dialogue faisant
suite à la conférence, et les programmes et projets du FIDA prennent en compte la
possibilité d’agir directement au titre de la CIRADR. La présentation a également
comporté plusieurs recommandations concernant les politiques du FIDA: protection des
droits de l’homme ainsi que des droits sociaux, culturels, civiques et politiques; prévention
de la propriété transnationale des ressources naturelles; coopération directe sans passer par
les gouvernements, les ONG ou d’autres organisations.
L’exposé de l’AFA a décrit une campagne pour le droit à la terre, récemment conduite
avec succès aux Philippines, au cours de laquelle des agriculteurs autochtones ont marché
sur 1 700 kilomètres pendant deux mois pour avoir une audience avec le Président afin
d’obtenir la restitution de la terre ancestrale dont ils avaient été spoliés par une
multinationale pour la production de porcs génétiquement modifiés. La présentation a
ensuite mis l’accent sur trois points: la question de la sécurité foncière; l’importance des
organisations et mouvements paysans de grande ampleur et efficaces; et le rôle
fondamental des alliances de la société civile pour parvenir à se faire entendre dans les
prises de décision.
Les participants ont fait observer que dans beaucoup de pays les politiques publiques
récemment introduites avaient, dans de nombreux cas, exacerbé le problème, dans la
mesure où certains types de cultures étaient subventionnés – en particulier pour la
production de biocarburant – au détriment de la production des cultures vivrières
traditionnelles. L’utilisation de la terre agricole pour ce type de production compromet un
peu plus la sécurité alimentaire.
Autre aspect déterminant souligné dans la présentation, l’accès à la législation foncière
nationale et sa compréhension sont indispensables si l’on veut que les OP soient en
mesure de s’attaquer efficacement aux problèmes et de lancer le dialogue avec les autorités
nationales. Les OP ont instamment demandé au FIDA un appui urgent pour les aider à
renforcer leurs capacités en la matière, à l’heure où les décisions sur le régime foncier se
prennent, en particulier en Afrique.
“Les pays africains sont particulièrement vulnérables, et si cette tendance continue
(des lois foncières favorisant les grandes multinationales), nous sommes assis sur une
bombe à retardement; il faut changer de cap, nous devons changer de cap. Nous
savons que dans bon nombre de nos pays, en Afrique de l’Est, Afrique de l’Ouest,
en Côte d’Ivoire, les guerres en cours – et aussi au Kenya et ailleurs – sont liées au
contrôle des terres. Il faut faire quelque chose, et il faut que notre pression se
fasse sentir.”
Ndiogou Fall, Président du ROPP
L’accès à la terre et le régime foncier ont aussi été abordés dans les divers groupes de
travail régionaux. Le groupe de l’Afrique de l’Ouest et du Centre a fait part de ses
inquiétudes concernant la tendance actuelle à favoriser les expropriations et l’acquisition
de terrains par des investisseurs pour les cultures destinées à la production de
biocarburant. L’expropriation des terres a fait aussi partie des points examinés dans le
groupe Amérique latine et Caraïbes, car l’un des principaux obstacles rencontrés par
l’agriculture familiale dans la région est, concrètement, les régimes fonciers en vigueur. Le
groupe Afrique orientale et australe s’est penché sur le processus de définition des
36
politiques foncières, actuellement en cours en Afrique. Le groupe Asie et
Pacifique a fait état de ses préoccupations pour les nombreux paysans
sans terre de la région.
Les participants se sont félicités de l’initiative prise par le FIDA
d’élaborer une politique sur l’accès à la terre et le régime foncier et ont
demandé à ce qu’elle soit promptement approuvée. Le groupe a émis les
recommandations clés suivantes à l’intention du FIDA:
• Le FIDA, conjointement à la FAO, prend des mesures de suivi de la
Conférence internationale sur la réforme agraire et le
Sid Ahmed Ould Abeid, FNP, Mauritanie
développement rural (CIRADR), et consolide les suites données à
et Elisabeth Atangana, PROPAC, Afrique
du Centre
la CIRADR en Amérique latine et en Asie.
• Il appuie le dialogue entre les parties dans les pays où des
initiatives sont déjà menées ou sont en passe d’être lancées, par exemple la
République dominicaine, l’Équateur, le Honduras et le Népal et le Cône sud
en Amérique du Sud.
• Il élabore des projets et des programmes portant sur l’accès à la terre et aux autres
ressources naturelles, de manière à ce que cet accès profite aussi aux femmes, aux
jeunes, aux peuples autochtones, aux éleveurs et aux artisans pêcheurs.
• Il révise les cadres juridiques créés avant et pendant les plans d’ajustement
structurel, qui limitent l’accès à la terre et aux ressources naturelles des agriculteurs
et des peuples autochtones, et il étend les droits des femmes et des jeunes.
• Il consolide les partenariats relatifs à l’accès à la terre et aux ressources naturelles.
• Il renforce les capacités des organisations paysannes grâce aux activités suivantes:
formation; recherche; communication et publications; conseil juridique pour tirer
parti des lois existantes qui assurent la protection des droits et pour changer les lois
défavorables; assistance technique et financière.
• Il aide les organisations paysannes à présenter leurs points de vue et leurs
propositions dans le processus de l’Union africaine sur l’adoption de directives
relatives aux politiques foncières, en appuyant les études et les réunions sur le sujet.
• Il facilite les réunions de femmes et de jeunes pour les aider à utiliser
équitablement et légalement la terre, en veillant en priorité à la création d’un accès
égalitaire pour les hommes et les femmes.
• Il consolide les liens directs avec les organisations proposant une réforme agraire,
en tant que nécessité pour la société dans son ensemble et pour le futur.
• Le FIDA ne devrait pas apporter son soutien aux projets de sédentarisation des
nomades.
• Il appuie la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
• Il adopte des politiques qui défendent les droits humains, politiques, économiques,
sociaux et culturels dans les cas d’éviction et de criminalisation d’hommes, de
femmes et de jeunes.
• Il apporte son soutien aux cadres politiques et réglementaires faisant obstacle aux
acquisitions de terre transnationales aux fins de la production extensive de
biocarburant.
• Il approuve les politiques en faveur du renforcement de la dimension socioenvironnementale de l’utilisation des terres.
• Il évite de soutenir les actions promouvant des activités qui asservissent les femmes,
les jeunes et les enfants.
37
• Il réaffirme une relation de coopération entre lui-même et les organisations
paysannes sans intermédiaire (ONG ou autres), directement au moyen des
mécanismes fournis par ces organisations.
• Il publie un calendrier international des activités relatives aux politiques foncières
pour aider les agriculteurs à se préparer à peser sur ces processus.
• Il facilite les processus actuels de coordination et de suivi de la situation foncière
dans différents pays.
• Il renforce le cadre réglementaire régissant l’accès à la terre – les agriculteurs
connaissant mal cette législation – et promeut les capacités locales décentralisées.
• Il reconnaît les garanties dans les zones périurbaines.
• Il crée un fonds pour promouvoir la propriété et la sécurité foncières.
Enfin, citant le cas de la Plateforme mondiale des donateurs pour le développement rural,
les participants ont demandé au FIDA de les aider à infléchir les décisions des membres
influents de cette instance afin qu’ils appuient les organisations paysannes dans le cadre
de leurs relations directes et apportent leur entier soutien à la CIRADR.
4.2 Processus d’élaboration des politiques concernant la petite
agriculture familiale: expérience, enseignements tirés, mobilisation et
influence des OP
Les questions clés traitées par ce groupe de travail ont concerné les types d’appui
nécessaire pour, d’une part, permettre aux OP de devenir des parties prenantes influentes
pendant tout le processus d’élaboration des politiques et, d’autre part, faire en sorte que
les pouvoirs publics nationaux promeuvent un espace institutionnalisé de dialogue.
L’appui que le FIDA peut apporter aux OP et à la promotion de processus d’élaboration
des politiques ouverts a aussi été examiné, de même que les moyens pouvant garantir que
la participation des OP aux processus d’élaboration des politiques se traduise positivement
sur les moyens d’existence de leurs membres.
Les travaux de ce groupe thématique ont débuté par des présentations de membres du
comité de pilotage du Forum Paysan – FIPA, COPROFAM et ROPPA17.
La FIPA a centré sa présentation sur la complexité inhérente au changement des
structures de pouvoir dans un pays, et sur la place des OP dans ce contexte. Un défi
majeur qui se pose aux organisations de développement est celui de travailler avec un
groupe de ruraux (par exemple, des populations autochtones, des pasteurs) très dispersés
et d’assurer une représentation équitable et aussi complète que possible. Le problème du
renforcement des capacités a également été mis en exergue, ainsi que la nécessité de
recenser les OP d’un pays si l’on voulait conduire un processus systématique de
renforcement des capacités.
L’exposé de la COPROFAM a rappelé l’histoire du réseau, en faisant ressortir qu’il
n’était pas suffisant de “créer des espaces” et que le renforcement des capacités était
essentiel, dans la mesure où il n’était pas évident pour les OP de travailler avec les
gouvernements ou avec les organisations internationales. La présentation a aussi décrit le
cas d’un projet pilote conduit au Paraguay, qui est articulé autour de domaines
thématiques – commercialisation, crédit, etc. – et organise des séminaires et des ateliers
avec des spécialistes et des représentants à la fois de la COPROFAM et des pouvoirs
publics.
17 Ibrahima Coulibaly (ROPPA), Jack Wilkinson (FIPA) et Eugenio Rigoberto Turra Paredes (MUCECH) ont relaté leur
expérience de participation à des processus de concertation sur les politiques.
38
“Participer à un processus
“Tout gouvernement qui ignore les organisations de la société civile
d’élaboration des politiques consiste à
quand il élabore ses politiques affaiblit sa propre administration et
influencer l’élaboration d’un document
menace son propre système démocratique.”
d’orientation, mais aussi à exercer une
Eugenio Rigoberto Turra Paredes, Président du Movimiento Unitario
pression afin que ce document
Campesino y Etnias de Chile (MUCECH)
devienne un véritable acte politique.
Dans sa présentation, le représentant du ROPPA a brièvement évoqué
C’est une tâche longue et complexe.”
l’histoire des luttes menées en Afrique de l’Ouest pendant la période des
Ibrahima Coulibaly, Président de la CNOP
ajustements structurels, qui ont abouti à la création, en 2000, dans les
du Mali
pays sahéliens d’une plateforme d’OP désireuses de faire entendre leur
voix dans les processus d’élaboration des politiques. Le ROPPA n’a pas ménagé ses efforts
pour associer les agriculteurs à l’élaboration des politiques agricoles conduites dans les
quinze pays de la région de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
(CEDEAO) afin de faire pression jusqu’à l’échelon régional. Cette participation a
comporté la tenue d’assemblées électorales pour le choix des délégués et d’un forum
consacré à l’examen des politiques agricoles et à la préparation de documents de stratégie.
Des documents d’orientation existent effectivement, et le défi sera maintenant de les
traduire dans la réalité.
“Participer à un processus d’élaboration des politiques consiste à influencer
l’élaboration d’un document d’orientation, mais aussi à exercer une pression
afin que ce document devienne un véritable acte politique. C’est une tâche longue
et complexe.»
Ibrahima Coulibaly, Président de la CNOP du Mali
Les débats du groupe ont débouché sur l’accord unanime des participants quant à la
nécessité de faire participer les ruraux pauvres et les ruraux les plus marginalisés, et leurs
organisations, à tous les processus d’élaboration des politiques et de prise
de décision et de les inclure dans ces processus. Les participants ont aussi “Je pense qu’ici, le principal enjeu pour
fait valoir la capacité des OP de promouvoir des réformes politiques et de nous, en tant qu’organisations
paysannes, est de savoir comment nous
proposer des solutions, dans la mesure où elles menaient leur propre
positionner, alors que les
réflexion politique.
gouvernements avancent, prenant des
engagements sur leurs grandes
“Je pense qu’ici, le principal enjeu pour nous, en tant
orientations dans tous les domaines qui
qu’organisations paysannes, est de savoir comment nous positionner, nous intéressent, et comment faire en
sorte que nos préoccupations soient
alors que les gouvernements avancent, prenant des engagements sur
convenablement représentées, que nos
leurs grandes orientations dans tous les domaines qui nous
préoccupations soient convenablement
intéressent, et comment faire en sorte que nos préoccupations soient
prises en compte?”
convenablement représentées, que nos préoccupations soient
Philip Kiriro, Président de l’Eastern Africa
convenablement prises en compte?”
Farmers’ Federation (EAFF)
Philip Kiriro, Président de l’Eastern Africa Farmers’ Federation (EAFF)
Il a également été rappelé que la réforme des politiques n’est pas une
action immédiate mais un processus de longue haleine; le principal
message transmis au FIDA a donc été la nécessité d’adopter une
perspective à long terme pour appuyer l’engagement des OP dans la
promotion d’un processus d’élaboration des politiques concerté.
Certains groupes de travail régionaux ont aussi abordé la façon dont
les processus d’élaboration des politiques se déroulaient au niveau
régional. Comme déjà mentionné dans la section sur les partenariats
Philip Kiriro, EAFF et Ajay Vashee,
SACAU, et Vice-Président, FIPA
39
“Quand on parle d’influencer les
politiques, il ne faut pas s’imaginer que
les organisations paysannes seules
sont capables d’influencer les
politiques, même s’il s’agit de
politiques agricoles, parce que les
politiques agricoles touchent le reste
de la société.”
régionaux, le groupe Amérique latine et Caraïbes s’est penché sur les
expériences de la REAF et de l’Amérique centrale, faisant ressortir
l’importance de l’environnement politique spécifique de chaque sousrégion pour la création d’un environnement propice à une concertation
tripartite sur les politiques entre le FIDA, les gouvernements et les
commissions économiques régionales et les organisations de ruraux
pauvres. Le groupe Asie et Pacifique a proposé que le FIDA épaule les
politiques de soutien des prix, les politiques qui promeuvent la sécurité
Renwick Rose, Coordinateur de la WINFA
alimentaire et la souveraineté alimentaire et – plus important encore – les
politiques qui appuient l’accès aux ressources naturelles, en particulier l’eau et la terre. Le
groupe Afrique orientale et australe a étudié la façon dont les processus d’élaboration des
politiques se déroulaient aux échelons national, sous-régional et régional.
Le groupe a émis plusieurs recommandations à l’intention du FIDA au sujet des
processus nationaux et régionaux d’élaboration des politiques. Aux échelons régional et
national, le FIDA devrait:
• créer les conditions propices au dialogue entre les OP et les gouvernements et les
entités régionales, au moyen de forums et de conseils institutionnalisés voués à la
concertation, comme il l’a fait pour la REAF à l’échelon régional;
• étayer les efforts de renforcement des capacités des réseaux régionaux et nationaux
d’OP, moyennant des activités de formation et d’accompagnement de longue durée
et des écoles et universités rurales pour les dirigeants des OP;
• appuyer la formulation et l’institutionnalisation des politiques et investissements
publics favorables à l’agriculture familiale;
• soutenir l’instauration d’alliances clés avec des ONG et d’autres parties prenantes
pour promouvoir la réforme des politiques;
• encourager la mobilisation des OP aux échelons régional et national pour
améliorer l’information sur la réforme des politiques et la promouvoir;
“Je pense qu’un des enseignements que nous avons tirés est l’importance des alliances,
de travailler avec d’autres organisations de la société civile. Quand on parle
d’influencer les politiques, il ne faut pas s’imaginer que les organisations paysannes
seules sont capables d’influencer les politiques, même s’il s’agit de politiques
agricoles, parce que les politiques agricoles touchent le reste de la société.”
Renwick Rose, Coordinateur de la WINFA
• appuyer le recensement des OP à l’échelon national et l’analyse de leurs forces et de
leurs faiblesses;
“Avant toute chose, il faut savoir qui est sur les rangs, quelles sont les organisations
qui sont prêtes à contribuer et participer, quelles sont les capacités dont elles ont
besoin pour une participation convenable et légitime et comment les doter de ces
capacités.”
C. A. Gouet Enriquez, directeur de programme de développement de la FIPA
• fournir une aide flexible et de longue durée pour renforcer les capacités des OP en
matière de plaidoyer et d’élaboration des politiques, afin que les OP deviennent
capables de formuler et de mettre en œuvre les politiques et de définir en toute
autonomie leur propre position au sujet des politiques publiques;
40
• promouvoir la participation des OP aux projets bénéficiant d’une aide du FIDA afin
que la réforme des politiques soit déclenchée par les OP et non par les directeurs
des projets du FIDA;
• resserrer les liens entre les programmes régionaux du FIDA visant des réformes
politiques (tels que la REAF) et leurs “sections” nationales;
• créer des “bureaux d’information” sur les processus d’élaboration des politiques en
cours et les processus planifiés aux échelons national et régional pour permettre aux
OP de prendre part à la concertation sur les politiques et à leur réforme;
• promouvoir l’inclusion des pasteurs, pêcheurs, populations autochtones et autres
parties prenantes importantes des zones rurales dans les processus de concertation
sur les politiques;
• encourager la participation accrue des femmes, des jeunes et des groupes les plus
marginalisés aux processus de prise de décision.
Le groupe de travail a conclu la réunion en déclarant que dans toutes ses actions aux côtés
des OP, le FIDA devait appuyer leur développement autonome et promouvoir la diversité,
la participation la plus large et le pluralisme.
4.3 Changement climatique et petits exploitants: le point de vue des OP
Le groupe a débattu des façons dont les populations rurales pouvaient être aidées à
s’adapter au changement climatique et à tirer mieux parti des fonds qui sont alloués au
niveau mondial aux programmes d’adaptation. De plus, la question de savoir comment les
ruraux pouvaient bénéficier des mécanismes actuels d’atténuation des émission de gaz à
effet de serre (GES) a aussi été soulevée par les participants, qui ont particulièrement
insisté sur la possibilité de rémunérer les petits exploitants pour leurs contributions en
terme de services environnementaux. En outre, le rôle des organisations paysannes et de
petits producteurs dans la conception et la mise en œuvre des politiques et stratégies liées
au changement climatique a été examiné. Enfin, le groupe s’est penché sur le rôle du FIDA
et la manière dont il pouvait aider les OP dans ce contexte.
La réunion du groupe a débuté par des présentations de deux organisations membres
du comité de pilotage du Forum Paysan18, la FIPA et La Via Campesina. Ces présentations
ont brièvement évoqué le problème du changement climatique, soulignant sa nature
systémique qui exige des solutions également systémiques.
L’exposé de la FIPA a décrit les principaux facteurs faisant obstacle à l’adaptation au
changement climatique et à l’atténuation des émissions de GES, à savoir: la détérioration
des ressources naturelles du fait de l’érosion et de la salinisation des sols, de la pollution
de l’eau, de la dégradation des terres, des processus de désertification, de la diminution de
la biodiversité et des ressources en eau; des cadres politiques incomplets qui ne sont pas
mis en œuvre; et des infrastructures rurales qui ne sont pas capables de supporter les
conséquences du changement climatique. La présentation s’est ensuite centrée sur les
mécanismes susceptibles d’aider les OP à s’adapter au changement climatique ou à
contribuer à l’atténuation des émissions de GES. Ont été cités en particulier les crédits
carbone, l’introduction d’avantages fiscaux pour inciter les agriculteurs à adopter des
pratiques agricoles plus durables et l’établissement de dispositifs d’assurance appropriés,
en particulier des garanties d’assurance récolte.
18 M. Paul Nicholson, Unión de Ganaderos y Agricultores Vascos (EHNE/UGAV – La Via Campesina), et M.
Ajaykumar Manubhai Vashee, Président de la Confédération sud-africaine des syndicats agricoles (SACAU),
Vice-président de la FIPA.
41
“Il nous faut changer les modes de
production, de transport, de
consommation – tous ces modèles.
Nous avons affaire à des problèmes
systémiques et nous devons leur faire
face dans le même esprit, en opérant
des changements radicaux; il est
nécessaire de changer nos habitudes
sociales et économiques et nos
habitudes de consommation.”
Paul Nicholson, de l’Unión de Ganaderos y
Agricultores Vascos (EHNE/UGAV), Espagne
Paul Nicholson, EHNE, et Taghi Farvar,
WAMIP
“Nous devons avancer avec des
méthodes plus novatrices de gestion
des risques, en particulier pour les
petits exploitants. Si on ne les aide
pas, la pression sur la terre va
augmenter, il y aura davantage de
déforestation tandis que les
populations vont se déplacer vers de
meilleures zones écologiques, ce qui
peut déboucher sur des conflits.”
Ajay Vashee, SACAU et Vice-président
de la FIPA
“Nous devons avancer avec des méthodes plus novatrices de gestion des
risques, en particulier pour les petits exploitants. Si on ne les aide pas, la
pression sur la terre va augmenter, il y aura davantage de déforestation
tandis que les populations vont se déplacer vers de meilleures zones
écologiques, ce qui peut déboucher sur des conflits autour de l’eau,
autour de la terre, du fait de la migration. Ce sont des problèmes graves,
et il est peut-être temps que les organisations multilatérales examinent
comment nous pouvons éventuellement perfectionner leurs
interventions.”
A. M. Vashee, Président de la Confédération sud-africaine des syndicats
agricoles (SACAU) et Vice-président de la FIPA
La présentation de La Via Campesina a décrit les répercussions de
l’agriculture industrielle et du modèle de production agricole actuel sur
le réchauffement de la planète. Elle a aussi présenté l’idée que la
promotion des biocarburants était une mauvaise solution, dans la
mesure où elle contribuait aujourd’hui au réchauffement climatique.
Dans ce contexte, la petite agriculture a un rôle central à jouer dans la
“guérison” de la planète. Les petits exploitants, en pratiquant une
agriculture durable, luttent contre le réchauffement climatique. Par
conséquent, il convient de mettre au point des modèles promouvant le
développement d’une agriculture à petite échelle incompatible avec les
systèmes d’agriculture industrielle.
“Vous devez examiner la situation sans envisager d’atténuer le problème
ni chercher des échappatoires. Il nous faut changer les modes de
production, de transport, de consommation – tous ces modèles. Nous
avons affaire à des problèmes systémiques et nous devons leur faire face
dans le même esprit, en opérant des changements radicaux; il est
nécessaire de changer nos habitudes sociales et économiques et nos
habitudes de consommation.”
Paul Nicholson, de l’Unión de Ganaderos y Agricultores Vascos
À l’issue du débat, le groupe est tombé d’accord sur une série
d’observations relatives au changement climatique. Il y a eu un
consensus pour dire que si le changement climatique avait des effets négatifs sur les
petits exploitants, leurs organisations avaient un rôle très important à jouer dans la lutte
contre ses impacts.
Une autre observation a été que les populations ne disposaient que d’une
information imparfaite sur le changement climatique, ses causes et ses effets sur les
agriculteurs et leurs moyens d’existence. En outre, le cadre réglementaire et juridique est
inadapté pour traiter le problème du changement climatique, en particulier dans les pays
en développement. Enfin, les participants ont attiré l’attention sur le fait que, en dépit des
effets que le changement climatique avait sur eux, les ruraux pauvres étaient exclus du
débat à son sujet.
Le changement climatique et les mesures d’atténuation et d’adaptation ont aussi été
abordés dans les groupes de travail régionaux. Le groupe de travail Afrique de l’Ouest et
du Centre a examiné le problème d’un point de vue global: les effets du changement
climatique sur l’agriculture et le rôle joué par les petits exploitants pour les atténuer; les
liens entre le changement climatique, la terre, la production de biocarburant et la flambée
42
des prix des denrées alimentaires. Le groupe Amérique latine et Caraïbes a mis en évidence
comment le changement climatique accroissait la vulnérabilité des petits agriculteurs et
des artisans pêcheurs, en particulier dans les petits États insulaires, du fait de
l’augmentation du nombre de catastrophes naturelles et de l’aggravation de leurs effets. Le
groupe Proche-Orient et Afrique du Nord a mis en lumière les dangers du rythme actuel
du processus de désertification et a exprimé ses inquiétudes concernant la durée croissante
des périodes de sécheresse.
Les petits exploitants et leurs organisations peuvent jouer un rôle central dans la lutte
contre le réchauffement de la planète. Ils peuvent faire partie intégrante de la solution
Hausse des prix des produits alimentaires, production de biocarburant et gestion des
ressources naturelles
Bien que les questions relatives au régime foncier, au
changement climatique et à la concertation sur les
politiques aient été examinées séparément par les trois
groupes de travail thématiques, elles ne sont nullement
indépendantes les unes des autres. Leur
interdépendance a été clairement mise en évidence lors
des débats des groupes, en particulier quand il a été
question de la hausse des prix des produits
alimentaires et de la production de biocarburant.
La hausse des cours des produits alimentaires de
base sur les marchés mondiaux qui frappe les
consommateurs – en particulier les plus pauvres – a été
unanimement désignée comme l’un des principaux
sujets de préoccupation. Les participants ont
mentionné cette tendance dans les cinq groupes de
travail régionaux et souligné que, à la différence des
tendances traditionnelles, la hausse actuelle des cours
des produits alimentaires n’était pas provoquée par une
baisse de la production vivrière mais plutôt par un
détournement des produits alimentaires vers les filières
de production de biocarburants. L’impact actuel et futur
de cette tendance sur la sécurité alimentaire ne va pas
sans soulever une forte inquiétude.
Un autre sujet de préoccupation est la pression que la
production de biocarburant crée sur les terres.
Plusieurs participants ont insisté sur la nécessité
d’approfondir l’analyse de cette question, afin que les
OP puissent adopter une position sur le sujet, en toute
connaissance de cause et en tenant compte de ses
conséquences à long terme; ce point a été soulevé
plus particulièrement par le groupe de travail Afrique de
l’Ouest et du Centre qui a demandé au FIDA un appui
spécifique en la matière, dans la mesure où la question
de la production de biocarburant était aussi source de
litige entre les producteurs eux-mêmes.
“Il est difficile de faire comprendre aux gens que l’on
peut, bien entendu, gagner de l’argent en faisant
telle ou telle chose, mais qu’il vaut mieux ne pas le
faire parce que ce sont des activités sans futur. Les
gens pensent au présent. Ils ont des problèmes
immédiats qu’ils doivent résoudre, et c’est la raison
pour laquelle ils font certains choix
de court terme.”
Ibrahima Coulibaly, Président de la CNOP du Mali.
Des participants ont aussi exprimé leur
préoccupation concernant la tendance à défricher
les forêts pour laisser la place aux cultures destinées
à la production de biocarburant. Cette situation
est considérée comme étant en complète
contradiction avec une des raisons présentées
pour promouvoir ces cultures, à savoir, lutter contre
le changement climatique.
“Il existe un gigantesque domaine de recherche
demandant à être exploré que nos gouvernements
ne financent pas […].Nous en savons assez sur les
biocarburants pour dire “s’il vous plaît, comme avec
les organismes génétiquement modifiés, appliquons
le principe de précaution: nous n’en voulons pas
tant que nous n’en savons pas plus”. Il n’y a rien à
perdre en agissant ainsi, alors qu’en recherchant
l’argent facile et en compromettant le patrimoine
futur de l’agriculture vous ne ferez rien d’autre que
détruire vos propres pays.”
Makanjuola Olaseinde Arigbede, Coordinateur
national de l’USMEFAN.
Bon nombre de participants, conscients des liens
entre le changement climatique, la production de
biocarburant, la gestion des ressources naturelles –
la terre et l’eau en particulier – et la hausse des
prix des produits alimentaires, ont demandé au FIDA
de les aider à approfondir leurs connaissances pour
renforcer leurs capacités à en débattre au niveau
politique.
43
grâce à leur rôle dans la gestion durable des ressources naturelles. À partir de ce constat, le
groupe de travail a émis des recommandations clés à l’intention du FIDA:
• Promouvoir les modèles d’agriculture durable à long terme, conçus pour combattre
le réchauffement de la planète et les autres défis liés au changement climatique.
• Aider les OP à jouer un rôle actif dans le plaidoyer et la concertation sur les
politiques avec les gouvernements et dans les forums internationaux.
• Fournir des informations et proposer des programmes de formation aux petits
exploitants, en particulier les jeunes, afin qu’ils puissent comprendre les effets du
changement climatique et mieux s’y adapter.
• Inclure la question du changement climatique dans ses COSOP et en tenir compte
dans ses projets et programmes.
• Promouvoir des programmes de recherche pour faire face à la nouvelle amplitude
du changement climatique. Ces programmes devraient être liés aux demandes des
groupes locaux et être conçus pour y répondre spécifiquement.
• Contribuer à la mise en place de mécanismes de gestion des risques et d’assurance,
adaptés aux effets et impacts du changement climatique.
• Faciliter l’accès aux fonds d’adaptation et d’atténuation existants et, le cas échéant,
faire en sorte de les rendre plus accessibles aux petits exploitants.
Le groupe a conclu ses travaux en demandant au FIDA d’appuyer la participation des OP à
la conférence de la FAO intitulée “Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire
mondiale: les défis du changement climatique et des bioénergies”, qui se déroulera à
Rome en juin 2008, et de les aider à s’y préparer.
44
46
Section 5: “Synthèse des
délibérations” et réponse du FIDA
Dans l’après-midi du deuxième jour de la réunion, une version préliminaire de la synthèse
des délibérations a été présentée aux participants du Forum Paysan pour observations et
validation. Le document a été préparé conjointement par les membres du comité de
pilotage à partir des débats des deux jours de la réunion.
Les participants ont entériné la version préliminaire des délibérations et chargé le
comité de pilotage de rédiger la version finale. Celle-ci a été lue par Mme Penunia, au
nom du Forum Paysan, à la trente et unième session du Conseil des Gouverneurs du FIDA
et est présentée ci-après.
“Ce forum de dialogue et d’échanges constructifs est un événement émouvant et très
spécial. Nous construisons en ce moment quelque chose de nouveau au sein de la
structure des Nations Unies, et il existe un réel espoir que le FIDA devienne un
puissant instrument grâce auquel nous pourrons véritablement changer la situation de
milliers, voire de millions, d’agriculteurs, de paysans et de pauvres de ce monde.”
Alberto Broch, Directeur exécutif de la COPROFAM.
5.1 Synthèse des délibérations de la réunion mondiale du
Forum Paysan 2008
La faim empire et la pauvreté persiste dans le monde rural. L’inégalité va croissant, de pair
avec la précarité et la vulnérabilité. Des défis extraordinairement complexes se profilent –
du réchauffement de la planète à l’érosion de la biodiversité, en passant par l’épuisement
des ressources naturelles et la demande croissante de produits alimentaires et d’énergie
pesant sur l’agriculture. L’adoption d’une approche du développement agricole
radicalement différente s’impose – une approche qui rétablisse la capacité de régénération
de la nature et de l’agriculture elle-même. Les cours mondiaux des produits alimentaires et
fourragers s’envolent du fait, tout au moins en partie, du développement de la production
de biocarburants à l’échelle industrielle, des effets du changement climatique et de
l’exclusion des communautés agricoles de l’accès à la terre, à l’eau, aux mers et aux
semences. Dans le même temps, des centaines de millions de petits exploitants, de
paysans sans terre, d’éleveurs, de pêcheurs et d’autochtones – dont une majorité de
femmes – mènent une lutte acharnée pour nourrir leur famille et améliorer leurs
conditions de vie. Les jeunes n’ont pas d’autre choix que d’abandonner la terre et
l’agriculture.
Dans un tel contexte, le mandat et l’objectif du FIDA – œuvrer pour que les ruraux
pauvres, hommes et femmes, se libèrent de la pauvreté grâce à une plus grande autonomie
économique, sociale et politique – sont plus importants et pertinents que jamais.
Nous, participants au Forum Paysan tenu en marge du Conseil des Gouverneurs du
FIDA, demandons aux gouvernements des États membres du Fonds de cibler sans délai
leurs politiques et leurs investissements sur la petite agriculture et les moyens d’existence
en milieu rural. De plus, nous prions instamment les membres du FIDA d’accroître leurs
47
contributions au Fonds afin que celui-ci puisse améliorer l’impact de son action sur le
terrain en faveur des populations rurales pauvres.
En outre, nous tenons à souligner que l’action et l’engagement du Fonds pour
l’autonomisation des populations rurales pauvres peuvent gagner en efficacité en
s’inscrivant dans un partenariat avec les organisations d’agriculteurs et de ruraux et avec les
gouvernements.
Considérant les deux années écoulées depuis la première réunion mondiale du Forum
Paysan, nous reconnaissons que le FIDA a fait des efforts tangibles et accompli des progrès
notables afin de donner des suites aux recommandations que nous, participants au Forum
Paysan, vous avons présentées en février 2006.
Nous constatons que le FIDA change effectivement ses façons de travailler dans nos
pays afin de permettre la participation accrue des organisations paysannes et de
producteurs ruraux à l’élaboration de ses stratégies et de ses projets avec les
gouvernements. De fait, il s’agit là d’une tendance croissante que nous souhaitons voir se
poursuivre et s’accélérer.
Nous reconnaissons également les efforts déployés par le FIDA pour nous aider à
renforcer les capacités de nos organisations de producteurs, par le biais d’un appui
financier direct et axé sur la demande en faveur de nos membres et du soutien des
plateformes régionales de concertation sur les politiques, par exemple la REAF du
MERCOSUR en Amérique latine et l’examen de l’accord de partenariat économique entre
l’Union européenne et les pays ACP.
De plus, nous prenons acte de la réponse apportée par le FIDA à notre demande de le
voir s’engager davantage sur les questions foncières auxquelles se heurtent les producteurs
ruraux pauvres. À cet égard, nous nous félicitons du projet de politique “Promotion de
l’accès équitable à la terre et de la sécurité foncière pour réduire la pauvreté rurale” et
sollicitons instamment son approbation et sa mise en œuvre par la direction et le Conseil
d’administration du FIDA.
En outre, nous sommes satisfaits du rapport que le FIDA a présenté sur ses
partenariats avec nous, organisations de producteurs ruraux, de son esprit de transparence
et de la rigueur avec laquelle il rend compte, qui ont fortifié la confiance entre nous et
élargi les perspectives de collaboration.
Plus nous apprenons à nous connaître, plus nous devenons exigeants
Effectivement, nous, participants au Forum Paysan, estimons qu’il est possible de faire
davantage et d’une manière plus systématique, et que les progrès accomplis jusqu’ici sont
partiels et variables selon les pays. Notre collaboration doit être institutionnalisée pour
que nous puissions mener plus efficacement notre action commune – lutter contre la
pauvreté rurale et promouvoir l’agriculture familiale et les autres moyens d’existence en
milieu rural, principalement l’élevage et la pêche.
Le processus du Forum Paysan se conformera toujours aux principes établis il y a trois
ans: respect mutuel, pluralisme, ouverture, large participation, transparence et promotion
de la reconnaissance réciproque de l’autonomie et de l’indépendance des organisations
paysannes. Ces principes devraient aussi régir les rapports des organisations paysannes
avec leurs membres, et respecter l’obligation de leur rendre compte.
Principes d’engagement. Au vu de l’évolution de la collaboration, nous estimons que
le moment est venu de décider de principes d’engagement communs régissant notre
interaction. Ces principes devront être élaborés en 2008.
Nous, participants au Forum Paysan, recommandons que ces principes d’engagement
soient examinés et approuvés par le Conseil d’administration du FIDA et débouchent sur
48
l’élaboration de directives opérationnelles précises visant principalement l’application de
ces principes aux échelons national et régional.
Participation aux programmes de pays du FIDA. Le Forum Paysan recommande que
le personnel du FIDA reçoive des directives précises concernant la participation
systématique des organisations paysannes à la formulation, l’exécution et l’évaluation des
stratégies et programmes de pays. À cet effet, il convient de prévoir du temps pour
l’interaction et de fournir des informations pertinentes et des ressources spécifiques afin
que les OP soient en mesure de prendre une part active aux programmes de pays du FIDA
et sachent ce que ce dernier fait dans un pays donné. Le FIDA devrait approfondir sa
propre connaissance des organisations paysannes et de producteurs ruraux (OP) dans
chaque pays afin d’encourager une concertation accrue sur les politiques entre les
organisations, les gouvernements et lui-même. Concernant les programmes et projets du
FIDA, les participants au Forum Paysan sont convaincus que les OP ont la capacité
d’administrer directement les projets et d’en assumer la responsabilité.
La question n’est pas uniquement celle du partenariat entre le FIDA et les OP, mais
aussi celle de la promotion d’un environnement propice à l’intensification du dialogue
entre les OP et les gouvernements afin de le rapprocher d’un dialogue d’égal à égal.
Contrôle des résultats et mise en place d’un système commun de suivi et
évaluation. Un principe important qui régira notre collaboration sera l’attention à
accorder aux résultats sur le terrain et aux systèmes renforcés de suivi et évaluation mettant
les OP à contribution. Ces systèmes favoriseront aussi le respect de l’obligation, pour le
FIDA et les organisations paysannes, de se rendre mutuellement des comptes aux fins de la
réalisation de leur objectif commun: lutter contre la pauvreté et la faim en milieu rural.
Financement direct en faveur des OP. Les participants au Forum Paysan demandent
au FIDA de fournir, sur le long terme et de façon régulière, un appui financier direct, en
particulier par l’entremise de nos organisations faîtières nationales et régionales. Ces
ressources devraient permettre aux OP de se renforcer et de se structurer à plus haut
niveau, et d’améliorer leur niveau de connaissance et d’information ainsi que leur aptitude
à participer aux processus d’élaboration et de mise en œuvre des politiques, en faisant
preuve d’efficacité et de flexibilité.
De leur côté, les organisations de producteurs participant au Forum Paysan s’engagent
à administrer ces ressources selon les principes d’une gestion financière saine et à rendre
compte au FIDA, avec rigueur et en temps voulu, de l’utilisation des fonds et de l’impact
sur le terrain.
Appui en faveur de la participation des jeunes à l’agriculture et au développement
rural. Dans le cadre de son partenariat avec les organisations paysannes, le FIDA doit
accorder une plus grande attention aux jeunes. À cet effet, les partenariats doivent
privilégier l’accès des jeunes à la terre et aux autres ressources productives, ainsi que le
contrôle de ces moyens de production par les jeunes, le renforcement des capacités et
l’apport d’un appui ciblé et des incitations nécessaires pour que les jeunes se lancent dans
l’agriculture et misent sur les moyens de subsistance ruraux.
Appui en faveur de la participation des femmes à l’agriculture et au
développement rural. Nous, participants au Forum Paysan, souhaitons insister sur
l’importance de la présence et du rôle des femmes, en termes tant quantitatifs que
qualitatifs. Les agricultrices sont rarement reconnues en tant que productrices dans leur
propre droit économique et social distinct. Elles se heurtent souvent à des difficultés pour
accéder à la formation, au crédit et aux ressources naturelles, notamment la terre et l’eau.
En outre, les agricultrices sont sous-représentées à tous les niveaux des organisations
paysannes et ne peuvent donc pas faire entendre leurs besoins spécifiques. En
49
conséquence, les agricultrices sont encore plus pauvres que leurs homologues masculins.
C’est pourquoi, nous demandons au FIDA d’aider les organisations paysannes à faire
participer leurs membres femmes aux processus de gestion et de prise de décision de leurs
organisations, avec l’établissement d’un quota minimum de femmes occupant des postes
de direction fixé à 30%. Nous invitons également le FIDA à appliquer un quota significatif
d’agricultrices participantes (au moins 30%) dans tous ses programmes, activités et
initiatives.
Nous recommandons aussi que, dans le cadre de la prochaine réunion mondiale du
Forum Paysan, une réunion préparatoire soit organisée avec un groupe spécialement créé
pour examiner les problèmes spécifiques des femmes, qui seront ensuite présentés au
Forum.
Pêcheurs. Nous, participants au Forum Paysan, demandons au FIDA de soutenir les
organisations d’artisans pêcheurs et les efforts qu’elles déploient pour améliorer les
moyens d’existence de leurs membres. Nous demandons plus spécifiquement au FIDA:
- de renforcer la capacité des communautés de pêcheurs et de leurs organisations de
pratiquer une exploitation et une utilisation durables des ressources halieutiques et
de prendre part à la concertation sur les politiques avec les gouvernements et les
organisations intergouvernementales, aux niveaux national, régional et
international;
- d’investir davantage de ressources dans la protection de la biodiversité des zones
côtières;
- de promouvoir l’aquaculture artisanale; et
- de promouvoir les pratiques de conservation et transformation des produits de la
pêche et l’accès aux marchés nationaux et internationaux.
Pasteurs. Les politiques, programmes et projets du FIDA devraient tenir compte des
spécificités propres aux pasteurs et aux autres peuples autochtones nomades – mobilité
saisonnière, utilisation de territoires multiples et systèmes fonciers à assise
communautaire, notamment. Ils devraient par ailleurs prendre en considération leurs
capacités spécifiques et uniques en matière de gestion durable des ressources naturelles,
ainsi que leur aptitude à faire front au changement climatique grâce à la mobilité
saisonnière spatiale et temporelle.
Nous, participants au Forum Paysan 2008, prions instamment le FIDA de poursuivre
et d’intensifier sa collaboration avec la FAO, en particulier dans les trois domaines
suivants: appui aux organisations paysannes et de producteurs ruraux; suites données à la
Conférence internationale sur la réforme agraire et le développement rural; et organisation
de la conférence sur le changement climatique, la sécurité alimentaire et l’agriculture et de
la conférence sur les pêches. Par ailleurs, nous exhortons le FIDA à encourager la
mobilisation de la société civile autour de ces deux événements d’envergure internationale.
Le Forum Paysan a donné lieu à l’organisation de trois groupes de travail thématiques
sur trois problèmes spécifiques rencontrés par les producteurs ruraux pauvres:
- Accès à la terre: tendances, enjeux et possibilités. Rôle et perspectives des
organisations paysannes et de producteurs ruraux;
- Changement climatique et petits exploitants: le point de vue des OP;
- Accès aux processus d’élaboration des politiques: possibilité pour les organisations
paysannes et de producteurs ruraux d’exercer une influence en faveur de l’agriculture
familiale.
50
Compte tenu de la richesse des débats et de la variété des opinions et des
recommandations émises dans les groupes, les rapports correspondants sont joints en
annexe au présent document.
5.2 Réactions de la direction du FIDA
Des membres de la direction du FIDA ont participé à la dernière séance plénière de la
réunion mondiale du Forum Paysan et suivi les débats sur la mise en forme définitive de
la synthèse des délibérations. Ils ont eu la possibilité de réagir à la synthèse et d’exprimer
leur point de vue sur le processus du Forum Paysan dans son ensemble. Des engagements
ont donc été pris concernant les partenariats FIDA-OP. Les déclarations
sont résumées ci-dessous.
Kevin Cleaver, Président adjoint responsable du Département gestion
des programmes: “Nous sommes tous concernés par plusieurs des
changements qui bouleversent le Monde à l’heure actuelle. Vous avez été
nombreux à mentionner le changement climatique et la dégradation de
l’environnement. L’envolée très rapide des prix des produits de base,
profitable pour les uns et préjudiciable pour les autres, fait partie de nos
préoccupations. Nous voulons savoir ce qui se passe et dans quelle
mesure nous pouvons intervenir davantage dans cette situation. Nous
sommes intéressés par les biocarburants. Nous sommes intéressés par les
questions sociales, les conflits – à l’intérieur et entre les pays – l’eau. […]
Nous sommes concernés par les institutions de bailleurs de fonds […].
Alors quel est notre intérêt? Nous voulons travailler avec les organisations
paysannes. L’un des grands changements dans les paradigmes concernant
les bailleurs de fonds tels que le FIDA est qu’ils ne travaillent plus
exclusivement avec les gouvernements. […] La tendance pour le futur est
que des projets seront soumis aux institutions telles que la nôtre par des
gens tels que vous – en collaboration avec vos gouvernements, les
organisations de la société civile, le secteur privé – et que nous évaluerons
ces projets comme le fait une banque, avant de les financer.
“Je pense qu’ici nos intérêts coïncident. Je vous entends revendiquer
un rôle plus important. Ce jour arrive, même s’il met trop de temps à
arriver […]. Nous avions promis, au FIDA, que nous vous associerions,
vous les organisations paysannes, aux programmes de pays, et c’est ce qui
se passe. Certains d’entre vous font observer que les choses évoluent trop
lentement dans certains endroits. Je trouve donc tout à fait justifié de
votre part d’insister. Nous agirons d’abord auprès des gouvernements –
n’oubliez pas que nous sommes une organisation des Nations Unies,
nous appartenons aux gouvernements. […] Dans chaque équipe de
gestion de programme de pays on devra trouver des représentants
d’organisations paysannes. C’est une question de bon sens. Leur présence
contribuera à améliorer la qualité des projets.
“Les dons: nous vous octroyons beaucoup plus de dons directement.
[…] C’est dans notre intérêt à tous. Et nous allons disposer de plus
d’argent. La conception des projets: je pense qu’il est intéressant pour
vous d’avoir davantage de composantes qui vous touchent directement et
que vous pouvez peut-être gérer vous-mêmes. […] Et je pense que c’est ce
qui ressortira de votre participation à la conception des programmes et
Olaseinde Arigdebe, USEMFAN, Nigeria,
Ndigou Fall, ROPPA, Kevin Cleaver,
Kanayo Nwanze, Sappho Haralambous,
Jean-Philippe Audinet, Matthew Wyatt,
Gunilla Olsson, FIDA
“Je vous entends revendiquer un rôle
plus important. Ce jour arrive, même
s’il met trop de temps à arriver […].
Nous avions promis, au FIDA, que nous
vous associerions, vous les
organisations paysannes, aux
programmes de pays, et c’est ce qui se
passe. Certains d’entre vous font
observer que les choses évoluent trop
lentement dans certains endroits. Je
trouve donc tout à fait justifié de votre
part d’insister.”
Kevin Cleaver, Président adjoint
responsable du Département gestion des
programmes, FIDA
Olaseinde Arigbede, USMEFAN,
Nigeria, Ndiogou Fall, ROPPA,
et Kevin Cleaver, FIDA
51
projets de pays. […] Ce sera déterminé par votre interaction avec vos gouvernements, vos
membres et nos équipes, et variera selon les pays. Exécution des projets: je suis heureux de
pouvoir vous informer d’une réforme très importante au sein du FIDA.
Traditionnellement, le FIDA sous-traitait la supervision de ses projets. Nous avons décidé
de nous en occuper nous-mêmes, ce qui va être une véritable révolution dans l’institution
parce que notre personnel sera sur le terrain, faisant et appuyant beaucoup plus
fréquemment la seule chose qui compte, à savoir l’exécution du projet. Et ce sera un lieu
d’interaction sur les aspects concrets.
“Enfin, il n’y a guère eu de débat au sujet de la concertation sur les politiques alors
que l’environnement politique nous gouverne tous. […] Le FIDA ne s’y est pas impliqué
beaucoup par le passé; mais ce sont des préoccupations que vous entendez autour de cette
table, et l’une de nos tâches sera de dialoguer, dans chaque pays, avec des partenaires
autres que les bailleurs de fonds et les gouvernements sur ces questions, ne serait-ce que
pour nous instruire nous-mêmes sur la façon dont vous envisagez leur évolution.
“Je repars du Forum Paysan extrêmement satisfait. Imaginer un tel événement il y a
dix ans aurait été inconcevable.”
Matthew Wyatt, Président adjoint reponsable du Département affaires extérieures:
“J’attends avec impatience ces prochains jours pour pouvoir lire les conclusions que vous
avez tirées, en savoir plus sur les débats et avoir l’occasion de discuter avec vous. Mais le
message très clair qui m’est parvenu est le suivant: premièrement, depuis la première
réunion d’il y a deux ans il y a beaucoup plus de participation et de nombreux progrès ont
été accomplis dans la façon dont un grand nombre d’entre vous – pas encore tous – sont
désormais capables de travailler avec nos programmes, avec nos projets et d’influencer ce
que nous faisons. Et c’est évidemment une évolution très positive. Mais l’autre chose dont
je suis conscient est que pour bon nombre d’entre vous, ça n’arrive pas suffisamment vite.
[…] Nous faisons tous les efforts possible pour y arriver, et y arriver d’une manière
systématique. Vous pouvez constater que la direction du FIDA est vraiment très soudée
dans cette démarche, et que nous souhaitons apporter des réponses dans la mesure
du possible.
“En ce qui concerne l’influence sur l’élaboration des politiques. En
notre qualité d’organisation des Nations Unies et institution financière
“Plus notre enracinement et nos liens
internationale, nous avons effectivement accès, jusqu’à un certain point,
avec vous seront forts plus nous
aux processus internationaux d’élaboration des politiques, et notre
pourrons vous aider et être de meilleurs
mission, bien entendu, est d’utiliser cet accès pour parler au nom des
partenaires dans ce processus.”
ruraux pauvres, des agriculteurs pauvres, des pêcheurs, des populations
Matthew Wyatt, Président adjoint
forestières, des peuples autochtones. Notre influence est évidemment
responsable du Département affaires
limitée, mais l’une des raisons pour lesquelles nous avons tout de même
extérieures, FIDA
une influence est que nous jouissons d’une certaine légitimité dans ces
instances du fait du travail que nous conduisons sur le terrain, en
général avec les ruraux pauvres et les organisations telles que les vôtres.
C’est pourquoi je pense que plus notre enracinement et nos liens avec
vous seront forts plus nous pourrons vous aider et être de meilleurs
partenaires dans ce processus. C’est donc une autre bonne raison pour
laquelle, à mon avis, il est très important pour nous tous d’essayer de
renforcer effectivement ces partenariats et d’y parvenir. Car en dernier
ressort, ce qui nous unit est bien plus important que ce qui nous divise,
et je suis persuadé qu’en travaillant côte à côte nous serons capables
Sappho Haralambous, Jean-Philippe Audinet,
Matthew Wyatt et Gunilla Olsson, FIDA
d’obtenir de bien meilleurs résultats.”
52
Le point de vue du délégué d’un État membre, le Canada
“Je pense que cette manifestation, marquée par une si vaste représentation
d’organisations paysannes du monde entier, est extrêmement importante. Nous
pensons que le dialogue qui se déroule en ce moment même est – si je peux me
permettre de reprendre le mot employé par le Vice-Président du FIDA –
“révolutionnaire”. Nous pensons que ce type de dialogue va déboucher non seulement
sur une meilleure collaboration mais aussi sur quelque chose de particulièrement
important dans le débat aujourd’hui – des résultats sur le terrain. Ce sont les
organisations paysannes qui agissent sur le terrain et si nous ne collaborons pas avec
ces acteurs nous n’obtiendrons pas de résultats concrets.
“Je trouve extrêmement important que vous ayez pris le temps de venir pour dialoguer
avec nous. Je pense que les délégations siégeant au Conseil des Gouverneurs
accorderont aux déclarations que vous préparez la plus grande attention, et nous
espérons donc disposer d’assez de temps pour les examiner attentivement. J’estime
qu’il est aussi extrêmement important que la direction du FIDA ait pris le temps de
délibérer sur les questions que vous avez soulevées. Ainsi que quelqu’un l’a fait
observer dans la salle, tout est consigné, et nos propos nous engagent donc tous – la
direction du FIDA, vous-mêmes, et nous-mêmes les États-membres du FIDA.”
Gunilla Olson, Directrice exécutive du Plan d’action du FIDA: “Je trouve que vos
recommandations sont absolument et parfaitement cohérentes avec tout ce que nous
avons fait au FIDA dans le cadre de notre programme de réforme afin de devenir plus
efficace dans le futur; je ne peux que m’en réjouir.
“Le Cadre stratégique couvre dans ses objectifs et priorités stratégiques les questions
qui vous préoccupent et que vous avez voulu mettre en lumière – les partenariats et le
renforcement du pouvoir de nos partenaires étant deux des six principes du cadre
stratégique. Nos COSOP, les stratégies de pays et tous nos engagements au niveau du pays
sont conçus de manière à faciliter effectivement un partenariat plus étroit à l’avenir.
“Le travail de fond est donc déjà fait, en termes de processus de réforme interne du
FIDA. Nous passons aujourd’hui à sa mise en œuvre et à sa généralisation. Les principes
d’engagement et les directives que vous avez recommandés et qui devront être produits en
2008 vont dans le sens des réalisations et des plans qui sont déjà à l’ordre du jour de
l’organisation”.
5.3 Clôture de la réunion du Forum Paysan
La réunion mondiale du Forum Paysan a été clôturée par K. Nwanze, Vice-Président du
FIDA, qui a conclu par ces mots:
“Pendant ces deux jours, nous avons débattu et délibéré sur une grande variété de
questions importantes. Nous avons évoqué les partenariats, les populations rurales, les
agriculteurs et les gouvernements. Vous avez souligné aussi les progrès que nous, au FIDA,
avions faits, et vous nous avez appelés à renforcer les organisations rurales. Il existe
effectivement une confiance croissante et une meilleure collaboration entre vous et nous,
et cela signifie aussi que vous serez plus exigeants vis-à-vis de nous. Vous nous demandez
de relever ce défi. Vous nous avez demandé d’étudier l’institutionnalisation de nos efforts,
en particulier du point de vue de notre présence sur le terrain. Vous avez recensé des
53
éléments clés – pluralisme, respect mutuel, indépendance des OP. Vous nous avez
demandé d’élaborer en 2008 des principes d’engagement à examiner avec nos organes
directeurs. Une requête a été formulée concernant le contrôle des résultats sur le terrain, le
suivi et évaluation, et vous nous avez demandé de nous pencher sur la possibilité du
financement direct.
“Ces deux jours ont été extrêmement gratifiants. Ces recommandations vont très loin.
La profondeur des débats est représentative de la profondeur de votre engagement. J’ai pris
acte en particulier des actions entreprises avec vous pour apporter le changement. Les
recommandations que vous avez émises ont été dûment notées et seront examinées par la
direction du FIDA. Je tiens à vous garantir qu’il ne s’agit pas simplement d’un processus
destiné à rester dans les tiroirs. C’est un processus visant à permettre au
Fonds d’intervenir plus efficacement dans le développement. Nous
“J’ai pris acte en particulier des
étudierons
les principes d’engagement qui continueront à régir nos
actions entreprises avec vous pour
partenariats
avec comme principes directeurs la transparence, le respect
apporter le changement. Les
mutuel et l’obligation de rendre des comptes.
recommandations que vous avez
émises ont été dûment notées et
“Il existe sans aucun doute des possibilités que nous pourrons
seront examinées par la direction du
exploiter pour renforcer notre action commune. Il y a des défis déjà
FIDA. Je tiens à vous garantir qu’il ne
anciens, et d’autres qui émergent. Il est incontestablement légitime de se
s’agit pas simplement d’un processus
préoccuper de l’accès à la terre et du changement climatique. Nous
destiné à rester dans les tiroirs. C’est
sommes déterminés à intégrer cette question dans tous nos programmes
un processus visant à permettre au
aux échelons national, régional et mondial. Comme vous le savez,
Fonds d’intervenir plus efficacement
vendredi débutera la session relative à la huitième reconstitution de nos
dans le développement.”
ressources. Nous demanderons une augmentation des contributions en
Kanayo Nwanze, Vice-président, FIDA
faveur du FIDA. Mais lorsque nous le ferons, nous voudrons savoir dans
quelle mesure ce que nous faisons est avéré par le témoignage de ceux
qui sont sur le terrain – vous-mêmes, pour qui nous travaillons, les agriculteurs, les
éleveurs, les femmes, les pasteurs, les pêcheurs, les peuples autochtones –, les ruraux
pauvres. Ce sont les effets de notre travail sur vos vies qui parleront pour notre action et
cautionneront l’utilisation des fonds investis dans le FIDA”.
54
ANNEXE 1
Programme de la réunion
Réunion mondiale du Forum Paysan tenue en marge de
la trente et unième sessiondu Conseil des Gouverneurs du FIDA
Palais des congrès, Rome
11-12 février 2008
Lundi 11 février 2008
9h00-10h15
Session d’ouverture
• Ouverture du Forum
• Tour de table: tous les participants se présentent (nom, organisation, pays).
• Allocution de M. Lennart Båge, Président du FIDA.
• Déclaration de M. José María Sumpsi Viñas, sous-directeur général du
département de la coopération technique et sous-directeur général par intérim
du département agriculture de la FAO.
• Interventions des représentants des organisations paysannes, membres du
comité de pilotage: FIPA, LVC, WFFP, WFF, ROPPA, AFA, COPROFAM.
10h15-10h30 Pause
10h30-13h00 Tendances et faits nouveaux concernant les partenariats entre le FIDA et les
organisations paysannes et de producteurs ruraux (OP)
• Rapport sur l’évolution des partenariats entre 2006 et 2008
• Trois représentants d’OP relatent leur expérience de collaboration avec le
FIDA dans le cadre des COSOP, de la conception et de l’exécution des projets,
des processus de concertation sur les politiques aux niveaux régional et sousrégional.
• Débat général
• Préparation des réunions des groupes de travail régionaux
13h00-14h00 Déjeuner
14h00-16h00 Progrès réalisés et objectifs futurs des partenariats FIDA-OP : réunions des
groupes de travail régionaux
• Afrique de l’Ouest et du Centre
• Afrique orientale et australe
• Asie
• Amérique latine et Caraïbes
• Proche-Orient et Afrique du Nord
16h00-16h15 Pause
16h15-17h15 Séance plénière: comptes rendus des groupes de travail régionaux sur les
principales orientations et la portée des partenariats entre le FIDA et les OP
17h15-18h45 Séance plénière: débat général sur l’évaluation et l’avenir des partenariats
entre le FIDA et les OP
56
18h45
Cocktail
20h00
Séance de travail nocturne du comité de pilotage sur les recommandations
concernant l’évolution des partenariats FIDA-OP
Mardi 12 février
8h30-9h00
Séance plénière: préparation des réunions des groupes de travail thématiques
9h00-11h30
Réunions des groupes de travail thématiques
A. Accès à la terre: tendances, enjeux et possibilités. Rôle et perspectives des OP
• Articulation et mise en œuvre de la politique nationale
• Suites données à la CIRADR
• Initiative Union africaine/CEA/BAfD sur le cadre politique foncier panafricain
• Projet de politique du FIDA sur l’accès à la terre et la sécurité foncière
• Partenariats FIDA-OP pour la promotion de politiques d’accès à la terre et de
sécurité foncière favorables aux pauvres
B. Processus politiques concernant la petite agriculture familiale: expérience,
enseignements tirés, mobilisation et influence des OP
• Exemples d’expériences réussies aux niveaux national et régional
• Rôle des OP dans la promotion et la formulation de politiques agricoles favorables
aux pauvres
• Rôle du FIDA en matière d’appui à la participation des OP aux processus
d’élaboration des politiques
C. Changement climatique et petits exploitants: le point de vue des OP
• Priorités des OP concernant l’adaptation et l’atténuation
• Paiement des services environnementaux
• Rôle des OP en matière de formulation de politiques et de stratégies liées au
changement climatique
• Rôle du FIDA dans la création d’un espace institutionnel et politique propre aux OP
et dans l’appui à la participation des OP aux processus d’élaboration des politiques
liées au changement climatique
11h30-13h00 Séance plénière: rapports des groupes de travail thématiques et débat général
13h00-15h30 Déjeuner
Préparation de la synthèse des délibérations (comité de pilotage et FIDA)
Réunions parallèles des participants au Forum et de membres du personnel du
FIDA
15h30-18h00 Séance plénière finale
• Présentation, examen et approbation par les représentants des OP de la synthèse des
délibérations en vue de sa présentation au Conseil des Gouverneurs.
• Réactions de la direction du FIDA
• Débat général
• Clôture du Forum par M. Kanayo Nwanze, Vice-Président du FIDA.
13-14 février 2008: 31e Conseil des Gouverneurs du FIDA
Tous les participants au Forum Paysan sont invités à assister, en qualité d’observateurs, au Conseil des
Gouverneurs. Ils auront la possibilité de prendre part aux trois tables rondes organisées le 14 février
sur les thèmes suivants: biocarburants, changement climatique et prix des produits de base.
La synthèse des délibérations du Forum Paysan sera présentée au Conseil des Gouverneurs,
le 14 février, en séance plénière.
Pendant les deux jours du Conseil, des réunions parallèles seront organisées entre des
représentants des organisations paysannes et des membres du personnel du FIDA pour examiner des
initiatives et expériences spécifiques. Enfin, toutes les manifestations parallèles qui pourraient être
organisées pendant les deux jours du Conseil des Gouverneurs seront ouvertes à tous les participants
du Forum Paysan.
57
ANNEXE 2
Liste des participants
ORGANISATIONS PAYSANNES ET DE PRODUCTEURS RURAUX
Afrique orientale et australe
Mr Andrew Charles Hepelwa, Secretary General, MVIWATA. P.O. Box 3220 Morogoro,
Dar es Salaam, Tanzania. Mobile +255 754 33 92 77; Fax +255 23 261 4184;
[email protected]; [email protected]
Mr Renaldo Chingore João, President, Uniao Nacional de Camponeses (UNAC).
Maputo, Mozambique. Tel +258 21 306738 +258 21 311828;
[email protected]; [email protected]; [email protected];
http://www.unac.org.mz
Mr Leonard Nduati Kariuki, National Chairman, Kenya National Federation of
Agricultural Producers (KENFAP). Family Health Plaza, Mbagathi Way,
Off Langata Road, P. O. Box 43148 00100 Nairobi, Kenya. Tel +254 20 608324;
Direct: +254 20 444 7458; Fax +254 20 4447459; [email protected];
[email protected]; [email protected]; [email protected];
http://www.kenpaf.org
Mr Philip Kiriro, President, East Africa Farmers Federation (EAFF). Rhapta Road,
Westlands, Nairobi, Kenya. Fax +254 204451691; Mobile +254 728 405067;
+254 7228 09320; [email protected]; [email protected]; http://www.eaffu.org
Ms Elizabeth Mpofu, Chairperson, Eastern and Southern Small Scale Farmers (ESAFF).
Matova P. School Bag 9213 Masvingo, Harare, Zimbabwe; Mobile +263 912 443716;
[email protected]; [email protected]
Mr Juvenal Musine, Secretary General, IMBARAGA. B.P. 1462 Kigali, Rwanda.
Tel +250 58 6407/58 4584; [email protected];
http://www.syndicat-imbaraga.org.rw
Mr Jean Berthin Rabefeno, Secretary General, Firaisankinan’ny Tantsaha eto
Madagasikara ou Coalition Paysanne de Madagascar (FTM/CPM). Atananarivo,
Madagascar. Tel +261 2022 32561; Fax +261 2022 65867; Mobile +261 320401562;
[email protected]; [email protected]
Mr Paulo Uime, President, Angola Farmers Federation and Cooperatives (UNACA).
Rua Major Kanhangulo, N° 146 – 1° Caixa postal 2465 – Luanda, Angola.
Tel/Fax +244 222 39 3087; [email protected]
Mr Ajaykumar Manubhai Vashee, President, Southern African Confederation of
Agricultural Unions (SACAU); Vice President, IFAP. Botano Centre, 8 cnr Lenchen
Avenue North & Embankment Road Centurion, Pretoria, South Africa.
Fax +260 2617 767; [email protected]; http://www.sacau.org
58
Afrique de l’Ouest et du Centre
Mr King David Amoah, Farmers’ Organisations Network in Ghana (FONG). Accra,
Ghana. Tel +233 21 315894; +233 2430863567; [email protected];
[email protected]
Mr Makanjuola Olaseinde Arigbede, National Coordinator, United Small & Medium
Scale Farmers Associations of Nigeria (USMEFAN), Member of the Steering
Committee of the Farmers’ Forum. IBADAN Oyo State, Nigeria. Tel +234 2 8107367;
Fax +234 2 8107367; Tel/fax +234 2 8103720; Mobile +234 8034647797;
[email protected]
Ms Elisabeth Atangana, President, Plateforme Régionale des Organisations de
Producteurs d’Afrique Centrale (PROPAC). Cameroun. Tel/Fax +237 998 25940,
+237 222 341 90; [email protected]
Mr Jacques Bonou, Secretary General, Fédération des Unions de Producteurs du Bénin
(FUPRO), Chaiman of IFAP African Committee. B.P 372 Bohicon RNIE 2 SACLO,
Cotonou, Benin. Tel +229 510700; Fax +229 510946; jacbonou@yahoolfr;
http://www.fuproben.org
Mr Nathanaël Buka Mupungu, Porte Parole National, Confédération Paysanne du Congo
(COPACOPRP). Kinshasa, Congo. Tel +243 811 648430; [email protected];
[email protected]
Mr Ibrahima Coulibaly, President, Coordination Nationale des Organisations Paysannes
du Mali (CNOP). B.P. E216. Bamako, Mali. Tel c/o AOPP +223 228 6781/
223 6761126; Mob. +223 6761126 [email protected]; [email protected]
Mr Bassiaka Dao, President, Confédération Paysanne du Faso (CPF). 01 BP 2978
Ouagadougou 01, Burkina Faso. Tel +226 5030 1844; [email protected];
http://www.cpf.bf
Mr Boureima Dodo, Coordination Nationale de la Plateforme Paysanne du Niger
(CNPFP/N). c/o Association pour la Redynamisation de l’Élevage au Niger (AREN),
Niamey, Niger. Tel +227 20 73 66 22; Fax +227 20 736621; [email protected];
Mr NDiogou Fall, President, Network of Farmers’ and Agricultural Producers’
Organisations of West Africa (ROPPA), Member of the Steering Committee
of the Farmers’ Forum; s/c FONGS, Thiès, Sénégal. Tel +221 339395858;
Mobile +221 776141724; [email protected]; Ousseini.Ouedraogo@roppa ao.org;
[email protected]; http://www.roppa.info/
Ms Korotoumou Gariko Sanogo, President, Membre du collège de Femmes du Le Réseau
des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles de l’Afrique de l’Ouest
(ROPPA). Burkina Faso. Tel +226 5030 1844; [email protected]
Mr Sid Ahmed Ould Abeid, President, Federation Nationale de Pêche (FNP) de
Mauritania. B.P. 43, Nouadhibou, Mauritania. Tel +222 574 62 88; Fax +222 5745430;
Mobile +222 63600 877/ 6793431, [email protected]; [email protected]
59
Proche-Orient et Afrique du Nord
Mr Ahmad Al Faour, President, Jordan Farmers’ Union (JFU). Jordan.
P.O. Box 921025 Amman 1192 Jordan. Tel +962 777419474 +962 6 5655835/7;
Fax +962 795 244 103; [email protected]
Mr Mohamed Mohamed Bashir, President, Agriculture Cooperative Union (ACU).
Alhoria St., Sana'a Republic of Yemen. Tel +9671 233992/238255/234649/560179;
Fax +967 1 256688; [email protected]; http://www.acu.org.ye/index_en.php
Mr Adam Elhag Musa Darousa, Chairman, Pastoralist Union. Khartoum, Sudan.
Mobile +249 91235 0928; [email protected]
Mr Ben M’Barek Fenniri, President, Association Nationale Ovine et Caprine (ANOC).
Rabat, Morocco. Tel +212 3723 1371; [email protected]
Mr Khaled Khazaal, Chief of the Public Relation Office, General Farmers' Union (GFU).
Syria. Tel +96311 2451365; Fax +96311 2244795; [email protected];
Mr Abdelmajid Labidi, Member of the Executive Board, Union Tunisienne de
l’Agriculture et de la Pêche (UTAP). Tunis, Tunisie. Tel +216 71806800,
+216 98538040; Fax +216 71809 181; [email protected]; http://www.utap.org.tn
Asie
Mr Crispino T. Aguelo, President, Head of the National Executive Committee.
PAKISAMA. Rm 207, 2nd Floor, Partnership Center, 59 C. Salvador Street,
Loyola Heights, 1108, Quezon City, the Philippines. Tel +632 434 2079;
Tel/Fax +632 436 347; [email protected];
http://www2.mozcom.com/~pakisama
Mr Badrul Alam, President, Bangladesh Krishok Federation (BKF). Dhaka, Bangladesh.
Tel/Fax +880 2 9559980; [email protected], [email protected]
Mr Prem Prasad Dangal, President, All Nepal Peasants' Federation (ANPFA).
P.B. 273 Lalitpur, Nepal; Tel +977 1 4288404/428 8403; Mobile +977 985 108 7771;
[email protected]; [email protected]; http://www.anpfa.org.np
Mr Thudugala Mudalige Justin Sarath Fernando, President, Movement for National
and Agricultural Reform (MONLAR). Rajagiriya, Sri Lanka. Tel/Fax +94 3722 59893;
+94 11 2865534/4407663; Mobile +94 777 899233; [email protected];
[email protected]
Mr Zainal Arifin Fuat, Serikat Petani Indonesia (SPI). Jakarta, Indonesia.
Tel +62 21 7991890; Fax +62 21 7993426/7991890;
[email protected]; [email protected]; http://www.spi.or.id
Mr Armando Jarilla, National Coordinator, Task Force Mapalad (TFM).
Address No. 18 C Marunong Street, Barangay Central, Diliman, Quezon City 1101,
the Philippines. Tel/Fax +63 2 433 1383; [email protected]
Mr Raul Q. Montemayor, National Manager, Federation of Free Farmers Cooperatives,
Inc. (FFFC), Vice President. IFAP 41, Highland Drive, Quezon City, the Philippines.
Tel +63 2 6471093; Fax +63 2 6471451; [email protected]
Mr Nuruddin Muhammad Uddin, Secretary General, Aliansi Petani Indonesia. Jakarta,
Indonesia. Tel +6221 85 000 52; [email protected]; [email protected]
Mr Hung Nguyen Manh, Viet Nam Farmers Union (VNFU). Hanoi, Viet Nam.
Tel +844 7346643; Fax +844 7334031; Mobile 0912817668;
[email protected]
60
Ms Estrella Penunia Banzuela, Secretary General, Asian Farmers’ Association for
Sustainable Rural Development (AFA). Member of the Farmers’ Forum Steering
Committee. Quezon City, the Philippines. Tel +63 2 4364706; Fax +63 2 4264640;
[email protected], [email protected], http://www.asianfarmers.org
Mr Jung Eui Seo, Chairperson, Asian Farmers' Association for Sustainable Rural
Development (AFA). 205 1505 Geekdong Apartment, Korea. Tel +63 2 3401 6549;
Fax +63 2 4266739; [email protected]; [email protected];
http://www.asianfarmers.org
Mr Kushal Pal Singh, Chairman, Asian Regional Committee, International Federation
of Agricultural Producers (IFAP). Meerut, India. Tel +9111 2688 9002
[email protected]; [email protected]; http://www.ifap.org
Mr Sotha Sok, Executive Director of the Cambodian Farmers' Association Federation for
Agricultural Development (CAMFAD). National road nr 1, Rop Ko village, Prey
Chhlak commune, Svay Rieng district, Svay Rieng Town, Kingdom of Cambodia.
Tel/Fax +855 44 945 553; H/P: (855) 16 948 553; [email protected];
[email protected]; [email protected]; http://www.camfad.org
Amérique centrale
Mr Pedro Rafael Alegria Moncada, Coordinator, Global Campaign on Agrarian Reform
and Member of the International Coordination Commission. La Via Campesina
(LVC). Honduras; [email protected];
Mr Olegario Carrillo Meza, Coordinador Ejecutivo Nacional, Unión Nacional De
Organizaciones Regionales Campesinas Autónomas, (UNORCA) de Mexico.
Juan de Dios Arias No. 48, Col. Vista Alegre, Deleg. Cuauhtemoc, C.P. 06860,
Mexico D.F. Tel +52 55 57415065; Fax 57400486; +52 55 57415065;
[email protected], [email protected];
Contact c/o Ms Maricruz Neto; [email protected];
http://www.unorca.org.mx/
Ms Maritza Montero Ferreras, Confederación Nacional de Mujeres Campesinas
(CONAMUCA). Santo Domingo, Dominican Republic. Tel +809 682 0075;
Fax +809 686 7517; [email protected]
Mr Renwick Rose, Coordinator, Windward Islands Farmers Association (WINFA).
Prospect Highway, Kingstown, St. Vincent And The Grenadines.
Tel +1 784 456 1383; [email protected]; [email protected];
[email protected];
Mr Faustino Torrez Arauz, Asociación Trabajadores del Campo (ATC). Nicaragua.
Tel/Fax +505 2784575; [email protected]; [email protected];
[email protected]
Mr Felix Vásquez López, Consejo Coordinador de Organizaciones Campesinas de
Honduras (COCOCH). Tegucigalpa MDC, Honduras. Tel/Fax +504 23 59915/
23 59879; Mobile +504 9868 2558; [email protected];
[email protected]; [email protected];
[email protected]; [email protected]
61
Amérique du Sud
Ms Nemesia Achacollo, President, Federación de Mujeres Campesinas de Bolivia
‘Bartolina Sisa’ (FNMCB), Member, International Coordinating Committee,
La Via Campesina. Member of the Farmers’ Forum Steering Committee. La Paz,
Bolivia. Tel +591 2 71368531/77034367/70580790; Tel/Fax 591 2 2311037;
Secretaria Ejecutiva Nacional; Tel +591 71368531; Secretaria de Relaciones, B. Villca.
Tel +591 71884425; [email protected];
[email protected];
Mr Alberto Ercilio Broch, Executive Secretary, Confederación de productores familiares
del MERCOSUR (COPROFAM), Member of the Steering Committee of the Farmers’
Forum, c/o Confereraçao Nacional dos Trabalhadores na Agricoltura (CONTAG)
Brasilia, Brazil. Or CONTAG – SMPW Conf. 2 Lote 2, Núcleo Bandeirante – Distrito
Federal, Brazil. Tel +5561 2102 2288/8134 0389; Fax +5561 2102 2299;
[email protected]; [email protected]; [email protected];
http://www.contag.org.br
Mr Eduardo Buzzi, President, Federación Agraria Argentina (FAA). Rosario Pia
de Santa Fe, Argentina; Tel +54 341 5122001; [email protected]; [email protected];
[email protected]; [email protected]; http://www.faa.com.ar
Mr Alvaro Delatorre, Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra (MST). Sao Paulo,
Brazil. Tel +55 11 33613866; Fax +55 51 3221 9022; [email protected];
[email protected]; c/o Ms Dulcinéia Pavan, MST/Secretaría de Relaciones
Internacionales; http://www.mst.org.br/mst/home.php
Mr Luiz Vicente Facco, Secretary, Confederação Nacional Dos Trabalhadores Na
Agricultura (CONTAG). SMPW Conf. 2 Lote 2 Núcleo Bandeirante – Distrito
Federal, Brazil. Tel +55 61 21022288; Fax +55 61 21022299; [email protected];
[email protected]; [email protected]; http://www.contag.org.br
Mr Fernando Ariel López Rodríguez, Secretario General, Comisión Nacional de
Fomento Rural (CNFR), Vice Chairman of the IFAP Latin American Committee.
Montevideo, Uruguay. Tel +598 2 2003519/2040133; Fax +598 2 2089526;
[email protected]; [email protected]; [email protected];
http://www.geocities.com/cnfruruguay
Ms Mirna Concepción Mochet Fernández, Director, Organización Nacional Campesina
(ONAC) de Paraguay. Tel +595 2 492 154/498 889; Mob +595 981881442;
[email protected]
Mr Pedro Peretti, Secretary, COPROFAM c/o Federación Agraria Argentina (FAA).
Rosario, Pcia. de Santa Fe, Argentina. Tel +54 341 512 2000, +54 114 343 5478;
Mobile +54 0341155884863; Fax +54 341 512 2001; [email protected];
[email protected]; http://www.faa.com.ar
Mr Marcos Rochinski, Secretário General, Federaçao dos Trabalhadores Agricoltura
Familiar (FETRAF SUL CUT). Chapecó SC, Brazil. Tel/Fax +55 49 33293340;
[email protected]; http://www.fetrafsul.org.br/
Mr Carlos Simancas, Chairman, Latin America Committee of the International
Federation of Agricultural Producers (IFAP). Transversal 28B 37 20 Bogotá,
Colombia. Tel + 57 1 2695 018 / +57 1 2695 008; [email protected]
Mr Eugenio Rigoberto Turra Paredes, President, Movimento Unitario Campesino
y Etnia de Chile (MUCECH). Avenida Portugal Ni 623 Santiago, Chile.
Tel +562 635 1518/681 96 63; [email protected]/[email protected];
[email protected]; http://mucech.portalciudadano.cl
62
Pays de l’OCDE
Ms Elizabeth Gauffin, President, Federation of Swedish Farmers & President of the
Development Committee of the International Federation of Agricultural Producers
(IFAP). Stockholm, Sweden. Tel +467 053 60361; [email protected];
[email protected]; http://www.lrf.se/
Ms Claude Girod, International Commission, Confédération Paysanne. 104 rue
Robespierre - 93170 Bagnolet, Frangy en Bresse, France. Tel +33 385747189;
Fax +33 1 43 62 80 03; [email protected];
http://www.confederationpaysanne.org
Mr Marco Foschini, Responsabile Relazioni Internazionali presso Area Azione
Economica COLDIRETTI. Via XXIV Maggio, 43 00187 Rome, Italy.
Tel +39 06.4682462, Fax +39 06.4819949; [email protected];
http://www.coldiretti.it
Mr Paul Nicholson, Union de Ganaderos y Agricultores Vascos (EHNE/UGAV). Spain.
Tel + 34 9 46842381, Fax +34 9 46252641; [email protected];
[email protected]
Mr Laurent Pellerin, President, Union Producteurs Agricoles Développement
International (UPADI)/AGRICORD. 14500 rue Héon, Bécancour, Québec, Canada;
G9H 1N6; Minderbroedersstraat 8 B 3000 Leuven, Belgium. Tel +32 1624 27 50;
Fax +32 1624 2755; [email protected]; [email protected];
[email protected]; http://www.upa.qc.ca/
Ms Karen Serres, President, Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles
(FNSEA) and International Federation of Agricultural Producers (IFAP) Committee
Women in Agriculture. 11 rue de La Baume 75008 Lauzes, Paris, France.
Tel +33 (0)1 53 83 47 47; +33 (1)6219 37136; Fax +33 (0)1 53 83 48 48;
[email protected]
Fédérations internationales/réseaux
Mr Pedro Avendaño Garcès, Executive Secretary, World Forum of Fish Harvesters and
Fishworkers (WFF), Member of the Steering Committee of the Farmers’ Forum.
Subida El Encanto Nº 15688, Reñaca, Viña del Mar, Chile. Tel +56 32 283 7597;
+56 32 250 1717; Mobile +56 9 745 6124; [email protected];
[email protected]
Mr Taghi Farvar, Executive Secretary, World Alliance of Mobile Indigenous Peoples
(WAMIP); c/o CENESTA,142 Azerbijan Avenue, 13169, Teheran, Iran;
Tel +98 2166972 973; Mobile +98 9121764 908; [email protected]
Mr George Dixon Fernandez, President, International Movement of Catholic
Agricultural & Rural Youth (MIJARC). 27, Place Van Meyel, 1040, Etterbeek, Brussels,
Belgium; [email protected]
Mr Christian Alejandro Gouet Enriquez, Development Programme Manager,
International Federation of Agricultural Producers (IFAP) and Member of Steering
Committee of Farmers’ Forum. 60, rue Saint-Lazare 75009 Paris, France.
Tel +33 1 45260553; Fax +33 1 48747212; [email protected]; [email protected];
http://www.ifap.org
Ms Cristina Grandi, Manager, Liaison Office to FAO, International Federation of
Organic Agriculture Movements (IFOAM). Rome, Italy. Tel +39 06 45437485;
[email protected]; http://www.ifoam.org/
63
Mr Henry Saragih, General Coordinator, La Via Campesina/ International Operative
Secretariat (LVC/IOS). Member of the Farmers’ Forum Steering Committee. Jakarta,
Indonesia. Tel + 62 21 7991890; Fax + 62 21 7993426; [email protected];
[email protected]; http://www.viacampesina.org
Mr Herman Kumara Wijethunge, General Secretary, World Forum of Fishermen
Peoples (WFFP); Member of the Steering Committee Farmers’ Forum. No 10,
Malwatta Road, Negombo, Colombo, Sri Lanka. Tel +94 31 4870658/31 48 72692;
Fax +94 31 2239750; [email protected]; [email protected];
Mr Jack Wilkinson, President, International Federation of Agricultural Producers (IFAP),
Member of the Farmers’ Forum Steering Committee; Tel +33 1 45260553;
Fax +33 1 48747212; Tel +1 6472907022; Fax Canada +17 05 6473623;
[email protected]; http://www.ifap.org
PERSONNEL DU FIDA
Mr Tom Mwangi Anyonge, Technical Advisor, Technical Division; Tel +39 06 5459 2519;
[email protected]
Mr Jean-Philippe Audinet, Acting Director, Policy Division; Tel +39 06 5459 2305;
[email protected]
Mr Abdoul Barry, Country Programme Manager, Western and Central Africa Division;
Tel +39 06 5459 2060; [email protected]
Mr Mohamed Béavogui, Director, Western and Central Africa Division;
Tel +39 06 5459 2240; [email protected]
Ms Mona Bishay, Director, Near East and North Africa Division; Tel +39 06 5459 2321;
[email protected]
Mr Hubert Boirard, Country Portfolio Manager, Western and Central Africa Division;
Tel +39 06 5459 2298; [email protected]
Mr Marco Camagni, Country Programme Manager, Latin America and Caribbean
Division; Tel +39 06 5459 2576; [email protected]
Mr Rodney Cooke, Acting Director, Latin America and Caribbean Division;
Tel +39 06 5459 2450; [email protected]
Ms Antonella Cordone, Coordinator for Indigenous and Tribal issues, Policy Division;
Tel +39 06 5459 2065; [email protected]
Mr Ulac Demirag, Associate Country Portfolio Manager, Western and Central Africa
Division; Tel +39 5459 2616; [email protected]
Mr Ides de Willebois, Director, Eastern and Southern Africa Division;
Tel +39 06 5459 2450; [email protected]
Mr Khalid El- Harizi, Policy Coordinator and IMI Manager, Policy Division;
Tel +39 06 5459 2334; [email protected]
Mr Thomas Elhaut, Director, Asia and the Pacific Division; Tel +39 06 5459 2491;
[email protected]
Mr Tawfiq El Zabri, Country Programme Manager, Near East and North Africa Division;
Tel +39 06 5459 2242; [email protected]
Mr Vincenzo Galastro, Programme Manager, Office of the Secretary;
Tel +39 06 5459 2609; [email protected]
Mr Hamed Haidara, Country Portfolio Manager, Western and Central Africa Division;
Tel 06 5459 2604; [email protected]
64
Ms Sappho Haralambous, Policy Coordinator, Policy Division; Tel +39 06 5459 2238;
[email protected]
Mr Edward Heinemann, Regional Economist, Office of the President;
Tel +39 06 5459 2398; [email protected]
Mr Raul Hopkins, Regional Economist, Latin America and Caribbean Division;
Tel +39 06 5459 2332; [email protected]
Mr Gary Howe, Director, Strategic Planning & Budget Unit; Tel +39 06 5459 2262;
[email protected]
Mr Sana Jatta, Country Programme Manager, Asia and the Pacific Division;
Tel +39 06 5459 2446; [email protected]
Mr Pierre-Justin Kouka, Advisor, Office of the Vice-President; Tel +39 06 5459 2299;
[email protected]
Mr Harold Liversage, Technical Advisor, Technical Division; Tel +39 06 5459 2237;
[email protected]
Mr Roberto Longo, Policy Coordinator, Policy Division; Tel +39 06 5459 2002;
[email protected]
Ms Annina Lubbock, Technical Adviser, West and Central Africa Division;
Tel +39 06 5459 2489; [email protected]
Mr Mohamed Manssouri, Country Programme Manager, West and Central Africa
Division; Tel +39 06 5459 2330, [email protected]
Mr Alessandro Marini, Country Programme Manager, Eastern and South Africa
Division; Tel +39 06 5459 2115; [email protected]
Ms Sylvie Marzin, Country Portfolio Manager, West and Central Africa Division;
Tel +39 06 5459 2337; [email protected]
Mr Norman Messer, Consultant, West and Central Africa Division; Tel 06 5459 2738;
[email protected]
Ms Cheryl Morden, Director, North American Liaison Office (NALO) 1775 K Street,
NW, Suite 410, Washington, DC 20006; Tel +202 331 9099; Fax 202 3319366;
[email protected]
Mr Robson Mutandi, Country Programme Manager, Eastern and South Africa Division;
Tel +39 06 5459 2260; [email protected]
Ms Fumiko Nakai, Programme Officer, Eastern and South Africa Division;
Tel +39 06 5459 2238; [email protected]
Ms Miriam Okong’o, Programme Manager, Eastern and South Africa Division;
Tel +39 06 5459 2191; [email protected]
Ms Gunilla Olsson, Executive Director of the Action Plan, Action Plan Secretariat;
Tel +39 06 5459 2581; [email protected]
Mr Rasha Yousef Omar, Country Programme Manager, Near East and North Africa
Division; Tel +39 06 5459 2100; [email protected]
Mr Tom Pesek, North American Liaison Office (NALO). 1775 K Street, NW, Suite 410,
Washington, DC 20006; Tel +202 331 9099; Fax 202 331 9366; [email protected]
Mr Mattia Prayer Galletti, Country Programme Manager, Asia and the Pacific;
Tel +39 06 5459 2294; [email protected]
Mr Philippe Remy, Policy Coordinator, Policy Division; Tel +39 06 5459 2629;
[email protected]
65
Mr Thomas Rath, Country Programme Manager, Asia and the Pacific;
Tel +39 06 5459 2069, [email protected]
Mr Ladislao Rubio, Country Programme Manager, Latin America and the Caribbean
Division; Tel +39 06 5459 2575; [email protected]
Ms Roxanna Samii, Manager, Poverty Portal, Information and Communication
Division; Tel +39 06 5459 2375; [email protected]
Mr Leopold Sarr, Country Portfolio Manager, West and Central Africa Division;
Tel +39 06 5459 2126; [email protected]
Mr Paolo Silveri, Country Programme Manager, Latin America and the Caribbean
Division; Tel +39 06 5459 2409; [email protected]
Ms Cristiana Sparacino, Programme Manager (Gender), West and Central Africa
Division; Tel +39 06 5459 2306; [email protected]
Mr Benoit Thierry, Country Programme Manager, Eastern and South Africa Division;
Tel +39 06 5459 2234; [email protected]
Mr Pietro Turilli, Country Programme Manager, Near East and North Africa;
Tel + 39 06 5459 2303; [email protected]
Ms Rosemary Vargas-Lundius, Policy Coordinator, Policy Division;
Tel +39 06 5459 2350; [email protected]
Ms Xenia von Lilien, North American Liaison Office (NALO). 1775 K Street, NW,
Suite 410, Washington, DC 20006; Tel +202 331 9099; Fax +202 331 9366;
[email protected]
OBSERVATEURS ET PERSONNES RESSOURCES
Dr Ahmadu Babagana, Director, Department of Rural Economy and Agriculture
(DREA), African Union Commission. P.O. Box 3243 Addis Ababa, Ethiopia;
Tel +251 11 5517700; Fax +251 11 5516062; [email protected];
[email protected]; [email protected]
Mr Kees Blokland, Managing Director, Agriterra. Arnhem, The Netherlands.
Tel +31 26 75 05140; [email protected]; http://www.agriterra.org
Mr Diego Colatei, Programme Officer, Resources and Strategic Partnerships Unit,
Food and Agriculture Organization (FAO). Rome, Italy. Tel +39 06 570 54370;
[email protected]
Mr Ignace Coussement, Director, AgriCord. Leuven, Belgium. Tel +32 16242750;
Fax +32 162427 55; [email protected] (dir);
[email protected]; [email protected]; http://www.agricord.org
Ms Eve Crowley, Senior Officer, Chair, Interdepartmental Task Force Institution
Building and Rural Development, Food and Agriculture Organization (FAO).
Viale delle Terme di Caracalla, 00153 Rome, Italy. Tel +39 06 570 55325;
Fax +39 06 570 53152; [email protected]
Ms Beatriz Del Rosario, IFAP Regional Coordinator for Asia. 60 Rue St. Lasare,
75000 Paris, France. Tel +331 4874 7212; [email protected]
Mr Bader Mahaman Dioula, IFAP Regional Coordinator for Africa. 60 Rue St. Lasare,
75000 Paris, France. Tel +331 4526 0553; [email protected]
Ms Hiba El Dahr, IFAP Regional Coordinator for the Mediterranean. 60 Rue St. Lasare,
75000 Paris, France. Tel +331 4526 0553; [email protected]
66
Ms Jennie Dey De Pryck, Senior consultant, Food and Agriculture Organization (FAO).
Viale delle Terme di Caracalla 00153 Rome, Italy
Ms Dianne J. Forte, Managing Director, DC Office, Heifer International.
1112 16th Street NW, Suite 500, Washington, DC 20036. Tel +202 331 2015;
Fax +202 331 2017; [email protected]; http://www.heifer.org
Ms Susana Gaona Sáez, Consultant; Gender, Equity and Rural Employment, Food and
Agriculture Organization (FAO). Viale delle Terme di Caracalla 00153 Rome, Italy
Mr Paolo Groppo, Land Tenure Systems Analysis Officer, Land Tenure Service, Rural
Development Division, FAO. Rome, Italy. Tel +39 06 570 54741;
[email protected]
Mr Gerardo Hita, National Director for Credit Operations with Multilateral Agencies,
Min Econ, Argentina
Ms Siobhan Kelly, Officer, Marketing and Finance Service, Food and Agriculture
Organization (FAO). Viale delle Terme di Caracalla 00153 Rome, Italy.
Tel +39 06 570 53462; Fax +39 06 570 53152; [email protected];
http://www.fao.org
Ms Magdalena A. Kropiwnicka, Food and Hunger Policy Advisor, ActionAid
International. Via A. Volta 39 B 00154 Rome Italy; Tel +39 06 572 50150;
Direct +39 06 571 37185; Mobile +39 340-2916734;
[email protected]; http://www.actionaid.org;
http://www.actionaid.it/
Ms Laura Lorenzo Lacalle, Desk Coordinator, WRF World Rural Forum.
Tel +34 945 12 13 91; Fax +34 945 28 14 22; [email protected];
http://www.ruralforum.net
Ms Maria Soledad Marco, Consultant, Policy Division, IFAD; [email protected];
[email protected]
Ms Alberta Mascaretti, Food Security Officer, Food and Agriculture Organization (FAO).
Viale delle Terme di Caracalla, 00153 Rome, Italy. Tel +39 06 570 55362;
Fax +39 06 570 53152; [email protected]
Mr Paul Mathieu, Senior Officer, Food and Agriculture Organization (FAO).
Viale delle Terme di Caracalla, 00153 Rome, Italy. Tel +39 06 570 55887;
Fax +39 06 570 53152; [email protected]
Ms Annalisa Mauro, Programme Officer, Secretariat International Land Coalition (ILC).
Rome, Italy. Tel +39 06 54592110; [email protected]; http://www.landcoalition.org
Mr Ibrahim Assane Mayaki, Executive Director, Plateforme Appui au Développement
Rural en Afrique de l'Ouest et du Centre, c/o UNOPS, Dakar Fann, Sénégal.
Tel +221 8693838; Fax +221 8693815; [email protected]
Ms Nora McKeon, Coordinator, Terra Nuova Centro per il Volontariato. Rome, Italy.
Tel +39 06 78393089/78393196; Fax +39 06 78398813; Mobile +39 335 8388785;
[email protected], [email protected]; http://www.terranuova.org
Mr Carlos Mermot, Operations Manager, FIDA REAF regional program
Ms Sofia Monsalve Suárez, Land Programme Coordinator, FIAN International
Coordinator of IPC's working group on agrarian reform. Willy Brant Platz 5,
69115 Heidelberg, Germany. Tel +49 6221 6530051; +49 173 7570286;
Fax + 49 6221 830545; [email protected]; http://www.fian.org
67
Mr Antonio Onorati, President, Crocevia. Via Tuscolana n. 1111 - 00173 Roma, Italy.
Tel +39 06 72902263; Fax +39 06 72907846; Tel +39 862 73211;
Mobile +39 340 8219 456; [email protected]; [email protected];
http://www.croceviaterra.it
Ms Anne Perrin, Editor, Grain de Sel ADEPRINA. 32, rue Le Peletier 75009 Paris.
Tel +33 (0) 1 42 46 11 57; [email protected]
Mr Marek Poznanski, Collectif Stratégies Alimentaires (CSA). Bruxelles, Belgique.
Tel +32 02 4120660; Fax +32 02 4120666; [email protected];
http://www.csa be.org/
Mr Thomas Price, Senior Programme Officer, Food and Agriculture Organization (FAO).
Viale delle Terme di Caracalla, 00153 Rome, Italy. Tel +39 06 570 54775;
[email protected]
Ms Gabriela Quiroga Gilardoni, IFAP Regional Coordinator for Latin America.
60 Rue St. Lasare, 75000 Paris, France; Tel +331 4526 0553;
[email protected]
Ms Marlene Ramirez, Secretary General, Asian Partnership for the Development of
Human Resources in Rural Asia (AsiaDHRRA). c/o Asian Farmers' Association for
Sustainable Rural Development (AFA). Quezon City, the Philippines.
Tel +632 436 4706/426 6739; [email protected]; [email protected];
http://www.asianfarmers.org
Mr Alvaro Ramos, Executive Director, FIDA REAF regional program
Mr Pietro Simoni, Senior Consultant, Lead design and implementation support
specialist, IFAD
Ms Marie Christine Talbot, Director, Planning Union des Producteurs Agricoles
Développement International (UPA DI). 555, Boul. Roland Therrien, bureau 020,
Longueuil (Québec), Canada J4H 4E7. Tel +1 450 679 0530; Fax +1 450 463 5202;
[email protected]; [email protected]; http://www.upa.qc.ca
Mr Michael Taylor, Programme Manager, Secretariat of International Land Coalition
(ILC). Tel +39 06 54592267; [email protected]; http://www.landcoalition.org
Mr Nicolaas Verhagen, La Via Campesina (LVC). Feldstegel 74, D 21039 Hamburg,
Germany; Tel +49 40 735 06 372; Fax +49 40 735 06 374;
[email protected]; [email protected];
http://www.viacampesina.org
Toutes les photos provennient du FIDA:
S. Beccio, L. Dematteis, M. Millinga, D. Rose, L. Slezic, P.C. Vega
68