Forum paysan
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Rapport sur la réunion mondiale du Forum paysan tenue en marge de la trente et unième session du Conseil des Gouverneurs du FIDA, février 2008 Oeuvrer pour que les populations rurales pauvres se libèrent de la pauvreté Consensus de 2005 sur le Forum paysan* Le Forum paysan est: • un processus permanent – et non une manifestation occasionnelle – couvrant, à partir de la base, les activités soutenues par le FIDA sur le terrain et la concertation; • un processus tripartite impliquant des organisations paysannes, des États et le FIDA; • un espace de concertation et de dialogue axé sur la réduction de la pauvreté rurale; • un instrument pour rendre compte de l’efficacité du développement, en particulier en ce qui concerne l’autonomisation des populations rurales pauvres et de leurs organisations; • une interface entre les interventions visant le développement rural favorable aux pauvres et le processus de renforcement des capacités des organisations d’agriculteurs et de producteurs ruraux (y compris les organisations d’artisans pêcheurs, de pasteurs, de paysans sans terre et de populations indigènes). Le Forum paysan: • est régi par les principes de large participation, de pluralisme, d’ouverture et de flexibilité; • tire autant que possible parti des forums existants et évite les doubles emplois dans ce domaine; • respecte les organisations existantes et crée, autant que de besoin, de nouveaux espaces. Conditions: • Le processus du Forum paysan débute par des consultations à l’échelle nationale que complètent des réunions régionales ou sous-régionales. Ces dernières réunions façonnent le contenu et déterminent la participation au Forum paysan qui a lieu lors du Conseil des Gouverneurs du FIDA. • Le processus du Forum paysan devra être répercuté par les organes directeurs du FIDA. • Le succès du Forum paysan dépend de la capacité du FIDA à favoriser la consultation à l’échelle nationale avec des organisations paysannes et à contribuer à satisfaire leurs besoins en matière de renforcement des capacités. • Les participants recommandent, en particulier, d’institutionnaliser les engagements pris avec des organisations paysannes dans le cadre des principaux processus opérationnels du FIDA (projets, stratégies nationales et régionales). (*) Extrait de la déclaration conclusive de l’atelier de 2005. Membres du comité de pilotage du Forum paysan • Fédération Internationale des Producteurs Agricoles (FIPA) • La Via Campesina (LVC) • t (AFA) • Coordinadora de productores familiares del MERCOSUR (COPROFAM) • Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA) • World Forum of Fish Harvesters and Fishworkers (WFF) • World Forum of Fishermen Peoples (WFFP) • Fonds International de Développement Agricole (FIDA) Rapport sur la réunion mondiale du Forum paysan tenue en marge de la trente et unième session du Conseil des Gouverneurs du FIDA, février 2008 Oeuvrer pour que les populations rurales pauvres se libèrent de la pauvreté Table des matières 2 Sigles et acronymes 3 Introduction 5 Section 1: Discours liminaires et déclarations des membres du comité de pilotage 9 Section 2: Évaluation et avenir des partenariats FIDA-OP 2.1 Programmes d’options stratégiques pour les pays (Country Strategic Opportunity Papers, COSOP) 2.2 Conception et exécution des projets 2.3 Financement direct sous la forme de dons 2.4 Processus et principes directeurs du Forum Paysan 2.5 Problématique hommes-femmes 2.6 Système commun de suivi et évaluation (S&E) 15 16 16 17 19 20 21 Section 3: Perspectives régionales 3.1 Questions communes ressortant des débats régionaux 3.2 Spécificités régionales 23 23 25 Section 4: Groupes de travail thématiques 4.1 Accès à la terre: tendances, enjeux et possibilités – rôle et perspectives des OP 4.2 Processus d’élaboration des politiques concernant la petite agriculture familiale: expérience, enseignements tirés, mobilisation et influence des OP 4.3 Changement climatique et petits exploitants: le point de vue des OP 35 35 38 41 Section 5: “Synthèse des délibérations” et réponse du FIDA 5.1 Synthèse des délibérations de la réunion mondiale du Forum Paysan 2008 5.2 Réactions de la direction du FIDA 5.3 Clôture de la réunion du Forum Paysan 47 47 51 53 Annexes Annexe 1: Programme de la réunion Annexe 2: Liste des participants 56 58 Sigles et acronymes FTM/CPM Firaisankinan’ny Tantsaha eto Madagasikara / Coalition Paysanne de Madagascar L’Alliance des Agri-Agences JFU Jordan Farmers’ Union, Jordanie APE Accords de partenariat économique UE/ACP KENFAP Kenya National Federation of Agricultural Producers ASEAN Association of Southeast Asian Nations LVC La Via Campesina MERCOSUR Mercado Comùn del Sur CAFTA-DR Dominican Republic - Central America – USA - Free Trade Agreement MUCECH Movimiento Unitario Campesino y Etnias de Chile CEDEAO Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest ACP Afrique, Caraïbes et Pacifique AFA Asian Farmers’ Association for Sustainable Rural Development AgriCord ONG Organisation non gouvernementale OP Organisations paysannes et de producteurs ruraux CEP Champs École Paysans CIDH Commission Inter-Américaine sur les Droits de l’Homme PAKISAMA Pambansang Kilusan ng mga Samahang Magsasaka, Philippines CIRADR Conférence internationale sur la réforme agraire et le développement rural PROPAC Plateforme sous-Régionale des Organisations Paysannes d’Afrique Centrale COCOCH Consejo Coordinador de Organizaciones Campesinas de Honduras REAF Reuniòn Especializada sobre Agricultura Familiar (MERCOSUR) ROPPA CNFR Comisión Nacional de Fomento Rural, Uruguay Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs de l’Afrique de l’Ouest CNOP Coordination Nationale des Organisations Paysannes du Mali SAARC South Asian Association for Regional Cooperation COPROFAM Coordinadora de productores familiares del MERCOSUR SACAU Southern African Confederation of Agricultural Unions COSOP Programmes d’options stratégiques pour les pays, FIDA / IFAD Country Strategic Opportunity Papers S&E Suivi et évaluation UE Union Européenne UGAV Unión de Ganaderos y Agricultores Vascos/LVC, Pays Basque EAFF Eastern Africa Farmers’ Federation FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture UNAC União Nacional de Camponeses, Mozambique FFFC Federation of Free Farmers Cooperatives, Philippines USMEFAN Union of Small and Medium Scale Farmers of Nigeria FIDA Fonds International de Développement Agricole WAMIP World Alliance of Mobile Indigenous Peoples FIPA Fédération Internationale des Producteurs Agricoles WFF World Forum of Fish Harvesters and Fishworkers FNP Fédération Nationale de Pêche de Mauritanie WFFP World Forum of Fishermen Peoples FNSEA Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles, France WINFA Windward Islands Farmers’ Association 3 4 Introduction Les 11 et 12 février 2008, le Forum Paysan a tenu sa deuxième réunion mondiale en marge de la trente et unième session du Conseil des Gouverneurs du FIDA. Le Forum Paysan a rassemblé plus de 80 dirigeants, représentant des centaines de millions de petits agriculteurs et producteurs ruraux, pasteurs et pêcheurs d’Afrique, d’Asie, d’Europe, d’Amérique latine et du ProcheLa plénière du Forum Paysan, Orient, pour les mettre en contact avec le session d’ouverture, février 2008 personnel et la direction du Fonds international de développement agricole (FIDA). Des représentants de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), des membres de l’Alliance des Agri-Agences (AgriCord) et quelques organisations non gouvernementales (ONG) ont assisté à la réunion en qualité d’experts et d’observateurs. L’un des objectifs de la réunion était d’évaluer les progrès accomplis par les partenariats entre 2006 et 2008. La réunion a été ouverte par la lecture d’un message de bienvenue de Mme Sentinelli, vice-ministre des affaires étrangères du gouvernement d’Italie. Le Président du FIDA, le sous-directeur général de la FAO et chacun des membres du comité de pilotage du Forum Paysan, ont pris la parole pendant la séance d’ouverture pour expliquer les raisons de leur engagement dans le Forum et ce qu’ils attendaient de la réunion et pour évoquer certains des défis auxquels les petits agriculteurs et producteurs ruraux étaient actuellement confrontés. Le FIDA a fait une présentation sur l’évolution de son engagement aux côtés des organisations paysannes et de petits producteurs (OP)1. Au cours de l’après-midi, les participants ont été répartis dans cinq groupes de travail régionaux afin de se pencher sur les progrès accomplis et les objectifs futurs des partenariats FIDA-OP. La première réunion mondiale du Forum Paysan En février 2006, la première réunion mondiale du Forum Paysan s’est tenue à Rome en marge du Conseil des Gouverneurs du FIDA. À l’issue de la réunion, le comité de pilotage a élaboré à l’intention du FIDA une liste de requêtes et recommandations, qui a été présentée au Conseil des Gouverneurs. Au mois de mai de la même année, le Président du FIDA a participé au Congrès mondial des agriculteurs de la Fédération internationale des producteurs agricoles (FIPA) à Séoul. Dans le discours-programme qu’il a prononcé devant le Congrès, le Président a réagi aux recommandations du Forum Paysan et pris un certain nombre d’engagements au nom du Fonds. Le FIDA a préparé un rapport intitulé “Partenariats en action” pour évaluer les progrès réalisés dans les partenariats entre le Fonds et les organisations paysannes. 1 Par “OP” on entend les organisations dont les membres sont des petits exploitants, des agriculteurs familiaux et des producteurs ruraux – y compris les pasteurs, les artisans pêcheurs, les paysans sans terre et les peuples autochtones –, et qui sont structurées au-delà du niveau communautaire, aux échelons local, national, régional et mondial. 5 Le deuxième jour du Forum, des groupes de travail thématiques ont été formés pour examiner: i) l’accès à la terre: les tendances, enjeux et possibilités et le rôle et les perspectives des OP; ii) les processus d’élaboration des politiques concernant la petite agriculture et l’agriculture familiale: expérience, enseignements tirés, mobilisation et influence des OP; et iii) le changement climatique et les petits exploitants: le point de vue des OP. Ces réunions en groupe thématique avaient pour but d’axer les partenariats FIDAOP sur ces questions, choisies en étroite consultation avec le comité de pilotage du Forum Paysan, du fait de l’intérêt particulier qu’elles revêtent pour les OP et leurs membres. Dans l’après-midi, une synthèse des délibérations a été préparée par le comité de pilotage pour présentation, examen et approbation au sein du Forum Paysan, en vue de sa soumission au Conseil des Gouverneurs. La version finale a été présentée lors du forum à la direction du FIDA, qui a fait part de ses réactions avant un débat en plénière. Le Forum Paysan a été clôturé par Kanayo Nwanze, Vice-Président du FIDA. Le programme complet de la réunion figure à l’annexe 1, tandis que l’annexe 2 donne la liste des participants. Un CD-ROM et un DVD sont également fournis avec le présent rapport: le CD-ROM contient le rapport sur la réunion mondiale 2006 ainsi que les documents préparés pour la réunion mondiale 2008 et– y compris le rapport “Partenariats en action”. Le DVD contient des extraits filmés de la réunion de 2008 ainsi que la lecture par E. Penunia, au nom du Forum Paysan, de la synthèse des délibérations, pendant la trente et unième réunion du Conseil des Gouverneurs du FIDA. 6 8 Section 1: Discours liminaires et déclarations des membres du comité de pilotage Patrizia Sentinelli, vice-ministre des affaires étrangères du gouvernement d’Italie, a souligné l’importance du développement rural en tant que pivot de la lutte menée à l’échelon mondial contre la pauvreté et mis en exergue le rôle majeur du FIDA, de la FAO et du Programme alimentaire mondial (PAM) dans ce contexte. Elle a prôné une action urgente et commune “pour favoriser la pleine participation de la société civile et des organisations paysannes aux processus locaux, nationaux et internationaux d’élaboration des politiques”. Mme Sentinelli a expressément rappelé l’importance accordée par le gouvernement d’Italie à la création de nouveaux partenariats internationaux pour le développement rural, ainsi que l’engagement pris par son pays de continuer à soutenir le renforcement du rôle des organisations paysannes. Elle a conclu son message en se déclarant convaincue que “le chemin sur lequel le FIDA et les organisations paysannes se sont engagés ensemble et qui a conduit au Forum Paysan est une avancée importante face aux défis qui nous attendent”. Lennart Båge, Président du FIDA, s’est félicité du nombre croissant de participants, témoignant de la mobilisation autour des objectifs communs. Il a évoqué la nécessité de coopérer face aux enjeux actuels: “Des défis extraordinairement complexes nous attendent […]. L’agriculture est et sera l’activité humaine la plus directement touchée par le changement climatique […]. Des mesures audacieuses doivent être prises en vue de l’adaptation aux changements climatiques et de l’atténuation de leurs effets. [Ceux que vous représentez] ne sont pas seulement les victimes potentielles du changement climatique. Ils sont et doivent être impérativement un élément de la solution. À cet effet, bien entendu, des ressources additionnelles substantielles seront requises. Avec le Forum Paysan […], nous nous engageons à mettre en place un “Avec le Forum paysan, nous nous cadre commun et accessible à tous d’interaction et de partenariat réguliers engageons à mettre en place un cadre commun et accessible à tous entre le FIDA, les organisations de producteurs ruraux et les gouvernements. Mieux encore, nous institutionnalisons ce processus dans d’interaction et de partenariat réguliers entre le FIDA, les tous nos engagements et nous l’intégrons dans les processus organisations de producteurs ruraux opérationnels clés du FIDA. Vous nous avez donné au Forum Paysan et les gouvernements.” 2006, il y a deux ans, des recommandations très précises, et j’ai réagi à ces recommandations en mai 2006 à Séoul quand, au nom du FIDA, j’ai pris Lennart Båge, Président du FIDA un certain nombre d’engagements très spécifiques et concrets. Je suis heureux de pouvoir dire que, sur tous les fronts, nous avons accompli de grands progrès et que nous sommes en passe de faire plus, beaucoup plus […]. C’est aussi une invitation adressée à nos amis de la FAO […]. Nous sommes très attachés à notre partenariat et notre collaboration avec vous, qui nous aide non seulement à donner des réponses pertinentes et efficaces mais aussi, et peut-être surtout, à poser les bonnes questions et voir et comprendre pleinement la réalité dans laquelle nous intervenons.» José María Sumpsi Viñas, sous-directeur général du département José María Sumpsi Viñas, FAO, Lennart Båge, de la coopération technique de l’Organisation des Nations Unies pour FIDA, et Kanayo Nwanze, FIDA l’alimentation et l’agriculture (FAO) et sous-directeur général par intérim 9 du département de l’agriculture, au nom de Jacques Diouf, directeur général de la FAO, a souligné combien il était important pour la FAO de travailler avec les agriculteurs et les petits exploitants, au regard de son mandat, de ses objectifs et de ses activités. Un exemple de cette démarche est la collaboration historique de la FAO et des OP pour la promotion des Champs École Paysans (CEP) visant le renforcement des capacités des OP à l’échelle nationale. M. Viñas a insisté sur l’intérêt de la collaboration grandissante entre le FIDA et la FAO, bien illustrée par l’action que les deux organisations mènent de concert dans le cadre des négociations sur les accords de partenariat économique entre les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et l’Union européenne. Du point de vue de la FAO, il s’agit là “d’un partenariat d’un nouveau genre faisant directement écho aux priorités et aux demandes des organisations paysannes confrontées à des bouleversements fondamentaux de leurs sociétés et de l’environnement mondial. La FAO entend bien se servir de cette expérience et de son solide partenariat avec le FIDA pour concevoir des programmes d’appui répondant mieux aux demandes et aux décisions des OP et de leurs membres”. Jack Wilkinson, président de la Fédération Internationale des Producteurs Agricoles (FIPA), a évoqué l’importance des consultations à l’échelon national et a pris acte des progrès significatifs accomplis jusqu’ici. M. Wilkinson a affirmé “La nécessité de créer le consensus, que c’était l’une des premières priorités que la FIPA continuerait à d’instaurer la confiance et de renforcer encourager, parce que “[…] il n’y a pas eu de consultation dans tous les les capacités des organisations pays et, par conséquent, les chargés de pays du FIDA n’ont pas obtenu les paysannes et des organisations de la informations que les consultations auraient fournies et qui auraient société civile au niveau national est contribué à l’efficacité des programmes du FIDA”. La nécessité de créer le déterminante si l’on veut tirer des bénéfices à long terme des politiques consensus, d’instaurer la confiance et de renforcer les capacités des relatives à l’agriculture et la pêche.” organisations paysannes et des organisations de la société civile au niveau national est déterminante si l’on veut tirer des bénéfices à long terme des Jack Wilkinson, Président de la Fédération Internationale des Producteurs Agricoles politiques relatives à l’agriculture et la pêche. “Le FIDA a aussi accru les (FIPA) dons en faveur du renforcement des capacités à l’échelon national”, a ajouté M. Wilkinson. “Cette action doit être menée avec le souci de promouvoir un consensus national entre les organisations, faute de quoi nous contribuerons à la fracture de la société et, concrètement, à un retour en arrière. Ce souci de consensus devrait être fondamental également à l’échelon régional. Ainsi, si tout fonctionne correctement, la nécessité de tenir un forum tous les deux ans se transforme en l’organisation d’une réunion où l’on constate les nombreux progrès concourant à la réalisation de nos objectifs […]. Je pense qu’il est important de donner plus de pouvoir au comité de pilotage. On nous a Kanayo Nwanze, FIDA et Jack Wilkinson, demandé notre avis sur les membres à inviter et le contenu de l’ordre du FIPA jour mais, pour être franc, nous n’en sommes pas au point où le comité de pilotage organise la réunion […].” M. Wilkinson a conclu son intervention en déclarant: “Je reconnais que c’est un peu tôt. Nous nous félicitons des progrès réalisés. Les prochaines étapes seront déterminantes”. Henry Saragih, secrétaire exécutif international de La Via Campesina/International Operative Secretariat (LVC/IOS): “Les prix des principales denrées alimentaires ont augmenté, rendant la vie extrêmement précaire en particulier pour les consommateurs les plus pauvres. Ce n’est pas dû à la faiblesse de la production. On en est là parce que la production est détournée des filières de produits alimentaires et que les réserves mondiales sont à leur plus bas niveau depuis vingt-cinq ans. La tendance à la surexploitation des ressources naturelles est à l’origine du problème. Le monde des affaires répond comme un seul homme à la demande du nouveau marché des biocarburants, souvent au détriment 10 des petits exploitants. Ceux-ci doivent disposer des moyens de protéger leurs sources de revenus; pour éviter une crise alimentaire majeure, le gouvernement et les institutions publiques doivent créer l’environnement politique correct. Nous espérons que le Forum Paysan et le FIDA proposeront des mesures concrètes pour chacun d’entre nous – l’accès à la terre et à l’eau pour favoriser la production locale durable et ralentir le réchauffement de la planète, et des procédures et des mécanismes transparents et simples. Nous espérons aussi que le FIDA reprendra à son compte les résultats de la Conférence internationale sur la réforme agraire et le développement rural (CIRADR) et aidera les OP à mettre en place des processus de négociation avec leurs gouvernements respectifs concernant les programmes exécutés avec un appui du FIDA dans leur pays. Nous espérons aussi élaborer des programmes spécifiques au niveau national pour les paysans. Les premiers pas ont été faits, mais le chemin est encore long.” Pedro Avendaño Garcès, secrétaire exécutif du Forum mondial des aquaculteurs et des pêcheurs (WFF): “La pêche familiale et les communautés de pêcheurs ne sont pas responsables du problème auquel la planète est confrontée mais sont, au contraire, des éléments de la solution à la crise des principaux secteurs de la pêche. Il n’y a pas trop d’artisans pêcheurs dans le monde, mais il y a trop de flottes de bateaux de pêches venues de très loin. Ces flottes pratiquent une pêche non sélective qui se traduit par le pillage des mers du monde entier. Du point de vue des artisans pêcheurs, la mer n’est pas à vendre. Il s’agit d’une question politique et éthique que nous devons tous nous poser […]. Il devient donc essentiel que ce secteur soit ostensiblement placé sous la protection des organisations internationales agissant dans le domaine du développement rural […]. Cette contribution exige des politiques en faveur de la pêche durable […]. Une application plus large des règlements et principes du droit international, en termes de droits de l’homme, sera certainement bénéfique pour la structuration du secteur de la pêche artisanale afin de réduire la vulnérabilité et l’exclusion sociale des communautés de pêcheurs et des groupes vulnérables de ces communautés, notamment les femmes, les migrants et les personnes âgées… Nous ne sommes pas représentés au niveau politique. La FAO organisera une conférence spéciale sur la pêche en octobre. Nous espérons que le FIDA nous appuiera afin que les organisations de pêcheurs puissent y participer.” Herman Kumara Wijethunge, secrétaire général du Forum mondial des pêcheurs (WFFP): “Les activités conduites par les sociétés internationales, telles que l’aquaculture le long des côtes et dans les plans d’eau, dévastent souvent les zones côtières et entraînent le déplacement des communautés du littoral. La pêche industrielle représente aussi un sérieux problème. Les subventions en faveur de la pêche artisanale sont supprimées, les marchés sont ouverts à la libéralisation du commerce, et tout cela a des répercussions. Les prix baissent et nos pêcheurs ne peuvent pas concurrencer les prix du marché […]. Le WFFP attend du FIDA qu’il considère les pêcheurs comme des partenaires à part entière du processus de développement. Nous espérons aussi que les préoccupations, les “Les prix des principales denrées alimentaires ont augmenté, rendant la vie extrêmement précaire en particulier pour les consommateurs les plus pauvres. Ce n’est pas dû à la faiblesse de la production. On en est là parce que la production est détournée des filières de produits alimentaires et que les réserves mondiales sont à leur plus bas niveau depuis vingt-cinq ans. Des petits exploitants doivent disposer des moyens de protéger leurs sources de revenus.” Henry Saragih, La Via Campesina/ International Operative Secretariat Henry Saragih, LVC/IOS et Nemesia Achacollo, FNMCB, Bolivia “Il n’y a pas trop d’artisans pêcheurs dans le monde, mais il y a trop de flottes de bateaux de pêches venues de très loin. Du point de vue des artisans pêcheurs, la mer n’est pas à vendre.” Pedro Avendaño Garcès, Secrétaire exécutif du Forum mondial des aquaculteurs et des pêcheurs (WFF) Alberto Ercilio Broch, COPROFAM, Pedro Avendaño Garcès, WFF et Herman Kumara Wijethunge, WFFP 11 recommandations et les accords qui ressortiront du forum seront reflétés au Conseil des Gouverneurs et seront concrétisés d’une manière efficace.” Ndiogou Fall, président du Réseau des organisations paysannes et de producteurs d’Afrique de l’Ouest (ROPPA): “Ce forum est un événement exceptionnel et une occasion idéale de comparer nos façons de travailler à celles d’autres organisations. Mais c’est aussi un moment privilégié dans le temps parce que nous pouvons aider le FIDA à aider les pauvres. Les instruments et les outils du FIDA doivent permettre aux OP de mieux s’organiser. Ces dernières années, nous avons lancé, avec le Ndiogou Fall, Président du Réseau des soutien du FIDA, divers projets et programmes visant à renforcer les organisations paysannes et de producteurs d’Afrique de l’Ouest (ROPPA) capacités des OP et à aider les pauvres à tirer parti de certains débouchés économiques. Nous avons enregistré des succès incroyables. Nous avons observé que si l’on mettait sur pied un partenariat fondé en premier lieu sur les priorités des pauvres, un partenariat qui respectait les idées, les rythmes et les mentalités des producteurs, nous pouvions être vraiment très efficaces. Il nous faut donc établir un partenariat à trois plus solide entre les OP, la FAO et le FIDA […]. Les nouveaux défis sont notamment le changement climatique, les biocarburants et les prix des produits agricoles […]. Le FIDA et la FAO peuvent se rendre utiles en fournissant les outils et les véhicules permettant de stopper ces tendances dangereuses pour l’humanité tout entière […]. Nous pensons aussi que la Ndiogou Fall, ROPPA et Makanjuola Olaseinde Arigbede, USMEFAN, Nigeria FAO et le FIDA doivent nous aider à prendre part à la concertation sur la réforme agraire. Nous croyons à l’efficacité de ce partenariat à trois, en particulier parce que, du point de vue de l’accompagnement des OP et du travail à leurs côtés sur le terrain, le FIDA et la FAO disposent d’un “Les agriculteurs sont capables de avantage unique.” mener la lutte jusqu’à un certain point. Makanjuola Olaseinde Arigbede, coordinateur national de l’Union Mais avec un grand frère comme le of Small and Medium scale Farmers of Nigeria (USMEFAN): “Au nom FIDA à leurs côtés, ils peuvent gagner. de tous les petits exploitants d’Afrique, nous sommes très heureux d’être Nous ne demandons pas à une associés à ce processus et de pouvoir vous parler, à vous qui êtes si organisation intergouvernementale importants pour tout ce qui a trait à la production alimentaire et de faire des miracles. Nous l’agriculture dans le monde entier. Les agriculteurs sont capables de demandons, lorsqu’il y a une petite brèche dans les connaissances des mener la lutte jusqu’à un certain point. Mais avec un grand frère comme agriculteurs, aux organisations telles le FIDA à leurs côtés, ils peuvent gagner. Nous ne demandons pas à une que le FIDA d’y remédier.” organisation intergouvernementale de faire des miracles. Nous Olaseinde Arigbede, Coordinateur national demandons, lorsqu’il y a une petite brèche dans les connaissances des de l’Union of Small and Medium scale agriculteurs, aux organisations telles que le FIDA d’y remédier […]. Si Farmers of Nigeria (USMEFAN) nous, en tant qu’agriculteurs ou chefs de file d’agriculteurs, ne sommes pas capables de nous adresser aux autres parties prenantes en termes précis et scientifiques, personne ne nous prend au sérieux. Le FIDA doit jouer ce rôle de soutien, pas seulement en termes d’argent, mais en termes d’assistance susceptible de nous permettre de parler avec autorité. Un autre aspect extrêmement préoccupant est le futur de l’agriculture. Dans bon nombre de nos pays, devenir agriculteur est une calamité. Or, nous nous targuons tous d’être en mesure de contrôler notre production alimentaire, maintenant et dans le futur. Qui va produire? Nous espérons que le FIDA va nous aider à trouver des solutions à ce type de problèmes épineux. Nous avons besoin d’un FIDA qui soit courageux et qui ne courbe pas l’échine devant les grandes puissances.” Estrella Penunia Banzuela, secrétaire générale de l’Association des paysans d’Asie pour le développement rural durable (AFA): “Bien que l’agriculture soit un secteur vital de “Nous avons observé que si l’on mettait sur pied un partenariat fondé en premier lieu sur les priorités des pauvres, un partenariat qui respectait les idées, les rythmes et les mentalités des producteurs, nous pouvions être vraiment très efficaces. Il nous faut donc établir un partenariat à trois plus solide entre les OP, la FAO et le FIDA.” 12 “Nous, les petits agriculteurs et l’économie asiatique, nous, les petits agriculteurs et producteurs, hommes et femmes, qui formons la majorité de la population vivant de l’agriculture, producteurs, hommes et femmes, qui formons la majorité de la population sommes encore pauvres. Notre pauvreté s’explique par l’inégalité de la vivant de l’agriculture, sommes encore distribution des ressources naturelles et économiques et de l’accès aux pauvres. Notre pauvreté s’explique par processus décisionnels. Les processus d’intégration régionale qui se l’inégalité de la distribution des déroulent en Asie ne profitent pas aux petits exploitants. Ils nous déplacent ressources naturelles et économiques un peu plus. Les agricultrices en font particulièrement les frais et, avec et de l’accès aux processus moins de revenus dans nos poches il y a moins d’argent pour décisionnels.” l’alimentation, la santé et l’éducation. Le réchauffement de la planète s’est Estrella Penunia Banzuela, Secrétaire révélé être le problème mondial le plus grave et aussi le plus universel générale de l’Association des paysans d’Asie pour le développement rural durable (AFA) puisqu’il touche tous les citoyens, riches et pauvres. Il a toutefois des retombées d’une gravité disproportionnée sur les petits exploitants, les pêcheurs et les peuples autochtones, alors que nous sommes ceux qui y avons le moins contribué… Nous attendons du FIDA dans ce partenariat qu’il continue à mobiliser ses ressources techniques et financières, ainsi que les ressources de la communauté internationale, pour aider les organisations paysannes à renforcer leurs capacités en matière de recherche, analyse et formulation de politiques, afin qu’elles deviennent capables d’interpeller nos gouvernements et les organismes intergouvernementaux régionaux et internationaux. Nous aimerions avoir plus d’emprise sur les Estrella Penunia Banzuela, AFA projets et programmes du FIDA, tant pour leur exécution que leur évaluation. Aucun d’entre nous n’est actuellement associé à ces projets. “Nous observons dans beaucoup de Nous aimerions savoir s’il est possible que le FIDA ait des représentants pays que les multinationales mettent la d’agriculteurs au sein de ses organes exécutifs décisionnels. Puisqu’il s’agit main sur une grande partie des terres. d’un partenariat, en notre qualité de groupe d’agriculteurs nous voulons Nous devons nous attaquer à ce modèle assumer notre rôle et notre détermination à nous organiser nous-mêmes et d’agriculture particulièrement pervers. à comprendre comment donner le meilleur.” Nous voulons un modèle qui soit Alberto Ercilio Broch, secrétaire exécutif de l’Instance de favorable aux petits exploitants et nous coordination des producteurs familiaux (COPROFAM): “En dépit de sommes convaincus que c’est possible.” tous les efforts qui sont faits, la faim existe toujours et la pauvreté Alberto Ercilio Broch, Secrétaire exécutif de perdure. Du point de vue de la COPROFAM, l’un des facteurs de la l’Instance de coordination des producteurs familiaux (COPROFAM) situation actuelle est le modèle d’agriculture et de développement mis en œuvre dans bon nombre de régions du monde et, en particulier, en Amérique latine – un modèle reposant sur les cultures commerciales et les grandes plantations, qui chasse les petits exploitants et les peuples autochtones hors de leurs terres […]. Nous observons dans beaucoup de pays que les multinationales mettent la main sur une grande partie des terres. Nous devons nous attaquer à ce modèle d’agriculture particulièrement pervers. Nous voulons un modèle qui soit favorable aux petits exploitants et nous sommes convaincus que c’est possible. Quelques-uns des aspects importants sont l’accès à la terre et le régime Alberto Ercilio Broch, COPROFAM foncier, l’accès aux ressources naturelles [et] la mise en place de politiques favorables aux agriculteurs. Nous avons besoin d’un modèle durable aux plans économique et social. Durable en termes de souveraineté foncière et de sécurité alimentaire. Il nous faut consolider le modèle de l’agriculture familiale. C’est pourquoi le FIDA a un rôle non négligeable à jouer. Il est important de continuer à croire en un processus qui implique de travailler de concert avec les associations… mais nous devons renforcer le pouvoir d’action de notre organisation si nous voulons briser le modèle. Voilà pourquoi nous croyons à l’efficacité du processus du Forum Paysan.” 13 14 Section 2: Évaluation et avenir des partenariats FIDA-OP Le processus du Forum Paysan a officiellement démarré en 2006 et est donc relativement jeune. Toutefois, il est devenu beaucoup plus qu’un processus de dialogue entre le FIDA et les OP. Après seulement deux ans, le processus du Forum Paysan a eu des “Le FIDA qui siège avec vous aujourd’hui effets tangibles sur la façon dont le FIDA et les OP travaillent ensemble à n’est pas le FIDA d’il y a deux ans. tous les niveaux, avec des collaborations et des partenariats nouvellement Aujourd’hui plus que jamais nous créés aux échelons local, national et régional. sommes convaincus que, ensemble, “Lorsque nous nous sommes rencontrés, il y a à peine deux ans, nous ne discernions pas clairement les perspectives. Nous étions seulement sûrs de notre bonne foi et partagions l’espoir que des perspectives existent effectivement. Pendant ces deux ans, nous avons étoffé nos relations et approfondi nos connaissances. Nous avons uni nos forces et accompli pas mal de choses ensemble. Le FIDA qui siège avec vous aujourd’hui n’est pas le FIDA d’il y a deux ans. Aujourd’hui plus que jamais nous sommes convaincus que, ensemble, nous pouvons faire changer les choses, en acceptant pleinement notre diversité, nos origines, nos cultures et nos atouts. Nous n’avons plus besoin de tester notre bonne foi. Maintenant, il nous faut planifier ce que nous allons faire et comment nous allons le faire pour que ce soit plus et mieux.” Sappho Haralambous, coordinatrice des politiques du FIDA nous pouvons faire changer les choses, en acceptant pleinement notre diversité, nos origines, nos cultures et nos atouts. Nous n’avons plus besoin de tester notre bonne foi. Maintenant, il nous faut planifier ce que nous allons faire et comment nous allons le faire pour que ce soit plus et mieux.” Sappho Haralambous, Coordinatrice des politiques Une première évaluation officielle du partenariat FIDA-OP a été conduite par le FIDA. Un rapport sur l’évolution des partenariats “Partenariats en action” a été préparé pour informer les participants des progrès réalisés en Sappho Haralambous et Matthew Wyatt, FIDA 2006 et 2007 et faire le point sur les recommandations émises lors de la première réunion mondiale et les engagements pris par le FIDA à leur sujet (le texte intégral du rapport figure dans le CD-ROM joint). La Division des politiques du FIDA a présenté une synthèse du document 2. Pour le FIDA, la conclusion générale de l’évaluation des partenariats 2006-2008 avec les OP est que ceux-ci varient selon: l’engagement personnel des chargés de programme de pays et des équipes de pays; la volonté des gouvernements de travailler avec les OP et leur degré d’implication; et la représentativité et les capacités des OP individuelles, ainsi que leur volonté de se lancer avec leur gouvernement dans des investissements publics visant la réduction de la pauvreté rurale. La propre évolution interne du FIDA, dans le sens d’une présence accrue dans les pays et de la supervision directe de ses projets, favorisera sans aucun doute le renforcement de son engagement. Il n’en reste pas moins que des progrès sont encore nécessaires dans différents domaines. À l’issue de la présentation du FIDA, les partenariats ont fait l’objet d’un débat résumé par thèmes dans les chapitres suivants. 2 La synthèse du rapport intitulé “Partenariats en action” a été présentée par Philippe Remy, coordinateur des politiques du FIDA. 15 2.1 Programmes d’options stratégiques pour les pays (COSOP3) En 2006 et 2007, le FIDA a conçu et approuvé 24 COSOP. La participation des OP à la conception de ces programmes de pays a sensiblement progressé au cours de cette période. Par exemple, en 2007, les OP ont activement participé 4 au processus de conception de 60% des COSOP approuvés, contre 33% seulement en 2006. Les efforts déployés par le FIDA pour associer les OP à la conception et la mise en œuvre de ses stratégies de pays et les résultats qu’il a obtenus ont été unanimement reconnus mais il ne faut pas en rester là. La participation des OP aux programmes de pays du FIDA est encore extrêmement variable d’un pays à l’autre en fonction de l’engagement des chargés de programme. Au-delà de la simple participation des OP à l’élaboration des stratégies-pays, les modalités et l’efficacité des processus de dialogue et de consultation devraient faire l’objet d’un examen particulier: quelles sont les attentes respectives du FIDA et des OP? Les modalités de ces consultations sont-elles satisfaisantes? Comment les personnels des OP et du FIDA jugent-ils leurs interactions dans les processus de préparation des COSOP? 2.2 Conception et exécution des projets Les projets financés au titre de prêts5 représentent l’essentiel des opérations du FIDA et son principal instrument pour atteindre ses objectifs stratégiques. En 2006 et 2007, le Conseil d’administration du FIDA a approuvé 62 projets financés par des prêts, pour un montant total de 1 055 millions d’USD. Les OP ont été consultées pendant le processus de conception de 77% de ces projets, mais à des degrés extrêmement divers selon les projets. Les OP ont aussi activement participé à la conception de plus d’un tiers de tous les projets approuvés en 2006 et 2007. En ce qui concerne l’exécution des projets approuvés pendant la période 2006-2007, dans 39% des cas au moins une OP est membre du comité de pilotage du projet. Pour ce qui est de la conception, la participation effective des OP est extrêmement variable. L’encadré ci-après présente des cas de partenariat entre le FIDA et des OP pour des COSOP et des projets. Ces cas ont été exposés conjointement par le FIDA et les OP partenaires pendant la réunion6. Ici aussi, les participants ont reconnu les efforts déployés par le FIDA pour associer les OP à la conception et à l’exécution de ses projets, et aux résultats obtenus. Cependant, il a également été souligné que cette participation était souvent planifiée au dernier moment, ce qui limite la capacité des OP à fournir une contribution de qualité. La participation des OP à la conception et à l’exécution des projets pourrait s’intensifier encore, à la fois en termes de fréquence et de portée. Quelques représentants d’OP ont ainsi demandé au FIDA d’associer les OP aux processus de négociation entre le FIDA et les gouvernements précédant la signature des accords relatifs aux projets du FIDA. La participation des OP aux projets du FIDA est capitale pour améliorer la qualité, la pertinence, l’efficacité et la pérennité des projets. Toutefois, la question reste posée de 3 Les opérations bénéficiant d’un appui du FIDA sont exécutées au niveau du pays dans le cadre des programmes de pays du Fonds. Les programmes de pays sont définis dans les documents appelés programmes d’options stratégiques pour le pays (COSOP). Le processus du COSOP consiste en un cycle de formulation, d’examen et d’évaluation. Une fois examiné par le Conseil d’administration du FIDA, le COSOP sert de cadre à toutes les activités conduites par le FIDA dans le pays: les projets d’investissement financés au titre de prêts, les dons de pays et les initiatives de concertation sur les politiques, qui sont tous conçus pour se compléter mutuellement. 4 On parle de “participation active” quand des représentants des OP font officiellement partie de l’équipe chargée de l’élaboration du COSOP ou que des OP fournissent des contributions substantielles tout au long du processus de conception du COSOP. 5 Il s’agit de projets de développement publics, et les gouvernements sont les bénéficiaires et emprunteurs directs des prêts financés par le FIDA. 6 M. Paolo Silveri, chargé de programme de pays pour l’Uruguay, et M. Fernando Ariel Lopez Rodriguez, président de la Comisión Nacional de Fomento Rural (CNFR) uruguayenne ont présenté le cas du COSOP de l’Uruguay. M. Benoît Thierry, chargé de programme de pays pour Madagascar, et M. Jean Berthin Rabefeno, secrétaire général de Firaisankinan’ny Tantsaha eto Madagasikara ou Coalition paysanne de Madagascar (FTM/CPM), ont présenté le processus de conception du projet d’appui aux organisations paysannes à Madagascar. 16 Le partenariat FIDA-OP dans la conception des COSOP et des projets En Uruguay, le processus de conception du COSOP se déroule dans un contexte particulier parce que l’Uruguay est l’un des pays pilotes de l’initiative des Nations Unies “Unis dans l’action” pour l’Amérique latine. Dans ce contexte, le FIDA informe et consulte les OP au titre du processus de conception du COSOP, tout en veillant simultanément à la coordination avec les autres organisations onusiennes présentes dans le pays et le gouvernement national. Les représentants des OP ont souligné l’importance de faire participer leurs organisations à la mise en œuvre du COSOP afin qu’ils deviennent des acteurs et des décideurs et pas seulement des bénéficiaires du programme. À Madagascar, la formulation du projet d’appui aux organisations professionnelles d’agriculteurs (projet AROPA), dont le démarrage est prévu en 2008, a mobilisé les représentants de l’ensemble des cinq organisations paysannes faîtières pendant la totalité du processus de conception, y compris les visites de terrain, et s’est conclue par l’organisation d’un atelier participatif rassemblant gouvernement, bailleurs de fonds, ONG et organisations paysannes (60 participants), pendant lequel les composantes du projet ont été définies et articulées en activités. Le même type de participation est prévu pour les prochaines étapes de la conception du programme jusqu’à sa soumission au Conseil d’administration du FIDA. Le projet est cohérent avec l’objectif stratégique du COSOP de Madagascar: autonomiser les OP. savoir quels enseignements tirer des diverses expériences de partenariats en termes de lutte contre la pauvreté rurale? “L’information qui nous est donnée aujourd’hui montre clairement que les choses bougent. Pour nous, ce qui est important c’est de travailler ensemble pour renforcer nos stratégies afin de faire plus et mieux dans le futur.” R. C. João, président de l’União Nacional de Camponeses (UNAC), Mozambique. 2.3 Financement direct sous la forme de dons Le mécanisme d’octroi de dons est l’instrument principal utilisé par le FIDA pour fournir un soutien financier direct aux OP. Comparé à la période 2004-2005, l’appui financier direct du FIDA en faveur des OP a considérablement augmenté. En 2004 et 2005, sept dons ont été affectés directement à des initiatives d’OP. En 2006 et 2007, leur nombre est passé à 34. Le volume des dons a augmenté à l’avenant, passant de 2,4 millions d’USD à plus de 5,8 millions d’USD. Les dons du FIDA en faveur des OP ont financé des initiatives nationales, régionales et mondiales. La plupart d’entre elles portaient sur le renforcement des capacités et la consolidation institutionnelle ou soutenaient la participation indépendante d’OP à des processus d’élaboration des politiques. En ce qui concerne plus spécifiquement l’appui fourni par le FIDA pour permettre aux OP de participer à la concertation sur les politiques, trois plateformes régionales facilitant le dialogue entre les OP et les homologues publics régionaux et nationaux en ont bénéficié: la Commission de l’agriculture familiale (REAF) en Amérique latine, la Commission interaméricaine sur les droits de l’homme (CIDH – IACHR) en Amérique centrale et le Hub en Afrique de l’Ouest. De plus, cinq campagnes de plaidoyer internationales ou actions de concertation sur les politiques et initiatives de recherche ont reçu un appui en 2006 et 2007. L’encadré ci-dessous résume l’exemple présenté lors du Forum Paysan7. 7 M. Ibrahima Coulibaly, président de la Coordination nationale des organisations paysannes (CNOP) du Mali, a présenté ce cas au nom du ROPPA. 17 On pourrait encore envisager une progression du volume de dons octroyés aux OP. Toutefois, elle impliquerait pour le FIDA un coût administratif accru, susceptible d’atteindre rapidement sa limite. Le FIDA pourrait donc préférer fournir des dons en faveur du renforcement des capacités plus substantiels mais moins nombreux, en passant par l’intermédiaire des organisations faîtières régionales et des programmes régionaux (ou sous-régionaux) portant sur le renforcement des capacités à l’échelon national. Les OP pourraient aussi y trouver leur compte. Comment faire en sorte que les “Nous ne demandons pas à une programmes de renforcement des capacités de moyenne et grande organisation intergouvernementale de envergures conduits à l’échelon régional profitent d’une manière efficace et faire des miracles ni de changer le efficiente aux organisations nationales et locales et, en dernier ressort, aux monde […]. Ce partenariat donne au petits producteurs dans les villages? Quel est l’équilibre juste entre FIDA l’occasion de jouer un rôle de subsidiarité et efficacité pour allouer les fonds? Entre large participation, soutien, pas seulement en termes coopération et concurrence au sein des regroupements d’OP? Comment d’argent mais en termes d’assistance faut-il renforcer la capacité des réseaux régionaux de gérer ces programmes susceptible de nous permettre de parler avec autorité.” pour éviter de créer une nouvelle bureaucratie dépendante de financements internationaux? Olaseinde Arigbede, coordinateur national de USMEFAN Les participants au Forum Paysan ont souligné l’importance de continuer sur la lancée actuelle, à savoir l’augmentation année après année du financement par le FIDA de dons directs en faveur des OP. L’appui direct sous la forme de dons vise à renforcer les capacités des OP en matière de concertation sur les politiques et activités liées à la production. Les participants ont plus particulièrement mis en relief: • la nécessité d’appuyer davantage le renforcement de la capacité des OP de participer à la concertation sur les politiques et aux processus de prise de décision, permettant aux représentants des OP de pouvoir négocier avec leurs homologues sur un pied d’égalité. À cet effet, les participants ont insisté sur la nécessité de fournir un appui régulier, sous la forme de ressources financières adéquates et d’assistance technique pertinente. Le partenariat FIDA-OP dans la concertation sur les politiques À la demande des organisations paysannes africaines, le FIDA, la FAO et des ONG européennes sélectionnées ont collaboré en 2006 et 2007 pour épauler la participation des OP au processus de négociation des Accords de partenariat économique (APE) entre l’Union européenne et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). L’objectif était de permettre aux agriculteurs de faire part aux négociateurs des pays ACP de leurs points de vue et de leurs perceptions concernant les APE. Les OP des pays ACP (d’Afrique et des Caraïbes8) ont préparé un exposé commun de leur position concernant l’examen à mi-parcours des APE et l’ont présenté dans diverses instances aux représentants des gouvernements des pays ACP, des institutions régionales ACP et de la Commission européenne. Le soutien concerté du FIDA, de la FAO et des ONG a eu un effet catalytique, en permettant aux OP de plaider pour des APE résolument axés sur le développement durable. Les retombées initiales sont plus particulièrement notables en Afrique de l’Ouest où les OP se sont mobilisées à l’échelon national, ont lancé un dialogue avec la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et ont été capables de participer à la réunion des experts et des négociateurs des pays ACP. Elles ont ainsi été en mesure de participer aux discussions relatives au choix des produits sensibles et ont influé sur la date butoir de signature initialement fixée au 31 décembre 2007. 8 EAFF: Fédération des Paysans et Producteurs agricoles de l’Afrique Orientale; SACAU: Confédération sud-africaine des syndicats agricoles; ROPPA: Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs de l’Afrique de l’Ouest; PROPAC: Plateforme Régionale des Organisations Paysannes d’Afrique Centrale; WINFA: Association des Producteurs Agricoles des Iles Windward, aux Antilles. 18 “Nous ne demandons pas à une organisation intergouvernementale de faire des miracles ni de changer le monde […]. Ce partenariat donne au FIDA l’occasion de jouer un rôle de soutien, pas seulement en termes d’argent mais en termes d’assistance susceptible de nous permettre de parler avec autorité.” Makanjuola Olaseinde Arigbede, coordinateur national de l’Union of Small and Medium Scale Farmers of Nigeria (USMEFAN). • L’importance de lancer un “dialogue économique” avec les organisations professionnelles. À cet effet, le renforcement des capacités aux échelons national et régional est déterminant pour permettre un accroissement de la production. Il est également nécessaire de renforcer les capacités à l’échelon local ou de faire en sorte que les actions de renforcement des capacités menées aux échelons national et régional atteignent la base. “Nous avons besoin du soutien du FIDA dans la communauté internationale pour pouvoir assimiler, reproduire et pratiquer à plus grande échelle l’agriculture durable et biologique, afin de commercialiser nos produits, et nous avons besoin de votre soutien pour que nos gouvernements placent ces initiatives au rang des priorités.” Estrella Penunia Banzuela, secrétaire générale de l’Association des paysans d’Asie pour le développement rural durable (AFA). Globalement, les représentants des OP ont insisté sur le fait que le renforcement des capacités devait faire partie d’un processus de longue haleine permettant au FIDA et à ses partenaires d’obtenir des résultats plus durables et de mettre en place des partenariats plus solides. 2.4 Processus et principes directeurs du Forum Paysan Pendant la période 2006-2007, le processus du Forum Paysan n’a pas suivi l’approche de la base vers le sommet préconisée en 2005, qui prévoyait l’organisation de consultations à l’échelon national complétées par des consultations régionales censées fournir, à leur tour, les bases de travail de la réunion mondiale du Forum Paysan. En pratique, il n’en a pas été ainsi faute de temps et de ressources de la part tant du FIDA que des OP. Ce “modèle” devrait-il être révisé et ajusté? L’accord était que le Forum Paysan serait “régi par les principes de large participation, de pluralisme, d’ouverture et de flexibilité”. Ces principes ont-ils été entièrement respectés? Les représentants des OP ont été d’accord avec l’évaluation du FIDA constatant que le mécanisme de consultation établi en 2005 n’avait pas fonctionné comme prévu. À cet égard, les participants ont réitéré le rôle central du comité de pilotage pour diriger le processus du Forum Paysan et organiser les réunions mondiales bisannuelles. Or, le comité de pilotage joue un rôle consultatif plus qu’un rôle de direction. Les participants ont réaffirmé leur accord concernant la façon dont les prises de décision avaient lieu au sein du comité, mais ont fait valoir que les pouvoirs du comité de pilotage devaient être étendus. Il a été proposé que le comité de pilotage se réunisse régulièrement pour i) évaluer les progrès accomplis par les partenariats FIDA-OP et promouvoir la voie à suivre; ii) échanger points de vue et idées sur les questions importantes pour les membres des OP; et iii) examiner la performance du comité de pilotage lui-même. Dans le même ordre d’idée que le renforcement du rôle du comité de pilotage, certains participants ont demandé à ce que des représentants d’agriculteurs intègrent les organes décisionnels du FIDA afin qu’ils puissent participer aux débats actuels et futurs conduits par le Fonds et représenter le point de vue des OP. Cette suggestion est 19 “Le FIDA ne donne pas de recommandations sur la politique à suivre ; il laisse leur autonomie aux organisations et renforce le pouvoir d’action des organisations paysannes. Nous estimons qu’il est très important d’apporter notre soutien à cette approche du FIDA.” Pedro Peretti, Secrétaire de la COPROFAM considérée comme une étape plus avancée de l’institutionnalisation du partenariat FIDA-OP, permettant aux OP de prendre une part active dans les processus institutionnels du FIDA. “Nous aimerions savoir s’il est possible que le FIDA ait des représentants d’agriculteurs au sein de ses organes exécutifs décisionnels. Puisqu’il s’agit d’un partenariat, en notre qualité de groupe d’agriculteurs, nous voulons assumer notre rôle et notre détermination à nous organiser nous-mêmes et à comprendre comment donner le meilleur.” Estrella Penunia Banzuela, secrétaire générale de l’Association des paysans d’Asie pour le développement rural durable (AFA). À la lumière des expériences de la période 2006-2008, les participants ont réaffirmé les principes généraux du Forum Paysan et souligné leur importance dans le renforcement des partenariats FIDA-OP depuis 2006. Parmi ces principes, celui de la large participation a fait l’objet de débats spécifiques – quelles sont les organisations avec lesquelles le FIDA crée des partenariats et comment sont-elles ou devraient-elles être sélectionnées? Les participants estiment que le processus de sélection, en Pedro Peretti, COPROFAM et Eduardo Buzzi, FAA, Argentina particulier pour les partenariats à l’échelon du pays, n’est pas suffisamment transparent ni propre à favoriser un réel dialogue avec les représentants des ruraux pauvres dans un pays donné. Le FIDA a admis cette faille et insisté sur la nécessité de se pencher très sérieusement sur la question, qui est critique pour la solidité du partenariat mais très complexe à appliquer. Par conséquent, le FIDA a demandé au Forum Paysan de lui donner des conseils pour que la coopération FIDA-OP soit organisée d’une manière productive, systématique et garantissant une large participation. Bien que cela ne figure pas dans les principes du Forum Paysan, les participants ont salué l’aptitude du FIDA à appuyer les OP d’une manière impartiale, en respectant leur autonomie, leur diversité et leur indépendance. Le souci du FIDA d’autonomiser les OP sans entrer dans les considérations politiques a aussi été reconnu. Les participants ont unanimement observé combien il était important que le FIDA reste fidèle à cette approche et continue à s’engager non seulement dans la coopération internationale au sens large du terme mais aussi dans des partenariats avec des organisations actives au niveau du terrain. “Le FIDA ne donne pas de recommandations sur la politique à suivre; il laisse leur autonomie aux organisations et renforce le pouvoir d’action des organisations paysannes […]. Nous estimons qu’il est très important d’apporter notre soutien à cette approche du FIDA.” Pedro Peretti, secrétaire de la COPROFAM. 2.5 Problématique hommes-femmes Les femmes sont encore rares parmi les dirigeants des OP nationales et internationales. Comment le partenariat entre le FIDA et les OP pourrait-il encourager l’accession des femmes à la direction des organisations rurales? Les participants au Forum Paysan ont été unanimes pour préconiser avec force la participation accrue des femmes dans le contexte du partenariat FIDA-OP. La contribution des femmes à l’agriculture et au développement rural, que ce soit au plan quantitatif ou qualitatif, a été soulignée. En général, elles sont pourtant plus pauvres que leurs homologues masculins et fortement sous-représentées à tous les niveaux des OP. C’est pourquoi les participants ont demandé un appui ciblé qui permettrait aux femmes d’acquérir plus de poids au sein de leurs organisations et dans le contexte du Forum 20 Paysan. Ils ont aussi demandé au FIDA de promouvoir les activités susceptibles de favoriser l’indépendance économique des femmes, associées à des activités de renforcement des capacités spécifiques, en vue de leur rendre confiance et d’améliorer leur estime de soi. “Je note que vous avez dit que la problématique hommes-femmes était une question qui nous concernait tous; mais je vous mets en garde. Les gens sont tentés de croire qu’une question est réglée dès que chacun reconnaît qu’elle existe, or, c’est là que l’on risque de repartir en arrière […]. La force tenant au nombre, pourquoi ne pas envisager la définition d’un quota de représentation? Nous ne pouvons rien exiger du FIDA, mais nous pouvons peut-être fixer un objectif – peut-être 30% – […] pour défendre les intérêts des femmes dans l’agriculture.” Karen Serres, présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). “Je note que vous avez dit que la problématique hommes-femmes était une question qui nous concernait tous ; mais je vous mets en garde. Les gens sont tentés de croire qu’une question est réglée dès que chacun reconnaît qu’elle existe, or, c’est là que l’on risque de repartir en arrière.” Karen Serres, Présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), France Le Forum Paysan a demandé au FIDA d’aider les OP à faire participer leurs membres femmes aux processus de gestion et de prise de décision de leurs organisations, en établissant un quota de représentation Laurent Pellerin, AGRICORD et Karen Serres, minimum. Le FIDA a aussi été invité à appliquer un quota minimum de FNSEA, France 30% d’agricultrices dans tous ses programmes, projets, manifestations et activités. Ce quota devra augmenter progressivement à chaque réunion mondiale du Forum Paysan pour arriver à une représentation équilibrée des hommes et des femmes parmi les participants. Il a aussi été proposé d’organiser des consultations féminines aux échelons national et régional afin de fournir des éléments à la prochaine réunion mondiale du Forum Paysan. À l’occasion de celle-ci, une réunion des femmes représentant des OP devrait être organisée (avant la réunion mondiale) afin qu’un exposé commun de leur position, approuvé par toutes, puisse être soumis par les représentantes des OP. 2.6. Système commun de suivi et évaluation (S&E) Les participants ont insisté sur l’importance d’évaluer l’efficacité des partenariats FIDA-OP en termes de développement, en mesurant leur impact sur la capacité d’organisation des petits exploitants; sur l’émancipation des ruraux, hommes et femmes; et, en dernier ressort, sur la réduction de la pauvreté rurale. À cet effet, les participants sont tombés d’accord sur la nécessité de veiller à ce que les futures activités du FIDA privilégient davantage les programmes axés sur des résultats ayant des effets mesurables. L’efficacité du partenariat FIDA-OP en termes de développement et son impact pourraient alors être mesurés grâce à l’établissement d’un système commun de suivi et évaluation. “Il devrait y avoir un programme d’évaluation dans chaque pays où un changement est visible, où la vie des gens a été transformée – ne serait-ce que dans un seul village. Si vous pouvez citer un lieu, quel que soit le pays, où la vie des petits exploitants a été transformée, alors c’est un exemple de ce qui peut être fait. Le succès engendrera le succès si on peut le mesurer.” Leonard Nduati Kariuki, président national de Kenya National Federation of Agricultural Producers (KENFAP). 21 22 Section 3: Perspectives régionales Pendant la session de l’après-midi du premier jour de la réunion mondiale du Forum Paysan, les participants se sont répartis dans cinq groupes de travail régionaux (Afrique de l’Ouest et du Centre, Afrique orientale et australe, Proche-Orient et Afrique du Nord, Asie et Pacifique, Amérique latine et Caraïbes) afin de débattre entre eux et avec le FIDA des progrès accomplis dans le cadre du partenariat depuis la première réunion mondiale de 2006. Tous les groupes ont présenté une synthèse de leurs délibérations en séance plénière. Malgré la diversité et la richesse du débat propre à chaque groupe de travail régional, des questions communes ont émergé dans tous les groupes: i) l’institutionnalisation de la participation des OP à la conception et à la mise en œuvre des stratégies de pays, programmes et projets du FIDA; ii) le financement direct des OP, sous la forme de dons, aux fins de leur participation à la concertation sur les politiques; et iii) la création d’un système commun de suivi et évaluation FIDA-OP. Les débats conduits à l’échelon régional ont permis aux participants de se pencher sur les problématiques et spécificités régionales et d’élaborer des propositions adaptées. 3.1 Questions communes ressortant des débats régionaux Institutionnalisation de la participation des OP à la conception et à la mise en œuvre des stratégies de pays, projets et programmes du FIDA La façon dont les OP pourraient être associées plus efficacement aux stratégies de pays, programmes et projets du FIDA a été longuement examinée. Les groupes régionaux ont cité la pérennité des projets du FIDA comme étant un aspect à améliorer dans toutes les régions et qui pourrait l’être si les OP participaient à la mise en œuvre des stratégies de pays et des projets, en réduisant ainsi le nombre de problèmes apparaissant pendant la phase de l’après-projet. Comme l’a souligné le groupe Asie et Pacifique, l’association des OP aux diverses étapes des activités du FIDA favoriserait l’appropriation des activités du projet par les bénéficiaires. Bassiaka Dao, CPF, Burkina Faso et Jacques Bonou, FUPRO, Benin “Je pense que la valeur ajoutée par les OP dans les COSOP est de les rendre plus pertinents et davantage en prise sur les réalités et les besoins des OP […]. Je pense aussi que la participation des agriculteurs ne devrait pas être limitée à la consultation sur ce qu’est le COSOP ni, simplement, à son examen. Le COSOP, en tant que document de stratégie, peut tout à fait être la propriété des agriculteurs.” Estrella Penunia Banzuela, secrétaire générale de l’AFA. Les OP des régions Afrique de l’Ouest et du Centre et Amérique latine et Caraïbes ont insisté sur la nécessité de mieux répondre à leurs besoins de renforcement des capacités si l’on voulait qu’elles participent efficacement – et en toute indépendance – aux processus de conception, exécution et suivi et évaluation des COSOP et des projets. Le financement 23 direct des OP dans le cadre de la conception et de la mise en œuvre des COSOP et des projets a d’ailleurs été jugé déterminant pour permettre aux OP d’acquérir les capacités techniques appropriées. Dans le souci de corriger la disparité qu’il existe entre les pays dans la participation des OP aux activités du FIDA, les représentants des OP ont proposé l’institutionnalisation de leur participation, moyennant la création de directives opérationnelles destinées au personnel du FIDA, indiquant comment associer les OP aux activités du FIDA, en particulier à l’échelon du pays. Les OP ont aussi souligné que suffisamment de temps et d’information devait leur être accordé pour que se mette en place une interaction constructive. Appui financier direct et flexible pour la concertation sur les politiques Le renforcement des capacités des OP afin qu’elles soient capables de participer aux négociations internationales sur les questions touchant leurs moyens d’existence a aussi été mise en avant par tous les groupes régionaux, en tant qu’étape nécessaire pour que les OP soient en mesure de dialoguer avec les autres parties prenantes sur un pied d’égalité. À cet effet, les OP ont demandé au FIDA d’accroître son appui financier direct en leur faveur. Le groupe Afrique de l’Ouest et du Centre a recommandé que le FIDA opte pour un dispositif de financement plus ambitieux, par exemple avec la création d’un programme de financement pluriannuel – assorti de programmes de travail annuels – propice aux ajustements et flexible, si nécessaire, afin que les OP puissent réagir aux problèmes politiques susceptibles de surgir inopinément. Un tel programme serait aussi respectueux des manières indépendantes et variées dont les OP choisissent de participer aux initiatives de concertation sur les politiques. “Nous pouvons planifier la plupart des activités à l’exception de l’appui en faveur des activités politiques parce que les choses bougent très rapidement d’un jour à l’autre et qu’il est nécessaire de mobiliser des moyens et de réagir très rapidement sur ces questions. Je pense donc que pour ces questions spécifiques, il nous faut réfléchir et voir comment renforcer effectivement nos actions de planification et permettre à nos partenaires d’intervenir au moment opportun.” Ndiogou Fall, Président du ROPPA. De plus, le groupe Afrique orientale et australe a insisté sur le fait que le faible montant des dons du FIDA ne leur permettait pas toujours d’atteindre leurs buts et a recommandé l’octroi de dons plus substantiels pour améliorer leur impact ou leur permettre de passer du niveau local au niveau national. Système de S&E et redevabilité Les groupes régionaux ont recommandé que toutes les actions entreprises soient axées sur les résultats et soient placées sous la responsabilité conjointe du FIDA et des OP. L’importance des mécanismes d’encadrement et de suivi et évaluation a été soulignée par le groupe Proche-Orient et Afrique du Nord pour mesurer l’impact des activités du FIDA. Le groupe Afrique de l’Ouest et du Centre a fait valoir qu’un tel mécanisme de S&E serait aussi utile en aidant les OP à rendre des comptes au FIDA et à leurs propres membres. Le groupe Afrique orientale et australe a insisté sur l’importance des initiatives de renforcement des capacités des OP pour qu’elles participent activement à cette initiative conjointe. Enfin, tous les groupes régionaux sont tombés d’accord pour reconnaître que ce système encouragerait la transparence et générerait des enseignements importants pour les activités futures. 24 “Nous devons mettre au point un système commun de suivi et évaluation des programmes du FIDA avec les organisations paysannes: combattent-ils effectivement la pauvreté? favorisent-ils l’autonomisation? Ce serait une avancée notable.” A. M. Vashee, président de la Confédération sud-africaine des syndicats agricoles (SACAU) et vice-président de la FIPA. 3.2 Spécificités régionales Partenariats FIDA-OP en Afrique de l’Ouest et du Centre Le groupe de travail s’est principalement intéressé à la façon dont les OP pourraient être associées plus étroitement aux programmes et projets du FIDA. Les points suivants ont été plus spécifiquement abordés. Communication et partage de l’information. Le groupe a mis en relief l’importance de l’amélioration de la communication et du partage de l’information aux échelons national et régional entre le FIDA et les OP. Le groupe a insisté sur la nécessité d’avoir une collaboration évolutive entre le FIDA et les OP, qui permettrait au partenariat de se hisser à un niveau supérieur. Une communication et un partage de l’information améliorés sont fondamentaux si l’on veut que les OP collaborent plus aisément avec le FIDA, en ayant facilement accès à l’information nécessaire et en sachant quand et comment intervenir dans les processus du FIDA. En conséquence, le groupe a recommandé la création d’un “bureau” de la communication et de l’information. Cet outil pourrait alors être utilisé pour promouvoir la nature novatrice du processus du Forum Paysan et du partenariat FIDA-OP auprès d’autres organisations et institutions, amplifiant l’impact des enseignements tirés. Le groupe attend de ce processus de diffusion des savoirs qu’il entraîne dans la communauté du développement l’adoption d’approches similaires au Forum Paysan. “Je pense que nous devrions penser au futur parce que le FIDA représente une sorte de tournant. Il représente un élément de changement […]. Il nous faut voir comment bien communiquer dans le cadre de ce processus novateur.” Ibrahima Coulibaly, président de la CNOP du Mali. “Je pense que nous devrions penser au futur parce que le FIDA représente une sorte de tournant. Il représente un élément de changement […]. Il nous faut voir comment bien communiquer dans le cadre de ce processus novateur.” Ibrahima Coulibaly, Président de la CNOP du Mali Ibrahima Coulibaly, CNOP, et Korotoumou Gariko Sanago, ROPPA Appuyer la subsidiarité entre les OP nationales et régionales. À l’issue d’un débat sur les échelons possibles de l’appui en faveur des OP – local, national ou régional – les participants ont convenu que, à la lumière de l’expérience passée, l’échelon régional offrait le meilleur potentiel pour le renforcement des OP lorsqu’elles s’alliaient autour d’un objectif commun. L’action conduite à l’échelon régional a permis aux OP de renforcer leurs actions et de ne pas agir dans l’isolement. Toutefois, c’est une démarche qui peut être suivie seulement si le principe de subsidiarité est clairement défini et si les expériences aux échelons local, national et régional sont partagées et se renforcent mutuellement. Le groupe a aussi abordé plusieurs problématiques influant le développement de l’agriculture familiale dans la région, dont l’accès à la terre et le régime foncier, la prolifération des cultures destinées à la production de biocarburants, le changement climatique et la hausse actuelle des prix des produits alimentaires. 25 Partenariats FIDA-OP en Afrique orientale et australe Le groupe de travail a commencé sa réunion par une brève présentation du personnel de la division régionale du FIDA9. Il a été admis que le FIDA avait plus d’expérience en matière d’appui aux groupements de base qu’en matière de collaboration avec les organisations de producteurs de plus haut niveau (national ou régional). C’est pourquoi la validité des principes d’engagement définis pendant l’atelier de 2005 au moment du lancement du processus du Forum Paysan a été réaffirmée: fournir un soutien aux organisations de niveaux national et régional selon leurs propres priorités stratégiques; permettre aux OP de contribuer à la définition du programme de travail et des stratégies du FIDA; et promouvoir une large participation, c’est-à-dire la collaboration avec toutes les organisations de niveaux national et régional authentiquement représentatives du groupe cible du FIDA. La présentation du FIDA a fourni des exemples de participation d’OP au processus de conception du COSOP à Madagascar, au Rwanda, en Tanzanie et au Kenya, et à des projets du FIDA – des OP au Kenya (KENFAP), à Madagascar (cinq organisations faîtières), au Mozambique (União Nacional de Camponeses – UNAC) et au Rwanda (OP nationales). Le FIDA a aussi présenté plusieurs cas d’appui financier direct en faveur d’OP, aux niveaux national et régional. En outre, le FIDA a exposé sa vision des perspectives futures: i) un accent plus marqué sur le renforcement des capacités et le renforcement institutionnel des OP; ii) la création de liens entre les groupements de la base ayant travaillé avec le FIDA et les programmes d’appui aux organisations paysannes nationales; et iii) le renforcement de la capacité des OP d’offrir des services utiles à leurs membres et d’agir pour défendre leurs intérêts au niveau des politiques. Globalement, le groupe a estimé que le partenariat FIDA-OP avait Elisabeth Mpofu, ESAFF, Afrique orientale et australe, et Andrew Charles Hepelwa, évolué dans le bon sens depuis 2006, tant à l’échelon national qu’à MVIWATA, Tanzanie l’échelon régional. Le débat s’est ensuite centré sur les recommandations et propositions visant l’amélioration du partenariat. Les OP, en tant que bénéficiaires des prêts du FIDA. La possibilité pour les OP de devenir des bénéficiaires directs de prêts du FIDA a été examinée comme un moyen efficace de consolider le partenariat à l’échelon national. Au demeurant, certains participants ont considéré cette éventualité comme une étape naturelle pour une OP ayant la capacité d’administrer les fonds du FIDA. À défaut (spécifiquement, en l’absence de capacité de gestion financière suffisamment solide), il importe de conduire un processus de renforcement des capacités dans un premier temps. Une telle démarche favoriserait une prise en charge progressive des responsabilités et l’appropriation par les OP bénéficiaires des activités entreprises au titre du prêt. Renforcement du partenariat à l’échelon régional. À l’échelon régional, le groupe a recommandé que le FIDA lie les échelons national et régional dans le contexte du processus du Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique (CAADP), puisqu’il s’agit d’un programme d’action clé. Le renforcement des capacités des OP régionales a aussi été recommandé. Le FIDA en tant qu’intermédiaire neutre dans les processus de concertation sur les politiques. Les participants ont reconnu que le FIDA avait un rôle important à jouer, en facilitant la relation entre les OP et les gouvernements. Le FIDA devrait aussi veiller à ce que les priorités de ces deux parties prenantes majeures soient prises en compte dans ses programmes. 9 M. Alessandro Marini, chargé de programme de pays et point focal de la division pour les questions relatives aux organisations paysannes, a ouvert la session par cette présentation. 26 Rôle central de l’appui visant à permettre aux OP d’offrir des services économiques à leurs membres. Le groupe a aussi insisté sur le fait que bien que l’appui en faveur de la concertation sur les politiques soit important, le FIDA ne devait pas oublier les activités ayant des retombées bénéfiques plus immédiates sur la vie des populations rurales pauvres, par exemple le soutien en faveur de l’organisation de systèmes de commercialisation, la mise à disposition de l’information et l’aide aux groupements productifs dans le sens d’une rentabilité accrue. “Je pense que la concertation sur les politiques est un domaine important qui doit bénéficier d’un appui renforcé. Mais, à mon avis, beaucoup de ressources lui sont déjà allouées. C’est bien, mais ça ne devrait pas compromettre d’autres programmes présentant un intérêt plus immédiat et plus pratique pour les agriculteurs.” Leonard Nduati Kariuki, Président national de la KENFAP du Kenya. Le groupe a aussi souligné l’importance de la question foncière et la nécessité de promouvoir des processus d’élaboration des politiques foncières associant les OP de l’échelon local à l’échelon régional. Partenariats FIDA-OP en Asie et dans le Pacifique Le groupe de travail a commencé ses travaux par une présentation10 des raisons profondes pour lesquelles le FIDA souhaitait intensifier son partenariat avec les OP, à la lumière de l’expérience accumulée jusqu’ici. Premièrement, le renforcement du partenariat FIDA-OP a permis à la Division Asie et Pacifique du FIDA de concevoir et exécuter ses projets et programmes plus efficacement. Deuxièmement, la participation des OP aux activités du FIDA a des effets tangibles et positifs sur les institutions agricoles. La troisième raison est le rôle que les OP sont susceptibles de jouer pour améliorer la pérennité des projets du FIDA, une question qui reste d’actualité malgré les efforts déployés par le Fonds, les gouvernements et les OP. Enfin, la collaboration avec les OP est importante si l’on veut que les OP soient capables de répondre d’une manière structurée aux nouveaux risques et défis liés au changement climatique. Cet exposé a été suivi d’une présentation du programme de collaboration régional à moyen terme auquel la division travaille depuis 2006 aux fins du renforcement des capacités des OP en Asie, et qui sera soumis pour approbation au Conseil d’administration du FIDA en avril 2008. Il a été souligné que le programme satisfaisait la demande de nombreux gouvernements asiatiques de travailler de nouveau en partenariat avec le FIDA, tout en répondant à la nécessité de renouveler le pluralisme de cet engagement, ce qui ne pouvait être obtenu qu’avec la participation active des OP. À cet effet, le programme comporte une composante très importante de renforcement des capacités, destinée aux OP et à leurs membres. Les progrès accomplis pendant la période 2006-2008 dans le cadre du partenariat entre la division régionale et les OP ont ensuite été passés en revue dans une présentation11, assortie d’exemples de définition des stratégies de pays (COSOP), de conception et d’exécution de projets et programmes et de financement direct en faveur d’OP (dons). La dernière partie de la présentation a été consacrée à certaines des difficultés rencontrées par le FIDA dans le contexte de son partenariat avec les OP, notamment: i) la concurrence entre les plateformes et réseaux paysans avec lesquels le FIDA travaille, qui n’a pas été propice au caractère largement participatif des consultations; ii) la prise en compte des limites du FIDA et des OP, liées à leur mandat et à leurs 10 La présentation a été faite par M. T. Elhaut, Directeur responsable de la Division Asie et Pacifique du FIDA. 11 La présentation a été faite par M. Sana Jatta, chargé de programme de pays et point focal de la division pour les questions relatives aux organisations paysannes. 27 politiques, dans la conception des programmes de pays du FIDA; iii) la nécessité d’élever le dialogue à un niveau dépassant largement les activités et les besoins quotidiens des OP lors des débats sur les stratégies de pays du FIDA (“shopping list”); iv) le renforcement des capacités des OP indispensable avant qu’elles ne soient associées à l’exécution des programmes du FIDA; et v) la connaissance imparfaite des OP de la région par le FIDA, qui requiert un meilleur recensement afin que tous les partenaires pertinents soient inclus dans le partenariat. Globalement, le groupe a estimé que le partenariat FIDA-OP avait Zainal Arifin Fuat, SPI, Indonésie et évolué dans le bon sens depuis 2006, tant à l’échelon national qu’à Sarath Fernando, MONLAR, Sri Lanka l’échelon régional. Le débat s’est ensuite focalisé sur les recommandations et propositions visant l’amélioration du partenariat. Priorités stratégiques du FIDA dans la région et participation du FIDA aux processus d’élaboration des politiques agricoles. Les projets du FIDA devraient avoir pour objectif principal d’aider les petits agriculteurs à commercialiser leurs produits, ce qui est une priorité majeure dans la région et est aussi considéré comme une condition propre à rendre l’agriculture plus viable et attrayante, en particulier aux yeux des jeunes. En ce qui concerne les politiques, le groupe a suggéré que le FIDA plaide en faveur de politiques de soutien des prix, de politiques qui promeuvent la sécurité alimentaire et la souveraineté alimentaire et – plus important encore – de politiques qui appuient l’accès aux ressources naturelles, en particulier la terre et l’eau. Importance du partenariat tripartite. Au niveau stratégique, le groupe a affirmé la nécessité d’associer les gouvernements aux partenariats FIDA-OP, dans la mesure où l’appui du gouvernement était incontournable si l’on voulait que les partenariats fonctionnent. Le groupe a aussi réfléchi à la façon dont le FIDA pourrait collaborer au mieux avec les gouvernements afin de garantir la “Il y a un troisième partenaire très participation des groupes d’agriculteurs à l’élaboration des politiques et important, c’est le gouvernement. Sans programmes agricoles. le gouvernement à nos côtés, on ne peut pas faire grand-chose.” Raoul Montemayor, Administrateur national de la Federation of Free Farmers Cooperatives (FFFC) et Vice-Président de la FIPA “Il y a un troisième partenaire très important, c’est le gouvernement. Sans le gouvernement à nos côtés, on ne peut pas faire grand-chose. Je pense donc qu’au titre de notre stratégie et de notre approche, nous devrions nous demander comment utiliser l’influence du FIDA, en sa qualité de prêteur, pour pousser les gouvernements à nous écouter?” R. Q. Montemayor, administrateur national de la Federation of Free Farmers Cooperatives (FFFC) et vice-président de la FIPA. La création d’un comité de pilotage régional a été suggérée pour servir d’interlocuteur au comité de pilotage de la réunion mondiale du Forum Paysan. Cette création est jugée nécessaire parce que chaque région a ses propres priorités et caractéristiques qui ne peuvent pas toujours être appréhendées à l’échelon mondial s’il n’existe pas d’échelon régional Hung Nguyen Mahn, VNFU, Vietnam et intermédiaire de réflexion, susceptible de fournir des éléments au débat Raoul Montemayor, FFFC, Philippines de niveau mondial. Enfin, un des points importants qui a été soulevé a été l’intégration régionale. Les OP ont fait part de leurs préoccupations concernant les tendances actuelles en Asie, avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Association of South-eastern Asian Nations, ASEAN) et, en Asie du Sud, avec l’Association sud-asiatique de coopération régionale (South Asian Association for Regional Cooperation, SAARC). 28 “L’intégration va nous obliger à de nouveaux déplacements, nous perdrons nos moyens d’existence, notre patrimoine rural et la culture des communautés agricoles d’Asie.” Estrella Penunia Banzuela, Secrétaire générale de l’AFA. Le groupe a également évoqué quelques questions thématiques telles que l’accès aux ressources naturelles – la terre en particulier – et les prix des produits agricoles de base (voir la section 3). Partenariats FIDA-OP au Proche-Orient et en Afrique du Nord Cette réunion était la première de son genre entre le FIDA et les représentants des producteurs ruraux de la région. Avant toute chose, les participants ont donc été invités à faire mutuellement connaissance et à définir les bases d’une plateforme commune de dialogue. La réunion a débuté par une présentation12 sur le mandat du FIDA et la façon dont il fonctionne et sur le cadre stratégique 2007-2010. Un bref exposé sur les activités du FIDA dans la région Proche-Orient et Afrique du Nord et le processus du Forum Paysan13 lui a fait suite. Les participants ont décrit la genèse de leur organisation, leurs objectifs, leur domaine d’intervention spécifique et leurs principales activités ainsi que la nature de leurs adhérents. Un débat général, centré sur les recommandations des participants concernant leur future coopération avec le FIDA, a ensuite été lancé. Financement direct des OP pour les activités de production. Les participants ont demandé au FIDA de financer directement les OP au moyen de dons afin qu’elles puissent mettre sur pied leurs propres activités productives. Les participants ont estimé qu’il n’était pas toujours nécessaire que le gouvernement serve d’intermédiaire. Ils ont aussi proposé que le FIDA fournisse des fonds aux OP au titre de prêts lorsque les OP ont la capacité financière et administrative de les gérer. “Le fait de négliger l’agriculture aura des conséquences très néfastes sur “L’agriculture n’est tout simplement plus aussi populaire qu’elle l’était l’économie, bien pires que celles dans le passé. L’agriculture est une activité que l’on fait si l’on n’a pas d’une guerre.” d’autre choix. Évidemment, il est impossible de nier que l’agriculture Ahmad Al Faour, Président de la Jordan est un secteur très important puisque c’est à elle que nous devons rien Farmers’ Union (JFU) de moins que notre survie. Le fait de négliger l’agriculture aura des conséquences très néfastes sur l’économie, bien pires que celles d’une guerre”. Ahmad Al Faour, Président de la Jordan Farmers’ Union (JFU). Financement direct des OP pour le renforcement des capacités. Au cours des débats, la nécessité de fournir un appui financier en vue de renforcer les capacités et d’améliorer la formation des petits producteurs et de leurs organisations a été fortement soulignée. Le manque de formations adaptées a été jugé comme un facteur limitant l’aptitude des producteurs ruraux à améliorer leurs moyens d’existence. Taghi Farvar, WAMIP et Ahmad al Faour, JFU, Jordan Gestion des ressources naturelles et savoirs des peuples autochtones et nomades. Le groupe a affirmé la nécessité de reconnaître les savoirs des peuples autochtones et nomades en matière de gestion des ressources naturelles, d’en promouvoir la préservation, 12 La réunion a été ouverte par Mme Mona Bishay, directrice de la Division Proche-Orient et Afrique du Nord. 13 L’exposé a été fait par M. Tawfiq El-Zabri, chargé de programme de pays et point focal de la Division ProcheOrient et Afrique du Nord pour les questions relatives aux organisations paysannes. 29 et de reconnaître aussi leur contribution à la conservation de la biodiversité. Le groupe a fait observer que ces savoirs pourraient servir de base à la promotion de l’agriculture biologique dans la région, qui, en dépit de son potentiel, reste encore à développer. L’agriculture biologique est aussi considérée comme une réponse face aux défis posés par le changement climatique, lequel est cité par les participants comme un sujet de préoccupation majeur. Ils ont instamment demandé au FIDA de les aider à se lancer dans l’agriculture biologique. “Dans bon nombre de pays, les peuples et tribus nomades représentent une minorité au regard de la population totale; cependant, ils contribuent notablement à la production animale de ces pays. Ces peuples concourent ainsi d’une manière disproportionnée, en qualité de producteurs, à l’économie du pays “Les peuples et tribus nomades sont et aux moyens d’existence nationaux. Or, ils sont négligés d’une manière négligés d’une manière encore plus disproportionnée, alors qu’ils sont encore plus disproportionnée, alors qu’ils sont infiniment plus savants en infiniment plus savants en matière de matière de gestion raisonnée des ressources naturelles que la plupart gestion raisonnée des ressources d’entre nous, experts et gouvernements du monde entier.” naturelles que la plupart d’entre T. Farvar, Secrétaire exécutif de l’Alliance mondiale des peuples autochtones nous, experts et gouvernements du mobiles (WAMIP). monde entier.” Taghi Farvar, Secrétaire exécutif de l’Alliance mondiale des peuples autochtones mobiles (WAMIP) Activités de recherche et développement des technologies. Le groupe s’est penché sur la nécessité de participer à des travaux de recherche en agriculture et de promouvoir le développement de technologies accessibles, susceptibles d’être diffusées dans toute la région. Au demeurant, les pratiques techniques inadéquates ont été citées comme l’une des principales contraintes freinant l’accroissement de la quantité et de la qualité de la production, qui pourrait permettre aux producteurs de devenir concurrentiels sur un marché ouvert. C’est notamment le cas quand les normes internationales doivent être respectées. Les activités de recherche doivent aussi porter sur la mise au point de mécanismes de gestion des risques et de compensation adaptés, dont le besoin va devenir de plus en plus pressant avec l’intensification des effets du changement climatique. L’appui du FIDA en faveur de telles activités a été sollicité. Attention portée aux groupes vulnérables – y compris les femmes et les pasteurs. Le groupe a examiné le rôle important des femmes dans l’agriculture, ainsi que le rôle des pasteurs et des éleveurs dans l’économie de la région. Les groupes ont demandé une aide du FIDA pour permettre à ces catégories d’être représentées à tous les niveaux des processus de décision et d’accéder à des fonctions de dirigeants. Les autres questions thématiques abordées par le groupe ont été le changement climatique, la hausse des prix des produits alimentaires et du carburant, et l’accès aux ressources naturelles et leur gestion. Le groupe a conclu la réunion en exprimant son soutien aux agriculteurs palestiniens et aux exploitants travaillant sur le plateau du Golan et dans le sud du Liban. Partenariats FIDA-OP en Amérique latine et aux Caraïbes La réunion du groupe de travail a commencé par une présentation des défis rencontrés par le FIDA dans la région14: i) une collaboration avec des pays à revenu intermédiaire, ce qui exige du FIDA l’adoption de nouvelles approches et de nouveaux outils; ii) une concertation sur les politiques renouvelée et plus concrète; iii) des domaines d’investissement très diversifiés (infrastructures rurales, biocarburants, renforcement des capacités, accès aux marchés); iv) un appui en faveur de nouveaux outils financiers et de prêts en monnaie locale. 14 La présentation a été faite par M. R. Cooke, Directeur par intérim de la Division Amérique latine et Caraïbes du FIDA. 30 La nécessité pour le FIDA de changer ses méthodes de travail dans la région a été soulignée, suite aux changements observés à l’échelon régional, par exemple: i) la transformation radicale des filières alimentaires; ii) le changement climatique et ses effets sur la gestion durable des ressources naturelles; iii) le rôle croissant des envois de fonds par les migrants, dont le montant total est supérieur à celui de la coopération internationale dans la région; iv) l’importance des activités génératrices de revenus extraagricoles ou des micro-entreprises rurales; et v) le développement des technologies de l’information et de la communication. La présentation s’est achevée par un tour d’horizon des activités du FIDA dans la région. Avant que les débats ne commencent, deux représentants d’OP ont exposé à titre d’exemple leur expérience de partenariat avec le FIDA15 pour: la Commission de l’agriculture familiale (REAF) dans le Cône sud et le programme de renforcement des organisations rurales en matière de concertation sur les politiques dans le contexte de l’accord de libre-échange concernant les États-Unis, l’Amérique centrale et la République dominicaine (The Central America-Dominican Republic-United States Free Trade Agreement, CAFTA-DR). L’expérience de la REAF a été présentée comme un bon exemple d’action tripartite rassemblant le FIDA, les OP et les gouvernements nationaux, conjointement engagés dans une concertation sur les politiques relatives aux questions régionales pertinentes. Le soutien technique et financier du FIDA et le dialogue permanent avec les OP et les gouvernements ont été la clé de la création de la REAF. Quatre aspects essentiels du processus ont été recensés: le dialogue permanent, le respect de l’autonomie de tous les acteurs, la disponibilité des fonds nécessaires et la mise en œuvre conjointe des programmes et activités qui ont débouché sur la création de la REAF. Le Programme de renforcement des organisations rurales en Amérique centrale est le fruit des demandes d’aide adressées par des OP au FIDA, dans le contexte des négociations conduites dans la région sur les accords de libre-échange. Il s’agissait pour le FIDA d’une nouvelle expérience dans cette sous-région – exécuter un programme directement avec des OP et non avec des gouvernements –, et plusieurs ateliers et réunions, de même que diverses négociations, ont été nécessai res pour articuler le programme. Les OP sont très supportives de ce processus de consultation FIDA-OP, dans la mesure où il leur permet d’avoir directement affaire au FIDA et d’être les agents d’exécution effectifs du programme. Le respect mutuel de l’identité et de l’autonomie de toutes les parties prenantes a été encore une fois cité comme un facteur clé du succès de ce processus. “Nous sommes convai ncus que les organisations paysannes de la région ont à faire valoir leur autonomie. Nous sommes convaincus que nous avons notre propre identité et nous voulons avoir la possibilité de gérer des programmes. Nous voulons avoir la possibilité de montrer que, dans notre secteur, nous sommes effectivement capables de faire changer d’une manière tangible les conditions économiques, politiques et sociales qui prévalent dans notre région.” F. P. Vásquez López, du Consejo Coordinador de Organizaciones Campesinas de Honduras (COCOCH). Pendant les débats, le groupe a recensé plusieurs questions ayant trait à ce que les OP d’Amérique latine et des Caraïbes attendaient du FIDA et à ce qu’elles estimaient devoir être les priorités du Fonds. De l’avis général, la REAF et les programmes d’Amérique centrale sont des exemples positifs de partenariats FIDA-OP et, globalement, des progrès ont été accomplis pendant la période 2006-2008. Il a aussi été unanimement reconnu que l’on pouvait faire plus. 15 Les exemples ont été présentés par M. Eduardo Buzzi, président de la Federación Agraria Argentina, et M. F. P. Vásquez López, Consejo Coordinador de Organizaciones Campesinas du Honduras. 31 “Il y aura et il y a beaucoup de points faibles [dans le partenariat entre le FIDA et les OP] sur lesquels nous pouvons nous pencher, mais je pense qu’il est important pour nous de réaliser que nous commençons à dialoguer directement et que les organisations paysannes ont la possibilité – bien qu’encore limitée – de s’essayer à influer sur les grandes orientations d’une organisation intergouvernementale. À mon avis, c’est quelque chose à quoi nous devrions tenir et dont nous devrions tirer parti pour voir comment la reproduire avec d’autres organisations intergouvernementales.” Renwick Rose, coordinateur de la Windward Islands Farmers’ Association (WINFA). Vision à long terme des activités de renforcement des capacités. Le groupe a insisté sur le fait que les activités de renforcement des capacités ne devaient pas être des interventions ponctuelles, telles que des ateliers ou des séminaires, mais des programmes suivis et continus adaptés aux besoins des agriculteurs, par exemple les Champs École Paysans (CEP). Ces écoles devraient cibler plus particulièrement les “Je pense qu’il est important pour nous de réaliser que nous jeunes ruraux, les peuples autochtones et les femmes. commençons à influer sur les grandes Politiques et approches différenciées selon les sous-régions et les orientations d’une organisation groupes. Un autre point important étudié par le groupe a été la nécessité intergouvernementale. À mon avis, de conduire des politiques et des initiatives différenciées dans les sousc’est quelque chose à quoi nous régions d’Amérique latine étant donné leurs différences. Par exemple, les devrions tenir et dont nous devrions petits États insulaires des Caraïbes ont besoin d’un appui spécifique pour tirer parti pour voir comment la atténuer leur vulnérabilité en termes de production ou d’exposition aux reproduire avec d’autres organisations catastrophes naturelles. Le FIDA doit prendre en compte ces spécificités intergouvernementales.” ainsi que celles des divers groupes de parties prenantes, tels que les Renwick Rose, Coordinateur de la artisans pêcheurs, les femmes et les jeunes, dont la contribution à la Windward Islands Farmers’ Association (WINFA) production et à la réduction de la pauvreté est souvent sous-estimée. Rôle central d’une communication/d’un flux d’information efficace entre le FIDA et les OP. Le groupe s’est penché sur la disponibilité de l’information relative aux activités du FIDA dans un pays donné et sur la nécessité de mieux la communiquer aux OP, dans la mesure où elle était décisive pour promouvoir et faciliter les actions conjointes du FIDA et des OP et pour assurer la visibilité et la transparence des initiatives entreprises. Le groupe a aussi abordé les questions de l’accès à la terre et à l’eau, du changement climatique, de la souveraineté alimentaire et de la hausse Faustino Torrez Arauz, ATC, Nicaragua et des prix des produits alimentaires. Renwick Rose, WINFA 32 34 Section 4: Groupes de travail thématiques Le deuxième jour de la réunion mondiale du Forum Paysan, les participants se sont répartis en groupes pour débattre des questions suivantes: accès à la terre et régime foncier, rôle et capacités des OP en matière de formulation de politiques publiques et défis et perspectives éventuels apportés à l’agriculture par le changement climatique. L’objectif de ces réunions en groupes thématiques était d’axer les partenariats FIDA-OP sur ces questions. Le résumé des débats est présenté dans les paragraphes qui suivent. 4.1 Accès à la terre: tendances, enjeux et possibilités – rôle et perspectives des OP Les débats de ce groupe de travail thématique du Forum Paysan ont permis au FIDA de connaître l’avis des OP sur son propre projet de politique intitulé “Promouvoir l’accès équitable à la terre et la sécurité foncière pour réduire la pauvreté rurale”, qui a été présenté aux participants. Les débats ont aussi été l’occasion d’examiner les tendances actuelles de l’accès à la terre et du contrôle des ressources naturelles, d’étudier les suites données à la Conférence internationale sur la réforme agraire et le développement rural (CIRADR) et de proposer des moyens d’associer les OP aux consultations sur l’initiative conjointe Union africaine/Commission économique pour l’Afrique/Banque africaine de développement sur la définition d’un cadre politique foncier panafricain. Pour ouvrir la réunion, une brève introduction aux problèmes rencontrés par les petits exploitants en matière d’accès à la terre et de régime foncier, a été présentée par trois organisations membres du comité de pilotage du Forum Paysan16 – le “Si une femme a le malheur de perdre ROPPA, La Via Campesina et l’Association des paysans d’Asie pour le sont mari, s’il meurt et si les enfants développement rural durable (AFA). son encore mineurs, la terre retourne L’exposé du ROPPA a mis l’accent sur la situation difficile des femmes à la famille du mari et la femme se qui n’ont souvent ni accès à la terre ni le droit d’en posséder alors qu’elles retrouve sans rien. Elle n’a pas de comptent pour 52% de tous les agriculteurs. La présentation a aussi mis terre et n’y a plus accès.” en relief le rôle central de l’agriculture familiale, mais aussi la nécessité de Korotoumou Gariko Sanogo, Présidente, dépasser ce type d’agriculture. membre du collège de femmes du ROPPA “En Afrique, nous sommes profondément persuadés que c’est un problème fondamental parce que ce n’est pas vraiment une question d’accès, c’est une question liée à la propriété de la terre puisque les femmes travaillent avec leurs maris sur les exploitations familiales et elles ont accès à la terre aussi longtemps que leur mari est vivant. Mais si une femme a le malheur de perdre son mari, s’il meurt et si les enfants sont encore mineurs, la terre retourne à la famille du mari et la femme se retrouve sans rien. Elle n’a pas de terre et n’y a plus accès.” Korotoumou Gariko Sanogo, Présidente, membre du collège de femmes du ROPPA. 16 Mme Korotoumou Gariko Sanogo, présidente, membre du collège de femmes (ROPPA); M. Pedro Rafael Alegria Moncada, La Via Campesina (LVC); et M. Crispino T. Aguelo, président de PAKISAMA (membre de l’AFA). 35 L’exposé de la Via Campesina a évoqué la Conférence internationale sur la réforme agraire et le développement rural que la FAO a organisée en 2006 à Porto Alegre et rappelé les propositions faites au FIDA à cette époque: le FIDA et la FAO entreprennent la mise en œuvre du plan d’action établi à la conférence et appuient les initiatives de dialogue faisant suite à la conférence, et les programmes et projets du FIDA prennent en compte la possibilité d’agir directement au titre de la CIRADR. La présentation a également comporté plusieurs recommandations concernant les politiques du FIDA: protection des droits de l’homme ainsi que des droits sociaux, culturels, civiques et politiques; prévention de la propriété transnationale des ressources naturelles; coopération directe sans passer par les gouvernements, les ONG ou d’autres organisations. L’exposé de l’AFA a décrit une campagne pour le droit à la terre, récemment conduite avec succès aux Philippines, au cours de laquelle des agriculteurs autochtones ont marché sur 1 700 kilomètres pendant deux mois pour avoir une audience avec le Président afin d’obtenir la restitution de la terre ancestrale dont ils avaient été spoliés par une multinationale pour la production de porcs génétiquement modifiés. La présentation a ensuite mis l’accent sur trois points: la question de la sécurité foncière; l’importance des organisations et mouvements paysans de grande ampleur et efficaces; et le rôle fondamental des alliances de la société civile pour parvenir à se faire entendre dans les prises de décision. Les participants ont fait observer que dans beaucoup de pays les politiques publiques récemment introduites avaient, dans de nombreux cas, exacerbé le problème, dans la mesure où certains types de cultures étaient subventionnés – en particulier pour la production de biocarburant – au détriment de la production des cultures vivrières traditionnelles. L’utilisation de la terre agricole pour ce type de production compromet un peu plus la sécurité alimentaire. Autre aspect déterminant souligné dans la présentation, l’accès à la législation foncière nationale et sa compréhension sont indispensables si l’on veut que les OP soient en mesure de s’attaquer efficacement aux problèmes et de lancer le dialogue avec les autorités nationales. Les OP ont instamment demandé au FIDA un appui urgent pour les aider à renforcer leurs capacités en la matière, à l’heure où les décisions sur le régime foncier se prennent, en particulier en Afrique. “Les pays africains sont particulièrement vulnérables, et si cette tendance continue (des lois foncières favorisant les grandes multinationales), nous sommes assis sur une bombe à retardement; il faut changer de cap, nous devons changer de cap. Nous savons que dans bon nombre de nos pays, en Afrique de l’Est, Afrique de l’Ouest, en Côte d’Ivoire, les guerres en cours – et aussi au Kenya et ailleurs – sont liées au contrôle des terres. Il faut faire quelque chose, et il faut que notre pression se fasse sentir.” Ndiogou Fall, Président du ROPP L’accès à la terre et le régime foncier ont aussi été abordés dans les divers groupes de travail régionaux. Le groupe de l’Afrique de l’Ouest et du Centre a fait part de ses inquiétudes concernant la tendance actuelle à favoriser les expropriations et l’acquisition de terrains par des investisseurs pour les cultures destinées à la production de biocarburant. L’expropriation des terres a fait aussi partie des points examinés dans le groupe Amérique latine et Caraïbes, car l’un des principaux obstacles rencontrés par l’agriculture familiale dans la région est, concrètement, les régimes fonciers en vigueur. Le groupe Afrique orientale et australe s’est penché sur le processus de définition des 36 politiques foncières, actuellement en cours en Afrique. Le groupe Asie et Pacifique a fait état de ses préoccupations pour les nombreux paysans sans terre de la région. Les participants se sont félicités de l’initiative prise par le FIDA d’élaborer une politique sur l’accès à la terre et le régime foncier et ont demandé à ce qu’elle soit promptement approuvée. Le groupe a émis les recommandations clés suivantes à l’intention du FIDA: • Le FIDA, conjointement à la FAO, prend des mesures de suivi de la Conférence internationale sur la réforme agraire et le Sid Ahmed Ould Abeid, FNP, Mauritanie développement rural (CIRADR), et consolide les suites données à et Elisabeth Atangana, PROPAC, Afrique du Centre la CIRADR en Amérique latine et en Asie. • Il appuie le dialogue entre les parties dans les pays où des initiatives sont déjà menées ou sont en passe d’être lancées, par exemple la République dominicaine, l’Équateur, le Honduras et le Népal et le Cône sud en Amérique du Sud. • Il élabore des projets et des programmes portant sur l’accès à la terre et aux autres ressources naturelles, de manière à ce que cet accès profite aussi aux femmes, aux jeunes, aux peuples autochtones, aux éleveurs et aux artisans pêcheurs. • Il révise les cadres juridiques créés avant et pendant les plans d’ajustement structurel, qui limitent l’accès à la terre et aux ressources naturelles des agriculteurs et des peuples autochtones, et il étend les droits des femmes et des jeunes. • Il consolide les partenariats relatifs à l’accès à la terre et aux ressources naturelles. • Il renforce les capacités des organisations paysannes grâce aux activités suivantes: formation; recherche; communication et publications; conseil juridique pour tirer parti des lois existantes qui assurent la protection des droits et pour changer les lois défavorables; assistance technique et financière. • Il aide les organisations paysannes à présenter leurs points de vue et leurs propositions dans le processus de l’Union africaine sur l’adoption de directives relatives aux politiques foncières, en appuyant les études et les réunions sur le sujet. • Il facilite les réunions de femmes et de jeunes pour les aider à utiliser équitablement et légalement la terre, en veillant en priorité à la création d’un accès égalitaire pour les hommes et les femmes. • Il consolide les liens directs avec les organisations proposant une réforme agraire, en tant que nécessité pour la société dans son ensemble et pour le futur. • Le FIDA ne devrait pas apporter son soutien aux projets de sédentarisation des nomades. • Il appuie la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. • Il adopte des politiques qui défendent les droits humains, politiques, économiques, sociaux et culturels dans les cas d’éviction et de criminalisation d’hommes, de femmes et de jeunes. • Il apporte son soutien aux cadres politiques et réglementaires faisant obstacle aux acquisitions de terre transnationales aux fins de la production extensive de biocarburant. • Il approuve les politiques en faveur du renforcement de la dimension socioenvironnementale de l’utilisation des terres. • Il évite de soutenir les actions promouvant des activités qui asservissent les femmes, les jeunes et les enfants. 37 • Il réaffirme une relation de coopération entre lui-même et les organisations paysannes sans intermédiaire (ONG ou autres), directement au moyen des mécanismes fournis par ces organisations. • Il publie un calendrier international des activités relatives aux politiques foncières pour aider les agriculteurs à se préparer à peser sur ces processus. • Il facilite les processus actuels de coordination et de suivi de la situation foncière dans différents pays. • Il renforce le cadre réglementaire régissant l’accès à la terre – les agriculteurs connaissant mal cette législation – et promeut les capacités locales décentralisées. • Il reconnaît les garanties dans les zones périurbaines. • Il crée un fonds pour promouvoir la propriété et la sécurité foncières. Enfin, citant le cas de la Plateforme mondiale des donateurs pour le développement rural, les participants ont demandé au FIDA de les aider à infléchir les décisions des membres influents de cette instance afin qu’ils appuient les organisations paysannes dans le cadre de leurs relations directes et apportent leur entier soutien à la CIRADR. 4.2 Processus d’élaboration des politiques concernant la petite agriculture familiale: expérience, enseignements tirés, mobilisation et influence des OP Les questions clés traitées par ce groupe de travail ont concerné les types d’appui nécessaire pour, d’une part, permettre aux OP de devenir des parties prenantes influentes pendant tout le processus d’élaboration des politiques et, d’autre part, faire en sorte que les pouvoirs publics nationaux promeuvent un espace institutionnalisé de dialogue. L’appui que le FIDA peut apporter aux OP et à la promotion de processus d’élaboration des politiques ouverts a aussi été examiné, de même que les moyens pouvant garantir que la participation des OP aux processus d’élaboration des politiques se traduise positivement sur les moyens d’existence de leurs membres. Les travaux de ce groupe thématique ont débuté par des présentations de membres du comité de pilotage du Forum Paysan – FIPA, COPROFAM et ROPPA17. La FIPA a centré sa présentation sur la complexité inhérente au changement des structures de pouvoir dans un pays, et sur la place des OP dans ce contexte. Un défi majeur qui se pose aux organisations de développement est celui de travailler avec un groupe de ruraux (par exemple, des populations autochtones, des pasteurs) très dispersés et d’assurer une représentation équitable et aussi complète que possible. Le problème du renforcement des capacités a également été mis en exergue, ainsi que la nécessité de recenser les OP d’un pays si l’on voulait conduire un processus systématique de renforcement des capacités. L’exposé de la COPROFAM a rappelé l’histoire du réseau, en faisant ressortir qu’il n’était pas suffisant de “créer des espaces” et que le renforcement des capacités était essentiel, dans la mesure où il n’était pas évident pour les OP de travailler avec les gouvernements ou avec les organisations internationales. La présentation a aussi décrit le cas d’un projet pilote conduit au Paraguay, qui est articulé autour de domaines thématiques – commercialisation, crédit, etc. – et organise des séminaires et des ateliers avec des spécialistes et des représentants à la fois de la COPROFAM et des pouvoirs publics. 17 Ibrahima Coulibaly (ROPPA), Jack Wilkinson (FIPA) et Eugenio Rigoberto Turra Paredes (MUCECH) ont relaté leur expérience de participation à des processus de concertation sur les politiques. 38 “Participer à un processus “Tout gouvernement qui ignore les organisations de la société civile d’élaboration des politiques consiste à quand il élabore ses politiques affaiblit sa propre administration et influencer l’élaboration d’un document menace son propre système démocratique.” d’orientation, mais aussi à exercer une Eugenio Rigoberto Turra Paredes, Président du Movimiento Unitario pression afin que ce document Campesino y Etnias de Chile (MUCECH) devienne un véritable acte politique. Dans sa présentation, le représentant du ROPPA a brièvement évoqué C’est une tâche longue et complexe.” l’histoire des luttes menées en Afrique de l’Ouest pendant la période des Ibrahima Coulibaly, Président de la CNOP ajustements structurels, qui ont abouti à la création, en 2000, dans les du Mali pays sahéliens d’une plateforme d’OP désireuses de faire entendre leur voix dans les processus d’élaboration des politiques. Le ROPPA n’a pas ménagé ses efforts pour associer les agriculteurs à l’élaboration des politiques agricoles conduites dans les quinze pays de la région de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) afin de faire pression jusqu’à l’échelon régional. Cette participation a comporté la tenue d’assemblées électorales pour le choix des délégués et d’un forum consacré à l’examen des politiques agricoles et à la préparation de documents de stratégie. Des documents d’orientation existent effectivement, et le défi sera maintenant de les traduire dans la réalité. “Participer à un processus d’élaboration des politiques consiste à influencer l’élaboration d’un document d’orientation, mais aussi à exercer une pression afin que ce document devienne un véritable acte politique. C’est une tâche longue et complexe.» Ibrahima Coulibaly, Président de la CNOP du Mali Les débats du groupe ont débouché sur l’accord unanime des participants quant à la nécessité de faire participer les ruraux pauvres et les ruraux les plus marginalisés, et leurs organisations, à tous les processus d’élaboration des politiques et de prise de décision et de les inclure dans ces processus. Les participants ont aussi “Je pense qu’ici, le principal enjeu pour fait valoir la capacité des OP de promouvoir des réformes politiques et de nous, en tant qu’organisations paysannes, est de savoir comment nous proposer des solutions, dans la mesure où elles menaient leur propre positionner, alors que les réflexion politique. gouvernements avancent, prenant des engagements sur leurs grandes “Je pense qu’ici, le principal enjeu pour nous, en tant orientations dans tous les domaines qui qu’organisations paysannes, est de savoir comment nous positionner, nous intéressent, et comment faire en sorte que nos préoccupations soient alors que les gouvernements avancent, prenant des engagements sur convenablement représentées, que nos leurs grandes orientations dans tous les domaines qui nous préoccupations soient convenablement intéressent, et comment faire en sorte que nos préoccupations soient prises en compte?” convenablement représentées, que nos préoccupations soient Philip Kiriro, Président de l’Eastern Africa convenablement prises en compte?” Farmers’ Federation (EAFF) Philip Kiriro, Président de l’Eastern Africa Farmers’ Federation (EAFF) Il a également été rappelé que la réforme des politiques n’est pas une action immédiate mais un processus de longue haleine; le principal message transmis au FIDA a donc été la nécessité d’adopter une perspective à long terme pour appuyer l’engagement des OP dans la promotion d’un processus d’élaboration des politiques concerté. Certains groupes de travail régionaux ont aussi abordé la façon dont les processus d’élaboration des politiques se déroulaient au niveau régional. Comme déjà mentionné dans la section sur les partenariats Philip Kiriro, EAFF et Ajay Vashee, SACAU, et Vice-Président, FIPA 39 “Quand on parle d’influencer les politiques, il ne faut pas s’imaginer que les organisations paysannes seules sont capables d’influencer les politiques, même s’il s’agit de politiques agricoles, parce que les politiques agricoles touchent le reste de la société.” régionaux, le groupe Amérique latine et Caraïbes s’est penché sur les expériences de la REAF et de l’Amérique centrale, faisant ressortir l’importance de l’environnement politique spécifique de chaque sousrégion pour la création d’un environnement propice à une concertation tripartite sur les politiques entre le FIDA, les gouvernements et les commissions économiques régionales et les organisations de ruraux pauvres. Le groupe Asie et Pacifique a proposé que le FIDA épaule les politiques de soutien des prix, les politiques qui promeuvent la sécurité Renwick Rose, Coordinateur de la WINFA alimentaire et la souveraineté alimentaire et – plus important encore – les politiques qui appuient l’accès aux ressources naturelles, en particulier l’eau et la terre. Le groupe Afrique orientale et australe a étudié la façon dont les processus d’élaboration des politiques se déroulaient aux échelons national, sous-régional et régional. Le groupe a émis plusieurs recommandations à l’intention du FIDA au sujet des processus nationaux et régionaux d’élaboration des politiques. Aux échelons régional et national, le FIDA devrait: • créer les conditions propices au dialogue entre les OP et les gouvernements et les entités régionales, au moyen de forums et de conseils institutionnalisés voués à la concertation, comme il l’a fait pour la REAF à l’échelon régional; • étayer les efforts de renforcement des capacités des réseaux régionaux et nationaux d’OP, moyennant des activités de formation et d’accompagnement de longue durée et des écoles et universités rurales pour les dirigeants des OP; • appuyer la formulation et l’institutionnalisation des politiques et investissements publics favorables à l’agriculture familiale; • soutenir l’instauration d’alliances clés avec des ONG et d’autres parties prenantes pour promouvoir la réforme des politiques; • encourager la mobilisation des OP aux échelons régional et national pour améliorer l’information sur la réforme des politiques et la promouvoir; “Je pense qu’un des enseignements que nous avons tirés est l’importance des alliances, de travailler avec d’autres organisations de la société civile. Quand on parle d’influencer les politiques, il ne faut pas s’imaginer que les organisations paysannes seules sont capables d’influencer les politiques, même s’il s’agit de politiques agricoles, parce que les politiques agricoles touchent le reste de la société.” Renwick Rose, Coordinateur de la WINFA • appuyer le recensement des OP à l’échelon national et l’analyse de leurs forces et de leurs faiblesses; “Avant toute chose, il faut savoir qui est sur les rangs, quelles sont les organisations qui sont prêtes à contribuer et participer, quelles sont les capacités dont elles ont besoin pour une participation convenable et légitime et comment les doter de ces capacités.” C. A. Gouet Enriquez, directeur de programme de développement de la FIPA • fournir une aide flexible et de longue durée pour renforcer les capacités des OP en matière de plaidoyer et d’élaboration des politiques, afin que les OP deviennent capables de formuler et de mettre en œuvre les politiques et de définir en toute autonomie leur propre position au sujet des politiques publiques; 40 • promouvoir la participation des OP aux projets bénéficiant d’une aide du FIDA afin que la réforme des politiques soit déclenchée par les OP et non par les directeurs des projets du FIDA; • resserrer les liens entre les programmes régionaux du FIDA visant des réformes politiques (tels que la REAF) et leurs “sections” nationales; • créer des “bureaux d’information” sur les processus d’élaboration des politiques en cours et les processus planifiés aux échelons national et régional pour permettre aux OP de prendre part à la concertation sur les politiques et à leur réforme; • promouvoir l’inclusion des pasteurs, pêcheurs, populations autochtones et autres parties prenantes importantes des zones rurales dans les processus de concertation sur les politiques; • encourager la participation accrue des femmes, des jeunes et des groupes les plus marginalisés aux processus de prise de décision. Le groupe de travail a conclu la réunion en déclarant que dans toutes ses actions aux côtés des OP, le FIDA devait appuyer leur développement autonome et promouvoir la diversité, la participation la plus large et le pluralisme. 4.3 Changement climatique et petits exploitants: le point de vue des OP Le groupe a débattu des façons dont les populations rurales pouvaient être aidées à s’adapter au changement climatique et à tirer mieux parti des fonds qui sont alloués au niveau mondial aux programmes d’adaptation. De plus, la question de savoir comment les ruraux pouvaient bénéficier des mécanismes actuels d’atténuation des émission de gaz à effet de serre (GES) a aussi été soulevée par les participants, qui ont particulièrement insisté sur la possibilité de rémunérer les petits exploitants pour leurs contributions en terme de services environnementaux. En outre, le rôle des organisations paysannes et de petits producteurs dans la conception et la mise en œuvre des politiques et stratégies liées au changement climatique a été examiné. Enfin, le groupe s’est penché sur le rôle du FIDA et la manière dont il pouvait aider les OP dans ce contexte. La réunion du groupe a débuté par des présentations de deux organisations membres du comité de pilotage du Forum Paysan18, la FIPA et La Via Campesina. Ces présentations ont brièvement évoqué le problème du changement climatique, soulignant sa nature systémique qui exige des solutions également systémiques. L’exposé de la FIPA a décrit les principaux facteurs faisant obstacle à l’adaptation au changement climatique et à l’atténuation des émissions de GES, à savoir: la détérioration des ressources naturelles du fait de l’érosion et de la salinisation des sols, de la pollution de l’eau, de la dégradation des terres, des processus de désertification, de la diminution de la biodiversité et des ressources en eau; des cadres politiques incomplets qui ne sont pas mis en œuvre; et des infrastructures rurales qui ne sont pas capables de supporter les conséquences du changement climatique. La présentation s’est ensuite centrée sur les mécanismes susceptibles d’aider les OP à s’adapter au changement climatique ou à contribuer à l’atténuation des émissions de GES. Ont été cités en particulier les crédits carbone, l’introduction d’avantages fiscaux pour inciter les agriculteurs à adopter des pratiques agricoles plus durables et l’établissement de dispositifs d’assurance appropriés, en particulier des garanties d’assurance récolte. 18 M. Paul Nicholson, Unión de Ganaderos y Agricultores Vascos (EHNE/UGAV – La Via Campesina), et M. Ajaykumar Manubhai Vashee, Président de la Confédération sud-africaine des syndicats agricoles (SACAU), Vice-président de la FIPA. 41 “Il nous faut changer les modes de production, de transport, de consommation – tous ces modèles. Nous avons affaire à des problèmes systémiques et nous devons leur faire face dans le même esprit, en opérant des changements radicaux; il est nécessaire de changer nos habitudes sociales et économiques et nos habitudes de consommation.” Paul Nicholson, de l’Unión de Ganaderos y Agricultores Vascos (EHNE/UGAV), Espagne Paul Nicholson, EHNE, et Taghi Farvar, WAMIP “Nous devons avancer avec des méthodes plus novatrices de gestion des risques, en particulier pour les petits exploitants. Si on ne les aide pas, la pression sur la terre va augmenter, il y aura davantage de déforestation tandis que les populations vont se déplacer vers de meilleures zones écologiques, ce qui peut déboucher sur des conflits.” Ajay Vashee, SACAU et Vice-président de la FIPA “Nous devons avancer avec des méthodes plus novatrices de gestion des risques, en particulier pour les petits exploitants. Si on ne les aide pas, la pression sur la terre va augmenter, il y aura davantage de déforestation tandis que les populations vont se déplacer vers de meilleures zones écologiques, ce qui peut déboucher sur des conflits autour de l’eau, autour de la terre, du fait de la migration. Ce sont des problèmes graves, et il est peut-être temps que les organisations multilatérales examinent comment nous pouvons éventuellement perfectionner leurs interventions.” A. M. Vashee, Président de la Confédération sud-africaine des syndicats agricoles (SACAU) et Vice-président de la FIPA La présentation de La Via Campesina a décrit les répercussions de l’agriculture industrielle et du modèle de production agricole actuel sur le réchauffement de la planète. Elle a aussi présenté l’idée que la promotion des biocarburants était une mauvaise solution, dans la mesure où elle contribuait aujourd’hui au réchauffement climatique. Dans ce contexte, la petite agriculture a un rôle central à jouer dans la “guérison” de la planète. Les petits exploitants, en pratiquant une agriculture durable, luttent contre le réchauffement climatique. Par conséquent, il convient de mettre au point des modèles promouvant le développement d’une agriculture à petite échelle incompatible avec les systèmes d’agriculture industrielle. “Vous devez examiner la situation sans envisager d’atténuer le problème ni chercher des échappatoires. Il nous faut changer les modes de production, de transport, de consommation – tous ces modèles. Nous avons affaire à des problèmes systémiques et nous devons leur faire face dans le même esprit, en opérant des changements radicaux; il est nécessaire de changer nos habitudes sociales et économiques et nos habitudes de consommation.” Paul Nicholson, de l’Unión de Ganaderos y Agricultores Vascos À l’issue du débat, le groupe est tombé d’accord sur une série d’observations relatives au changement climatique. Il y a eu un consensus pour dire que si le changement climatique avait des effets négatifs sur les petits exploitants, leurs organisations avaient un rôle très important à jouer dans la lutte contre ses impacts. Une autre observation a été que les populations ne disposaient que d’une information imparfaite sur le changement climatique, ses causes et ses effets sur les agriculteurs et leurs moyens d’existence. En outre, le cadre réglementaire et juridique est inadapté pour traiter le problème du changement climatique, en particulier dans les pays en développement. Enfin, les participants ont attiré l’attention sur le fait que, en dépit des effets que le changement climatique avait sur eux, les ruraux pauvres étaient exclus du débat à son sujet. Le changement climatique et les mesures d’atténuation et d’adaptation ont aussi été abordés dans les groupes de travail régionaux. Le groupe de travail Afrique de l’Ouest et du Centre a examiné le problème d’un point de vue global: les effets du changement climatique sur l’agriculture et le rôle joué par les petits exploitants pour les atténuer; les liens entre le changement climatique, la terre, la production de biocarburant et la flambée 42 des prix des denrées alimentaires. Le groupe Amérique latine et Caraïbes a mis en évidence comment le changement climatique accroissait la vulnérabilité des petits agriculteurs et des artisans pêcheurs, en particulier dans les petits États insulaires, du fait de l’augmentation du nombre de catastrophes naturelles et de l’aggravation de leurs effets. Le groupe Proche-Orient et Afrique du Nord a mis en lumière les dangers du rythme actuel du processus de désertification et a exprimé ses inquiétudes concernant la durée croissante des périodes de sécheresse. Les petits exploitants et leurs organisations peuvent jouer un rôle central dans la lutte contre le réchauffement de la planète. Ils peuvent faire partie intégrante de la solution Hausse des prix des produits alimentaires, production de biocarburant et gestion des ressources naturelles Bien que les questions relatives au régime foncier, au changement climatique et à la concertation sur les politiques aient été examinées séparément par les trois groupes de travail thématiques, elles ne sont nullement indépendantes les unes des autres. Leur interdépendance a été clairement mise en évidence lors des débats des groupes, en particulier quand il a été question de la hausse des prix des produits alimentaires et de la production de biocarburant. La hausse des cours des produits alimentaires de base sur les marchés mondiaux qui frappe les consommateurs – en particulier les plus pauvres – a été unanimement désignée comme l’un des principaux sujets de préoccupation. Les participants ont mentionné cette tendance dans les cinq groupes de travail régionaux et souligné que, à la différence des tendances traditionnelles, la hausse actuelle des cours des produits alimentaires n’était pas provoquée par une baisse de la production vivrière mais plutôt par un détournement des produits alimentaires vers les filières de production de biocarburants. L’impact actuel et futur de cette tendance sur la sécurité alimentaire ne va pas sans soulever une forte inquiétude. Un autre sujet de préoccupation est la pression que la production de biocarburant crée sur les terres. Plusieurs participants ont insisté sur la nécessité d’approfondir l’analyse de cette question, afin que les OP puissent adopter une position sur le sujet, en toute connaissance de cause et en tenant compte de ses conséquences à long terme; ce point a été soulevé plus particulièrement par le groupe de travail Afrique de l’Ouest et du Centre qui a demandé au FIDA un appui spécifique en la matière, dans la mesure où la question de la production de biocarburant était aussi source de litige entre les producteurs eux-mêmes. “Il est difficile de faire comprendre aux gens que l’on peut, bien entendu, gagner de l’argent en faisant telle ou telle chose, mais qu’il vaut mieux ne pas le faire parce que ce sont des activités sans futur. Les gens pensent au présent. Ils ont des problèmes immédiats qu’ils doivent résoudre, et c’est la raison pour laquelle ils font certains choix de court terme.” Ibrahima Coulibaly, Président de la CNOP du Mali. Des participants ont aussi exprimé leur préoccupation concernant la tendance à défricher les forêts pour laisser la place aux cultures destinées à la production de biocarburant. Cette situation est considérée comme étant en complète contradiction avec une des raisons présentées pour promouvoir ces cultures, à savoir, lutter contre le changement climatique. “Il existe un gigantesque domaine de recherche demandant à être exploré que nos gouvernements ne financent pas […].Nous en savons assez sur les biocarburants pour dire “s’il vous plaît, comme avec les organismes génétiquement modifiés, appliquons le principe de précaution: nous n’en voulons pas tant que nous n’en savons pas plus”. Il n’y a rien à perdre en agissant ainsi, alors qu’en recherchant l’argent facile et en compromettant le patrimoine futur de l’agriculture vous ne ferez rien d’autre que détruire vos propres pays.” Makanjuola Olaseinde Arigbede, Coordinateur national de l’USMEFAN. Bon nombre de participants, conscients des liens entre le changement climatique, la production de biocarburant, la gestion des ressources naturelles – la terre et l’eau en particulier – et la hausse des prix des produits alimentaires, ont demandé au FIDA de les aider à approfondir leurs connaissances pour renforcer leurs capacités à en débattre au niveau politique. 43 grâce à leur rôle dans la gestion durable des ressources naturelles. À partir de ce constat, le groupe de travail a émis des recommandations clés à l’intention du FIDA: • Promouvoir les modèles d’agriculture durable à long terme, conçus pour combattre le réchauffement de la planète et les autres défis liés au changement climatique. • Aider les OP à jouer un rôle actif dans le plaidoyer et la concertation sur les politiques avec les gouvernements et dans les forums internationaux. • Fournir des informations et proposer des programmes de formation aux petits exploitants, en particulier les jeunes, afin qu’ils puissent comprendre les effets du changement climatique et mieux s’y adapter. • Inclure la question du changement climatique dans ses COSOP et en tenir compte dans ses projets et programmes. • Promouvoir des programmes de recherche pour faire face à la nouvelle amplitude du changement climatique. Ces programmes devraient être liés aux demandes des groupes locaux et être conçus pour y répondre spécifiquement. • Contribuer à la mise en place de mécanismes de gestion des risques et d’assurance, adaptés aux effets et impacts du changement climatique. • Faciliter l’accès aux fonds d’adaptation et d’atténuation existants et, le cas échéant, faire en sorte de les rendre plus accessibles aux petits exploitants. Le groupe a conclu ses travaux en demandant au FIDA d’appuyer la participation des OP à la conférence de la FAO intitulée “Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale: les défis du changement climatique et des bioénergies”, qui se déroulera à Rome en juin 2008, et de les aider à s’y préparer. 44 46 Section 5: “Synthèse des délibérations” et réponse du FIDA Dans l’après-midi du deuxième jour de la réunion, une version préliminaire de la synthèse des délibérations a été présentée aux participants du Forum Paysan pour observations et validation. Le document a été préparé conjointement par les membres du comité de pilotage à partir des débats des deux jours de la réunion. Les participants ont entériné la version préliminaire des délibérations et chargé le comité de pilotage de rédiger la version finale. Celle-ci a été lue par Mme Penunia, au nom du Forum Paysan, à la trente et unième session du Conseil des Gouverneurs du FIDA et est présentée ci-après. “Ce forum de dialogue et d’échanges constructifs est un événement émouvant et très spécial. Nous construisons en ce moment quelque chose de nouveau au sein de la structure des Nations Unies, et il existe un réel espoir que le FIDA devienne un puissant instrument grâce auquel nous pourrons véritablement changer la situation de milliers, voire de millions, d’agriculteurs, de paysans et de pauvres de ce monde.” Alberto Broch, Directeur exécutif de la COPROFAM. 5.1 Synthèse des délibérations de la réunion mondiale du Forum Paysan 2008 La faim empire et la pauvreté persiste dans le monde rural. L’inégalité va croissant, de pair avec la précarité et la vulnérabilité. Des défis extraordinairement complexes se profilent – du réchauffement de la planète à l’érosion de la biodiversité, en passant par l’épuisement des ressources naturelles et la demande croissante de produits alimentaires et d’énergie pesant sur l’agriculture. L’adoption d’une approche du développement agricole radicalement différente s’impose – une approche qui rétablisse la capacité de régénération de la nature et de l’agriculture elle-même. Les cours mondiaux des produits alimentaires et fourragers s’envolent du fait, tout au moins en partie, du développement de la production de biocarburants à l’échelle industrielle, des effets du changement climatique et de l’exclusion des communautés agricoles de l’accès à la terre, à l’eau, aux mers et aux semences. Dans le même temps, des centaines de millions de petits exploitants, de paysans sans terre, d’éleveurs, de pêcheurs et d’autochtones – dont une majorité de femmes – mènent une lutte acharnée pour nourrir leur famille et améliorer leurs conditions de vie. Les jeunes n’ont pas d’autre choix que d’abandonner la terre et l’agriculture. Dans un tel contexte, le mandat et l’objectif du FIDA – œuvrer pour que les ruraux pauvres, hommes et femmes, se libèrent de la pauvreté grâce à une plus grande autonomie économique, sociale et politique – sont plus importants et pertinents que jamais. Nous, participants au Forum Paysan tenu en marge du Conseil des Gouverneurs du FIDA, demandons aux gouvernements des États membres du Fonds de cibler sans délai leurs politiques et leurs investissements sur la petite agriculture et les moyens d’existence en milieu rural. De plus, nous prions instamment les membres du FIDA d’accroître leurs 47 contributions au Fonds afin que celui-ci puisse améliorer l’impact de son action sur le terrain en faveur des populations rurales pauvres. En outre, nous tenons à souligner que l’action et l’engagement du Fonds pour l’autonomisation des populations rurales pauvres peuvent gagner en efficacité en s’inscrivant dans un partenariat avec les organisations d’agriculteurs et de ruraux et avec les gouvernements. Considérant les deux années écoulées depuis la première réunion mondiale du Forum Paysan, nous reconnaissons que le FIDA a fait des efforts tangibles et accompli des progrès notables afin de donner des suites aux recommandations que nous, participants au Forum Paysan, vous avons présentées en février 2006. Nous constatons que le FIDA change effectivement ses façons de travailler dans nos pays afin de permettre la participation accrue des organisations paysannes et de producteurs ruraux à l’élaboration de ses stratégies et de ses projets avec les gouvernements. De fait, il s’agit là d’une tendance croissante que nous souhaitons voir se poursuivre et s’accélérer. Nous reconnaissons également les efforts déployés par le FIDA pour nous aider à renforcer les capacités de nos organisations de producteurs, par le biais d’un appui financier direct et axé sur la demande en faveur de nos membres et du soutien des plateformes régionales de concertation sur les politiques, par exemple la REAF du MERCOSUR en Amérique latine et l’examen de l’accord de partenariat économique entre l’Union européenne et les pays ACP. De plus, nous prenons acte de la réponse apportée par le FIDA à notre demande de le voir s’engager davantage sur les questions foncières auxquelles se heurtent les producteurs ruraux pauvres. À cet égard, nous nous félicitons du projet de politique “Promotion de l’accès équitable à la terre et de la sécurité foncière pour réduire la pauvreté rurale” et sollicitons instamment son approbation et sa mise en œuvre par la direction et le Conseil d’administration du FIDA. En outre, nous sommes satisfaits du rapport que le FIDA a présenté sur ses partenariats avec nous, organisations de producteurs ruraux, de son esprit de transparence et de la rigueur avec laquelle il rend compte, qui ont fortifié la confiance entre nous et élargi les perspectives de collaboration. Plus nous apprenons à nous connaître, plus nous devenons exigeants Effectivement, nous, participants au Forum Paysan, estimons qu’il est possible de faire davantage et d’une manière plus systématique, et que les progrès accomplis jusqu’ici sont partiels et variables selon les pays. Notre collaboration doit être institutionnalisée pour que nous puissions mener plus efficacement notre action commune – lutter contre la pauvreté rurale et promouvoir l’agriculture familiale et les autres moyens d’existence en milieu rural, principalement l’élevage et la pêche. Le processus du Forum Paysan se conformera toujours aux principes établis il y a trois ans: respect mutuel, pluralisme, ouverture, large participation, transparence et promotion de la reconnaissance réciproque de l’autonomie et de l’indépendance des organisations paysannes. Ces principes devraient aussi régir les rapports des organisations paysannes avec leurs membres, et respecter l’obligation de leur rendre compte. Principes d’engagement. Au vu de l’évolution de la collaboration, nous estimons que le moment est venu de décider de principes d’engagement communs régissant notre interaction. Ces principes devront être élaborés en 2008. Nous, participants au Forum Paysan, recommandons que ces principes d’engagement soient examinés et approuvés par le Conseil d’administration du FIDA et débouchent sur 48 l’élaboration de directives opérationnelles précises visant principalement l’application de ces principes aux échelons national et régional. Participation aux programmes de pays du FIDA. Le Forum Paysan recommande que le personnel du FIDA reçoive des directives précises concernant la participation systématique des organisations paysannes à la formulation, l’exécution et l’évaluation des stratégies et programmes de pays. À cet effet, il convient de prévoir du temps pour l’interaction et de fournir des informations pertinentes et des ressources spécifiques afin que les OP soient en mesure de prendre une part active aux programmes de pays du FIDA et sachent ce que ce dernier fait dans un pays donné. Le FIDA devrait approfondir sa propre connaissance des organisations paysannes et de producteurs ruraux (OP) dans chaque pays afin d’encourager une concertation accrue sur les politiques entre les organisations, les gouvernements et lui-même. Concernant les programmes et projets du FIDA, les participants au Forum Paysan sont convaincus que les OP ont la capacité d’administrer directement les projets et d’en assumer la responsabilité. La question n’est pas uniquement celle du partenariat entre le FIDA et les OP, mais aussi celle de la promotion d’un environnement propice à l’intensification du dialogue entre les OP et les gouvernements afin de le rapprocher d’un dialogue d’égal à égal. Contrôle des résultats et mise en place d’un système commun de suivi et évaluation. Un principe important qui régira notre collaboration sera l’attention à accorder aux résultats sur le terrain et aux systèmes renforcés de suivi et évaluation mettant les OP à contribution. Ces systèmes favoriseront aussi le respect de l’obligation, pour le FIDA et les organisations paysannes, de se rendre mutuellement des comptes aux fins de la réalisation de leur objectif commun: lutter contre la pauvreté et la faim en milieu rural. Financement direct en faveur des OP. Les participants au Forum Paysan demandent au FIDA de fournir, sur le long terme et de façon régulière, un appui financier direct, en particulier par l’entremise de nos organisations faîtières nationales et régionales. Ces ressources devraient permettre aux OP de se renforcer et de se structurer à plus haut niveau, et d’améliorer leur niveau de connaissance et d’information ainsi que leur aptitude à participer aux processus d’élaboration et de mise en œuvre des politiques, en faisant preuve d’efficacité et de flexibilité. De leur côté, les organisations de producteurs participant au Forum Paysan s’engagent à administrer ces ressources selon les principes d’une gestion financière saine et à rendre compte au FIDA, avec rigueur et en temps voulu, de l’utilisation des fonds et de l’impact sur le terrain. Appui en faveur de la participation des jeunes à l’agriculture et au développement rural. Dans le cadre de son partenariat avec les organisations paysannes, le FIDA doit accorder une plus grande attention aux jeunes. À cet effet, les partenariats doivent privilégier l’accès des jeunes à la terre et aux autres ressources productives, ainsi que le contrôle de ces moyens de production par les jeunes, le renforcement des capacités et l’apport d’un appui ciblé et des incitations nécessaires pour que les jeunes se lancent dans l’agriculture et misent sur les moyens de subsistance ruraux. Appui en faveur de la participation des femmes à l’agriculture et au développement rural. Nous, participants au Forum Paysan, souhaitons insister sur l’importance de la présence et du rôle des femmes, en termes tant quantitatifs que qualitatifs. Les agricultrices sont rarement reconnues en tant que productrices dans leur propre droit économique et social distinct. Elles se heurtent souvent à des difficultés pour accéder à la formation, au crédit et aux ressources naturelles, notamment la terre et l’eau. En outre, les agricultrices sont sous-représentées à tous les niveaux des organisations paysannes et ne peuvent donc pas faire entendre leurs besoins spécifiques. En 49 conséquence, les agricultrices sont encore plus pauvres que leurs homologues masculins. C’est pourquoi, nous demandons au FIDA d’aider les organisations paysannes à faire participer leurs membres femmes aux processus de gestion et de prise de décision de leurs organisations, avec l’établissement d’un quota minimum de femmes occupant des postes de direction fixé à 30%. Nous invitons également le FIDA à appliquer un quota significatif d’agricultrices participantes (au moins 30%) dans tous ses programmes, activités et initiatives. Nous recommandons aussi que, dans le cadre de la prochaine réunion mondiale du Forum Paysan, une réunion préparatoire soit organisée avec un groupe spécialement créé pour examiner les problèmes spécifiques des femmes, qui seront ensuite présentés au Forum. Pêcheurs. Nous, participants au Forum Paysan, demandons au FIDA de soutenir les organisations d’artisans pêcheurs et les efforts qu’elles déploient pour améliorer les moyens d’existence de leurs membres. Nous demandons plus spécifiquement au FIDA: - de renforcer la capacité des communautés de pêcheurs et de leurs organisations de pratiquer une exploitation et une utilisation durables des ressources halieutiques et de prendre part à la concertation sur les politiques avec les gouvernements et les organisations intergouvernementales, aux niveaux national, régional et international; - d’investir davantage de ressources dans la protection de la biodiversité des zones côtières; - de promouvoir l’aquaculture artisanale; et - de promouvoir les pratiques de conservation et transformation des produits de la pêche et l’accès aux marchés nationaux et internationaux. Pasteurs. Les politiques, programmes et projets du FIDA devraient tenir compte des spécificités propres aux pasteurs et aux autres peuples autochtones nomades – mobilité saisonnière, utilisation de territoires multiples et systèmes fonciers à assise communautaire, notamment. Ils devraient par ailleurs prendre en considération leurs capacités spécifiques et uniques en matière de gestion durable des ressources naturelles, ainsi que leur aptitude à faire front au changement climatique grâce à la mobilité saisonnière spatiale et temporelle. Nous, participants au Forum Paysan 2008, prions instamment le FIDA de poursuivre et d’intensifier sa collaboration avec la FAO, en particulier dans les trois domaines suivants: appui aux organisations paysannes et de producteurs ruraux; suites données à la Conférence internationale sur la réforme agraire et le développement rural; et organisation de la conférence sur le changement climatique, la sécurité alimentaire et l’agriculture et de la conférence sur les pêches. Par ailleurs, nous exhortons le FIDA à encourager la mobilisation de la société civile autour de ces deux événements d’envergure internationale. Le Forum Paysan a donné lieu à l’organisation de trois groupes de travail thématiques sur trois problèmes spécifiques rencontrés par les producteurs ruraux pauvres: - Accès à la terre: tendances, enjeux et possibilités. Rôle et perspectives des organisations paysannes et de producteurs ruraux; - Changement climatique et petits exploitants: le point de vue des OP; - Accès aux processus d’élaboration des politiques: possibilité pour les organisations paysannes et de producteurs ruraux d’exercer une influence en faveur de l’agriculture familiale. 50 Compte tenu de la richesse des débats et de la variété des opinions et des recommandations émises dans les groupes, les rapports correspondants sont joints en annexe au présent document. 5.2 Réactions de la direction du FIDA Des membres de la direction du FIDA ont participé à la dernière séance plénière de la réunion mondiale du Forum Paysan et suivi les débats sur la mise en forme définitive de la synthèse des délibérations. Ils ont eu la possibilité de réagir à la synthèse et d’exprimer leur point de vue sur le processus du Forum Paysan dans son ensemble. Des engagements ont donc été pris concernant les partenariats FIDA-OP. Les déclarations sont résumées ci-dessous. Kevin Cleaver, Président adjoint responsable du Département gestion des programmes: “Nous sommes tous concernés par plusieurs des changements qui bouleversent le Monde à l’heure actuelle. Vous avez été nombreux à mentionner le changement climatique et la dégradation de l’environnement. L’envolée très rapide des prix des produits de base, profitable pour les uns et préjudiciable pour les autres, fait partie de nos préoccupations. Nous voulons savoir ce qui se passe et dans quelle mesure nous pouvons intervenir davantage dans cette situation. Nous sommes intéressés par les biocarburants. Nous sommes intéressés par les questions sociales, les conflits – à l’intérieur et entre les pays – l’eau. […] Nous sommes concernés par les institutions de bailleurs de fonds […]. Alors quel est notre intérêt? Nous voulons travailler avec les organisations paysannes. L’un des grands changements dans les paradigmes concernant les bailleurs de fonds tels que le FIDA est qu’ils ne travaillent plus exclusivement avec les gouvernements. […] La tendance pour le futur est que des projets seront soumis aux institutions telles que la nôtre par des gens tels que vous – en collaboration avec vos gouvernements, les organisations de la société civile, le secteur privé – et que nous évaluerons ces projets comme le fait une banque, avant de les financer. “Je pense qu’ici nos intérêts coïncident. Je vous entends revendiquer un rôle plus important. Ce jour arrive, même s’il met trop de temps à arriver […]. Nous avions promis, au FIDA, que nous vous associerions, vous les organisations paysannes, aux programmes de pays, et c’est ce qui se passe. Certains d’entre vous font observer que les choses évoluent trop lentement dans certains endroits. Je trouve donc tout à fait justifié de votre part d’insister. Nous agirons d’abord auprès des gouvernements – n’oubliez pas que nous sommes une organisation des Nations Unies, nous appartenons aux gouvernements. […] Dans chaque équipe de gestion de programme de pays on devra trouver des représentants d’organisations paysannes. C’est une question de bon sens. Leur présence contribuera à améliorer la qualité des projets. “Les dons: nous vous octroyons beaucoup plus de dons directement. […] C’est dans notre intérêt à tous. Et nous allons disposer de plus d’argent. La conception des projets: je pense qu’il est intéressant pour vous d’avoir davantage de composantes qui vous touchent directement et que vous pouvez peut-être gérer vous-mêmes. […] Et je pense que c’est ce qui ressortira de votre participation à la conception des programmes et Olaseinde Arigdebe, USEMFAN, Nigeria, Ndigou Fall, ROPPA, Kevin Cleaver, Kanayo Nwanze, Sappho Haralambous, Jean-Philippe Audinet, Matthew Wyatt, Gunilla Olsson, FIDA “Je vous entends revendiquer un rôle plus important. Ce jour arrive, même s’il met trop de temps à arriver […]. Nous avions promis, au FIDA, que nous vous associerions, vous les organisations paysannes, aux programmes de pays, et c’est ce qui se passe. Certains d’entre vous font observer que les choses évoluent trop lentement dans certains endroits. Je trouve donc tout à fait justifié de votre part d’insister.” Kevin Cleaver, Président adjoint responsable du Département gestion des programmes, FIDA Olaseinde Arigbede, USMEFAN, Nigeria, Ndiogou Fall, ROPPA, et Kevin Cleaver, FIDA 51 projets de pays. […] Ce sera déterminé par votre interaction avec vos gouvernements, vos membres et nos équipes, et variera selon les pays. Exécution des projets: je suis heureux de pouvoir vous informer d’une réforme très importante au sein du FIDA. Traditionnellement, le FIDA sous-traitait la supervision de ses projets. Nous avons décidé de nous en occuper nous-mêmes, ce qui va être une véritable révolution dans l’institution parce que notre personnel sera sur le terrain, faisant et appuyant beaucoup plus fréquemment la seule chose qui compte, à savoir l’exécution du projet. Et ce sera un lieu d’interaction sur les aspects concrets. “Enfin, il n’y a guère eu de débat au sujet de la concertation sur les politiques alors que l’environnement politique nous gouverne tous. […] Le FIDA ne s’y est pas impliqué beaucoup par le passé; mais ce sont des préoccupations que vous entendez autour de cette table, et l’une de nos tâches sera de dialoguer, dans chaque pays, avec des partenaires autres que les bailleurs de fonds et les gouvernements sur ces questions, ne serait-ce que pour nous instruire nous-mêmes sur la façon dont vous envisagez leur évolution. “Je repars du Forum Paysan extrêmement satisfait. Imaginer un tel événement il y a dix ans aurait été inconcevable.” Matthew Wyatt, Président adjoint reponsable du Département affaires extérieures: “J’attends avec impatience ces prochains jours pour pouvoir lire les conclusions que vous avez tirées, en savoir plus sur les débats et avoir l’occasion de discuter avec vous. Mais le message très clair qui m’est parvenu est le suivant: premièrement, depuis la première réunion d’il y a deux ans il y a beaucoup plus de participation et de nombreux progrès ont été accomplis dans la façon dont un grand nombre d’entre vous – pas encore tous – sont désormais capables de travailler avec nos programmes, avec nos projets et d’influencer ce que nous faisons. Et c’est évidemment une évolution très positive. Mais l’autre chose dont je suis conscient est que pour bon nombre d’entre vous, ça n’arrive pas suffisamment vite. […] Nous faisons tous les efforts possible pour y arriver, et y arriver d’une manière systématique. Vous pouvez constater que la direction du FIDA est vraiment très soudée dans cette démarche, et que nous souhaitons apporter des réponses dans la mesure du possible. “En ce qui concerne l’influence sur l’élaboration des politiques. En notre qualité d’organisation des Nations Unies et institution financière “Plus notre enracinement et nos liens internationale, nous avons effectivement accès, jusqu’à un certain point, avec vous seront forts plus nous aux processus internationaux d’élaboration des politiques, et notre pourrons vous aider et être de meilleurs mission, bien entendu, est d’utiliser cet accès pour parler au nom des partenaires dans ce processus.” ruraux pauvres, des agriculteurs pauvres, des pêcheurs, des populations Matthew Wyatt, Président adjoint forestières, des peuples autochtones. Notre influence est évidemment responsable du Département affaires limitée, mais l’une des raisons pour lesquelles nous avons tout de même extérieures, FIDA une influence est que nous jouissons d’une certaine légitimité dans ces instances du fait du travail que nous conduisons sur le terrain, en général avec les ruraux pauvres et les organisations telles que les vôtres. C’est pourquoi je pense que plus notre enracinement et nos liens avec vous seront forts plus nous pourrons vous aider et être de meilleurs partenaires dans ce processus. C’est donc une autre bonne raison pour laquelle, à mon avis, il est très important pour nous tous d’essayer de renforcer effectivement ces partenariats et d’y parvenir. Car en dernier ressort, ce qui nous unit est bien plus important que ce qui nous divise, et je suis persuadé qu’en travaillant côte à côte nous serons capables Sappho Haralambous, Jean-Philippe Audinet, Matthew Wyatt et Gunilla Olsson, FIDA d’obtenir de bien meilleurs résultats.” 52 Le point de vue du délégué d’un État membre, le Canada “Je pense que cette manifestation, marquée par une si vaste représentation d’organisations paysannes du monde entier, est extrêmement importante. Nous pensons que le dialogue qui se déroule en ce moment même est – si je peux me permettre de reprendre le mot employé par le Vice-Président du FIDA – “révolutionnaire”. Nous pensons que ce type de dialogue va déboucher non seulement sur une meilleure collaboration mais aussi sur quelque chose de particulièrement important dans le débat aujourd’hui – des résultats sur le terrain. Ce sont les organisations paysannes qui agissent sur le terrain et si nous ne collaborons pas avec ces acteurs nous n’obtiendrons pas de résultats concrets. “Je trouve extrêmement important que vous ayez pris le temps de venir pour dialoguer avec nous. Je pense que les délégations siégeant au Conseil des Gouverneurs accorderont aux déclarations que vous préparez la plus grande attention, et nous espérons donc disposer d’assez de temps pour les examiner attentivement. J’estime qu’il est aussi extrêmement important que la direction du FIDA ait pris le temps de délibérer sur les questions que vous avez soulevées. Ainsi que quelqu’un l’a fait observer dans la salle, tout est consigné, et nos propos nous engagent donc tous – la direction du FIDA, vous-mêmes, et nous-mêmes les États-membres du FIDA.” Gunilla Olson, Directrice exécutive du Plan d’action du FIDA: “Je trouve que vos recommandations sont absolument et parfaitement cohérentes avec tout ce que nous avons fait au FIDA dans le cadre de notre programme de réforme afin de devenir plus efficace dans le futur; je ne peux que m’en réjouir. “Le Cadre stratégique couvre dans ses objectifs et priorités stratégiques les questions qui vous préoccupent et que vous avez voulu mettre en lumière – les partenariats et le renforcement du pouvoir de nos partenaires étant deux des six principes du cadre stratégique. Nos COSOP, les stratégies de pays et tous nos engagements au niveau du pays sont conçus de manière à faciliter effectivement un partenariat plus étroit à l’avenir. “Le travail de fond est donc déjà fait, en termes de processus de réforme interne du FIDA. Nous passons aujourd’hui à sa mise en œuvre et à sa généralisation. Les principes d’engagement et les directives que vous avez recommandés et qui devront être produits en 2008 vont dans le sens des réalisations et des plans qui sont déjà à l’ordre du jour de l’organisation”. 5.3 Clôture de la réunion du Forum Paysan La réunion mondiale du Forum Paysan a été clôturée par K. Nwanze, Vice-Président du FIDA, qui a conclu par ces mots: “Pendant ces deux jours, nous avons débattu et délibéré sur une grande variété de questions importantes. Nous avons évoqué les partenariats, les populations rurales, les agriculteurs et les gouvernements. Vous avez souligné aussi les progrès que nous, au FIDA, avions faits, et vous nous avez appelés à renforcer les organisations rurales. Il existe effectivement une confiance croissante et une meilleure collaboration entre vous et nous, et cela signifie aussi que vous serez plus exigeants vis-à-vis de nous. Vous nous demandez de relever ce défi. Vous nous avez demandé d’étudier l’institutionnalisation de nos efforts, en particulier du point de vue de notre présence sur le terrain. Vous avez recensé des 53 éléments clés – pluralisme, respect mutuel, indépendance des OP. Vous nous avez demandé d’élaborer en 2008 des principes d’engagement à examiner avec nos organes directeurs. Une requête a été formulée concernant le contrôle des résultats sur le terrain, le suivi et évaluation, et vous nous avez demandé de nous pencher sur la possibilité du financement direct. “Ces deux jours ont été extrêmement gratifiants. Ces recommandations vont très loin. La profondeur des débats est représentative de la profondeur de votre engagement. J’ai pris acte en particulier des actions entreprises avec vous pour apporter le changement. Les recommandations que vous avez émises ont été dûment notées et seront examinées par la direction du FIDA. Je tiens à vous garantir qu’il ne s’agit pas simplement d’un processus destiné à rester dans les tiroirs. C’est un processus visant à permettre au Fonds d’intervenir plus efficacement dans le développement. Nous “J’ai pris acte en particulier des étudierons les principes d’engagement qui continueront à régir nos actions entreprises avec vous pour partenariats avec comme principes directeurs la transparence, le respect apporter le changement. Les mutuel et l’obligation de rendre des comptes. recommandations que vous avez émises ont été dûment notées et “Il existe sans aucun doute des possibilités que nous pourrons seront examinées par la direction du exploiter pour renforcer notre action commune. Il y a des défis déjà FIDA. Je tiens à vous garantir qu’il ne anciens, et d’autres qui émergent. Il est incontestablement légitime de se s’agit pas simplement d’un processus préoccuper de l’accès à la terre et du changement climatique. Nous destiné à rester dans les tiroirs. C’est sommes déterminés à intégrer cette question dans tous nos programmes un processus visant à permettre au aux échelons national, régional et mondial. Comme vous le savez, Fonds d’intervenir plus efficacement vendredi débutera la session relative à la huitième reconstitution de nos dans le développement.” ressources. Nous demanderons une augmentation des contributions en Kanayo Nwanze, Vice-président, FIDA faveur du FIDA. Mais lorsque nous le ferons, nous voudrons savoir dans quelle mesure ce que nous faisons est avéré par le témoignage de ceux qui sont sur le terrain – vous-mêmes, pour qui nous travaillons, les agriculteurs, les éleveurs, les femmes, les pasteurs, les pêcheurs, les peuples autochtones –, les ruraux pauvres. Ce sont les effets de notre travail sur vos vies qui parleront pour notre action et cautionneront l’utilisation des fonds investis dans le FIDA”. 54 ANNEXE 1 Programme de la réunion Réunion mondiale du Forum Paysan tenue en marge de la trente et unième sessiondu Conseil des Gouverneurs du FIDA Palais des congrès, Rome 11-12 février 2008 Lundi 11 février 2008 9h00-10h15 Session d’ouverture • Ouverture du Forum • Tour de table: tous les participants se présentent (nom, organisation, pays). • Allocution de M. Lennart Båge, Président du FIDA. • Déclaration de M. José María Sumpsi Viñas, sous-directeur général du département de la coopération technique et sous-directeur général par intérim du département agriculture de la FAO. • Interventions des représentants des organisations paysannes, membres du comité de pilotage: FIPA, LVC, WFFP, WFF, ROPPA, AFA, COPROFAM. 10h15-10h30 Pause 10h30-13h00 Tendances et faits nouveaux concernant les partenariats entre le FIDA et les organisations paysannes et de producteurs ruraux (OP) • Rapport sur l’évolution des partenariats entre 2006 et 2008 • Trois représentants d’OP relatent leur expérience de collaboration avec le FIDA dans le cadre des COSOP, de la conception et de l’exécution des projets, des processus de concertation sur les politiques aux niveaux régional et sousrégional. • Débat général • Préparation des réunions des groupes de travail régionaux 13h00-14h00 Déjeuner 14h00-16h00 Progrès réalisés et objectifs futurs des partenariats FIDA-OP : réunions des groupes de travail régionaux • Afrique de l’Ouest et du Centre • Afrique orientale et australe • Asie • Amérique latine et Caraïbes • Proche-Orient et Afrique du Nord 16h00-16h15 Pause 16h15-17h15 Séance plénière: comptes rendus des groupes de travail régionaux sur les principales orientations et la portée des partenariats entre le FIDA et les OP 17h15-18h45 Séance plénière: débat général sur l’évaluation et l’avenir des partenariats entre le FIDA et les OP 56 18h45 Cocktail 20h00 Séance de travail nocturne du comité de pilotage sur les recommandations concernant l’évolution des partenariats FIDA-OP Mardi 12 février 8h30-9h00 Séance plénière: préparation des réunions des groupes de travail thématiques 9h00-11h30 Réunions des groupes de travail thématiques A. Accès à la terre: tendances, enjeux et possibilités. Rôle et perspectives des OP • Articulation et mise en œuvre de la politique nationale • Suites données à la CIRADR • Initiative Union africaine/CEA/BAfD sur le cadre politique foncier panafricain • Projet de politique du FIDA sur l’accès à la terre et la sécurité foncière • Partenariats FIDA-OP pour la promotion de politiques d’accès à la terre et de sécurité foncière favorables aux pauvres B. Processus politiques concernant la petite agriculture familiale: expérience, enseignements tirés, mobilisation et influence des OP • Exemples d’expériences réussies aux niveaux national et régional • Rôle des OP dans la promotion et la formulation de politiques agricoles favorables aux pauvres • Rôle du FIDA en matière d’appui à la participation des OP aux processus d’élaboration des politiques C. Changement climatique et petits exploitants: le point de vue des OP • Priorités des OP concernant l’adaptation et l’atténuation • Paiement des services environnementaux • Rôle des OP en matière de formulation de politiques et de stratégies liées au changement climatique • Rôle du FIDA dans la création d’un espace institutionnel et politique propre aux OP et dans l’appui à la participation des OP aux processus d’élaboration des politiques liées au changement climatique 11h30-13h00 Séance plénière: rapports des groupes de travail thématiques et débat général 13h00-15h30 Déjeuner Préparation de la synthèse des délibérations (comité de pilotage et FIDA) Réunions parallèles des participants au Forum et de membres du personnel du FIDA 15h30-18h00 Séance plénière finale • Présentation, examen et approbation par les représentants des OP de la synthèse des délibérations en vue de sa présentation au Conseil des Gouverneurs. • Réactions de la direction du FIDA • Débat général • Clôture du Forum par M. Kanayo Nwanze, Vice-Président du FIDA. 13-14 février 2008: 31e Conseil des Gouverneurs du FIDA Tous les participants au Forum Paysan sont invités à assister, en qualité d’observateurs, au Conseil des Gouverneurs. Ils auront la possibilité de prendre part aux trois tables rondes organisées le 14 février sur les thèmes suivants: biocarburants, changement climatique et prix des produits de base. La synthèse des délibérations du Forum Paysan sera présentée au Conseil des Gouverneurs, le 14 février, en séance plénière. Pendant les deux jours du Conseil, des réunions parallèles seront organisées entre des représentants des organisations paysannes et des membres du personnel du FIDA pour examiner des initiatives et expériences spécifiques. Enfin, toutes les manifestations parallèles qui pourraient être organisées pendant les deux jours du Conseil des Gouverneurs seront ouvertes à tous les participants du Forum Paysan. 57 ANNEXE 2 Liste des participants ORGANISATIONS PAYSANNES ET DE PRODUCTEURS RURAUX Afrique orientale et australe Mr Andrew Charles Hepelwa, Secretary General, MVIWATA. P.O. Box 3220 Morogoro, Dar es Salaam, Tanzania. Mobile +255 754 33 92 77; Fax +255 23 261 4184; [email protected]; [email protected] Mr Renaldo Chingore João, President, Uniao Nacional de Camponeses (UNAC). Maputo, Mozambique. Tel +258 21 306738 +258 21 311828; [email protected]; [email protected]; [email protected]; http://www.unac.org.mz Mr Leonard Nduati Kariuki, National Chairman, Kenya National Federation of Agricultural Producers (KENFAP). Family Health Plaza, Mbagathi Way, Off Langata Road, P. O. Box 43148 00100 Nairobi, Kenya. Tel +254 20 608324; Direct: +254 20 444 7458; Fax +254 20 4447459; [email protected]; [email protected]; [email protected]; [email protected]; http://www.kenpaf.org Mr Philip Kiriro, President, East Africa Farmers Federation (EAFF). Rhapta Road, Westlands, Nairobi, Kenya. Fax +254 204451691; Mobile +254 728 405067; +254 7228 09320; [email protected]; [email protected]; http://www.eaffu.org Ms Elizabeth Mpofu, Chairperson, Eastern and Southern Small Scale Farmers (ESAFF). Matova P. School Bag 9213 Masvingo, Harare, Zimbabwe; Mobile +263 912 443716; [email protected]; [email protected] Mr Juvenal Musine, Secretary General, IMBARAGA. B.P. 1462 Kigali, Rwanda. Tel +250 58 6407/58 4584; [email protected]; http://www.syndicat-imbaraga.org.rw Mr Jean Berthin Rabefeno, Secretary General, Firaisankinan’ny Tantsaha eto Madagasikara ou Coalition Paysanne de Madagascar (FTM/CPM). Atananarivo, Madagascar. Tel +261 2022 32561; Fax +261 2022 65867; Mobile +261 320401562; [email protected]; [email protected] Mr Paulo Uime, President, Angola Farmers Federation and Cooperatives (UNACA). Rua Major Kanhangulo, N° 146 – 1° Caixa postal 2465 – Luanda, Angola. Tel/Fax +244 222 39 3087; [email protected] Mr Ajaykumar Manubhai Vashee, President, Southern African Confederation of Agricultural Unions (SACAU); Vice President, IFAP. Botano Centre, 8 cnr Lenchen Avenue North & Embankment Road Centurion, Pretoria, South Africa. Fax +260 2617 767; [email protected]; http://www.sacau.org 58 Afrique de l’Ouest et du Centre Mr King David Amoah, Farmers’ Organisations Network in Ghana (FONG). Accra, Ghana. Tel +233 21 315894; +233 2430863567; [email protected]; [email protected] Mr Makanjuola Olaseinde Arigbede, National Coordinator, United Small & Medium Scale Farmers Associations of Nigeria (USMEFAN), Member of the Steering Committee of the Farmers’ Forum. IBADAN Oyo State, Nigeria. Tel +234 2 8107367; Fax +234 2 8107367; Tel/fax +234 2 8103720; Mobile +234 8034647797; [email protected] Ms Elisabeth Atangana, President, Plateforme Régionale des Organisations de Producteurs d’Afrique Centrale (PROPAC). Cameroun. Tel/Fax +237 998 25940, +237 222 341 90; [email protected] Mr Jacques Bonou, Secretary General, Fédération des Unions de Producteurs du Bénin (FUPRO), Chaiman of IFAP African Committee. B.P 372 Bohicon RNIE 2 SACLO, Cotonou, Benin. Tel +229 510700; Fax +229 510946; jacbonou@yahoolfr; http://www.fuproben.org Mr Nathanaël Buka Mupungu, Porte Parole National, Confédération Paysanne du Congo (COPACOPRP). Kinshasa, Congo. Tel +243 811 648430; [email protected]; [email protected] Mr Ibrahima Coulibaly, President, Coordination Nationale des Organisations Paysannes du Mali (CNOP). B.P. E216. Bamako, Mali. Tel c/o AOPP +223 228 6781/ 223 6761126; Mob. +223 6761126 [email protected]; [email protected] Mr Bassiaka Dao, President, Confédération Paysanne du Faso (CPF). 01 BP 2978 Ouagadougou 01, Burkina Faso. Tel +226 5030 1844; [email protected]; http://www.cpf.bf Mr Boureima Dodo, Coordination Nationale de la Plateforme Paysanne du Niger (CNPFP/N). c/o Association pour la Redynamisation de l’Élevage au Niger (AREN), Niamey, Niger. Tel +227 20 73 66 22; Fax +227 20 736621; [email protected]; Mr NDiogou Fall, President, Network of Farmers’ and Agricultural Producers’ Organisations of West Africa (ROPPA), Member of the Steering Committee of the Farmers’ Forum; s/c FONGS, Thiès, Sénégal. Tel +221 339395858; Mobile +221 776141724; [email protected]; Ousseini.Ouedraogo@roppa ao.org; [email protected]; http://www.roppa.info/ Ms Korotoumou Gariko Sanogo, President, Membre du collège de Femmes du Le Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA). Burkina Faso. Tel +226 5030 1844; [email protected] Mr Sid Ahmed Ould Abeid, President, Federation Nationale de Pêche (FNP) de Mauritania. B.P. 43, Nouadhibou, Mauritania. Tel +222 574 62 88; Fax +222 5745430; Mobile +222 63600 877/ 6793431, [email protected]; [email protected] 59 Proche-Orient et Afrique du Nord Mr Ahmad Al Faour, President, Jordan Farmers’ Union (JFU). Jordan. P.O. Box 921025 Amman 1192 Jordan. Tel +962 777419474 +962 6 5655835/7; Fax +962 795 244 103; [email protected] Mr Mohamed Mohamed Bashir, President, Agriculture Cooperative Union (ACU). Alhoria St., Sana'a Republic of Yemen. Tel +9671 233992/238255/234649/560179; Fax +967 1 256688; [email protected]; http://www.acu.org.ye/index_en.php Mr Adam Elhag Musa Darousa, Chairman, Pastoralist Union. Khartoum, Sudan. Mobile +249 91235 0928; [email protected] Mr Ben M’Barek Fenniri, President, Association Nationale Ovine et Caprine (ANOC). Rabat, Morocco. Tel +212 3723 1371; [email protected] Mr Khaled Khazaal, Chief of the Public Relation Office, General Farmers' Union (GFU). Syria. Tel +96311 2451365; Fax +96311 2244795; [email protected]; Mr Abdelmajid Labidi, Member of the Executive Board, Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP). Tunis, Tunisie. Tel +216 71806800, +216 98538040; Fax +216 71809 181; [email protected]; http://www.utap.org.tn Asie Mr Crispino T. Aguelo, President, Head of the National Executive Committee. PAKISAMA. Rm 207, 2nd Floor, Partnership Center, 59 C. Salvador Street, Loyola Heights, 1108, Quezon City, the Philippines. Tel +632 434 2079; Tel/Fax +632 436 347; [email protected]; http://www2.mozcom.com/~pakisama Mr Badrul Alam, President, Bangladesh Krishok Federation (BKF). Dhaka, Bangladesh. Tel/Fax +880 2 9559980; [email protected], [email protected] Mr Prem Prasad Dangal, President, All Nepal Peasants' Federation (ANPFA). P.B. 273 Lalitpur, Nepal; Tel +977 1 4288404/428 8403; Mobile +977 985 108 7771; [email protected]; [email protected]; http://www.anpfa.org.np Mr Thudugala Mudalige Justin Sarath Fernando, President, Movement for National and Agricultural Reform (MONLAR). Rajagiriya, Sri Lanka. Tel/Fax +94 3722 59893; +94 11 2865534/4407663; Mobile +94 777 899233; [email protected]; [email protected] Mr Zainal Arifin Fuat, Serikat Petani Indonesia (SPI). Jakarta, Indonesia. Tel +62 21 7991890; Fax +62 21 7993426/7991890; [email protected]; [email protected]; http://www.spi.or.id Mr Armando Jarilla, National Coordinator, Task Force Mapalad (TFM). Address No. 18 C Marunong Street, Barangay Central, Diliman, Quezon City 1101, the Philippines. Tel/Fax +63 2 433 1383; [email protected] Mr Raul Q. Montemayor, National Manager, Federation of Free Farmers Cooperatives, Inc. (FFFC), Vice President. IFAP 41, Highland Drive, Quezon City, the Philippines. Tel +63 2 6471093; Fax +63 2 6471451; [email protected] Mr Nuruddin Muhammad Uddin, Secretary General, Aliansi Petani Indonesia. Jakarta, Indonesia. Tel +6221 85 000 52; [email protected]; [email protected] Mr Hung Nguyen Manh, Viet Nam Farmers Union (VNFU). Hanoi, Viet Nam. Tel +844 7346643; Fax +844 7334031; Mobile 0912817668; [email protected] 60 Ms Estrella Penunia Banzuela, Secretary General, Asian Farmers’ Association for Sustainable Rural Development (AFA). Member of the Farmers’ Forum Steering Committee. Quezon City, the Philippines. Tel +63 2 4364706; Fax +63 2 4264640; [email protected], [email protected], http://www.asianfarmers.org Mr Jung Eui Seo, Chairperson, Asian Farmers' Association for Sustainable Rural Development (AFA). 205 1505 Geekdong Apartment, Korea. Tel +63 2 3401 6549; Fax +63 2 4266739; [email protected]; [email protected]; http://www.asianfarmers.org Mr Kushal Pal Singh, Chairman, Asian Regional Committee, International Federation of Agricultural Producers (IFAP). Meerut, India. Tel +9111 2688 9002 [email protected]; [email protected]; http://www.ifap.org Mr Sotha Sok, Executive Director of the Cambodian Farmers' Association Federation for Agricultural Development (CAMFAD). National road nr 1, Rop Ko village, Prey Chhlak commune, Svay Rieng district, Svay Rieng Town, Kingdom of Cambodia. Tel/Fax +855 44 945 553; H/P: (855) 16 948 553; [email protected]; [email protected]; [email protected]; http://www.camfad.org Amérique centrale Mr Pedro Rafael Alegria Moncada, Coordinator, Global Campaign on Agrarian Reform and Member of the International Coordination Commission. La Via Campesina (LVC). Honduras; [email protected]; Mr Olegario Carrillo Meza, Coordinador Ejecutivo Nacional, Unión Nacional De Organizaciones Regionales Campesinas Autónomas, (UNORCA) de Mexico. Juan de Dios Arias No. 48, Col. Vista Alegre, Deleg. Cuauhtemoc, C.P. 06860, Mexico D.F. Tel +52 55 57415065; Fax 57400486; +52 55 57415065; [email protected], [email protected]; Contact c/o Ms Maricruz Neto; [email protected]; http://www.unorca.org.mx/ Ms Maritza Montero Ferreras, Confederación Nacional de Mujeres Campesinas (CONAMUCA). Santo Domingo, Dominican Republic. Tel +809 682 0075; Fax +809 686 7517; [email protected] Mr Renwick Rose, Coordinator, Windward Islands Farmers Association (WINFA). Prospect Highway, Kingstown, St. Vincent And The Grenadines. Tel +1 784 456 1383; [email protected]; [email protected]; [email protected]; Mr Faustino Torrez Arauz, Asociación Trabajadores del Campo (ATC). Nicaragua. Tel/Fax +505 2784575; [email protected]; [email protected]; [email protected] Mr Felix Vásquez López, Consejo Coordinador de Organizaciones Campesinas de Honduras (COCOCH). Tegucigalpa MDC, Honduras. Tel/Fax +504 23 59915/ 23 59879; Mobile +504 9868 2558; [email protected]; [email protected]; [email protected]; [email protected]; [email protected] 61 Amérique du Sud Ms Nemesia Achacollo, President, Federación de Mujeres Campesinas de Bolivia ‘Bartolina Sisa’ (FNMCB), Member, International Coordinating Committee, La Via Campesina. Member of the Farmers’ Forum Steering Committee. La Paz, Bolivia. Tel +591 2 71368531/77034367/70580790; Tel/Fax 591 2 2311037; Secretaria Ejecutiva Nacional; Tel +591 71368531; Secretaria de Relaciones, B. Villca. Tel +591 71884425; [email protected]; [email protected]; Mr Alberto Ercilio Broch, Executive Secretary, Confederación de productores familiares del MERCOSUR (COPROFAM), Member of the Steering Committee of the Farmers’ Forum, c/o Confereraçao Nacional dos Trabalhadores na Agricoltura (CONTAG) Brasilia, Brazil. Or CONTAG – SMPW Conf. 2 Lote 2, Núcleo Bandeirante – Distrito Federal, Brazil. Tel +5561 2102 2288/8134 0389; Fax +5561 2102 2299; [email protected]; [email protected]; [email protected]; http://www.contag.org.br Mr Eduardo Buzzi, President, Federación Agraria Argentina (FAA). Rosario Pia de Santa Fe, Argentina; Tel +54 341 5122001; [email protected]; [email protected]; [email protected]; [email protected]; http://www.faa.com.ar Mr Alvaro Delatorre, Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra (MST). Sao Paulo, Brazil. Tel +55 11 33613866; Fax +55 51 3221 9022; [email protected]; [email protected]; c/o Ms Dulcinéia Pavan, MST/Secretaría de Relaciones Internacionales; http://www.mst.org.br/mst/home.php Mr Luiz Vicente Facco, Secretary, Confederação Nacional Dos Trabalhadores Na Agricultura (CONTAG). SMPW Conf. 2 Lote 2 Núcleo Bandeirante – Distrito Federal, Brazil. Tel +55 61 21022288; Fax +55 61 21022299; [email protected]; [email protected]; [email protected]; http://www.contag.org.br Mr Fernando Ariel López Rodríguez, Secretario General, Comisión Nacional de Fomento Rural (CNFR), Vice Chairman of the IFAP Latin American Committee. Montevideo, Uruguay. Tel +598 2 2003519/2040133; Fax +598 2 2089526; [email protected]; [email protected]; [email protected]; http://www.geocities.com/cnfruruguay Ms Mirna Concepción Mochet Fernández, Director, Organización Nacional Campesina (ONAC) de Paraguay. Tel +595 2 492 154/498 889; Mob +595 981881442; [email protected] Mr Pedro Peretti, Secretary, COPROFAM c/o Federación Agraria Argentina (FAA). Rosario, Pcia. de Santa Fe, Argentina. Tel +54 341 512 2000, +54 114 343 5478; Mobile +54 0341155884863; Fax +54 341 512 2001; [email protected]; [email protected]; http://www.faa.com.ar Mr Marcos Rochinski, Secretário General, Federaçao dos Trabalhadores Agricoltura Familiar (FETRAF SUL CUT). Chapecó SC, Brazil. Tel/Fax +55 49 33293340; [email protected]; http://www.fetrafsul.org.br/ Mr Carlos Simancas, Chairman, Latin America Committee of the International Federation of Agricultural Producers (IFAP). Transversal 28B 37 20 Bogotá, Colombia. Tel + 57 1 2695 018 / +57 1 2695 008; [email protected] Mr Eugenio Rigoberto Turra Paredes, President, Movimento Unitario Campesino y Etnia de Chile (MUCECH). Avenida Portugal Ni 623 Santiago, Chile. Tel +562 635 1518/681 96 63; [email protected]/[email protected]; [email protected]; http://mucech.portalciudadano.cl 62 Pays de l’OCDE Ms Elizabeth Gauffin, President, Federation of Swedish Farmers & President of the Development Committee of the International Federation of Agricultural Producers (IFAP). Stockholm, Sweden. Tel +467 053 60361; [email protected]; [email protected]; http://www.lrf.se/ Ms Claude Girod, International Commission, Confédération Paysanne. 104 rue Robespierre - 93170 Bagnolet, Frangy en Bresse, France. Tel +33 385747189; Fax +33 1 43 62 80 03; [email protected]; http://www.confederationpaysanne.org Mr Marco Foschini, Responsabile Relazioni Internazionali presso Area Azione Economica COLDIRETTI. Via XXIV Maggio, 43 00187 Rome, Italy. Tel +39 06.4682462, Fax +39 06.4819949; [email protected]; http://www.coldiretti.it Mr Paul Nicholson, Union de Ganaderos y Agricultores Vascos (EHNE/UGAV). Spain. Tel + 34 9 46842381, Fax +34 9 46252641; [email protected]; [email protected] Mr Laurent Pellerin, President, Union Producteurs Agricoles Développement International (UPADI)/AGRICORD. 14500 rue Héon, Bécancour, Québec, Canada; G9H 1N6; Minderbroedersstraat 8 B 3000 Leuven, Belgium. Tel +32 1624 27 50; Fax +32 1624 2755; [email protected]; [email protected]; [email protected]; http://www.upa.qc.ca/ Ms Karen Serres, President, Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) and International Federation of Agricultural Producers (IFAP) Committee Women in Agriculture. 11 rue de La Baume 75008 Lauzes, Paris, France. Tel +33 (0)1 53 83 47 47; +33 (1)6219 37136; Fax +33 (0)1 53 83 48 48; [email protected] Fédérations internationales/réseaux Mr Pedro Avendaño Garcès, Executive Secretary, World Forum of Fish Harvesters and Fishworkers (WFF), Member of the Steering Committee of the Farmers’ Forum. Subida El Encanto Nº 15688, Reñaca, Viña del Mar, Chile. Tel +56 32 283 7597; +56 32 250 1717; Mobile +56 9 745 6124; [email protected]; [email protected] Mr Taghi Farvar, Executive Secretary, World Alliance of Mobile Indigenous Peoples (WAMIP); c/o CENESTA,142 Azerbijan Avenue, 13169, Teheran, Iran; Tel +98 2166972 973; Mobile +98 9121764 908; [email protected] Mr George Dixon Fernandez, President, International Movement of Catholic Agricultural & Rural Youth (MIJARC). 27, Place Van Meyel, 1040, Etterbeek, Brussels, Belgium; [email protected] Mr Christian Alejandro Gouet Enriquez, Development Programme Manager, International Federation of Agricultural Producers (IFAP) and Member of Steering Committee of Farmers’ Forum. 60, rue Saint-Lazare 75009 Paris, France. Tel +33 1 45260553; Fax +33 1 48747212; [email protected]; [email protected]; http://www.ifap.org Ms Cristina Grandi, Manager, Liaison Office to FAO, International Federation of Organic Agriculture Movements (IFOAM). Rome, Italy. Tel +39 06 45437485; [email protected]; http://www.ifoam.org/ 63 Mr Henry Saragih, General Coordinator, La Via Campesina/ International Operative Secretariat (LVC/IOS). Member of the Farmers’ Forum Steering Committee. Jakarta, Indonesia. Tel + 62 21 7991890; Fax + 62 21 7993426; [email protected]; [email protected]; http://www.viacampesina.org Mr Herman Kumara Wijethunge, General Secretary, World Forum of Fishermen Peoples (WFFP); Member of the Steering Committee Farmers’ Forum. No 10, Malwatta Road, Negombo, Colombo, Sri Lanka. Tel +94 31 4870658/31 48 72692; Fax +94 31 2239750; [email protected]; [email protected]; Mr Jack Wilkinson, President, International Federation of Agricultural Producers (IFAP), Member of the Farmers’ Forum Steering Committee; Tel +33 1 45260553; Fax +33 1 48747212; Tel +1 6472907022; Fax Canada +17 05 6473623; [email protected]; http://www.ifap.org PERSONNEL DU FIDA Mr Tom Mwangi Anyonge, Technical Advisor, Technical Division; Tel +39 06 5459 2519; [email protected] Mr Jean-Philippe Audinet, Acting Director, Policy Division; Tel +39 06 5459 2305; [email protected] Mr Abdoul Barry, Country Programme Manager, Western and Central Africa Division; Tel +39 06 5459 2060; [email protected] Mr Mohamed Béavogui, Director, Western and Central Africa Division; Tel +39 06 5459 2240; [email protected] Ms Mona Bishay, Director, Near East and North Africa Division; Tel +39 06 5459 2321; [email protected] Mr Hubert Boirard, Country Portfolio Manager, Western and Central Africa Division; Tel +39 06 5459 2298; [email protected] Mr Marco Camagni, Country Programme Manager, Latin America and Caribbean Division; Tel +39 06 5459 2576; [email protected] Mr Rodney Cooke, Acting Director, Latin America and Caribbean Division; Tel +39 06 5459 2450; [email protected] Ms Antonella Cordone, Coordinator for Indigenous and Tribal issues, Policy Division; Tel +39 06 5459 2065; [email protected] Mr Ulac Demirag, Associate Country Portfolio Manager, Western and Central Africa Division; Tel +39 5459 2616; [email protected] Mr Ides de Willebois, Director, Eastern and Southern Africa Division; Tel +39 06 5459 2450; [email protected] Mr Khalid El- Harizi, Policy Coordinator and IMI Manager, Policy Division; Tel +39 06 5459 2334; [email protected] Mr Thomas Elhaut, Director, Asia and the Pacific Division; Tel +39 06 5459 2491; [email protected] Mr Tawfiq El Zabri, Country Programme Manager, Near East and North Africa Division; Tel +39 06 5459 2242; [email protected] Mr Vincenzo Galastro, Programme Manager, Office of the Secretary; Tel +39 06 5459 2609; [email protected] Mr Hamed Haidara, Country Portfolio Manager, Western and Central Africa Division; Tel 06 5459 2604; [email protected] 64 Ms Sappho Haralambous, Policy Coordinator, Policy Division; Tel +39 06 5459 2238; [email protected] Mr Edward Heinemann, Regional Economist, Office of the President; Tel +39 06 5459 2398; [email protected] Mr Raul Hopkins, Regional Economist, Latin America and Caribbean Division; Tel +39 06 5459 2332; [email protected] Mr Gary Howe, Director, Strategic Planning & Budget Unit; Tel +39 06 5459 2262; [email protected] Mr Sana Jatta, Country Programme Manager, Asia and the Pacific Division; Tel +39 06 5459 2446; [email protected] Mr Pierre-Justin Kouka, Advisor, Office of the Vice-President; Tel +39 06 5459 2299; [email protected] Mr Harold Liversage, Technical Advisor, Technical Division; Tel +39 06 5459 2237; [email protected] Mr Roberto Longo, Policy Coordinator, Policy Division; Tel +39 06 5459 2002; [email protected] Ms Annina Lubbock, Technical Adviser, West and Central Africa Division; Tel +39 06 5459 2489; [email protected] Mr Mohamed Manssouri, Country Programme Manager, West and Central Africa Division; Tel +39 06 5459 2330, [email protected] Mr Alessandro Marini, Country Programme Manager, Eastern and South Africa Division; Tel +39 06 5459 2115; [email protected] Ms Sylvie Marzin, Country Portfolio Manager, West and Central Africa Division; Tel +39 06 5459 2337; [email protected] Mr Norman Messer, Consultant, West and Central Africa Division; Tel 06 5459 2738; [email protected] Ms Cheryl Morden, Director, North American Liaison Office (NALO) 1775 K Street, NW, Suite 410, Washington, DC 20006; Tel +202 331 9099; Fax 202 3319366; [email protected] Mr Robson Mutandi, Country Programme Manager, Eastern and South Africa Division; Tel +39 06 5459 2260; [email protected] Ms Fumiko Nakai, Programme Officer, Eastern and South Africa Division; Tel +39 06 5459 2238; [email protected] Ms Miriam Okong’o, Programme Manager, Eastern and South Africa Division; Tel +39 06 5459 2191; [email protected] Ms Gunilla Olsson, Executive Director of the Action Plan, Action Plan Secretariat; Tel +39 06 5459 2581; [email protected] Mr Rasha Yousef Omar, Country Programme Manager, Near East and North Africa Division; Tel +39 06 5459 2100; [email protected] Mr Tom Pesek, North American Liaison Office (NALO). 1775 K Street, NW, Suite 410, Washington, DC 20006; Tel +202 331 9099; Fax 202 331 9366; [email protected] Mr Mattia Prayer Galletti, Country Programme Manager, Asia and the Pacific; Tel +39 06 5459 2294; [email protected] Mr Philippe Remy, Policy Coordinator, Policy Division; Tel +39 06 5459 2629; [email protected] 65 Mr Thomas Rath, Country Programme Manager, Asia and the Pacific; Tel +39 06 5459 2069, [email protected] Mr Ladislao Rubio, Country Programme Manager, Latin America and the Caribbean Division; Tel +39 06 5459 2575; [email protected] Ms Roxanna Samii, Manager, Poverty Portal, Information and Communication Division; Tel +39 06 5459 2375; [email protected] Mr Leopold Sarr, Country Portfolio Manager, West and Central Africa Division; Tel +39 06 5459 2126; [email protected] Mr Paolo Silveri, Country Programme Manager, Latin America and the Caribbean Division; Tel +39 06 5459 2409; [email protected] Ms Cristiana Sparacino, Programme Manager (Gender), West and Central Africa Division; Tel +39 06 5459 2306; [email protected] Mr Benoit Thierry, Country Programme Manager, Eastern and South Africa Division; Tel +39 06 5459 2234; [email protected] Mr Pietro Turilli, Country Programme Manager, Near East and North Africa; Tel + 39 06 5459 2303; [email protected] Ms Rosemary Vargas-Lundius, Policy Coordinator, Policy Division; Tel +39 06 5459 2350; [email protected] Ms Xenia von Lilien, North American Liaison Office (NALO). 1775 K Street, NW, Suite 410, Washington, DC 20006; Tel +202 331 9099; Fax +202 331 9366; [email protected] OBSERVATEURS ET PERSONNES RESSOURCES Dr Ahmadu Babagana, Director, Department of Rural Economy and Agriculture (DREA), African Union Commission. P.O. Box 3243 Addis Ababa, Ethiopia; Tel +251 11 5517700; Fax +251 11 5516062; [email protected]; [email protected]; [email protected] Mr Kees Blokland, Managing Director, Agriterra. Arnhem, The Netherlands. Tel +31 26 75 05140; [email protected]; http://www.agriterra.org Mr Diego Colatei, Programme Officer, Resources and Strategic Partnerships Unit, Food and Agriculture Organization (FAO). Rome, Italy. Tel +39 06 570 54370; [email protected] Mr Ignace Coussement, Director, AgriCord. Leuven, Belgium. Tel +32 16242750; Fax +32 162427 55; [email protected] (dir); [email protected]; [email protected]; http://www.agricord.org Ms Eve Crowley, Senior Officer, Chair, Interdepartmental Task Force Institution Building and Rural Development, Food and Agriculture Organization (FAO). Viale delle Terme di Caracalla, 00153 Rome, Italy. Tel +39 06 570 55325; Fax +39 06 570 53152; [email protected] Ms Beatriz Del Rosario, IFAP Regional Coordinator for Asia. 60 Rue St. Lasare, 75000 Paris, France. Tel +331 4874 7212; [email protected] Mr Bader Mahaman Dioula, IFAP Regional Coordinator for Africa. 60 Rue St. Lasare, 75000 Paris, France. Tel +331 4526 0553; [email protected] Ms Hiba El Dahr, IFAP Regional Coordinator for the Mediterranean. 60 Rue St. Lasare, 75000 Paris, France. Tel +331 4526 0553; [email protected] 66 Ms Jennie Dey De Pryck, Senior consultant, Food and Agriculture Organization (FAO). Viale delle Terme di Caracalla 00153 Rome, Italy Ms Dianne J. Forte, Managing Director, DC Office, Heifer International. 1112 16th Street NW, Suite 500, Washington, DC 20036. Tel +202 331 2015; Fax +202 331 2017; [email protected]; http://www.heifer.org Ms Susana Gaona Sáez, Consultant; Gender, Equity and Rural Employment, Food and Agriculture Organization (FAO). Viale delle Terme di Caracalla 00153 Rome, Italy Mr Paolo Groppo, Land Tenure Systems Analysis Officer, Land Tenure Service, Rural Development Division, FAO. Rome, Italy. Tel +39 06 570 54741; [email protected] Mr Gerardo Hita, National Director for Credit Operations with Multilateral Agencies, Min Econ, Argentina Ms Siobhan Kelly, Officer, Marketing and Finance Service, Food and Agriculture Organization (FAO). Viale delle Terme di Caracalla 00153 Rome, Italy. Tel +39 06 570 53462; Fax +39 06 570 53152; [email protected]; http://www.fao.org Ms Magdalena A. Kropiwnicka, Food and Hunger Policy Advisor, ActionAid International. Via A. Volta 39 B 00154 Rome Italy; Tel +39 06 572 50150; Direct +39 06 571 37185; Mobile +39 340-2916734; [email protected]; http://www.actionaid.org; http://www.actionaid.it/ Ms Laura Lorenzo Lacalle, Desk Coordinator, WRF World Rural Forum. Tel +34 945 12 13 91; Fax +34 945 28 14 22; [email protected]; http://www.ruralforum.net Ms Maria Soledad Marco, Consultant, Policy Division, IFAD; [email protected]; [email protected] Ms Alberta Mascaretti, Food Security Officer, Food and Agriculture Organization (FAO). Viale delle Terme di Caracalla, 00153 Rome, Italy. Tel +39 06 570 55362; Fax +39 06 570 53152; [email protected] Mr Paul Mathieu, Senior Officer, Food and Agriculture Organization (FAO). Viale delle Terme di Caracalla, 00153 Rome, Italy. Tel +39 06 570 55887; Fax +39 06 570 53152; [email protected] Ms Annalisa Mauro, Programme Officer, Secretariat International Land Coalition (ILC). Rome, Italy. Tel +39 06 54592110; [email protected]; http://www.landcoalition.org Mr Ibrahim Assane Mayaki, Executive Director, Plateforme Appui au Développement Rural en Afrique de l'Ouest et du Centre, c/o UNOPS, Dakar Fann, Sénégal. Tel +221 8693838; Fax +221 8693815; [email protected] Ms Nora McKeon, Coordinator, Terra Nuova Centro per il Volontariato. Rome, Italy. Tel +39 06 78393089/78393196; Fax +39 06 78398813; Mobile +39 335 8388785; [email protected], [email protected]; http://www.terranuova.org Mr Carlos Mermot, Operations Manager, FIDA REAF regional program Ms Sofia Monsalve Suárez, Land Programme Coordinator, FIAN International Coordinator of IPC's working group on agrarian reform. Willy Brant Platz 5, 69115 Heidelberg, Germany. Tel +49 6221 6530051; +49 173 7570286; Fax + 49 6221 830545; [email protected]; http://www.fian.org 67 Mr Antonio Onorati, President, Crocevia. Via Tuscolana n. 1111 - 00173 Roma, Italy. Tel +39 06 72902263; Fax +39 06 72907846; Tel +39 862 73211; Mobile +39 340 8219 456; [email protected]; [email protected]; http://www.croceviaterra.it Ms Anne Perrin, Editor, Grain de Sel ADEPRINA. 32, rue Le Peletier 75009 Paris. Tel +33 (0) 1 42 46 11 57; [email protected] Mr Marek Poznanski, Collectif Stratégies Alimentaires (CSA). Bruxelles, Belgique. Tel +32 02 4120660; Fax +32 02 4120666; [email protected]; http://www.csa be.org/ Mr Thomas Price, Senior Programme Officer, Food and Agriculture Organization (FAO). Viale delle Terme di Caracalla, 00153 Rome, Italy. Tel +39 06 570 54775; [email protected] Ms Gabriela Quiroga Gilardoni, IFAP Regional Coordinator for Latin America. 60 Rue St. Lasare, 75000 Paris, France; Tel +331 4526 0553; [email protected] Ms Marlene Ramirez, Secretary General, Asian Partnership for the Development of Human Resources in Rural Asia (AsiaDHRRA). c/o Asian Farmers' Association for Sustainable Rural Development (AFA). Quezon City, the Philippines. Tel +632 436 4706/426 6739; [email protected]; [email protected]; http://www.asianfarmers.org Mr Alvaro Ramos, Executive Director, FIDA REAF regional program Mr Pietro Simoni, Senior Consultant, Lead design and implementation support specialist, IFAD Ms Marie Christine Talbot, Director, Planning Union des Producteurs Agricoles Développement International (UPA DI). 555, Boul. Roland Therrien, bureau 020, Longueuil (Québec), Canada J4H 4E7. Tel +1 450 679 0530; Fax +1 450 463 5202; [email protected]; [email protected]; http://www.upa.qc.ca Mr Michael Taylor, Programme Manager, Secretariat of International Land Coalition (ILC). Tel +39 06 54592267; [email protected]; http://www.landcoalition.org Mr Nicolaas Verhagen, La Via Campesina (LVC). Feldstegel 74, D 21039 Hamburg, Germany; Tel +49 40 735 06 372; Fax +49 40 735 06 374; [email protected]; [email protected]; http://www.viacampesina.org Toutes les photos provennient du FIDA: S. Beccio, L. Dematteis, M. Millinga, D. Rose, L. Slezic, P.C. Vega 68