Dyspnée et grossesse
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Dyspnée et grossesse
Dyspnée et grossesse Dr Capucine MORELOT‐PANZINI Service de Pneumologie et Réanimation – GH Pitié‐Salpêtrière pertinence de la question • fréquence à l’effort : 50% à 19 SA 60‐76% à 31 SA (Elkus 1992 ; Moore 1987 ; Crapo 1996) • décrite comme « respiration profonde », « soif d’air », « effort excessif » (Zeldis 1992) • n’altère pas les capacités à l’exercice (Zeldis 1992 ; Crapo 1996 ; Jensen 2008) dyspnée – afférences afférences impliquées dans la dyspnée décharge corollaire cortex moteur cortex sensitif tronc cérébral et relais motoneuronaux commande motrice afférences respiratoires voies aériennes supérieures paroi thoracique muscles respiratoires poumons bronches plèvres vaisseaux PaO2 PaCO2 dyspnée – afférences racines nerveuses cortex cérébral tronc cérébral motoneurone spinal dyspnée eupnée volume pulmonaire cage thoracique paroi abdominale intégration et modulation centrales nerfs (phrénique...) décharge corollaire (diaphragme) jonction neuromusculaire augmentation commande commande commande muscles système réafférences respiratoire "passif" augmentation afférences afférences afférences afférences modifications physiologiques respiratoires • changement de la conformation thoraco‐abdominale (utérus gravide) • élévation du diaphragme • relaxation ligamenteuse au niveau de l’insertion costale • diminution des résistances des voies aériennes • pas de modification du VEMS • augmentation de la commande ventilatoire (Crapo 1996 ; Jensen 2009) modifications physiologiques cardio‐pulmonaires (Crapo 1996) (Jensen 2009) défaillance mécanique ? • respect de la force des muscles inspiratoires : 9diaphragme surélevé (5cm) (Crapo 1996 ; Jensen 2007) 9 optimisation de la relation force‐longueur (Jensen 2007) 9 augmentation de la zone d’apposition (Gilroy 1988) 9 Pi,max normale pendant la grossesse (Contreras 1991, Jensen 2009) 9 augmentation de la capacité inspiratoire (diminution CRF) (Crapo 1996) • diminution des résistances de voies aériennes défaillance mécanique ? VT FR VRI Pes Pes/Pimax VE VE/VCO2 PETCO2 VO2 Exercice incrémental sur bicyclette (25W/2min) 38 SA vs 18 sem post-partum Jensen 2008 défaillance mécanique ? puissance développée identique cause d’arrêt identique (musculaire) Jensen 2008 défaillance mécanique ? • absence de limitation mécanique : recrutement musculaire (CI) • puissance identique • conscience d’une ventilation minute augmentée • effort respiratoire plus intense dyspnée Jensen 2008 défaillance mécanique ? effort respiratoire musculaire corrélé aux déplacements thoraciques (couplage neuroméchanique) dyspnée corrélée à la ventilation Jensen 2008 Trouble de la commande centrale? 36‐40 SA vs 4‐5 mois post‐partum test de réinspiration de CO2 d’un mélange hypercapnique hyperoxique seuil ventilatoire plus précoce augmentation de la chémosensibilité réflexe au CO2 Jensen 2008 Trouble de la commande centrale? Jensen 2008 Trouble de la commande centrale? Jensen 2005 Trouble de la commande centrale? • augmentation de la commande centrale • effet facilitateur de la progestérone, stimulant des centres respiratoires (Wolfe 1998) • par le biais des oestrogènes (augmentation des récepteurs à la progestérone – bulbe, hypothalamus) (Baylis 1991, 1992) • indépendant des ions [H+] (Jensen 2007) Jensen 2008 mécanismes de la dyspnée à l’exercice? ce n’est pas la mécanique …. Jensen 2009 mécanismes de la dyspnée à l’exercice? ce n’est pas la commande centrale au repos …. Jensen 2009 mécanismes de la dyspnée à l’exercice? Jensen 2009 mécanismes de la dyspnée à l’exercice? c’est la réponse ventilatoire à l’exercice…. Jensen 2009 mécanismes de la dyspnée à l’exercice? • fonction pulmonaire et musculaire de repos et à l’exercice identique • pas de différence de chémosensibilité centrale Mais …. • réponse ventilatoire excessive pendant la grossesse et en post‐partum • manque d’atténuation de perception centrale de l’inconfort respiratoire ? • hyperactivité des chémorécepteurs périphériques carotidiens ? Jensen 2009 Cas clinique • jeune‐femme, 32 ans • maladie de Charcot‐Marie‐Tooth démyélinisante autosomique récessive compliquée d’une atteinte sensitivo‐motrice sévère (perte de la marche) • enceinte (6 SA) Quel bilan ? • clinique : signes de dysfonction diaphragmatique et d’hypoventilation alvéolaire • EFR : spirométrie assis‐couchée, Pi,max et SNIP, GDS • oxymétrie nocturne • GDS VS : pH = 7,44 ; PaCO2 = 32,7 mmHg ; PaO2 : 88 mmHg • EFR : CV = 1,54 l (48 % ) assis ‐ 1,36 l (42%) couché VRE = 0,56 l (53%) assis – 0,22 l (21%) couché Pi,max = 44 cmH2O (51%) ; Pe,max = 76 cmH2O (50%) SNIP = 24 cmH2O (29%) • SpO2 < 90 % : 1,5 % Quelle est la prise en charge ? pas d’indication de VNI pour l’instant éducation (clinique, poids, VNI, trachéotomie) suivi mensuel clinique à 14 SA : oxymétrie nocturne, GDS, spirométrie au lit • au moins oxymétrie nocturne et GDS tous les deux mois, et bilan guidé par la clinique • • • • • à 14 SA : 9 réveils nocturnes avec sensation « d’étouffements » 9 GDS : pH = 7,44 ; PaCO2 = 30,9 mmHg ; PaO2 = 78,4 mmHg 9 oxymétrie nocturne prise en charge thérapeutique ? • indication à VNI nocturne • petite aide inspiratoire • surveillance mensuelle des GDS et de la polygraphie ventilatoire • décision de la fin de la grossesse en fonction de la tolérance respiratoire