Deco - FIFA.com
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magazine INTERVIEW Deco « Je suis à la fois satisfait, fier et contrarié » Deco s’est encore illustré en réalisant une saison exceptionnelle. Il a remporté de nombreux titres avec le FC Barcelone, et a atteint le dernier carré de la Coupe du Monde de la FIFA, Allemagne 2006, offrant ainsi au Portugal sa seconde demi-finale en Coupe du Monde, après l’inoubliable sélection de 1966 menée par Eusebio et Coluna en Angleterre. PAR FRANCESC AGUILAR FIFA magazine : Le Barça va-t-il réitérer ses exploits cette saison ? Deco : Nous l’espérons. Notre force, c’est l’union, nous sommes de vrais amis, un groupe de grands joueurs avec un mental de gagneurs. Notre soif de gloire et de victoire est intacte. Cette saison, de nouveaux défis nous attendent avec la Coupe du Monde des Clubs, la Supercoupe d’Espagne et d’Europe, et nous aimerions remporter une nouvelle fois, si possible, la Coupe de la Ligue, la Ligue des Champions et la Coupe d’Espagne. Ne placez-vous pas la barre un peu haut ? Deco : Non, absolument pas. Je ne dis pas que nous allons gagner les six tournois auxquels nous participerons, mais nous avons envie de gagner, c’est ce qui compte le plus. Nous ne ferons aucun cadeau, nous voulons continuer à écrire l’histoire. 14 OCTOBRE 2006 Et les nouvelles recrues ? Deco : On a toujours besoin de grands footballeurs. Le Barça avait déjà une grande équipe, mais avec l’arrivée de Zambrotta, Thuram et Gudjohnsen, je le dis avec fierté, peu d’équipes peuvent égaler notre qualité, notre palmarès par joueur, ou nos ambitions. Zambrotta est champion du monde avec l’Italie, et Thuram, qui a une trajectoire hors du commun, faisait partie des meilleurs lors de la Coupe du Monde 2006. Il ne faut pas se fier à son âge comme ont pu le faire certains, à tort. Et Gudjohnsen, qui jouait pour Chelsea, m’a donné du fil à retordre en Ligue des Champions. Ce sont trois grands footballeurs qui complètent parfaitement l’équilibre de l’équipe. Avec de tels joueurs, nous pouvons affronter sans crainte la folle saison qui nous attend. Vous et les autres joueurs de la Coupe du Monde allez être épui- sés avant de débuter le championnat ? Deco : J’espère que non. En bon professionnel, nous savons nous ménager. Et je suis sûr que Frank Rijkaard saura doser, qu’il fera un roulement pour ne pas nous épuiser. Il y a en aura pour tout le monde. Certains joueurs sont irremplaçables. Deco : Non. Certains sont plus importants que d’autres mais aucun n’est irremplaçable. Notre force vient du groupe, de l’équipe. Prenez la saison dernière. Samuel Eto’o était parti disputer la Coupe d’Afrique des Nations, Henrik Larsson l’a remplacé et nous avons continué notre parcours. Nous avions perdu un joueur très important avec la blessure de Xavi, mais Andrés Iniesta est arrivé. Il manquait Edmilson et Motta, ils ont été remplacés par OCTOBRE 2006 15 INTERVIEW Deco DECO magazine Nom : Anderson Luis de Souza « Deco » Né le : 27 août 1977 à São Bernardo do Campo (Brésil) Nationalité : portugaise/brésilienne Taille : 177 cm Poids : 73 kg Poste : milieu de terrain Clubs : jusqu’en 1996 : Corinthians Alagoano (Brésil). 1996-1997: FC Alverca (Portugal). 1997-1998: SC Salgueiros (Portugal). 1998-2004 : FC Porto (Portugal). Depuis 2004 : FC Barcelone (Espagne/sous contrat jusqu’en 2010). Palmarès : vainqueur de la Supercoupe du Portugal (1999 et 2003), champion du Portugal (1999, 2003, 2004), vainqueur de la Coupe du Portugal (2000 et 2003), vainqueur de la Coupe de l’UEFA (2003), vainqueur de la Ligue des Champions de l’UEFA (2004 et 2006), champion d’Espagne (2005 et 2006), vainqueur de la Supercoupe d’Espagne (2005), finaliste de l’EURO 2004, demi-finaliste de la Coupe du Monde de la FIFA 2006, élu deuxième meilleur joueur européen, lauréat du ballon d’argent (2004). 39 matches internationaux (3 buts) pour le Portugal pour qui il a commencé à jouer en 2003 après avoir obtenu la citoyenneté portugaise. Etat au 4 août 2006 des supporters déçus par le parcours de la « canarinha » ou des jaloux envieux du charisme de Ronnie. Ronaldinho a été sacré Joueur Mondial de la FIFA, pas besoin d’en dire plus. Si Parreira ne l’a pas mis à son poste, s’il n’a pas su exploiter son talent, il n’y peut rien. Ronnie aurait dû jouer comme avec le Barça, comme moi avec le Portugal. Qui peut avoir l’idée de placer Ronaldhino à un poste où il y a toujours sept joueurs entre le ballon et les cages ? A ce poste, même un Ronaldhino ne peut pas approcher des buts. Au Barça, Rijkaard le place au plus près les buts adverses, avec sa technique et sa vitesse, il dépasse ses adversaires en un clin d’œil, il se place ou fait ses fabuleuses passes dont il a le secret. Ils vont voir qu’avec le Barça, il va redevenir celui qu’il a toujours été. Márquez et Oleguer. Notre force, c’est le groupe. Que pensez-vous des critiques adressées à Ronaldinho à l’issue de la Coupe du Monde ? Deco : Sincèrement, je n’ai pas compris. Ce sont des critiques émises par des gens qui n’y connaissent rien, 16 OCTOBRE 2006 Comment vous sentez-vous après la Coupe du Monde ? Deco : Je suis à la fois satisfait, fier et contrarié. C’était ma première Coupe du Monde, j’en attendais beaucoup. Le Portugal a fait un très beau parcours, nous sommes arrivés en demi-finales alors que personne ne nous attendait. Déco le stratège. Le milieu de terrain portugais compte parmi les meilleurs joueurs du monde, il a notamment remporté la Ligue des Champions de l’UEFA 2006 avec le Barça. PHOTOS : FOTO-NET (4), IMAGO (3) Mais la chance que nous avions eue face à l’Angleterre nous a totalement quittés face aux Bleus. Je suis persuadé que si nous avions marqué un seul but, nous serions allés en finale. En ce qui me concerne, je n’ai pratiquement pas pu m’entraîner à cause d’une blessure aux adducteurs. Je me reposais entre chaque rencontre. Mais, ce n’est pas évident de donner le meilleur de soi-même dans ces conditions dans une compétition aussi courte et intense que celle-ci. Avez-vous réalisé votre rêve ? Deco : Oui, comme vous le savez, c’était un rêve d’enfant. Pour un footballeur, c’est quelque chose d’extraordinaire, d’incomparable. Même si, enfant, j’imaginais porter le maillot brésilien, c’est avec fierté que j’ai défendu les couleurs du Portugal. Que pensez-vous de la Coupe du Monde du point de vue de la compétition ? Deco : Du bien. L’Italie et la France ont mérité leur place en finale. Les deux équipes avaient le meilleur équilibre entre la d’Arsenal, finaliste de la Ligue des Champions face au Barça, qui ont réussi à garder Thierry Henry et qui peuvent désormais compter sur les services du Tchèque Thomas Rosicky. C’est une jeune équipe qui joue très bien, Arsène Wenger connaît son potentiel. L’Olympique Lyonnais a gardé la même équipe qui, j’espère, ira plus loin. Ils ont un excellent jeu et de bons footballeurs. Fred par exemple est un buteur exceptionnel. Le Bayern et le Real Madrid se sont également beaucoup renforcés. défense et l’attaque, elles savaient ce qu’elles devaient faire et elles ont su maintenir leur avantage. Les Italiens formaient un groupe, ils avaient l’air très motivés sur le terrain et en dehors, malgré le scandale du Calcio et l’affaire Pessotto. Ils ont parfaitement compris le déroulement de la compétition. Après l’élimination de l’Argentine, ils ont vu s’ouvrir devant eux une autoroute vers la finale, sachant que leur grand défi était l’Allemagne en demi-finales. Et, à vrai dire, ils ont fait un match énorme face au pays hôte. La Coupe du Monde vous a-t-elle paru défensive ? Deco : Non, absolument pas. En réalité, nous étions tous très fatigués. A cause de la fatigue, les joueurs arrêtaient d’attaquer dès qu’ils avaient marqué, essayant, par la suite, de conserver l’avantage. S’ils avaient joué comme ça dès le départ, le tournoi aurait été effectivement défensif. Les équipes qui devaient jouer sous une chaleur écrasante à 15 h ont également adopté cette tactique. Pour vous, cela a donc été une belle Coupe du Monde… Deco : Lorsque les gens soutiennent une équipe et qu’elle finit par être éliminée, on cherche toujours à discréditer l’événement. Les équipes qui sont arrivées en quarts de finale, en demi-finales, puis en finale, savent à quel point le parcours est difficile. L’Allemagne, le Portugal, la France et l’Italie ont gagné leur place en battant des sélections telles que l’Argentine, l’Angleterre, le Brésil et l’Ukraine. Personne ne leur a fait de cadeau. Est-ce vrai que le Real Madrid vous a fait des propositions durant cette Coupe du Monde ? Deco : Oui, c’est exact. Ils voulaient faire la même chose qu’avec Luis Figo, transféré lors de l’élection de Florentino Pérez à la présidence du club. Ils souhaitaient me recruter au moment des élections pour faire un coup de théâtre. Mais je me plais au Barça et à Barcelone près de ma famille. J’ai toujours eu d’excellentes relations avec le président Joan Laporta et malgré une offre intéressante, je ne pouvais pas accepter. Je suis fidèle à l’équipe dans laquelle je joue, je suis un professionnel. Le Real vous inquiète-t-il ? Deco : Non, mais le Real a une grande équipe et sa disette ne peut pas durer éternellement. Avec Fabio Capello, l’équipe sera plus équilibrée en défense comme on a pu le voir à la Juve ou, avant, à Rome. Des footballeurs comme Emerson, Cannavaro et Van Nistelrooy vont constituer la colonne vertébrale de l’équipe, sans oublier les grands comme Casillas, Beckham, Robinho, Roberto Carlos ou Ronaldo. La ligue espagnole va être très intéressante car Valence et l’Atlético de Madrid bénéficient de nouveaux transferts. Notre atout est d’avoir une équipe déjà constituée alors qu’ils devront travailler dur pour y parvenir. Mais ils méritent toute notre attention, nous devons prendre les matches un par un et nous méfier de tout le monde. Parlons un peu de la Ligue des Champions que vous avez remportée la saison dernière… Le Milan AC disputera aussi la Ligue des Champions… Deco : Ca va être autant, si ce n’est plus difficile que l’année dernière. Nous sommes tous devenus plus forts, à commencer par Chelsea, dirigé par mon ami José Mourinho qui a intégré de nombreux joueurs talentueux, comme Andreï Shevchenko ou Michael Ballack. Nous ne devons pas non plus oublier nos amis Deco : Et je m’en réjouis. Je ne comprends pas que des professionnels paient les erreurs et les méthodes peu scrupuleuses de leurs dirigeants. La justice doit agir, mais les sanctions me paraissent disproportionnées. La Juve va jouer en série B, c’est un coup dur pour les joueurs. « Ronaldinho reste le meilleur joueur au monde » OCTOBRE 2006 17 Toshiba recommends Windows® XP Media Center Edition. magazine MAGAZINE STATISTIQUES Moments historiques de la Coupe du Monde Make sure you’ve got the top quality player on your side. Microsoft and Windows are either registered trademarks or trademarks of Microsoft Corporation in the United States and/or other countries. adidas and the 3-Bars logo are registered trade marks of the adidas Group, used with permission. Teamgeist is a trade mark of the adidas Group, used with permission. Pour la première fois dans l’histoire de la Coupe du Monde, médias et spectateurs ont bénéficié d’un service d’informations statistiques durant toute la Coupe du Monde de la FIFA, Allemagne 2006. Voici une rétrospective des moments les plus marquants. 09.06.2006 – 18h47 – Allemagne vs Costa Rica (4-2) 12.06.2006 – 16h51 – Australie vs Japon (3-1) Record de buts pour un match d’ouverture depuis la victoire 7-1 de l’Italie face aux Etats-Unis en 1934. L’Australie célèbre sa première victoire en Coupe du Monde de la FIFA. 09.06.2006 – 22h51 – Pologne vs Equateur (0-2) La Pologne n’a marqué dans aucun de ses premiers matches lors des cinq dernières Coupes du Monde qu’elle a disputées (1978, 1982, 1986, 2002 et 2006). L’Australien Guus Hiddink est le premier entraîneur à gagner un match de Coupe du Monde de la FIFA avec des équipes de trois confédérations différentes : les Pays-Bas en 1998 (UEFA), la Corée du Sud en 2002 (AFC) et l’Australie en 2006 (OFC). 10.06.2006 – 15h03 – Angleterre vs Paraguay (1-0) 12.06.2006 – 18h00 – Etats-Unis vs République tchèque (0-3) Gamarra (PAR) marque le but contre son camp le plus rapide de l’histoire de la Coupe du Monde de la FIFA (3e min.). À 66 ans et 211 jours, Karel Bruckner est le 5e entraîneur le plus âgé de l’histoire de la Coupe du Monde de la FIFA. 10.06.2006 – 15h08 – Angleterre vs Paraguay (1-0) 12.06.2006 – 21h40 – Italie vs Ghana (2-0) Remplacement de gardien le plus rapide de l’histoire de la Coupe du Monde de la FIFA. Justo Villar (PAR) est remplacé dès la 8e minute par Aldo Bobadilla. Andrea Pirlo marque le 111e but italien en Coupe du Monde de la FIFA. 13.06.2006 – 16h13 – Corée du Sud vs Togo (2-1) 10.06.2006 – 18h01 – Trinité-et-Tobago vs Suède (0-0) La Corée du Sud inscrit son 20e but et gagne son premier match de Coupe du Monde de la FIFA en Europe. Trinité-et-Tobago est la 10e équipe de la CONCACAF à participer à la Coupe du Monde de la FIFA. 13.06.2006 – 21h00 – Brésil vs Croatie (1-0) 10.06.2006 – 21h00 – Argentine vs Côte d’Ivoire (2-1) C‘est le 800e match de Coupe du Monde de la FIFA disputé par une équipe européenne. Henri Michel est le premier entraîneur à avoir dirigé trois équipes africaines différentes en Coupe du Monde de la FIFA. Le Cameroun en 1994, le Maroc en 1998 et la Côte d’Ivoire en 2006. 14.06.2006 – 18h00 – Tunisie vs Arabie Saoudite (2-2) 11.06.2006 – 18h36 – Mexique vs Iran (3-1) 12.06.2006 – 16h51 – Australie vs Japon (3-1) Le gardien tunisien Ali Boumnijel est le 5e joueur de plus de 40 ans à participer à un match de Coupe du Monde de la FIFA. Le Mexique marque son 80e but en Coupe du Monde de la FIFA. 14.06.2006 – 19h42 – Tunisie vs Arabie Saoudite (2-2) 11.06.2006 – 18h38 – Mexique vs Iran (3-1) Le Saoudien Sami Al Jaber est le 15e joueur et le premier joueur d’Asie à marquer lors de trois Coupes du Monde de la FIFA. L’Iranien Yahya Golohammadi est le 5e buteur le plus âgé (36 ans et 84 jours) de l’histoire de la Coupe du Monde de la FIFA. 14.06.2006 – 19h53 – Tunisie vs Arabie Saoudite (2-2) 12.06.2006 – 16h41 – Australie vs Japon (3-1) L’Arabie Saoudite, qui avait perdu ses huit derniers matches, met fin à cette série de défaites. Sa dernière victoire remonte au 29 juin 1994 (1-0 contre la Belgique). Tim Cahill marque le tout premier but de l’Australie en Coupe du Monde de la FIFA. QOSMIO G30. You are sure to be a winner with future-proof HD capabilities for a revolutionary mobile computing experience bringing multimedia to a stunning new level of excitement. Toshiba, Official IT Partner of the 2006 FIFA World CupTM. computers.toshiba-europe.com Otto Pfister (en haut). − Le but de Yahya Golmohammadi contre le Mexique. OCTOBRE 2006 19 magazine MAGAZINE STATISTIQUES Adriano inscrit le 200e but brésilien en Coupe du Monde (à gauche). Patrick Vieira en duel avec Kaká. PHOTOS : FOTO-NET (6), IMAGO Le Mexicain Omar Bravo manque son penalty contre le Portugal. – Lionel Messi, David Beckham et Ashley Cole jubilent. 14.06.2006 – 22h49 – Allemagne vs Pologne (1-0) 22.06.2006 – 16h22 – Ghana vs Etats-Unis (2-1) 27.06.2006 – 17h05 – Brésil vs Ghana (3-0) 01.07.2006 – 21h00 – Brésil vs France (0-1) La Pologne, qui a participé à sept Coupes du Monde, n’a marqué aucun but lors des quatre matches disputés face aux pays hôtes. Les Etats-Unis concèdent leur 50e but en Coupe du Monde de la FIFA. 22.06.2006 – 17h57 – Ghana vs Etats-Unis (2-1) Le 15e but inscrit par Ronaldo en Coupe du Monde de la FIFA fait de lui le meilleur buteur de la Coupe du Monde, dépassant d’un but le record détenu jusqu’ici par l’Allemand Gerd Müller. Patrick Vieira est le seul joueur à avoir participé aux quatre dernières rencontres entre le Brésil et la France (1997, 1998, 2001 et 2004). Le Ghana n’est que la cinquième équipe africaine à se qualifier pour le second tour d’une Coupe du Monde de la FIFA. 27.06.2006 – 17h46 – Brésil vs Ghana (3-0) Avec 20 rencontres de Coupe du Monde de la FIFA, Cafú est le Brésilien le plus capé à ce niveau. Il est également le joueur ayant remporté le plus de matches (16). 15.06.2006 – 15h08 – Equateur vs Costa Rica (3-0) L’Equateur a marqué lors de quatre matches consécutifs en Coupe du Monde de la FIFA. 22.06.2006 – 21h02 – Croatie vs Australie (2-2) Adriano inscrit le 200e but brésilien en Coupe du Monde de la FIFA. Danjo Sma inscrit le but croate le plus rapide de l’histoire de la Coupe du Monde de la FIFA (2e). 27.06.2006 – 21h00 – Espagne vs France (1-3) Peter Crouch inscrit le 70e but anglais en Coupe du Monde de la FIFA. Le 700e match de l’histoire de la Coupe du Monde de la FIFA. 01.07.2006 – 21h00 – Brésil vs France (0-1) 16.06.2006 – 16h46 – Argentine vs Serbie et Monténégro (6-0) 22.06.2006 – 21h46 – Japon vs Brésil (1-4) 27.06.2006 – 21h00 – Espagne vs France (1-3) En marquant le 6e but argentin à 18 ans et 357 jours, Lionel Messi devient le 5e plus jeune buteur de l’histoire de la Coupe du Monde de la FIFA. Ronaldo est le 18e joueur à marquer lors de trois Coupes du Monde de la FIFA. À 67 ans et 334 jours, Luis Aragones (ESP) est le 3e entraîneur le plus âgé de l’histoire de la Coupe du Monde de la FIFA. L’entraîneur brésilien Carlos Alberto Parreira dirige son 20e match de Coupe du Monde de la FIFA, à l’instar de Mario Zagallo et Bora Milutinovic. Le record reste détenu par Helmut Schön qui totalise 25 matches. 16.06.2006 – 16h48 – Argentine vs Serbie et Monténégro (6-0) 23.06.2006 – 21h00 – Togo vs France (0-2) 27.06.2006 – 21h28 – Espagne vs France (1-3) La plus sévère défaite de la Serbie et Monténégro depuis 1930, lorsque l’Uruguay a battu la Yougoslavie 6-1. À 68 ans et 211 jours, l’entraîneur du Togo, Otto Pfister (ALL), devient le 2e entraîneur le plus âgé de l’histoire de la Coupe du Monde de la FIFA. L’Espagne convertit son 14e penalty en Coupe du Monde de la FIFA – un taux de réussite de 100% ! 23.06.2006 – 21h00 – Suisse vs Corée du Sud (2-0) 27.06.2006 – 22h49 – Espagne vs France (1-3) Christian Zaccardo marque contre son camp. Excepté un penalty en finale, c’est le seul but concédé par l’Italie lors de ce tournoi. La Suisse dispute son 25e match de Coupe du Monde de la FIFA, son premier contre une équipe asiatique. 18.06.2006 – 15h22 – Japon vs Croatie (0-0) 23.06.2006 – 22h18 – Togo vs France (0-2) Pour la cinquième fois, l’Espagne est éliminée par une équipe européenne lors de la phase à élimination directe. La seule équipe non-européenne à avoir éliminé l’Espagne était la Corée du Sud en 2002. Le Japonais Yoshikatsu Kawaguchi est le premier gardien d’une équipe asiatique à repousser un penalty lors d’une Coupe du Monde de la FIFA. Pour la première fois depuis la finale de 1998, la France marque plus d’un but lors d’un match de Coupe du Monde de la FIFA. 30.06.2006 – 17h00 – Allemagne vs Argentine (1-1 a.p., 4-2 t.a.b.) Le 90 match de l’Allemagne en Coupe du Monde de la FIFA. Benito Archundia (Mexique) arbitre son cinquième match lors de cette Coupe du Monde de la FIFA, s’offrant ainsi le record du nombre de matches arbitrés lors d’une seule Coupe du Monde. 18.06.2006 – 19h48 – Brésil vs Australie (2-0) 24.06.2006 – 21h06 – Argentine vs Mexique (2-1 a.p.) 30.06.2006 – 18h06 – Allemagne vs Argentine (1-1 a.p., 4-2 t.a.b.) 04.07.2006 – 23h27 – Allemagne vs Italie (0-2 a.p.) Fred devient le remplaçant le plus rapide à marquer lors d’une Coupe du Monde de la FIFA. Entré sur le terrain à la 88e minute, il marque pour le Brésil deux minutes plus tard. Le capitaine mexicain Rafael Marquez inscrit son 100e but en Coupe du Monde de la FIFA d’une équipe de la CONCACAF. L’Argentin Roberto Ayala inscrit son premier but pour son 10e match de Coupe du Monde de la FIFA (1998, 2002 et 2006). Fabio Grosso marque le 120e but italien en Coupe du Monde de la FIFA. 24.06.2006 – 23h30 – Argentine vs Mexique (2-1 a.p.) 30.06.2006 – 18h37 – Allemagne vs Argentine (1-1 a.p., 4-2 t.a.b.) 19.06.2006 – 21h08 – Espagne vs Tunisie (3-1) L’Argentine reste invaincue en Coupe du Monde de la FIFA lors de matches se terminant après prolongations. L’Allemand Miroslav Klose marque son 10e but en Coupe du Monde et son premier but lors d’un match à élimination directe. Il est l’un des douze joueurs à avoir marqué au moins 10 buts en Coupe du Monde de la FIFA. Zinedine Zidane inscrit le septième but marqué pour la France par les anciens champions du monde de 1998 (Henry 3, Vieira 2 et Zidane 2). 15.06.2006 – 19h42 – Angleterre vs Trinité-et-Tobago (2-0) 17.06.2006 – 21h27 – Italie vs Etats-Unis (1-1) Jaouhar Mnari inscrit le but tunisien le plus rapide de l’histoire de la Coupe du Monde de la FIFA (8e min.). 19.06.2006 – 22h28 – Espagne vs Tunisie (3-1) Raúl devient le 16e joueur à marquer lors de trois Coupes du Monde de la FIFA. 20.06.2006 – 17h51 – Equateur vs Allemagne (0-3) 25.06.2006 – 18h17 – Angleterre vs Equateur (1-0) David Beckham est le 19e joueur à marquer lors de trois Coupes du Monde de la FIFA. 25.06.2006 – 22h56 – Portugal vs Pays-Bas (1-0) L’Allemagne remporte, pour la deuxième fois de son histoire (1970), ses trois matches de groupe. Avec un total de 12 cartons jaunes et de 4 cartons rouges indirects, la rencontre détient le record du nombre de sanctions attribuées lors d’un seul match de Coupe du Monde. 20.06.2006 – 22h07 – Suède vs Angleterre (2-2) 26.06.2006 – 22h55 – Suisse vs Ukraine (0-0 a.p., 0-3 t.a.b.) e 30.06.2006 – 19h29 – Allemagne vs Argentine (1-1 a.p., 4-2 t.a.b.) L’Argentine reste invaincue à l’issue de son cinquième match disputé après prolongations lors d’une Coupe du Monde de la FIFA. L’Allemagne et l’Argentine sont les seules équipes à avoir disputé quatre séances de tirs au but. 30.06.2006 – 19h29 – Allemagne vs Argentine (1-1 a.p., 4-2 t.a.b.) 01.07.2006 – 22h51 – Brésil vs France (0-1) La France met un terme au record du nombre de victoires consécutives remportées par le Brésil (11) en Coupe du Monde de la FIFA. 01.07.2006 – 22h51 – Brésil vs France (0-1) Pour la quatrième fois seulement, les demi-finales seront entièrement européennes (1934, 1966, 1982 et 2006). 04.07.2006 – 21h00 – Allemagne vs Italie (0-2 a.p.) 05.07.2006 – 21h33 – Portugal vs France (0-1) 05.07.2006 – 22h53 – Portugal vs France (0-1) Fabien Barthez termine un quatrième match sans avoir concédé de but ; il totalise dix matches de Coupe du Monde sans but encaissé, un record partagé avec l’Anglais Peter Shilton. 09.07.2006 – 20h00 – Italie vs France (1-1 a.p., 5-3 t.a.b.) Horacio Elizondo est le premier arbitre à diriger à la fois le match d’ouverture et la finale. Il est le deuxième arbitre, après Benito Archundia, à diriger cinq matches en une Coupe du Monde de la FIFA. Le Suédois Markus Allbäck inscrit le 2000 but de l’histoire de la Coupe du Monde de la FIFA. Pour la première fois depuis 1998, la Suisse doit disputer les prolongations. Avec 16 participations en Coupe du Monde de la FIFA, l’Allemagne remporte sa quatrième séance de tirs au but et se qualifie, pour la onzième fois, pour les demi-finales. 26.06.2006 – 23h37 – Suisse vs Ukraine (0-0 a.p., 0-3 t.a.b.) 30.06.2006 – 21h00 – Italie vs Ukraine (3-0) Zidane devient le quatrième joueur à marquer lors de deux finales, et le quatrième joueur à marquer trois buts en finale de Coupe du Monde de la FIFA. 20.06.2006 – 22h46 – Suède vs Angleterre (2-2) Henrik Larsson devient le 17e joueur et le premier Suédois à marquer lors de trois Coupes du Monde de la FIFA. La Suisse est la première équipe à manquer tous ses tirs au but (0-3), affichant le plus bas score jamais atteint lors d’une Coupe du Monde de la FIFA. Le 75e match de l’Italie en Coupe du Monde de la FIFA ; seuls le Brésil et l’Allemagne comptent plus de matches. 09.07.2006 – 21h19 – Italie vs France (1-1 a.p., 5-3 t.a.b.) 01.07.2006 – 19h29 – Angleterre vs Portugal (0-0 a.p., 1-3 t.a.b.) 20.06.2006 – 22h53 – Paraguay vs Trinité-et-Tobago (2-0) 26.06.2006 – 23h37 – Suisse vs Ukraine (0-0 a.p., 0-3 t.a.b.) Trinité-et-Tobago est la 8e équipe à être éliminée sans avoir marqué de but. La Suisse est la première équipe à être éliminée de la Coupe du Monde de la FIFA sans avoir concédé un seul but. Le nul du Portugal met un terme aux 11 victoires consécutives en Coupe du Monde de l’entraîneur Luis Felipe Scolari. Le Portugal remporte toutefois la séance des tirs au but. La moyenne d’affluence, estimée à 52 500 spectateurs, est au second rang des records de fréquentation. Seule la Coupe du Monde de la FIFA 1994 aux Etats-Unis a attiré plus de public. 26.06.2006 – 23h37 – Suisse vs Ukraine (0-0 a.p., 0-3 t.a.b.) 01.07.2006 – 19h43 – Angleterre vs Portugal (0-0 a.p., 1-3 t.a.b.) Zidane est l’un des six joueurs à marquer et à être expulsé au cours du même match. Pour la troisième fois consécutive, un nouvel arrivant en Coupe du Monde de la FIFA parvient en quarts de finale : la Croatie en 1998, le Sénégal en 2002 et l’Ukraine en 2006. Le gardien Ricardo (POR) arrête trois tentatives adverses lors de la séance des tirs au but, un record jamais atteint dans toute l’histoire de la Coupe du Monde de la FIFA. 09.07.2006 – 22h41 – Italie vs France (1-1 a.p., 5-3 t.a.b.) e 21.06.2006 – 17h14 – Portugal vs Mexique (2-1) Omar Bravo manque un penalty pour le Mexique, le troisième raté des onze penalties mexicains tirés en Coupe du Monde de la FIFA. 21.06.2006 – 17h50 – Portugal vs Mexique (2-1) Le Portugal réitère ses exploits de 1966 en remportant ses trois matches de groupe. 01.07.2006 – 19h43 – Angleterre vs Portugal (0-0 a.p., 1-3 t.a.b.) L’Angleterre a perdu toutes ses séances de tirs au but (au nombre de 3) en Coupe du Monde de la FIFA. 20 01.07.2006 – 21h00 – Brésil vs France (0-1) OCTOBRE 2006 09.07.2006 – 20h07 – Italie vs France (1-1 a.p., 5-3 t.a.b.) 09.07.2006 – 22h18 – Italie vs France (1-1 a.p., 5-3 t.a.b.) L’Italie remporte son quatrième titre de champion du monde et la 20e séance de tirs au but de l’histoire de la Coupe du Monde de la FIFA. Source : Services d’information de la FIFA OCTOBRE 2006 21 magazine BRÉSIL Chantier en perspective Capitaine du Brésil lors des campagnes de 1994 et 1998, Dunga n’a reculé devant aucun défi durant sa carrière de joueur. Il vient désormais de se voir offrir une mission pour laquelle il devra puiser dans toutes ses réserves : à 42 ans, l’ancien joueur de la Fiorentina et du VfB Stuttgart vient d’être désigné sélectionneur du Brésil. PAR BRIAN HOMEWOOD 22 OCTOBRE 2006 D unga n’a aucune expérience d’entraîneur. En revanche, il se nourrit de défis, comme il l’a prouvé en menant son équipe au titre aux Etats-Unis, quatre ans après l’élimination du Brésil dès le second tour de la Coupe du Monde 1990, pour laquelle il fut désigné responsable. Il apporte aussi un peu de fraîcheur dans une équipe peut-être composée de trop de joueurs présents depuis trop longtemps, à tel point que plusieurs équipiers de Dunga en 1998 sont encore dans la sélection brésilienne. La première tâche de Dunga, et non des moindres, sera de déterminer qui reste. Le latéral gauche Roberto Carlos et le milieu de terrain Juninho Pernambucano ont annoncé leur retraite internationale après le tournoi en Allemagne. Mais beaucoup des grands noms sont encore bel et bien là, et n’ont aucune intention de partir. Parmi eux : le gardien Dida (33), les défenseurs Cafú (36) et Lucio (28), les milieux Emerson (30), Zé Roberto (32), Gilberto Silva (30 ans en octobre), Ricardinho (30) et l’attaquant Ronaldo (30). Gilberto, doublure de Roberto Carlos, et Mineiro, derrière Emerson et Gilberto Silva dans l’ordre de sélection du milieu de terrain, ont eux aussi passé la barre des 30 ans. « MANQUE DE VOLONTÉ » Le public réclame, lui, des changements drastiques. Sa théorie, légitime ou non, est que le Brésil a perdu son titre mondial parce que ses stars se sont reposées sur leurs lauriers et ont manqué de détermination. « Je pense que nous manquions de volonté », a admis Adriano a posteriori. Durant la Coupe du Monde, les médias ont souvent fait allusion à des joueurs passant la nuit en discothèque, au surpoids de certains et au fait que quelques anciens aient mis la pression sur le staff pour rester dans l’équipe. Pour sa part, Dunga était connu pour sa combativité et n’en attendra certainement pas moins de ses joueurs. « Depuis la Coupe du Monde, certains joueurs ont parlé du manque de motivation et de volonté de l’équipe », a-t-il déclaré à sa prise de fonction. « C’est justement ce dont moi-même et le public ne voulons pas. » Dans un premier temps, Vanderlei Luxemburgo, déjà en charge de la Seleção de 1998 à 2000 et Paulo Autuori, qui a mené le São Paulo FC au titre mondial des clubs l’an passé, étaient les favoris pour prendre la place laissée libre par Carlos Alberto Parreira à l’élimination des tenants du titre. Mais la mauvaise relation de Luxemburgo avec Ronaldinho et les nombreuses controverses auxquelles il s’est trouvé mêlé lui ont coûté le poste. Autuori a, lui, la réputation d’un entraîneur exemplaire mais a certainement été pénalisé par le fait que, comme Parreira, Mission manquée : le sélectionneur Carlos Alberto Parreira (à gauche), le milieu de terrain Kaká (à droite) et le camp d’entaînement des Brésiliens à Weggis, en Suisse. PHOTOS : FOTO-NET (3), KEYSTONE il n’a jamais joué au niveau professionnel et le public ne s’identifie donc pas à son style en apparence décontracté. L’opinion générale penchait plus pour une personne capable de secouer les joueurs, quelqu’un de la trempe du sélectionneur de 2002, Luiz Felipe Scolari, qui souffre, râle et jure de la ligne de touche d’un bout à l’autre de la rencontre. Dunga semblait être la solution rêvée. Cela dit, l’échec du Brésil en Allemagne n’est pas uniquement dû au sélectionneur et Dunga a du pain sur la planche. Tout d’abord, la préparation a été terrible. Une fois la qualification acquise en octobre dernier, le Brésil n’a pas joué le moindre match contre une équipe de premier rang. Il a préféré écraser 8-0 les Emirats Arabes Unis chez eux ; affronter la Russie à Moscou en hiver sur un terrain boueux par des températures polaires ; ridiculiser 8-0 le FC Lucerne, club de seconde division suisse ; et enfin battre la Nouvelle-Zélande 4-0. L’ATTENTE POUR BAROMÈTRE L’équipe a ensuite posé son camp de préparation à la Coupe du Monde à Weggis, un site balnéaire suisse au cadre idyllique au bord d’un lac. Les joueurs pensaient avoir leur paix et pouvoir travailler en toute sérénité – belle erreur ! Des tribunes pouvant accueillir 5000 spectateurs ont été installées autour du terrain, à la manière des Anglais, pour que la foule se tienne à moins de deux mètres des joueurs. Locaux comme Brésiliens étaient alors tenus de payer pour avoir le privilège de voir les stars s’entraîner. « Pendant une séance d’entraînement, une femme criait sans cesse mon nom », raconte Gilberto. « J’ai essayé de l’ignorer, mais elle insistait tellement que j’ai fini par me retourner et lui faire un signe de la main. Elle m’a lancé : <Enfin ! Quel snob tu es !> Mais imaginez ce qui serait arrivé si le ballon était venu sur moi à ce moment. » Les entraînements étaient aussi diffusés en direct au Brésil – accompagnés de commentaires passionnés – et analysés dans le détail. Des centaines de journalistes suivaient le moindre fait et geste de l’équipe. « Il est difficile de travailler lorsque 800 personnes vous regardent », déclare Parreira à propos de la masse médiatique, brésilienne et internationale, qui s’est ruée sur les séances d’entraînement pour souvent ne voir rien d’autre que quelques étirements et légères parties de passes. « L’attente qui a été créée autour de nous était énorme et c’est elle qui a servi de baromètre, pas la réalité. » Parreira avait souvent répété l’an passé que ses stars devaient apprendre à jouer comme une équipe. Mais cela a rarement été le cas. Au lieu d’un football fluide, le Brésil a attaqué par intermittence et semblait dépendre de l’inspiration du moment de Kaká, Ronaldo, Ronaldinho ou autre Adriano. La victoire 3-0 contre le Ghana en huitièmes de finale, obtenue sur des contres malgré seulement 40 pour cent de possession de balle, a donné aux Brésiliens l’impression de pouvoir marquer à volonté. « J’avais la sensation que nous pouvions emballer le match à tout moment », a indiqué Cafú. Mais contre la France, cela n’a pas été le cas. Contrairement à ce que les médias brésiliens ont laissé entendre, Parreira ne pouvait rien au fait qu’une vague de froid a touché le camp d’entraînement, ni au fait que Ronaldinho a évolué bien en deçà de son niveau habituel. Mais il s’est trop obstiné à utiliser ses anciens, tels que Cafú, Roberto Carlos et Ronaldo, alors que du sang neuf était plus que nécessaire, et a trop vite nié les performances brouillons du Brésil au premier tour et contre le Ghana. Le football brésilien connaît des problèmes bien plus profonds, qui échappent au contrôle de Dunga. L’habitude de choisir les adversaires sur la base des primes au lieu de leur force tactique n’a pas encore été abandonnée. Le troisième match international de Dunga sera au Koweït, une rencontre grassement indemnisée qui profitera à la fédération brésilienne mais qui ne proposera certainement pas de grand défi aux joueurs. Et alors qu’il tentera de reconstruire le football de son pays, Dunga se trouvera confronté à un paradoxe du football brésilien : bien que le Brésil soit réputé pour sa capacité à produire des joueurs de qualité en masse, très peu semblent avoir ce qu’il faut pour enrichir la sélection. SEULEMENT TROIS NOUVEAUX Certes, de nombreux jeunes talentueux sont découverts chaque année au Brésil. Mais leur potentiel est souvent OCTOBRE 2006 23 magazine magazine BRÉSIL JAPON LIBÉRÉ DU PASSÉ L’approche combative qu’avait Dunga du jeu lui a valu le poste de sélectionneur du Brésil, mais à un moment, elle a aussi manqué de mettre un terme à sa carrière internationale. La période allant jusqu’à la Coupe du Monde 1990 fut qualifiée l’Ere Dunga parce qu’il personnifiait la nouvelle tendance par laquelle le Brésil, sous l’influence du sélectionneur Sebastiao Lazaroni, a remplacé son traditionnel côté artistique par un jeu à la dure, plus physique. Après l’échec au deuxième tour d’Italia 90, Dunga en fut naturellement tenu responsable ; les critiques célébrèrent la fin de l’Ere Dunga et le jetèrent aux oubliettes de l’histoire du football brésilien. Mais Dunga voyait les choses d’un autre œil. Après trois ans dans l’anonymat international, il fut rappelé en 1993. S’imposant rapidement, il devint incontournable alors que le Brésil avait mal débuté ses éliminatoires pour la Coupe du Monde 1994. Après avoir beaucoup travaillé ses passes et sa technique, il était devenu un joueur bien plus complet et réussit un retour remarquable en menant la Seleção au titre mondial en 1994. « Si j’étais resté prisonnier du passé, si j’avais accordé de l’importance aux critiques, j’aurais mieux fait de prendre ma retraite », explique-t-il. « Je savais que les critiques avaient tort, mais les paroles ne servent à rien, il fallait le leur prouver sur le terrain. » Dunga était toujours capitaine de l’équipe en 1998, alors qu’il joua son dernier match en finale contre la France (0-3). Il retourna alors au Brésil pour représenter les couleurs de l’Internacional, le club où il avait débuté sa carrière 15 ans plus tôt. Et une fois de plus, il fit preuve d’une incroyable volonté. L’Internacional avait passé presque toute l’année 1999 dans les profondeurs du classement du championnat brésilien, et c’est finalement Dunga qui marqua le but qui sauva le club de la relégation. bho Dunga, capitaine du Brésil en 1994 (tout en haut), avec le trophée de la Coupe du Monde, et en juillet 2006 avec Ricardo Teixeira, président de la Fédération Brésilienne de Football. PHOTOS : IMAGO rapidement exporté. Trop souvent, ils ne parviennent alors pas à s’adapter et finissent dans les équipes de réserve ou rentrent au pays, crédibilité perdue. Alternativement, ils sont transférés dans les ligues turques, ukrainiennes, russes ou dans les Etats riches du Moyen-Orient, où il disparaissent dans l’anonymat. Adriano, Robinho et Kaká sont les seuls nouveaux joueurs qui sont parvenus à s’imposer dans l’équipe. La plupart de la sélection du Championnat du Monde Juniors 2005 a disparu et l’équipe des moins de 23 ans de 2004 a manqué la qualification pour les Jeux Olympiques d’Athènes en s’inclinant contre le Paraguay. Le jeu à domicile, qui attire en moyenne une dizaine de milliers de spectateurs, doit 24 OCTOBRE 2006 être renforcé pour éviter l’exil très précoce des meilleurs joueurs, souvent en cours de championnat brésilien. Daniel Carvalho est un exemple. Il a quitté l’Internacional en 2004, avec le potentiel d’un meneur de jeu international. Il a rejoint le CSKA Moscou et bien qu’élu meilleur joueur de l’année en Russie en 2005, cela n’a pas suffi à intéresser le sélectionneur du Brésil. Autre exemple : Elano, autre milieu de terrain créatif dont la carrière internationale s’est écrasée après son transfert du Santos FC au Shakhter Donetsk, en Ukraine. Même au Brésil, les entraîneurs des jeunes et des seniors sont accusés de brider le talent naturel des joueurs locaux. Aussi incroyable que cela puisse paraître, l’accent est mis sur l’annihilation du jeu adverse, si nécessaire en commettant des fautes. Contrairement au jeu de la sélection nationale, le football local est terriblement violent, de nombreux matches enregistrant une soixantaine de fautes. Souvent, un physique solide est considéré comme plus important que l’habi- leté balle au pied. « Malheureusement, nous privilégions la taille et le physique à l’agilité des jeunes joueurs. Les garçons talentueux trop frêles sont ignorés », explique Fernando Calazans, éditorialiste à Rio de Janeiro pour le quotidien O Globo. Sur les 23 de 2006, seulement neuf joueurs mesuraient moins d’1,80 m et le duo offensif composé d’Adriano et Ronaldo affichait à eux deux 168 kg sur la balance. « En regardant de près les séances d’entraînement de l’équipe, je suis surpris par le physique des joueurs », a écrit, pendant le tournoi, Tostao, attaquant lors de la Coupe du Monde 1970, aujourd’hui l’un des éditorialistes les plus respectés au Brésil. Après la nomination de Dunga, Tostao se voulait prudent : « Dunga a parlé de motivation, de la volonté des joueurs, et de leur désir de porter le maillot. Mais les belles paroles ne suffisent pas. Pour le moment, elles satisfont le public. Mais il est très simpliste de penser que le Brésil n’a perdu que par manque d’adrénaline ». Osim pour relancer le moteur nippon Conduite par le brésilien Zico, la cylindrée nippone a calé au premier tour de la Coupe du Monde 2006, mais son nouveau meneur, le Bosniaque Ivica Osim, espère regonfler le moteur japonais. PAR KUMI KINOHARA S i je comparais la sélection japonaise à une voiture, je dirais qu’elle a calé et que nous devons la pousser tous ensemble pour la faire avancer ». C’est ainsi qu’Ivica Osim a résumé la situation lors de sa conférence de presse inaugurale de sélectionneur du Japon, tenue à Tokyo le 21 juillet dernier. Cette image résume bien le parcours sans éclat des hommes de Zico lors de la dernière Coupe du Monde. Recalé au premier tour, le Japon n’a pas réitéré les exploits de l’édition 2002, co-organisée avec la Corée du Sud, où il avait atteint les huitièmes de finale. Il n’a pas su démontrer les qualités de son football lors de la plus prestigieuse des compétitions. Qu’est-ce qui a fait caler le moteur ? Que s’est-il passé lors du Mondial ? En bon entraîneur, Zico croyait en ses joueurs mais il semblerait qu’il les ait surestimés. Dès son arrivée en août 2002, le Brésilien a accordé une grande liberté aux joueurs tant sur le terrain qu’en dehors, les encourageant à penser par eux-mêmes et à gérer les matches seuls. Il savait, par expérience, que les joueurs font le jeu. Mais, ayant évolué pendant plus de dix ans au sein du football nippon, il s’est Le nouveau sélectionneur japonais Ivica Osim mise sur les aptitudes du milieu de terrain Shunsuke Nakamura. OCTOBRE 2006 25 magazine JAPON Le départ de Nakata rendu compte que les footballeurs japonais étaient de bons exécutants, requérant des instructions précises (comme ce fut le cas lors de la Coupe du Monde 2002, avec Philippe Troussier), mais qu’ils n’avaient aucune vision personnelle du jeu. Sa méthode aurait fonctionné si les Nippons avaient, mentalement et tactiquement, le niveau des Brésiliens. Ce n’est malheureusement pas le cas, vu l’hétérogénéité de l’équipe. Zico aurait cependant dû leur donner Osim à l’occasion de sa présentation officielle. 26 OCTOBRE 2006 plus d’instructions tactiques pour qu’ils puissent jouer véritablement en équipe. CONFUSION GÉNÉRALE Les Japonais, qui avaient bien réussi en Asie, cherchaient encore un style de jeu à la veille du Mondial, ce qui eut de lourdes conséquences lors du premier match du groupe F, face à l’Australie. Menant 1-0 dans la seconde période, la sélection a dû faire face à la pression incessante des Australiens dans les dernières minutes, qui s’est encore accentuée lors de l’entrée en jeu de Shinji Ono à la 79e minute. Zico pensait que l’ancien milieu de terrain du Feyenoord consoliderait le centre japonais et permettrait de relâcher la pression sur les joueurs. Mais son message, incompris du reste de l’équipe, engendra une confusion générale et provoqua l’effondrement. Les Australiens, revenus au score à la 84e minute, marquèrent encore deux buts dans les huit dernières minutes de jeu. Cette défaite a hanté les Japonais. Pour la première fois en quatre ans, Zico harangua les joueurs pour qu’ils se concentrent sur les matches suivants. Les anciens de la Coupe du Monde France 1998, le milieu de terrain Hidetoshi Nakata et le gardien Yoshikatsu Kawaguchi, connaissent l’importance du mental dans le jeu et ont tout fait pour remonter le moral de l’équipe à l’entraînement. Kawaguchi, ancien gardien de Portsmouth et du FC Nordsjaelland, encourageait bruyamment ses coéquipiers alors que Nakata, ancien joueur de Pérouse, de l’AS Rome, de Parme, de la Fiorentina et de Bolton, passait leur jeu en revue dans les moindres détails. Mais leurs efforts furent vains. « Je ne sais pas pourquoi les footballeurs japonais ont un faible mental. Nous sommes peutêtre trop repus pour avoir encore soif », a déclaré Kawaguchi. Selon Guido Buchwald, entraîneur des Reds d’Urawa, « Les footballeurs japonais ont tendance à perdre leurs moyens au moindre revers. Ils n’arrivent pas à se maîtriser. C’est pour cela qu’il faut qu’ils jouent régulièrement. Avec la pratique, ils rencontrent toutes les situations possibles, ils peuvent perdre ou rencontrer une équipe adverse très soudée, ils peuvent aussi apprendre à s’im- pliquer ou à mener le jeu. Le niveau de la J. League a atteint celui des autres pays, il faudrait peut-être arrêter de privilégier des joueurs du simple fait qu’ils jouent en Europe », a ajouté l’ancien international allemand. Conseiller technique du Brésil lors de la Coupe du Monde 1998, Zico, qui a disputé trois Coupes du Monde, avait une haute opinion de certains footballeurs : les joueurs de clubs européens et les vainqueurs de la Coupe d’Asie 2004. Lors de ce tournoi, qui a eu lieu en Chine, les Japonais ont dû surmonter de nombreuses difficultés avant de décrocher le titre. Cette victoire a relevé le niveau des joueurs nationaux et a permis à l’entraîneur japonais de constituer la base de son équipe. Il conserva, malgré tout, sa vision hiérarchique lors de la sélection, ce qui l’empêcha d’être suffisamment flexible pour faire entrer de nouveaux éléments. EXCÈS DE CONFIANCE L’équipe aurait été en mauvaise condition tant sur le plan mental que physique. Selon Kozo Tashima, ancien directeur technique de la Fédération Japonaise de Football (JFA), le match de préparation contre l’Allemagne, disputé le 30 mai, aurait affecté les joueurs. « L’équipe a mieux joué que prévu, en décrochant un nul 2-2 qui lui a donné confiance mais de façon sans doute excessive », a déclaré Tashima. « Les joueurs n’ont pas sous-estimé les Australiens, mais ils se sont reposés sur leurs lauriers au lieu de se préparer à relever un défi ». Le parcours du Japon lors de cette Coupe du Monde – défaite 3-1 face à l’Australie, nul 0-0 face à la Croatie et échec cuisant 4-1 devant le Brésil – était quelque peu prévisible. La sélection japonaise, loin de chez elle, était parmi celles qui comptaient le moins de joueurs évoluant en Europe. Avec Osim, le Japon va tout faire pour retrouver son style de jeu, à la fois rapide, vif et agile. « Le football actuel exige de jouer vite. Pour retrouver notre rapidité et rattraper le reste du monde, Osim paraît être l’entraîneur idéal », a indiqué Tashima. Le coup de sifflet final retentit. Le regard perdu et noyé de larmes, Hidetoshi Nakata reste couché sur la pelouse de Dortmund, comme s’il voulait se remémorer le contact du terrain qu’il a foulé pendant 20 ans. « Lors de ma première Coupe du Monde, je ne savais pas réellement ce que cette compétition représentait, et pour la seconde, nous jouions à domicile. Mais cette fois, j’avais vraiment le sentiment de participer à la Coupe du Monde. C’est pour ça que je suis très déçu par l’issue du tournoi », a commenté Nakata à la sortie de son dernier match, perdu 4-1 face au Brésil. A 29 ans, Nakata est une star du football japonais. Dès ses débuts professionnels au Bellmare Hiratsuka, en 1995, il savait qu’il pourrait évoluer au niveau international. Cette intuition, qui s’est d’abord confirmée sur le terrain, s’est également révélée dans sa capacité à communiquer avec ses coéquipiers. En expliquant aux joueurs comment affronter les meilleures équipes du monde, il aida Zico à bâtir son équipe et à organiser les matches avant et pendant la compétition. « Hide a pris les rênes en nous expliquant les points cruciaux des matches, et nous lui en sommes reconnaissants », a souligné son ancien coéquipier Masashi Nakayama du Jubilo Iwata, qui a inscrit le premier but japonais en Coupe du Monde, en 1998. « Il nous a beaucoup appris lors des matches et des séances d’entraînement. » « Le parcours de Nakata en Italie a dressé un pont entre l’Europe et le Japon », a déclaré Yukinori Takeshi, commentateur sportif au journal Nikkei. « Il a ouvert la voie aux footballeurs japonais désireux de jouer en Europe. Grâce à lui, les clubs européens ont pris conscience du potentiel des joueurs japonais sur le terrain et en dehors. Son départ nous signale qu’il est temps de constituer une nouvelle équipe plus jeune. » Nakata, qui a joué pour le Japon dans toutes les catégories juniors, a disputé 77 matches en professionnel et totalisé 11 buts. kki Hidetoshi Nakata, une idole se retire. PHOTOS : FOTO-NET (2), IMAGO (2) Osim, qui a mené la Yougoslavie en quarts de finale lors de la Coupe du Monde 1990, est arrivé au Pays du Soleil Levant en 2003 pour diriger le JEF United Chiba. Il a fait progressé le club de la troisième à la première division japonaise cette année, décrochant, l’année dernière, sa première Coupe Nabisco. Né à Sarajevo il y a 65 ans, Osim, qui travaillera en étroite collaboration avec ses assistants japonais, y compris le jeune entraîneur Yasuharu Sorimachi, pas encore 21 ans, supervisera aussi les équipes juniors. Sous l’impulsion de la fédéra- tion, de nouveaux joueurs pourraient émerger du centre de formation de la JFA et des sections juniors des clubs de la J. League. « Nous devons utiliser les caractéristiques des joueurs japonais qui sont l’agilité, l’agressivité et les compétences individuelles. L’équipe n’a pas suffisamment exploité ces qualités. Nous pouvons jouer beaucoup plus vite », a précisé Osim. Le nouvel entraîneur ne sera pas seul à pousser la voiture nippone sur la voie de la Coupe du Monde 2010. OCTOBRE 2006 27