Une saison vidéoludique virile
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Une saison vidéoludique virile
AU QUOTIDIEN | MM45, 7.11.2016 | 103 Multimédia Une saison vidéoludique virile La nouvelle mouture de «FIFA», le célèbre jeu de football, renforce l’emprise d’EA Sports sur le ballon virtuel alors que le gameplay se corse délicieusement. De son côté, Marcus Fenix revient vingt-cinq ans plus tard dans le 4e «Gears of War». Et comme la licence qui l’a porté au pinacle du héros viril, il est en pleine forme. Texte: Pierre Léderrey Le jeu «FIFA 17» n’a jamais été aussi réaliste, tant au niveau de l’ambiance que des gestes des footballeurs. Photos: DR U ne fois de plus, l’automne-hiver de la planète vidéoludique sera largement footballistique. Sorti comme d’habitude en grande pompe, FIFA 17 passionne déjà des milliers de joueurs à travers le monde, surtout en ligne avec ce fameux mode Ultimate Team dont les dérives pécuniaires défraient la chronique. Produite par le géant Electronic Arts (EA) qui, depuis le soleil californien, développe les références des jeux de sport (avec également NBA pour le basket ou le très réussi NHL 17 consacré au hockey sur glace), la licence FIFA a désormais écrasé toute concurrence, notamment japonaise avec son ProSoccer désormais «complètement aux fraises», comme dirait Pierre Ménès, célèbre sniper du PAF. Autant le dire tout de suite: la dernière mouture de FIFA fait carton plein. En matière de gra- phismes, on est à deux ou trois siècles de la première sortie en 2D sur Super Nes. L’an dernier, Electronic Arts avait pris un gros risque technique en abandonnant le moteur graphique traditionnel du jeu pour le plus moderne Frosbite qui équipe la série des Blackfield, le first personal shooter (FPS) ( jeu à la première personne, ndlr) concurrent de Call of Duty. Eclairages, décors, mouvements et modélisations des joueurs, ambiances: l’immersion dans le ballon rond virtuel n’a jamais été aussi poussée. Et le résultat plaisant à regarder. La plaisanterie du moment au sein de la galaxie consacrée au jeu sur le Web – youtubeurs, blogueurs, forums et on en passe: il est partout! – consiste d’ailleurs à regretter que Lionel Messi soit déjà représenté avec son improbable récente coupe de cheveux peroxydés. Le déplacement et les gestes des joueurs se montrent AU QUOTIDIEN | MM45, 7.11.2016 | 105 «Gears of War 4» Noël avant l’heure Vous penchiez plutôt pour la Sony PS4 pour Noël? Attention, Gears of War 4 (GoW) qui marque le grand retour des Locustes et de Marcus Fenix, le plus viril des héros vidéoludiques, peut vous faire changer d’avis à coups de «trishot», le nouveau et plutôt monstrueux fusil à pompe à trois coups. «Gears of War 4» bénéficie d’un graphisme soigné et d’un scénario plutôt mature. par exemple particulièrement réalistes. Voilà qui nous amène au gameplay, élément naturellement essentiel d’un jeu de sport. En 2016, ce dernier était assez clairement tourné vers l’arcade avec une attaque transperçant plutôt facilement toute défense et une place importante (trop, aux yeux de beaucoup) laissée aux gestes techniques. Amusant à jouer, mais aussi un peu frustrant en termes de réalisme et de construction de jeu. FIFA 17 fait clairement un 360 dans ce domaine: la défense devient bien plus compliquée à contourner; le jeu en solo à coups de dribbles, sombreros et autres roulettes trouvant rapidement ses limites. «Du coup, là, t’es vraiment heureux de marquer», commente l’un des «commentateurs» de la licence les plus regardés sur Youtube. Plus intéressant, le gameplay en devient aussi plus technique et moins immédiatement fun pour les débutants. Mais, clairement, cela ressemble bien davantage à du vrai foot. Y compris dans les stratégies souvent très défensives des adversaires en ligne. Le multijoueur occupant désormais une place prépondérante dans tout jeu vidéo, le mode star de FIFA reste naturellement Ultimate Team. Pour résumer, histoire de sauver votre réputation auprès de vos enfants: chacun joue avec son équipe à l’aide de cartes très bien faites représentant de vrais joueurs qu’il peut vendre ou acheter. Comme un vrai président de club. Chaque partie rapporte un certain nombre de crédits. Et bien sûr davantage si l’on gagne. En découle un immense marché des transferts avec plusieurs millions (!) de cartes à vendre par autant de joueurs du monde entier. Les règles du marché Extrêmement addictif – c’est fait pour! – et prenant, Ultimate Team n’est pas sans danger pour les plus jeunes, ne serait-ce que parce que les «packs» proposés par EA (eh oui, évidemment, on peut aussi directement acheter de meilleurs joueurs pour s’épargner quelques dizaines d’heures de manette) coûtent plutôt cher. Et que ce marché virtuel répond à la règle bien réelle de l’offre et de la demande. Mais compte aussi nombre de sites proposant l’achat de crédits ou de codes de «cheat» («tricherie») permettant par exemple de faire le plein de points parfaitement illégalement. Cela peut certes inculquer quelques règles de morale et d’économie (accessoirement une connaissance encyclopédique des compétences de dizaines de footballeurs pros, célèbres ou non), mais également vider la carte de crédit parentale quand ce n’est pas provoquer quelque crise de nerfs enfantine. Evidemment, qui dit jeu en ligne prenant dit aussi activité extrêmement chronophage. Surtout si l’on tente le sousmode ultime baptisé FUT Champions: après une phase qualificative à élimination directe, il faut en principe jouer… quarante matchs en un weekend pour atteindre le graal et de jolies récompenses sous forme de packs prévus pour rendre plus captifs encore. Pourvu que la météo hivernale soit affreuse! MM «FIFA 17», EA Sports, sur PS4, Xbox One ou PC (testé sur Xbox One), dès Fr. 59.sur www.digitec.ch C’était il y a dix ans. Développé par Epic Games pour le compte de Microsoft et de sa Xbox 360, la première apparition de ce massacre à la tronçonneuse post-apocalyptique où une poignée de soldats hautement testostéronés tentaient de repousser des hordes de monstres surarmés sortis des entrailles même d’une terre ravagée. Ne serait-ce que parce qu’il marqua aussi le début du règne du moteur graphique 3D Unreal Engine 3, grand concurrent du Frosbite propriété d’Electronic Arts. Mais plus fondamentalement parce qu’il inventait le cover-fps à travers un gameplay d’une simplicité jouissive (en gros: je m’abrite, je tire, je m’abrite, je tire) dans une ambiance sombre et désespérée de fin du monde. Les deux épisodes suivants, sans totalement démériter, ne parvinrent pas tout à fait à entretenir la flamme auprès d’une immense communauté de hardcore players. Un pari réussi cette fois haut la main pour les dix ans de la série. Des graphismes détaillés à un scénario plutôt mature et inattendu (alors que cela n’a jamais été le point fort de GoW) se déroulant vingt-cinq ans plus tard, sans oublier des combats intenses et jouissifs, la mission est remplie avec éclat. Y compris du côté du multijoueur, le meilleur de la série à ce jour. Mention spéciale pour le mode Horde 3.0 où réflexes mais aussi stratégie entre joueurs dans le choix des classes deviennent primordiaux. Bref, le nouveau Battlefield s’avérant plutôt décevant, et même si le tout nouveau Call of Duty confirme l’excellence de son prédécesseur, GoW remporte d’ores et déjà la palme de la meilleure surprise de cette fin d’année. «Gears of War 4», Microsoft Studios, sur Xbox One et PC, dès Fr. 64.- sur digitec.ch