Châteauneuf-du-Pape:les deux syndicats se

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Châteauneuf-du-Pape:les deux syndicats se
Vaucluse
2
Dimanche 28 Février 2016
www.laprovence.com
La route
des vins
Châteauneuf-du-Pape: les
deux syndicats se rapprochent
Pour les 80 ans de l’appellation, les vignerons vont peut-être défendre leurs intérêts ensemble
I
Le concours des vins
de la Foire d’Avignon
franchit la barre des
1 000 échantillons
Le 31e concours des vins de la
Foire d’Avignon se déroule
cette année le samedi 5 mars
au Parc des expositions de
Châteaublanc. À cette occasion, les responsables ont le
sourire : encore une fois, ils
franchissent la barre symbolique des mille échantillons.
Un encouragement certain
pour tous les membres des
différents jurys qui, par leur
sérieux et leur rigueur, ont
participé à la notoriété de ce
concours qui a été reconnu
officiellement et inscrit sur la
liste officielle des concours
agréés du ministère.
Cette nouvelle édition du
concours des vins de la Foire
d’Avignon bénéficie du parrainage du Maître cuisinier
Michel Meissonnier. Autres
participations sollicitées, celle des élèves de 3e année de
l’école de sommellerie de la
Chambre de commerce et
des lycéens de Cantarel qui
viennent prêter main-forte le
jour J aux différents présidents de table de jurys.
Autant d’éléments qui font
qu’aujourd’hui les médailles
délivrées par ce concours des
vins de la Foire d’Avignon
sont très appréciées par les
participants, qu’ils soient
producteurs ou négociants.
Le fait que les macarons affichent le visuel du Pont
d’Avignon, de renommée
mondiale, n’est sans doute
pas étranger à ce succès.
➔ Plus de renseignements
au 006 09 04 56 80.
www.concoursdesvins-avignon.com
Quand la truffe
rencontre les vins de
Grignan-les-Adhémar
Vendredi 4 mars, l’office de
tourisme de Montélimar
(Drôme) organise la Rencontre truffe et vin, une soirée
"œnogastronomique" mettant à l’honneur la truffe et
les vins de Grignan-les-Adhémar. Au programme : à 19h,
conférence sur la truffe ;
19h30, apéritif convivial offert par les vignerons accompagnés de toasts truffés ; 20h,
repas musical.
Les femmes à
l’honneur chez les
Vignerons du Castelas
Samedi 5 mars, à l’occasion
de la Journée de la femme,
les Vignerons du Castelas organisent une journée portes
ouvertes pour mettre en valeur toutes les femmes du village de Rochefort-du-Gard.
Artistes, sportives, toutes
viendront présenter leurs œuvres. De 9h à 18h, les visiteurs pourront ainsi découvrir de nombreux talents féminins de la région et goûter
le nouveau millésime 2015
en côtes-du-rhône rosé,
blanc et rouge tout au long
de la journée.
ndéniablement, même si cela en irrite certains, Châteauneuf-du-Pape
est
l’appellation de la basse vallée
du Rhône la plus populaire du
monde. Et en disant basse vallée du Rhône, peut-être sommes-nous modeste. Outre la
qualité du vin que nous n’allons
pas intellectualiser ici, cette notoriété a des explications objectives. La première est
l’ancienneté. Souvenons-nous,
en 1924, Pierre Le Roy de Boiseaumarié, dit "le baron Le
Roy", crée le Syndicat des vignerons de Châteauneuf-du-Pape,
puis, en 1929, le Syndicat des côtes-du-rhône. C’est sous cette
impulsion qu’est apparue, en
mai 1936, la première AOC de
France, en même temps que Tavel, Arbois, Cassis et Monbazillac. D’ailleurs, c’est ensemble, qu’ils ont fêté cet anniversaire dans un restaurant d’une
enceinte créé par Philippe Stark
à l’occasion du salon Vinisud, à
Montpellier, le 15 février dernier.
"Depuis 2008,
tout le monde travaille
ensemble"
Autres raisons de la force de
Châteauneuf-du-Pape, une vaste surface de production de plus
3 000 ha sur cinq communes, et
une présence annuelle sur le
marché mondial du vin de 13
millions de bouteilles produites
par 220 domaines particuliers
et une cave coopérative, le Cellier des Princes. "En 2005, nous
avions 330 domaines,
aujourd’hui, il n’y en a plus que
220. Il y a cependant 320 déclarations de récoltes avec ceux qui
portent à la cave. Il y a eu des héritages, les exploitations ont grossi. Il y a aussi de nombreux domaines des alentours qui élargissent leur gamme en achetant
quelques hectares et, parfois même, quelques dizaines d’ares de
Châteauneuf. L’appellation s’est
nourrie de brassages et, en même temps, certains vignerons
sont installés depuis sept généra-
Michel Blanc (3e en partant de la droite), directeur de la Fédération des syndicats de producteurs de Châteauneuf-du-Pape,
en compagnie de nombreux vignerons sur le stand de l’appellation au salon Vinisud, à Montpellier.
tions", explique le directeur de
la Fédération des syndicats de
producteurs, Michel Blanc.
À l’occasion des 80 ans de
l’AOC -- également le plus ancien cru de la région --, le directeur du syndicat espère une décision qui pourrait encore aller
dans le sens d’une meilleure médiatisation. "Depuis 1995, il y a
deux syndicats à Châteauneuf-du-Pape, mais le temps a
passé et, depuis 2008, l’ODG (organisme de gestion) travaille
avec tout le monde. C’est pourquoi, le 15 mai, j’espère bien
qu’il y aura une réunification
syndicale." Et que ceux qui trouvent les Castelpapaux un peu arrogants s’arrêtent un instant sur
les propos de Jean-Marc Diffonty, vice-président de la fédération et vigneron du Château Sixtine, qui prône un rapproche-
ment au-delà des syndicats :
"Nous ne sommes plus concurrentiels avec le voisin mais avec
le monde entier. Notre vallée du
Rhône est riche de vins très variés. Avec les VDN, les effervescents, les vins du Gard, nous
avons le plus beau vignoble du
monde avec 22 cépages différents rassemblés sur 200 kilomètres."
Une bouteille ne vit
que 2 ans en moyenne
À Châteauneuf, il n’y a pas
que les vignerons qui changent,
il y a aussi le climat, la philosophie, et, par extension, les vins.
"L’Europe du nord et
l’Amérique représentent 90 % du
marché mondial. Mais il y a aussi les Asiatiques qui, comme les
Anglo-Saxons et, du coup, une
majorité de consommateurs
dans le monde, qui ne veulent
plus attendre vingt ans pour boire une bouteille. Le Châteauneuf
est à la fois un vin de garde mais
aussi un vin que l’on peut boire
dans les deux ou trois ans, avec
un couscous, un menu japonais
ou une daube… Aujourd’hui, il
faut faire des grands vins, certes,
mais consommables. Il y a
moins d’argent et moins de
temps. Le Châteauneuf se boit
dans les grands centres urbains
mondiaux. La durée de vie d’une
bouteille est de deux ans. Il y a
un important travail des vignerons pour faire le meilleur des
vins mais qui peut être bon
après avoir été carafé deux heures", ajoute Michel Blanc en porte-parole de l’appellation qui
est la plus ancienne, certes,
mais qui veut et sait vivre dans
son temps.
Bernard SORBIER
/ PHOTO CYRIL HIÉLY
LES CHIFFRES
L’appellation Châteauneuf-du-Pape couvre 3 160
hectares sur les communes
de Châteauneuf, Courthézon, Bédarrides, Sorgues et
Orange. La production
moyenne est de 31 hectolitres à l’hectare. La production annuelle moyenne est
de 90 à 100 000 hectolitres, dont 13 millions de
bouteilles. 320 exploitations produisent du Châteauneuf, qui compte 220
domaines particuliers et
une cave coopérative, le
Cellier des Princes, qui vinifie 3 % de l’appellation.
95 % des vins sont produits
en rouge et 5 % en blanc.
UNE CAVE, UNE HISTOIRE...
Joël Bouscarle, vigneron et coopérateur engagé
Comme on dit, Joël est un "enfant du
pays". Son grand-père était déjà coopérateur à la cave de Sylla. Après un BTS viti-oeno à Avignon, il obtient son diplôme
d’œnologue à l’école de Montpellier. En
1997, c’est le grand retour dans
l’exploitation familiale, à Saignon, avec
une idée en tête : orienter le domaine
vers la viticulture. Progressivement, la vigne va prendre le pas sur la cerise et le
lavandin. Syrah, grenache, roussanne,
chardonnay, muscat vont constituer
l’encépagement du domaine.
Mais le travail de la terre ne nourrit pas
suffisamment son homme.
L’accomplissement passe par
l’engagement du citoyen, au service des
autres. Dès 1998, il est administrateur de
la cave coopérative d’Apt. En 2008, il fonde le Collectif des agriculteurs du Parc
du Luberon. En 2012, il succède à Bertrand Reynaud, président du Syndicat
des AOP Luberon. En 2013, il devient président de la cave coopérative "Les vins
de Sylla".
"Je suis très attaché aux valeurs de solidarité et de démocratie qui régissent les
rapports au sein de la coopération. Nos
principes sont proches de ceux du commerce équitable. Nous ne faisons pas de
bénéfices, tout est redistribué. La "coop",
j’y suis bien, c’est comme un grand domaine où on se donne la main pour avancer
ensemble. Échanger nos compétences et
partager nos savoir-faire nous enrichit
mutuellement. Ma satisfaction personnelle passe par la réalisation d’un projet collectif, je ne peux pas m’imaginer tout seul
dans mon coin."
Les vins de Sylla : une centaine de coopérateurs installés sur un millier
d’hectares de vignes, répartis sur quatorze communes, de Villars à Apt, de Rustrel à Roussillon et de Bonnieux à
Saint-Martin-de-Castillon. Ils produisent en moyenne 55 000 hl par an, dont
35 000 en Ventoux, 6 000 en Luberon et
14 000 sous l’appellation IGP. Les rouges
représentent encore 55 % des volumes,
tandis que les rosés ont atteint 40 %.
Si la plus grande partie de la production est absorbée par le groupe Marrenon, 15 % des volumes sont vendus directement dans les caveaux d’Apt et Cavaillon, et dans le circuit CHR.
À la tête d’une véritable entreprise où
travaillent une vingtaine de collaborateurs, comme il se plaît à les désigner, le
nouveau président prend les choses en
main. La bonne récolte de 2014 a permis
de réaliser les travaux d’embellissement.
"Mais je ne perds pas de vue qu’avant
tout, dans un contexte difficile, il faut
maintenir la production à son niveau actuel. Pour cela, deux projets me tiennent
à cœur : reprendre les terres laissées par
les départs à la retraite et limiter les friches." Pour mener à bien ces actions de
mise en valeur du territoire et de défense
d’une économie sociale et solidaire, une
société par action simplifiée (SAS) a été
créée. Gérée par le conseil
d’administration de la coopérative, elle
prend à bail tout ou partie d’un vignoble
et le confie à des prestataires, en attendant un éventuel repreneur. Par ailleurs,
un financement participatif sera prochainement mis en place. Il permettra de
constituer un vignoble collectif où la rémunération de l’épargnant se fera "en liquide". Le vigneron Joël Bouscarle garde
les pieds sur terre pour permettre au président de la cave coopérative, Bouscarle
Joël, de valoriser l’outil collectif, au service de ses adhérents.
Adrien TEMPORIN

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