La mode aux parfums Maïté Turonnet

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La mode aux parfums Maïté Turonnet
LEXPRESS.fr du 27/02/2007
La mode aux parfums Maïté Turonnet
Dior, Armani, Lempicka ou Gaultier...
Pas un couturier ou un styliste qui
n'ait un sent-bon à son nom.
Célébrant ainsi le mariage réussi de
la couture et des fragrances
«J'aime le parfum autant que la mode: ça m'a toujours fait rêver et je ne connais
rien de mieux pour témoigner de l'identité d'une marque», explique la styliste Lolita
Lempicka, qui fête les 10 ans de sa première fragrance avec - bientôt - trois
variations nommées «les Caprices de Lolita». Quatre-vingt-cinq ans plus tôt,
Gabrielle Chanel déclarait pareillement: «Il n'y a pas d'élégance possible sans
parfum. C'est l'invisible, ultime et inoubliable accessoire.» Des parfums et de la
mode, la liaison est tellement étroite qu'on pourrait l'ainsi dire conjugale.
Entre l'avènement de la parfumerie moderne à la fin du XIXe siècle et sa mainmise
par le monde de la couture, il s'en est pourtant fallu de presque un demi-siècle: le
temps de s'adapter aux découvertes de la chimie ainsi qu'à la modification du métier
de parfumeur et à l'essor industriel qui s'ensuivirent, la mode, pendant ce temps,
restant encore en corsets serrés et collets montés. Le premier, en 1911, à associer
senteurs et falbalas est Paul Poiret, qui crée les Parfums Rosine, du nom de sa fille.
Après la guerre, d'autres prennent la relève. Chanel, donc, dès 1921. Avec son N° 5
saturé de fleurs hors de prix (pour ne pas être copiée) et d'aldéhydes audacieux, elle
donne le coup d'envoi d'un engouement sans retour. Du jour au lendemain, c'est la
ruée. Jeanne Lanvin, Worth, Paquin, Molineux, sans oublier les modistes et les
fourreurs. Même si les industriels grassois se réjouissent de cette affluence de
clients, d'autres s'émeuvent. En mars 1927, le quotidien L'Excelsior pose la question:
«Le grand couturier est-il qualifié pour créer des parfums?» Et y répond sans
ambages: «Ce genre de négoce paraît indigne d'eux, qui n'ont pas besoin, pour
accroître leur chiffre d'affaires, d'empiéter sur le territoire d'autrui. »
Alber Elbaz : «Faire un parfum ou une robe, c'est pareil »
Directeur artistique des collections femme de Lanvin
Comment avez-vous approché la création de Rumeur, le nouveau parfum de votre maison?
En étant moi-même: disponible et curieux. En m'intéressant autant aux détails matériels qu'à mes émotions. En souhaitant
apporter plus de beauté à un monde où le laid est souvent triomphant. La rencontre avec Inter Parfums [propriétaire des
parfums Lanvin] a été décisive: Francis Kurkdjian, le parfumeur, et moi avons eu carte blanche et nous nous sommes vus
toutes les semaines pendant des mois.
Le rapport entre le parfum et la mode?
Faire un parfum et une robe, c'est pareil. C'est le même univers, à la fois artistique et industriel. Pour Rumeur, on a travaillé
sur la contradiction: un flacon rond et carré, un jus poétique et moderne, un ruban en gros-grain et une signature en graffiti.
Votre définition du parfum?
Si les yeux sont le miroir de l'âme, le parfum est celui du cœur.
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Près de 800 parfums apparaissent entre 1919 et 1930. Les chiffres explosent, la
compétition entre maisons de parfumerie et de couture fait rage (Jean Patou lance
20 fragrances en dix ans; Guerlain, une cinquantaine), jusqu'à ce que la guerre
calme le jeu. En mode, la deuxième moitié du XXe siècle voit l'avènement du prêt-àporter. La parfumerie suit, s'affranchissant du luxe pour entrer chez Prisunic avec
Anaïs Anaïs de Cacharel, en 1978, ou chez Carrefour avec Choc de Pierre Cardin. Les
somptueux extraits se désacralisent et financent la haute couture, avec des produits
grand public mais joliment griffés. Et, petit à petit, les femmes changent d'eau de
toilette comme de look. En 1993, Escada ose, raccord avec sa collection d'été, une
fragrance éphémère. Chiffon Sorbet fait un tabac (dont le énième descendant, cette
année, s'appelle Sunset Heat) et des émules. Même Yves Saint Laurent s'y met avec
de jolies déclinaisons, dont celle, actuelle, du parfum Paris, nommée Jardins
romantiques.
On a envie de nouvelles senteurs comme on a envie de nouvelles tenues; on les
choisit selon les circonstances: avec une petite robe noire du soir, un jus un peu
raffiné (Eau tendre de Prada); un week-end ensoleillé, un accord fleuri, joyeux
(Chance Eau fraîche de Chanel, au cédrat et au jasmin). Démystifié, le parfum est un
luxe dont on s'amuse, chaque saison offrant son train d'attirantes nouveautés.
Certaines femmes, bien sûr, restent fidèles à une seule et même fragrance tout au
long de leur vie, mais elles deviennent minoritaires: on compte en effet que la
moyenne aligne sept flacons sur sa table de toilette. Revers de la médaille? Les
esprits chagrins objectent que, à ainsi banaliser l'objet, les parfums y perdent leur
élégance, voire leur beauté. On reproche aux groupes qui ont racheté les maisons de
couture ou leurs licences de parfums de privilégier la rentabilité au détriment de la
qualité, et aux créateurs de mode de ne pas s'intéresser assez à ce qui se produit et
se vend en leur nom.
L'objection, justifiée dans les années 1980-1990, l'est moins aujourd'hui: Jean Paul
Gaultier ou Issey Miyake, Narciso Rodriguez ou Jean-Charles de Castelbajac, Thierry
Mugler ou Lolita Lempicka, Paul Smith, Stella McCartney, Nathalie Rykiel et bien
d'autres savent désormais mettre le nez dans ce qui les regarde. Ayant parfaitement
compris que les fragrances étaient une vitrine à ne pas négliger, ils y impriment,
aidés et encouragés par les parfumeurs chargés de leur réalisation, un style
personnel et identifiable. Gaultier aime les notes fleuries plutôt opulentes (y compris
dans les eaux pour homme, comme le prouve la Fleur du mâle, son dernier-né;
Narciso Rodriguez, les odeurs sensuelles et soyeuses, pareilles à ses robes en satin
coulant sur le corps; Lempicka, les notes d'enfance un peu féeriques; et Mugler, le
contraste entre une féminité presque violente et un imaginaire de bande dessinée (à
vérifier dans sa nouvelle Eau de star, partagée entre patchouli brûlant et fraîcheur
limpide). Le marché ne s'y trompant pas, qui leur accorde succès, la preuve est donc
faite, cent cinquante ans après le début, que mode et parfumeurs sont
indissociables.
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Actualité | France
Le corps d'un enfant découvert dans le Rhône
ANGÉLIQUE NÉGRONI.
Publié le 06 mars 2007
C'est probablement le corps du petit Julien, 3 ans, disparu en janvier, qui
a été retrouvé près d'un barrage électrique, au sud de Valence.
LE CORPS d'un enfant a été découvert hier après-midi à 16 h 45, dans le Rhône,
retenu par un barrage. Selon le procureur de la République de Valence, Jean-Pierre
Nahon, des ouvriers chargés de l'entretien du barrage de Logis-Neuf (Drôme) sur le
Rhône au nord de Montélimar ont retrouvé le corps d'un petit garçon,
« vraisemblablement âgé de 3 à 4 ans, mesurant un mètre, pouvant laisser supposer
qu'il s'agit de celui du petit Julien ». Cet enfant de trois ans et demi avait disparu le
29 janvier dernier à Bourg-lès-Valence (Drôme).
Le corps retrouvé hier parmi des troncs d'arbre ne portait « aucune blessure
apparente et était habillé », a souligné le procureur, précisant qu'un médecin légiste
s'était rendu hier soir sur place afin de faire les premières constatations.
Une autopsie sera pratiquée mercredi matin afin de déterminer les causes de la mort
de ce petit garçon et s'il s'agit bien de Julien, a ajouté le procureur.
Les enquêteurs de l'affaire Julien, qui penchent soit pour l'hypothèse criminelle soit
pour la piste de l'accident domestique, estimaient encore dernièrement que « la
découverte du corps restait un paramètre essentiel pour comprendre ce qui s'est
passé ».
Depuis quinze jours, les enquêteurs savent que Jean-Éric Zémia, le beau-père de
Julien, se trouvait à une vingtaine de kilomètres au sud de Valence, en bordure du
Rhône, dans la nuit qui a suivi la disparition de l'enfant vers 4 h 30. Au même
moment, il était au téléphone avec la mère, Marie-Nadège Séry. Que se sont-ils dit
au cours de cette conversation qui n'a duré que 34 secondes ? Les policiers veulent
savoir pourquoi le beau-père et la mère de Julien n'ont jamais signalé ce
déplacement nocturne et cet entretien téléphonique lors de leurs interrogatoires.
Marie-Nadège Séry, 34 ans, qui a porté plainte avec constitution de partie civile pour
enlèvement et séquestration, doit prochainement être entendue, notamment sur ce
point, par la juge Sophie Muraciole en tant que partie civile et en présence de son
avocat.
La piste familiale privilégiée
La mère de Julien a toujours déclaré que son fils de 3 ans avait disparu de
l'appartement familial alors qu'elle faisait la sieste.
Une perquisition avait été menée le 17 février dans l'appartement d'une cité HLM de
Bourg-lès-Valence, où elle vivait avec son compagnon, Jean-Éric Zémia, qui s'est
suicidé le 31 janvier, après douze heures de garde à vue, en laissant une lettre
clamant son innocence.
Cette perquisition n'avait pas donné de résultat significatif, mais les enquêteurs
continuent de privilégier la piste familiale en raison des abondantes traces de sang
de Julien retrouvées dans le coffre de la voiture de son beau-père.
« Ce n'était pas une goutte de sang. L'importance des traces laisse supposer que le
corps de Julien y a séjourné un moment », selon une source proche de l'enquête
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Ces enfants veulent vivre en France
LE MONDE | 06.03.07 | 12h41 • Mis à jour le 06.03.07 | 13h10
Après avoir été au cœur de l'actualité cet été, lors de l'installation dans un gymnase
de Cachan (Val-de-Marne) de familles évacuées d'un squat de cette ville de la
banlieue sud de Paris, les sans-papiers ont repris le chemin de l'ombre et du silence.
Une nouvelle initiative, organisée conjointement par un collectif de cinéastes et le
Réseau Education sans frontières (RESF), vise à faire reparler d'eux : un film de trois
minutes, écrit et interprété par des enfants de sans-papiers, doit être diffusé à partir
du 7 mars en quatre cents copies dans toute la France.
Intitulé Laissez-les grandir ici !, il sera projeté dans toutes les salles du réseau art et
essai, et diffusé sur Internet. S'il a du succès, comme l'espèrent ses promoteurs, des
copies supplémentaires seront tirées dans les semaines suivantes. Le film est signé
par trois cent cinquante professionnels du cinéma (réalisateurs, acteurs,
techniciens…), qui sont également les premiers signataires d'une pétition en ligne,
accessible sur le site http://www.educationsansfrontieres.org/.
Née au lendemain de l'évacuation du squat de Cachan, chez des cinéastes qui
avaient manifesté aux côtés des sans-papiers et parrainé des enfants, l'initiative
rappelle l'appel à la désobéissance civile qu'avaient lancé soixante-six cinéastes en
1997, en réaction au projet de loi Debré qui, entre autres mesures, voulait obliger
les personnes hébergeant des visiteurs étrangers à déclarer à la préfecture le départ
de ces visiteurs. Cet appel était, lui aussi, accompagné d'un film. Comme le souligne
le cinéaste Christophe Ruggia, à cinq semaines du premier tour de l'élection
présidentielle, l'enjeu est clair : "Il faut remettre le problème des sans-papiers sur
l'échiquier politique, et pour cela nous voulons être massivement présents sur tous
les supports. Si nous ne le faisons pas maintenant, il ressurgira à l'identique, dans
trois ou quatre ans, comme à chaque fois qu'est donné un grand coup de barre à
droite." Le film est simple, beau et fort. Une douzaine d'enfants y disent, chacun à
son tour, une phrase ou un morceau de phrase qui, mis bout à bout, forment une
histoire. Cette histoire, c'est celle qu'ils ont en partage, qu'ils viennent de Chine, de
Syrie, d'Inde, du Maghreb, d'Europe de l'Est ou d'Afrique de l'Ouest. Qu'ils vivent
dans des appartements ou dans des hôtels. Que leurs parents aient fait de la prison,
qu'ils aient été placés en centre de rétention, où qu'il ne leur soit rien arrivé de tel.
"ON A PEUR"
"Tous les jours on a peur, disent-ils dans le film. On a peur que nos parents soient
arrêtés par la police quand ils vont au travail, quand ils prennent le métro. On a peur
qu'on les mette en prison, que nos familles soient séparées et qu'ils nous renvoient
dans des pays qu'on ne connaît pas. On y pense tout le temps. Est-ce que c'est
normal d'avoir peur quand on va à l'école? L'été dernier, nos parents et nous, on a
eu l'espoir d'avoir enfin des papiers. (…) On s'est inscrits dans des bureaux. On a cru
qu'on serait régularisés, que le cauchemar serait terminé. (…) Ceux qui ont eu leurs
papiers avaient le même dossier que nous. Et pourtant on nous a dit : non.
Arbitrairement. Maintenant on est en danger et on doit se cacher. Pourquoi cette
injustice? Nous ne voulons plus vivre dans la peur. Nous voulons que la France nous
adopte. Nous voulons être régularisés. Laissez-nous grandir ici."
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Le texte est le résultat d'ateliers d'écriture au cours desquels des enfants, réunis par
RESF, ont raconté chacun leur histoire. Les cinéastes leur ont ensuite soumis une
synthèse de l'ensemble des récits, ont longuement débattu avec eux de chaque mot,
et sont arrivés à une version dans laquelle les enfants se reconnaissent. Le film a
ensuite été réalisé grâce à des dons de signataires, mais aussi de toutes sortes de
prestataires, qui ont choisi de rester anonymes. Certains enfants, comme Maryam,
Malienne de 16 ans installée en France depuis 2002, aujourd'hui déléguée de sa
classe, ont participé aux ateliers d'écriture mais n'ont pas voulu être filmés, de peur
d'être identifiés. Pour ceux qui ont accepté d'être filmés, la décision n'a pas toujours
été évidente. Li, 13 ans, réticente au départ, a finalement accepté pour une raison
qui lui paraît aujourd'hui évidente : "Quand on est plus nombreux, on a plus de
force."
Les profils et la nature de l'engagement des signataires sont eux aussi à géométrie
variable. Richard Moyon, porte-parole de RESF, attend de cette action, idéalement,
qu'elle rende "impossible à l'avenir d'utiliser les sans-papiers et l'immigration comme
éléments de démagogie". Le cinéaste Cédric Kahn, lui, l'inscrit "dans la droite ligne
de l'appel à la désobéissance civile de 1997", dont il était signataire. "La mobilisation
avait alors été très forte, mais elle n'avait rien donné." Frappé par le discours des
enfants du film sur la peur, qui lui rappelle "les heures les plus noires de notre
histoire", il regrette que contrairement au mouvement de 1997, qui était très
politisé, celui d'aujourd'hui ne le soit pas du tout. "Nos revendications ont
considérablement diminué en dix ans. Aujourd'hui, il n'y a même pas de position
commune sur la régularisation. A force que les hommes politiques de tous bords
nous répètent que l'idée d'une France accueillante n'est pas possible, les gens ont
cessé d'y croire. L'immigration est devenue un sujet tabou, même pour la gauche.
C'est plus facile de sensibiliser sur les enfants. Parler des enfants, c'est soutenir une
cause humanitaire."
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06.03.2007
IL FAIT ENCORE PIPI AU LIT
Comment réagir face à un enfant qui, passé 5 ans, mouille encore son lit la
nuit ? Peut-on parler d’énurésie nocturne ? Quand y a-t-il lieu de
s’inquiéter ?
« Je vous écris pour vous parler de mon fils Martin, qui a 5 ans et qui, à mon grand
désespoir, fait toujours pipi au lit. Je n’en peux plus de changer les draps tous les
jours, je ne sais plus comment lui dire. J’ai tout essayé : la discussion, les punitions…
Il avait pourtant été propre pendant plusieurs mois, puis c’est revenu un peu avant
l’été dernier. Martin est un enfant très sage et très souriant qui ne pose aucun
problème ni à la maison, ni à l’école. Je ne vois pas non plus de changement dans
notre vie familiale qui puisse expliquer ce comportement. Pouvez-vous m’aider,
m’éclairer, me dire quelle attitude je dois adopter face à lui ? Je vois bien que mon
énervement le rend triste mais moi, je n’en peux plus ! Merci de prendre ma
demande en compte. »
RÉPONSE D'UN SPÉCIALISTE
Béatrice Copper-Royer
Psychologue, Paris
L’acquisition de la propreté ne se fait pas en un jour. Elle peut s’opérer doucement et
sans crise chez certains enfants qui ne trouvent là aucun objet d’opposition et sont
fiers de montrer à leurs parents qu’ils accèdent un peu plus au monde des grands.
C’est aux alentours de 2 ans que l’enfant commence à contrôler ses sphincters dans
la journée, et donc accepte d’aller aux toilettes ou sur le pot. L’été ou les vacances
sont propices à ce genre d’apprentissage qui ne doit faire l’objet d’aucune «
crispation » des parents s’ils veulent que cela se fasse sans encombre ! Une petite
félicitation, un encouragement suffisent à rassurer l’enfant qui va rapidement
prendre ses habitudes et être fier de sa nouvelle autonomie.
La propreté la nuit survient en général un peu plus tard. Les filles sont souvent en
avance par rapport aux garçons. On ne parle pas d’énurésie nocturne avant 5 ans.
L’enfant, la nuit, n’est plus dans une logique consciente et volontaire : il ne fait pas
pipi au lit pour vous embêter ! Pour certains, comme pour votre petit Martin, la
maturité pour contrôler sa vessie la nuit viendra, mais plus tard…
On retrouve souvent dans la famille de l’enfant, le père, un oncle, un frère qui a eu
le même retard. Ces garçonnets ont parfois une petite vessie qui leur donne peu
d’autonomie la nuit. Ils ont aussi très souvent un sommeil profond et par conséquent
ne ressentent pas l’envie de faire pipi.
Comme c’est le cas pour Martin, ce retard n’est pas toujours associé à d’autres
difficultés. On vous croit volontiers quand vous dites que, par ailleurs, « tout va
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bien ». Dans ce contexte, le meilleur conseil est la patience ! Plus vous vous
énerverez, plus vous transformerez la situation en vrai « problème », car Martin va
avoir le sentiment de vous décevoir, ce qui va rapidement lui faire perdre confiance
en lui. Dites-lui au contraire que vous êtes sûre qu’il va y arriver un jour, qu’il n’est
pas le seul à faire ou avoir fait dans son lit, et que tout le monde surmonte cette
difficulté !
Demandez-vous également si vous ne le traitez pas un peu trop comme un bébé. Le
laissez-vous prendre des initiatives sans craindre qu’il fasse les choses de travers ?
Boit-il encore un biberon le matin ? S’habille-t-il tout seul ? Commence-t-il à aller
dormir chez des petits copains quand il y est invité ? Lors de ces occasions, mettezlui un change avec son pyjama et dites-lui de le mettre et de l’enlever discrètement.
Il peut tout à fait se débrouiller. La nuit, s’il vous réveille parce que son lit est
mouillé, dites-lui gentiment mais fermement qu’il s’en arrange tout seul, quitte, le
soir, à prévoir une couette ou un drap de bain où il se retrouvera au sec.
Vous pouvez aussi essayer un système de renforcement positif qui, chez certains
enfants, est très efficace. Faites un tableau avec les jours de la semaine : nuage les
jours avec pipi, soleil les jours sans. Au bout de cinq soleils, il a droit à une petite
récompense, prévue avec lui à l’avance.
Si la difficulté s’éternise, vous pouvez consulter un spécialiste pour voir s’il n’y a pas
un souci associé : une anxiété trop forte à l’idée de se séparer de vous qui se
cristallise inconsciemment la nuit ? Une rivalité avec un frère ou une sœur ? Une
peur à l’école ? Il suffit parfois d’un ou deux entretiens pour que l’enfant se rassure
et que tout rentre dans l’ordre.
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DIX TRUCS ANTI-DISPUTES
VOS ENFANTS SONT ENSEMBLE 24 HEURES SUR 24 ET SE CHAMAILLENT
SANS CESSE… CONSEILS DE PSY POUR JUGULER LES TENSIONS.
Paru le 17.02.2007, par Sophie Carquain
1 – Ne les zappez pas… Les disputes entre frères et soeurs sont incontournables et
ont une fonction essentielle : prendre sa place et marquer son territoire. Si vous «
bâillonnez » vos enfants, ils vont inhiber leurs conflits et déclencher des tempêtes !
Autorisez-les donc à se chamailler un peu. Plus vous dédramatisez les disputes, plus
vous les allégez.
2 – Réservez-leur des moments personnels Prouvez-leur que votre amour pour
chacun d’eux est unique. L’idéal : prendre le temps d’accompagner l’aîné au cours de
ski, puis faire de la luge avec le plus petit…
3 – Jouez sur leurs différences ! Si vous les traitez tous de la même manière,
vous risquez d’intensifier la rivalité et la jalousie entre vos enfants car ils ne
cesseront de comptabiliser leurs différences. Mieux vaut, au contraire, les affirmer
dans leur individualité afin qu’ils apprennent à suivre leur propre « modèle intérieur
», plutôt que celui d’un frère ou d’une soeur..
4 – En douceur Laissez la dispute démarrer. N’intervenez que si vos enfants se
mettent en danger ou en viennent aux mains. Entrez doucement, regardez-les dans
les yeux et parlez en touchant leur bras ou leur épaule, histoire de les sécuriser et de
les contenir. Ne prononcez pas la question piège « Qui a commencé ? » car vous ne
vous en sortirez pas !
5 – Reformulez les règles C’est après la bataille qu’il faut revenir sur les raisons
des chamailleries et rappeler à nouveau les règles à respecter : « Il est interdit de se
disputer avec les mains, de se toucher, de se bagarrer, je ne veux pas de ça à la
maison. » C’est interdit par la loi familiale.
6 -Parlez de votre enfance « Ah là là, moi aussi je me disputais avec mon frère,
toute petite. C’était terrible. Vous voulez que je vous raconte notre plus grosse
dispute ? » Soyez sûre qu’ils vous écouteront bouche bée ! Une bonne façon, d’après
les psys, de leur faire comprendre que l’on peut dépasser ses difficultés.
7 – Sanctionnez à bon escient Ne punissez jamais un seul des enfants. Mieux
vaut opter pour une sanction légère donnée à chacun (isolement dans la chambre
pendant quelques minutes, privation de square…). Si vous les punissez trop
sévèrement, vous risquez de transformer une simple prise de bec en ressentiment ou
même en haine tenace.
8 – Remettez-vous en question Si les querelles de vos enfants vous mettent hors
de vous, essayez de vous interroger. Avez-vous souffert de disputes avec vos frères
et soeurs ? Ne réglez-vous pas quelques comptes? N’êtes-vous pas plus cool avec
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l’un qu’avec l’autre ? Attention aux alliances implicites qui se mettent en place :
mère-fille, père-fils. On peut parfois faire bloc avec l’aîné contre le cadet de façon
inconsciente, parce que l’on a été en position d’aînée dans la fratrie. En tout cas, si
vous sentez que la situation est bloquée, n’hésitez pas à consulter, au retour des
vacances par exemple, cela peut être réglé en une ou deux séances.
9 – Ne vous disputez pas devant eux Primo, parce que, dès le plus jeune âge, les
enfants réagissent par mimétisme : papa et maman qui se disputent sont donc un
modèle à suivre. Secundo, parce qu’ils peuvent aussi se disputer comme des
chiffonniers rien que pour occuper le terrain et éloigner le spectre d’une éventuelle
séparation. « C’est un des réflexes de l’enfant que de se sacrifier pour maintenir en
vie le couple parental, l’empêcher d’imploser ou de se séparer. » Si les tensions
montent entre vous (comme parfois en vacances), déculpabilisez-les : ils n’y sont
pour rien.
10 – Soyez positive Au lieu de se complaire dans le négatif, pourquoi ne pas
souligner les points positifs ? S’ils sont sagement assis en train de jouer avec des
Playmobil, remarquez-le : « Comme vous jouez bien ensemble ! » Et surtout,
n’enfoncez pas le clou! Évitez le « toujours » ou le « jamais » du genre : « Vous qui
vous chamaillez sans cesse. »
Remerciements à Nicole Prieur, psychanalyste, coauteur avec Isabelle Gravillon
d’« Arrêtez de vous disputer ! » aux éditions Albin Michel, collection « C’est la vie
aussi ».
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"Dreamgirls" : le retour réussi du film musical
LE MONDE | 27.02.07 | 16h29 • Mis à jour le 27.02.07 | 16h29
Eddie Murphy, Anika
Noni Rose, Beyoncé
Knowles et Jennifer
Hudson dans le film
américain de Bill
Condon,
"Dreamgirls".
PARAMOUNT
PICTURES
Il existe une autre version de notre monde, dans laquelle au lieu de parler, de crier
ou de chuchoter, les êtres humains chantent. A Hollywood, cette réalité alternative
s'appelait le musical. On la croyait disparue des écrans, et voilà que Dreamgirls lui
redonne d'un seul coup une vitalité étonnante. Mélodrame énergique, le film de Bill
Condon avance vite et fort à coups de chansons, apportant au passage deux
révélations : le talent d'une nouvelle venue, Jennifer Hudson, et la qualité de
comédien complet d'Eddie Murphy, qui se contentait depuis un quart de siècle de son
statut de clown.
Adapté d'un grand succès de Broadway, créé en 1981, Dreamgirls s'inspire très
largement de l'histoire des Supremes, le groupe vocal afro-américain qui permit à
Diana Ross d'accéder au statut de superstar. Comme les Supremes, les Dreamettes
ont grandi à Detroit. Formées à l'école du gospel, elles participent à des radiocrochets jusqu'à ce qu'un entrepreneur entreprenant, Curtis Taylor (Jamie Foxx),
leur propose de devenir les choristes de James Thunder Early (Eddie Murphy), une
star du rhythm'n'blues.
On est au début des années 1960, et les hit-parades américains vivent, comme le
reste de la société, sous le régime de la ségrégation raciale. Curtis Taylor est un
visionnaire qui sait que les barrières sont appelées à céder bientôt. La musique brute
et sensuelle de James Thunder Early (qui ressemble à celle de Jackie Wilson ou du
premier James Brown) doit céder la place à une pop moins menaçante, capable de
séduire les teenagers blancs.
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Pour mener cette transformation à bien, les Dreamettes sortent de l'ombre du
chanteur vieillissant et prennent leur autonomie. D'elles trois, c'est Effie (Jennifer
Hudson) qui a la plus belle voix (dans le film, la jeune comédienne et chanteuse
s'approche du registre et de la texture d'Aretha Franklin). Mais son volume sonore et
son physique ne se glissent pas dans le format imaginé par le manager, qui la
remplace par Deena Jones (Beyoncé Knowles), d'une beauté plus conforme aux
canons de la mode, à la voix moins expressive mais moins dérangeante.
On reconnaîtra là le triste sort que Berry Gordy, le fondateur du label discographique
Tamla Motown, réserva à Florence Ballard, chanteuse principale des Supremes qui
fut évincée au profit de Diana Ross. La scène centrale du film met en scène le
moment de l'exclusion d'Effie, qui répond au rejet de son mentor et de ses
camarades par une ballade aussi mélodramatique qu'irrésistible And I'm Telling You
I'm Not Going ("et moi je vous dis que je ne partirai pas").
A partir de ce moment, Dreamgirls, qui avait été jusqu'ici une ascension enivrante,
vire au drame. Pendant que Curtis Taylor poursuit sans répit son rêve d'hégémonie
matérielle, les musiciens font les frais de sa volonté de compromis artistique. C'est à
ce moment qu'Eddie Murphy prête à James Thunder Early une amertume, un
désespoir qui frappent d'autant plus qu'on ne l'attendait pas de la part de l'interprète
du Professeur Foldingue.
DU BONHEUR SUR 45-TOURS
Systématiquement, Bill Condon replace les tribulations du show-business dans la
grande histoire de la décennie, faisant appel à la marche sur Washington menée par
Martin Luther King en 1965 et aux émeutes qui détruisirent les quartiers noirs de
Detroit en 1967. Il y a là beaucoup d'ambition et un peu de prétention, d'autant que
le scénario s'écarte, quand le film y trouve ses aises, de la vérité historique. Mais le
metteur en scène sait très bien tirer tout le parti spectaculaire de cette tristesse qui
baigne la vie de gens qui procurent du bonheur sur 45-tours à tout un pays.
Un peu absente au début du film, Beyoncé Knowles est assez étonnante lorsqu'il lui
faut incarner une vedette au sommet de sa gloire, prisonnière d'une image que
d'autres ont confectionnée pour elle. Après tout, la chanteuse de Destiny's Child est
l'héritière directe de Diana Ross.
Les chansons de Henry Krieger (compositeur) et Tom Ewenn (parolier, mort en
1991) ne sont pas des pastiches du style Motown. On le regrette parfois, parce que
les mélodies sont utilitaires et collent de près aux émotions du moment, sans
retrouver la grâce des grands succès des Supremes, des Temptations ou de Marvin
Gaye. C'est aussi la rançon du genre. Il faut être Cole Porter pour produire des
chansons qui soient à la fois les éléments d'un drame et des œuvres d'art à part
entière. Pour l'instant, on célébrera ces retrouvailles joyeuses entre cinéma et
musical.
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Culture Loisirs | Culture
La Grèce fait faux bond au Louvre
ÉRIC BIÉTRY-RIVIERRE.
Publié le 08 février 2007
Actualisé le 08 février 2007 : 16h50
« STUPÉFAITS », « déconcertés ». Les responsables du Musée du Louvre ont
vivement réagi à l'annonce « plus que tardive » par le ministère grec de la Culture
de ne pas prêter l'Éphèbe de Marathon. Ce bronze devait être la pièce maîtresse de
l'exposition sur le sculpteur antique Praxitèle. Un événement, prévu du 23 mars au
18 juin, très attendu puisque, par la réunion inédite d'oeuvres exceptionnelles du
Vatican, du Musée des Offices, du British Museum, de l'Albertinum de Dresde, jointes
à celles récemment restaurées du Louvre et à une dizaine venues de Grèce, il fera le
point sur une recherche ancienne. Celle qui explore et reconstitue la carrière de
l'inventeur du nu féminin dans la société d'Athènes du IVe siècle av. J.-C., le plus
grand plasticien de cette époque fondamentale, avec Phidias et Lysippe.
« Dès avril 2005, le Louvre a déposé ses demandes de prêts auprès des différents
musées grecs concernés. Moi-même ainsi que deux autres responsables du Louvre
avons rencontré nos homologues grecs les 9 et 19 janvier derniers, signale Alain
Pasquier, directeur du département des antiquités grecques, étrusques et romaines.
Rien ne nous a été refusé. Le tout-puissant KAS (Conseil central de l'archéologie)
exigeait simplement de ne pas voir figurer dans l'exposition l'Apollon Sauroctone du
Musée de Cleveland qu'il juge de provenance litigieuse. Nous avons abandonné cette
demande et tout était acquis oralement. »
Indiscrétion du transporteur
C'est donc avec la plus grande surprise que le Louvre a appris, d'abord par une
indiscrétion du transporteur, que l'Éphèbe ne serait pas du voyage. Lundi soir, une
télécopie du ministère grec de la Culture signifiait officiellement la décision,
prétextant que le chef-d'oeuvre figurait sur une « liste de pièces ne pouvant quitter
le territoire ». « Une liste dont nous apprenons l'existence », déplore Alain Pasquier.
Pour lui, le bronze n'est pas plus fragile qu'un autre. Il se trouve à l'air libre au
Musée national d'Athènes. Au Louvre, il avait été imaginé de l'installer à la place
d'honneur dans l'exposition, précisément pour rendre hommage à la Grèce. « Et puis
parce qu'outre son charme, sa délicatesse, il synthétise la problématique
praxitèlienne, détaille le directeur. En effet, ce que nous nous efforçons de mettre en
lumière, c'est que Praxitèle n'est pas seulement un homme mais aussi un atelier,
une descendance, un style. Selon les recherches les plus récentes, l'Éphèbe est
d'ailleurs plutôt dû à l'atelier ou à l'un de ses deux fils, Céphisodote II et
Timarchos. » Deux bases de bronzes, eux signés de la main du maître, le
remplaceront.
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Le tourisme se cherche une éthique
CAROLINE SALLÉ.
Publié le 27 février 2007, Actualisé le 27 février 2007 : 15h38
| Rubrique Voyages
L'environnement est à la mode. À tel point que les poids lourds de
l'industrie touristique multiplient les initiatives « responsables », censées
préserver la planète. Une manière de séduire des voyageurs de plus en plus
concernés par le développement durable.
LES VACANCES de monsieur (Nicolas) Hulot sont désormais accessibles à tous. Il
suffit pour cela de contacter la nouvelle agence Ushuaïa Voyages, du nom de
l'émission télévisée. Offrant une approche du tourisme « citoyenne et respectueuse
de l'environnement », la nouvelle structure souhaite « permettre aux voyageurs de
comprendre et d'agir en conscience pour le développement durable, tout en
découvrant notre monde ». Au programme : séjours solidaires et éthiques,
hébergements en petits lodges, participation au développement local et
compensation des émissions de CO2... Cette dernière mesure est décidément très en
vogue. Depuis le mois de janvier, les clients de Voyageurs du Monde et de voyagessncf.com peuvent déjà calculer le coût, en euros, des émissions de CO2 générées par
leurs déplacements touristiques et reverser, s'ils le désirent, la contrepartie
financière à une organisation « verte ».
Microniche touristique il y a peu encore, les voyages durables ne sont plus l'apanage
de petits tour-opérateurs spécialisés. Les poids lourds du secteur sont à leur tour
séduits. Ainsi peut-on découvrir des treks éthiques dans la dernière brochure
Aventure de Nouvelles Frontières. Même volonté de s'inscrire dans la tendance chez
Club Aventure. Pour limiter l'impact environnemental du tourisme en Himalaya, le
tour-opérateur a décidé de fournir des savons biodégradables aux clients qui
prévoient de s'y rendre. Tous, et quelle que soit leur destination, recevront en outre
par mail une « Charte de bonne conduite du voyageur ». Lonely Planet s'engouffre
également dans la brèche : pour tout achat de l'un de ses guides, l'éditeur offrira (en
librairie) un petit opuscule, Itinéraires responsables, fournissant conseils et exemples
de circuits pour voyager «solidaire». Dans un autre registre, le loueur de voitures
National/Citer propose, depuis le 1er février, des véhicules « verts », dont le moteur
se met automatiquement en veille à chaque arrêt.
Avoriaz, station écologique de demain
Coupable, mais aussi victime, le secteur touristique est désormais contraint de revoir
ses propres installations, de plus en plus affectées par les conséquences du
réchauffement climatique (saisons estivales caniculaires, manque de neige l'hiver,
dégradation de sites naturels...). Aux États-Unis, les stations de sports d'hiver se
sont ainsi lancées dans un programme de « pentes durables », avec pour mission de
« garder l'hiver froid ». En Autriche, la station de Werfenweng, au sud de Salzbourg,
propose aux vacanciers de laisser leurs clefs de voiture à l'entrée du village. En
échange, ils reçoivent une « clef de la mobilité douce » leur permettant de profiter
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de deux-roues, tricycles ou d'une voiture électrique. Chez nous, Avoriaz, qui
ambitionne de devenir la station écologique de demain, vient de mettre en ligne un
minisite autour du développement durable. Et, en Australie, le gouvernement
envisage d'utiliser d'immenses parasols de 4 à 5 mètres d'envergure pour stopper les
effets destructeurs de l'élévation de la température sur certaines portions de la
Grande Barrière de corail, patrimoine mondial de l'Unesco.
Autant d'initiatives « coup de pub », destinées à amadouer une clientèle soucieuse
de la préservation de la planète ? En partie, sans doute. Mais de l'avis même des
professionnels, l'avenir est malgré tout à chercher dans cette direction. Aujourd'hui,
si le premier critère de choix reste le prix ou le confort, demain il pourrait prendre en
compte l'engagement en faveur d'un tourisme respectueux. En somme, on
n'acceptera plus de payer 200 euros pour une semaine en Turquie, en ayant la
désagréable sensation d'être un voyageur pollueur. Encore moins si l'on se déplace
en avion, moyen de transport fortement émetteur de CO2. Bref, le touriste, de plus
en plus culpabilisé, voudra pouvoir voyager la conscience tranquille.
Reste que, pour l'instant, si les vacanciers sont concernés dans les discours, leur
implication réelle demeure minime. En témoigne le sondage paru dans le magazine
Géo (1) de février. Si une majorité de Français (56 %) se dit favorable à une écotaxe
sur les billets d'avion, elle souhaite néanmoins que celle-ci reste... facultative.
- (1) Les Français sont-ils vraiment écologistes ? Sondage CSA/Géo, réalisé en
décembre 2006.
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Téhéran fait pression sur les féministes
avant la journée du 8 mars
LE MONDE | 06.03.07 | 15h23 • Mis à jour le 06.03.07 | 15h23 TÉHÉRAN ENVOYÉE SPÉCIALE
Ni provocation, ni violence. Elles s'étaient contenté d'affirmer leur droit "à manifester
de façon pacifique" et avaient écrit des phrases de solidarité sur de petits panneaux
blancs qu'elles brandissaient, bien en évidence, devant les locaux du Tribunal
révolutionnaire à Téhéran où cinq d'entre elles étaient jugées, dimanche matin 4
mars. Ce simple rassemblement de militantes féministes a pourtant suffi à provoquer
une intervention musclée de la police. Trente-trois jeunes femmes ont été
interpellées peu avant midi et certaines poussées sans ménagement dans un minibus
aux rideaux tirés qui les a emmenées jusqu'à la prison d'Evin. Selon ses proches,
l'une d'elles, Nahid Jafari, aurait eu des dents brisées, dans la bousculade lors de son
arrestation.
Les cinq femmes qui étaient jugées (Nouchine Ahmad-Khorassaneh, Parvin Ardalan,
Faridah Daoudi-Mohagir, Shahla Entessari, Soosan Tahmasebi) devaient répondre de
l'accusation de "perturbation de la sécurité" et "menées subversives" pour avoir
organisé le 12 juin 2006 un rassemblement de femmes dans Téhéran, jugé "illégal".
Elles avaient voulu alerter l'opinion contre la discrimination dont les Iraniennes sont
victimes dans la législation en vigueur qui ne donne pas, par exemple, la même
valeur au témoignage d'un homme et d'une femme devant les cours de justice, ne
permet pas aux femmes de demander le divorce ou ne leur accorde aucune
préférence pour la garde des enfants. Ce rassemblement avait été brutalement
réprimé et quelque 70 personnes arrêtées, y compris des passants. Les cinq
organisatrices ont été à nouveau détenues, dimanche, à leur sortie du Tribunal.
"Je pense que les autorités vont augmenter la pression avant le 8 mars, jour de la
Journée (internationale) des femmes. Ils ne nous veulent pas dans la rue à
manifester sous l'oeil des caméras étrangères", nous avait confié, quelques jours
auparavant, Delaram, une jeune militante féministe en fin d'études. Cheveux courts
découverts dans la quiétude de son petit appartement, jeans à la diable et polo
court, Delaram recevait ses meilleurs amis. Thé, Nescafé, biscuits, rires et
discussions interminables. Une réunion comme peuvent en tenir n'importe quels
étudiants dans le monde.
A cela près que Delaram, à 24 ans, est déjà passée par la prison, justement pour
avoir participé au rassemblement des femmes en juin 2006. Quatre jours
d'interrogatoire, sans brutalité mais non sans menaces et incompréhension. Ses
interrogateurs des services secrets à qui elle expliquait inlassablement : "Nous ne
sommes liés à aucun parti politique, nous sommes pacifiques et indépendants",
répliquaient sans comprendre : "Indépendants de quoi ?", tant, dit-elle, "penser par
soi-même, ici, est un acte subversif". Son ami Siavoosh, lui, a été arrêté trois fois.
"Nous ne faisons rien de répréhensible, mais nous avons quand même tous un
dossier à la police", dit-il fataliste. Après des mois d'incertitude, Delaram vient
d'apprendre - justement à la veille du 8 mars - qu'elle sera jugée en juin.
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La jeune femme et ses amis font partie de petits mouvements étudiants, dédiés aux
droits des femmes, à celui des enfants, à l'aide aux malades du sida. "Durant la
présidence réformatrice de Khatami nous avions encore l'espoir que le gouvernement
ferait évoluer les choses, Khatami semblait s'être identifié à certains de nos combats
mais il y a eu une répression très violente à l'université et, à présent, nous
n'attendons plus rien de personne, dit Gholam-Reza, un étudiant en ingénierie. Nous
essayons de créer une sorte de forum social étudiant et d'aider à construire une
société civile capable de se prendre en charge elle-même et de réclamer ses droits."
Et parce que les femmes, bien qu'elles représentent aujourd'hui 65 % des étudiants
iraniens, sont toujours, comme le dit Delaram, "des citoyens de second ordre en
Iran", elles sont devenues une priorité dans cette lutte pacifique. Tous les
mouvements appuient une initiative intitulée "Un million de signatures pour les
femmes". Il s'agit de récolter au cours de réunions ou en faisant du porte-à-porte ce
million de signatures pour soutenir dix revendications féminines et montrer au
gouvernement que le malaise est profond. 60 000 signatures ont été recueillies déjà.
On y trouve le Prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, mais même la femme de l'exprésident Khatami et la petite-fille de l'imam Khomeiny, fondateur de la République
islamique, Sarah Eshraghi.
Les pressions, là aussi, n'ont pas manqué. "Comme les réunions dans les rues ou à
l'université sont interdites, on s'en sort avec des textes publiés sur des sites et des
blogs. Mais ils sont presque aussitôt censurés, raconte Delaram. C'est, ajoute-t-elle
en riant, de l'activisme virtuel."
En province, la situation n'est pas plus facile. A Rasht, près de la mer Caspienne,
Zohrah et son mari Maziar, bien que très jeunes, ont effectué chacun un séjour en
prison. La veille du jour où Zorah devait commencer la campagne locale pour les
signatures, elle a été convoquée par les services de renseignement et interrogée
trois heures, pour la dissuader d'y participer. "En prison, dit-elle, j'ai vu des femmes
oubliées, condamnées sans avoir les moyens de s'offrir un avocat. Elles m'ont parlé
de leurs craintes, de leurs humiliations, des violences conjugales: quelle Iranienne
moderne et éduquée voudrait mener cette vie-là ? Il faut changer cela."
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