KEITH EMERSON

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KEITH EMERSON
KEITH EMERSON
1944-2016 Hommage
N
é le 2 novembre 1944 à Todmorden, Yorkshire, Keith Emerson vit à Goring-by-Sea. A
l’âge de huit ans, il apprend le piano. Adolescent, à l’écoute de l’organiste Brother Jack McDuff, il achète un Hammond L-100. Il rejoint les
VIP’s de Mike Harrison pour quelques concerts en
France. Puis il fait partie des T-Bones de Gary
Farr. En 1966 on le voit avec eux dans une vidéo
tournée à la Canasta de Biarritz. En 1967, il forme
Nice avec David O’List (guitare, qui s’en va après
le premier album), Lee Jackson (basse, chant) et
Brian Davison (batterie). Le groupe, engagé par
Immediate, accompagne la chanteuse P.P. Arnold.
Nice enregistre les 33 tours « The Thoughts Of
Emerlist Davjack » (1967), « Ars Longa Vita
Brevis » (1968), « Nice » (1969). Le trio signe ensuite chez Charisma pour « Five Bridges » et
« Elegy » (1970-71). Keith Emerson développe un
spectaculaire jeu de scène où il fait dangereusement basculer son orgue d’avant en arrière, plante
des couteaux entre les touches ou grimpe dessus
en faisant claquer un fouet ! Outre son impact visuel, il subjugue le public par une maîtrise technique sans faille. Il arrange en rock des thèmes célèbres ou des airs classiques. En juillet 1968, le fait
de brûler le drapeau américain durant leur interprétation de « America » est mal perçu aux EtatsUnis ! En 1969, Keith Emerson épouse la Danoise
Elinor dont il a deux enfants, Aaron et Damon. Il
participe au premier album de Rod Stewart.
En plus du piano et de l’orgue, il emploie de plus
en plus le Moog et des synthétiseurs, Yamaha,
Le décès par suicide de Keith Emerson, le 10 mars 2016, ne
fait qu’allonger la morbide liste des rock-stars des années 70
disparues, et plus particulièrement dans la sphère des organistes : Peter Bardens (Camel, 22 janvier 2002), Rick Van Der
Linden (Ekseption et Trace, 22 janvier 2006), Rick Wright
(Pink Floyd, 15 septembre 2008), Jon Lord (Deep Purple,
16 juillet 2012), Willem Ennes (Solution, 6 septembre 2012),
Ray Manzarek (Doors, 20 mai 2013), Guy Leblanc (Camel
et Nathan Mahl, 27 avril 2015). Jacques Toni conte ses souvenirs de sa passion d’adolescent envers l’œuvre du colossal organiste Keith Emerson.
Korg, etc. En 1970 il quitte Nice et fonde un autre
trio avec Greg Lake (chant, basse, ex-King Crimson) et Carl Palmer (batterie, ex-Atomic Rooster).
Keith Emerson exploite la fusion entre pop et musique classique et ELP devient un champion du
rock prog (progressif). Par la suite ses albums solo
accrochent moins. Il collabore à des supergroupes éphémères ou des reformations de Nice
et ELP. Il compose la bande originale des films Inferno, Nighthawks, Murder Rock, The Church,
Godzilla : Final Wars. Keith Emerson a aussi son
brevet de pilote d’avion et est un passionné de
Harley-Davidson. En 1993 l’incendie de sa maison dans le Sussex, son divorce et des crises d’arthrite lui portent un sale coup au moral. Il écrit son
autobiographie, Pictures Of An Exhibitionist. En
2010, vivant à Santa Monica avec sa compagne,
Mari Gawaguchi, un examen révèle un cancer du
côlon. Le 10 mars 2016, Keith Emerson se tire une
balle dans la tête, ne voulant pas se voir déchoir.
RETOUR DANS LE PASSÉ
En 1969, le premier 33 tours que j’achète pour
mes 12 ans est « Classic In Pop » d’Ekseption.
Je trouve gonflé qu’une bande de chevelus ait suffisamment de talents pour oser décoincer les
œuvres dévolues à une caste et pervertir les
thèmes classiques, avec leur tube « 5th Symphony ». Il s’agit de mes premiers signes d’émancipation, après la vogue yéyé. Premier indice, au
verso de la pochette, Ekseption rend hommage à
un groupe inconnu pour moi, Nice. Eté 1971, en
m’entretenant avec mon ami belge Philippe sur
ma passion pour le jeu de claviers de Rick Van
Der Linden, il me prête deux cassettes sur lesquelles sont enregistrés deux 33 tours inconnus
de moi, le premier Emerson, Lake & Palmer, et le
pirate « White Yes ». Quelle surprise, je découvre
qu’il existe d’autres sorciers des claviers et, de
plus, des enregistrements pirates de concert !
Conquis par cette musique qui s’avère libérée de
toute limite stylistique, j’achète l’album à la colombe d’ELP pour savourer les compositions aux
sonorités nouvelles pour mes oreilles. Un joli flirt
d’été m’emprunte ensuite ce disque. Et oui, on
draguait avec du prog à cette époque !
L’ouverture sur le monde de Yes évoqué ci-dessus
m’incite quelques mois plus tard à flamber mes
économies pour le monumental « Yessongs », un
triple album emballé dans une pochette aux illustrations fantastiques ! Décidément, ce type de musique (non encore cataloguée progressive) et les
pochettes confirment l’émancipation artistique
que connaît la bande dessinée française, notamment au travers du journal Pilote. Par la suite, à
Toulon, comme tout bon disquaire indépendant, le
mien possède des trésors dans ses bacs et aime
à présenter des genres divers. Avec un clin d’œil
de connivence, il me fait écouter un disque qui
sonne superbement, « Selling England By The
Pound ». Nouveau choc, il existe un courant musical qui correspond exactement à ma sensibilité.
L’album de Genesis acquis, je m’en sers à nouveau pour conter fleurette à celle qui va devenir
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