Homélie pour la vigile pascale 2016

Transcription

Homélie pour la vigile pascale 2016
Homélie pour la Vigile pascale - 2016
Lc 24, 1-12
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Dans l’Évangile de Luc, tout se passe le même jour, le 1er jour de la semaine :
la visite des femmes au tombeau, suivie de celle de Pierre ;
la rencontre de Jésus avec deux disciples sur le chemin d’Emmaüs ;
une apparition de Jésus à Pierre, mentionnée, en passant, par ces deux disciples ;
l’apparition de Jésus aux onze apôtres rassemblés ;
et même l’Ascension.
Tout cela en un seul jour ! C’est du concentré !
Or ce qui caractérise l’ensemble de ces récits c’est la difficulté à croire : les disciples
ont du mal ; ils restent perplexes.
Il y a tout d’abord le témoignage des femmes. Pauvres femmes que l’on ne croit pas.
Tous les stéréotypes positifs ou négatifs sont là rassemblés dans le récit :
- elles sont efficaces et prévoyantes ; l’avant- veille, l’évangéliste nous avait dit
qu’elles avaient soigneusement regardé le tombeau pour voir comment le corps de
Jésus avait été placé et elles avaient préparé les aromates et les parfums, avant le
sabbat, pour être aussi rapides que possible le moment voulu ;
- elles sont audacieuses : elles se lèvent avant le lever du soleil pour être à la pointe de
l’aurore sur place, au tombeau ;
- mais n’ont-elles pas été prises au piège du discours séduisant de ces deux hommes
resplendissants.
Ces messieurs, en tout cas, ne les croient pas : sottise, bavardage, délire ; le mot grec
utilisé évoque un peu tout cela à la fois. Pierre court au tombeau, pour vérifier. Il trouve les
choses, comme les femmes l’avaient dit : le tombeau est vide. Il s’en retourne tout étonné. Il
rentre chez lui - ou rentre en lui-même - pensif. C’est pensifs aussi que sont les disciples sur
le chemin d’Emmaüs lorsqu’ils racontent à Jésus ce qui s’est passé autour du tombeau.
Jésus leur reproche alors leur manque d’intelligence et leur lenteur à croire. Et quand il
apparaîtra aux onze, ceux-ci auront encore du mal à croire qu’il est vivant !
C’est qu’ils n’attendaient pas la résurrection du Seigneur,. Elle les surprend ; elle les
déconcerte. Elle survient « par surprise », même si le Maître avait essayé de les préparer à
cela. Mais ils n’étaient prêts, ni à sa mort, ni à sa résurrection.
Tant que Jésus ne s’est pas manifesté, tant qu’il ne leur explique pas le sens de sa
Pâque, grâce aux Écritures, leurs yeux ne voient pas. Le tombeau vide n’est pas une preuve
de la résurrection. Il n’en est pas même un signe très clair. Le tombeau vide pourrait même
se révéler une fausse piste : on a dérobé le corps de Jésus… ; ses disciples sont venus dans
la nuit le prendre… ; il est revenu à la vie… ; il n’était pas vraiment mort…
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La résurrection est de l’ordre du passage. L’affirmation la plus importante de
l’Évangile que nous avons lu cette nuit est la suivante. Elle est introduite par une formule
discrète, mais qui indique que ce qui suit est le cœur du récit, de l’évènement : « et voici
qu’il advint que ». Et voici qu’il advint que, comme elles étaient plongées dans l’embarras,
les deux hommes éblouissants leur dirent : « Pourquoi cherchez vous, parmi les morts, le
vivant ? Il n’est pas ici. Il est ressuscité ».
Le Vivant c’est lui. Il ne peut pas être parmi les morts. Il l’avait dit à plusieurs
reprises. « Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » ; « Laisse les morts enterrer
leurs morts ».
Nous l’avons suivi depuis trois jours, lui le Vivant. Il s’est dessaisi de sa vie, pour la
reprendre et a manifesté cela dans le lavement des pieds. Quand il est mort sur la Croix il
n’a pas dit « tout est fini », mais « tout est accompli ». Et nous l’avons attendu tout ce
temps, d’aujourd’hui, du sabbat, lui le créateur du monde : « Il était au commencement
auprès de Dieu, c’est par lui que tout est venu à l’existence. En lui était la vie et la vie était
la lumière des hommes. La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas
arrêtée ».
Frères et sœurs, on n’arrête pas la vie. Cette vie-là est plus forte que la mort.
Cherchez là, cette vie, cherchez le, le Vivant, dans tout ce qui est vivant et qu’il faut
soutenir et faire germer. Vous trouverez la vie, le Vivant, le Ressuscité si vous passez de la
mort à la vie, si vous vous efforcez de sortir de vos tombeaux, de vous libérer des
bandelettes du péché qui vous ligote.
Nous avons fait mémoire de la Pâque du peuple juif. C’est le même mouvement.
Célébrer le Ressuscité c’est se mettre sur ses pieds pour passer de la mort à la vie.
Entendez l’apôtre vous le dire « Si donc, par le baptême nous avons été mis au
tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle nous aussi, comme le
Christ qui par la toute puissance du Père est ressuscité d’entre les morts. »
Une vie nouvelle :
Mais quelle vie nouvelle ? C’est à chacun de s’y engager et de l’inventer. Le chemin n’est
pas à suivre, il est à tracer. C’est à cela que le Ressuscité vous appelle : à tracer le chemin
de de votre vie nouvelle ; une vie plus forte que le mal et le péché, plus forte que la mort.
C’est à cela que le Ressuscité vous appelle : à être des vivants, des « croyants », des
« aimants », des « espérants ».
Le Vivant se dresse, Il nous entraîne de la mort à la vie.
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Frère Eric T. de Clermont-Tonnerre, op

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