Chirurgie: Chirurgie endoprothétique mini
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Chirurgie: Chirurgie endoprothétique mini
H i g H l i g H t s 2 011 : C H i r u r g i e Chirurgie endoprothétique mini-invasive de la hanche (MIS) des fractures du col fémoral Thomas K. Hotz Kantonsspital Winterthur Résumé L’introduction des techniques de chirurgie mini-invasive, de l’instrumentation appropriée et d’implants spécifiques permet aujourd’hui de traiter les fractures du col fémoral même lorsqu’il est nécessaire de procéder à un remplacement de l’articulation coxofémorale par une endoprothèse, tout en épargnant au maximum les tissus et en réduisant au mieux les pertes de sang. Grâce à ces techniques modernes, il n’est plus nécessaire de sectionner ou de désinsérer les muscles et on peut se contenter de séparer les groupes musculaires en suivant les plans naturels, ce qui permet de mobiliser ces patients beaucoup plus rapidement et sans risques. Les suites opératoires sont moins douloureuses et le séjour hospitalier est logiquement raccourci. Surgery) est particulièrement appréciée en Europe, parmi les options disponibles sur le marché. Les patients sont placés sur une table d’extension munie d’un mécanisme de traction et permettant de placer le membre à opérer dans la position optimale pour l’intervention. La technique permet d’économiser un assistant dans la salle d’opération. On commence par pratiquer une incision de 10 cm au maximum (à peu près au niveau de la poche du pantalon), puis on prépare la face antérieure de la capsule de Introduction La fracture du col fémoral est la fracture des extrémités la plus fréquente chez les plus de 75 ans [1]. Les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes. Après une intervention chirurgicale à cet âge, on ne peut habituellement pas mettre les patients en charge partielle avec des cannes, soit parce qu’ils n’ont pas la force musculaire requise, soit parce qu’ils souffrent de troubles de la coordination et/ou cognitifs. Le traitement de ces fractures voisines de l’articulation coxo-fémorale se fait de préférence dans les 48 heures, notamment en raison des fréquentes comorbidités. Une fois ce délai passé, le taux de complications augmente en effet significativement [2]. Depuis quelques temps déjà, il est possible de traiter les fractures du col peu déplacées (Garden I, II), plutôt rares, par une ostéosynthèse par vis percutanées peu délabrante. Les fractures avec déplacement plus important (Garden III, IV) nécessitent en revanche la mise en place d’une prothèse céphalique, en raison du risque de nécrose aseptique de la tête fémorale. Cette intervention est évidemment plus lourde. Thomas K. Hotz L’auteur ne déclare aucun soutien financier ni d’autre conflit d’intérêt en relation avec cet article. Figure 1 Coupe transversale de la voie d’abord entre les différents groupes musculaires, sans désinsertion (flèche bleue). © Medacta, reproduction avec l’aimable permission. Chirurgie endoprothétique de la hanche Les nouvelles techniques de chirurgie endoprothétique mini-invasive (MIS = Minimal Invasive Surgery) de la hanche ont fait leur entrée dans le traitement des coxarthroses depuis quelques temps déjà. On dispose actuellement de plusieurs méthodes, sets d’instrumentation et types d’implants proposés par différents fabricants. La technique AMIS (Anterior Minimal Invasive Figure 2 Abord opératoire avec écarteurs, jambe en rotation externe à 180°. Forum Med Suisse 2012;12(3):32–33 32 H i g H l i g H t s 2 011 : C H i r u r g i e A B Figure 3 A: Fracture du col fémoral gauche. Planification opératoire assistée par ordinateur sur le côté sain. B: Cliché de contrôle postopératoire, prothèse cimentée AMIS. l’articulation en profondeur, en passant entre le M. tensor fasciae latae et le M. rectus femoris (fig. 1 x). Les parties molles sont maintenues en position à l’aide d’écarteurs spéciaux dégageant une voie d’accès étroite, mais suffisante. Le grand avantage de cette nouvelle technique ne réside cependant pas à proprement parler dans la petite taille de l’incision, mais plutôt dans l’abord beaucoup moins destructif des tissus et surtout de la musculature. La rotation externe extrême, presque grotesque (le pied du patient est pratiquement orienté vers l’arrière! [fig. 2 x]) et l’inclinaison du membre inférieur vers le bas permettent de préparer le tube de la diaphysaire à l’aide de râpes de taille croissante, malgré l’exiguïté du passage à travers les parties molles après la résection du col fracturé et l’extraction de la tête du fémur. On injecte ensuite le ciment, puis on met en place la tige de l’implant dans la diaphyse, exactement dans la position prévue lors de la planification préopératoire sur les clichés radiologiques ou avec l’assistance de l’ordinateur (fig. 3 x). Après l’implantation de la composante céphalique et son positionnement dans le cotyle, la fermeture de la plaie est simple et rapide, puisqu’il n’y a pratiquement aucune désinsertion de parties molles. Les douleurs postopératoires sont nettement moindres et la fonction musculaire se normalise beaucoup plus rapidement. Les suites opératoires sont ainsi largement plus simples qu’avec les techniques classiques. Les patients peuvent bénéficier d’une mise en charge complète pratiquement immédiate et il n’est pas rare qu’ils soient capables de faire quelques pas sans cannes au bout de quelques jours seulement, ce qui n’est toutefois pas un objectif en soi. Mieux vaut au début laisser à l’implant le temps nécessaire à son ancrage parfait dans le tissu osseux et éviter des chutes risquant de provoquer de nouvelles fractures. Les avantages de la nouvelle technique MIS par rapport aux méthodes classiques imposant des désinsertions musculaires ne pourront être définitivement appréciés que lorsque nous disposerons de séries plus importantes. Ce qui est certain, c’est que la technique permet de diminuer les pertes de sang durant l’intervention, de limiter les douleurs postopératoires, de minimiser les atteintes à la musculature, de commencer plus rapidement avec la mobilisation et la réhabilitation et enfin de raccourcir la durée d’hospitalisation. Cette nouvelle technique est en revanche très délicate à réaliser. Elle ne tolère guère d’imprécisions et peut entraîner des complications si elle n’est pas appliquée de façon optimale, par exemple sous la forme d’un mauvais positionnement des composantes de la prothèse, du détachement de fragments osseux du fémur lors de l’intervention, de fractures postopératoires au voisinage de l’implant, etc. La question de savoir si cette nouvelle technique apportera des avantages significatifs en termes de devenir à long terme reste ouverte, tant que nous n’aurons pas des données suffisantes (risk–benefit analysis). Les résultats à court et à moyen terme sont cependant extrêmement prometteurs lorsque la technique est confiée à des opérateurs spécialement formés pour la MIS et possédant l’expérience nécessaire. Correspondance: Dr Thomas K. Hotz Department of Surgery Kantonsspital Winterthur Brauerstrasse 15 CH-8401 Winterthur t.hotz[at]ksw.ch Références 1 Data on file. Neuchâtel: Bundesamt für Statistik, 2002. 2 Shiga T, Wajima Z, Ohe Y. Is operative delay associated with increased mortality of hip fracture patients? Systematic review, meta-analysis, and meta-regression. Can J Anaesth. 2008;55:146–54. Forum Med Suisse 2012;12(3):32–33 33