Polymorphisme des génotypes sauvages et cultivés - E
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Polymorphisme des génotypes sauvages et cultivés de Vitis vinifera L. détecté à l'aide de Marqueurs RAPD Autor(en): Perret, Mathieu Objekttyp: Article Zeitschrift: Bulletin de la Société Neuchâteloise des Sciences Naturelles Band (Jahr): 120 (1997) PDF erstellt am: 08.02.2017 Persistenter Link: http://doi.org/10.5169/seals-89457 Nutzungsbedingungen Die ETH-Bibliothek ist Anbieterin der digitalisierten Zeitschriften. Sie besitzt keine Urheberrechte an den Inhalten der Zeitschriften. Die Rechte liegen in der Regel bei den Herausgebern. Die auf der Plattform e-periodica veröffentlichten Dokumente stehen für nicht-kommerzielle Zwecke in Lehre und Forschung sowie für die private Nutzung frei zur Verfügung. Einzelne Dateien oder Ausdrucke aus diesem Angebot können zusammen mit diesen Nutzungsbedingungen und den korrekten Herkunftsbezeichnungen weitergegeben werden. 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DÉTECTÉ À L'AIDE DE MARQUEURS RAPD MATHIEU PERRET Laboratoire de Phanérogamie, institut de Botanique, Université de Neuchâtel. Chantemerle 18, 2007 Neuchâtel, Suisse. Mots-clés: vigne, Vitis vinifera subsp. sylvestris, RAPD, marqueurs moléculaires, diversité génétique. Key-words: grapevine, Vitis vinifera subsp. sylvestris, RAPD, molecular markers, genetic diversity. Résumé Sept cépages de Vitis vinifera et 27 individus de V. vinifera subsp. sylvestris ont fait l'objet d'ana¬ lyses RAPD dans le but d'évaluer leur variabilité génétique. Quelque 24 amorces de lObp ont été utilisées dans les réactions RAPD-PCR. Les analyses de groupement et le test de Mantel basés sur les données de présence/absence des fragments d'ADN justifie la séparation taxonomique établie entre les sous-espèces sylvestris et sativa de Vitis vinifera. La différence entre ces deux sousespèces est essentiellement due à la présence de marqueurs RAPD spécifiques à une ou plusieurs variétés cultivées du subsp. sativa. Au sein du subsp. sylvestris, le polymorphisme des génotypes est aussi important à l'intérieur d'un même domaine géographique qu'à l'échelle de l'ensemble des domaines étudiés. Aucun indice sûr de flux de gènes entre vignes cultivées et vignes sauvages n'a été décelé au Valais. L'étude du polymorphisme des profils RAPD constitue un moyen utile d'ana¬ lyser les relations génétiques existant entre les génotypes de Vitis vinifera s.l. Summary Seven Vitis vinifera cultivars and 27 V. vinifera subsp. sylvestris individuals were subjected to the RAPD analysis in order to estimate the genetic diversity existing within these genotypes. 24 decamer primer of arbitrary sequence were used for the RAPD-PCR reactions. Clusters analysis and Mantel test based upon presence/absence data of the polymorphic DNA bands divided the genotypes in two groups corresponding to the cultivated and wild grapevines. The difference bet¬ ween these two types of Vitis vinifera is essentially due to the presence of RAPD markers specific for one or several grapevine cultivars. Within the subsp. sylvestris, the results did not permit to dis¬ tinguish the different geographical origins of the individuals. Nonetheless the high capacity of this technique to generate DNA markers offers a reliable possibility for analysing genetic relationships in the Vitis vinìfera species. 45 M.PERRET INTRODUCTION Subordonnée au genre Vitis - un membre de la famille des Vitacées - la vigne européenne, Vitis vinifera L., est une espèce importante d'un point de vue tant culturel qu'économique. Elle appartient au contingent des premières plantes cultivées en Eurasie et compte de nos jours un nombre impressionnant de variétés, ou cépages, utilisées pour la production de raisins de table et de cuve dans la plupart des régions tempérées du globe. Si les formes cultivées de la vigne font l'objet de nombreuses études, la vigne croissant à l'état sauvage, Vitis vinifera subsp. sylves¬ tris Gmel., a suscité beaucoup moins d'intérêt. Elle est pourtant l'une des espèces les plus remarquables de quelques forêts alluviales d'Europe centrale et méri¬ dionale (Hegi, 1965). En forte régression depuis le début du siècle, ses populations, dont l'existence est indépendante de toute activité humaine (Levadoux, 1956), nécessitent des mesures de conservation et même, dans certains cas, de réintroduction (Issler, 1938; David & Klein, 1994). Malgré les menaces pesant sur la vigne sauvage dans la plupart de ses populations européennes, peu de recherches ont été entreprises pour comprendre son polymor¬ phisme génétique et vérifier son originalité taxonomique, encore controversée (Galet, 1990), par rapport à la vigne cultivée. L'analyse des liens génétiques entre les variétés cultivées et la vigne sauvage vise aussi à identifier les flux de gènes poten¬ tiels et effectifs entre les génotypes sau¬ vages et cultivés de Vitis vinifera. Jusqu'ici, l'ampélographie a recouru essentiellement à la morphologie pour décrire la diversité génétique de Vitis vini¬ fera. Cependant, au cours des dernières années, des critères nouveaux, d'ordre bio¬ chimique, ont été appliqués à l'identifica¬ tion des cépages. Ils reposent en particulier 46 sur l'étude de la diversité des isoenzymes, des composés secondaires et de l'ADN (Bourquin et al., 1993; Scienza et al., 1994; Valenti et al, 1993). Aujourd'hui, l'étude du polymorphisme de l'ADN connaît une grande faveur. Elle offre l'avantage, en particulier, de fournir un nombre presque illimité de marqueurs. De plus, ces marqueurs ne sont pas influencés par les conditions environnementales ou par l'état phénologique de la plante (Thomas et al, 1994). Les distances géné¬ tiques (liens de parenté) entre taxons peu¬ vent alors être établies avec une sécurité beaucoup plus grande. Dans cette note, nous nous proposons d'évaluer le polymorphisme génétique de Vitis vinifera subsp. sylvestris provenant de plusieurs domaines géographiques et, pour un domaine (Valais, CH) de le comparer à celui de quelques cépages indigènes. La technique de Random amplified polymor¬ phic DNA (RAPD), utilisée ici, est fondée sur le principe de la polymerase chain reaction (PCR) (Williams et al, 1990). Elle consiste à amplifier des régions non spécifiques du génome à partir de courtes amorces d'ADN (10 pb). La comparaison des patrons de présence ou absence des fragments amplifiés entre les différents génotypes permet d'identifier des séquences polymorphes, sans qu'aucune connaissance préalable du génome ne soit nécessaire. MATÉRIEL ET MÉTHODES Matériel végétal et échantillonnage Les jeunes feuilles de vigne ont été récoltées sur le terrain puis placées directe¬ ment dans des sachets contenant du silicagel. Après complète déshydratation, les feuilles ont été conservées à -20 °C. La liste des individus utilisés dans cette étude est donnée dans le Tableau 1. Les indi¬ vidus de vigne sauvage proviennent de plusieurs régions d'Europe centrale, alors POLYMORPHISME DES GÉNOTYPES SAUVAGES ET CULTIVES DE VITIS VINIFERA L. Vitis vinifera subsp. sylvestris Individu Pays d'origine Localité Orth an der Donau Orth an der Donau Orth an der Donau Marchegg, Réserve WWF Marchegg, Réserve WWF Marchegg, Réserve WWF Mannheim, Reissinsel Ketch, Rheinwald Ketch, Rheinwald Ketch, Rheinwald CERI Autriche Autriche Autriche Autriche Autriche Autriche Allemagne Allemagne Allemagne Allemagne Allemagne Roumanie Roumanie CER2 CER3 CER4 TOPI TOP2 Roumanie Roumanie Roumanie Roumanie Roumanie OTTI Suisse Suisse Suisse Suisse Suisse Suisse Suisse Suisse Suisse ORT6 ORT7 ORT9 MARI MAR2 MAR3 MAN2 KET1 KET2 KET3 RUS1 SVI1 OTT2 OTT3 OTT7 OTT8 OTT9 OTTIO OTTI 2 0TT16 Russheim, Bonsei Svinitia Baile Herculane, Valea Cerna Baile Herculane, Valea Cerna Baile Herculane, Valea Cerna Baile Herculane, Valea Cerna Toplet Toplet Martigny, Mont d'Ottan Martigny, Mont d'Ottan Martigny, Mont d'Ottan Martigny, Mont d'Ottan Martigny, Mont d'Ottan Marügny, Mont d'Ottan Martigny, Mont d'Ottan Martigny, Mont d'Ottan Martigny, Mont d'Ottan Vitis vinifera subsp. sativa Provenance ccpage ARVINE HUMAGNE BLANC PAÏEN REZE Liste des individus sauvages et Tableau Station cantonale de viticulture du Valais Châteauneuf AMIGNE PINOT NOIR 1: des cépages de Vitis vinifera L. intervenant dans l'analyse des mar¬ queurs RAPD. CHASSELAS que les échantillons de vignes cultivées appartiennent tous à des cépages cultivés en Valais. A l'exception des Pinot noir et Chasselas dont la culture s'étend bien audelà du Valais, les Amigne, Arvine, Rèze et Humagne blanc appartiennent en propre au vignoble valaisan (Carruzzo, 1991). Extraction de l'ADN L'ADN des feuilles déshydratées a été extrait selon la méthode de Rogers & Bendich (1988) basée sur l'utilisation de l'hexadecyltrimethylammonium bromure (CTAB). Une étape supplémentaire de purification de l'ADN a été réalisée à l'aide de microconcentrateur du type Microcon-100 (Amicon company). La concentration en ADN des extraits a été mesurée avec un fluorimètre TKO 100 (Hoefer Scientific Instrument). Tous les extraits d'ADN ont été ajustés à une concentration de 10 ng/|H puis utilisés pour les amplifications par PCR. Conditions d'amplification RAPD-PCR Les réactions d'amplification par PCR ont été réalisées dans un mélange réactionnel de 25 \A contenant 75mM Tris-HCl 47 M.PERRET pH9, 20mM (NH4)2S04, 1.5 mM MgCl2, 0.2mM d'amorce et 0.2 U de Taq polyme¬ rase (Supertaq, Eurogentec). L'amplifica¬ tion a été réalisée dans un thermocycler Perkin Elmer programmé comme suit: un cycle initial de 3 min à 94 °C, 40 cycles comportant chacun une étape de dénaturation de lmn à 94 °C, une étape d'hybrida¬ tion de lmn à 37 °C et une étape d'élonga¬ tion de 2mn à 72 °C. La réaction était achevée par une dernière étape de 7mn à 72 °C. Après amplification, 12 p.1 de la solution de réaction ont été chargés sur un gel d'agarose 1.6%. Les fragments d'am¬ plifications ont été séparés par électropho¬ rèse dans du TBE 0.5X sous une tension de 80V puis visualisés et photographiés sous lumière UV après coloration au bro¬ mure d'ethidium. Quelque 24 oligonucleotides de 10 bases (série P, A, B, et T, Operon Technologie Inc. Alameda, CA, USA) ont été utilisés pour les amplifications RAPD-PCR. minée grâce au test Mantel. Les groupes géographiques de génotypes ont été com¬ parés deux à deux. Pour ce faire, une matrice définissant les groupes "Autriche", Analyse des données gramme Prologiciel R (Legendre & Vaudor, 1991). La lecture des données a été réalisée visuellement à partir de l'observation des gels colorés au bromure d'ethidium. Sur le gel, chaque bande a été nommée et enre¬ gistrée dans une matrice comme étant pré¬ sente (1) ou absente (0). Seules les bandes bien visibles et reproductibles ont été prises en considération. Les similarités ont été calculées à partir de la matrice des pré¬ sences/absences à l'aide du coefficient de similarité de Jaccard. La matrice de simila¬ rité obtenue a ensuite été utilisée pour le calcul des groupements, basé sur la méthode dite Unweight Pair-Groupe Method with arithmetical Averages (UPGMA). Afin de mettre en évidence une éven¬ tuelle différenciation génétique au sein de Vitis vinifera subsp. sylvestris, quatre ensembles d'individus ont été définis selon leur origine géographique (tab. 1). La signification de ces groupes a été déter¬ 48 "Allemagne", "Roumanie" et "Suisse" a été comparée à la matrice des similarités basée sur les présences/absences des mar¬ queurs RAPD. A chaque comparaison, seules les valeurs des matrices correspon¬ dant aux individus des deux groupes com¬ parés ont été prises en compte. La même démarche a été appliquée pour vérifier la signification des deux groupes réunissant les génotypes des taxons sylvestris et sativa. Pour tous les tests de Mantel effectués, le seuil de signification pour le rejet de l'hypothèse nulle a été fixée à 0.05 (5%). La signification de cette valeur a été cor¬ rigée par le test séquentiel de Bonferroni selon la méthode proposée par Rice (1989). Le calcul des similarités, les ana¬ lyses de groupements ainsi que les tests de Mantel ont été réalisés à l'aide du pro¬ RÉSULTATS Profil des RAPDs Les réactions d'amplification par RAPD ont produit des fragments d'ADN avec la majorité des amorces testées. La taille des fragments obtenus varie de 300 pb à 2.5 kb. Parmi les 24 amorces testées, seules 8 d'entre elles ont montré un polymorphisme entre les génotypes de Vitis vinifera (tabi. 2). A partir de ces amorces, 35 fragments d'ADN polymorphes (ou marqueurs RAPD) ont été décelés parmi les différents individus de Vitis vinifera échantillonnés. Analyse phénotypique des marqueurs RAPD Les génotypes de vigne sauvage et ceux des variétés cultivées ont montré un degré de polymorphisme différent au niveau des POLYMORPHISME DES GÉNOTYPES SAUVAGES ET CULTIVÉS DE VITIS VINIFERA L. Amorce P-03 P-04 P-05 P-09 P-15 P-19 B-06 T-04 Séquence Nombre de bandes (5'->3') d'ADN polymorphes -CTGATACGCC-GTGTCTCAGG-CCCCGGTAAC-GTGGTCCGCA-GGAAGCCAAC-GGGAAGGACA-TGCTCTGCCC-CACAGAGGGA- 7 Total 35 3 5 7 1 8 2 2 marqueurs RAPD. Une plus grande homogénéité génétique a été trouvée parmi les individus sauvages. En effet, chez la vigne sauvage, seuls 15 des 35 marqueurs RAPD (42,8%) se sont révélés polymorphiques. En revanche, dans le cas des cépages, le polymorphisme affectait 27 des 35 marqueurs recensés (77,1%). La plus grande variabilité des cultivars se traduit également par un nombre élevé de marqueurs propres au subsp. sativa. Parmi ceux-ci, les marqueurs P9-E et P15A, présents chez la majorité des cépages, permettent une facile distinction entre génotypes d'origine cultivée ou sauvage (fig- 1). D'autres marqueurs présentent un intérêt pour l'identification des cépages en n'étant présents que chez un cépage particulier. Ainsi, P3-D et P3-F caractérisent respective¬ ment les cépages Amigne et Rèze. (fig. 2). Analyse de groupement Les groupements UPGMA des simila¬ rités de Jaccard ont révélé une nette diffé¬ rence entre les génotypes de vigne cultivée et ceux de vigne sauvage (fig. 3). En effet, Tableau 2: Liste des oligonucleotides capables de produire des fragments d'ADN polymorphes parmi les géno¬ types de Vitis vinifera. dès la première dichotomie du dendro¬ gramme, à une distance génétique de 0.7, les génotypes de Vitis vinifera sont séparés en deux groupes correspondant aux cépages d'une part et à la vigne sauvage d'autre part. A un niveau de comparaison plus fin, l'analyse des génotypes de vigne sauvage n'a pas mis clairement en évi¬ dence un regroupement des individus issus d'une même origine géographique. Toute¬ fois, certaines tendances se manifestent chez les individus de la population suisse (série OTT). Signification des taxons sativa et sylvestris et validité des groupes géographiques au sein de la subsp. sylvestris La matrice des similarités et la matrice qui définit les deux groupes correspondant aux génotypes sauvages et aux variétés cultivées ont présenté une corrélation hau¬ tement significative (p=0.001). Parmi les individus de vigne sauvage, les comparai¬ sons des quatre groupes géographiques ont nécessité six tests de Mantel dont les résul¬ tats sont figurés dans le tableau 3. Nous constatons que seuls les tests de Mantel 49 M. PERRET P9 Vitis I 2 3 4 S 8 7 S vinifera a 10 sylvestris subsp. 13 14 15 16 17 11 12 subsp. sativa 2027 pb 1 J__/l584pb ala ~ ^..^..JSJJ^Y^* f f YY Y f %|Y ^. 1375 pb / 947 pb 331 pb 564 pb P15 Vitis vinifera Y subsp. sylvestris subsp. sativa - 2027 pb 1584 pb 1375 pb 347 pb 331 pb 564 pb f f Figure 1: ¦ f.; Profils RAPD produits par les amorces P9 et P15. Lignes 1 à 27: Vitis vinifera subsp. sylvestris; 1-6 Autriche, 7-10 Allemagne, 11-17 Roumanie, 18-27 Suisse. Lignes 28 à 34: Vitis vinifera subsp. sativa ; 28 Arvine, 29 Humagne blanc, 30 Païen, 31 Rèze, 32 Amigne, 33 Pinot noir, 34 Chasselas. 35 Parthenocissus quinquefolia; 0 contrôle sans ADN; M mar¬ queur III (Boehringer). Les flèches signalent les bandes spécifiques aux variétés cultivées. 027 pb : • 1584 pb 375 pb 17 pb 331 pb 564 pb ff* 50 Figure 2: Profils d'amplifi¬ cation RAPD de 6 variétés de Vitis vinìfera obtenus en utilisant l'amorce P3. 0: contrôle sans ADN. M: mar¬ queurs III (Boehringer). Les flèches indiquent deux bandes permettant d'identi¬ fier les cépages Rèze et Amigne. POLYMORPHISME DES GÉNOTYPES SAUVAGES ET CULTIVÉS DE VITIS VINIFERA L. Indice de distance de laccard 0.0 A ORT7 ORT9 Ro TOPI CH OTTI CH OTT2 CH OTT10 CH OTT16 0.3 04 0 5 06 ^ A ORT6 Ro TOP2 A 0.2 0.1 l_ Ln CH OTT7 CH OTT8 Ro MIL1 Ro CER2 CH OTTH CH OTT12 A MAC1 CH OTT9 A D MAC2 MAN2 KET2 MAC3 Ro CERI Ro CER3 Ro CER4 D A D \ b-1 RUS1 CH OTT3 D KET1 Arvine Païen P- Humagne Pinot noir Chasselas Rèze y* Amigne Figure 3: Groupement par association moyenne (UPGMA) des similarités de Jaccard des résultats RAPD obtenus pour les 34 génotypes échantillonnés. La provenance des individus de Vitis vinifera subsp. sylvestris est mentionnée (A: Autriche, D: Allemagne, Ro: Roumanie, CH: Suisse). Autriche Allemagne Roumanie Allemagne Roumanie Suisse 0,155 0,407 0,011* 0.251 0,002* 0,003* Tableau 3: Signification selon le test Mantel des groupes géographiques des génotypes de Vitis vinìfera subsp. sylves¬ tris. Pour toutes les comparaisons r=0.27. Le seuil de signification a=0.05 a été cor¬ rigé selon le test séquentiel de Bonferroni. Les valeurs significatives sont suivies d'un * et répondent à la condition P <cc corrigé. 51 M.PERRET incluant le groupe correspondant aux indi¬ vidus de Suisse montrent des différences significatives avec tous les autres groupes. sence de ces marqueurs sur un plus grand nombre de cépages. des groupes "Autriche", "Allemagne" et "Roumanie" n'a, en revanche, pas été établie. Origine des cépages cultivés en Valais L'originalité génétique DISCUSSION Comparaison entre les taxons sativa et sylvestris Pour l'échantillon encore restreint étudié de la dis¬ la vigne, apprécié par RAPD, justifie tinction taxonomique établie entre la vigne sauvage (subsp. sylvestris) et les variétés cultivées (subsp. sativa). Il est particulière¬ ment intéressant de constater que l'indé¬ pendance de deux taxons est maintenue lorsque les génotypes sauvages et cultivés proviennent de la même région. Il en est ainsi des individus de la population valaisanne de vigne sauvage (série OTT) et des cépages Humagne blanc, Arvine, Amigne, Rèze et Païen dont l'histoire et la distribu¬ tion géographique sont propres au Valais (fig. 3). Les individus sauvages provenant du Valais (OTT) se regroupent avec les géno¬ types d'Allemagne, d'Autriche et de Rou¬ manie du subsp. sylvestris, ce qui confirme ici, le polymorphisme génétique leur identité taxonomique. L'hypothèse, parfois avancée, du caractère subspontané d'une partie au moins des populations dites sauvages n'est pas vérifiée sur notre échantillon. Cette remarque, fondée sur des arguments moléculaires, est d'ailleurs renforcée par l'existence de traits morpho¬ logiques, comme la dioecie, qui permettent de distinguer la vigne sauvage de la vigne cultivée (Desfayes, 1989). Les deux fragments permettant de diffé¬ rencier la plupart des cépages de la vigne sauvage ouvrent une voie prometteuse quant à la caractérisation de la vigne sau¬ vage par des méthodes moléculaires. Il serait cependant prudent, avant de tirer des conclusions définitives, de vérifier la pré¬ 52 La diversité génétique des variétés culti¬ vées, estimée par RAPD, est supérieure à celle des génotypes de vigne sauvage. Ce phénomène a également été remarqué par Grando et al. (1995) pour des vignes pro¬ venant d'Italie. La diversité génétique des cépages est certainement une conséquence de l'ancienneté de leur histoire et de la diversité initiale du matériel intervenant dans l'élaboration des variétés. Des diffé¬ rences génétiques entre cépages d'origine distincte sont donc attendues. Cependant, le polymorphisme élevé constaté parmi des cépages considérés comme autochtones au Valais est plus étonnant. La variabilité élevée des marqueurs RAPD parmi les cépages Arvine, Amigne, Humagne blanc et Rèze nous incite à penser que, en dépit de leur appartenance à un même terroir, ces cépages ont une origine et une histoire indépendante. Il est donc plus vraisem¬ blable que les cépages valaisans doivent leur existence à de multiples importations au cours de l'histoire de la viticulture qu'à la domestication d'une unique source de gène fournie par la vigne sauvage autoch¬ tone. Enfin, l'absence des marqueurs RAPD propres aux cépages parmi l'ensemble des individus de vignes sauvages échantillon¬ nées en Europe centrale nous laisse penser que l'origine des variétés cultivées que nous avons étudiées serait à chercher dans des vignes plus lointaines, méditerra¬ néennes ou orientales. Polymorphisme des génotypes de vigne sauvage L'analyse des matrices des données RAPD en vue de l'établissement des indices de similarité n'a pas confirmé les groupes géographiques définis a priori. Ce fait, démontré par les tests de Mantel (tab. 3), POLYMORPHISME DES GENOTYPES SAUVAGES ET CULTIVES DE VITIS VINIFERA L. nous indique que le polymorphisme des l'intérieur d'un même génotypes domaine géographique est tout aussi important que celui existant entre les groupes différents. Les individus de Suisse constituent en ce sens une exception. En effet, les vignes sauvages valaisannes se démarquent significativement de tous les autres. Cependant, il est fort probable que le regroupement des individus suisses pro¬ vienne de leur appartenance à une seule population (série OTT), de surcroît petite, par opposition aux autres groupes géogra¬ phiques qui sont constitués par des indi¬ vidus prélevés dans diverses populations. à Identification des cépages L'étude du polymorphisme relatif aux cépages a permis la caractérisation molé¬ culaire des cépages Réze et Amigne par la mise en évidence de marqueurs spécifiques à ces variétés. Ce premier résultat ainsi que les résultats obtenus par plusieurs groupes de chercheurs étudiant la vigne confirme que l'utilisation des marqueurs RAPD permet une identification molécu¬ laire des cépages aussi précise que peu coûteuse (Gollins et al, 1993; JeanJaques et al, 1993; Büscher et al, 1993). CONCLUSION Sur la base d'un échantillonnage encore restreint, l'utilisation des marqueurs identi¬ fiés par RAPD justifie la séparation taxo¬ nomique établie entre les sous-espèces syl¬ vestris et sativa de Vitis vinifera. Les variétés cultivées ont montré une plus grande diversité génétique que les géno¬ types sauvages. Ces différences tiennent sans doute à l'histoire très complexe de la domestication et des sélections subsé¬ quentes de la vigne qui ont conduit à un fort brassage génétique. de la vigne caution. La zoosauvage reste sujette chorie importante, la persistance de la vigne après l'abandon d'anciennes cul¬ tures, l'enracinement de déchets de taille (bois de porte-greffes ou de cépages de cuve) dans des milieux naturels ou seminaturels, l'allogamie obligatoire de la vigne sauvage dioïque sont autant de fac¬ teurs favorisant le flux de gènes de la vigne cultivée vers la vigne sauvage. Galet (1990), l'un des meilleurs ampélographes actuel, écrit même: «on peut donc admettre qu 'actuellement les vignes sau¬ vages trouvées en Europe sont issues de graines des variétés cultivées, graines transportées par les oiseaux, les moutons, les chèvres ou les humains dans leurs déjections». Nos résultats contrastent avec cette affirmation. Sur notre matériel, nous n'avons décelé aucun indice sûr de flux de gènes entre vignes cultivées et vignes sau¬ vages. La "pollution génétique" des popu¬ lations sauvages, si elle existe, n'altère pas profondément l'originalité de la vigne sau¬ vage. Cette observation, nécessaire à la mise en place de plans de conservation de la vigne sauvage et indispensable aussi à la mise en place des procédures d'autorisa¬ tion et de surveillance des culture de vignes transgéniques, doivent encore être confirmées sur un nombre étendu de popu¬ lations et complétées par d'autres L'originalité taxonomique à méthodes. REMERCIEMENTS Je tiens à exprimer ma vive reconnais¬ sance au Professeur Philippe Kupfer pour son soutien dans ce travail. Je tiens encore à remercier le Dr. Alain Defontaine pour conseils pratiques sur la technique RAPD et les Professeurs C. Dragulescu, G. Wendelberger et G. Philippi pour leur aide dans la récolte de vigne sauvage. ses 53 M.PERRET BIBLIOGRAPHIE Bourquin, J.-C, Sonko, A., Otten, L. & Walter, B. 1993. Restriction fragment length polymor¬ phism and molecular taxonomy in: Vitis vinifera L. Theor. Appi. Genet. 87: 431-438. Büscher, N, Zyprian, E. & Blaich, R. 1993. 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