Le tourisme alternatif dans le 93

Transcription

Le tourisme alternatif dans le 93
LES CONFERENCES DE L’IREST
CYCLE 2014-2015
Institut de Recherche et d’Etudes Supérieures du Tourisme (IREST)
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Michael DUARTE
Chef de projet Développement touristiques
Comité départemental du tourisme de Seine-Saint-Denis
Le tourisme alternatif dans le 93
mercredi 05 novembre 2014 de 18h à 20h
à Amphithéâtre DESCARTES, SORBONNE
17, place de la Sorbonne, 75005 Paris
Réalisé par :
Camille GAREZ, Laetitia LE CONTE,
Laura METTE, Laetitia PAOLI, Lou
ROBERT, Maria ROTA, Mathilde SOTOHENRY, Maylis SOUVILLE, Clémence
VILLEFRANCHE, Estelle ZIBI
(M1 GSVT)
Table des matières
Introduction – Présentation de l’intervenant ........................................................................ 3
Partie 1 – Le tourisme et la Seine-Saint-Denis ...................................................................... 3
Partie 2 –La Seine-Saint-Denis, un territoire singulier ........................................................ 6
Partie 3 – Un tourisme participatif et des visites insolites .................................................... 7
Partie 4 – Un tourisme alternatif ou complémentaire ? ....................................................... 8
Partie 5 –Quelle(s) perspective(s) pour le tourisme en Seine-Saint-Denis ? ..................... 10
Questions / Réponses .............................................................................................................. 13
2
Introduction – Présentation de Michael DUARTE
Michael Duarte est diplômé de l’IREST. Il est actuellement chef de projet en
développement touristique au sein du Comité départemental du tourisme du département de
Seine-Saint-Denis.
1. Le tourisme et la Seine-Saint-Denis
La Seine-Saint-Denis est un département qui souffre d’une image négative souvent
stigmatisée dans les médias. Cette image est liée aux problèmesdans les cités, à la pauvreté ou
encore au chômage. Le second handicap majeur de la Seine-Saint-Denis est son éloignement
géographique, en effet ce territoire est en dehors du cœur touristique parisien et n’est donc pas
perçu, aux premiers abords, comme attractif par les touristes.
Carte du département de la Seine-Saint-Denis
3
Cependant la Seine-Saint-Denis possède de nombreux atouts touristiques, souvent
méconnus. Le premier élément qui engendra une dynamique touristique sur le département de
la Seine-Saint-Denisest l’organisation de la coupe du monde de Football de 1998. Cet
évènement a nécessité des investissements pour accueillir les touristes et les informer sur les
sites touristiques présents sur le territoire. En outre, la Seine-Saint-Denis possède un parc
hôtelier important composé de plus d’une centaine d’hôtels pour environ 15 000 chambres.De
plus, le département bénéficie d’un accès privilégié grâce à l’autoroute, aux transports (tels
que le métro et le RER), à sa proximité avec l’aéroport Charles de Gaulle et l’aéroport du
Bourget. Cet emplacement constitue un véritable atout pour faire venir aisément les touristes
sur le territoire du département. Par ailleurs un tourisme d’affaire très important s’est
développé en Seine-Saint-Denis autour de deux grands parcs d’expositions dont Paris Nord
Villepinte qui compte à lui seul 85 évènements, dont 23 salons, ce qui représente environ 2
millions de visiteurs en 2013.
La Seine-Saint-Denis possède également un patrimoine cultureltrès riche avec la
célèbre Basilique Saint-Denis qui compte quelques 170 000 visiteurs par an, le Stade de
France, qui avoisine les 90 000 visiteurs annuels hors évènement, le musée de l’air et du
Bourget, site gratuit quiaccueille environ 300 000 visiteurs chaque année, ou encore les puces
de Saint-Ouen où se rendent au moins 4 millions de visiteurs par an. Le 93compte encorebien
d’autres sites culturels tels que la Cité du Cinéma, Zingaro, l’académie Fratellini… Par
ailleurs, le département bénéficie de relations privilégiées avec plusieurs sites touristiques
parisiens. Géographiquement proches, ces sites se retrouvent dans le positionnement du
Comité Département du Tourisme (CDT) de Seine-Saint-Denis. Même si les CDT sont très
liés à la politique et aux élus, ce qui peut constituer des limites bureaucratiques, celui de la
Seine-Saint-Denis parvient à créer à des partenariats avec des structures en dehors de sa
délimitation géographique. Il collabore en effet avec des lieux du Nord-Est Parisien tels que le
Parc de la Villette et la Cité des Sciences. Cependant, comme l’a précisé Michael Duarte, le
Comité Département du Tourisme du 93 est dépendant du Conseil Général car il est son
premier financeur. Cela peut s’avérer être une difficulté car le tourisme n’est souvent pas
considéré comme une priorité par le Conseil Général.
4
La Basilique Saint-Denis
La cité du cinéma à Saint-Denis
© 2011 DESMOULINS, tous droits réservés
5
2. La Seine-Saint-Denis, un territoire singulier
Afin de mieux connaitre et comprendre, en d’autres termes de « cerner » le
département du 93, le Comité Départemental du Tourisme en Seine Saint Denis s’est penché
sur les forces vives du93 pour en arriver à la conclusion suivante : la culture prédominante
dans ce département est celle du travail. En effet, renfermant toutes les industries qu’on
excluait en dehors des murs de Paris, c’est un département à l’origine ouvrier. Ainsi, la
conscience de soi et la fierté des habitants vis-à-vis de leur passé et de leur patrimoine a
favorisé un élan créatif très important. C’est un territoire riche de multiples savoir-faire où
beaucoup d’associations très diversifiées apparaissent avec, en particulier, cette prédominance
de la culture urbaine. On y trouve également un patrimoine méconnu comprenant quelques
sites inattendus comme notamment une salle de mariage qu’on pourrait qualifier
véritablement d’œuvre d’art. Cette salle a été créée en 2006 par Hervé di Rosa à Bobigny et
reçoit un nombre croissant de visiteurs et parfois même de véritables couples qui souhaitent se
dire oui dans ce cadre insolite.
Salle des mariages de Bobigny
Le département du 93 est également un territoire métissé, multiculturel et ouvert sur le
monde avec des habitants, passionnés et très attachés à leurs quartiers, qui souhaitent
démystifier la banlieue et tous les clichés que l’on peut en avoir. Ils œuvrent en faveur de
celapar le biais de plusieurs associations militantes et très engagées dans cette lutte contre les
idées reçues.
6
Tous ces différents savoir-faire et engagements, quels qu’ils soient,révèlent un
territoire propice au développement de nouvelles expériences dans le domaine du tourisme.
Cela est d’autant plus facilement envisageable par le Comité Départemental du Tourisme que
celui-ci n’est pas associé au tourisme de base ce qui permet ainsi une plus grande marge de
manœuvre.
3. Un tourisme participatif et des visites insolites
Le début du tourisme participatif en Seine-Saint-Denis
Pour Michael Duarte, le terme de tourisme participatif est un outil de travail, et non de
communication. C'est un tourisme proche des habitants. Il considère que développer le
tourisme sans y associer les habitants n'a pas beaucoup de sens, notamment dans les quartiers
difficiles.Le CDT 93 essaie alors de mettre en place des offres de tourisme originales,
illustrées par exemple par des visites d'entreprises, mises en place dès 1999. La Seine-SaintDenis est l'un des départements français qui développe le plus ce type de visite, on en
dénombre environ 500 par an et elles accueillent environ 6000 visiteurs. Elles touchent tous
les secteurs et l'objectif est de valoriser l'entreprise, qui souffre parfois de l'image négative
renvoyée par le département. Pour Michael Duarte, ces visites sont essentielles puisqu'elles
permettent de créer un sentiment de fierté chez les salariés. Elles accueillent un public
essentiellement francilien.
Un tourisme pris en charge par les habitants
Suite aux émeutes de 2005 et afin de montrer une autre image du 93, le CDT et ses
partenaires (Office de tourisme, associations locales, commerçants etc.) ont décidé de monter
un programme de balades pour partir à la découverte des acteurs qui font vivre le territoire.
Les habitants se sont prêtés au jeu et organisent des visites afin de faire découvrir leurs
quartiers.
Ainsi des balades avec des graffeurs, des puciers et même un slameur à
Aubervilliers, se sont développées. Chaque personne voulant mettre en valeur son quartier est
accueillie. Ces visites attirent environ 3000 visiteurs par an, principalement franciliens,
même si Internet permet d'atteindre de nouvelles cibles.La Seine-Saint-Denis a également
voulu s'inspirer du phénomène des Greeters, apparu à New York en 1992. Il a été créé par une
habitante de Brooklyn, qui s'est occupée de regrouper des habitants désirant montrer leur ville
au quotidien. Ces visites gratuites, basées sur l'échange et la rencontre se sont ensuite
7
développées dans le monde entier. En France ce phénomène est apparu en 2006, à Nantes et à
Paris, avant de s'étendre sur tout le territoire grâce à l'intérêt porté par la presse nationale et
internationale. Désormais, la Seine-Saint-Denis travaille avec l'association parisienne des
Greeters, qui s'était montrée frileuse dans un premier temps. Pourtant aujourd'hui on
dénombre une vingtaine de bénévoles présents dans toutes les communes dotées d'un métro.
De nombreuses demandes proviennent de touristes connaissant déjà Paris et qui,à la recherche
de nouvelles expériences, veulent être étonnés. Certaines nationalités se montrent très actives
dans ce type de tourisme, à l'image des Nord-Américains ou des Italiens, par exemple.
Une volonté de mettre en place un tourisme non commercial
Un autre modèle, plus militant a été créé. Il s'agit d'« Accueil Banlieue », développé par
des habitants de la Seine-Saint-Denis. Ces derniers voulaient accueillir des touristes dans un
but non lucratif. Ainsi ils accueillent des touristes internationaux à domicile pour un prix
dérisoire (15€ par nuit et par personne, petit déjeuner compris), car ce n'est pas une activité de
chambre d'hôte qui les intéresse, mais de bénévolat. C'est pourquoi ils n'acceptent que des
touristes qui veulent connaître le quartier, car leur but est militant, pédagogique : ils veulent
montrer la Seine-Saint-Denis différemment à des touristes internationaux et non pas accueillir
des touristes venant voir un concert au Stade de France. Ainsi ils font découvrir le métier de
souffleur de verre par exemple, les ateliers de moulage du Louvres qui se trouvent à SaintDenis etc.
4. Un tourisme alternatif ou complémentaire ?
Michael Duarte nous propose une définition issued’un dictionnaire de la langue
française : « Alternatif : ce qui présente ou propose une alternative, un choix entre deux
solutions »1. Lorsqu’il a vu cette définition, monsieur Duartea concluqu’en ce qui concernait
le département de Seine-Saint-Denis ce terme n’était pas du tout applicable. Cela signifierait
que le CDT du 93 ne se situe pas vraiment, ou pas uniquement, dans une démarche que l’on
pourrait rapprocher de la notion de « tourisme alternatif ».
Si on se place du point de vue de l’offre, les propositions du Comité Départemental du
Tourisme de la Seine-Saint-Denis peuvent être considérées comme alternatives. Néanmoins
1
Dictionnaire Larousse en ligne : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/alternatif_alternative/2566
8
ce qu’ils font est juste une nouvelle approche du tourisme. Ils se considèrent donc plus
comme une offre complémentaire à celle de Paris. Autrement dit, le CDT de la Seine-SaintDenis a développé des idées innovantes et complémentaires à ce qui est proposé dans la
capitale. Par exemple, travailler avec des habitants peut attirer les touristes, même si l’on est
sur un tourisme de niche. Le CDT de la Seine-Saint-Denis a du effectué un gros travail car,
pendant longtemps, les acteurs du tourisme classique ne s’intéressaient pas vraiment à tout ce
qui se situait en dehors du centre historique de Paris. Quand on regarde la concurrence, par
exemple Londres qui marche plutôt bien ou Berlin, il faut bien voir que certaines villes ont
tout de suite pris conscience qu’il se passait des choses dans les périphéries. Lorsqu’on est à
Berlin ou à Londres, le phénomène de déplacement hors du centre n’est pas le même. Dans
ces villes, on prend plus facilement le métro pour se déplacer, notamment dans des quartiers
complètements différents du centre, même si ils se trouvent à 30 ou 45 minutes du centre. À
Paris du temps s’est écoulé pour que cela émerge. Depuis quelques années,les grands acteurs
de la promotion touristique parisienne (l’Office de Tourisme de Paris, le Comité Régional du
Tourisme…) s’intéressent à ce qui se passe en Seine-Saint-Denis. Pourquoi s’y intéressent-ils
? Parce que ça fait désormais partie d’un renouvellement de l’offre et de l’image de la
destination. Le street art est une bonne illustration de cela. En effet, c’est un phénomène
désormais mondial qui intéresse énormément de monde. Une application sur Smartphones, à
l’image de My Paris street art,a été conçue pour partager les œuvres de street art dans le
monde – lebut étant de pointer et de géo-localiser les photos de street art qui sont sur
l’application afin qu’elles soient partagées. De nombreuses photos sont publiées par des
touristes qui se déplacent pour aller voir ces œuvres. Cela fait partie du renouvellement de
l’offre culturelle.
9
L’image de la destination change également. On a tendance à dire que « Paris est une
ville musée ». Cependant, quand on voit la concurrence de Londres, Berlin ou Barcelone, qui
attirent toujours plus de touristes, nous commençons à nous poser des questions.Il est
indéniable qu’il est nécessaire pour la destination Paris-Ile de France de se renouvelerpour
améliorer son image.
Dans le processus d’organisation d’un voyage par les touristes, nous voyons de plus en plus
de personne se rendre sur des forums internent afin de chercher les bons plans, des
autochtones ou d’autres touristes. Les touristes sont à la recherche des endroits qui ne soient
pas uniquement touristique, des petits concerts ou festivals, des commerçants sympathiques,
des restaurants peu connus etc. Il a donc véritablement une tendance générale qui témoigne
d’une volonté d’échapper à la standardisation concernant les produits touristiques. En lien
avec cela, il y a, depuis quelques années, une volonté du touriste de privilégier l’échange.
De ces nombreux éléments a découlé un intérêt pour de nouveaux territoires. En Ilede-France cela va être favorisé avec les projets « Grand Paris » ou « Paris métropole ». On
s’intéresse donc de plus en plus à la banlieue. L’hôtellerie y voit aussi un intérêt : il n’y a plus
de place à Paris pour construire, c’est pourquoi de gros projets hôteliers se développent en
banlieue, notamment en Seine-Saint-Denis ou dans le Val-de-Marne.
5. Quelle(s) perspective(s) pour le tourisme en Seine-Saint-Denis ?
Les enjeux de la CDT de la Seine-Saint-Denis sont multiples. En premier lieu, ces
enjeux concernent le rayonnement international qui nécessite de faire face à la concurrence,
de renouveler l’offre et de répondre à la demande. Par ailleurs, la volonté de créer un lien
social est un enjeu majeur pour réconcilier les habitants et les touristes. L’idée est de placer
les habitants au cœur du développement touristique en encourageant la rencontre et en
favorisant l’appropriation par les habitants de leur territoire. Enfin, nous sommes aussi face à
des enjeux économiques pour diffuser les retombées économiques du tourisme, car même si
les impacts économiques sont faibles, ils existent. Par exemple lors de balades dans Montreuil
des visites ont permis à certains artisans de réaliser quelques ventes d’objets. Il est clairement
visible que les balades ont un impact économique sur les commerçants du quartier
visité.Malgré ces perspectives encourageantes, il faut bien voir que le tourisme en SeineSaint-Denis comprend des difficultés. Il existe, en effet, un manque de communication et de
valorisation des institutionnels et des professionnels du tourisme car le territoire de la SeineSaint-Denis se situe en dehors du cœur touristique et constitue une offre de niche. Le
10
problème en Seine Saint Denis c’est aussi que l’on a un tourisme qui attire un public
essentiellement local, représentant 96% de franciliens. Le rôle d’internet a permis d’avancer
et est donc très important pour ouvrir le territoire. Pour notre site internet
http://www.tourisme93.com nous comptons entre 4000 et 5000 visiteurs par jour, ce qui est
déjà un bon chiffre.
Ce modèle est un modèle économique fragile dont les rentabilités économiques qui ne
sont pas assurées, notamment parce que le tourisme dans le 93 est très porté par des structures
associatives et que le coût de labalade ne permet pas de financer des salaires. Dans le
département il y a un partenariat avec les entreprises qui fait qu’ils ne perdent pas d’argent
mais dès qu’il s’agitde développer des choses avec les habitants et de se positionner sur des
prix à bas coûts (exemple : 5€ la visite) cela ne permet pas de financer des salaires. Lorsque
vous prenez un guide professionnel, une ballade est facturée à 100€, 150€. Donc développer
ce genre de choses pour de petites associations est assez compliqué.La première association
qui a développé un tourisme participatif avec les habitants présente un exemple intéressant
pour représenter ce modèle économique, c’est l’association Ça se visite !qui travaille avec les
habitants. Pour le moment, le CDT de la Seine-Saint-Denis est sur un modèle tarifaire variant
de7 à 12€, mais la concurrence du marché du guidage est difficile à surmonter pour les petites
structures que sont les associations. D’autant que de nombreux modèles marketing sur ce
thème de « la rencontre » se développent actuellement. Par exemple, il y en a un qui
développe le marché anglo-saxon et fonctionne sur le modèle des visites de Paris gratuites
contre dons.
La difficulté consiste donc à essayer de sortir du lot. La mise en tourisme est
compliquée pour certains produits notamment les visites d’entreprises car le CDT rencontre
des difficultés à sensibiliser et à développer un intérêt touristique pour les gros sites
industriels. Certaines visites pourraient marcher mais, avec 4 ou 5 visiteurs, la rentabilité
économique n’est pas du tout assurée.En outre, de nombreuses dérives existent : par exemple,
on trouve des Tours Opérateurs qui proposent des circuits censés partir à la rencontre des
habitants alors que ce n’est pas le cas. D’autre part, l’offre est essentiellement en langue
française et cela pose des problèmes pour toucher les touristes internationaux. Face à cela, le
CDTtente de développerdes visites en anglais.
Malgré les difficultés, le CDT de la Seine-Saint-Denis observe des perspectives
encourageantes quant au développement du secteur touristique. L’importance de son rôle dans
11
le développement d’une nouvelle offre régionale a généré le développement de l’offre de
loisirs sur le bassin de la Villette et le canal de l’Ourcq par exemple (canoë, bateaux
électrique etc.) ce qui n’aurait pu voir le jour sans les CDT. De surcroît, avec le projet du
« Grand Paris », on assiste à un rapprochement avec les autres départements de la petite
couronne autour de thématiques spécifiques. Des évènements métropolitains valorisant les
territoiressont organisés, à l’image de Paris Face cachée, une manifestation mise en place par
la ville de Paris dont le but est de faire découvrir un autre Paris et à laquelle le CDT de la
Seine-Saint-Denis a participé. Pour cet événement, les CDT du 92 (Hauts-de-Seine), du 93
(Seine-Saint-Denis) et du 94 (Val-de-Marne) ont travaillé afin de proposer des visites
insolites. Ce concept est développé depuis 3 ou 4 ans et attire entre 6000 et 7000 visiteurs sur
deux jours. Un travail a aussi été fait pour créer des voyages métropolitains avec une
association d’urbanistes qui développent un concept assez intéressant : ils proposent d’aller
découvrir la banlieue parisienne en marchant tout un weekend end à travers le département.
L’approche des urbanistes est de travailler sur le côté éphémère, de certains territoires
notamment. Ils repensent, par exemple, la notion la friche à laquelle la plupart des acteurs du
tourisme ne penseraient pas. Un autre exemple de développement d’une nouvelle offre
régionale se trouve dans les collaborations qui sont faites pour créerdes évènements autour du
thème de l’eau – eau que Paris exploite avec la Seine mais aussi la Marne et les canaux
parisiens. Une opération a été monté avec les autres CDT d’Île-de-France : Le Paris se met à
l’eauqui a permis la créationde nombreux évènements (des croisières, le Festival de l’eau,
Paris Plageetc.).
En lien avec ces perspectives encourageantes, nous assistons au développement de
l’intérêt d’acteurs du tourisme classique pourdes visites thématiques sur les territoires de la
petite couronne (visites sur le thème du street art, visites d’ateliers etc.). Cela est renforcé par
la tendance actuelle à rencontre et à l’échange, qui est au cœur des demandes
touristiques.Nous remarquonsenfin l’explosion des sites collaboratifs en lien avec le désir de
découverte urbaine. VayableouViator, autant de sites (anglais) sur lesquels on privilégie la
rencontre avec les habitants, notamment avec le concept de local insiders(il faut néanmoins se
méfier des propositions sur ces sites car ceux-ci peuvent être source de dérives et
malhonnêtes).
12
Questions / Réponses
Charles Edouard Marceau (Master 1, DATT) : Les associations viennent-elles vous
démarcher ou l’inverse ?
C’est dans les deux sens. Quand elles veulent mettre en place un projet, on leur
conseille souvent de venir nous voir.
 Michel Tiard (Professeur à l’IREST) : Marseille, Capitale européenne de la culture en
2013,avait mis en place le GR 2013. Est-ce que cela vous a donné des idées ?
J’ai eu connaissance de ces parcours. Dans le cas du CDT de la Seine-Saint-Denis,
nous collaborons notamment sur un parcours avec l’équipe organisatrice du GR 2013 pour
des marches autour de Paris. Et nous sommes également en relation avec la coopérative Hôtel
du Nord de Marseille sur le développement d’un hébergement et d’une offre de balades avec
les habitants.
Au niveau du tourisme participatif, certes Marseille a fait des choses mais aussi
Toulouse ou encore Nantes qui propose beaucoup de choses pour ce type de tourisme.
Le phénomène Greeters se développe également énormément, la France est en passe
de devenir le premier réseau mondial.
 Mathilde Soto (Master 1, GSVT) : Est-ce que vous travaillez avecWelcome City Lab ?
Nous ne sommes pas partenaires mais nous travaillons beaucoup avec Laurent Queige,
le directeur de Welcome City Lab. On travaille avec eux pour expérimenter des nouvelles
formes de tourisme et penser au tourisme de demain. Il ne faut pas rester sur ses lauriers et
Welcome City Lab imagine le tourisme de demain et c’est en cela que travailler avec eux est
intéressant, c’est un bel outil qui peut aider beaucoup de choses à émerger. Plus que le
tourisme participatif, la Seine-Saint-Denis est un terrain test intéressant pour développer des
nouvelles formes de tourisme.
Victoria Galette (Master 1, GSVT) : Comment se passent les partenariats avec les
autres départements ?
Pendant longtemps, les autres départements n’étaient pas convaincus par le tourisme
participatif mais progressivement ils s’y sont intéressés. Les Greeters ont d’abord fonctionné
en Seine-Saint-Denis puis se sont étendus au Val de Marne et dans les Hautes-Seine. Il n’y a
13
pas de concurrence, chacun à ses priorités, on collabore sur des thèmes communs. Il est plus
bénéfique de travailler ensemble que chacun de son côté.
MarilyseLacasse (Master 1, GSVT) : Existent-ils des offres spécifiques dédiées au
tourisme d’affaire ?
On est associé à des salons et des conférences notamment sur le climat qui ont lieu au
Bourget.
Clarisse Gonny (Master 1, EDTI) : Comment un territoire, situé entre deux
départements, est-il promu ?
Les CDT sont dans une logique institutionnelle, chacun communique uniquement sur
son territoire. Cependant, le CDT de Seine-Saint-Denis est dans une volonté de collaborer
avec les territoires qui lui sont proches (Paris, Val -de Marne...)dans un souci d’une meilleure
coordination de l’offre mais aussi de communication et de promotion. A titre
d’exemplel’office de tourisme de Paris n’intégrait pas sur leur carte touristique les grands
sites touristiques du 93 accessibles en métro. Dorénavant c’est chose faite ! Avec sa
collaboration et celles des CDT de la petite couronne les lieux importants du 93, 94 et 92
vont apparaitre sur la carte touristique de Paris en 2015.
14