révélant leur orientation sexuelle à une entraîneure ou un entraîneur

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révélant leur orientation sexuelle à une entraîneure ou un entraîneur
Exposé : Athlètes allosexuels (lesbiennes, homosexuels et bisexuels) révélant leur
orientation sexuelle à une entraîneure ou un entraîneur
(Pat Griffin)
Par le passé, les entraîneures, entraîneurs et athlètes allosexuels devaient tous garder secrète leur
orientation sexuelle. Si la sexualité d’une ou un athlète ou d’une entraîneure ou un entraîneur était
remise en question, que ce soit par des rumeurs, des doutes ou une confirmation, leur carrière
sportive pouvait être compromise. Malheureusement, ces climats hostiles existent encore aujourd’hui
dans certains programmes de sport. Il serait probablement juste de dire que la plupart des
programmes de sport d’aujourd’hui sont conditionnellement tolérants : les athlètes allosexuels sont
tolérés seulement à la condition qu’elles et ils maintiennent leur orientation sexuelle cachée. Elles et
ils ne sont pas libres de parler de leur vie personnelle avec leurs coéquipières et coéquipiers et en
public. L’athlète qui ne respecte pas ce code du silence pourrait compromettre sa carrière.
Cependant, à mesure que la perception sociale des personnes allosexuelles devient plus positive, les
lesbiennes, les homosexuels et les personnes bisexuelles révèlent leur orientation sexuelle à leur
famille, leurs camarades, leurs coéquipières et coéquipiers et leurs entraîneures et entraîneurs, qui
sont de plus en plus ouverts et offrent leur soutien. Par conséquent, il devient moins acceptable de
faire de la discrimination contre les athlètes et entraîneures et entraîneurs allosexuels qui choisissent
d’être ouverts et honnêtes concernant leur orientation sexuelle. La moins grande tolérance pour des
propos ou des insultes contre les homosexuels par des athlètes professionnels, comme John Rocker,
Jeromy Shockey et Mike Timlin, est également un signe d’acceptation culturelle accrue des
personnes allosexuelles. À l’opposé, d’autres athlètes ou entraîneurs professionnels, comme Mike
Messina, Ken Griffey junior, Johnny Damon, Ken Griffey junior et Joe Valentine, expriment leur
ouverture d’esprit concernant leurs coéquipiers homosexuels. Par exemple, les joueurs de l’équipe
des Red Sox qui ont remporté le Championnat mondial en 2004 ont passé à l’émission Queer Eye for
the Straight Guy.
De pair avec ces changements sociaux, un plus grand nombre d’écoles ont intégré l’orientation,
l’identité et l’expression sexuelles à leurs politiques contre la discrimination. En outre, davantage
d’États ont adopté des lois de droits civils qui interdisent la discrimination fondée sur l’orientation
sexuelle, l’identité ou l’expression sexuelles. Par exemple, la National Collegiate Athletics Association
(NCAA) a intégré l’orientation sexuelle à sa politique contre la discrimination.
Selon le groupe de travail national sur les homosexuels et les lesbiennes (National Gay and Lesbian
Task Force), les dix États suivants ont adopté des lois contre la discrimination fondée sur l’orientation
sexuelle : Wisconsin (1982), Massachusetts (1989), Connecticut et Hawaii (1991), New Jersey et
Vermont (1992), New Hampshire (1997), Nevada (1999), Maryland (2001) et New York (2002). Sept
États interdisent la discrimination fondée sur l’orientation ou l’identité sexuelle : Minnesota (1993),
Rhode Island (2001), New Mexico (2003), Californie (2003), Hawaii (2005), Illinois (2005) et Maine
(2005). Aucune loi fédérale contre la discrimination n’inclut l’orientation ou l’identité sexuelle; par
contre, certaines protections constitutionnelles pourraient être interprétées de façon à aborder ces
questions.
Jusqu’au milieu des années 1990, seul un petit nombre d’athlètes professionnels ou olympiques
allosexuels avaient révélé publiquement leur orientation sexuelle. Sont au nombre de ces athlètes
Dave Kopay, football professionnel; Billie Jean King, tennis professionnel; Greg Louganis, plongeon
olympique. La plupart des athlètes ont attendu de prendre leur retraite de la compétition active avant
de révéler leur orientation, et Billie Jean King ne l’a pas fait par choix. Martina Navratilova est
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N202-801 avenue King Edward, Ottawa, Ontario K1N 6N5
Tél.: 613.562.5667 / Téléc.: 613.562.5668 / Courriel: [email protected]
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l’exception dans ce groupe de pionnières et pionniers car depuis qu’elle a ouvertement fait connaître
son orientation sexuelle, elle participe encore avec succès à des compétitions en double de tennis
professionnel.
Depuis le milieu des années 1990, de plus en plus d’athlètes allosexuels de tous les niveaux du
monde sport révèlent leur orientation sexuelle. Au nombre de ces athlètes remarquables,
mentionnons Esera Tuoalo, football professionnel; Rosie Jones et Patty Sheehan, golf professionnel;
Amelie Mauresmo, tennis professionnel; Rudy Galindo et Brian Orser, patinage artistique
professionnel; Billy Bean, base-ball professionnel; Mark Tewksbury, nage olympique; Michele Van
Dorp et Sue Wicks, basket-ball professionnel. Bon nombre d’athlètes, d’entraîneures et d’entraîneurs
moins connus des niveaux secondaire et collégial révèlent également leur identité sexuelle. Le site
OutSports.com renferme une longue liste d’athlètes allosexuels qui affichent publiquement leur
sexualité.
Plusieurs études documentent les effets négatifs liés au secret entourant l’identité de lesbienne,
d’homosexuel ou de personne bisexuelle ou les sentiments de honte à cet égard, en particulier chez
les jeunes. Une faible estime de soi, des pensées suicidaires, l’isolation sociale, la consommation
excessive de drogue et d’alcool, l’homophobie extrême et des comportements sexuels risqués sont
au nombre des répercussions d’un tel secret. Les athlètes allosexuels qui prétendent être
hétérosexuels afin d’éviter la mise à l’index ou d’être la cible des autres membres de l’équipe se
sentent malhonnêtes et non authentiques dans leurs relations et isolés des coéquipières et
coéquipiers et des entraîneures et entraîneurs.
La peur de la discrimination de la part des entraîneures et entraîneurs est la principale motivation
pour les athlètes allosexuels de niveau collégial et secondaire de ne pas révéler leur identité sexuelle.
Les entraîneures et entraîneurs contrôlent le temps de jeu et même la place d’une ou d’un athlète au
sein de l’équipe. Si une entraîneure ou un entraîneur n’est pas à l’aise avec les membres allosexuels
de l’équipe ou sont hostiles à leur égard, la possibilité de discrimination est bien réelle.
Certaines et certains athlètes, entraîneures et entraîneurs estiment que les membres allosexuels de
l’équipe qui ne cachent pas leur identité sexuelle auront une incidence négative sur l’unité et la
performance de l’équipe. Nous considérons que le plus important facteur qui déterminera l’accueil
réservé aux athlètes allosexuels est fonction du leadership des entraîneures et entraîneurs.
L’entraîneure ou l’entraîneur chef établit le ton, qu’il soit positif ou négatif. Lorsque l’entraîneure ou
l’entraîneur adopte une attitude respectueuse et fait preuve d’ouverture d’esprit, les membres de
l’équipe suivront probablement dans la même voie. Toutefois, lorsque l’entraîneure ou l’entraîneur
réagit avec des préjugés, de la crainte ou un malaise, les membres de l’équipe réagiront
probablement de la même façon. Contrairement à la sagesse traditionnelle, l’acceptation et le respect
d’une personne allosexuelle qui révèle son identité peuvent avoir une incidence positive sur la
performance et l’unité de l’équipe. Cette expérience aide souvent les membres hétérosexuels de
l’équipe à surmonter les stéréotypes qu’elles et ils ont à l’égard des personnes allosexuelles et
favorise l’honnêteté et le respect entre tous les membres de l’équipe.
Il n’est pas nécessaire d’accepter l’homosexualité pour respecter une coéquipière ou un coéquipier
ouvertement allosexuel. Il est toutefois nécessaire de respecter les différences et de comprendre que
tous les membres de l’équipe devraient être en sécurité et être traités avec dignité et équité.
La décision d’une personne allosexuelle de révéler son orientation sexuelle est un choix personnel.
Elle ne devrait pas sentir que l’entraîneure ou l’entraîneur et les autres membres de l’équipe exercent
une pression. Lorsque les entraîneures et entraîneurs interdisent à leurs athlètes de révéler
publiquement leur orientation sexuelle ou de participer à des groupes ou des événements pour les
personnes allosexuelles, elles ou ils exercent une pression malsaine sur les athlètes, ce qui les force
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à choisir entre leur santé psychologique et leur participation au sein de l’équipe. Ces athlètes doivent
également garder le secret, se comporter de façon malhonnête et s’isoler des autres membres de
l’équipe. Aucun de ces comportements ne favorise l’unité et la performance de l’équipe ni la
réalisation, la santé et la sécurité personnelles.
Les coéquipières et coéquipiers exercent parfois une pression sur les athlètes allosexuels pour
qu’elles ou ils maintiennent leur orientation sexuelle secrète afin d’éviter que l’équipe ne soit associée
à l’homosexualité ou à la bisexualité. Ceci pose particulièrement un problème dans les sports
féminins où l’étiquette de lesbienne a été utilisée pour intimider ou calomnier toutes les athlètes
féminines. Le rôle de premier plan que jouera l’entraîneure ou l’entraîneur afin d’aider les athlètes à
comprendre leur propre malaise à l’égard des personnes allosexuelles est un aspect important pour
assurer la sécurité au sein de l’équipe.
Recommandations pour les entraîneures et entraîneurs – Établir un climat positif où les
athlètes allosexuels peuvent révéler leur orientation sexuelle :
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Utilisez un langage inclusif : ne présumez pas que tous les membres de l’équipe sont
hétérosexuels.
Évitez les insultes contre les personnes homosexuelles et ne permettez pas de telles insultes
de la part des membres de l’équipe.
Placez une étiquette de zone sécuritaire sur la porte du bureau ou du vestiaire.
Faites bien comprendre aux membres de l’équipe que tout le monde doit être traité avec
respect peu importe la race, la religion, la sexualité, etc.
Prévoyez une séance d’entraînement portant sur les questions liées à la participation au sport
des personnes allosexuelles.
Recommandations des mesures à prendre lorsqu’une ou un athlète vous révèle son identité
sexuelle :
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Remerciez l’athlète de vous faire confiance en partageant cette information (et félicitez-vous
d’être aux yeux de l’athlète une personne digne de confiance, facile d’approche et respectée).
Assurez l’athlète que, en ce qui vous concerne, son orientation sexuelle ne fait aucune
différence dans la façon dont vous la ou le traiterez au sein de l’équipe.
Demandez à l’athlète ce qu’elle ou il attend de vous.
Demandez à l’athlète si elle ou il souhaite révéler à l’équipe son orientation sexuelle et, le cas
échéant, comment vous pouvez aider.
Respectez le droit au respect de la vie privée de l’athlète : ne partagez avec personne
l’information concernant l’orientation sexuelle de l’athlète à moins que cette dernière ou ce
dernier ne vous l’autorise (exception : lois de déclaration obligatoire – si l’athlète est en danger
des autres ou d’elle/ lui-même, signalez la situation à une conseillère ou un conseiller de
l’école ou au centre de consultation ou à toute autre autorité appropriée et dites à l’athlète les
mesures que vous prenez).
Relevez des services de soutien et de consultation respectueux des personnes allosexuelles
si l’athlète souhaite parler à quelqu’un, et aidez l’athlète à prendre rendez-vous.
Relevez un soutien sur le Web ou des sites éducationnels pour les athlètes (voir la section des
ressources de la trousse d’éducation It Takes A Team).
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Recommandations pour travailler avec une ou un athlète allosexuel qui révèle son orientation
sexuelle :
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Demandez à la ou au capitaine de l’équipe d’aider à surveiller les réactions des membres de
l’équipe et à créer un contexte positif d’acceptation et de respect pour toutes et tous.
Si une ou un athlète n’est pas à l’aise avec l’idée d’avoir au sein de l’équipe une personne
allosexuelle affichant son orientation sexuelle, discutez de ses préoccupations.
Procurez de l’information et des ressources aux athlètes qui souhaitent en apprendre
davantage sur les questions concernant les athlètes allosexuels (livres, sites web,
organisations).
Recommandez le counseling aux athlètes qui souhaitent aborder leur malaise ou leur crainte
concernant la présence de coéquipières ou coéquipiers allosexuels.
Renforcez l’engagement d’assurer le respect de tous les membres de l’équipe.
Renforcez le concept que le fait d’être respectueux ne signifie pas nécessairement approuver
l’homosexualité ou la bisexualité. Chaque membre de l’équipe a le droit à ses croyances
personnelles, mais chaque membre est responsable de traiter avec respect tous les autres
membres de l’équipe.
Parlez de mesures particulières que les membres hétérosexuels de l’équipe peuvent prendre
pour créer une atmosphère plus sûre et respectueuse pour toutes et tous, y compris les
personnes allosexuelles.
Prévoyez une séance d’entraînement portant sur les questions liées aux athlètes allosexuels.
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