Eloges, De Saint-John Perse (1887-1975) I/ Biographie : II / Ô j`ai

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Eloges, De Saint-John Perse (1887-1975) I/ Biographie : II / Ô j`ai
Eloges,
De Saint-John Perse (1887-1975)
I/ Biographie :
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Alexis Saint-Léger Léger
Né en 1887 dans une île au large de Pointe-à-Pitre.
Enfance protégée, avec précepteur
12ans : il quitte son pays natal pour la France. Il entre au lycée de Pau
Sa nouvelle vie est totalement en rupture avec ce qu’il a vécu avant ce qui entraîne
les sentiments de nostalgie et d’exil.( Un de ses recueils s’intitule Exil)
Pour lui vie tropicale :
Expérience vécue & paradis perdu à jamais
Temps privilégié de la vie (enfance) & lieu extraordinaire
1886 : Illuminations, de Rimbaud qui auront une grande influence sur lui
Poète très indépendant : toujours resté en marge du surréalisme
Sa poésie est hermétique, et il n’est pas néologiste
Proust : « Poèmes admirables mais obscurs »
A eu une carrière diplomatique
1960 : Prix Nobel de littérature. Il dira alors « Poète est celui-là qui rompt pour
nous l’accoutumance »
1972 : Participe à l’édition de son œuvre dans la Pléiade ce qui est très rare
Le recueil Eloges, paru en 1911, contient plusieurs parties. Nous allons étudier le
cinquième poème de la partie Pour fêter une enfance. Les poèmes ont été écrits en 1907 après
la mort du père du poète. Celui-ci n’a alors que 20ans.
Pour fêter une enfance indique une certaine nostalgie, souvenir personnel. Ce sont des
poèmes +/- autobiographiques.
II / Ô j’ai lieu de louer :
1) Un Pays exotique digne de louange
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Le présentatif Il y avait fait croire à une description précise mais l’expression
impersonnelle te souvient-il donne le ton d’une évocation plus vague.
Palmes ! :
Cette exclamation a une fonction d ‘évocation. Elle ouvre l’univers
exotique.
De plus c’est le premier mot du 1er et 6ème poème du recueil Pour
fêter une enfance
C’est donc un mot déclencheur. Il déclenche par deux fois le alors,
qui comme ce souffle d’un autre âge est représentatif d’un paradis
et d’un autre temps, révolu, celui de l’enfance
Champ lexical :
De la profusion (exotique): Fruits d’or, se gorgeait, généreuse,
table d’abondance
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Du monde tropical : Nocturnes sueurs, Fièvre, Moustiques. Noter
que ces termes prennent une connotation positive avec le contexte.
Des parfums plus affables (aimables, d’un abord facile) : L’allitération en [f] fait
courir le parfum, son odeur
Te souvient-il du minuit vain de fièvre et d’un goût de citerne (v.4): Les vers sont
beaux mais leur sens n’est pas toujours évident. On ne peut pas tout comprendre &
il ne faut PAS REDUIRE LE TXT A QQCH DE TRANSPARENT
Synesthésie baudelairienne : Mélange des sens (parfums, sons et couleurs) du au
monde exotique : des fleurs d’aube bleue à danser sur les criques du matin (vers5)
Monde coloré : mains jaunes, mer de couleurs, fleurs d’aube bleue, poisson violets
(à mettre en parallèle avec les peintures de Gauguin ( 1848-1903))
L a mer et le ciel se rejoignent, les choses s’imbriquent donc, ce qui est le
« comble du monde artistique » selon Proust : Une mer plus crédule étalée comme
un ciel au dessus des vergers
On encontre donc un monde exotique mais St John Perse fuit toute poésie référentielle.
« Mon œuvre entend échapper à toute référence aussi bien historique que géographique » ditil à R. Caillois en 1953.
2) Un Ton lyrique élevé au service de la louange
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Le poème est en verset :
1) Paragraphe court trouvé dans le texte des livres saints.
2) En poésie moderne, ensemble de longueur très variable, marqué
par un alinéa et dont l’unité est à chercher dans le rythme plutôt que
dans la syntaxe.
Participent au lyrisme :
Solennité du verset, forme empruntée à la Bible.
Invocation solennelle en Ô au début de chaque strophe (sauf Palmes
alors qui est normalement un début de strophe). Ce même Ô coupe
l’élan du vers 15 et partage le dernier vers en 3.
Abondance des !!!.
Ô j’ai lieu de louer :
Apparaît tel un refrain ds lequel le poète justifie sa louange ds le
texte même. (J’ai raison, c’est le moment.)
Ce refrain subit plusieurs variations musicales :
• En tête de la 1ère strophe
• Répété deux fois en tête de 2ème strophe : Amplification
• Revient à la fin avec des () et des… : Silence musical.
Les () souvent utilisées en prose peuvent marquer un
diminuendo, le refrain est alors murmuré. Elles marquent
également une variation tonale. Le vers 17 a un effet de voix
OFF. Tout cela participe a donner un effet de clôture.
Rôle fondamental de ce refrain et de l’allitération en [l] :
• Crée un climat d’incantation, un peu religieux qui entraîne
un pouvoir de persuasion sur le lecteur
Poésie de l’éloge à la manière de Pindare (poète grec aux poésies lyrisme choral)
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Plus qu’au sens, il faut être sensible à la musique qui se cache ds cette forme
apparemment libre :
Vers 1 et 2: 2 demi alexandrins
Vers 3/4 : alexandrin avec/sans césure
Vers 5 : 6+10
Vers 6 : 13 (rupture voulue ?) + 12
Le lyrique de l’éloge convient particulièrement bien pour célébrer la fête de l’enfance
3) De La Table à la fable
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Paronomase très significative dans le dernier alexandrin du dernier verset :
Equivalence rythmique totale : 3-3
Fable et table chacune d’un côté, soutenues respectivt généreuse et
d’abondance qui st semblables sur les plans rythmiques et
sémantiques.
2 phrases nominales exclamatives, soutenues par le même Ô
Sens : le référent (Guadeloupe) est un lieu de profusion (sensuelle,
arbres, saveurs, parfums) dignes de la poésie qu’il fait naître
Lieu
Verbe poétique
Attention : Cette poésie est fondée sur le souvenir donc sur qqch. d’abstrait,
d’irréel et d’absent. Qui a existé et qui n’existe plus, pê comme la fable…
Souvenir :
Mais qu’a-t-on fait (…) : Doute de la véracité des faits CPDT versé
très beau et nostalgique avec construction très musicale en chiasme
Te souvient-il (…) : Expression lyrique pure : Peut provoquer la joie
MS aussi la mélancolie
C’est donc une poésie de l’exil qui comble l’absence avec les mots.
Cette langue de l’absence fait jaillir un paradis perdu.
ATTENTION :
- Ce sont les premiers poèmes de SJP. Il trouve tout de suite sa manière de s’exprimer, un ton
élevé, solennel et hiératique (qui concerne les choses sacrées) . PAS DE LYRISME
ROMANTIQUE AVEC EPANCHEMENT. SJP utilisera ce ton dans toute son œuvre
- Il faut être en poésie lyrique, de l’éloge pour utiliser le verset. Ce st +sieurs phrases qui font
un verset . Il est certaint utilisé par SJP par imitation de Claudel ou de Senghor
- Le début peut rebuter MS repose sur une réflexion sur la poésie et son langage
CONCLUSION :
- Lyrisme essaie de gommer toute trace autobiographique
tlm y trouve son
bonheur
- Force des images et musique des mots s’imposent au lecteur si l’on passe le
barrage de l’hermétisme
SUJETS :
- Originalité du texte, de la poésie (verset, lyrisme non romantique)
- Ton lyrique dans les mots, élevé avec légères traces d’expérience ( mon père) mais
surtout le ton de l’éloge et le bonheur à partager
- Exotisme de l’intérieur, qui parle de l’expérience et aussi un exotisme réel au sens
de l’exil
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