Deux guides de la fonction publique

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Deux guides de la fonction publique
NORD ÉCLAIR - MERCREDI 4 MARS 2009
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EN BREF
> UNIVERSITÉS
Enseignantschercheurs :
toujours
mobilisés !
Ce ne sont pas les vacances
pour tout le monde : la preuve
à l’université de Lille 1 où les
personnels se sont réunis en assemblée générale lundi, pour
débattre notamment de l’évolution de la situation dans l’enseignement supérieur et la recherche. Pour la porte-parole du
SNESup de Lille 1, le constat
partagé par tous est que « le
compte n’y est pas » et que le
gouvernement ne répond pas
aux attentes de la communauté universitaire, sur les
questions fondamentales de
non-suppression de postes en
2009 et de programmation pluriannuelle de créations d’emplois, d’attribution des moyens,
de réforme de la formation et
du recrutement des enseignants des premier et second
degrés. L’assemblée générale
de lundi a donc revoté la grève
et appelle à manifester à Lille
ce jeudi 5 mars : le rassemblement est prévu à 14 h 30 Porte
de Paris et ce mercredi 4, un
cours se déroulera sur les marches du Théâtre du Nord à
11 h et 14 h.
> AMIANTE
Des décisions
« rassurantes »
pour les
ex-Stein
Hier, les anciens salariés du
site d’Alstom/Stein à Lys-lezLannoy, près de Roubaix, ont
reçu des nouvelles « rassurantes », selon l’avocat Stéphane
Ducrocq, conseil de nombre
d’entre eux. D’une part, le liquidateur et la société Alstom ont
été condamnés par le tribunal
de grande instance de Lille à
délivrer aux requérants leurs attestations d’exposition à
l’amiante. Le liquidateur a interjeté appel.
D’autre part, la cour administrative d’appel de Douai a estimé
que le licenciement des salariés protégés – ils sont une douzaine – présente des irrégularités. Le liquidateur a jusqu’à fin
mars pour se pourvoir en cassation.
> FORMATION
Deux guides
de la fonction
publique
Deux guides viennent d’être publiés qui s’adressent aux jeunes. Édités par le centre de gestion de la fonction publique territoriale du Nord (CDG59), ces
deux guides sont destinés aux
collégiens pour l’un, aux lycéens et étudiants pour l’autre.
Le premier présente les principales institutions françaises. Le
second recense les métiers et
les actions de ces fonctionnaires au service des collectivités
(commune, Département, Région). Les secteurs d’activité :
la gestion des finances publiques, l’animation sociale, la
voirie... Ces guides peuvent
être téléchargés sur le site
www.cdg59.fr
6140.
ឣ LOOS
Notre doyenne a 108 ans
Alors que le doyen des Français s’est éteint dimanche à l’âge de 108 ans à Wimereux, la
Lilloise Germaine Ravez, 108 ans et quatre jours, a fêté son titre de doyenne de notre région.
LAURIE MONIEZ > [email protected]
À
quoi pense-t-elle ? Assoupie dans son fauteuil, entourée des retraités et du personnel de la résidence « Marceline Dupont » à
Loos,
Germaine
Ravez
n’ouvrira les yeux qu’au moment de la remise des fleurs.
A-t-elle entendu le récit de sa
vie racontée par la directrice de
la résidence ? A-t-elle
conscience qu’elle est devenue
la doyenne de la région Nord Pas-de-Calais ? Sait-elle que les
photographes de presse sont
présents pour immortaliser ce
passage dans sa 108e année ?
« Vous savez, elle répond toujours aux questions. Parfois,
elle nous raconte des morceaux
de sa vie. Elle a des absences
mais pour le reste, elle a toujours du caractère », nous
confient les aides-soignantes.
« Quand on la lave, par exemple, elle dit "Arrêtez tous ces
chichis ! Arrêtez la comédie !",
racontent Laury et Virginie.
Elle nous fait rire. »
Un caractère bien trempé
Si les années ont physiquement
affaibli Germaine Ravez, la
doyenne conserve son caractère bien trempé. Avant que
son fils unique, Roger, n’arrive
hier matin de son village de
Bons-en-Chablais (Haute-Savoie) pour célébrer son anniversaire, elle expliquait son intention de « l’enguirlander ». C’est
que la dame est connue pour
le cadre du service de travail
obligatoire. Pour gagner un
peu d’argent, Germaine, qui ne
travaille pas, se met à coudre
pour ses voisins, en attendant
le retour de son mari. La vie reprend alors son cours normal.
Les dimanches sont consacrés
au cinéma et au théâtre Sébastopol. Le petit plaisir de Germaine : les opérettes.
Pas de secret de longévité
Hier après-midi, à la maison de retraite de Loos, Germaine Ravez, née
le 28 février 1901, a fêté ses 108 ans. Photo Ludovic Maillard
être autoritaire. « Quand j’étais
petit, elle était assez sévère avec
moi pour que je sois au summum de l’éducation », avoue
Roger. Ce dernier était si ému
hier après-midi qu’il n’a pas pu
prendre la parole pour raconter
la longue vie de sa maman.
Née le 28 février 1901 à Lille,
Germaine passe sa jeunesse à
Wazemmes où ses parents tiennent un café Place du Marché.
Accablée par bien des maladies
durant son adolescence, elle ne
fréquente pas régulièrement
l’école. Après la guerre 14/18,
elle épouse un téléphoniste. Le
jeune couple s’installe alors rue
Jules-Guesde à Hellemmes dans
la maison du père de la mariée,
qu’il vient de faire construire.
C’est dans cette demeure que
naît Roger, le 10 janvier 1932.
Petit garçon, Roger voit son
père partir à la guerre. Démobilisé en février 1941, le mari de
Germaine est ensuite désigné
pour partir en Allemagne dans
En mars 1980, après le décès de
son époux, Germaine choisit de
rester dans sa maison. Ce n’est
qu’à 104 ans qu’elle accepte de
quitter ses racines et cette maison familiale pour rejoindre le
foyer loossois. « C’était sa maison mais elle avait vieilli elle
aussi : ça pleuvait dans la véranda, ce n’était plus possible »,
se souvient Roger. Depuis juin
2006, Germaine vit paisiblement dans la Résidence « Marceline Dupont ». « Ce n’est pas
une grande mangeuse, nous explique Aïcha, aide-soignante.
Elle dort, elle assiste aux activités mais n’y participe pas ». Une
vie tranquille. Sans secret de
longévité. « Peut-être que c’est
le passage des deux guerres qui
l’a endurcie », suppose son fils
qui ne manque pas de l’appeler
tous les quinze jours. « Elle dit
toujours qu’elle a 126 ans, raconte Marie-Laure Despature,
la directrice de la maison de retraite. Et ce matin, elle a dit
"j’ai 127 ans". » Une année de
plus, oui, mais elle est encore
loin des 127 ans... ɀ
ឣ THÉÂTRE SÉBASTOPOL
Lynda Lemay, enchanteresse et sacrément humaine
L
ynda Lemay trace son chemin de mots et de sentiments loin des modes et des
compromissions. Elle le balise
de chansons graves, cruelles,
tendres, ironiques. Cette
femme-là a un charme magique, illuminant chacune des situations un peu en marge qui
habitent ses textes. Une langue
diablement habile. Des tournures souvent virtuoses ou qui
font mouche. Une plume qui
passe en revue toute la palette
des émotions. Et alterne chroniques féminines hilarantes (Le
dard, Bande de dégonflés, Les mûres), moments de vérité (Je voudrais te prendre, Allô c’est moi) et
morceaux déchirants (Anne). Il
y a aussi un jeu théâtral, vif et
varié, pour aller de chanson en
chanson.
On traverse, en compagnie de
l’artiste, enfance (La marmaille,
Juste un petit bébé), bonheurs
conscients (Une mère) et heures
noires (Les canards, Maudite
prière). Des tranches de vie où il
y a autant à rire qu’à souffrir.
Comment ne pas se retrouver
avec les yeux humides quand
l’artiste se met dans la peau de
cette vieille femme qui attend la
mort (La centenaire). Elle a également le bon goût de nous ressortir ses titres au verbe acerbe et
au trait impitoyable (La visite,
Les souliers verts). Et puis que
reste-il à faire à l’écoute des poignants Le plus fort c’est mon père
et Je suis grande, si ce n’est que
de poser un genou à terre.
Avec un répertoire aussi riche,
Lynda Lemay pourrait s’égarer
du côté de la redondance. Mais
elle évite l’écueil avec grâce.
Elle a toujours quelque chose à
dire, à crier. Comme lorsqu’elle
traite de la pédophilie (Des
comme lui), une chanson difficile, essentielle, remuante. C’est
un spectacle vivant, généreux 32 titres au total - et éclatant.
Le miroir de l’existence en quelque sorte, à la fois superbe et
douloureuse. ɀ
Le chemin triomphal de Lynda Lemay n’est vraiment
pas près de s’interrompre. Photo Ludovic Maillard
PATRICE DEMAILLY
ៅ
Encore ce soir. Complet.