découvrez le texte - Résidence de la Capitainerie

La Germaine a gagné !
Pensé par un groupe de résidents de
« La Capitainerie »,
en Pays Charollais-Bourbonnais
et mis en forme par l’animatrice.
Eté 2015, Digoin, Saône et Loire.
Ce vendredi treize, à la Capitainerie, à l’heure de la
collation de l’après-midi, Germaine sort comme une
bombe de sa chambre, en explosant de joie !
Elle trouve le Toine, attablé au petit salon, en train de
savourer une tranche de cake aux fruits confits,
accompagnée d’une tasse de café noir.
Elle se jette au cou de son voisin et ami, si fort qu’il en
renverse sa tasse de café sur ses genoux !
Ebahi, le Toine lui dit :
- Mais alors la Germaine, t’es pas un
beurdine ??? Mais que qu’t’arrives donc ?
peu
- Ben mon Toine, il se passe que voilà, c’est moi, rien
qu’moi !! dit la Germaine, en gesticulant et en
sautant de joie, les bras levés.
Le Toine n’y comprend rien du tout, à tout ce
cinéma.
- Mais quoi c’est toi ? c’est toi quoi ? mais que t’fais
donc ?
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Puis le Toine, ajoute :
Le Toine reste perplexe, et attend patiemment la suite
des évènements.
- Mais tu vas te calmer, oui ? Site te donc !
La Germaine s’exécute et manque de s’assoir à côté de
la chaise !
Une fois installée, la voilà qui prend son sac à main,
et qui le retourne au dessus de la table, et le vide
intégralement de son contenu : entre les mouchoirs, le
rouge à lèvres, les papiers administratifs, elle fouille
nerveusement à la recherche de quelque chose…
- Mais il est où ? Mais il est où ? grogne la Germaine.
- Mais qui qu’te bazeule ? demande le Toine.
- Et ben ce foutu papier, quoi ! répond- elle en
continuant de fouiller dans ses affaires. Elle
réplique :
- C’est un papier jaune, et qui vaut un paquet de sous
mon Toine !
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- C’est de pognon que je parle, hein, du vrai !! Y’a
toute ma vie dans ce ticket jaune !
- Comment ça toute ta vie ? répond le Toine, toujours
interloqué.
La Germaine inspire un bon coup, avant de s’adresser
au Toine, à voix basse, comme pour se protéger des
oreilles indiscrètes.
- Hier soir, j’ai eu une idée folle : j’ai vu sur le
calendrier la date du vendredi treize, et j’ai joué à la
loterie nationale, j’me suis pris un ticket. J’ai joué le
treize, bien sûr, parce que je suis née le treize août
1933. J’ai joué les autres numéros au hasard. Et en
regardant le tirage à la télé, j’ai vu que j’avais tous
les bons numéros ! Tu te rends compte, mon Toine,
j’ai gagné le gros lot !!! Quinze millions d’euros,
mon Toine, quinze millions !
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Le Toine, en reste sans voix, les yeux écarquillés, et la
bouche grande ouverte : il manque de s’étouffer avec sa
tranche de cake aux fruits confits.
piscine tellement grande que tout le quartier pourrait
venir s’y baigner.
- Quoi ? Non mais y’est pas vrai ? Y’est pas
possible ? Qui te m’dis là ?
Pour la couleur des murs, je ne sais pas encore, j’hésite
entre le rose et l’orange, parce qu’avec les volets violets, je
ne sais pas encore ce qui va le mieux !
- Ben si y’est vrai, même que v’là le ticket, je l’ai
retrouvé ! dit la Germaine en brandissant le petit
bout de papier jaune au dessus de sa tête. Même que
j’vais t’payer un coup, mon Toine, et même que
j’t’invite, on va s’manger des cuisses de grenouilles
aux « Canalous » !
J’aimerais une grande maison de plain-pied, pour
pouvoir circuler facilement d’une pièce à l’autre. Il y aurait
des grandes fenêtres qui donneraient sur le jardin et la
piscine. Je verrais bien ma salle avec de beaux meubles en
bois massif, parce que le rustique, c’est plus à mon goût.
- Chouette alors, dis le Toine, depuis le temps que je
rêve d’une bonne chopine ! Que t’vas donc acheter
avec tous tes millions ?
Et voilà notre Germaine qui sourit, l’air rêveur, à l’idée
de sa fortune, et de tout ce qu’elle va pouvoir s’offrir.
- Déjà je voudrais me payer la plus belle maison du
quartier : une grande villa, très chic, avec un grand
jardin avec des beaux massifs fleuris, des arbres
fruitiers, un Milou qui court dans la pelouse, et une
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- Ah mais parce que t’as même choisi la couleur de
tes rideaux !!! t’es une rapide toi ! dit le Toine, un
peu moqueur…
- Et bien oui, j’ai même bien envie de me faire une
terrasse avec un salon de jardin confortable, et des
beaux parasols aux couleurs de l’arc en ciel, ce
serait joli, non ? demande la Germaine.
- …….. Le Toine n’ose même pas répondre.
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- Et je n’oublie pas le barbecue, parce qu’une terrasse
sans barbecue, c’est pas une terrasse ! affirme la
Germaine.
- Et comment qu’t’irais jusqu’à ta bicoque ? hein ? lui
demande le Toine.
La Germaine n’avait pas pensé à tout ça : elle met un
temps pour répondre.
- Mais peut-être bien que j’engagerais du monde. Un
couple : elle, elle me ferait la soupe et les
poussières, et lui, il s’occuperait du jardin et du
bricolage.
La Germaine ne se démonte pas et lui rétorque :
- Avec un chauffeur, pardi, disponible jour et nuit
avec ça ! Il me conduirait dans ma grosse voiture
décapotable, genre Rolls Royce, une belle berline
noire, très classe. Même que je lui payerai son
costard, à mon chauffeur, et la casquette assortie,
pour qu’il soit raccord avec le carrosse, c’est plus
chic ! Une casquette blanche, avec le bord noir…..
Le Toine lui demande alors :
- Non mais d’accord pour le chauffeur, mais ta villa,
comment que t’vas y faire la dedans, pour y tenir
propre et correct ?
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Elle s’arrête un moment, et elle réfléchit, avant
d’ajouter :
- Et pour la piscine, j’engagerais volontiers un maîtrenageur, un beau gaillard, grand, costaud, et bien
taillé….c’est plus joli au bord du bassin.
Le Toine, un peu jaloux lui dit :
- Chhhhhhhhut, Germaine, t’exagères un peu quand
même la… La Germaine se met à glousser et à
pouffer de rire. Elle ajoute :
- Pour me faire plaisir, je me choisirais bien quelques
beaux bijoux en or dix-huit carats : au moins une
bague à chaque doigt ! Et puis le dimanche et les
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autres jours, je ferais des petites croisières sur le
canal.
Le Toine, étonné, lui demande :
- Avec quoi que t’vas flotter ma Germaine ?
- Ben avec un bateau, pardi !! De plaisance surtout, au
moins vingt mètres, avec tout le confort, on pourrait
même loger une douzaine de personne, à l’aise ! Je
le choisirai bleu et blanc, mon bateau, c’est joli, ça
fait marin. J’ai bien envie d’inviter Mr le Maire et
Mr le Préfet en croisière, tiens, même que tout le
gratin de la ville serait jaloux !
- Les sous de côté, c’est pour mes voyages : j’ai
toujours rêvé d‘aller en Amérique, c’est loin, mais je
pourrais me payer l’avion. Pis après j’irais en Chine,
voir la Muraille, c’est beau à ce qu’il parait, ça vaut
le détour. Puis aussi dans les îles, histoire de profiter
du soleil et de la plage….Bon, pour faire simple,
j’vais m’payer un petit tour du monde, ça sera plus
facile !
Le Toine éclate de rire.
- Mais tu rêves tout debout ma pauvre Germaine !!
T’auras jamais le temps de faire tout ça !
Le Toine, pensif, lui dit :
La Germaine lui répond :
- Ben ma vieille, t’as déjà mangé un bon bout de ta
fortune là….
- Mais si, je ferai tellement de choses intéressantes
que je ne verrai pas le temps passer.
- Penses tu, y’en a encore des millions, même que j’y
placerai à la banque pour qu’y m’fassent des petits,
j’ai tout prévu, répond la Germaine, en ajoutant :
Le Toine marque un temps d’arrêt, comme s’il
réfléchissait et dit :
- Tu partirais avec qui donc ma Germaine ? Tu
comptes aller toute seule au bout du monde ?
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- Ben non, j’vas pas y aller toute seule. J’aimerais
mieux qu’on parte à deux, comme ça on pourrait en
reparler longtemps après de notre voyage au bout du
monde.
Le Toine propose :
La Germaine ajoute :
La Germaine réfléchit et dit :
- Dis voir mon Toine, t’as un passeport avec la bonne
date toi ?
- Faudrait, moi, que j’aille chercher ma monnaie,
parce que sans monnaie, on est sans le sous ! Je
pense que ma banque va m’envoyer un courrier pour
m’y dire que mes petits millions sont arrivés sur
mon compte. C’est quand même pour ça que je le
paye, mon banquier ! A l’occasion, j’y parlerai des
placements que je voudrais faire…
Le Toine répond, l’air de rien :
- Attends, faut que je regarde ça…..
Mais n’y tenant plus, le Toine lance directement à
Germaine :
- Mais alors quand est-ce qu’on part ? Hein ? Faudrait
partir tout de suite, et comme ça on ferait construire
la maison pendant notre voyage, et en revenant on
n’aurait plus qu’à poser les valises !
- Ca me va ! répond la Germaine.
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- Bon moi je vais aller acheter les billets d’avion
alors.
L’heure de la soupe a sonné, La Germaine et le Toine
partent s’installer à table, chacun de leur côté : pas de
chance, ils ne dînent pas à la même tablée.
Après le repas vite avalé, Germaine et le Toine se
retrouvent au petit salon, et se remettent à discuter
longuement de leurs millions….Il est même question
d’embaucher un gestionnaire de fortune.
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Les heures passent, et brusquement Germaine sursaute :
- Driiiiiiiiiiiiiing !!! Driiiiiiiiiiiiing !!! Une sonnerie
l’interpelle.
Germaine regarde partout autour d’elle…. Un peu
perdue….. Quoi ? Il est huit heures ? Il fait jour, on dirait
que c’est le matin, ça sent bon le café chaud…..
La parole est donnée aux auteurs :
« A relier avec un fil doré, puisque c’est une histoire
d’argent. »
Germaine est dans son lit, les yeux entrouverts, à moitié
réveillée….
« Ça a du sens, c’est une histoire qui pourrait être
vraie. »
Tout cela n’était qu’un rêve, un très beau rêve, le plus
beau rêve de sa vie !
« Je la trouve charmante cette histoire, ça fait rêver. »
Germaine décroche son téléphone et s’empresse
d’appeler le Toine :
- Dis mon Toine, tu sais quoi ? j’ai fait un rêve, le
plus beau rêve de ma vie !!! Mais je te raconterai
plus tard, pour l’instant, je vais me rendormir, et
j’t’y garde ta place dans l’avion !!!
« C’est pas mal trouvé ! »
« C’est merveilleux, elle délire. »
« C’est passionnant ! »
« C’est rigolo ! »
« Ça peut nous arriver. »
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Petit lexique du patois Charolais-Brionnais, à l’attention
des non-initiés :
-
Mais alors la Germaine, t’es pas un peu beurdine ??? Mais
que qu’t’arrives donc ?
Comprenez : Mais alors Germaine, tu n’es pas un peu folle ?
Mais que t’arrive-t-il donc ?
-
Mais tu vas te calmer, oui ? Site te donc !
Comprenez : Mais tu vas te calmer, oui ? Assied-toi donc !
-
Mais qui qu’te bazeule ?
Comprenez : Mais que dis-tu donc ?
-
Quoi ? Non mais y’est pas vrai ? Y’est pas possible ?
Qui te m’dis là ?
Comprenez : Quoi ? Non mais c’est pas vrai ? C’est pas
possible ? Que me dis-tu là ?
-
une bonne chopine
Comprenez : un bon verre
-
y
Comprenez : le, la, les, en….. enfin, tous les petits mots que
vous voudrez !