La presse en ligne d`ailleurs vers ailleurs

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La presse en ligne d`ailleurs vers ailleurs
everydata lab
article # 03
La presse en ligne d’ailleurs vers ailleurs !
Christophe Carioua, Patrick Le Flochb et Fabrice Le Guelc
a Chercheur indépendant, everydata lab, 31 A5 Rue Mirabeau, 35700 Rennes.
[email protected]
b Maître de Conférences, Institut d’Etudes Politiques, 104 Boulevard de la Duchesse Anne,
35700 Rennes. patrick.
[email protected]
c Maître de Conférences, Université de Nice-Sophia Antipolis, 250 Avenue Albert Einstein,
06560 Valbonne.
[email protected]
Première version : 06 octobre 2008
www.everydatalab.com
1
La presse en ligne d’ailleurs vers ailleurs !
Résumé
Nous participons aux débats sur l’état de la presse en ligne en nous intéressant à la
double question suivante : d’où viennent les lecteurs ? où repartent les lecteurs ? Ces
questions sont d’autant plus importante que la presse en ligne avait pris l’habitude de
chercher à garder le lecteur au sein de son propre contenu. L’étude se focalise sur les
89 leaders de la presse en ligne internationale et sur les sites les plus utilisés pour
arriver et repartir de la presse en ligne. L’étude montre une dichotomie très forte. Les
internautes viennent principalement du web 2.0 - agrégateurs sociaux, blogosphère,
réseaux sociaux, sites communautaires d’échanges de photos et de vidéos - et repartent
principalement vers la presse spécialisée et régionale....
Mots clés : Presse ; Internet ; Hyperliens ; Réseaux.
2
Introduction
Depuis quelques années, le paysage économique de la presse connaît d’importants et
incessants bouleversements. Pour des raisons structurelles ainsi que par l’avènement
de l’internet, son modèle économique est remis en cause (Le Floch et Sonnac
2005 1). Le récent rapport sur la presse américaine dresse un constat relativement
pessimiste : “L’état des nouveaux médias américains est plus inquiétant en 2008
qu’il y a un an. Et les problèmes ressortent, de plus en plus, différents de ce que de
nombreux experts avaient prédits 2” (PEJ 2008) Les études actuelles se focalisent sur
la problématique des modèles économiques et les types de sites web de la presse,
sans qu’émerge jusqu’à présent de modèle dominant ou de bonne stratégie3.
L’objectif de cette étude est de se focaliser sur deux caractéristiques mises en
évidence dans le récent rapport de la presse américaine mais quasiment pas
analysées de manière approfondie. L’étude suggère que la presse en ligne avait
tendance à vouloir garder les usagers à l’intérieur de leur propre contenu. Il en
ressort alors deux conséquences. D’une part, la page d’accueil était considérée
comme le point d’entrée de la lecture de la presse en ligne, ce qui ne semble plus
être le cas puisque de l’ordre des 2/3 aux 3/4 des visiteurs viennent d’ailleurs,
autrement dit sont des lecteurs indirects. D’autre part, la presse en ligne avait
tendance a cité ses nombreuses sources sans pour autant en faire des hyperliens
4 permettant aux lecteurs de poursuivre ailleurs leur lecture, ce qui semble être
relativement moins le cas aujourd’hui, même si lier son site à un concurrent semble
encore considéré comme une trahison.
Comme le rappelle Barabasi (2003), grand spécialiste de la sciences des réseaux
appliquée à l’internet, le web permet à l’internaute d’aller de page en page, de site en
site, d’hyperlien en hyperlien. Et c’est ainsi qu’alors que le web est constitué de plus
de 181 millions de sites (selon Netcraft), son diamètre5 n’est que de l’ordre de 19
(Albert et al. 1999). En d’autres termes, il ne faut en moyenne que 19 clics pour
accéder à n’importe quelle page web en partant de n’importe quelle autre page web,
même sans aucun lien thématique a priori. Mais l’étude de Broder et al. (2000)
suggère un web relativement plus compliqué avec des pages totalement isolées au
sein du web (9%), des pages avec des hyperliens mais qu’aucune autre ne référence
1
Egalement Le Floch (2008) montre que de la distribution physique à la distribution
numérique, le coût ne tend aucunement vers zéro, contrairement à ce que l’on peut entendre en
la matière.
2 Traduction des auteurs.
3 Pour la presse française, voir les rapports de Tessier et Baffert (2007), de Precepta (2006) ou
encore de Ineum Consulting (2006) ainsi que l’étude de Attias (2008) qui nous semble plus
systématique sur un échantillon de 382 sites de la presse professionnelle française.
4 Un hyperlien est un lien présent sur une page et pointant vers une autre page.
5 Le diamètre d’un réseau n’est autre que la distance, autrement dit ici le nombre de clics,
maximum entre les deux pages les plus éloignées du réseau.
3
(21%), ou encore des pages citées qui ne citent aucune autre (21%), des pages qui
vont et viennent de nulle part (21%), à côté du web bien connu où toutes les pages
sont plus ou moins rapidement accessibles (28%).
Notre question est d’étudier l’organisation de la presse en ligne par l’intermédiaire
des parcours de navigation des internautes : de quels sites viennent-ils pour lire la
presse en ligne ? et vers quels sites repartent-ils après avoir lu la presse en ligne ?
quelles sont les différences ? quels sont les sites les plus centraux ? la presse formet-elle un ou plusieurs ensembles ? Autant de questions étudiées en fonction des
acteurs numériques de la presse : moteurs de recherche, agrégateurs d’actualités,
blogosphère, médias télévisuels, magazine, agences de presse et bien évidemment
quotidiens.
Notre étude s’organise de la manière suivante. Nous commençons par présenter les
89 leaders de la presse en ligne sur lesquels nous nous focalisons en fonction du type
d’acteurs numériques. Nous poursuivons par l’analyse des liens entrants, autrement
dit des sites par lesquels les lecteurs arrivent à la presse en ligne. Et nous faisons de
même pour les liens sortants, c’est-à-dire les sites vers lesquels les lecteurs de la
presse en ligne repartent. Et nous finissons par étudier le réseau formé par ces liens
entrants, ces leaders et ces liens sortants afin de mieux appréhender les différences
existantes. Et nous nous focalisons sur les relations entretenus par les leaders entre
eux.
Les leaders de la presse en ligne : la presse
traditionnelle et les nouveaux acteurs numériques
Les données mobilisées dans cette étude proviennent d’Alexa6. Il s’agit des 89 sites
de presse en ligne ayant l’audience la plus élevée au cours du 1er trimestre 2008
selon ce classement. Nous considérons donc que ces sites représentent ceux ayant
jusqu’à présent le mieux tirer leur épingle du jeu dans le domaine de la presse en
ligne. L’Annexe 1 présente l’ensemble des sites, leur audience et leur catégorie.
Nous retrouvons les sites présents dans les différents classements existants 7. La
typologie construite8 nous permet de faire quelques commentaires sur les acteurs de
la presse en ligne (cf. Tableau 1).
6
Alexa est un service de mesure d’audience des sites web réalisée à partir d’une sonde centrée
sur plus de 2 millions d’usagers, ce qui permet d’avoir l’audience en termes de nombre de
lecteur et non de nombre de visiteurs uniques (Rosanvallon 2008). Nous nous sommes focalisés
sur les leaders plutôt qu’un ensemble relativement plus large de sites, de manière à retrouver
les sites des autres classements existants, compte-tenu que Alexa ne fournit aucun
renseignement sur les usagers de sa sonde.
7 Comscore, Compete, Nielsen et Technorati pour les plus utilisés dans cette étude.
8 La nomenclature Alexa provient du site collaboratif Dmoz. Cependant, compte-tenu des
nombreux sites mal ou peu renseignés, nous avons reconstruit manuellement les types de sites
en fonction des études sur la presse en ligne op cit.
4
Les 4 grands moteurs de recherche bien évidemment
Le web fourmille d’informations avec ses quelques 181 millions de sites disponibles
(selon Netcraft), et les moteurs de recherche, lieux de passages quasi-obligatoires
(ou hubs), jouent alors un rôle relativement structurant du web. Barabasi (2003)
parle d’attachement préférentiel des internautes en parlant d’eux. Nous retrouvons
ainsi les 4 principaux moteurs de recherche (et/ou portails) du web - Google, Yahoo!,
MSN et AOL - et leur service dédié à l’actualité : ils proposent l’actualité à partir
d’accords passés avec les différentes sources de la presse traditionnelle (PEJ 2008).
Les sites de Google, Yahoo! et Microsoft dépassent les 500 millions de visiteurs
uniques par mois au niveau international, et les sites AOL les 250 millions de
visiteurs uniques (selon Comscore). Et rien que Google détient quasiment 70% du
marché de la recherche en ligne, bien loin devant les autres (selon Compete). Ces
sites bénéficient très clairement de leur rôle de hub du web. En somme, ces moteurs
constituent des concurrents de la presse traditionnelle en termes d’audience. Ils ne
produisent certes aucune information mais permettent aux internautes de s’orienter
dans ce déluge informationnel. Ils offrent des sources multiples pour suivre une
information, et permettent d’aller directement à la source de l’information plutôt que
de passer par la page d’accueil d’un site de presse.
Tableau 1. Les audiences Alexa pour chaque catégorie de la presse en ligne9 .
catégorie
agence
magazine
moyenne
0,069
0,053
déviation
0,085
0,035
variation
1,226
0,667
minimum
0,016
maximum
0,246
7
nombre
quotidien
tv
météo
web 2.0
moteur
0,07
0,51
0,194
0,058
17,881
0,092
0,611
0,23
0,038
12,71
1,328
1,197
1,185
0,653
0,711
0,017
0,013
0,037
0,023
0,017
0,023
0,118
0,568
1,387
0,533
0,149
27,105
10
41
8
4
15
4
Les grandes chaînes de télévision également
A côté des traditionnels moteurs de recherche, nous retrouvons à la suite les autres
concurrents numériques de la presse : les télévisions et radios, lesquels ont
l’habitude et la maîtrise du son, de l’image et de la vidéo, trois médias numériques
dont le succès sur le web ne se dément pas10. Les médias traditionnels de la
télévision tirent donc bien leur épingle du jeu dans le secteur de la presse en ligne
9
Les valeurs d’audience représentent le nombre de visiteurs rapporté au nombre d’internautes.
La déviation est l’écart-type, la variation est le rapport entre la déviation et la moyenne.
10 Les sites de partage de photos et vidéos sont parmi les plus fortes audiences de ces dernières
années. Ainsi Youtube (de Google), qui représente rien moins que la moitié des vidéos
visionnées sur le web (selon Comscore), est le 4ème site en termes d’audience, avec près de
20% des internautes comme visiteurs uniques (selon Alexa).
5
avec 8 télévisions : ABC (n°5), la BBC (n°6) ou encore CNN (n°7) sont devant la
presse traditionnelle, alors que la Fox (n°13), BSkyB (n°34), Voice of America (n
°42), CBS (n°43) ou encore CNBC (n°52) sont dans le classement mêlé à la presse
traditionnelle en termes d’audience. Dans la catégorie presse de Alexa, on trouve
également 4 sites métérologiques dont The Weather Channel (n°9), également chaîne
de télévision, et aussi présent dans le classement américain tous sites confondus avec
quelques 34 millions de visiteurs uniques (selon Comscore). En somme, la presse
traditionnelle doit faire face à une concurrence encore plus accrue que
précédemment de la part des médias télévisuels, lesquels partaient avec l’avantage
du multimédia, intérêt marqué de la part des internautes.
Le web 2.0 fortement présent : agrégateurs et weblogs
La littérature sur le web 2.0 a largement mis en avant le rôle potentiellement
important de l’intervention des usagers tant au niveau du contenu informationnel
qu’éditorial des agrégateurs sociaux ou de la blogosphère. Pour Tapscott et Williams
(2008 : 39), comme pour nombre d’autres observateurs, le phénomène du blog est ce
qui a le plus profondément changé le web, et par effet de cascade, changera
l’économie11 . Il y a environ 133 millions de blogs indexés depuis 2002, et près de 1
million de billets postés chaque jour (selon Technorati), ou encore 184 millions de
personnes auraient commencé un blog, et le double serait des lecteurs de blogs
(selon Universal McCann). Et pour les seules Etats-Unis, sur 190 millions
d’internautes, de 78 millions (selon Comscore) à 94 millions (selon eMarketer)
seraient des lecteurs, et 23 millions des rédacteurs (selon eMarketer). L’ampleur du
phénomène est telle que nombre de sites hébergeurs de blogs sont parmi les sites
ayant la plus forte audience. Ainsi Blogger (de Google) est la 7ème audience
internationale avec 8.6% des internautes visiteurs (selon Alexa). Véritable
phénomène de société, il n’en demeure pas moins que la très grande majorité des
blogs n’ont qu’une très faible audience, et que seuls quelques blogs font autorité
dans leur domaine12.
Dans notre classement nous trouvons 15 acteurs qui entrent pleinement dans cette
catégorie. D’un côté, les agrégateurs ne produisent pas d’informations mais
permettent aux internautes de naviguer plus facilement dans le déluge
informationnel. D’un autre côté, les blogs utilisent pleinement l’information produite
11
L’ouvrage de Tapscott et Williams (2008) est sous-titré comment la collaboration de masse
peut tout changer, et fourmille de très nombreux exemples. Il ressort tout de même fortement
optimiste, voire idéaliste. L’autre best-seller plus appliquée au secteur des médias est celui de
Gillmor (2004) dont le titre est suffisamment illustratif : nous les médias, journalisme à la base
par les personnes pour les personnes.
12 C’est le principe de la longue traîne décrite par Anderson (2006) qui rappelle par ailleurs que
99% des blogs ont une audience inférieure à 12 visiteurs uniques au quotidien. Cependant,
contrairement au récent rapport américain (PEJ 2008), l’existence de la longue traîne ne remet
aucunement en cause la phénomène des blogs, et leur influence potentielle sur la presse en
ligne.
6
ailleurs, la commente, la critique, la complète, etc., et certains blogs, avec des
journalistes professionnels notamment, peuvent fournir de nouvelles informations.
Et entre les deux, les frontières deviennent relativement floues. Notre classement est
alors relativement intéressant, il fournit un échantillon de la diversité des agrégateurs
et des blogs d’actualités, et du flou de plus en plus important entre ces deux types de
sites.
Nous avons News Now (n°61), un pur agrégateur d’actualités et acteur numérique,
ou encore Bankrate (n°62) spécialisée dans l’agrégation d’informations financières
en tout genre, et qui ne cesse de croître d’année en année de l’ordre de 20%, avec
entre 3 et 4.5 millions d’Américains qui l’utilisent chaque mois (selon Compete).
Nous avons ensuite les agrégateurs avec une intervention importante des usagers,
lesquels votent pour les articles qu’ils préfèrent, et la popularité des articles
déterminent alors le contenu éditorial de la page d’accueil notamment, comme c’est
le cas pour Find Articles (n°25), racheté par CBS, dont il dépasse par ailleurs
l’audience.
Nous avons également l’exemple souvent cité de Reddit (n°29), agrégateur
d’actualités qui permet aux usagers de poster uniquement des liens vers un contenu
ou une page jugé intéressant, et qui évolue dans le classement Reddit en fonction du
vote des usagers eux-mêmes. Fondé sur le système de Digg 13, le grand frère, ce
système est devenu une application présente sur nombre de sites de presse : on peut
digger un article, c’est-à-dire qu’un internaute peut lire un article sur un site, et
cliquer sur un bouton afin qu’il soit directement proposé au vote sur le site de Digg
notamment. Un site tel que Reddit a une audience plus importante que les magazines
Time et Business Week, ou encore que le Financial Times, preuve du poids accordé à
l’avis des autres usagers.
Nous avons ensuite des agrégateurs qui tendent vers la blogosphère. Digital Spy (n
°55) en Angleterre, est un agrégateur avec une très forte composante de type forums,
où les usagers peuvent intervenir autour d’une information. Egalement, entre
agrégateur, blog et réseau social, nous trouvons 43 Things (n°50) : chaque usager
construit sa propre page et y met des tags (à l’image du site de partage de photos
flickR) pour les articles d’actualités considérés intéressants par eux.
Et enfin, l’agrégateur le plus proche d’un blog est probablement le Drudge Report (n
°15) : principalement agrégateur d’actualités politiques (internationales), il arrive
que l’équipe diffuse ou produise leur propre information, ou encore celle que les
autres refusent, sans oublier la réputation relativement sulfureuse qu’il s’est créé
dans la diffusion des rumeurs. Il est dans le Top 30 des sites américains d’actualités
13
Reddit est souvent cité dans les exemples du web 2.0 comme le petit frère de Digg, autre
agrégateur du même type. Ce dernier n’est pas présent dans notre classement, Dmoz le classant
dans une autre catégorie. Pour comparaison son audience est de l’ordre de 0.25% des
internautes, soit 3 fois plus élevé que Reddit ; Digg serait 10ème dans notre classement. Pour
une description précise de ces types d’agrégateurs, voir Tapscott et Williams (2008 : 144-145).
7
(selon Nielsen), et son audience semble allée de pair avec les grands événements
(selon Alexa). Dans notre classement, Drudge Report se situe devant USA Today,
Times et le Wall Street Journal tout de même, ce qui est très loin d’être négligeable.
Nous entrons ensuite dans la stricte blogosphère 14 avec The Huffington Post (n°28) :
c’est une communauté de blogs d’actualités politiques construite autour d’un coeur
de journalistes professionnels qui proposent une couverture de l’actualité et
produisent de l’information également. Il a reçu de très nombreuses récompenses 15
et est considéré comme le blog politique le plus influent de la planète en 2008 (selon
The Observer), et également présent dans le classement du Top 50 de la blogosphère
(selon Technorati).
Dans le même genre entre mixte journalisme professionnel et journalisme citoyen,
Newsvine (n°84), initialement acteur numérique, fut racheté par la chaîne de
télévision MSNBC. D’autres acteurs de la presse en ligne ont préféré héberger des
blogs (et des experts) à succès : on peut citer l’exemple des auteurs du best-seller
Freakonomics16, dont le blog également à succès, est maintenant hébergé par le New
York Times. Mais au-delà de ces acquisitions, l’impact de la blogosphère et des
agrégateurs sociaux a été et est relativement importante sur les orientations prises
par la presse traditionnelle. Aujourd’hui plus de 95% des 100 premiers sites de
presse américaine ont actuellement développé des blogs internes (selon The Bivings
Group), et l’audience de ces blogs peut représenter jusqu’à 9% des pages vues pour
le Washington Post et encore 7% pour le New York Times et le Guardian (selon
Alexa). Egalement, on peut citer les autres expérimentations du New York Times :
un journal personnalisé via My Times, ou encore sur la page d’accueil la mise en
évidence des articles les plus envoyés, les plus lus et / ou les plus blogués, etc.
En somme, le succès du web 2.0 sous ses différentes formes n’est aucunement
démenti, bien au contraire, il représente une audience non négligeable et une
influence potentiellement forte sur l’évolution de la presse en ligne.
La presse traditionnelle très bien représentée
A côté de tous ces acteurs concurrents, les acteurs de la presse traditionnelle sont très
bien représentés dans ce classement, avec plus de la moitié des 89 sites étudiés. Les
agences de presse, au nombre de 7, trouvent avec le numérique une audience
relativement plus large que traditionnellement : Reuters (n°10) arrive juste après les
14
Boing Boing, exemple très souvent cité, et présent dans le classement de la blogosphère
Technorati, n’est pas présent dans notre classement, il se situait juste après le dernier de nos 89
sites de la presse en ligne selon Alexa. Pour plus d’informations sur ce site, voir Tapscott et
Williams (2008 : 34) qui considèrent que c’est l’un des organes du web les plus populaires et
les plus influents, avec une audience de l’ordre de 750 000 visiteurs par jour, et qui ne cesse de
croître.
15 Il a notamment gagné le Webby Awards deux années de suite, en 2006 et 2007.
16 Levitt and Dubner (2005) Freakonomics, William Morrow Ltd.
8
moteurs de recherche, les télévisions, le New York Times et The Weather Channel.
On y trouve également Bloomberg (n°21) devant le Los Angeles Time, et l’agence
américaine très officielle Associated Press (n°56) est également présente dans ce
classement. Il est également possible de souligner la présence de l’agence de
photographies Shutterstock (n°58) laquelle met encore en évidence l’intérêt très
élevé des internautes pour la composante multimédia. Les magazines, avec 10 sites
présents dans ce classement, tirent également leur épingle du jeu, avec les magazines
d’affaires Forbes (n°20) et Business Week (n°31), les plus généralistes Time (n°30),
ou encore les culturels National Geographic (n°35) et The Atlantic (n°69) et enfin le
people avec Variety (n°60), etc.
Mais surtout, 41 des 89 leaders ne sont autres que des journaux traditionnels. Le
New York Times 17 se trouve en tête de liste des journaux, et 8ème du classement,
juste derrière les 4 moteurs de recherche et les 3 médias télévisuels. Au niveau
international (tous sites confondus), le New York Times numérique est le seul
journal à être présent dans le Top 20 avec un peu plus de 77 millions de visiteurs
uniques en mai 2008 (selon Comscore), et il est le 12ème site le plus visité aux
Etats-Unis avec quelques 44 millions de visiteurs en juillet 2008 (selon Comscore).
Les autres grands quotidiens américains sont également présents et très bien placés,
avec The Guardian (n°11), The Washington Post (n°12), USA Today (n°16), le Wall
Street Journal (n°18) et le Los Angeles Times (n°24), à côté du grand quotidien
indien The Times of India (n°14), l’anglais Times (n°17) et l’australien News (n°19).
Comme nous l’avons précisé en introduction, le fait que les grands quotidiens soient
très bien placés en termes d’audience web ne signifie aucunement qu’ils aient trouvé
leur bon modèle économique, sachant qu’ils n’ont pas la même stratégie. Ainsi après
avoir abandonné le modèle payant, après avoir réalisé nombre d’expérimentations,
les recettes publicitaires du New York Times ne cessent de diminuer, les réductions
de postes se succèdent et se ressemblent, et pour la première fois depuis sa création,
l’action du New York Times devient une valeur boursière potentiellement
spéculative (The Economist 20.09.2008). Et ce n’est qu’un exemple parmi tant
d’autres, The Los Angeles Time se déclarant web-stupid (PEJ 2008), malgré son
audience.
A côté des grands quotidiens américains, nous retrouvons des quotidiens en langue
anglo-saxonne, principalement indien (Malayala Manorama, Hindustan Times...),
australien (The Age...) et canadien (The Toronto Star, The Globe and Mail...) ; des
quotidiens américains spécialisés dans l’information internationale (International
Herald Tribunes...), financière (Financial Times...) ou encore satirique (The Onion),
voire même un quotidien créé par un collectif de journaliste (Independent Media
Center). Mais la majeure partie des autres quotidiens sont des quotidiens américains
régionaux : The Seattle Times, Chicago Tribune, The Houston Chronicle...
17
Le statut du New York Times est d’être le journal de référence.
9
En somme, la presse traditionnelle est fortement présente et dominée par la presse
anglo-saxonne, et plus particulièrement américaine, avec non seulement les grands
quotidiens nationaux mais également avec un très grand nombre de quotidiens
régionaux.
A propos des lecteurs en ligne...
L’audience est importante bien évidemment mais relativement insuffisante pour
comprendre l’organisation du secteur de la presse en ligne, et d’autant plus que
même les quotidiens ayant la plus forte audience doivent faire face à nombre de
difficultés. Le récent rapport sur la presse américaine (PEJ 2008) nous fournit
quelques éléments qu’il peut sembler important d’approfondir. L’idée générale est
que jusqu’en 2007 encore, la presse en ligne avait tendance à garder les usagers à
l’intérieur de leur propre contenu. Cette tendance s’inscrit clairement dans la double
logique de savoir d’un côté d’où les lecteurs viennent, et d’un autre côté vers où les
lecteurs vont. Pour l’entrée, les 2/3 des lecteurs numériques n’arrivent pas via la
page d’accueil (PEJ 2008 18) mais bel et bien via d’autres sites sur lesquels le lecteur
a trouvé un hyperlien l’amenant sur le site de presse pour approfondir une
information. Dit autrement, la majorité des lecteurs viennent d’ailleurs ! Pour la
sortie, la presse en ligne semble encore avoir des difficultés à mettre des hyperliens
et permettre ainsi au lecteur de poursuivre sa lecture ailleurs, et considère encore
comme une trahison le fait de diriger son lecteur vers le concurrent. (PEJ 2008) Dès
lors la plupart du temps, les hyperliens existants orientent le lecteur vers ce que la
presse ne considère pas comme des concurrents directs. Dit autrement, la majorité
des lecteurs s’en vont ailleurs !
C’est ce double ailleurs de la presse en ligne que nous souhaitons étudier plutôt que
la problématique de l’audience ou du contenu des leaders de la presse en ligne. Nous
mobilisons alors les liens entrants et les liens sortants de la presse en ligne, c’est-àdire les sites par lesquels les lecteurs sont arrivés et vers lesquels les lecteurs sont
repartis19. Mais contrairement aux études des sciences des réseaux (Albert et al.
1999 et Border et al. 2000 par exemple) nous ne nous focalisons pas sur tous les
hyperliens existants, mais nous nous concentrons sur les 11 hyperliens entrants et les
11 hyperliens sortants les plus utilisés par les lecteurs. Nous sommes alors en mesure
d’étudier les parcours privilégiés des lecteurs qui entrent d’un côté et qui sortent
d’un autre côté de la presse en ligne, et de comparer leurs caractéristiques, ainsi que
18
Le rapport souligne que ce chiffre n’est pas connu mais lui a été suggéré en off, et marque
une différence cruciale par rapport à 2004 où la page d’accueil était encore une valeur sûre
pour l’usager.
19 Alexa ne fournit que les 11 hyperliens sortants les plus utilisés, nous avons donc mobilisé les
11 hyperliens entrants également les plus utilisés. Nous avons transformé ces hyperliens pour
n’avoir que les sites et non les différents sous domaines éventuels, et avons éliminé les
redondances existantes lorsqu’un site était alors présent plusieurs fois en tant qu’hyperlien.
10
de préciser la structure du ou des réseaux formés par l’ensemble de nos leaders de la
presse en ligne.
Les leaders entrants de la presse en ligne : quand
l’audience vient d’ailleurs !
Définition d’un hit entrant
Nous étudions les leaders entrants, autrement dit les sites les plus utilisés par les
internautes pour visiter les leaders de la presse en ligne. Plus précisément, le fait
qu’un site quelconque E mette un hyperlien vers l’un des leaders de la presse en
ligne fait du site E un site entrant, et le fait que cet hyperlien soit l’un des plus
utilisés par les internautes pour venir vers le hit en question fait du site E un hit
entrant. Par ailleurs, un hit de la presse en ligne peut également être un hit entrant.
(cf. Figure 1)
Figure 1. Les liens entrants vers la presse en ligne.
La figure représente les liens entrants via les flèches orientées. Les
sites C1 à C3 représentent les sites de la presse en ligne. Les flèches
orientées représentent les liens entrants. Les sites E à E’’ ainsi que le
site C2 sont des sites entrants. Il y a alors plusieurs possibilités
d’organisation de la presse en ligne : C2 représente un site entrant et
sortant ; C1 est lié à C2 directement, mais également indirectement
via E’ ; et enfin C3 n’est pas relié aux autres sites, il est ici isolé.
Le réseau formé par les leaders entrants
Dans notre étude, il y a 109 leaders entrants et 882 liens entrants, dont seulement 7
leaders de la presse en ligne, lesquels ne sont autres que les 3 grands moteurs de
recherche Google, Yahoo! et MSN, les 2 grandes chaînes de télévision BBC et CNN,
et les quotidiens New York Times et San Francisco Chronicle. La visualisation de
ces liens nous montre qu’il n’y a qu’une seule composante entrante. Autrement dit,
tous les sites de presse en ligne s’avèrent reliés entre eux par l’intermédiaire des
leaders entrants. Dès lors que 102 autres sites permettent de relier nos 89 leaders, il
en ressort qu’il existe un faible nombre de parcours utilisé par les internautes de
manière privilégié pour arriver à la presse en ligne, et que ces parcours ne semblent
pas fortement différenciés en fonction du type de presse en ligne (cf. Figure 2).
Les 882 liens entrants ne sont pas distribués également au niveau des sites, puisque
20% des leaders entrants représentent 80% des liens, autrement dit des parcours les
plus utilisés pour visiter les sites de presse en ligne. D’ailleurs, le premier hit entrant
est Wikipedia et représente à lui seul 10% des manières de parvenir à la presse en
ligne pour les internautes. Nous retrouvons au niveau des leaders la règle présente au
niveau de l’ensemble du web : la longue traîne ou la loi de Pareto 80/20 du nombre
11
de liens entrants, laquelle nous indique que peu de sites constituent les points
d’entrée dans la presse en ligne, et beaucoup de sites représentent des manières assez
faibles d’entrée dans la presse en ligne20.
En conclusion, il ressort que les leaders de la presse en ligne sont relativement liés
entre eux et forment une seule composante, dont les parcours sont relativement
restreints.
Figure 2. Les leaders entrants vers la presse en ligne.
Au-delà de cette analyse générale, nous nous intéressons à la nature de ces leaders
entrants. L’Annexe 2 reprend le Top 20 et permet d’illustrer notre propos, et de
participer aux débats sur les contenus potentiellement pertinents en termes
d’attractivité des internautes.
Wikipedia, l’encyclopédie grande pourvoyeuse d’audience
La première place des leaders entrants est pour l’encyclopédie participative
Wikipedia. Elle est utilisée par les lecteurs de manière privilégiée pour accéder à
tous les leaders de la presse en ligne (ou presque avec 88 des 89 leaders). Wikipedia
représente tout de même la 4ème audience internationale avec plus de 260 millions
de visiteurs uniques, dont 1/5ème en provenance des Etats-Unis (selon Comscore).
C’est également la plus grande encyclopédie du monde, avec plus de 2 millions
d’articles en anglais, contre environ 80 000 pour Britannica, et tout juste 40 000 pour
20
Pour plus de détails sur la longue traîne, la loi de Pareto ou encore la loi puissance, voir les
ouvrages de Barabasi (2003) et Anderson (2006).
12
Encarta (de Microsoft). Au total, plus de 5 millions d’articles en plus de 200 langues.
Et enfin, plus de 100 000 contributeurs ont créé ou modifié un minimum de 10
articles anglophones (Levrel 2006 : 199). Wikipedia marque un véritable succès
international du web 2.0, et est repris en exemple dans tous les articles et ouvrages
sur l’internet.
Pour ce qui nous intéresse par rapport à la problématique des médias, il est possible
de noter bien évidemment la très grande abondance et diversité des articles. Ces
deux caractéristiques renvoient à la définition de la longue traîne de Anderson
(2006), et au résultat : tous les sujets n’ont pas la même audience (en termes de
contenu et de lecteurs des articles), loin s’en faut. L’exemple le plus souvent repris
est celui de Arrington (2007) : l’article sur le combat au sabre-laser dans Star Wars
est beaucoup plus complet que celui sur la guerre moderne. Cela renvoie encore à la
grande différence entre le contenu éditorial professionnel (Britannica ici) et amateur
(Wikipedia), ce dernier intervenant en fonction de ces centres d’intérêt. L’autre
grande caractéristique est que Wikipedia est une encyclopédie dynamique. Dit
autrement, l’importance du nombre d’usagers fait que les erreurs peuvent être (et
sont généralement) plus nombreuses certes mais plus rapidement corrigées
également que dans le cadre de l’encyclopédie Britannica par exemple 21.
Dans notre échantillon nous avons certes les moteurs de recherche présents, mais les
liens proviennent des services dédiés à l’information. La différence entre Google et
Google News notamment n’est autre que le temps : l’accumulation possible du
nombre d’hyperliens vers un article dans le temps. Dès lors, les archives prennent
une valeur potentiellement nouvelle par rapport à la presse traditionnelle. Wikipedia
s’inscrit également dans une telle démarche d’archives bien plus que d’articles en
temps réels22. (Anderson 2006 : 143)
En somme, l’encyclopédie 2.0 ayant la plus grande audience web utilise pleinement
le contenu de la presse traditionnelle pour accroître notamment la qualité des
articles, et il en ressort que les usagers de Wikipedia utilisent pleinement les
hyperliens présents dans les articles, puisque l’encyclopédie représente le moyen
privilégié d’accéder à toute la presse en ligne.
21
Contrairement à une encyclopédie professionnelle, l’écart de qualité est beaucoup plus
élevée (inégale) dans Wikipedia. Toutefois, la comparaison entre Wikipedia et Britannica
semble bien moindre que ce que l’on pourrait croire. En effet, sur 42 entrées, il y avait en
moyenne 4 et 3 erreurs respectivement (Giles 2005). Face à l’encyclopédie allemande
Brokhaus, Wikipedia ressort meilleure sur 50 entrées (Stern 2007). Il ne s’agit aucunement de
comparer ici la qualité mais plutôt de rappeler que suite à l’article de Nature, les erreurs de
WIkipedia ont été très rapidement corrigées, alors que celles de Britannica ont du attendre la
réimpression suivante. Un temps de réaction globalement beaucoup plus long chez les
professionnels que chez les amateurs.
22 L’étude de Dezso et al. (2006) montre, à partir de l’analyse de toutes les visites réalisées
pendant une semaine sur un quotidien hongrois, qu’une nouvelle information a une durée de
vie de 36h et non de quelques minutes ; que la plupart des nouvelles génère peu d’intérêts alors
que quelques nouvelles sont hautement populaires.
13
Les moteurs de recherche bien évidemment
Les moteurs de recherches et les portails web constituent des lieux d’arrivée
importants pour la presse en ligne, bien évidemment. Comme nous l’avons
précédemment souligné, ils représentent des moyens de contourner les pages
d’accueil des sites de presse, et d’aller directement à l’information recherchée par
l’internaute, tout en offrant des sources multiples plutôt qu’un seul journal. Google
figure clairement le plus important d’entre tous, non seulement avec sa version
internationale, mais également par la forte présence de ses différentes versions
nationales 23 ; au total, il représente 21% des liens entrants vers la presse en ligne.
Nous retrouvons ensuite Yahoo! (n°6), et Microsoft (n°17) - MSN (n°24) ainsi que
les autres moteurs de recherche Answers (n°26) et Ask (n°29). Il faut également
souligner le rôle important joué par les moteurs de recherche chinois généraliste
Baidu (n°14) et spécialisés dans l’actualité Sina (n°9) et Hao123 (n°19), ou encore le
site allemand de presse professionnelle Heise (n°21) entre autres. La présence des
moteurs de recherche ne constituent aucunement une surprise, et suggère clairement
l’intérêt pour les sources multiples, le contournement de la page d’accueil, et la
lecture d’informations plutôt que de quotidiens.
Le web 2.0 de la presse en ligne en tête de liste
Les agrégateurs et la blogosphère sont fortement bien représentés, voire relativement
centraux dans la manière d’entrée dans la presse en ligne (cf. Figure 2). Il est à noter
que ces acteurs ne sont pas les leaders de notre étude, ce qui suggère que nos leaders
semblent représenter des points d’arrivée plutôt que des points d’entrée dans la
presse en ligne, en termes d’audience liée. Nous retrouvons dans ce classement tous
les acteurs 2.0 cités dans les études sur la problématique de l’internet.
Les 3 acteurs les plus importants sont l’agrégateur généré par les usagers Digg (n°5)
- op. cit. - et les deux importantes communautés de blogs Xanga (n°3) juste derrière
Wikipedia et Google, et devant la BBC, et Wretch (n°8). A eux trois, ils représentent
rien moins que 15% des manières privilégiées utilisées par les usagers de la presse
en ligne. L’agrégateur Slashdot est également présent dans ce classement, il est
souvent cité avec Digg : les deux se basent sur l’intervention des usagers, cependant
que les modérateurs jouent un rôle très important chez Slashdot. Nous trouvons
également le blog technologique TechCrunch, et les agrégateurs de blogs Technorati
et Blog Pulse (de Nielsen) notamment. Il faut également y inclure les hébergeurs de
blogs, Alexa nous permettant de cumuler le nombre de liens de blogs individuels
hébergés par ces acteurs. Il s’agit notamment de Blogger (de Google), l’hébergeur a
plus forte audience internationale - op. cit. -, ou encore Angelfire (de Lycos),
Bloglines, ProBlogger, etc.
23
Google.com (n°2) et également les différentes versions nationales : anglaise (n°11),
japonaise (n°13), allemande (n°20), canadienne (n°21), indienne (n°23), polonaise (n°28),
australienne (n°46), brésilienne (n°47), nouvelle zélandaise, thailandaise, taiwanaise, etc.
14
Selon le récent rapport américain (PEJ 2008), la blogosphère serait à l’origine
d’environ 13% de l’audience de la presse en ligne, contre un peu plus de 40% pour
les moteurs de recherche. En ajoutant l’importance des agrégateurs et de Wikipedia,
le poids du web 2.0 d’actualité en termes d’audience liée vers la presse en ligne
serait encore plus élevée24. La presse en ligne ne peut alors négliger l’importance de
ce phénomène25 . Ils ne peuvent également mettre de côté le fait que ces acteurs 2.0
ne renferment aucunement l’usager à l’intérieur de leur contenu mais constituent
bien plus un moyen de poursuivre l’analyse et la compréhension d’une information,
ce qui en fait également l’une des raisons de leur réussite.
En conclusion, l’impact de la blogosphère se confirme : leaders de la presse en ligne,
ils constituent également des leaders entrants vers la presse en ligne.
Le web 2.0 multimédia entre en force dans le classement
L’intérêt très élevé des internautes pour le multimédia (photos et vidéos notamment)
et pour les sites communautaires ne se dément aucunement. Ces sites représentent
des sites à très forte audience sur lesquels il est possible de trouver très rapidement
nombre d’images et de vidéos relatifs à l’actualité diverse et variée26 . Et finalement,
il ressort qu’une part de ces composantes multimédias proviennent de la presse en
ligne.
Parmi les plus importants, nous retrouvons les sites de partage de photographies
flickR (n°7) et Fotolog (n°12), la plus grande base de données de films Internet
Movie Database (n°10) et le site de partage de vidéos Youtube (n°16) - op. cit. -. Ils
représentent un peu plus de 12% des manières privilégiées de parvenir à la presse en
ligne, ce qui s’avèrent relativement considérable. Et ce d’autant plus qu’on trouve
également nombre d’autres sites communautaites de vidéos avec Dailymotion, de
photos avec Istockphoto et Deviant Art, et de réseaux sociaux avec les Facebook,
Bebo, Friendster, LiveJournal, etc. Et pour conforter l’importance du multimédia,
24
Il nous semble que nombre d’études se focalisent trop sur la longue traîne au niveau de
l’audience des blogs (Anderson 2006) et négligent fortement la longue traîne au niveau de
l’audience liée - les liens entrants - (Barabasi 2003) : comme la plupart des blogs ont une très
faible audience (pas de concurrence), ils engendrent une très faible audience pour la presse en
ligne (pas de collaboration), alors que dans les deux cas, l’accumulation de l’audience et de
l’audience liée en fait des acteurs auxquels la presse en ligne devrait accorder plus
d’importance.
25 Dès lors, nous ne partageons pas pleinement l’analyse à sens unique de Vedel (2008) qui
suggère que l’impact potentiel des médias traditionnels sur les blogs est bien plus élevé que la
réciproque : une citation par Le Monde génère un traffic relativement important pour un blog
que le contraire.
26 Comme le rappelle Alain Le Diberder (2008), si les Youtube, Dailymotion, flickR et
Wikipedia relèvent bien de l’information, ils n’entrent pas dans la catégorie de la presse. Il fait
également remarquer que ces sites notamment ne sont dynamisés que par une infime partie des
internautes (voir Prieur et al. 2008 sur le cas flickR). En somme, le cercle des initiés s’élargit,
d’une infime minorité à une ... petite minorité.
15
nombre de sites de télévision complètent la liste avec la BBC (n°4) et CNN (n°18)
pour les plus importantes et de loin.
En conclusion, ce fait va dans le sens des débats sur la presse en ligne avec
l’importance indéniable pour les sites de presse de faire a part belle au multimédia,
et fait des usagers des sites communautaires, peu mis en évidence dans les différents
rapports, une audience des plus importantes pour la presse en ligne.
Mais où est la presse traditionnelle ?
Un constat édifiant dans l’ensemble de nos leaders entrants : l’inexistence de la
presse en ligne comme manière privilégiée de parvenir à l’information. Nous ne
trouvons de nos leaders que le New York Times, Forbes et le San Francisco
Chronicle, et autrement le site de la NBA pour les nouvelles sportives (basket), le
site de CBS spécialisé dans les nouvelles technologiques, et Der Spiegel pour la
presse allemande. Ce fait renvoie très clairement au constat posé par le rapport
américain (PEJ 2008) : mettre un hyperlien actif sur son site vers un site concurrent
est considéré comme une réelle trahison. En d’autres termes, pour le moment, la
presse en ligne n’est pas la plus grande pourvoyeuse de sa propre audience, les
usagers viennent d’ailleurs. L’étude des liens sortants permettra alors de savoir vers
où la presse en ligne renvoie de manière privilégiée leurs usagers.
En conclusion de l’étude des liens entrants, il nous semble assez clair que la presse
traditionnelle ne représente aucunement une manière directe de lire l’information,
les lecteurs y viennent via principalement les moteurs de recherche et le web
collaboratif, qu’il soit spécialisé dans l’actualité ou d’ordre multimédia. Et
inversement, cela suggère également que les autres acteurs numériques ont
pleinement besoin de la matière produite par la presse traditionnelle.
Les leaders sortants de la presse en ligne : quand
l’audience s’en va ailleurs !
Définition d’un hit sortant
Nous étudions maintenant les leaders sortants, autrement dit les sites les plus visités
par les internautes à la suite de leur passage par les leaders de la presse en ligne. Plus
précisément, le fait qu’un hit de la presse mette un hyperlien vers un site quelconque
S fait du site S un site sortant, et le fait que cet hyperlien soit l’un des plus utilisés
par les visiteur du hit de presse fait du site S un hit sortant. Par ailleurs, un hit de la
presse en ligne peut également être un hit sortant. (cf. Figure 3)
Le réseau formé par les leaders sortants
Dans notre étude, il y a 612 leaders sortants et 1033 liens sortants, dont 59 de nos
leaders de la presse en ligne. La visualisation de ces liens nous montre qu’il n’y a
qu’une seule composante sortante. Autrement dit, tous les sites de presse en ligne
s’avèrent reliés entre eux par l’intermédiaire des leaders sortants. Dès lors que nos
16
89 leaders renvoient vers 553 autres sites, il en ressort d’une part une grande
diversité dans les leaders sortants vue le nombre et d’autre part une grande
homogénéité dans les leaders sortants vue la seule composante formée. (cf. Figure 4)
Figure 3. Les liens sortants vers la presse en ligne.
La figure représente les liens sortants via les flèches orientées. Les
sites C4 à C6 représentent les sites de la presse en ligne. Les flèches
orientées représentent les liens sortants. Les sites S à S’’ ainsi que le
site C5 sont des sites sortants. Il y a alors plusieurs possibilités
d’organisation de la presse en ligne : C5 représente un site entrant et
sortant ; C4 est lié à C5 directement, mais également indirectement
via S ; et enfin C6 n’est pas relié aux autres sites, il est ici isolé.
Les 1033 liens ne sont pas distribués également au niveau des sites, puisque 20% des
leaders entrants représentent 52% des liens, autrement dit des parcours les plus
utilisés après la visite des sites de presse en ligne. D’ailleurs, la chaîne de télévision
CNN représente le site de sortie le plus privilégié par les usagers de la presse en
ligne, en redirigeant ses lecteurs de manière privilégiée vers 33 des leaders de
presse. D’ailleurs, il n’y a que 11 sites sortants de plus de 10 leaders de la presse, et
seulement 132 sites sortants sur les 612 présents en provenance de plus de 1 hit de la
presse, le reste représente des sorties uniques.
En conclusion, il ressort que les leaders de la presse en ligne sont relativement liés
entre eux et forment une seule composante, cependant que les parcours peuvent être
relativement diversifiés.
Au-delà de cette analyse générale, nous nous intéressons à la nature de ces leaders
sortants. L’Annexe 3 présente le Top 20 et permet d’illustrer notre propos et de
participer aux débats sur les contenus potentiellement pertinents en termes
d’attractivité des internautes : que recherchent les internautes lorsqu’ils viennent sur
un site de presse en fonction de ce qu’ils vont visiter par la suite ?
La télévision et la radio sont fortement présentes
Nous retrouvons de manière très importante la présence des télévisions et de leur
composante multmédia, ils sont d’ailleurs relativement nombreux dans le Top 20 des
leaders entrants - CNN (n°1), BBC (n°5), MSNCB (n°7), FOXNEWS (n°8), ABC (n
°8), CBS (n°12) et la ABC australienne (n°12) -, et représentent de l’ordre de 10%
du nombre de liens totaux. Elles sont également fortement présentes dans la suite du
classement avec par exemple le site généraliste de la CBC ou encore la composante
financière de CNN, et une panoplie d’autres chaînes de télévision. On trouve
également quelques médias radios dans la suite du classement avec la radio
canadienne CBC ou encore la National Public Radio entre autres.
17
Cette forte présence suggère deux conclusions. (i) La composante vidéo représente
un atout relativement majeur pour les télévisions en termes d’attractivité. (ii) La
presse en ligne ressort plus que disposer à développer des hyperliens vers les sites de
télévision. Par contre, nous ne retrouvons aucunement les sites communautaires
précédents, mis à part les sites de stockage de photographies Istock Photo et Foto
Search, mais ils ne sont aucunement des leaders sortants des plus importants,
seulement utilisés par 2 sites de presse de manière privilégiée.
En somme, la presse en ligne dirige son lecteur vers les médias considérés comme
produisant de l’information plutôt que vers les médias qui reprennent uniquement
des photos et des vidéos sans aucun autre apport. La composante professionnelle
prend clairement le dessus sur la composante loisir.
Figure 4. Les leaders sortants vers la presse en ligne.
La presse traditionnelle centrale sous toutes ces formes
La plupart des sites sortants sont des sites de presse en ligne, avec un large nombre
des grands quotidiens présents en haut du classement : USA Today (n°2), le
Washintong Post (n°3), le New York Times (n°4), le Los Angeles Times (n°5), le
Financial Times (n°16), et le Guardian (n°16). A côté de quoi nous retrouvons
également The Christian Science Monitor en 15ème position. La liste est complétée
par les agences de presse Reuters (n°8) et l’Associated Press (n°16), et même l’AFP
par la suite. En somme, il s’agit de la presse ayant la plus forte notoriété, et
considérée comme quasiment incontournable.
18
Que peut-on dire du reste du classement en termes de presse en ligne ? Nous
retrouvons les magazines focalisés sur le monde politique et des affaires avec en tête
le Time, Forbes et Business Week et un peu plus loin dans le classement Fortune,
Entrepreneur Mag, The Law Bulletin, Business Wire, et même Wired dans le
domaine des technologies par exemple. A côté de cette presse spécialisée dans le
monde des affaires, nous retrouvons une autre catégorie importante, à savoir la
presse à tendance plutôt régionale et locale, autrement dit de second rang, et a priori
de moindres concurrents pour les leaders : Chicago, Dallas, Seattle, Miami,
Vancouver, Arizona... pour ne citer que quelques lieux des Etats-Unis.
Et enfin, nous trouvons également une large panoplie de sites métérologiques, ainsi
que la presse de la catégorie des loisirs divers et variés, la culture au niveau d’une
ville, la nourriture, le sport, le people, l’automobile, la famille, l’éducation des
enfants... un ensemble de catégories de la presse considérée par les leaders comme
finalement des non concurrents, vers lesquels ils peuvent renvoyer leurs lecteurs.
La quasi-absence du web 2.0
Si il ressort un résultat relativement important de ce classement, c’est l’absence de
tous les leaders 2.0 de la presse en ligne mis à par le Drudge Report. On y trouve
également mais pas forcément bien placés les hébergeurs de blogs Blogger et
WordPress, et encore moins bien placés Angelfire et Bloglines, sans oublier les
agrégateurs d’actualités Slashdot et de blogs Technorati. C’est finalement bien peu,
et surtout cela va pleinement dans le sens d’une certaine compétition entre le
journalisme professionnel et le journalisme dit citoyen, voire d’une moindre
considération (Cardon et al. 2006 : 21). D’ailleurs, même Wikipedia n’est pas parmi
les sites de sortie les plus importants.
Les moteurs de recherche ne sont pas une porte de sortie prégnante
Le Top 20 se complète alors avec les moteurs de recherche Yahoo (n°8) et Google (n
°12). On retrouve par la suite les autres moteurs de recherche et portails internet :
MSN, About, Lycos, Altavista, Baidu, Sina, Ask... Cependant, il est à noter d’une
part qu’ils ne sont pas aussi dominants que précédemment, bien au contraire. Leur
présence s’inscrit toutefois dans un double sentiment. D’un côté, leur faible présence
suggère clairement une certaine réussite de la presse en ligne, en ce sens qu’ils ne
gardent plus les usagers au sein de leur propre contenu, et semblent alors parvenir à
proposer des hyperliens que les internautes utilisent de manière privilégiée 27. D’un
autre côté, leur présence suggère tout de même une sorte d’échec puisque cela
signifie que les usagers s’arrêtent tout simplement aux sites de presse en ligne (ou
retournent à Google News par exemple pour trouver une autre source sur une
information précise), et ne trouvent pas de quoi poursuivre leur navigation et
27
Et ce malgré le fait que l’on trouve sur la plupart des sites de la presse traditionnelle, une des
barres moteurs de recherche de Google, Yahoo! ou Live (de Microsoft).
19
approfondissement de l’information étudiée. Ils tendent encore trop à garder les
internautes au sein propre de leur contenu.
En conclusion de l’étude des liens sortants, la presse en ligne semble fortement
diriger ses lecteurs vers la presse traditionnelle bien plus que vers les nouveaux
acteurs numériques, notamment le web collaboratif. Toutefois, elle semble du même
coup vouloir garder les lecteurs au sein du réseau de la presse en ligne, et la
hiérarchie entre les grands quotidiens et les quotidiens thématiques ou régionaux
semble également préservée.
La structure dichotomique de la presse en ligne
Définition des composantes structurelles
L’objectif est ici de fusionner les liens entrants et les liens sortants afin d’étudier le
ou les réseaux ainsi formé(s). Ce nouvel ensemble forme un réseau orienté puisque
les liens vont d’un site vers un autre. Et comme le rappellent Broder et al. (2000),
dans un ensemble de liens orientés, tous les chemins d’un site à un autre n’existent
pas forcément. Un tel ensemble peut alors se décomposer en 4 composantes. (1) La
composante dite fortement connectée est constituée de l’ensemble des sites pour
lequel un chemin existe forcément entre tous ces sites. (2) La composante dite
entrante est constituée d’un ensemble de sites où il n’existe aucun moyen d’y arriver
(inaccessibles), lesquels ont la particularité de permettre d’entrer au sein de la
composante forte. (3) A l’inverse, la composante dite sortante est constituée d’un
ensemble de sites où il n’existe aucun moyen de partir, lesquels ont la particularité
d’être accessibles à partir de la composante forte. (4) Il y a également la composante
dite “tube” constituée de sites non reliés à la composante coeur, elle réalise alors une
liaison entre la composante entrante et sortante sans passer par ce coeur. (5) Et enfin,
les composantes isolées représentent des sites inaccessibles à partir de l’une des trois
autres composantes. (cf. Figure 5)
Figure 5. Les composantes d’un ensemble de liens orientés.
Les sites E appartiennent à la composante entrante et les
sites S à la composante sortante, leurs liens sont en effet à
sens unique. La composante forte est constituée de nos
leaders C, lesquels possèdent tous au moins un lien entrant
et un lien sortant. Les sites ES entrent également dans cette
catégorie, ils représentent des sites d’entrée vers C et des
sites de sortie de C. Et enfin, le site C est isolé.
Comme les liens entrants ou les liens sortants suffisent à relier tous les sites entre
eux, le corollaire est alors qu’il n’y a aucune composante isolée dans notre ensemble
de la presse en ligne. En d’autres termes la presse en ligne forme un ensemble de
sites reliés entre eux en un seul réseau.
20
Les composantes dichotomiques de la presse en ligne
La question est maintenant de préciser les composantes entrantes et sortantes, ainsi
qu’éventuellement les autres sites constituant la composante forte de la presse en
ligne. Le réseau est composé de 735 sites et de 1906 liens entre ces sites, avec très
peu de redondances générées par l’addition des liens entrants et des liens sortants, 9
liens seulement.
La composante forte de réseau est constituée par seulement 93 sites. D’un côté, nous
avons 6 des leaders qui n’appartiennent pas au coeur mais constitue une liaison entre
la composante entrante et sortante. D’un autre côté, nous avons 10 sites autres que
nos leaders de la presse en ligne entre au sein de cette composante. Nous y trouvons
4 moteurs de recherche / portails web avec Microsoft, ASK, le moteur chinois Baidu
et le portail chinois d’informations Sina. Nous y trouvons également 4 hébergeurs /
agrégateurs de blogs avec Angelfire (de Lycos), Blogger (de Google), Bloglines et
Technorati. Et enfin, il y a également deux sites de stockage de photos avec Istock
Photo et le hongrois Stock Exchange.
Cependant, il est à remarquer une particularité de ces 10 autres sites : ils
appartiennent à la composante forte de manière relativement faible, en ce sens qu’un
seul lien les rattache, soit du côté de l’entrée, soit du coté de la sortie. Et cela même
si Sina permet d’entrer de manière privilégiée sur 33 de nos 89 leaders de la presse
en ligne.
Figure 6. Les composantes de la presse en ligne.
Dès lors, il ressort assez clairement que l’analyse précédente, qui suggérait une
dichotomie entre les liens entrants et sortants, se confirment pleinement du point de
21
vue des composantes de ce réseau 28 (cf. Figure 6). La composante entrante est
constituée de 92 sites, dont les caractéristiques ont été décrites précédemment : le
web 2.0 avec Wikipedia, les agrégateurs, la blogosphère, les sites de réseaux sociaux
et les sites communautaires d’échange de photos et de vidéos. Et la composante
sortante est beaucoup plus importantes avec 543 sites, dont les caractéristiques ont
été décrites précédemment : les médias télévisuels et de la presse dite de second
rang, c’est-à-dire spécialisées ou régionales. Par conséquent, compte-tenu de ce que
nous avons précédemment décrit, les sites entrants et les sites sortants ne sont pas les
mêmes, et n’appartiennent aucunement à la même catégorie de sites.
En conclusion, il en ressort que les leaders étudiés représentent le coeur de la presse
en ligne, et que ce coeur peut-être décrit comme exclusif, à savoir que quasiment
aucun autre site de presse ou d’ailleurs n’appartiennent à ce coeur de la presse en
ligne.
Les leaders entre eux, tous liés mais organisés en petits mondes
Pour aller plus en profondeur dans l’analyse, nous nous focalisons uniquement sur
les relations entretenues entre les 83 leaders de la presse en ligne. Le tableau 2
résume quelques statistiques relatives au réseau orienté formé par notre ensemble de
83 leaders, et les comparent également au cas où tous les liens seraient réciproques.
Tableau 2. Les caractéristiques du réseau formé par les leaders29 .
réseau orienté
densité
réciprocité
distance
degré
groupes
groupes pondérés
coefficient structurel
réseau
orienté
0.0626
0,156
2.587
2x5.506
0.482
0.142
réseau non
orienté
0.1080
1,000
1.932
9.506
0.713
0.230
réseau
aléatoire
1,000
1,993
9,506
0,108
-
ratio
structurel
0,969
6,600
6,810
Nous sommes non seulement en présence d’une seule composante mais surtout il ne
faut en moyenne que 2.6 clics pour avoir accès à n’importe quel leader de n’importe
28
La dichotomie au niveau des sites de la presse en ligne diffère fortement par rapport à l’étude
des pages web de Broder et al. (2000), lequel trouvait une quasi-parfaite symétrie entre la
composante entrante et sortante, autour de 44 millions, et une composante forte un peu plus
élevée de l’ordre de 55 millions de pages web. A notre connaissance, il n’y a pas d’études
similaires focalisés sur un secteur en particulier, et sur les différentes catégories de sites.
29 Le réseau aléatoire représente la structure d’un réseau non orienté fortement accessible et
faiblement polarisée en considérant le même nombre de sites et de liens. Les ratios structurels
représentent les valeurs du réseau non orienté rapportées au réseau aléatoire. Lorsque le ratio
des distances est proche de 1 et que le ratio des polarisations est largement supérieur à 1, ou
encore lorsque le coefficient structurel (la polarisation rapportée à la distance) est largement
supérieur à 1, alors le réseau présente une structure de petits mondes : fortement accessible et
fortement polarisée. (Watts et Strogratz 1998)
22
quel autre leader. Cette distance est relativement faible30, et la symétrie des
hyperliens l’amélioreraient sensiblement. Cela peut s’expliquer par un nombre
moyen de liens entrants et sortants relativement élevé, de l’ordre de 5.5, ce qui
représente tout de même la moitié des liens mobilisés dans notre étude. En somme,
les leaders de la presse en ligne se citent relativement souvent, ne forment qu’une
seule grande composante, et sont très proches les uns des autres en termes de clics.
Nous sommes également en présence d’une composante faiblement dense et surtout
fortement orientée. Ainsi, seulement 6.3% des hyperliens possibles entre les sites
sont effectifs, et tout juste 16% des hyperliens sont réciproques.
Mais ces moyennes masquent une forte organisation du réseau en petits mondes. Le
coefficient de polarisation (clustering coefficient) renvoie à l’idée suivante : les sites
cités par les sites que je cite me citent-ils ? Dit autrement, les hyperliens les plus
utilisés par les lecteurs les font-ils tournés en rond ? ou encore reviennent-ils en 2
clics au site de départ ? 31 Le coefficient nous indique que 48.2% des triplets orientés
possibles sont effectivement présente, une valeur très élevée dans le cas d’un réseau
orienté. Cette valeur passe à 71.3% dans le cadre d’un réseau non orienté, ce qui
nous indique une très forte orientation de ces triplets. Et enfin, lorsque l’on pondère
le coefficient par le nombre de liens 32, le coefficient est divisé par 3, ce qui nous
indique que la polarisation est relativement plus forte au coeur qu’à la périphérie du
réseau.
Par rapport à la littérature sur les réseaux, il en ressort que le réseau des leaders de la
presse en ligne est organisé en petits mondes. Dit autrement, le réseau est aisément
accessible à tous tout en étant organisé en petits groupes de sites.
La presse internationale périphérique et la presse nationale centrale
Pour étudier plus précisément les groupes les plus notables ainsi que la très forte
orientation du réseau, nous nous concentrons maintenant sur la problématique de la
résilience ou stabilité du réseau (Newman 2003 : 15), autrement dit les conditions de
maintien du réseau de la presse en ligne. Plus précisément, les acteurs numériques
semblent avoir un effet relativement plus structurant sur le réseau de la presse en
ligne que les acteurs traditionnels. Qu’en est-il réellement ?
30
Cette valeur est d’autant plus faible que Albert et al. (1999) trouvent une valeur moyenne de
l’ordre de 19 à 21 pour l’ensemble du web, Broder et al. (2000) trouvent une valeur de l’ordre
de 16 pour un réseau orienté et de 7 pour un réseau non orienté.
31 Dit autrement : l’hyperlien de i vers j, et l’hyperlien de j vers k, signifient-t-ils qu’il existe un
hyperlien allant de k vers i ? Pour un réseau orienté, il s’agit donc de faire le rapport entre le
nombre de triplet présent (de i vers j, de j vers k, et de k vers i) et le nombre de triplet possible
(de i vers j et de j vers k) ; le coefficient pour le réseau est la moyenne des coefficients
individuels.
32 Le coefficient moyen est alors la moyenne des coefficients individuels pondérés par le degré
moyen, et donne alors plus de poids aux sites centraux par rapport au coefficient non pondéré,
lequel donne autant de poids aux regroupements périphériques qu’aux regroupements centraux.
(Newman 2003)
23
Nous avons précédemment mis en évidence le fait que les moteurs de recherche et
les chaînes de télévision étaient présents tant au niveau des leaders entrants que des
leaders sortants. Ils sont dès lors relativement centraux au niveau du réseau ainsi
formé. Pourtant lorsque nous éliminons tous les acteurs autres que la presse
traditionnelle, ainsi que les agences et les magazines, ils éliminent peu de sites mais
beaucoup de liens. Ainsi, l’élimination d’un seul type d’acteurs ne brisent pas la
grande composante, sauf dans le cas des moteurs de recherche : 8 sites dont 3
quotidiens (indiens) seulement sont alors isolés. Et le fait de ne garder que les
quotidiens n’éliminent en plus que 2 quotidiens canadiens, 1 musulman, 1 satirique
et 2 régionaux.
En somme, la presse traditionnelle demeure reliée en une grande composante. Et ce
n’est alors pas tant la composante qui est réduite que le fait que l’orientation d’un tel
réseau est relativement forte, et plutôt très intéressante. Nous en retirons 3
caractéristiques majeures.
Figure 7. Le coeur de la presse traditionnelle33 .
Premièrement, certains sites, et surtout des groupes de sites, s’avèrent isolés ou
périphériques de la grande composante de la presse traditionnelle. Il s’agit plus
particulièrement de la presse étrangère aux Etats-Unis, indienne, canadienne et
australienne plus spécifiquement, laquelle est fortement lue par les lecteurs de la
presse américaine, mais la réciproque n’est pas vérifiée.
33
En rouge les liens réciproques. Ne sont gardés que les sites des quotidiens exceptés les
composantes isolés et périphériques.
24
Deuxièmement, les familles de la presse traditionnelle émergent relativement
clairement : la presse nationale américaine d’un côté, la presse nationale anglaise
d’un autre côté, toutes deux reliées via notamment la presse internationale et la
presse financière ; et enfin la presse régionale constitue le groupe le plus important
en nombre de sites. Et surtout il ressort la dichotomie entre une presse régionale
citée qui ne citent pas et une presse nationale qui citent beaucoup et est
moyennement citée.
Troisièmement, la presse nationale américaine forme un véritable petit monde au
coeur de la presse en ligne, et plus particulièrement les 5 sites du New York Times,
de USA Today, du Wasington Post, du Los Angeles Times et du Chicago Tribune.
Non seulement ces sites, considérés comme des références, citent nombre d’autres
sites mais surtout ils se citent réciproquement, et les lecteurs peuvent passer de
manière privilégier de l’un à l’autre. Une mention spéciale au New York Times qui
est également fortement cités par la presse internationale et financière.
En somme, à côté de l’apparente diversité de l’ensemble des sites, la focalisation sur
la seule presse traditionnelle fait clairement ressortir une forte hiérarchie de la presse
en ligne : les sites à très forte notoriété n’ont aucune difficulté à renvoyer de manière
privilégiée leurs lecteurs chez les concurrents, alors que les sites plutôt régionaux
cherchent à préserver leurs lecteurs, et surtout à réduire potentiellement les
potentielles fuites vers les quotidiens nationaux. Et enfin, la diversité ne semble
encore plus qu’apparente avec un ensemble de 5 sites, avec de fortes audiences et
très fortement liées entre eux.
Conclusion
Notre étude ne s’est pas focalisée sur les modèles économiques, ou encore les types
de sites web, développés par la presse traditionnelle. Elle s’est focalisée sur les 2/3
des lecteurs qui ne viennent pas directement sur la page d’accueil de la presse en
ligne. Et elle a montré en la matière une véritable dichotomie entre d’où les lecteurs
viennent et vers où les lecteurs repartent. Cette dichotomie nous suggère alors
plusieurs tendances relativement importante dans le cadre du développement des
sites web de la presse traditionnelle, et notamment l’intérêt très important de la
présence du multimédia ainsi que du web collaboratif. La presse traditionnelle
française semble encore avoir des difficultés à composer avec des nouveautés
numériques34 (Rébillard 2006), même si certains sites s’en sortent relativement bien
(Precepta 2007). La presse doit accorder plus d’intérêt au web collaboratif, lequel
s’avère fortement pourvoyeur d’audience. Une autre tendance relativement forte
semble être le fait que la presse traditionnelle use des liens hypertextes vers ce
qu’elle ne considère pas comme ses concurrents : la presse financière, la presse
34
Nous n’avons pas parlé des Newsletter ou encore des flux RSS, lesquels permettent d’avoir
une information personnalisée et livrée directement sans accès à la page d’accueil, voire même
aux sites internet.
25
régionale et les services d’informations très locales. Par contre, elle ne semble pas
allée dans le sens des sources multiples d’informations, alors même que les résultats
suggèrent un intérêt non négligeable de la part des internautes.
La poursuite de cette étude doit aller dans plusieurs directions : l’élargissement à un
nombre de sites et de liens beaucoup plus élevé ; l’approfondissement à un ensemble
de variables représentatifs du contenu des sites ; l’évolution temporelle par l’étude
de la dynamique du réseau. Mais au-delà de ces quelques pistes, nous avons choisi
de poursuivre avec notre échantillon afin d’étudier les déterminants de l’audience.
En effet, à côté des déterminants individuels des contenus et de la visibilité d’un site,
il s’agit également d’étudier l’impact sur l’audience des liens entrants et des liens
sortants, ces derniers vont alors dans le sens : “Vous leur donnez une incitation à
venir vers vous pour obtenir des informations d’eux” (Le Floch, Cariou et Le Guel
2008).
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27
Annexe 1 : Les leaders de la presse en ligne selon Alexa
rang
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
nom
Yahoo!
Google
MSN
AOL
ABC / Disney
BBC
CNN
New York Times
The Weather Channel
Reuters
Guardian
The Washington Post
Fox
The Times of India
Drudge Report
USA Today
Times
Wall Street Journal
News
Forbes
Bloomberg
Accu Weather
Weather Undergroung
Los Angeles Times
Find Articles
The Sidney Morning Herald
Redtram
The Huffington Post
Reddit
Time
Business Week
San Francisco Chronicle
Malayala Manorama
BSkyB
National Geographic
The Age
Newsweek
The Seattle Times
New York Post
Financial Times
Topix
Voice of America
CBS
Chicago Tribune
domaine
yahoo.com
google.com
msn.com
aol.com
go.com
bbc.co.uk
cnn.com
nytimes.com
weather.com
reuters.com
guardian.co.uk
washingtonpost.com
foxnews.com
indiatimes.com
drudgereport.com
usatoday.com
timesonline.co.uk
wsj.com
news.com.au
forbes.com
bloomberg.com
accuweather.com
wunderground.com
latimes.com
findarticles.com
smh.com.au
redtram.com
huffingtonpost.com
reddit.com
time.com
businessweek.com
sfgate.com
manoramaonline.com
sky.com
nationalgeographic.com
theage.com.au
newsweek.com
nwsource.com
nypost.com
ft.com
topix.com
voanews.com
cbsnews.com
chicagotribune.com
28
audience
27,105
26,855
17,54
1,8645
1,387
1,3315
0,978
0,568
0,5325
0,246
0,1825
0,171
0,166
0,151
0,149
0,14
0,1255
0,1235
0,1205
0,118
0,116
0,112
0,1075
0,1025
0,101
0,0976
0,0954
0,0913
0,0883
0,0871
0,0801
0,0765
0,0744
0,073
0,0694
0,0632
0,0613
0,0592
0,0578
0,0574
0,0562
0,0548
0,0545
0,0531
type
moteur
moteur
moteur
moteur
tv
tv
tv
quotidien
météo
agence
quotidien
quotidien
tv
quotidien
web 2.0
quotidien
quotidien
quotidien
quotidien
magazine
agence
météo
météo
quotidien
web 2.0
quotidien
web 2.0
web 2.0
web 2.0
magazine
magazine
quotidien
quotidien
tv
magazine
quotidien
magazine
quotidien
quotidien
quotidien
web 2.0
tv
tv
quotidien
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
56
57
58
59
60
61
62
63
64
65
66
67
68
69
70
71
72
73
74
75
76
77
78
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
International Herald Tribunes
Independant Media Center
Fark
The Houston Chronicle
The Onion
43 Things
MetaFilter
CNBC
The Toronto Star
The Globe and Mail
Digital Spy
Associated Press
Newsday
Shutterstock
Chicago Sun-Times
Variety
News Now
Bankrate
The Arizona Republic
Press Release News Wire
The Mercury News
The Dallas Morning News
Newsmax
Islamic Republic News Agency
The Atlantic
Weather Bug
Atlanta Journal Constitution
PR Newswire Association
Mediapost Communications
Hindustan Times
The Philadelphia Inquirer
The San Diego Union Tribune
The Baltimore Sun
Mathrubhumi
World Net Daily
Dinakaran
mental_floss
The Miami Herald
Star Tribune
Newsvine
Detroit Free Press
U.S. News
New Jersey On Line
Corbis Corporation
The Flint Journal
iht.com
indymedia.org
fark.com
chron.com
theonion.com
43things.com
metafilter.com
cnbc.com
thestar.com
theglobeandmail.com
digitalspy.co.uk
ap.org
newsday.com
shutterstock.com
suntimes.com
variety.com
newsnow.co.uk
bankrate.com
azcentral.com
prweb.com
mercurynews.com
dallasnews.com
newsmax.com
irna.com
theatlantic.com
weatherbug.com
ajc.com
prnewswire.com
mediapost.com
hindustantimes.com
philly.com
signonsandiego.com
baltimoresun.com
mathrubhumi.com
worldnetdaily.com
dinakaran.com
mentalfloss.com
miamiherald.com
startribune.com
newsvine.com
freep.com
usnews.com
nj.com
corbis.com
flintjournal.com
29
0,0504
0,0439
0,0414
0,0406
0,0402
0,0383
0,0368
0,0367
0,0364
0,0355
0,0347
0,0339
0,0316
0,0306
0,0305
0,0302
0,0297
0,0296
0,0294
0,0286
0,0283
0,0261
0,0243
0,024
0,0235
0,0228
0,0227
0,0223
0,0221
0,0217
0,0202
0,0201
0,0198
0,0197
0,0194
0,0188
0,0185
0,0184
0,0183
0,0173
0,0167
0,0166
0,0157
0,0155
0,0131
quotidien
quotidien
web 2.0
quotidien
quotidien
web 2.0
web 2.0
tv
quotidien
quotidien
web 2.0
agence
web 2.0
agence
quotidien
magazine
web 2.0
web 2.0
quotidien
web 2.0
quotidien
quotidien
magazine
quotidien
magazine
météo
quotidien
agence
agence
quotidien
quotidien
quotidien
quotidien
quotidien
quotidien
quotidien
magazine
quotidien
quotidien
web 2.0
quotidien
magazine
quotidien
agence
quotidien
Annexe 2 : Les leaders entrants de la presse en ligne selon Alexa
rang
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
11
13
14
15
16
17
18
19
20
domaine
wikipedia.org
google.com
xanga.com
bbc.co.uk
digg.com
yahoo.com
flickr.com
wretch.cc
sina.com.cn
imdb.com
google.co.uk
fotolog.com
google.co.jp
baidu.com
ebay.com
youtube.com
microsoft.com
cnn.com
hao123.com
google.de
liens
88
81
55
51
45
41
36
35
33
27
26
26
25
22
21
18
17
16
14
13
type
web 2.0
moteur
web 2.0
tv
web 2.0
moteur
web 2.0
web 2.0
moteur
web 2.0
moteur
web 2.0
moteur
moteur
commerce
web 2.0
moteur
tv
moteur
moteur
Annexe 3 : Les leaders sortants de la presse en ligne selon Alexa
rang
domaine
liens
type
1
2
3
3
5
5
7
8
8
8
8
12
13
13
15
15
15
15
16
16
cnn.com
usatoday.com
nytimes.com
washingtonpost.com
latimes.com
bbc.co.uk
msnbc.com
go.com
reuters.com
foxnews.com
yahoo.com
cbsnews.com
abc.net.au
google.com
csmonitor.com
ft.com
ap.org
guardian.co.uk
soccernetwork.com
forbes.com
34
23
18
18
16
16
13
12
12
12
12
10
9
9
8
8
8
8
7
7
tv
quotidien
quotidien
quotidien
quotidien
tv
tv
tv
agence
tv
moteur
tv
tv
moteur
quotidien
quotidien
agence
quotidien
tv
magazine
30