Le lien s`ouvre dans une nouvelle fenêtre•La phobie des examens

Transcription

Le lien s`ouvre dans une nouvelle fenêtre•La phobie des examens
La phobie des examens
«La plupart du temps, elle est
liée à des attentes trop élevées»
Pour beaucoup d’apprentis et
d’apprenties, il sera bientôt temps
d’entamer la procédure de qualification. Mais certains devront compter
avec leur phobie des examens, une
peur qui peut compromettre leur
réussite. Roland Peter, du service
de conseil de l’Ecole professionnelle
industrielle et artisanale de Berne
(GIBB), nous explique d’où elle vient
et comment la combattre.
INTERVIEW ET PHOTO: ROLF MARTI
La plupart des gens sont nerveux
avant de passer des examens.
Est-ce normal?
Bien sûr. La nervosité aide à se concentrer
et à fournir le meilleur. La phobie des examens, c’est différent: les personnes
concernées croient de pas être en mesure
de faire face à une situation et réagissent
de manière disproportionnée. Pour vous
donner une image, c’est un peu comme
s’il y avait une panne d’électricité dans
leur cerveau. Tout à coup, elles ne peuvent plus penser et leurs capacités sont
réduites.
Les personnes concernées sont-elles
toujours conscientes de souffrir de
cette phobie?
Non, beaucoup ne le savent pas. Souvent,
ce sont les enseignants et enseignantes
qui en perçoivent les signes.
Quels sont les symptômes
justement?
Le premier symptôme qui doit alerter,
c’est quand quelqu’un réalise un bon travail en temps ordinaire et qu’il n’est pas
en mesure de mobiliser son savoir et ses
compétences lors des examens. A cela
s’ajoutent des signes physiques tels que
des maux de ventre, des difficultés à s’endormir, des maladies, etc.
Quelles sont les causes de cette phobie?
La plupart du temps, ce sont des attentes
trop élevées. Peu importe que l’on se les
fixe soi-même ou qu’on les croie fixées
par d’autres. Ceux qui ne s’autorisent aucune erreur, qui veulent sans cesse être
Roland Peter: «Il n’est jamais trop tard pour s’attaquer à ce problème».
parfaits, se bloquent. C’est pourquoi même de bons élèves peuvent ressentir cette énorme angoisse. Parfois aussi, la phobie des examens est due à de mauvaises
expériences. Quand on a déjà raté un examen, on a toujours peur ensuite que cela
se reproduise – et cela peut évidemment
arriver si l’on se laisse déborder par son
anxiété.
Que peut-on faire pour
combattre cette phobie?
Plusieurs stratégies existent. L’important,
c’est de trouver ce qui est à l’origine de
cette phobie. Le blocage se produit-il dès
la préparation ou seulement le jour de
l’examen? Quelles sont les pensées, les
circonstances qui le provoquent? Une fois
l’élément déclencheur identifié, on peut
développer des modes de comportement
adaptés et les exercer.
Faut-il nécessairement recourir à
un professionnel pour la soigner?
Non, on peut aussi faire un travail sur soi.
Et puis, il y a de bons livres. Se faire
conseiller par un professionnel peut toutefois accélérer le processus.
Quelle que soit la méthode envisagée,
c’est un processus relativement long.
Que conseillez-vous aux apprentis
et apprenties qui vont bientôt passer
leurs examens?
Il n’est jamais trop tard pour s’attaquer à
ce problème. Souvent, il suffit de peu
pour faire échapper une grande partie de
la pression. Par exemple, réfléchir objectivement à la situation: un examen n’est
pas vraiment une situation dangereuse
dans laquelle il est question de vie ou de
mort mais simplement de savoir si l’on va
réussir cette année ou seulement l’année
suivante. Une discussion, par exemple
avec le formateur ou la formatrice en entreprise ou avec les parents, à propos
d’un éventuel échec peut aussi permettre
de décompresser. La plupart du temps, un
échec ne signifie pas la fin du monde. Et
ensuite, il s’agit de relativiser: pour réussir un examen, il n’est pas nécessaire de
réussir tous les exercices. En général, il
suffit d’avoir les bonnes réponses à 60
pour cent des questions.
Et qu’en est-il des médicaments?
Peuvent-ils apporter une aide?
Je n’ai rien contre des remèdes de grandmère comme quelques gouttes de valériane. Je déconseille par contre les autres
médicaments. Ils renforcent encore l’impression que l’on n’est pas capable de
réussir seul.
Info
Services de conseil: présents dans
toutes les écoles professionnelles,
coordonnées via le site Internet de
chaque école.
1/2013