CPNE de la pharmacie d`officine - Ministère du Travail, de l`Emploi

Transcription

CPNE de la pharmacie d`officine - Ministère du Travail, de l`Emploi
s
DGEFP –
CPNE
de la pharmacie
d’officine
TOME I
CONTRAT D’ETUDES PROSPECTIVES DANS
LA PHARMACIE D’OFFICINE
RAPPORT FINAL – MARS 2006
Joëlle DELAIR
Brice BILLET
Laurence DARCHEN
Maroussia KRAWEC
INTERFACE Etudes Conseil & Formation - 19 rue Navier - 75017 Paris - 01 46 27 30 00
www.groupe-interface.fr - Mail : [email protected]
SOMMAIRE
INTRODUCTION .......................................................................................................................................5
Les enjeux du contrat d’études prospectives
La démarche d’étude
6
11
PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX ..........................................................................................13
I - Introduction..............................................................................................................................14
I - chapitre 1..................................................................................................................................15
Présentation générale du secteur de la pharmacie d’officine ........................................................15
Un positionnement à l’interface entre santé publique et marché du médicament...............................................15
Le rôle du pharmacien d’officine : un acteur au cœur d’un double système de dépendance
Des politiques de santé publique en quête d’efficience
Un marché du médicament à l’avant-garde des orientations politiques et sociales
15
17
21
L’activité économique du secteur .......................................................................................................................25
Une prospérité économique qui révèle la capacité d’adaptation du secteur
25
L’absence d’un modèle économique unique de l’officine : des disparités qui s’expliquent moins par la taille que par
l’implantation géographique de l’officine
31
L’organisation territoriale et financière du secteur .............................................................................................35
Un réseau officinal en perte d’équilibre malgré les quotas d’installation
Un accès à la propriété plus restreint mais le développement d’un mode d’exercice plus attractif
35
38
Les emplois et les caractéristiques des personnels du secteur ............................................................................40
Une situation de l’emploi plutôt favorable mais un déficit de visibilité des emplois de l’officine
Des personnels d’officine, majoritairement jeunes, qui se sont féminisés
Une rémunération des emplois contrastée et peu attractive
40
46
50
I - chapitre 2...................................................................................................................................53
L’organisation du travail et des pratiques professionnelles au sein de l’officine..........................53
La typologie des officines selon l’organisation du travail ..................................................................................53
En dehors de la taille, un seul critère réellement décisif pour le choix de l’organisation du travail : le positionnement
concurrentiel
53
Cinq modèles d’officines selon l’implantation et l’activité développée
54
Les activités conduites au sein de l’espace officinal...........................................................................................58
Une répartition des activités de l’officine dominée par la polyvalence
Un « emploi sensible » tant du côté des adjoints que des préparateurs
Une réglementation qui se révèle difficile à respecter
58
60
62
La pratique de gestion des ressources humaines.................................................................................................63
Des conditions de travail soumises aux besoins de l’activité commerciale
63
Une motivation au travail souvent en panne, surtout chez les adjoints, des marges de manœuvre réduites pour les
titulaires
65
Des modes de reconnaissance et de rétribution différents selon la taille de l’officine
68
I - Chapitre 3..................................................................................................................................69
La gestion des compétences des titulaires et des salariés des officines.........................................69
Le cadre actuel de la formation initiale du personnel d’officine.........................................................................69
Le répertoire de l’offre diplômante préparant aux emplois du secteur de la pharmacie d’officine
Le diplôme d’Etat de docteur en pharmacie
Le brevet professionnel de préparateur en pharmacie
La qualification des autres emplois de la pharmacie d’officine
69
70
75
77
Le cadre actuel de la formation continue pour les titulaires et salariés des officines .........................................79
Une offre de formation continue concentrée et relativement segmentée
79
Une consommation encore modérée de la formation par les pharmaciens titulaires
88
Un investissement dans la FPC, pour les salariés, encore peu développé et principalement orienté sur le cœur de
métier
89
Des pratiques de formation façonnées par les contraintes et les opportunités
93
Des attentes de formation qui attestent une relative adéquation avec l’offre de formation
95
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
2
I- Chapitre 4...................................................................................................................................97
L’état comparatif de la dispensation du médicament en Europe et dans quelques autres pays
de référence ...................................................................................................................................97
Les politiques publiques de santé en Europe ......................................................................................................97
Les pratiques de la pharmacie d’officine en Europe......................................................................................... 103
Malgré une conception commune du métier, une organisation de l’activité et des conditions d’exercice distinctes
selon les pays
103
Des démarcations palpables en termes de contribution, de rémunération et de formation des personnels
110
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE PROSPECTIVE .........................................................................117
II - Introduction ...........................................................................................................................118
II – chapitre 1...............................................................................................................................120
Les grandes orientations en matière de santé publique ...............................................................120
Les enjeux économiques et sociaux : maîtriser les dépenses de santé alors que les besoins de soins
s’accroissent...................................................................................................................................................... 120
La dérive redoutée des dépenses de santé de la France
L’amplification des besoins et attentes sociales en matière de santé publique
120
122
Les moyens projetés : des politiques d’aménagement plutôt qu’une refonte du système................................. 127
La volonté des pouvoirs publics de maîtriser le poste des dépenses de médicaments
Le caractère incontournable d’une implication accrue de l’assurance maladie complémentaire
127
130
Un rôle pour le pharmacien d’officine dans le projet émergent de santé publique ........................................... 133
Un professionnel de santé reconnu comme premier recours et maillon essentiel dans le parcours de soins
133
Des responsabilités et des prérogatives renforcées
135
Un encouragement à l’exercice de toutes les missions officinales — de la part des pouvoirs publics — à rechercher
parmi plusieurs hypothèses
138
II – chapitre 2...............................................................................................................................143
Vers une nouvelle configuration du secteur ................................................................................143
Les conséquences du projet public sur l’organisation globale du secteur......................................................... 143
L’impact d’une convergence progressive, au niveau européen, des politiques de santé et des pratiques de pharmacie
d’officine
143
L’évolution du maillage, par la facilitation de la concentration et du regroupement
144
L’ouverture possible du monopole à d’autres acteurs
146
Des changements prévus dans l’organisation économique et commerciale du secteur .................................... 147
Les évolutions rythmées par les choix des officinaux
Les changements induits en premier lieu par l’environnement
147
150
L’évolution du fonctionnement des officines ................................................................................................... 153
Une recherche de différenciation, d’identité visible
Des évolutions significatives dans l’organisation interne
153
154
L’évolution de la démographie officinale......................................................................................................... 156
Deux vagues successives de départ à prévoir chez les pharmaciens d’officine titulaires et adjoints
Une vigilance indispensable face aux perspectives de renouvellement
156
157
II – chapitre 3...............................................................................................................................160
La problématique de gestion des ressources humaines liée aux évolutions ................................160
L’impact des évolutions probables sur les compétences requises..................................................................... 160
Des compétences à consolider
Des modalités de construction des compétences à optimiser
Un repositionnement probable des acteurs impliqués dans la formation des personnels d’officine
160
161
161
La question des volumes et profils d’emploi utiles........................................................................................... 163
Des volumes stables de personnels officinaux
Des rôles respectifs à préciser pour les différents profils, notamment ceux des adjoints et des préparateurs
163
164
La question de la rétribution des nouvelles missions de l’officine et son impact sur l’organisation et la GRH165
II - Analyse prospective - Conclusion ........................................................................................167
Deux scénarios possibles, entre s’accommoder et choisir...........................................................167
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
3
TROISIEME PARTIE : PRECONISATIONS EN MATIERE DE GESTION DES
RESSOURCES HUMAINES ET DE FORMATION ..........................................................................169
III - Introduction .........................................................................................................................170
Portée et limites du CEP ................................................................................................................................... 170
Sept défis majeurs pour le secteur de l’officine ................................................................................................ 172
III - Chapitre 1 .............................................................................................................................178
Les orientations à privilégier en termes de gestion des ressources humaines .............................178
Les visions et intérêts divergents à réconcilier ................................................................................................. 178
Les angles de vue principaux
Vers une synthèse des points de vue
178
183
Les axes de développement à privilégier, selon la branche .............................................................................. 184
Assumer le renforcement de la complexité des activités, pour tous les profils
184
Recentrer les emplois sur leur cœur de métier propre
185
Repréciser le périmètre des activités du pharmacien
185
Renforcer l’attractivité et redéfinir le contenu du métier pour les deux emplois sensibles : le pharmacien adjoint et le
préparateur
186
Promouvoir une nouvelle répartition des tâches
190
Agir sur un plus grand nombre de leviers de management
191
III - Chapitre 2 .............................................................................................................................193
Les orientations de la formation initiale ......................................................................................193
Les principes généraux qui devraient présider à la révision des cursus............................................................ 193
Développer le lien entre formation initiale et activité en situation professionnelle
Valoriser le débouché « officine » dans les cursus
Mettre en place des passerelles
Prendre effectivement en compte toutes les activités de l’officine
193
197
197
197
Le projet d’action pour la formation initiale des pharmaciens.......................................................................... 198
Le référentiel cible de l’emploi-type de pharmacien d’officine
Les principes organisateurs pour la formation initiale des pharmaciens de la filière officine
Les axes de contenus
Les modalités pédagogiques
198
208
210
212
Le projet d’action pour la formation initiale des préparateurs .......................................................................... 213
Le référentiel-cible de l’emploi-type de préparateur en officine
Les principes organisateurs de la formation initiale des préparateurs
Les axes de contenus
Les modalités pédagogiques
213
220
224
226
III – chapitre 3 .............................................................................................................................228
Les orientations de la formation continue ...................................................................................228
Les orientations pour la formation continue des pharmaciens et des préparateurs
La professionnalisation du management
Les formations visant l’acquisition de nouvelles compétences pour le personnel de l’officine dans son ensemble
Les orientations pour la formation continue des employés « non santé »
Les évolutions souhaitables concernant les contenus et modalités de formation continue
228
228
229
230
230
QUATRIEME PARTIE : PISTES DE REFLEXION ET D’OPERATIONNALISATION.............233
IV - Introduction..........................................................................................................................234
Les rubriques des fiches opérationnelles
234
Les fiches opérationnelles par acteur...........................................................................................236
Fiches destinées aux acteurs de la branche professionnelle.............................................................................. 237
Fiches destinées aux pouvoirs publics .............................................................................................................. 240
Fiches destinées aux acteurs de la formation .................................................................................................... 245
ANNEXES ................................................................................................................................................249
Annexe 1 : les acteurs du CEP.......................................................................................................................... 250
Annexe 2 : les sources documentaires .............................................................................................................. 257
Glossaire ........................................................................................................................................................... 260
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
4
Introduction
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
5
Les enjeux du contrat d’études prospectives
La Commission Paritaire Nationale de l’Emploi (CPNE) de la pharmacie d’officine et l’État
ont estimé nécessaire de réaliser un contrat d’études prospectives (CEP) — à un horizon de
dix à quinze ans — avec trois objectifs principaux :
-
Anticiper les mutations du secteur, en se donnant les moyens de comprendre et
d’interpréter l’impact des réformes annoncées en France et en Europe, les évolutions
politiques, législatives, réglementaires, économiques, démographiques et sociales qui
interviennent dans les perspectives de consommation de médicaments, de suivi des
traitements et de services aux patients et clients.
-
Rendre visibles les modèles émergents d’organisation du travail et de gestion des
ressources humaines, en caractérisant le plus précisément possible l’impact des
évolutions certaines ou probables sur l’organisation du réseau d’acteurs de la santé, sur la
structure des officines, la gestion de leurs activités, la configuration des emplois et des
compétences.
-
Définir les moyens (professionnalisation « in situ », cursus initiaux, formation continue,
système de rétribution et de motivation, perspectives de carrière…) pour préparer à temps
les professionnels à assumer des fonctions renouvelées et renforcer durablement
l’attractivité du secteur.
UN SECTEUR POUR LA PREMIERE FOIS PERPLEXE SUR SON DEVENIR
Une adaptation jusqu’ici sans à-coup aux évolutions
naturelles ou provoquées
Fortes de leur monopole de dispensation des médicaments et d’un maillage serré du territoire,
les pharmacies d’officine constituent en France un acteur incontournable de santé publique et
un secteur en développement constant.
Elles ont su absorber les changements de l’environnement législatif, économique ou
technologique et répondre à l’évolution des demandes et du mode de consommation de leurs
clients.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
6
Des mouvements de regroupement ont été observés, l’éventail de statuts juridiques des
pharmacies s’est élargi, mais ce secteur présente encore, au regard d’autres branches
d’activités, une relative homogénéité de structures.
De la même façon, même si l’implantation en zone rurale ou urbaine ainsi que d’autres
facteurs stratégiques et environnementaux apportent des nuances non négligeables dans les
pratiques et les revenus, l’organisation du travail dans les officines ne révèle pas de grandes
différences : les familles d’emploi sont restées longtemps clairement identifiées, les activités
déployées en officine facilement répertoriables sinon quantifiables, de même que le socle de
compétences nécessaires.
Les pharmacies ont affronté, comme le reste de la société, la complexification générale du
travail : besoin de poly compétence, univers de relation avec le réseau des acteurs de la santé.
En conséquence, le système d’accès aux emplois, très encadré, a suivi un principe
d’adaptation régulière permettant de faire face à des évolutions réelles mais mesurées.
La perspective de changements plus radicaux, déjà amorcés
La période qui s’annonce présente beaucoup plus d’incertitudes. Le durcissement des
politiques de maîtrise des dépenses de santé publique est déjà à l’œuvre : la situation
financière de l’assurance maladie est aujourd’hui critique et l’on ne peut raisonnablement
envisager de l’équilibrer par la seule augmentation des prélèvements obligatoires. La voie qui
s’ouvre est donc plutôt celle de l’optimisation des dépenses.
La réforme de l’assurance maladie devrait générer des conséquences en chaîne sur les
modalités de prise en charge et les attitudes de consommation de médicaments. La recherche
absolue de réduction des coûts surdéterminera l’achat, sans nécessairement le diminuer.
Par ailleurs, un mouvement d’ouverture du monopole s’observe en Europe, interrogeant le
secteur officinal français sur d’éventuels changements dans son organisation globale.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
7
UNE IDENTITE PROFESSIONNELLE AMBIGUË QUI DOIT S’AFFIRMER
Une double vocation : acteur de santé publique et chef
d’entreprise
L’exercice officinal recouvre une double dimension. Le pharmacien d’officine est d’une part
un spécialiste du médicament et à ce titre un professionnel de santé, détenteur d’une expertise
scientifique reconnue et dispensant conseil et accompagnement médicamenteux auprès de la
population grâce à sa position d’interlocuteur de proximité. Il est par ailleurs un chef
d’entreprise auquel incombent de plus en plus de décisions et de responsabilités d’ordre
financier et managérial.
Une fonction commerciale difficilement assumée
Le commerce de médicaments a toujours constitué et constitue encore une dimension
relativement occultée de l’exercice officinal malgré sa réputation particulièrement lucrative et
sa situation de monopole de vente de produits pharmaceutiques. En effet, la représentation
sociale du pharmacien en tant que notable s’appuie sur sa connaissance et son art de la
préparation des substances médicamenteuses, du moins jusqu’à l’arrivée des spécialités des
laboratoires pharmaceutiques, pour se concentrer aujourd’hui sur son rôle dans l’architecture
de santé publique1.
La « noblesse » de la profession ne réside pas dans les perspectives rémunératrices
avantageuses qu’elle est censée promettre et, plus largement, élude les questions relatives à
l’économie de l’officine. Celles-ci s’avèrent pourtant cruciales dans la mesure où elles
déterminent la contribution du pharmacien à la maîtrise et à la réduction des dépenses de santé
publique et impactent le fonctionnement de l’officine.
DES PREOCCUPATIONS IMPORTANTES SUR LE METIER DE PREPARATEUR
Le contenu du travail dans l’officine a beaucoup évolué depuis la création du métier de
préparateur en 1947. La préparation officinale n’occupe désormais qu’une très faible partie de
l’activité, et les tâches des préparateurs se sont diversifiées de façon hétérogène selon les
officines. Le diplôme a été réformé en 1997 et un nouveau référentiel de formation a été mis
au point mais semble ne donner satisfaction à personne.
1
Cf François PUISEUX, Activité et responsabilités du pharmacien, Enquête de l’Académie Nationale de Pharmacie, CNOP
2000, p 4 à 6
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
8
Certains ont pu prédire la disparition du métier. Une majorité s’accorde à dire qu’il y a encore
une vraie place en officine pour le préparateur et qu’il est urgent de redéfinir la profession,
mais de vraies questions se posent sur les orientations à prendre, le niveau de diplôme à
retenir, auxquelles ce CEP s’est attelé. Il s’agit en effet de répondre à des préoccupations
concrètes de prise en charge de l’activité dans les officines à un coût économique adapté tout
en restant en accord avec les exigences d’une profession de santé.
LA NECESSITE DE RENFORCER L’ATTRACTIVITE DU METIER
L’attractivité de l’officine, pour les professionnels du médicament que sont les pharmaciens et
les préparateurs, connaît des fluctuations liées au poids du chômage, à l’implantation
géographique et n’apparaît plus aussi systématique qu’elle a pu l’être dans le passé.
Cette question de l’attractivité se pose avec d’autant plus d’acuité que les perspectives de
départs en retraite massifs induisent à court terme une pénurie d’officinaux touchant plus
particulièrement les zones de faible densité de population pour lesquelles un service de santé
de proximité serait de moins en moins garanti. Or certaines régions éprouvent déjà des
difficultés à recruter, la cession des officines prend du temps dans certains endroits et ne se
réalise pas aux conditions espérées.
Enfin et peut-être surtout, des phénomènes d’évasion ou de turn over commencent à
s’observer, provoquant à juste titre la perplexité du secteur qui doit organiser une contreoffensive.
LA VALEUR AJOUTEE DE CE CONTRAT D’ETUDES PROSPECTIVES
Dans un contexte où les réponses à ces interrogations et problèmes exigent d’être développées
pour assurer le sain développement du secteur dans la décennie à venir, la conduite d’un CEP
apporte une valeur ajoutée spécifique.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
9
Le CEP résulte en effet d’une synergie de volontés :
-
celle de la branche, qui souhaite être éclairée sur elle-même et sur son devenir mais aussi
s’affirmer comme l’acteur légitime pour établir les fondements des réflexions et
négociations qu’elle devra conduire ;
-
celle de la Délégation Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle,
particulièrement attentive à la nature et au volume de l’emploi dans ce secteur, ainsi qu’à
l’évolution des qualifications et des perspectives de carrière pour ses salariés.
Dans le cadre d’un CEP, l’attention se focalise sur l’économie des structures, la réalité
concrète des situations de travail, les évolutions qui devraient les affecter et, surtout, concerne
toutes les composantes de la branche.
Ce point est particulièrement important dans le cas du secteur de l’officine. En effet son
histoire est celle d’une profession libérale incarnée en premier lieu par le pharmacien,
éventuellement par le préparateur, qui s’est rapidement trouvé à ses côtés. Un nombre
croissant de salariés — dénommés sans discernement les « autres employés 2» — demeure un
continent ignoré qui prend pourtant une part active dans le modèle économique de l’officine.
De nombreuses publications s’intéressent aux pharmaciens et aux préparateurs — le cœur de
métier « santé » de l’officine — mais il est plus rare que les activités, qualifications et
perspectives des autres salariés soient étudiées. De ce fait, elles ne sont pas non plus prises en
compte dans les mesures envisagées par le Ministère de la santé — partie prenante,
également, de ce CEP — ces salariés ne relevant pas directement du code de la santé
publique.
En ce sens, le pilotage de ce CEP par le Ministère de l’emploi et de la solidarité constitue un
atout pour la branche, et l’engage à raisonner sur la globalité de ses composantes et non sur
une partie seulement, évitant ainsi de compromettre le réalisme des projections économiques
et sociales.
2
Aucune source statistique ne permet actuellement d’obtenir la représentation quantitative exacte des différentes fonctions
que recouvre cette dénomination.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
10
La démarche d’étude
Engagé à l’automne 2004, ce CEP, le premier pour le secteur de la pharmacie d’officine, s’est
organisé autour de trois grandes phases successives d’investigations3 :
Un état des lieux
Dans cette phase ont été combinées la consultation d’acteurs clés et la synthèse de l’ensemble
des données statistiques et des études qualitatives relatives au secteur et à son environnement,
réalisées par les institutions de référence. C’est sur la base de ce travail qu’ont été produits les
scénarios d’évolution les plus probables.
Une étude qualitative et quantitative auprès du « terrain »
Réalisée auprès de deux échantillons distincts d’officines (l’un pour l’étude qualitative, qui a
donné lieu à des observations sur site prolongées et à une campagne d’entretiens ; l’autre pour
l’enquête par questionnaire), elle a permis d’étudier l’organisation et la répartition du travail,
les activités concrètes réalisées et les compétences requises4, ainsi que les besoins de
compétences et de formation ressentis par les professionnels.
Une analyse experte ciblée sur l’élaboration d’un projet national relatif à la gestion et à
la formation des ressources humaines
Fondée sur l’étude des scénarios d’évolution d’une part, des référentiels d’activités et de
compétences actuels et à venir d’autre part, elle s’est appuyée sur les contributions du comité
de pilotage de l’étude, des « responsables des ressources humaines » du secteur (dans ce
contexte de PME, des employeurs), des enseignants et professionnels de la formation continue
du secteur. Elle a permis de définir les besoins émergents en termes de compétences et
d’envisager les modalités pour les traiter dans un système de formation adapté en
conséquence.
3
La méthodologie de chaque phase est détaillée dans l’annexe 10 du tome II – Données annexes.
4
L’observation et les entretiens ont permis de réaliser un référentiel réaliste des missions, activités et compétences actuellement déployées
dans les officines (cf. annexe 6 du tome 2, données annexes).
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
11
Des réponses en forme de préconisations.
Le champ d’étude d’un CEP n’est jamais clos, le secteur et le monde continuant d’évoluer
pendant que sont conduites les analyses. Ainsi, plutôt que de chercher à apporter des
conclusions à ce travail, le rapport se termine par une partie importante de préconisations —
co-construites par la branche, l’État et Interface — qui ouvrent la voie vers des mesures
opérationnelles mais aussi vers d’autres réflexions, plus précisément circonscrites.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
12
Première partie :
état des lieux
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
13
I - Introduction
Cette première partie se donne pour objectif d’établir un état des lieux du secteur qui soit
suffisamment synthétique et réaliste.
Elle se décompose en quatre grands chapitres :
Le chapitre 1 consiste à présenter le secteur de l’officine tel qu’il fonctionne actuellement en
décrivant le positionnement du pharmacien par rapport au système de santé et au marché du
médicament, l’activité commerciale des officines et ses disparités, la structuration territoriale
et financière du secteur et enfin, les caractéristiques des ressources humaines du secteur
(profils, situation de l’emploi…)
Le chapitre 2 porte sur l’organisation du travail et les pratiques professionnelles au sein des
officines. Il comprend une typologie des officines selon leur positionnement concurrentiel lié
à leur implantation, un répertoire des activités de l’officine et de leur répartition et s’intéresse
à la gestion des ressources humaines (facteurs de motivation, rémunération…)
Le chapitre 3 se consacre plus spécifiquement à l’analyse de la gestion des compétences, qu’il
s’agisse des domaines et des pratiques de formation initiale ou continue.
Le chapitre 4 propose un état comparatif des pratiques d’officine en Europe et dans quelques
autres pays de référence.
Le matériel utilisé dans le cadre de cette première partie s’appuie sur des données statistiques
nationales institutionnelles (INSEE, Cereq, Ministère de la Santé...), des chiffres fournis par la
branche ainsi que sur les éléments recueillis au cours de la seconde phase d’investigation du
CEP, lors des enquêtes qualitative et quantitative.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
14
I - chapitre 1
PRESENTATION GENERALE DU SECTEUR DE LA PHARMACIE
D’OFFICINE
UN POSITIONNEMENT A L’INTERFACE ENTRE SANTE PUBLIQUE ET MARCHE DU
MEDICAMENT
Le rôle du pharmacien d’officine : un acteur au cœur d’un double
système de dépendance
La position du pharmacien d’officine apparaît comme double, située à l’interface du système
de santé publique et du marché du médicament. D’un côté, il se trouve inséré au sein d’un
dispositif qui réglemente non seulement sa fonction mais aussi son activité économique. De
l’autre côté, il se situe pour partie dans la sphère de l’industrie pharmaceutique soumise aux
règles du marché, même si celles-ci sont en partie encadrées par les pouvoirs publics.
Dès lors, cette profession de santé publique s’exerçant sous régime monopolistique n’en
demeure pas moins une activité marchande soumise par conséquent aux impératifs
économiques. Cette position équivoque pose la question de la viabilité économique des
pharmacies et peut expliquer les écarts observés entre officines, notamment en termes de
chiffre d’affaires et de revenu.
Le schéma de la page suivante permet de situer le pharmacien d’officine au sein de son
environnement institutionnel et économique.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
15
I - Chapitre 1
Le pharmacien d ’officine : un positionnement à l’interface
entre sant é publique et march é du m édicament
Sph ère du march é
du m édicament
Sph ère sant é publique
Recherche, veille sanitaire
sociale
Organismes publics et priv és
Médecine
de
ville
Etat
Laboratoires pharmaceutiques
•
Réglementation
du
commerce
de
médicaments
• Fonction de prévention et de veille sanitaire
• Gestion du système de protection sociale
• Administration de l’exercice, du rôle, de la
responsabilité et de la formation des
professionnels de santé
• Réduction des volumes de vente
• Hausse des prix des nouvelles mol
cibl ées et plus complexes
Pharmacie
d’officine
Vente
directe
Structures
hospitali ères
publiques
et priv ées
Syst ème de protection sociale
• Assurance maladie
Régime général et régimes spéciaux
• Assurance compl émentaire
Mutuelle, compagnies d’assurances
privées et instituts de prévoyance
écules plus
• Progression des ventes des g énériques
Grossistes r épartiteurs
• Diminution des volumes
• Hausse de la contribution ACCOSS
Diffusion de savoir-faire
en termes de gestion et logistique
Possibilit é
de partenariat
Groupement de pharmaciens
• Multiplication des ventes directes sur
Vente
directe
les génériques
Légende
« Patient èle »
Encadrement,r églementation
Relation commerciale
• vieillissement de la population
• hausse du niveau d ’exigence (qualit é, s écurit é …)
Coordination dans le cadre
des r éseaux de soins
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
16
Des politiques de santé publique en quête d’efficience
TROIS GRANDS PRINCIPES REGISSANT LES POLITIQUES DE SANTE PUBLIQUE
Les politiques publiques relatives à la maîtrise des dépenses de santé s’articulent autour des
trois grands principes suivants :
-
Le principe de solidarité visant à conserver l’esprit de prise en charge collective de la
santé de chaque citoyen.
-
Le principe d’efficience pouvant se définir comme un arbitrage permanent de l’utilité
d’un médicament ou d’un acte médical par rapport au coût qu’il occasionne.
-
Le principe de lisibilité consistant à disposer d’éléments fiables sur les paramètres des
coûts sanitaires de manière à engager une politique de réduction des dépenses ciblée et
efficace, c’est-à-dire basée et conçue sur un diagnostic pertinent des actes de soins
rapportés à leur « efficience ».
Toutefois, le système de santé publique ne semble pas fonctionner, à proprement parler
comme un « système », c’est-à-dire comme une structure organisée dotée d’instances de
décision et d’information cohérentes et unifiées.
On pourrait attribuer cet état de fait à une sorte de réticence d’ordre culturel à « mesurer » les
actes de soins selon des critères financiers, et donc à procéder à une évaluation économique
de la prestation médicale ou pharmacienne.
DEPUIS 30 ANS, UNE EVOLUTION PAR PALIERS DES DEPENSES DE SANTE
Même si elle constitue actuellement un sujet de préoccupation aiguë, la régulation des
dépenses de santé publique a fait l’objet de mesures politiques depuis pratiquement trente ans.
1976 Plan BARRE : Diminution des remboursements
1977 Plan VEIL : Diminution des remboursements, réduction du nombre de lits
1982 Plan BEREGOVOY : Création du forfait hospitalier, diminution des remboursements
1985 Plan DUFOIX : Diminution des remboursements
1986 Plan SEGUIN : Hausse du forfait hospitalier et des cotisations
1988 Plan EVIN : Exonérations du ticket modérateur, taxe sur la publicité pour les médicaments
1990 Création de la Cotisation Sociale Généralisée (CSG), Marge dégressive lissée (MDL)
1991 Plan BIANCO : Hausse du forfait hospitalier et des cotisations
1993 Plan VEIL : Hausse de la CSG et du forfait hospitalier, Baisse du remboursement des honoraires
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final - mars 2006
17
I - Chapitre 1
1994 Références Médicales opposables (RMO)
1996 Plan JUPPE : Caisse d'amortissement de la dette sociale, Objectif National de Dépenses d'Assurance
Maladie
1997 Seconde vague de RMO
1999 Droit de substitution génériques accordé aux pharmaciens, réforme des MDL (passage de 6 à 2 tranches)
2003 Tarif Forfaitaire de Responsabilité (TFR)
Ces différents programmes se sont avérés être efficaces sur un intervalle de temps limité au
cours duquel les dépenses apparaissent comme effectivement stabilisées pour repartir ensuite
à la hausse. 5
Le graphique ci-dessous6 reflète assez nettement cette évolution par paliers.
Courbe STM :
dépenses
Sans
Ticket
Modérateur
Courbe ATM :
dépenses
Avec
Ticket
Modérateur
5
informations disponibles sur le portail internet sante.gouv,
Rapport du Haut Conseil sur l’avenir de l’assurance maladie,2004
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
6
18
I - Chapitre 1
LES GRANDES REFORMES IMPACTANT LE REVENU PHARMACIEN
Références Médicales Opposables (RMO)
Introduite en 1994, cette mesure est destinée à éviter les prescriptions inutiles ou dangereuses,
inscrites au répertoire des « références médicales opposables » régulièrement mis à jour.
L’objectif vise non seulement à réaliser des économies de remboursement mais aussi à
améliorer la pratique médicale et garantir un meilleur niveau de sécurité sanitaire pour les
usagers.
Les amendes infligées aux prescripteurs en cas de non-respect des RMO sont sensiblement
dissuasives, mais n’ont pas été appliquées avec suffisamment de rigueur.
Marge Dégressive Lissée (MDL)
Cette mesure instaurée en 1991 consiste à réduire le pourcentage de marge au fur et à mesure
que le prix du médicament s’élève.
L’adoption d’une marge dégressive s’explique par l’introduction sur le marché des
médicaments jusqu’ici maintenus au sein de la réserve hospitalière et dont le coût est en
général très onéreux. Dès lors, afin de contenir les prix des spécialités remboursables, le
pourcentage de marge de ces produits a été revu à la baisse.
Néanmoins, si le pourcentage de marge diminue, la marge en valeur demeure tout de même
conséquente étant donné le prix public de tels médicaments.
Le « lissage » de marge s’opère par des tranches de prix successives auxquelles correspondent
des pourcentages de marge de plus en plus réduits. Pour en simplifier l’usage et le calcul, la
marge dégressive lissée est passée de six à deux tranches en 1999.
Médicaments génériques
Il s’agit de spécialités dont le brevet figure désormais dans le domaine public et peut être
exploité sous un autre nom et par un autre laboratoire. Il faut compter 20 ans avant que la
période d’exclusivité commerciale ne s’achève pour un médicament, plus exactement pour sa
molécule également appelée DCI (Dénomination Commune Internationale).
Au bout de cette durée, la spécialité d’origine, appelée également princeps, est susceptible
d’être déclinée en spécialité générique à condition que celle-ci témoigne de la même
composition qualitative et quantitative, de la même forme pharmaceutique (voie et forme
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
19
I - Chapitre 1
d’absorption identiques; ex : gélule, sirop, comprimés) ainsi que de la même bio-disponibilité
(temps d’effet du médicament)7.
Le prix de vente d’un générique est inférieur de 30 à 50% à celui d’un princeps et implique
par conséquent des coûts de remboursement plus modiques. Depuis 1999, les pharmaciens
détiennent le droit de substitution c’est-à-dire la possibilité de convaincre un patient d’opter
pour le générique correspondant au princeps qui lui a été prescrit. En vue de réduire le déficit
de l’assurance maladie, les pharmaciens sont fortement encouragés à la substitution,
notamment par l’intermédiaire de remises avantageuses consenties par les laboratoires.
Tarif Forfaitaire de Responsabilité (TFR)
Lorsqu’un générique n’est pas suffisamment substitué à un princeps, le princeps est
susceptible de passer sous TFR. Le remboursement du princeps s’effectue dans ce cas sur la
base de ce tarif, la différence étant alors acquittée par le client.
7
Critères datant d’avril 1996
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
20
I - Chapitre 1
Un marché du médicament à l’avant-garde des orientations politiques
et sociales
LES GRANDES TENDANCES DU MARCHE DU MEDICAMENT
La relative stabilité du prix du médicament
Entre ces différents acteurs, le prix du médicament se décompose de la manière suivante 8 :
Décomposition moyenne du prix des médicaments
remboursables vendus en 2004
Répartition
3%
Officine
27%
Etat
Etat
6%
Industrie
64%
Industrie
Officine
Répartition
Par rapport aux chiffres de l’année précédente, la part de l’officine augmente légèrement au
détriment de celle de l’industrie (+ 2% par rapport à 2003). Toutefois, ces données s’avèrent
être relativement stables et les écarts observés résulteraient plutôt de bases de calcul
différentes.
Une industrie pharmaceutique s’adaptant aux nouvelles
contraintes réglementaires
Le champ de l’industrie pharmaceutique tend aujourd’hui à se structurer autour de deux
modèles antagonistes.
Le premier correspond au modèle encore en vigueur, c’est-à-dire un médicament, dit
« médicament blockbuster », destiné à un marché de grande ampleur et axé sur des
8
Source : LEEM 2005
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
21
I - Chapitre 1
traitements généralistes. Le second se positionne sur la commercialisation des molécules
davantage spécialisées, donc plus chères, et opérant par définition sur un marché plus
restreint.
Ce second modèle a actuellement le vent en poupe dans la mesure où les politiques de
maîtrise des déficits de santé publique vont dans le sens d’une réduction des volumes de vente
afin de limiter le niveau des dépenses et encouragent en contrepartie l’innovation et la
recherche thérapeutiques, notamment par des prix à la hausse pour les nouvelles molécules
innovantes arrivant sur le marché.
Ceci a pour effet de stimuler fortement les investissements de recherche et développement de
nouvelles molécules quitte à les introduire plus tôt sur le marché de manière à rentabiliser les
coûts de recherche et développement. L’exemple du Vioxx, médicament retiré du marché car
présentant des effets secondaires non décelés dans la phase recherche et développement,
illustre le risque d’un tel modèle commercial fonctionnant en flux tendus.
Le développement des laboratoires génériqueurs bouscule également l’équilibre du marché du
médicament. Auparavant très concentré du fait des coûts d’investissement et des savoir-faire
nécessaires, celui-ci tend à s’élargir avec les fabricants de médicaments génériques qui
n’assument pas les coûts de recherche. Cela permet à de nouveaux entrants9 de se positionner
sur un marché nécessitant des investissements moins prohibitifs qui plus est soutenu par les
pouvoirs publics.
Un nouvel acteur émergeant : les groupements de
pharmaciens
Les groupements sont apparus à la fin des années 60 sous la forme « d’amicales » enregistrées
sous le statut d’Association loi 1901 pour devenir ensuite des sociétés. Leur activité a
commencé à prendre une vocation commerciale à partir du début des années 90, lorsque
l’économie de l’officine s’est dégradée. Néanmoins, leur montée en puissance est
principalement due au passage aux médicaments génériques et à l’exercice du droit de
substitution pharmacien.
9
Parmi ces nouveaux entrants, on recense des laboratoires issus des pays émergents (Teva en Israel, Cipla en Inde) ou
d’unités de production de firmes occidentales délocalisées en Europe de l’Est (Bulgarie, Slovaquie, Roumanie par exemple...)
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
22
I - Chapitre 1
La fonction des groupements est double : d’une part constituer une plate-forme d’achats
groupés et donc plus avantageux, et, d’autre part, offrir aux adhérents des services d’aide à la
vente (gestion des commandes, merchandising…)
Toutefois, les groupements constituent un ensemble très hétérogène et encore en voie
d’unification puisque certains groupements comptent une vingtaine d’adhérents tandis que
d’autres en revendiquent plusieurs milliers. On compterait approximativement un titulaire sur
deux inscrits dans un groupement10.
LE MARCHE DES GENERIQUES
Un marché en progression
Un marché qui a triplé en quatre ans
Accusant à l’origine un retard conséquent sur d’autres pays européens, la France s’est
progressivement orientée vers le passage aux médicaments génériques. En 2004, le répertoire
des génériques représentait 14,7 % du marché du remboursable.
Le marché des génériques a pratiquement triplé en quatre ans, passant de 350 millions d’euros
en juin 1999, date de l’autorisation du droit de substitution, à 1400 millions d’euros environ
en juin 200311.
10
Il s’agit d’une donnée approximative correspondant aux estimations de la profession. (source : site internet du collectif des
groupements de pharmaciens). Toujours est-il que tout le monde s’accorde à dire que les groupements sont amenés à prendre
de plus en plus d’importance.
11
Tome II – Données annexes 1A
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
23
I - Chapitre 1
Le pharmacien d’officine acteur-clé de la substitution
Le taux de progression des génériques s’explique en grande partie en raison de l’intervention
des officinaux dans la mesure où une très grande majorité d’entre eux substitue une boîte sur
deux quand ceci est possible comme le montre le diagramme ci-dessous.12
Une progression somme toute relative…
Cependant, ces pourcentages sont calculés à partir d’un répertoire mobile intégrant
constamment de nouvelles molécules dont le brevet tombe dans le domaine public.
Lorsque l’on raisonne à répertoire bloqué, les génériques se maintiennent mais la part des
princeps chute nettement 13. Cet affaissement s’explique par les réajustements des laboratoires
qui accélèrent l’arrivée de nouvelles spécialités ou font prescrire à l’extérieur du répertoire
par l’intermédiaire des visiteurs médicaux. Ces derniers assurent auprès des médecins la
promotion sur les princeps hors répertoire, neutralisant ainsi la substitution pharmacienne.
De même, il est fréquent que les laboratoires alignent le prix de leur princeps sur celui du
générique correspondant lorsque celui-ci est placé sous TFR. Cet alignement du prix du
12
Source : Enquête économique FSPF 2004.
Comme le montre le diagramme de l’annexe 1D du Tome II – Données annexes
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
13
24
I - Chapitre 1
princeps sur le générique a d’ailleurs pour conséquence de faire regagner au princeps des
parts de marché par rapport au générique 14.
L’ACTIVITE ECONOMIQUE DU SECTEUR
Une prospérité économique qui révèle la capacité d’adaptation du
secteur
UN MODELE ECONOMIQUE DEPENDANT DES POLITIQUES DE REMBOURSEMENT DES
MEDICAMENTS
Des paliers de développement économique ajustés aux
mesures des pouvoirs publics
L’analyse de l’évolution de l’activité économique de l’officine depuis une vingtaine d’année
(cf graphique ci-dessous 15) permet de distinguer trois grandes périodes :
-
La période 1985-1991 correspond à ce que l’on pourrait qualifier « d’âge d’or » de la
profession durant laquelle tous les indicateurs économiques étaient orientés à la hausse.
-
De 1992 à 1998, l’activité économique des officines subit manifestement les effets des
mesures tarifaires destinées à limiter les déficits de l’assurance maladie, notamment
l’introduction de la Marge Dégressive Lissée. En dépit d’une progression du chiffre
d’affaires, la marge commerciale ainsi que l’excédent brut d’exploitation connaissent une
phase de quasi-stagnation.
-
Depuis 1998, la marge commerciale et l’excédent brut d’exploitation repartent à la hausse
et le CA poursuit son accroissement.
14
Comme l’illustre l’historique comparatif des ventes du princeps Surgam et de son générique présenté en annexe 1E.. Le
taux de substitution est également susceptible de varier selon des critères saisonniers et géographiques (cf annexes 1Fa et
1Fb).
15
Source : INSEE 2002
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
25
I - Chapitre 1
Globalement, l’activité économique du secteur connaît une progression régulière s’effectuant
par palier, au rythme des grandes réformes tarifaires, de sorte que certains parlent d’évolution
« stop and go »16.
1ère et 2ème
Références médicales opposables
(RMO) 1994 et 1995
Plan Juppé (Ondam) 1996
et 3ème RMO, 1997
Réforme des marges
dégressives lissées, avril 99
85
86
87
88
89
90
Chiffres d’affaires
91
92
93
94
Marges commerciales
95
96
97
98
99
2000
01
Excédent brut d’exploitation
Source : Insee, Comptes du Commerce
D’ailleurs, ce mode d’évolution par palier se calque sur celui des dépenses maladie,
présentant lui aussi des ralentissements pour repartir ensuite à la hausse.
Le poids dominant des médicaments remboursables dans le
chiffre d’affaires
Cette corrélation s’explique en grande partie par la structure du chiffre d’affaires des
officines17, qui met en lumière la prépondérance de la prescription remboursable. Le
médicament remboursable prescrit représente en effet 74 % du chiffre d’affaires tandis que les
autres ventes correspondent à des prescriptions non remboursables ou non médicamenteuses
ou à des produits non prescrits concentrés dans la parapharmacie.
16
Expression de B. Capdeville, citée par Le Moniteur Annuel 2004
Source : Pharmastat 2004
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
17
26
I - Chapitre 1
Répartition du CA TTC de la pharmacie en 2004
32,6 milliards d’€ 6,1%
able Prescrit
2%
Médicament Non
Rembours
AutreNonPrescrit (non
médicament)
Autre Prescrit (non
médicament)
10%
9%
Non Prescrits
14%
Médicament Remboursable
Médicament Non
Remboursable Non Prescrit
Médicament Remboursable
Prescrit
Non Prescrit
1%
4%
74%
Il s’agit d’un élément assez stable et représentatif du secteur puisque la grande majorité des
pharmacies d’officine réalisent l’essentiel de leur chiffre d’affaires sur les spécialités
remboursables. Les seules exceptions concernent les pharmacies spécialisées dans la
parapharmacie, soit parce qu’elles ont opté pour ce positionnement commercial spécifique et
pratiquent des tarifs attractifs, soit parce qu’elles sont situées dans des zones d’activité
saisonnière (mer et montagne).
DES RESULTATS ECONOMIQUES FAVORABLES MALGRE UNE STABILISATION DES VOLUMES DE
MEDICAMENTS VENDUS ET UNE BAISSE DU TAUX DE MARGE
Malgré le ralentissement observé dans les années quatre-vingt-dix, et même si l’âge d’or des
années quatre-vingt semble révolu, la pharmacie d’officine demeure une activité commerciale
générant un chiffre d’affaires conséquent. À ce titre, le secteur de la pharmacie, et plus
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
27
I - Chapitre 1
largement celui des professions libérales de santé, figurent parmi ceux du commerce de détail
ayant connu le plus fort développement18.
Les résultats les plus récents confirment la prospérité enregistrée depuis presque dix ans alors
même que les pouvoirs publics et l’industrie pharmaceutique se sont accordés pour maintenir
un volume de médicaments constant, afin de minimiser le déficit de l’assurance maladie. 1
Une progression constante du chiffre d’affaires, soutenue
par l’innovation pharmaceutique et la rétrocession
hospitalière
En 2004, le chiffre d’affaires progresse de 6,1 % et s’établit à 32,6 milliards d’euros après
avoir déjà augmenté de 5,6 % en 2003.
Bilan économique de la pharmacie en 2004 19.
Valeur en K euros
Part du CA
Variation annuelle
Chiffre d’affaires
1 400
100 %
+ 6,1 %
Marge commerciale
389
28,1 %
+5%
Salaires et charges
161
11,2 %
+ 8,2%
Résultat net
128
9,1 %
+ 4, 6 %
brute
L’accroissement du chiffre d’affaires s’explique principalement par l’introduction des
molécules innovantes et la sortie des médicaments de la réserve hospitalière.
La pression commerciale des laboratoires et de leurs visiteurs médicaux a permis un
glissement sensible de la prescription vers les molécules innovantes issues de la recherche
pharmaceutique, plus complexes et surtout plus chères (En contrepartie du maintien des
volumes, les prix des molécules innovantes ont été revus à la hausse.)
18
Cf Annexe 2A
Source : Enquête économique 2004, FSPF, menée auprès d’un échantillon de 728 officines sous le statut d’exploitation
individuelle et de SNC (sociétés en nom collectif)
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
28
19
I - Chapitre 1
De même, la sortie croissante de médicaments de la réserve hospitalière vers l’officine
concourre à augmenter le chiffre d’affaires des pharmacies d’officine dans la mesure où il
s’agit également de spécialités plus ciblées et plus onéreuses.
Cet « effet structure » contribue mécaniquement à accroître le chiffre d’affaires des officines,
du fait de l’augmentation de la part de marché des médicaments les plus chers20.
Une marge commerciale en valeur qui s’accroît 21
La bonne santé économique du secteur s’illustre également par l’accroissement manifeste et
régulier de la marge commerciale en valeur des officines depuis 1995 comme le montre le
graphique ci-dessous22. L’effet de reprise à partir de 1997 est particulièrement visible.
Evolution de la marge en valeur ( cumuls mobiles 12 mois )
spécialités remboursables
5,8 Md€
215 M€
194 M€
5,3 Md€
130 M€
Marge brute annuelle HT
198 M€
356 M€
4,8 Md€
16 M€
32 M€
1996
1997
64 M€
112 M€
4,3 Md€
3,8 Md€
3,3 Md€
1995
1998
1999
2000
Marge année précédente
2001
2002
2003
sept.-04
Gain de l'année
Lecture du tableau :
La partie supérieure des colonnes représente la progression par rapport à l’année précédente.
Les marges arrière ou l’opportunité d’accroître les
bénéfices à travers l’exercice du droit de substitution
L’opportunité de réaliser des marges arrière accordées sur la vente des génériques contribue à
dynamiser l’activité commerciale des officines, même si ces marges arrière ne se traduisent
20
Tome II – Données annexes 2B
Il s’agit uniquement de la marge réalisée sur les spécialités remboursables
22
Source : Enquête économique 2004, FSPF
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
21
29
I - Chapitre 1
pas par une augmentation du chiffre d’affaires et n’apparaissent pas dans les données
précédentes.
En effet, ce profit se réalise lors de l’achat direct de médicaments génériques, par l’octroi de
remises commerciales par les laboratoires, très supérieures à celles consenties habituellement
par les répartiteurs et encadrées par les pouvoirs publics.
C’est pourquoi, depuis le 1er janvier 2006, la loi Jacob prévoit désormais l’encadrement des
contrats de coopération commerciale —estimés très approximativement à 300 millions
d’euros23 — avec des remises plafonnées à 20% du prix du médicament.
Mais un taux de marge en baisse…
Malgré la croissance de la marge commerciale, l’activité économique des officines se
caractérise également par une érosion régulière du taux de marge brute sur le médicament
remboursable, et ce depuis plusieurs années. Celui-ci est passé de 29,60% en 1990 à 23,31%
en 2003.24
Ce tassement chronique s’explique par le fait que la marge en pourcentage diminue au fur et à
mesure que le prix des médicaments s’accroît (système de marge dégressive lissée). Ainsi,
l’augmentation de la part de marché des médicaments les plus chers entraîne mécaniquement
la décroissance du taux de marge.
Cette situation incite donc les officines à générer un chiffre d’affaires plus important
qu’auparavant afin d’assurer leur viabilité économique.
23
Source : estimation de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique, 2003
Source : UNPF, « Rapport sur l’évolution économique et la situation de l’emploi en pharmacie d’officine », 2004.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
24
30
I - Chapitre 1
L’absence d’un modèle économique unique de l’officine : des
disparités qui s’expliquent moins par la taille que par l’implantation
géographique de l’officine
DES DISPARITES SENSIBLES DE L’ACTIVITE ECONOMIQUE ENTRE LES OFFICINES
Les différences économiques entre les officines s’illustrent tant du point de vue du chiffre
d’affaires que du taux de marge et de revenu25.
Disparités en termes de chiffres d’affaires
Comme le montre le tableau suivant26, il est possible de dégager trois groupes d’officines
délimités par trois tranches de CA. Pour chacune d’entre elles, on présente le pourcentage
d’officines appartenant à cette tranche ainsi que le pourcentage moyen d’évolution du CA par
rapport à l’année précédente27.
CA compris entre
CA compris
CA compris entre 2 000 et
200 et 800 k euros
entre 800 et
au-delà de 2 800 Keuros
2000 Keuros
Proportion d’officines
Évolution de CA
12,6%
71,8%
15,6
+ 4,7 %
+6,6%
+8,4%
On constate que plus le CA est élevé et plus il tend à progresser.
25
Tome II – Données annexes 2C
Source : Enquête FSPF 2004
27
Tome II – Données annexes 2D
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
26
31
I - Chapitre 1
Disparités en termes de taux de marge
Les données28 ci-dessous présentent les écarts de taux de marge entre les officines du secteur.
Distribution des officines en fonction des taux de marge
30%
31%
100%
87%
90%
80%
70%
25%
Nb d'officines
100%
97%
94%
39% des officines ont un
taux de marge inférieur à
28%
26%
70%
60%
20%
17%
50%
15%
40%
10%
30%
10%
7%
5%
Cumul nb d'officines
35%
20%
3%
3%
3%
0%
10%
0%
<
à2
6
%
de
26
à
27
%
de
27
à
28
%
de
28
à
29
%
de
29
à
30
%
de
30
à
31
%
de
31
à
32
%
>
à3
2
%
Taux de marge
Lecture du tableau :
Le second histogramme en partant de la gauche montre que 10 % des officines affichent un taux de marge
compris entre 26 et 27 % (échelle de gauche).
L’échelle de droite représente le cumul : 39 % des officines (courbe rouge) présentent un taux de marge
inférieur à 28%.
DES VARIATIONS N’AYANT QUE PEU DE RAPPORT AVEC LA TAILLE29 DES OFFICINES…
L’enquête quantitative par questionnaire, réalisée dans le cadre du CEP
30
, permet d’affiner
les données globales et met en lumière l’absence de lien systématique et immédiat entre
l’effectif de l’officine et sa productivité.
…qu’il s’agisse du chiffre d’affaires …
En effet, parmi le panel d’officines, plus de 22% des pharmacies de taille moyenne (de 6 à 10
salariés) réalisent un chiffre d’affaires identique à 48% à celui de leurs homologues de petite
taille.
9% de ces dernières atteignent entre 1,5 et 2 millions de chiffre d’affaires, chiffre d’affaires
que la majorité des officines de taille moyenne ne dépasse pas.
28
Source : Enquête économique FSPF 2004.
La « taille » des officines se rapporte à l’effectif salarié travaillant dans l’officine .
30
Il s’agit d’une enquête par questionnaire, conduite en juillet 2005 auprès d’un échantillon d’environ 200 officines réparties
sur cinq régions différentes, dont la portée et la méthodologie sont détaillées en annexe 10 C du tome 2 - données annexes.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
32
29
I - Chapitre 1
1,6%
Moins de 500 000 €
38,8%
De 500 000 à 1 million
€
6,3%
48,2%
De 1 million à 1,5
million €
22,2%
38,1%
9,4%
De 1,5 à 2 millions €
9,1%
19,0%
De 2 à 2,5 millions €
Plus de 2,5 millions €
13,6%
77,3%
12,7%
3,5%
De 1 à 5
De 6 à 10
Plus de 10
Lecture du tableau : « 38,8% des petites officines – employant entre 1 et 5 salariés – ont un chiffre d’affaires
compris entre 500 000 et 1 million d’euros ».
…ou du taux de marge brut
Entre 11 et 15%
1,6%
4,2%
23,0%
Entre 21 et 25%
8,3%
70,5%
85,4%
100,0%
Entre 26 et 30%
Entre 31 et 35%
4,9%
De 1 à 5
2,1%
De 6 à 10
Plus de 10
Lecture du tableau : « 23% des petites officines – employant entre 1 et 5 salariés – ont un taux de marge brut
compris entre 21 et 25% du CA HT ».
On constate ainsi que seules des officines de moins de 10 salariés atteignent plus de 30% de
taux de marge brut (ce chiffre est à relativiser dans la mesure où les petites officines affichant
un tel taux de marge sont très peu nombreuses, alors qu’une majorité d’officines compte
moins de 10 salariés).
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
33
I - Chapitre 1
12,5% des officines de taille moyenne ont un taux de marge brut inférieur à 25%, comme
25% des petites.
Enfin, 70,5% des petites officines ont un taux de marge brut compris entre 26 et 30%,
analogue à celui de 85% des officines de taille moyenne.
…MAIS DES FACTEURS DE CLIVAGE GEOGRAPHIQUES PERSISTANTS
Sur la base des résultats de l’enquête de terrain, force est de constater que ce sont les facteurs
liés à l’implantation géographique de l’officine qui peuvent davantage expliquer une
performance économique remarquable, même lorsqu’il s’agit d’une petite officine.
La clientèle captive dans les zones de faible densité
Si l’implantation géographique des officines traduit la volonté des pouvoirs publics d’assurer
à tous les Français l’égalité d’accès à un réseau pharmaceutique bien réparti et d’éviter les
dérives concurrentielles, elle implique des zones de monopole dans des zones de faible
densité de population.
Les officines qui y sont implantées s’adressent à une clientèle dite « captive », qui n’a souvent
d’autre choix que celui de s’approvisionner auprès d’un nombre très restreint de pharmacies,
se limitant à une ou deux officines.
Le cas spécifique de l’Alsace et de la Meurthe-et-Moselle31, où la répartition des officines par
densité de population est encore plus limitée - une pharmacie pour 3500 habitants- illustre
particulièrement cette situation puisque que les officines affichent un revenu supérieur à la
moyenne.
L’impact de la zone de chalandise dans les zones de plus
forte densité
En revanche, les établissements localisés en zones urbaines plus denses sont exposés à une
concurrence plus prononcée puisque la clientèle des grandes métropoles dispose d’une
gamme de choix élargie et parfois excessive pour la santé économique des entreprises
officinales.
31
Comme le montre la carte de l’annexe 2C (Tome II – Données annexes)
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
34
I - Chapitre 1
L’incidence de la zone de chalandise est alors significative, puisque ce sont les pharmacies de
centre ville et de centre commercial qui affichent le meilleur taux de marge. 32
Une spécificité méridionale : une consommation
pharmaceutique poussée
Il s’agit d’un phénomène structurel et relativement stable de la géographie pharmaceutique
française. En effet, pour des raisons vraisemblablement liées au nombre et aux
comportements des prescripteurs, les régions du Sud de la France, de l’Aquitaine à la PACA,
font état d’une surconsommation de médicaments par rapport aux autres régions.33
L’ORGANISATION TERRITORIALE ET FINANCIERE DU SECTEUR
Un réseau officinal en perte d’équilibre malgré les quotas
d’installation
LA REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES OFFICINES : UNE REGLEMENTATION QUI N’EVITE PAS
UN DESEQUILIBRE PRONONCE
Une installation encadrée par un maillage territorial
Pour devenir propriétaire d’une officine, il existe quatre possibilités encadrées par la
législation :
-
L’achat d’une officine existante.
-
La création qui est possible de droit lorsque les quotas suivants sont atteints34 :
⋅
une officine pour 2500 habitants dans les communes de moins de 30 000
habitants
⋅
une officine pour 3 000 habitants dans les communes de plus de 30 000
habitants.
Les quotas sont appréciés selon une carte départementale élaborée par une commission
ad hoc réunissant des représentants de la profession et de l’administration. Cette carte
32
Se reporter aux annexes 2E, 2F et 2G (Tome II – Données annexes).
Source : CNOP, voir également « Les disparités interrégionales des dépenses de santé » DREES Etudes & Résultats n°95
décembre 2000
34
Si avant 1999, une voie dérogatoire permettait la création d’une officine lorsque des élus locaux parvenaient à démontrer
un besoin spécifique pour la population, elle a été supprimée depuis l’adoption de la loi du 27 juillet 1999 portant sur la
Couverture Maladie Universelle.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
35
33
I - Chapitre 1
est établie de façon définitive ce qui fige les zones d’attraction alors que la
démographie locale peut évoluer.
Cependant, il a été possible d’établir à partir de ce maillage des « zones blanches »
(correspondant à des zones non desservies) dans lesquelles la création devient possible
de droit s’il s’avère que la population de la zone dépasse 2500 habitants.
-
Le transfert d’un lieu à un autre : la possibilité de transférer une licence d’un
département à un autre est octroyée par le représentant de l’État dans le département,
après avis des syndicats représentatifs de la profession et du conseil régional de l'ordre
des pharmaciens. La réglementation prévoit que le transfert ne doit pas se faire au
détriment d’une officine existante.
-
Le regroupement (loi de juillet 1999) : deux pharmacies peuvent désormais se
regrouper. Les deux licences sont supprimées et les deux structures regroupées sous
une seule licence, mais avec le même nombre de pharmaciens.
Une surconcentration d’officines en zone urbaine, une
diminution du nombre des officines dans les zones rurales35
Malgré les règles de maillage, la répartition géographique des officines se révèle très inégale
puisque l’on assiste à une surconcentration officinale dans les zones urbanisées,
particulièrement en Ile de France, avec en contrepartie une moindre implantation dans les
régions de plus faible densité.
Le tableau suivant36 illustre ce phénomène, puisque les régions Ile de France, Provence Alpes
Côte d’Azur et Rhône Alpes concentrent plus du tiers du nombre total d’officines alors que le
Limousin et la Franche-Comté ne représentent respectivement que 1,5% et 1,9% du nombre
total d’officines.
35
Tome II – Données annexes 3A.
Source : CNOP - Données 2004.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
36
36
I - Chapitre 1
LE NOMBRE D’OFFICINES : UNE STABILITE NUMERIQUE MAIS DES STRUCTURES DE TAILLE
PLUS IMPORTANTE
Un marché en panne de renouvellement
En 2004, on dénombrait en France un total de 22 658 officines pour 27 971 titulaires. Depuis
trois années consécutives, le nombre d’officines décroît, enregistrant en 2004 un solde négatif
de 33 établissements.
Globalement, le nombre des officines a tendance à plafonner depuis les années quatre-vingt
dix alors que le nombre de titulaires continue de progresser.37 Sur la période 2001-2003, le
taux de création annuel d’officines
40
38
s’élève à 5%
39
. De même, la part de renouvellement
s’avère être relativement faible puisqu’elle se monte à 18% pour le secteur des officines
contre 32% tous secteurs confondus et toujours sur la même période.
41
Le nombre de
cessations d’activité (59 en 2003) reste tout de même extrêmement minoritaire par rapport au
volume d’ensemble même s’il traduit le durcissement des conditions économiques.
La taille des officines : le passage à l’officine « moyenne »
Evolution du nombre d'officines par taille
(UNEDIC)
14000
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
1 à 4 salariés
5 à 9 salariés
4
3
20 salariés et
plus
20
0
2
20
0
0
20
0
5
20
0
0
19
9
5
19
9
19
8
19
8
0
10 à 19 salariés
L’examen des chiffres de 1980 à 2000 montre que le nombre d’officines « moyennes »
comprenant 5 à 9 salariés a pratiquement doublé en 20 ans, tandis que les officines de petite
taille sont de moins en moins nombreuses surtout depuis les années 90 (-10% de 1990 à
2000)42.
37
(cf annexe 3B – Tome 2 - Données annexes).
(Part en pourcentage des entreprises créées dans l’année)
39
Source : Céreq Portrait Statistique de Branche
40
(Part des entreprises de moins de cinq ans d’existence)
41
Source : Cereq / Portrait Statistique de Branche
42
Source : UNEDIC 2004
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
38
37
I - Chapitre 1
Un accès à la propriété plus restreint mais le développement d’un
mode d’exercice plus attractif
LE COUT D’ACHAT DES OFFICINES : DES MONTANTS D’ACQUISITION DE PLUS EN PLUS
ELEVES
Le coût d’achat des officines exprimé en pourcentage du chiffre d’affaires connaît
actuellement une stagnation, voire une légère reprise après avoir décru depuis les années 90
où il fallait compter 100% du CA annuel pour acquérir une officine. 43
En 2004, le coût moyen s’élève à 88%, oscillant environ entre 70 et 100% du CA44.Toutefois,
l’accroissement régulier du chiffre d’affaires des officines compense largement l’érosion du
coût d’achat en pourcentage. Concrètement, le prix moyen d’une officine a augmenté de 85%
de 1997 à 200445, ce qui fragilise l’insertion des aspirants titulaires et contribue à la
stagnation du nombre d’officines.
LE STATUT D’EXERCICE : UNE STRUCTURATION FINANCIERE DE PLUS EN PLUS SOUPLE ET
CAPITALISTIQUE
La croissance de l’exercice associé au détriment de
l’exploitation individuelle
Une pharmacie d’officine peut être enregistrée sous les six statuts suivants :
-
Exploitation individuelle
-
Copropriété : regroupement de pharmaciens sur une même officine.
-
SNC : Société en nom collectif qui regroupe des pharmaciens sur une officine mais
enregistrée sous la forme de société.
-
SARL : Société anonyme à responsabilité limitée
-
EURL : entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée, variante « société » de
l’exploitation individuelle.
-
SEL : société d’exercice libéral ;
En 2004, la répartition des statuts d’exercice des officines s’opère ainsi46 :
43
Dans les années 80, ce taux pouvait même atteindre 130% pour les pharmacies situées dans le Sud de la France.
L’annexe 3C (tome 2 – données annexes) détaille le coût d’achat des officines en % de CA selon les régions et fait
nettement ressortir le niveau élevé des montants d’acquisition dans le sud de la France.
45
Source : Anticyp 2004
46
Source : CNOP Données du secteur 2003 et 2004
44
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
38
I - Chapitre 1
Statut
2004
Exploitation individuelle
13 549
Copropriété
289
Société en nom collectif
4 916
SARL
551
SEL
1 888
EURL
1 465
Dans l’ensemble, le secteur s’est structuré sur la base du régime de l’exploitation individuelle
qui demeure encore majoritaire. Actuellement, plus du tiers des officines ont pourtant un
statut de société.
Toutefois, leur nombre diminue d’année en année du fait de l’augmentation des officines
enregistrées sous la forme de société en nom collectif ainsi qu’une montée des sociétés
d’exercice libéral (SEL) qui détient le plus fort taux de progression. 47
La SEL : Un assouplissement des transactions officinales
Le statut de société d’exercice libéral correspond à un mode d’exercice officinal sous la forme
d’une société de capitaux. Il facilite la participation capitalistique et la transmission,
47
Ibid. Le graphique retrace l’évolution des formes juridiques adoptées hors exploitation individuelle.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
39
I - Chapitre 1
notamment dans le cadre familial, et préfigure d’une certaine manière le passage éventuel aux
chaînes de pharmacies, même si ces participations doivent provenir uniquement de
pharmaciens officinaux, afin d’éviter toute intrusion extérieure, y compris des pharmaciens
répartiteurs ou des pharmaciens d’industrie.
En dépit du fait qu’ils autorisent un lancement plus sûr, notamment pour les aspirants
titulaires peu dotés, ces avantages ne sont que temporaires.
En effet, ce modèle se révèle financièrement attractif lors des premières années dans la
mesure où il permet de bénéficier d’une pression fiscale moindre en dissociant les revenus du
travail des revenus du capital. Cependant, le moment de cession de la pharmacie est
susceptible de générer un coût fiscal conséquent et représente un des principaux
inconvénients financiers de cette option.
Il existe déjà un système permettant à des titulaires de détenir des parts dans deux officines
différentes au maximum, celles-ci devant être obligatoirement enregistrées sous la forme de
sociétés.
La promulgation en 2005 de la loi Jacob sur la création et la transmission des PME renforce
l’amorce de cette dynamique capitalistique en facilitant la transmission — particulièrement
dans les cas de relation de parenté — et le regroupement d’officines, l’octroi de parts en
industrie pour les pharmaciens assistants.
LES EMPLOIS ET LES CARACTERISTIQUES DES PERSONNELS DU SECTEUR
Une situation de l’emploi plutôt favorable mais un déficit de visibilité
des emplois de l’officine
LA REPARTITION DES EFFECTIFS PAR TYPE D’EMPLOI : UNE REALITE DIFFICILE A
APPREHENDER
Les pharmacies d’officine se composent de trois principaux profils d’emplois : les
pharmaciens (incluant les titulaires et les adjoints), les préparateurs et les « employés » de
pharmacie regroupant le personnel affecté aux tâches administratives, à la gestion des
commandes ou à l’entretien.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
40
I - Chapitre 1
En termes de répartition géographique, les régions Ile de France et Provence Alpes Côte
d’Azur concentrent ainsi plus du quart des salariés d’officine (26, 2%) et regroupent avec la
région Rhône-Alpes, plus du tiers des salariés (35,5%).
Malgré tout, ces chiffres font également ressortir une surconcentration dans les zones
urbanisées, et notamment en région Ile de France. 48
Hormis les effectifs pharmaciens, il s’avère difficile d’obtenir des mesures de la réalité des
effectifs des officines ; le tableau ci-dessous présente les estimations réalisées dans le cadre
du CEP.
Tableau récapitulatif
148 000 personnes environ exercent dans les pharmacies d’officines qui se répartissent
environ en :
- 28 000 titulaires d’officine 49
- 120 000 salariés.
Les effectifs salariés se répartissent approximativement de la manière suivante :
- 24 000 adjoints 50
- entre 50 000 et 60 000 préparateurs
- 35 000 employés
Près d’un salarié d’officine sur quatre est un « employé ».
Les effectifs de préparateurs : des estimations nettement
supérieures aux données habituellement avancées
En 2005, l’effectif total des préparateurs en officine n’est pas connu précisément et fait l’objet
d’estimations variant de 35 00051 à 60 000 52.
48
Tome II – Données annexes 4A
Source : CNOP 2004
50
Ibid
51
Source cahier des charges du CEP : estimation pour 2002
52
Source : estimation réalisée par Porphyre en 2005
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
49
41
I - Chapitre 1
Selon le recensement effectué par l’INSEE en1999, les officines comptabilisent 42 037
préparateurs.
L’INSEE ne disposant pas encore des données issues du recensement 2005, projectives
s’appuyant sur les résultats de l’enquête quantitative réalisée au cours de l’été 2005 ou sur les
données 1999.
1ère estimation à partir de l’enquête quantitative du CEP
L’enquête qualitative recense 470 préparateurs répartis sur 169 officines soit 2,781
préparateurs par officine. Les 22 658 officines françaises regrouperaient ainsi près de 63 000
préparateurs.
2ème estimation à partir d’une projection des données de 1999
Il est possible de projeter les données 1999 des effectifs préparateurs en se basant sur
l’évolution des effectifs salariés d’officine.
Ces derniers sont passés de 105 900 en 1999 à 119 954 en 2004, soit une progression de
13,27%. Si l’on applique ce pourcentage d’évolution à la population des préparateurs on
obtient un effectif estimé à 56 000 préparateurs environ pour un taux de croissance identique.
En tenant compte de ces deux projections, le nombre de préparateurs en officine en 2005 peut
être estimé à 60 000 personnes environ, autrement dit la moitié des effectifs salariés.
Les employés d’officine composés majoritairement par les
rayonnistes et le personnel d’entretien
À l’instar des préparateurs, les effectifs des employés ne font l’objet d’aucune mesure
officielle.
Les éléments issus de l’enquête quantitative permettent d’estimer les effectifs d’employés à
32 700 personnes53 .
Parmi ces employés, les professions les plus représentées correspondent à des métiers
d’entretien ou de rayonniste.
Répartition des employés d’officine à partir des résultats de l’enquête quantitative
53
Cette estimation corrobore les résultats précédents qui indiquent : Nombre salariés- Nb adjoint- Nb préparateurs = 35 000
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
42
I - Chapitre 1
Personnel d’entretien: 10 400
Rayonnistes : 6700
Vendeurs : 4 700
Secrétaires : 4 400
Comptables : 2 000
Conditionneurs : 1 200
Autres : 3 300
Les employés « autres » se composent des aides préparatrices, des responsables marketing et des achats, des
responsable administratifs
Des effectifs salariés non négligeables ? les apprentis
préparateurs
Les effectifs d’emploi ne tiennent pas compte des personnes en contrat d’apprentissage dans
le cadre du Brevet de préparateur.54
Cette population n’apparaît pas explicitement dans les statistiques nationales disponibles,
mais l’enquête qualitative permet d’estimer le nombre d’apprentis à 12 000 personnes
environ.
Néanmoins, bien qu’en situation d’apprentissage de leur métier, ils contribuent également à
l’activité de l’officine.
Sans incriminer ni dédouaner les employeurs dans leur ensemble en concluant à des
comportements généralisés, il faut souligner que le cadrage insuffisamment précis du régime
d’emploi des apprentis est susceptible de laisser une place à des situations abusives.
En revanche, des enquêtes quantitatives sur des échantillons restreints apportent un éclairage
sur l’insertion professionnelle des apprentis. L’enquête IPA réalisée par le Cereq55 montre
54
Les étudiants en pharmacie ont la possibilité de travailler en officine à partir de la troisième année validée et peuvent
délivrer sous contrôle du pharmacien.
55
Enquête IPA Cereq-Iredu/CNRS réalisée en 2004 auprès de 137 apprentis 7 mois après la sortie du contrat d’apprentissage
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
43
I - Chapitre 1
notamment que 56% des apprentis sont embauchés dans leur entreprise formatrice pour un
taux d’emploi de 94%, en CDI pour 74% des répondants.
D’autre part, le CFA Planchat réalise chaque année une enquête sur l’insertion professionnelle
des apprentis. Malgré le faible nombre de répondants56, celle-ci semble être plutôt
satisfaisante. En effet, sur les 39 répondants, 28 ont mis moins d’un mois pour trouver un
emploi. On compte 29 CDI pour 7 CDD. Près de la moitié d’entre eux ont été embauchés
dans l’officine au sein de laquelle ils ont effectué leur alternance tandis que les autres sont
passés par les offres d’emploi parues dans les journaux professionnels (11 personnes) ou ont
procédé par démarchage direct auprès des pharmacies (7 personnes).
UNE SITUATION DE L’EMPLOI FAVORABLE
Une croissance régulière des effectifs salariés
Sur le long terme, l’évolution des effectifs salariés est en progression régulière.
En effet, le taux de croissance annuel moyen des effectifs salariés est passé de 1,3% sur les
années 1994-1996 à 3,3% sur les années 2001-2003. À titre comparatif, ce taux s’élevait à
1,2% tous secteurs confondus sur cette dernière période. Concrètement, les effectifs salariés
sont passés de 105 900 en 1999 à 119 954 en 2004, soit une progression de 13,27%57.
Un taux de chômage relativement bas
La pharmacie d’officine représente un secteur d’emploi relativement pérenne par rapport aux
autres dans la mesure où il s’agit d’un exercice bénéficiant d’un monopole et dont les marges
sont fortement encadrées. C’est une des raisons pour lesquelles le niveau des courbes de
demandeurs d’emploi des métiers d’officine reste très en deçà de celui observé dans d’autres
secteurs économiques.
En 2004, seuls 1000 pharmaciens et 2000 préparateurs
58
sont recensés comme demandeurs
d’emplois
À l’inverse, certaines les officines connaissent des difficultés de recrutement, tout
particulièrement, celles qui sont implantées en zone rurale ou dans les petites et moyennes
villes de province.
56
Enquête réalisée en 2003. Sur 229 questionnaires distribués par le CFA, 39 questionnaires dûment remplis ont pu être
collectés.
57
Tome II – Données annexes 4B.
58
Source ANPE, 2004, taux de demandeurs d’emploi de catégorie 1
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
44
I - Chapitre 1
UN RECOURS AU CONTRAT A DUREE DETERMINEE EN PROGRESSION
Le secteur de la pharmacie d’officine se caractérise59 par une part de contrats à durée
déterminée (CDD) en progression plus forte que celle de la moyenne des autres secteurs.
Pharmacie
Tous secteurs
Part des CDD
1994-1996
4,7%
5,2%
2000-2002
6,8%
6,0%
L’enquête quantitative permet d’apporter des éléments plus récents qui indique que la part des
salariés en CDD atteindrait 14,9%. En revanche, le niveau de recours à l’intérim, bien qu’il
progresse légèrement, demeure pratiquement nul 60.
LE RECOURS PRONONCE, PARFOIS PRIVILEGIE, AU CONTRAT A TEMPS PARTIEL61
Le poids des temps partiels au sein des officines est pratiquement deux fois plus important
que le taux moyen62.
Temps Partiel
15 à 29 heures
moins de 15 h
Pharmacie
1994-1996
28,2%
15,4%
5,1%
2000-2002
29,3 %
16,8%
4,3%
Tous secteurs
1994-1996
15,4%
9,8%
1,9%
2000-2002
16,1%
9,8%
2%
Les résultats de l’enquête quantitative mettent en évidence des chiffres assez proches : la part
des effectifs à temps complet s’élève à 69,3%. La part des 30,7% restant se décompose en
24,8% de personnes ayant opté pour un régime à temps partiel tandis que 5,8% jugent qu’il
s’agit d’une situation imposée.
59
Sources - CEREQ,
Source : CEREQ,
61
Tome II – Données annexes 4B
62
Source : CEREQ,
60
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
45
I - Chapitre 1
Des personnels d’officine, majoritairement jeunes, qui se sont
féminisés
L’AGE DES PERSONNELS63
Un léger vieillissement apparent
L’analyse des âges de l’ensemble des professions d’officine, employeurs et salariés
confondus, fait apparaître un léger vieillissement avec un accroissement des personnels de 50
ans et plus64.
Âge
Part des :
Moins de 25 ans
25 à 29 ans
30 à 39 ans
40 à 49 ans
50 ans et plus
Secteur
1994-1996
11,4%
13,2 %
31,7 %
29,6 %
14,1 %
2000-2002
10,9 %
15,1 %
28,0 %
28,1 %
17,9 %
Tous secteurs
1994-1996
8,0 %
14,2 %
30,1 %
29,0 %
18,8 %
2000-2002
8,6 %
12,7 %
28,9 %
27,8 %
22,0 %
Mise à part cette caractéristique, ces données ne semblent pas faire ressortir des changements
marqués concernant l’âge de la profession qui apparaît comme stable.
L’enquête quantitative précise que les titulaires sont majoritairement plus âgés que les salariés
répondants puisque près de 70% ont de 46 à 66 ans.
Les salariés répondants des officines sont majoritairement plus jeunes que les titulaires,
puisque plus de 56% ont moins de 35 ans.65
Les trois âges de la profession
Dans l’ensemble, il apparaît que l’âge varie de manière inversée par rapport à la catégorie
socio-professionnelle dans la mesure où la population cadre est vieillissante tandis que
l’effectif non-cadre se caractérise par sa jeunesse. On pourrait même parler de trois âges pour
les métiers d’officine si l’on examine les âges moyens des pharmaciens titulaires, des
pharmaciens adjoints et du personnel non-cadre.
63
Tome II – Données annexes 4C
Source : Cereq
65
Il est possible que les jeunes salariés aient été plus motivés que leurs aînés pour répondre
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
64
46
I - Chapitre 1
Les pharmaciens titulaires présentent le contingent le plus âgé, suivis par les pharmaciens
adjoints qui se situent entre deux âges, les préparateurs et les employés étant les plus jeunes.
Âge moyen
Âge médian
Titulaire
48 ans
48 ans
Adjoint
40 ans
40 ans
Non cadre
36 ans
33 ans
Lecture : les non cadres ont en moyenne 36 ans, la moitié des non cadre est âgée de moins de
33 ans.66
S’il est actuellement question de remédier au taux de fuite des préparateurs67 et de parvenir à
une meilleure fidélisation des adjoints, le problème du renouvellement de la profession
pharmacienne se pose de manière tout aussi cruciale.
Dans les deux cas c’est bel et bien l’attractivité, et par conséquent l’avenir, des métiers
d’officine qui se jouent dans ces questions.
UN TAUX DE FEMINISATION ELEVE
Le taux de féminisation de la profession dans son ensemble est sensiblement plus élevé que la
moyenne des autres secteurs et représente environ 75% des effectifs.68
Sexe
Part des femmes
Secteur
1994-1996
77,6 %
2000-2002
76,1 %
Tous secteurs
1994-1996
2000-2002
40,6 %
41,3 %
L’évolution de ces chiffres fait apparaître que les métiers d’officine sont en voie de
féminisation, y compris pour les professions cadres (63% d’hommes sont répertoriés dans les
catégories cadres en 2000-2002 contre 69% en 1994-1996).
Catégories socioprofessionnelles
Non salariés
Cadres
Professions intermédiaires
66
Structures des emplois occupés
par des hommes
(1994-1996)
(2000-2002)
ns %
ns %
69 %
63 %
26 %
30 %
Structures des emplois occupés
par des femmes
(1994-1996)
(2000-2002)
ns %
ns %
35 %
30 %
39 %
48 %
Ce tableau est issu du recoupement de plusieurs sources (CNOP, Cereq, Cahier des charges CEP, Enquête quantitative) et
constitue davantage une indication plutôt qu’une série de données exhaustives.
67
Selon le syndicat FO Pharmacie se référant à une étude au sein d’un CFPP, ce taux de fuite s’élèverait environ à 40%
environ au bout de quelques années d’exercice en officine. En se basant sur une enquête menée par ses propres soins, M.
Bury, président du groupement de l’Initiative française du marketing officinal (IFMO), recense un taux de fuite de 10% pour
la région de Strasbourg, ce qui constitue selon lui un phénomène inédit jusqu’alors. Même si le manque d’attractivité de la
profession ne fait aucun doute, ces chiffres mériteraient d’être complétés au niveau national.
68
Source : Cereq
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
47
I - Chapitre 1
Employés
Ouvriers qualifiés
Ouvriers non qualifiés
Ensemble secteur
4%
0%
%
100 %
3%
1%
2%
100 %
20 %
1%
5%
100 %
16 %
0%
6%
100 %
(Source : Cereq)
On relève également une proportion grandissante de femmes parmi les effectifs pharmaciens,
plus particulièrement chez les adjoints et dans une moindre mesure chez les titulaires. Sur les
27 971 titulaires d’officines on compte 46,33% d’hommes pour 53,67% de femmes. En ce qui
concerne les adjoints, les effectifs féminins sont largement majoritaires avec 82,63% contre
17,38% d’effectifs masculins.
Les données issues de l’enquête qualitative donnent une indication sur le taux de féminisation
des salariés près de 90%, et de 51 % chez les employeurs.
UNE ANCIENNETE DES PERSONNELS DE MOINS EN MOINS CONSEQUENTE
Ancienneté dans l’entreprise
Moins d’un an
Moins de 5 ans
10 ans et plus
Secteur
1994-1996
12,7%
45,5%
34,8%
2000-2002
15,3%
45,7%
36,0%
Tous secteurs
1994-1996
14,7%
42,2%
39,2%
2000-2002
17,4%
45,7%
38,3%
Les chiffres du tableau ci-dessus69 montrent que la pharmacie d’officine constitue un domaine
d’exercice où l’ancienneté professionnelle est plus faible que d’ordinaire. En effet, la part des
salariés présentant une ancienneté de 10 ans et plus est toujours inférieure à celle observée en
moyenne dans les autres secteurs même si l’écart tend à se réduire.
La stagnation des effectifs de moins de dix ans d’ancienneté pointe les difficultés liées à la
fidélisation d’une partie du personnel.
En effet, l’accroissement des parts des autres catégories d’ancienneté montre, d’une part, que
les effectifs les plus anciens ont tendance à prolonger leur présence dans l’officine et, d’autre
part, que l’officine enregistre davantage de nouvelles arrivées. Le problème se pose lorsque
quelques années passent, et que les « nouveaux arrivants d’hier » sont plus nombreux
69
Source : Cereq
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
48
I - Chapitre 1
qu’auparavant à quitter l’officine au bout de quelques années d’exercice comme l’indique la
stagnation des effectifs de moins de cinq ans, alors que les autres parts s’accroissent.
L’enquête quantitative tendrait à montrer que l’ancienneté professionnelle s’est encore érodée
puisque, d’après ses résultats, la part des moins de 5 ans d’ancienneté se situe à 50% et celle
des plus de 10 ans à 31,5%.
UN TURN OVER PLUS FREQUENT
Secteur
1994-1996
Taux de rotation de la main-d’œuvre
26,0%
dont établissements de moins de 50 salariés 25,3%
Ratios Entrées / Sorties
2000-2002
34,9%
33,8%
dont établissements de 250 salariés et plus
Part des entrées sur CDI
Part des entrées sur CDD
Part des sorties sur fin de CDD
Part des sorties par démission
26,2%
66,4%
48,6%
26,3%
37,2%
56,7%
43,4%
36,7%
Tous secteurs
1994-1996
34,9%
37,6%
25,1 %
21,9%
69,6%
57,6%
16,2%
2000-2002
41,6%
42,5%
33,8 %
28,5%
63,1%
52,8%
22,2%
Si l’on s’en tient au secteur de l’officine, ce tableau70 met en avant un accroissement sensible
du taux de rotation de la main d’œuvre passant de 26% pour la période 1996-1998 à 34,9%
pour celle de 2000-2002.
Cette augmentation est également visible dans d’autres secteurs, mais diffère dans la mesure
où les renouvellements de main d’œuvre de l’officine s’opèrent plus fréquemment sous la
forme de CDI et que la part des sorties s’effectuant par démission est plus importante en
officine. Ces conditions d’entrée et de sortie « préférentielles » confirment la situation de
pénurie relative des salariés et font également ressortir les problèmes d’attractivité et de
fidélisation du personnel.
UNE MOBILITE A SENS UNIQUE POUR LES PHARMACIENS, PLUS DIVERSE POUR LES AUTRES
SALARIES
L’enquête menée par la DREES sur les trajectoires professionnelles des pharmaciens en
200571 révèle que la mobilité professionnelle est surtout importante pour les salariés en début
70
Source : Cereq
Marc COLLET, Les Pharmaciens en France : situation démographique et trajectoires professionnelles DRESS n°437
octobre 2005
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
49
71
I - Chapitre 1
de carrière. Le schéma de mobilité le plus courant se fait vers l’officine puisque chaque
année, près de 20 % des pharmaciens de moins de 30 ans quittent leur secteur pour devenir
adjoints d’officine alors qu’ils ne sont que 8 % à quitter ce secteur72.
Dans ce sens, l’officine représente une base refuge vers laquelle on peut toujours revenir et
dont il est difficile de s’extraire, la perspective la plus favorable étant de devenir titulaire.
L’enquête quantitative souligne que les parcours dénotent aussi une volatilité des salariés,
puisque plus de 62% ont travaillé dans d’autres pharmacies (dont 10% dans plus de 5
pharmacies).
Une rémunération des emplois contrastée et peu attractive
73
UNE MASSE SALARIALE
EN PROGRESSION
La masse salariale du secteur de la pharmacie d’officine s’élève approximativement à 2
milliards d’euros pour l’année 2003 (cf le diagramme ci-dessous74). Comme l’on pouvait s’y
attendre celle-ci progresse régulièrement étant donné l’augmentation des effectifs salariés.
Masse salariale (millions d'euros)
2 500
2 000
1 500
Masse salariale
1 000
500
0
1998
1999
2000
2001
2002
2003
La part de la masse salariale cadre croît davantage que la part non-cadre75. De 1999 à 2002 la
part des salariés cadres enregistre une progression de 47% tandis la part des non cadre
n’augmente que de 17%.
72
Marc COLLET, Les Pharmaciens en France : situation démographique et trajectoires professionnelles DRESS n°437
octobre 2005
73
Grille des salaires (selon le point) : cf. annexe 4B – Tome II – Données annexes
74
UNPF / Rapport sur l’évolution économique et la situation de l’emploi en pharmacie d’officine
75
Les constats sur l’accroissement respectif de la masse salariale des cadres et des non cadres sont obtenus par le croisement
entre les données de l’enquête annuelle UNPF sur la situation de l’emploi en officine et les données disponibles auprès du
groupe Mornay.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
50
I - Chapitre 1
Cette différence peut s’expliquer en partie par l’augmentation du chiffre d’affaires des
officines et de l’obligation réglementaire de recruter un pharmacien adjoint en fonction de la
progression du chiffre d’affaires.
UNE REMUNERATION PEU ATTRACTIVE
L’enquête quantitative précise que près de 65% des salariés perçoivent un salaire mensuel net
inférieur à 1 500 € (salaire rapporté à un ETP), avec une forte concentration entre 1000 et
1500 euros pour près de la moitié des répondants.
25. 9-Salaire mensuel
15,2%
Moins de 1000 €
49,3%
Entre 1000 et 1500
€
Entre 1500 et 2000
14,4%
€
15,9%
Entre 2000 et 2500
Entre 2500 et 3000
4,1%
€
1,1%
Plus de 3000 €
0%
13%
26%
39%
52%
Les éléments fournis par l’enquête quantitative permettent également de décliner les revenus
par type d’emploi salarié. Le diagramme ci-dessous fait ressortir deux groupes de salariés : les
préparateurs (de 1000 à 1500 euros) et les assistants de 1500 à 2500 euros). Les résultats
indiquent également que 78,2% des préparateurs répondants ont un salaire mensuel compris
entre 1000 et 1500 € et que près d’un tiers des pharmaciens adjoints gagnent entre 1500 et
2000 euros.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
51
I - Chapitre 1
Moins de 1000 €
5,7%
9,2%
38,9%
86,7%
55,6%
13,3%
78,2%
Entre 1000 et 1500 €
6,8%
Entre 1500 et 2000 €
27,3%
Entre 2000 et 2500
Entre 2500 et 3000 €
Plus de 3000 €
10,6%
45,5%
11,4%
3,4%
Pharmacien
1,4%
0,7%
5,6%
Préparateur
"Autres
employés"
Apprenti,
élève
préparateur ou
autre contrat
en alternance
Les résultats de l’enquête de terrain soulignent les disparités déjà connues de rémunération
entre les préparateurs selon l’implantation de l’officine qui peut impliquer des conditions de
recrutement différentes. À cet égard, un préparateur bénéficiera d’une négociation de
rémunération plus avantageuse dans une officine située à Paris.
D’autre part, force est de constater les différences de revenus entre les pharmaciens titulaires
et salariés puisque le revenu brut moyen pour un pharmacien titulaire s’élève à 120 000 euros
par an en 2001.
Dans un contexte où la possibilité d’acquérir une officine est restreint, la question de la
rémunération de l’adjoint s’avère plus cruciale. C’est dans cette perspective que l’accès des
adjoints à des parts en industrie est aujourd'hui envisagé.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
52
I - chapitre 2
L’ORGANISATION DU TRAVAIL ET DES PRATIQUES
PROFESSIONNELLES AU SEIN DE L’OFFICINE
LA TYPOLOGIE DES OFFICINES SELON L’ORGANISATION DU TRAVAIL
En dehors de la taille, un seul critère réellement décisif pour le
choix de l’organisation du travail : le positionnement
concurrentiel
Si plusieurs critères permettent de structurer la description des pharmacies, un seul
d’entre eux – en dehors de l’effectif – semble absolument déterminant dans le choix de
l’organisation du travail qui s’avèrera viable pour une officine : il s’agit de la présence
ou de l’absence d’une concurrence à proximité.
Plus la concurrence est faible (la zone rurale à faible densité de population représentant
le point de plus faible concurrence), plus le mode organisationnel s’impose : petite
officine offrant toute la gamme des services mais au minimum puisque la clientèle est
captive, l’effectif réduit, les astreintes compensées par une amplitude limitée des
horaires d’ouverture.
Plus la concurrence est élevée, plus le choix est ouvert : plusieurs types de services et
d’organisation sont alors possibles dans un même environnement, mais il est impératif
pour se maintenir et se développer d’avoir une stratégie pertinente et de savoir se
différencier. Le type de structure, le nombre et la qualification des salariés,
l’organisation du travail dépendront alors étroitement du projet personnel du ou des
titulaires et de la stratégie commerciale déployée.
Le développement probable, à moyen terme, de commandes par internet et du portage à
domicile pourrait relativiser ce constat, avec la possibilité de fidéliser une clientèle
indépendamment des critères liés à l’implantation (environnement de proximité,
concurrence).
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
53
I - Chapitre 2
Mais actuellement, si la capacité d’investissement, les quotas et contraintes numériques
d’installation (en nombres de pharmaciens) restent déterminants lors d’une acquisition,
le développement de l’officine dépend encore largement de la vision entrepreneuriale et
de la finesse stratégique des titulaires. Hormis en zone rurale et même si les grands
types d’organisation restent aujourd’hui limités en nombre, des configurations assez
nuancées peuvent coexister.
Cinq modèles d’officines selon l’implantation et l’activité
développée76
LA PETITE OFFICINE RURALE POLYVALENTE
Les officines implantées en zone rurale comportent un effectif réduit77. Les services de
proximité qu’elles sont appelées à rendre imposent le type de pratique et d’organisation
à développer, même s’il peut y avoir des nuances à la marge. Elles ont obligation de
constituer le premier recours en matière de santé et d’apporter à peu près toute la
gamme des services. Comme toutes les petites officines, elles n’ont pas intérêt à
développer de la parapharmacie (elles ne peuvent concurrencer les grandes surfaces)
mais doivent pour leur clientèle proposer quelques produits de première nécessité dans
ce domaine.
Leur clientèle est régulière, fidèle, diversifiée autant que la zone elle-même le permet
(la pharmacie constitue quasiment un point de passage obligé pour tous) et connue des
pharmaciens.
Le niveau de polyvalence des employés est d’autant plus important que les effectifs sont
réduits, la polyvalence incluant le plus souvent les activités du titulaire lui-même.
Les amplitudes horaires sont souvent plus réduites qu’ailleurs, avec une coupure
méridienne. En revanche, le titulaire est généralement contraint à une présence
76
Cette typologie est établie à partir des résultats de l’enquête qualitative sur le terrain.
L’échantillon de l’enquête qualitative ne comporte pas d’officine ayant un effectif de moins de 5 salariés, y
compris parmi les petites officines rurales observées, En revanche, l’enquête quantitative et d’autres sources attestent
ce constat.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
54
77
I - Chapitre 2
permanente, avoisinant les 70 heures par semaine (pour permettre le respect de la
réglementation). On comprend dans ces conditions que le modèle ne soit plus vraiment
attractif, malgré un chiffre d’affaires garanti et assez conséquent (mais voué à une
relative stabilité).
LA PETITE OFFICINE POLYVALENTE URBAINE
Ce type d’officine correspond à la petite pharmacie de quartier. L’essentiel de l’activité
marchande se concentre sur la vente de médicaments remboursables (surtout dans les
quartiers modestes) ou de spécialités de conseil. Ces officines ne proposent que très peu
de parapharmacie, n’ayant pas la capacité de concurrencer les officines plus grandes, les
structures spécialisées ou les grandes surfaces. Leur bon fonctionnement repose sur la
qualité des relations avec la clientèle et la bonne gestion des commandes.
La nature du conseil et des produits offerts varie en fonction des dominantes de la
population locale (populaire, âgée, jeune, immigrée, aisée…). Plus l’environnement est
populaire, plus le chiffre d’affaires se réalise autour du remboursable et pour des
pathologies sérieuses.
Dans cet environnement, fidéliser la clientèle suppose de fidéliser le personnel de
manière à construire dans la durée une relation de proximité. Faire en sorte que les
personnes qui entrent dans la pharmacie soient reconnues et éprouvent le désir d’y
revenir impose d’entretenir une relation de familiarité, ce qui invite à conserver
durablement le même personnel.
La polyvalence des employés prévaut dans ce type d’officines : « tout le monde fait de
tout » et « chacun doit savoir tout faire » du back-office de réception des stocks au
comptoir en passant par le préparatoire. Toutefois, lorsque le flux de clientèle le permet,
on constate que les personnels s’orientent vers des postes et des activités précises pour
des raisons de convenances personnelles. Par exemple tel ou tel demeurera au comptoir
par goût du contact avec les usagers, un autre affectionnera plus particulièrement les
taches de préparation, ou un autre délaissera les activités informatiques.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
55
I - Chapitre 2
Dans les grandes villes, où la clientèle est plus volatile et la concurrence plus rude avec
souvent des pharmacies en excès, ces officines de quartier se voient dans l’obligation
d’élargir l’amplitude horaire : les actifs « consomment » volontiers à proximité de leur
lieu de travail, et, si l’on souhaite conserver leur clientèle, il convient d’ouvrir tôt et de
fermer tard pour leur permettre de s’approvisionner à leur départ ou leur retour du
travail. Compte tenu d’un effectif assez réduit qui ne permet pas une grande flexibilité,
cela peut conduire parfois à imposer des coupures méridiennes longues et des horaires
peu attractifs. Là encore, c’est souvent le titulaire qui doit assumer ces plages horaires,
s’il veut conserver ses employés.
LA PETITE PHARMACIE SPECIALISEE URBAINE
En milieu urbain et en fonction de la localisation, de petites officines développent à
côté des services classiques une spécialité liée à la proximité d’un hôpital, d’une
maison de retraite, d’un cabinet d’orthopédie médicale ou à l’évolution constatée du
rapport au bien-être et des modes de consommation…
Dans ce cas, la polyvalence est toujours de mise pour l’essentiel de l’activité. La
spécialisation peut reposer elle aussi sur une spécialisation partagée par le titulaire, un
adjoint et un préparateur. Mais il
arrive qu’une seule employée spécialisée (par
exemple en dermo cosmétique, en diététique) – éventuellement un prestataire ponctuel –
parvienne à faire la différence et à augmenter les ventes liées à la spécialisation de façon
significative.
Cette spécialisation repose sur une analyse fine de l’environnement et/ou sur un
marketing et un merchandising actifs et subtils, capables selon le type d’activité
spécifique d’attirer une nouvelle clientèle ou d’inciter la clientèle habituelle à
consommer davantage.
LA GRANDE OFFICINE MULTI-SPECIALISEE URBAINE DE TYPE « DRUGSTORE »
Plusieurs des officines observées relèvent de cette catégorie, qui, si elle est encore
largement minoritaire, correspond à un modèle en développement. Ces pharmacies sont
implantées à des endroits souvent stratégiques à fort passage (zones de bureaux,
quartiers très commerçants, galeries marchandes, gares…).
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
56
I - Chapitre 2
Toutes les activités de l’officine y sont réalisées ou sous-traitées. Toutes les spécialités
y sont représentées, la parapharmacie y est très présente. Elles offrent généralement un
aménagement à l’esthétique travaillée, fonctionnel78 pour le public et pour les employés
(comptoirs spécialisés, légers, séparés et nombreux, présence de caisses rapides…). La
parapharmacie est parfois totalement dissociée de la pharmacie avec un espace alloué
important et un personnel dédié.
De même, l’espace réservé au remboursable est généralement bien identifié. Si la place
occupée par la vente de spécialités de conseil et de parapharmacie est importante,
l’activité liée au remboursable est également conséquente.
Le temps passé auprès de chaque client a pourtant tendance à se raccourcir et le rôle de
conseil est parfois moins développé que dans les officines plus petites. Toutefois, dans
l’échantillon observé, les officines de ce type ont des politiques différenciées en matière
de prise en charge et de conseil. Certaines n’offrent pas d’espace dédié de
confidentialité, alors
que la surface disponible pourrait le permettre. D’autres au
contraire ont développé une charte qualité autour de l’accueil et du conseil (prise en
charge immédiate, cahier de doléance du client, pédagogie des posologies…).
Dans les officines de ce type, les rôles sont répartis et les postes spécialisés. Un
encadrement intermédiaire (management et contrôle) s’exerce (via les adjoints, mais
également, au niveau logistique et administratif, par des cadres non pharmaciens).
Dans certains cas, les activités de préparation sont encore importantes et ces officines
exercent alors comme sous-traitantes – en préparation – pour des officines plus
modestes. Dans d’autres cas, les grandes officines multi-spécialisées font face aux
demandes de préparation, mais utilisent des sous-traitants pour les réaliser.
78
L’une des pharmacies observées a par exemple mis en place une gestion séparée des comptoirs et d’une caisse
unique. Les clients n’attendent pas aux comptoirs (très nombreux ) où ils présentent leurs ordonnances ou sollicitent
des conseils auprès des pharmaciens, préparateurs ou spécialistes. Les contacts Vitale et mutuelles sont également
traités aux comptoirs. En revanche, si le service implique un règlement, ils devront patienter (en principe peu de
temps) à la caisse avec un numéro de passage. Ce système se révèle, paraît-il, très efficace en termes de gestion,
puisqu’il n’y a qu’une seule caisse.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
57
I - Chapitre 2
L’amplitude horaire d’ouverture est souvent poussée à l’extrême, mais l’importance des
effectifs permet en général un aménagement du temps de travail acceptable par les
employés et le respect des 35 heures. Toutefois, l’affluence des clients et l’activité « de
ruche » rendent les conditions de travail assez fatigantes.
LA GRANDE OFFICINE URBAINE A FORTE NOTORIETE SUR UNE SPECIALITE
Cette dernière catégorie d’officine constitue une forme de surenchère au regard de la
précédente. Les rares officines de ce type offrent à la fois les caractéristiques de la
multi-spécialisation, avec l’ensemble des activités d’une officine largement réalisées et
une hyper-spécialisation, donnant lieu à une forte notoriété dans un domaine précis (par
exemple, grande pharmacie spécialisée en homéopathie et médecines douces).
Elle présente les principales caractéristiques déjà décrites pour les grandes officines
multi-spécialisées en termes de diversité des activités, de spécialisation – voire
d’expertise – des personnels, de management, de contrôle qualité, d’organisation de
l’espace.
Mais la recherche d’une « signature particulière » y est plus poussée et donne lieu à des
agencements, décors et ambiance très spécifiques (musique, espace de confidentialité
isolé…) et à une relation client très soignée et personnalisée.
N.B. Les officines aux activités saisonnières se distinguent essentiellement par le mode
de gestion des plages d’activités et des ressources humaines, mais ne constituent pas un
type d’organisation à part entière.
LES ACTIVITES CONDUITES AU SEIN DE L’ESPACE OFFICINAL
Une répartition des activités de l’officine dominée par la
polyvalence
LES GRANDS DOMAINES D’ACTIVITE DE L’OFFICINE
Les grands domaines d’activité relatifs aux missions inhérentes aux métiers d’officine
se répartissent aujourd’hui de la manière suivante :
-
Dispensation de médicaments avec ordonnance
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
58
I - Chapitre 2
-
Dispensation de médicament sans ordonnance
-
Vente de produits spécialisés
-
Management / Gestion des ressources humaines
-
Gestion des achats et des relations fournisseurs
-
Marketing / Communication
-
Gestion des stocks et des rayons
-
Secrétariat
-
Gestion administrative (mutuelles, tiers payants etc…)
-
Comptabilité / Finances
-
Tenue de la caisse
-
Formation / Gestion de l’apprentissage
-
Elaboration de préparation
-
Gestion administrative du préparatoire
Ces grands domaines d’activité sont déclinés dans le référentiel de missions, activités et
compétences de l’officine présenté en annexe79. Il ne s’agit pas de référentiels par
métier ou par emploi type mais d’un descriptif des activités de l’officine assorti des
compétences mobilisées.
Il s’organise autour des activités de l’officine, indépendamment des personnes qui les
exercent, et non d’emplois types, dans la mesure où la polyvalence constatée aurait
conduit à répéter la plus grande partie des activités et des compétences pour chaque
emploi type.
La ventilation des domaines d’activités entre les différents profils, par type d’officine80,
montre que l’accroissement de la taille de l’officine permet de contingenter les
différentes activités alors que, dans le cas des petites officines « tout le monde fait tout »
pour reprendre la parole du terrain.
L’enquête quantitative met en lumière la polyvalence des titulaires, particulièrement
indispensable dans le cas des petites officines. Toutes les activités d’une pharmacie – de
79
Cf tome 2 – Données annexes. Annexe 6
Cf. annexe 6 D Tome II – Données annexes : 4 exemples de ventilation des activités selon des tailles et types
d’officines variés .
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
59
80
I - Chapitre 2
la délivrance de médicaments au rangement des produits en stock en passant par le
standard téléphonique - sont réalisées, de façon plus ou moins fréquente, par la quasitotalité des pharmaciens interrogés.
Enfin, si les organisations de travail sont assez diversifiées et dépendent finalement
beaucoup de la taille de la structure et de la volonté du titulaire, les activités réalisées en
officine sont dans leur grande majorité assez simples et répétitives, quel que soit le
cadre organisationnel, comme le montre la répartition des activités par type d’officine.
Un « emploi sensible » tant du côté des adjoints que des
préparateurs
UNE SIMILITUDE DES PRATIQUES DE L’ADJOINT ET DU PREPARATEUR MAIS DES
ECARTS DE REMUNERATIONS, DE CONSIDERATION ET DE RECONNAISSANCE
PROFESSIONNELLE
L’enquête de terrain a permis de démontrer que dans toutes les situations observées, les
préparateurs exercent fréquemment une activité de dispensation et de conseil au
comptoir sans contrôle effectif81 (pour ne pas parler des cas moins systématiques, mais
non rares, où d’autres personnels affectés à la vente le font aussi).
Les officines ne s’en cachent pas et ne prennent pas de risque en agissant ainsi. Il y a en
général un pharmacien à proximité, qui serait interpellé si besoin était, ce qui ne se
produit pas puisque les préparateurs ont avec l’expérience la même analyse et les
mêmes réflexes que les pharmaciens, et disposent des mêmes logiciels alertant sur les
risques iatrogènes.
S’il demeure des domaines (par exemple la gestion des stupéfiants et le référencement
des toxiques) où les pharmaciens sont seuls habilités à exercer, une partie importante
des demandes des clients peut être traitée indifféremment par le titulaire, un adjoint ou
un préparateur.
81
La notion de contrôle effectif est définie dans le glossaire en annexe. Pour la plupart des officinaux de terrain, cette
notion est jugée très floue. Diverses sanctions infligées lors d’inspections font que le « contrôle effectif » est
généralement compris dans une acception plus restrictive que ne le supposerait le code. Dans cette acception, le
pharmacien devrait avoir dans son champ visuel l’ensemble de son personnel et surveiller la délivrance des
médicaments par les préparateurs, obligation qu’il est impossible de respecter dans le quotidien. En réalité, il suffit
que le préparateur et le patient puissent avoir recours à un pharmacien présent dans l’officine, si nécessaire.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
60
I - Chapitre 2
Les compétences exercées pour écouter la demande, délivrer le conseil ou dispenser le
médicament ne relèvent d’ailleurs pas toutes du registre des connaissances scientifiques.
Ce constat, et les dysfonctionnements qu’il génère forcément, interroge sur la pertinence
des conditions réglementaires d’exercice dans les pharmacies et sur la nature et le
contenu des emplois réellement utiles au bon déroulement et à la performance
économique de l’activité officinale.
L’enquête quantitative confirme également que les activités comparées des adjoints et
des préparateurs se recoupent nettement : ils font presque exactement le même travail
(les seules petites différences se perçoivent sur le cœur de métier des préparateurs et sur
l’activité plus importante de ces derniers en matière de contrôle des livraisons et de
rangement ; les adjoints, quant à eux, sont un peu plus fréquemment que les
préparateurs conduits à animer l’équipe, mais cela reste relativement marginal).
Ainsi, il paraît évident que ce n’est pas le seul emploi de préparateur qui doit être
considéré comme sensible dans l’officine (c’est-à-dire susceptible de régression ou de
recomposition) mais aussi celui d’adjoint.
Ceci se confirme non seulement par la difficulté croissante à recruter des adjoints dans
certaines régions mais aussi par la très faible minorité d’adjoints rencontrés sur le
terrain qui s’estime pleinement satisfaite (en dehors de ceux qui savent qu’ils
deviendront un jour titulaires, ce qui ne suffit pas toujours à calmer les désillusions).
L’observation de terrain a également mis en évidence un nombre de congés maladie
pour dépression, et d’allusions à des états dépressifs de personnes en exercice
anormalement élevé.
Toutefois, quasiment tous les pharmaciens, titulaires ou adjoints, se rejoignent pour
affirmer que la plupart des connaissances acquises au cours de leurs études – et qui
fondent en principe leur capacité à assumer cette responsabilité – ne sont jamais
sollicitées dans l’officine.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
61
I - Chapitre 2
En revanche, des compétences qui leur seraient plus utiles dans le management de leur
activité ou le conseil pertinent aux clients ne sont pas abordées au cours de leur
formation.
L’écart entre la teneur de la formation initiale et les exigences réelles de la pratique
quotidienne est, de leur point de vue, très important.
DES DIFFERENCES TRES SIGNIFICATIVES DE PERSPECTIVES ENTRE L’EXERCICE
LIBERAL ET L’EXERCICE SALARIE POUR DES PROFILS ANALOGUES
La frustration ressentie par les pharmaciens adjoints est d’autant plus vive que les
titulaires ont le même diplôme et les mêmes connaissances qu’eux. Seul le capital
investi explique la différence de perspectives – notamment en matière de revenus –
pour une activité largement similaire. Le passage par le statut d’adjoint est naturel pour
tous ceux qui comptent parvenir à l’acquisition d’une officine ou de parts dans une
association de pharmaciens. Pour les autres, il est au bout d’un certain temps synonyme
de rancœur, sauf dans les cas où les compensations liées à un salaire somme toute
confortable au regard des responsabilités et activités réellement exercées suffisent à
occulter le manque de perspectives professionnelles, les priorités étant placées ailleurs.
Une réglementation qui se révèle difficile à respecter
Outre la question du contrôle effectif, l’enquête qualitative a montré que dans certains
cas la charge de travail rend difficile la présence systématique d’un pharmacien, que les
congés et les arrêts maladie peuvent perturber le respect du quota d’adjoints, ou que,
lors de pics d’activités ou de situation exceptionnelles, une personne non habilitée peut
être amenée à délivrer des médicaments.
Ces écarts à la règle sont difficilement évitables et n’ont pas été dissimulés par les
pharmaciens lors de l’enquête qualitative. Toutefois, ils demeurent exceptionnels
(hormis l’effectivité du contrôle qui, elle, est très régulièrement omise) et le règlement
est dans l’ensemble très largement respecté.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
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I - Chapitre 2
Les contrôles des pratiques pharmaciennes par le Ministère de la Santé demeurent
encore peu étendus et peu fréquents, puisque seules 8 à 9 % des officines sont
contrôlées chaque année, soit en moyenne une inspection par pharmacie tous les 8 ou 10
ans, ce qui rend difficile la mesure chiffrée de ces pratiques. 82
Cependant, ces dérives, lorsqu’elles adviennent, mettent en évidence le paradoxe entre
une réglementation de plus en plus précise et des pratiques réelles où les activités voire
les compétences ne se répartissent pas de manière aussi nette.
LA PRATIQUE DE GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
Des conditions de travail soumises aux besoins de l’activité
commerciale
L’enquête qualitative a également permis d’appréhender les conditions de travail des
personnels officinaux qu’il s’agisse des régimes horaires, de l’ergonomie des postes, des
facteurs de motivation ou des systèmes de rétribution.
DES PLAGES D’ACTIVITES ETENDUES,
L’APPLICATION DES 35 HEURES
PARTIELLEMENT
COMPENSEES
PAR
Les plages horaires se sont en général élargies au cours des dernières années. Dans
l’échantillon considéré, elles vont de 32 heures par semaines sur 6 jours (en basse saison
dans une officine à activité saisonnière) à 61 heures hebdomadaires sur 6 jours et 66
heures hebdomadaires sur 5 jours.
Dans les zones rurales, les quartiers résidentiels des villes de province ou de banlieue,
les plages horaires sont plus réduites (en province surtout, les heures de fermeture le
soir sont plus précoces). Dans les centres villes et à Paris, l’amplitude horaire est plus
grande.
Quasi inexistantes dans les officines de plus de 20 salariés, les coupures méridiennes
sont plus fréquentes dans les petites officines. Hormis dans les cas où la proximité
82
Source La lettre d'info de l'officine n° 160, Mercredi 8 février 2006, le moniteur des pharmacies et du pharmacien.
Le corps d’inspection du Ministère de la santé n’est composé que de 200 inspecteurs . Cette pénurie n'est pas le fait
d'un manque de candidats, mais plutôt d'une volonté du ministère de la Santé qui n'a recruté aucun pharmacien.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
63
I - Chapitre 2
permet d’aller déjeuner chez soi, ce phénomène n’est pas toujours apprécié des salariés,
qui préfèreraient terminer plus tôt.
Il est clair en tout cas que l’amplitude d’ouverture constitue une variable d’ajustement
importante permettant de s’adapter aux horaires de la clientèle. Dans les petites
officines et parfois dans les grandes – selon le nombre de pharmaciens employés – ce
sont essentiellement les titulaires qui en assument la contrepartie : des horaires très
lourds pour eux (entre 50 et 70 heures hebdomadaires).
ERGONOMIE : UNE RECHERCHE DU CONFORT AU TRAVAIL LIMITEE AUX ESPACES
PUBLICS
La station debout s’impose dans tous les cas de figure et semble ne pas déranger outre
mesure les équipes des officines, qui y sont habituées. L’observance des 35 heures dans
la plupart des cas et le taux important de travail à temps partiel expliquent sans doute la
bonne tolérance à cette contrainte.
Dans les officines visitées, le plus souvent, l’espace public est aménagé autant que
possible de façon attractive (avec d’importantes nuances toutefois). En revanche, les
préparatoires et espaces de stockage sont souvent encombrés et aménagés de façon peu
fonctionnelle. Dans les petites officines, il n’y a pas d’endroit où s’asseoir pour une
pause. Même le bureau du titulaire, quand il existe, est souvent exigu.
Sauf dans les très grandes officines où le gain de temps est recherché, les déplacements
ne sont pas optimisés (accès à des zones de stockage par des escaliers étroits et
périlleux, « embouteillages » liés à l’organisation des armoires…).
L’usage des automates, encore peu répandu, peut représenter une nette amélioration des
conditions ergonomiques.
LE CAS SPECIFIQUE DE L’OFFICINE SAISONNIERE
Les officines dont l’activité est saisonnière ont à articuler une équipe stable, qui
compensera les pics d’activité – intenses – par une saison basse aux horaires
confortables et une équipe saisonnière composée d’intérimaires, ou de jeunes en CDD
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
64
I - Chapitre 2
(que l’on peut dans le meilleur des cas réengager d’une année sur l’autre). Le
recrutement constitue une étape délicate et anxiogène pour le titulaire : en cas d’erreur,
c’est l’équilibre de la saison qui est compromis.
De façon générale, les conditions de travail se caractérisent par une ambiance de travail
intense, dans un esprit décontracté lié à la présence des touristes et à l’image propre aux
vacances qu’il convient de véhiculer.
Le titulaire doit assumer des surcoûts de main d’œuvre pour le logement des
saisonniers.
Une motivation au travail souvent en panne, surtout chez les
adjoints, des marges de manœuvre réduites pour les titulaires
L’intérêt du travail et les facteurs de motivation – en dehors de la rétribution – semblent
représenter le point faible des pharmacies d’officine, qui se reflète dans les difficultés
de recrutement déjà sensibles dans certaines zones géographiques. Les titulaires
rencontrés s’interrogent fréquemment sur ce point et s’intéressent à la gestion des
ressources humaines, tout en reconnaissant l’étroitesse de leurs marges de manœuvre.
DES SOURCES DE FRUSTRATION
Dans les petites officines, le degré de polyvalence est important et unit dans les mêmes
tâches du personnel diversement qualifié. Cela n’est pas toujours bien accepté : de la
part des plus diplômés par rapport à la gestion des stocks, ou de la part des moins
diplômés qui s’estiment insuffisamment reconnus au regard d’une expérience longue.
UN QUOTIDIEN ROUTINIER POUR LES UNS, STRUCTURANT POUR LES AUTRES
La vie en officine se présente souvent comme parfaitement réglée et se caractérise par
des procédures standardisées et des automatismes qui lui sont propres. De ce fait, on
peut avoir le sentiment d’être « englouti » dans un monde doté d’une culture spécifique.
Ce fonctionnement quasi rituel s’opère selon une double logique : une logique spatiale
articulée autour de différents sous-espaces compartimentés et une logique temporelle ou
« rythmique » conduisant à installer une sorte de « tempo ». L’ensemble donne
naissance à un processus d’apprentissage mais aussi de façonnement de sorte que l’on
prend assez rapidement le pli de l’officine.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
65
I - Chapitre 2
Il s’ensuit chez plusieurs salariés le sentiment d’être installé
dans une situation
« stationnaire », ou même définitive. Bien que l’on dise qu’il se passe toujours quelque
chose dans une pharmacie, exercer en officine sous entend d’accepter cette logique
d’immuabilité pouvant confiner à la monotonie, puisque « choisir de rester en officine,
c’est choisir de faire la même chose toute sa vie » et « qu’il vaut mieux aimer ça »
comme ont pu en témoigner certains membres des équipes rencontrées.
DES ELEMENTS PUISSANTS D’INTERET PROFESSIONNEL
MENTIONNES PAR LES TITULAIRES.
MAIS ESSENTIELLEMENT
Invités à définir l’intérêt de leur profession, les pharmaciens citent généralement les
éléments suivants :
-
le contact relationnel avec les patients : écouter, réconforter, rassurer, expliquer et
informer
-
la participation à l’éducation de santé via le conseil
-
le respect profond qu’inspire la profession (valorisation).
UN INTERET AU TRAVAIL PLUS MARQUE CHEZ CERTAINS PREPARATEURS OU AIDES
PREPARATEURS, EXPERIMENTES ET RECONNUS
En dehors des titulaires, nettement plus motivés par leur mission et leur position que les
salariés, c’est chez les préparateurs que l’on trouve le plus de marques d’intérêt pour le
travail.
Certains parmi les plus jeunes sont pourtant déçus par le décalage entre les études et la
réalité de la pratique dans la plupart des cas. D’autres ont la nostalgie des préparations
et regrettent de devoir le plus souvent délaisser le pilon et le mortier, la balance, le
moule à suppositoires, l’appareil à fabriquer des gélules.
Mais beaucoup sont motivés par les contacts avec la clientèle, les responsabilités qu’ils
prennent dans le conseil et la dispensation des médicaments que le titulaire « n’a plus
besoin de contrôler » car il sait qu’il peut « faire confiance » et que le préparateur le
sollicitera toujours en cas de doute. Les motifs d’insatisfaction refont surface lorsqu’on
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
66
I - Chapitre 2
évoque la grande similitude des tâches – mais pas des salaires – entre préparateurs et
adjoints.
DES FACTEURS DE MOTIVATION A RECHERCHER DANS LES CONDITIONS D’EXERCICE
Parmi les principaux facteurs de motivation chez les titulaires, le rôle de conseil à la
clientèle arrive de loin en tête (plus de 60% le classent dans les deux principaux facteurs
de motivation), suivi par le fait de gérer sa propre entreprise et le contact avec la
clientèle (qui arrivent premier ou second rang pour 37% des titulaires répondants)
devant la dimension scientifique du métier (30% la placent en première ou seconde
position).
Les facteurs de motivation des préparateurs — identiques à ceux des apprentis — sont
le contact avec la clientèle (près de 60% le citent au 1er ou au 2e rang). 34 % placent
dans les deux premiers rangs la dimension scientifique du métier (mais ils sont moins
nombreux à le faire parmi les moins de 35 ans). L’ambiance entre collègues joue aussi
un rôle important.
Chez les adjoints, les facteurs de motivation sont également le contact avec la clientèle
(mais ils ne sont que 44% à placer ce facteur dans les 2 premiers rangs) et la dimension
scientifique du métier, mais le rôle de premier relais de santé publique est également un
élément de motivation non négligeable. Chez les autres employés, les facteurs de
motivation sont dispersés (ce qui s’explique par la variété des fonctions).
UNE DEMOTIVATION LIEE AU « DECENTRAGE » OU AU MANQUE DE PERSPECTIVE DU
METIER
Les facteurs de démotivation des titulaires sont principalement associés au poids des
tâches administratives et à l’absence de reconnaissance de leur expertise de santé.
Il est à noter que l’âge a un impact important sur le sentiment de démotivation. Ainsi,
alors que la lourdeur de tâches administratives constitue un facteur de démotivation
pour 60% des titulaires âgés de plus de 56 ans, seulement 15% des moins de 35 ans se
déclarent affectés par ce phénomène.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
67
I - Chapitre 2
Les facteurs de démotivation pour les préparateurs et les « autres employés » sont
similaires : l’absence de perspectives de carrière (que confirme le fait que près de 90%
des salariés ont toujours occupé le même emploi83 dans leur officine), et la
rémunération. L’absence de perspective est également le principal facteur de
démotivation pour les adjoints, suivi par le décalage entre le diplôme et la réalité de
l’emploi et l’absence de reconnaissance de leur expertise de professionnel de santé.
Des modes de reconnaissance et de rétribution différents selon la
taille de l’officine
Les salaires pratiqués varient en fonction de l’offre et de la demande, ainsi que de la
taille des pharmacies et des niveaux de spécialisation exigés. 84
Les facteurs de motivation imaginés par les titulaires ne peuvent naturellement pas être
les mêmes en fonction de la taille et du type d’officine ou de clientèle.
Les plus grandes officines s’efforcent de créer des niveaux de responsabilité, jouent sur
les spécialisations et facilitent la formation pour les renforcer tandis que dans les plus
petites, c’est davantage sur l’ambiance que l’on compte, la convivialité, le respect des
aptitudes et préférences de chacun.
Certaines officines ont mis en place des systèmes de primes ou gratifications, liés à
l’ancienneté lorsqu’on cherche à fidéliser les employés, à la contribution lorsqu’on veut
susciter un surcroît de productivité.
Certains titulaires, qui ont du mal à recruter des adjoints (de plus en plus rares, de plus
en plus chers à condition qu’ils négocient leur salaire de manière avisée), envisagent
ainsi de changer la composition de leurs équipes et leur politique de recrutement en
misant davantage sur le niveau des préparateurs, quitte à envisager également un
système d’intéressement des préparateurs.
83
Même lorsqu’ils ont changé d’officine au cours de leur carrière, ils ont toujours occupé le même emploi.
Cf. Tome II – Données annexes 7
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
84
68
I - Chapitre 3
LA GESTION DES COMPETENCES DES TITULAIRES ET DES
SALARIES DES OFFICINES
LE CADRE
D’OFFICINE
ACTUEL
DE
LA
FORMATION
INITIALE DU
PERSONNEL
Le répertoire de l’offre diplômante préparant aux emplois du
secteur de la pharmacie d’officine
Le tableau ci-dessous présente les principales formations qualifiantes préparant aux
emplois de l’officine. Il n’inclut pas l’offre de formation complémentaire universitaire
présentée dans les pages suivantes.
Type de qualification Niveau
visé
Rythme85
Docteur en pharmacie
Diplôme d’Etat
6 ans
Préparateur en pharmacie
Brevet professionnel
Intitulé de la qualification
Qualifications spécifiques à l’officine
1
4
2 ou 3 ans
Qualifications spécialisées dans le domaine santé non spécifiques à l’officine
86
Certificat de technicien
supérieur
3
10 mois
Optique lunetterie
Brevet de Technicien
Supérieur
3
2 ans en
alternance
Audioprothésiste
Diplôme d’Etat
3
3 ans
4
Variable
4
6 mois en temps
plein
Orthopédiste- orthésiste
Qualifications spécialisées sur la vente non spécifiques à l’officine
Commerce
Bac professionnel
Conseiller en dermo-cosmétique
Titre homologué
87
18 mois en
alternance
Vendeur conseil en
cosmétique/parapharmacie
CAP
Animateur Conseiller en Parfums et
produits de beauté
CQP
85
88
5
11 mois
3
18 mois en
alternance
NB : La durée indiquée ne correspond pas aux nombres d’heures de formation mais à la période sur laquelle
s’étend la formation.
86
Dans le domaine de la prothèse, il existe d’autres qualifications délivrées par le Ministère de l’Education Nationale
de niveau 5 à 3 ( Podo – orthésiste, Prothésiste- orthésiste) et un titre professionnel d’orthoprothésiste de niveau 5
délivré par le Ministère chargé du Travail.
87
Même si elle est encore largement utilisée, la mention de titre homologué n’existe plus mais uniquement celle de
titre inscrit au répertoire national des certifications professionnelles
88
Certificat de qualification professionnelle validé par la CPNE de la branche Chimie
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
69
I – chapitre 3
L’offre diplômante dans le secteur de la pharmacie d’officine se caractérise par :
-
L’existence de deux diplômes réglementés liés à la dispensation et à la délivrance
des médicaments.
-
La réduction de l’offre de formations d’employés spécifiques à l’officine
(suppression du CAP employé d’officine en 2000 puis celle de l’option officine du
Bac Pro Commerce depuis 2005).
-
L’offre de formations de spécialisation complémentaire pour les pharmaciens (DU
notamment).
Le diplôme d’Etat de docteur en pharmacie
Le diplôme d’Etat de docteur en pharmacie est délivré par les 24 Unités de Formation et
de Recherche des Facultés de Pharmacie, habilitées par arrêté conjoint des Ministères
chargés de l’Enseignement supérieur et de la recherche d’une part et de la Santé d’autre
part.
L’obtention du diplôme est conditionnée par la validation d’enseignements obligatoires
(théoriques, pratiques, dirigés), l’accomplissement de stages et d’une formation
hospitalière, et la soutenance d’une thèse universitaire.
Dans la mesure où, légalement,« le diplôme d’État de docteur en pharmacie est délivré
sous une forme unique »89, le programme d’enseignement est national et régi par
l’arrêté du17 juillet 1987 modifié par l'arrêté du 14 août 2003.
Dans le respect de ce cadre légal, chaque université est libre d’adapter les modalités
d’organisation et de répartition des enseignements et a la possibilité d’exprimer sa
spécificité dans le cadre des enseignements des 5ème et 6ème années conduisant aux
carrières de l’officine, de la recherche, de la biologie, de l’hôpital, ainsi qu’aux carrières
des industries pharmaceutiques, chimiques, agroalimentaires et cosmétologiques.
89
Article 5, Titre II de l’arrêté du17 juillet 1987 modifié
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
70
I – chapitre 3
L’ORGANISATION DU CURSUS DES ETUDES EN PHARMACIE
Comme l’illustre le schéma présenté plus loin, les études en pharmacie comprennent 3
cycles de deux ans chacun.
Les enseignements se répartissent entre les deux premiers cycles qui constituent une
formation de base commune à tous les pharmaciens et le troisième cycle qui comporte
une formation d’une année hospitalo-universitaire et une année à orientation
professionnelle au choix (officinale, industrielle, hospitalière ou de recherche). Le
programme annuel des enseignements théoriques de la formation commune de base a
été étendu (650 heures contre une fourchette comprise entre 420 et 500 heures
auparavant) tandis que le nombre d’heures de Travaux Pratiques est resté stable (au
moins égal à 500 heures).
Le premier cycle
Numerus clausus oblige, les cours dispensés en première année sont essentiellement
théoriques (physique, biophysique, chimie générale, chimie organique, biochimie,
biologie moléculaire, biologie cellulaire, mathématiques) afin de garantir une parfaite
objectivité à l'examen de fin de première année permettant le classement des candidats.
À noter qu’une réforme globale de la première année est encore à l'étude avec la mise
en place d'une première année commune aux étudiants en médecine, en pharmacie, en
odontologie et aux étudiants sages-femmes.
Outre les cours magistraux, la deuxième année comporte des Travaux Pratiques et un
stage professionnel, réduit à six semaines au maximum en officine, qui doit permettre à
l’étudiant d’être initié à la dispensation des médicaments et de recevoir une formation
dans les domaines de la posologie, de la reconnaissance des produits, de la législation,
des préparations officinales…
Le second cycle
L'enseignement a longtemps été organisé par unités d'enseignement qui permettaient à
l'étudiant d'approfondir ses connaissances théoriques, en particulier en chimie, sciences
de la vie, santé publique, environnement, sciences du médicament, biologie clinique,
pathologie. En quatrième année, la participation à des unités d'enseignements
optionnelles orientait vers l'officine, l'industrie ou la recherche.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
71
I – chapitre 3
La réforme de 2003 a modifié sensiblement l’organisation du second cycle par :
-
Le renforcement des opportunités de réaliser des stages d'application (4 fois une
semaine et en fin de quatrième année, pendant un mois et de manière facultative)
-
La meilleure coordination des enseignements magistraux et dirigés autour de
thèmes communs (généralement, c’est l’entrée par la pathologie ou la classe
thérapeutique qui est privilégiée) faisant intervenir différentes disciplines de
manière transversale.
Le troisième cycle
Le troisième cycle est constitué :
-
D’une cinquième année hospitalo-universitaire pendant laquelle l’étudiant
exerce à mi-temps des fonctions hospitalières dans des unités de soins ou des
services de pharmacie. Cette année représente l’opportunité pour le futur
pharmacien d’entrer en contact avec le malade.
-
D’une sixième année à orientation professionnelle pendant laquelle l’étudiant
bénéficie d’un stage à temps plein pendant six mois au minimum dans une
officine.
-
De cours obligatoires et optionnels spécifiques à l’officine portant sur les
spécialités et les actes pharmaceutiques, la préparation à l’exercice officinal (la
prise en charge du patient à l’officine, la dispensation du médicament…).
-
Les contenus et les volumes horaires de ces UE restent variables d’une
université à l’autre.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
72
I – chapitre 3
Une formation pluridisciplinaire pour
des sp ˇ cialistes du mˇ dicament
1¸ re annˇ e
concours
AUTRES CURSUS
1¸ re ou 2 i¸ me annˇ e
1er cycle
Une mˇ thodologie et
des connaissances
scientifiques
utiles la pharmacie
Stage de dˇ couverte
2¸ me annˇ e
Stage officinal
3¸ me annˇ e
Stage dÕapplication
des ens. coordonn ˇ s
L
2
¸me
Une culture pharmaceutique
cycle
M1
4¸ me annˇ e
Stage dÕapplication
des ens. coordonn ˇ s
R
E
Stage de prˇ -orientation
C
5¸ me annˇ e
H
Stage hospitalier
E
R
3
¸ me
cycle
6¸ me annˇ e
M2
Stage industri el
Stage officinal
D
et
Des disciplines
obligatoires
optionnelles
Une pˇ dagogie appliquˇ e
enseignements coordonnˇ s
I
n
t
e
r
n
a
t
C
Une spˇ cialisation
professionnelle
H
E
DIPLļ ME DÕETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
73
I – chapitre 3
LES FORMATIONS DIPLOMANTES COMPLEMENTAIRES
Une des spécificités majeures de la formation pharmaceutique réside dans l’offre de
formations diplômantes complémentaires, particulièrement adressée aux pharmaciens. Cette
particularité s’explique notamment par le caractère unique du diplôme de pharmacien et par le
nombre élevé de spécialisations de l’exercice.
Parmi cette offre diplômante, il est possible de distinguer :
-
Les troisièmes cycles reconnus par l'État, dont les masters professionnels sont
davantage destinés aux postes industriels (production, affaires réglementaires), mais
peuvent aborder des domaines très variés (marketing, recherche clinique, sécurité
sanitaire, management…). À noter l’offre proposée par les Grandes Ecoles de
Commerce aux diplômés scientifiques et préparant aux fonctions de marketing, de
management et de gestion. Si ces formations s’adressent d’abord aux pharmaciens qui
souhaitent intégrer les industries de la santé, il n’est pas improbable que certains
titulaires souhaitent compléter leur formation en gestion administrative et en
ressources humaines.
-
Les diplômes d’université (qui ne sont pas des diplômes nationaux) sont élaborés par
les universités qui les délivrent. Les intitulés, les matières enseignées, les modalités de
contrôle des connaissances et les conditions de recrutement sont donc déterminés pour
chaque DU de manière locale.
Les DU permettent de compléter le cursus du pharmacien soit en lui apportant une
spécialisation (gestion, diététique, ...), soit en lui permettant d'élargir son champ
d’exercice (par exemple, le DU d'orthopédie est obligatoire pour l'obtention de
l'agrément " fournisseur d'orthèse " par la CRAM, Caisse Régionale d’Assurance
Maladie).
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
74
I – chapitre 3
Le brevet professionnel de préparateur en pharmacie
Le Brevet professionnel (BP) de préparateur en pharmacie est obligatoire pour exercer la
profession. Il est régi par l’arrêté du 24 novembre 2003 modifiant l'arrêté du 10 septembre
1997 relatif au brevet professionnel de préparateur en pharmacie. Il se prépare en deux à trois
ans suivant le niveau du candidat. Pour accéder à la formation, il faut être titulaire du BEP
carrières sanitaires et sociales, d’un CAP d’employé en pharmacie et de sa Mention
Complémentaire ou du baccalauréat.
CARACTERISTIQUES QUANTITATIVES DE L’OFFRE DE FORMATION
La formation au Brevet Professionnel est dispensée par 68 centres de formation90 dans 22
régions.
Leur répartition géographique sur le territoire fait apparaître une relative hétérogénéité :
-
6 régions ne comptent qu’un centre de formation (Aquitaine, Bourgogne, MidiPyrénées, Picardie…)
-
9 régions comptent 2 à 4 centres de formation (Ile de France, Nord, Alsace…)
-
6 régions comptent 5 centres ou plus Languedoc- Roussillon, Pays de la Loire, Poitou,
Auvergne, Bretagne
En 2005, les effectifs les plus élevés se situent dans les régions d’Ile de France, PACA,
Rhône- Alpes, Languedoc- Roussillon et Nord pas de Calais.
En 2004, les effectifs s’élevaient à 12 615 étudiants tandis qu’en 2005, on compte 9350 élèves
inscrits, ce qui témoigne du tassement progressif de la demande 91.
Par ailleurs, on constate désormais une élévation significative du niveau de formation des
étudiants à l’entrée du BP (niveau Bac).
Pour valider le BP, l’étudiant doit trouver conjointement un emploi dans une officine puisque
ce diplôme se valide en formation continue ou par voie d'apprentissage. Les candidats au BP
doivent justifier de deux ans de travail dans une officine et de 800 heures de formation.
90
91
CPNE, Répertoire des centres de formation, 2005 (CFA et lycées professionnels)
CPNE, Document sur les effectifs du diplôme BP préparateur, 2004
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
75
I – chapitre 3
CARACTERISTIQUES QUALITATIVES DE L’OFFRE DE FORMATION
Le nouveau référentiel de certification, depuis 1997, organise une formation à la fois
scientifique, technique et commerciale qui s’articule autour de six objectifs de formation :
–
Savoir analyser : une prescription, les besoins de stocks, les risques d’anomalies
–
Être capable d’identifier et de gérer la qualité : de la préparation, du
conditionnement des produits délivrés, la vigilance…
–
Être capable d’exécuter : une préparation, un conditionnement, des dispensations,
des tâches administratives, accueil et vente, hygiène….
–
Savoir organiser et gérer : gestion des stocks (commande, livraison, saisie pour la
tenue des stocks)
–
Savoir
collecter
et
traiter
l’information :
élaborer
une
documentation
professionnelle ou réglementaire à partir de sources documentaires.
–
Savoir communiquer, former et informer : délivrer des explications et des
recommandations au public, choisir des arguments de vente pour les produits hors
médicament, participer à la mise en place de la vitrine…
S’il n’existe pas de forts décalages entre les caractéristiques de certification du Brevet
Professionnel et les activités pratiquées par les officines enquêtées, on peut toutefois relever
une prise en compte plus relative de la fonction d’accueil et de vente du préparateur (déclinée
uniquement en compétences d’organisation et de gestion des commandes).
Répartition des contenus d'enseignement du BP
Chaque centre de formation est libre d’organiser le volume horaire de l’enseignement et son
échelonnage sur les deux ou trois ans de formation. À titre d’illustration, le tableau suivant
indique la répartition du volume horaire des contenus d’enseignement d’une formation au BP
en deux ans.92
Savoirs de culture générale
6%
Savoirs sur l’officine (législation/gestion)
9%
Savoirs scientifiques
55%
Savoirs techniques
9%
Enseignement pratique
21%
92
Source : Programme d’enseignement du CFA de préparateurs de Bourgogne
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76
I – chapitre 3
Les contenus du programme du Brevet Professionnel s’articulent autour de cours
disciplinaires scientifiques (chimie, biochimie, microbiologie, immunologie, botanique,
pharmacologie…) et en travaux pratiques (pour cet exemple, ces contenus représentent
respectivement 55% et 21% du volume horaire total).
Les savoirs scientifiques théoriques dispensés se concentrent principalement sur la
pharmacologie (pour cet exemple, 38%), l’anatomie, la physiologie et les pathologies (pour
cet exemple 19%) et la chimie (pour cet exemple 11%).
Les enseignements appliqués à l’homéopathie, la phytothérapie, les dispositifs médicaux
(pour cet exemple, ces contenus représentent chacun environ 3% de l’enseignement
scientifique).
L’enseignement en travaux pratiques se concentre principalement sur la préparation et le
conditionnement des médicaments (pour cet exemple, 56% du volume total des TP) et le
commentaire technique d’ordonnance (pour cet exemple, 32% du volume total des TP).
L’enseignement technique concerne exclusivement l’apprentissage des principes de la
pharmacie galénique (élaboration des produits pharmaceutiques) tandis que l’enseignement
sur le contexte officinal aborde la gestion de l’officine, la législation du travail et la législation
pharmaceutique.
La qualification des autres emplois de la pharmacie d’officine
Outre l’offre de formation liée à la dispensation du médicament, l’activité des pharmacies
requiert la formation de compétences plus générales, communes aux emplois des secteurs de
la distribution et aux emplois fonctionnels des entreprises.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
77
I – chapitre 3
Le besoin de compétences liées à la distribution, croissant avec la taille de l’officine,93 se
concentre notamment sur les domaines de la gestion des stocks et de la vente des produits
spécialisés hors médicaments.
En termes de formation, ce besoin s’est traduit par la question récurrente de la mise en place
de formations adaptées au contexte officinal, permettant soit d’alléger la charge
administrative des pharmaciens et des préparateurs au profit d’une présence accrue au
comptoir, soit de spécialiser les personnels sur la vente des produits hors médicament.
LE BAC PRO COMMERCE
Cette formation diplômante vise à former des employés commerciaux chargés de
l’approvisionnement, de l’animation de l’espace de vente et de la gestion commerciale des
produits.
Le nouveau BAC PRO a renforcé la formation sur la compétence de vente, de la relation
client en diminuant les contenus portant sur la gestion administrative. Les cours se
répartissent entre un enseignement général et un enseignement professionnel centré sur le
marketing, le merchandising, la communication et la vente.
Dans le même sens, deux organismes privés ont initié la mise en place de formations adaptées
au contexte officinal :
LA FORMATION DE « VENDEUR MULTIFONCTION »
Cette formation de 450 heures se déroule en alternance pendant 12 mois et peut être suivie
selon un parcours individualisé et/ou modulaire. Elle n’est ni diplômante, ni reconnue par la
convention collective du secteur.
Les candidats visés par cette formation peuvent être titulaires de CAP (vente) ou du
baccalauréat.
Les objectifs de cette formation visent notamment à :
93
Cf résultats de l’enquête qualitative du CEP
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
78
I – chapitre 3
-
Acquérir des compétences techniques liées au métier de vendeur(se) en pharmacie
d’officine.
-
Se former à la vente des produits annexes au médicament.
-
Prendre en charge des tâches administratives (support sécurité sociale).
Les modules d’enseignement se répartissent entre :
-
L’environnement officinal (les clients/les fournisseurs…).
-
Les
produits
de
l’officine
et
leur
distribution
(nomenclature,
circuit
d’approvisionnement, rangement et merchandising).
-
Le conseil et la vente en parapharmacie.
-
La bureautique (informatique, tâches administratives).
LA FORMATION DE CONSEILLER EN DERMO-COSMETIQUE
Seul un centre de formation délivre le titre de conseiller en dermo-cosmétique homologué par
l'Etat.
Cette formation est également ouverte aux pharmaciens et aux préparateurs.
Les objectifs de cette formation visent à savoir conseiller le client dans le choix d’un produit
adapté à son cas et à être capable de gérer, décorer et organiser les rayons de manière
autonome.
LE CADRE ACTUEL DE LA FORMATION CONTINUE POUR LES TITULAIRES ET
SALARIES DES OFFICINES
Une offre de formation continue concentrée et relativement segmentée
En 2005, les organismes financeurs recensent 144 organismes dispensateurs de formation
professionnelle continue en direction des personnels de l’officine.
Sur ces organismes de formations recensés, seul près de 25 organismes proposent au moins
une dizaine d’actions de formation, parmi lesquels une dizaine d’universités.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
79
I – chapitre 3
TYPOLOGIE DES OPERATEURS DE FORMATION CONTINUE QUI INTERVIENNENT AUPRES DES
OFFICINES
La plupart des organismes de formation relèvent d’un statut privé (associations ou sociétés
commerciales).
Ils sont plus d’une centaine alors que les organismes publics représentés majoritairement par
les facultés de pharmacie dépassent la vingtaine..94
La typologie suivante recouvre les opérateurs spécifiques qui se positionnent sur le segment
de la formation continue destinée à l’équipe officinale :
Les « gros » opérateurs spécialisés sur la formation destinée à la pharmacie disposant
d’implantations sur l’ensemble du territoire :
-
les organismes associatifs (Union technique inter-pharmaceutique (UTIP) qui fournit
environ 1000 formations annuelles)
-
Les grossistes répartiteurs (OCP, CERP, ….)
Les opérateurs publics et privés de formation initiale : les universités, les CFA, les
associations de cours professionnels pour le personnel de pharmacie
Si la quasi totalité des facultés de pharmacie intervient dans la domaine de la formation
continue en proposant une offre de diplômes universitaires variés, le rôle des universités reste
encore limité. Pourtant, les pharmaciens les considèrent comme la source la plus légitime de
formation permanente devant les UTIP, les laboratoires et leurs groupements et nombre
d'enseignants des facultés sont sollicités dans les activités de formation organisées par
d’autres opérateurs.
De fait, la formation continue apparaît encore largement assimilée à la délivrance des
diplômes (DU) de spécialisation. Toutefois, l’implication dans la formation permanente est
hétérogène selon les universités : certaines facultés ont impulsé de manière plus dynamique
des programmes d’enseignement post universitaire, sous formes de séances ou de cycles
thématiques ou des partenariats avec d’autres organismes de formation pour dispenser des
formations très ciblées à l’attention des pharmaciens.
Des opérateurs de taille moyenne spécialisés dans le champ de la santé et de la
pharmacie proposant une offre plus ou moins large (groupements de pharmaciens,
organismes de formation privés).
94
ibid
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
80
I – chapitre 3
Force est de constater l’investissement progressif du champ de la formation par les
groupements, bien souvent à l’intention de leurs adhérents, proposant plus particulièrement
une offre destinée aux pharmaciens et relative au management (gestion de Ressources
Humaines) et la gestion commerciale (techniques d’achat ou de vente, marketing,
merchandising…). Ne disposant pas de leur propre organisme de formation, les groupements
font généralement appel aux formateurs des organismes de formation privés.
Si, à l’heure actuelle, seul un groupement propose une offre étendue et ouverte à l’ensemble
des professionnels (environ 70% des formés ne sont pas adhérents), les évolutions
réglementaires laissent présager d’une évolution du positionnement des groupements dans le
champ de la formation.
Des petits opérateurs de niches centrées sur une offre spécialisée en phytothérapie,
diététique, podologie, cancérologie…
Des opérateurs non spécialisés dans le champ de la santé ou de la pharmacie avec une
offre réduite et ciblée (CCI, organismes de formation privés) concernant :
-
l’organisation, le management (DEMOS, EFE)
-
la formation de commerciaux ou d'animateurs (Conseil et vente de produits).
-
Enfin, une offre de formation plus ponctuelle qui n’est pas référencée par les
organismes financeurs existe également (parapharmacie par exemple).
Cette offre de formation plus ponctuelle n’est pas forcément reconnue par les
organismes financeurs, ce qui signifie que le financement reste à la charge des
pharmaciens.
Dans le même sens, certains laboratoires marquent la volonté de développer leurs
propres organismes de formation (Laboratoires Pierre Fabre, Boiron, Protifarm…).
DES CONTENUS THEMATIQUES REPARTIS ENTRE LE CŒUR DE METIER ET LA GESTION DE
L’OFFICINE
À titre indicatif, le site du Moniteur des pharmacies recense plus de 450 thèmes de formation
continue.
Selon les objectifs visés, les formations offertes peuvent s’articuler autour de trois catégories
qui recoupent les besoins du pharmacien d’actualiser en permanence ses connaissances,
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
81
I – chapitre 3
d’acquérir de nouvelles compétences non seulement d’ordre technique et scientifique mais
aussi appliquées à l’activité de son officine :
-
Les formations centrées sur les connaissances et/ou les savoir-faire liés à l’acte
pharmaceutique : pharmacologie, les grandes pathologies, la pharmacie clinique, la
pharmacovigilance….
-
Les formations centrées sur les connaissances et/ou les savoir-faire liés à une
spécialisation (orthopédie, diététique, nutrition homéopathie, …) ou un produit
spécialisé (cosmétique par exemple)
-
Les formations « pratiques » hors activités pharmaceutiques considérées comme non
prioritaires95
par
les
organismes
financeurs :
bureautique,
communication,
management, Ressources Humaines, gestion et économie de l’officine, langues,
marketing…
La répartition du type d’offre selon les opérateurs
Type d’opérateur
Type d’offre privilégiée
UTIP /Université /CFA
Formations « acte pharmaceutique » et
« spécialisation»
Grossiste répartiteur
Formations « acte pharmaceutique »
« spécialisation» et « pratique »
Organismes de formation privés
spécialisés dans le champ de la
santé/pharmacie
Formations « acte pharmaceutique »
« spécialisation» et « pratique »
Organismes de formation privés
spécialisés sur une niche
Formations « spécialisation»
Groupements
Formations « pratique » et « spécialisation »
Opérateurs non spécialisés pharmacie
Formations « pratique »
C’est l’offre de formations « pratique», orientées sur les activités de gestion de l’officine, qui
a connu la croissance la plus significative parmi l’ensemble des opérateurs.
De manière générale, l’offre sur les médicaments et les molécules est plus importante parmi
les UTIP en collaboration avec les laboratoires, chez les grossistes répartiteurs et les
universités. Les thématiques abordées sont le plus souvent choisies en fonction de l’actualité
95
L’organisme financeur pour les titulaires définit des critères de prise en charge distincts selon le caractère prioritaire ou
non prioritaire. L’organisme financeur pour les salariés définit la prise en charge des formations selon les thèmes prioritaires
fixés par la CPNE.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
82
I – chapitre 3
pour l’exercice officinal (conseil et prise en charge d’une pathologie, médicament, impact de
la législation…), comme par exemple le sortie des anti-rétroviraux de la réserve hospitalière.
Globalement, dans les organismes de formation dédiés à la pharmacie, l’offre de formation
sur le conseil appliqué à une spécialisation est plus représentée que l’offre centrée sur les
médicaments et les pathologies.
Typologie de l’offre de diplômes universitaires selon le
thème de formation
Les DU présentent une grande diversité au regard des thèmes de spécialisation qu’ils
abordent. Le tableau suivant récapitule l’offre actuelle selon que le thème de la formation vise
l’acte pharmaceutique, une spécialisation ou la gestion, l’organisation et l’environnement
juridique de l’officine.
Thème de formation centré sur :
Les connaissances et /ou les savoir-faire liés à l’acte
pharmaceutique
Les connaissances et/ou les savoir-faire liés à une
spécialisation
La législation, l’organisation, la gestion de
l’officine
Intitulés du DU
Pathologies neuro -fonctionnelles
Eléments de pathologies
Gérontologie et pharmacie clinique
Suivi Pharmaceutique/optimisation
du traitement/
Diabète
Soins des Maladies Invalidantes
Soins et maintien à domicile
Conseil à l'Officine Pathologie et
Thérapeutique/ médication conseil
Cosmétologie
Alimentation –Nutritiondiététique
Mycologie
Homéopathie
Phythotérapie
Orthopédie/orthèses
Addictologie
Pharmacie vétérinaire
Environnement et santé Publique
Assurance Qualité
Communication interpersonnelle
Gestion de l’entreprise officinale et
comptabilité
Langues (anglais)
Informatique
Gestes d’urgence/premiers secours
L’offre la mieux représentée selon le nombre de diplômes offerts par ordre d’importance :
-
Orthopédie
-
Maintien et hospitalisation à domicile
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
83
I – chapitre 3
-
Diabète
-
Homéopathie
-
Diététique
Parmi l’offre de DU en 2005, plusieurs thèmes de formation semblent émergents :
-
Pharmacie clinique oncologique
-
Gestion entrepreneuriale de l’officine
-
Assurance qualité
-
Prise en charge de la douleur
-
Prise en charge de la personne âgée.
Les thématiques les plus représentées dans l’offre des
organismes de formation
(hors UTIP)
-
Communication appliquée à l’officine
-
Diabète
-
Maintien soin à domicile
-
Orthèse/orthopédie
-
Dermocosmétique / cosmétologie
-
Phytothérapie/aromathérapie /homéopathie
Globalement, l’offre portant sur les activités spécialisées est bien couverte.
Les thématiques émergentes (programmation en hausse ou
nouvelle programmation)
Notamment :
-
Diététique et nutrition
-
Langues / informatique / techniques d’achat
-
Merchandising / gestion Ressources Humaines (animation et management d’équipe)
-
Oncologie
Et dans une moindre mesure :
-
Prise en charge de la douleur
-
Dépression/ stress/ spasmophilie
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
84
I – chapitre 3
-
Conseil et prise en charge d’un public cible (la personne âgée, la femme, l’enfant, le
sportif)
-
Gestes de l’urgence et prévention
Les thématiques les moins couvertes au regard des
évolutions de l’activité et/ou de certaines attentes exprimées
-
La pharmacologie et les pathologies (les nouvelles classes thérapeutiques, les
médicaments à statuts particuliers, les pathologies cardio-vasculaires, du système
nerveux …) pour les pharmaciens et les préparateurs qui se justifient d’autant plus que
le rythme de renouvellement de l’offre thérapeutique s’est accéléré.
-
La démarche qualité dans l’officine et l’assurance qualité de l’acte pharmaceutique96
-
Le rôle de la pharmacie d’officine dans les réseaux
-
L’opinion pharmaceutique/ pharmacovigilance/suivi thérapeutique
-
Les préparations magistrales stériles de cytotoxiques97.
Les publics visés
L’offre commune à l’ensemble de l’équipe officinale
- Cette offre porte notamment sur l’activité hors pharmaceutique ou les thèmes éligibles
définis par la CPNE
-
La communication appliquée à l’officine
-
Les techniques de vente, le merchandising
-
Le maintien à domicile.
L’offre commune aux pharmaciens et aux préparateurs
Une grande partie de l’offre des organismes de formation privés s’adresse à la fois aux
pharmaciens et aux préparateurs diplômés. La mixité des publics permet généralement aux
préparateurs de bénéficier d’un niveau de formation plus élevée dans la mesure où ils
partagent les interrogations des pharmaciens en formation.
Cette offre comprend :
96
97
À noter toutefois, l’investissement particulièrement fort de cette thématiques par les UTIP depuis 2005.
Selon l’Académie Nationale de pharmacie.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
85
I – chapitre 3
-
Les formations liées à une spécialisation thérapeutique (homéopathie, diététique et
nutrition, phytothérapie, cosmétologie…) et à la médication familiale
-
Certaines formations sur les médicaments ou des pathologies proposés par des CFA ou
les grossistes répartiteurs :
-
⋅
Les maladies veineuses et leurs traitements
⋅
Le diabète
⋅
L’asthme
⋅
les pathologies gynécologiques
⋅
les nouvelles classes thérapeutiques
⋅
les antibiotiques
⋅
…
Des formations portant sur les bonnes pratiques de délivrance, l’assurance qualité (à
ce titre, l’université de Nantes a mis récemment en place un Certificat initial de qualité
appliqué à la pharmacie d'officine)
-
Des conférences organisées par les UTIP : globalement, ces formations rassemblent
environ 30% de préparateurs et 70% de pharmaciens98.
Il convient de noter que les universités adoptent des politiques différentes en matière d’offre
de formation à l’attention des préparateurs.
Ainsi, certaines d’entre elles ouvrent l’accès à des formations universitaires de spécialisation
aux préparateurs, même si la demande des pharmaciens est prioritaire dans la limite des places
disponibles (en 2005, 7,4% des stagiaires ayant suivi un DU étaient des préparateurs).99
D’autres universités, n’ouvrant pas l’accès du DU aux préparateurs diplômés, proposent une
formation spécifique aux préparateurs sous forme de demi-journées ou de journées de
conférences thématiques.
L’offre spécifique pour les pharmaciens
98
99
Source UTIP
Taux calculé à partir des données quantitatives de l’OPCA-PL
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
86
I – chapitre 3
L’offre de perfectionnement proposée par les EPU et les conférences organisées par les UTIP
sont très spécialisées sur les pathologies, la pharmacie clinique et la pharmacologie.
Naturellement, les pharmaciens titulaires disposent d’une offre qui leur est dédiée portant sur
l’aspect gestionnaire et commercial de l’officine.
La mixité des publics professionnels de santé dans une perspective de réseau est quasi
inexistante.
L’offre spécifique pour les préparateurs
Des organismes privés proposent une formation visant :
-
le certificat de technicien supérieur orthopédiste orthésiste
-
le diplôme du CAP Esthétique – Cosmétique et un certificat de compétences
"Conseillère Santé - Beauté".
-
L’offre spécifique des universités (cf. supra)
L’offre spécifique pour les autres salariés
Un organisme100 propose une formation non diplômante d’employé polyvalent pharmacie en
alternance durant 2 mois destinée aux secrétaires et rayonnistes (vente parapharmacie, tiers
payant, responsabilité des stocks…).
Typologie des modalités de formation offertes
Une offre de formations courtes prédominante
-
Des formations courtes plusieurs fois par an, en soirée, sous forme de conférences —
sur des thèmes d’actualité officinale — orientées sur une pathologie, des cas cliniques,
un traitement et faisant intervenir un représentant d’un laboratoire pharmaceutique
(UTIP) ou d’une université (EPU).
-
Des formations courtes en inter, en journée, d’une durée comprise entre un et quatre
jours (organismes de formation, UTIP) ; les modalités pédagogiques sont plus variées :
alternance entre apport théorique et travail dirigé, cas pratiques, jeux de rôles…
100
l’organisme Pharm’emploi
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
87
I – chapitre 3
-
Certains organismes mettent en place des cycles de formation portant sur un même
thème (initiation/perfectionnement) mais cette offre reste très marginale.
L’offre de formations longues diplômantes variées
- Des formations longues diplômantes (Universités) souvent aménagées en sessions
régulières de formations courtes.
La formation action reste encore marginale mais est susceptible de se développer dans le
cadre de formations à distance en tutorat ou de formations d’accompagnement de démarches
Qualité (exemple de la formation « assurance qualité » proposée par l’UTIP dont la
validation est conditionnée à la rédaction de procédures qualité propres à l’officine par le
pharmacien).
Une consommation encore modérée de la formation par les
pharmaciens titulaires
En 2004, le FIF PL a financé près de 49 300 heures de formation pour 4436 stagiaires
titulaires. Le taux d’usage de formation (taux en % des pharmaciens titulaires concernés par
une action de formation) s’élève environ à 16%.
L’obligation légale n’est pas atteinte et encore près d’un titulaire sur cinq estime que
l’obligation de formation se révèle contraignante (18%) ou inutile (2%).101
Le plus grand nombre d’heures de formation consommées concerne par ordre d’importance :
-
Les formations relatives aux thérapeutiques à l’officine (environ 45% des heures
totales consommées et 47% des effectifs)
-
Les formations relatives à « l’approche globale de l’officine » (environ 18% des
heures totales consommées et environ 45% des effectifs) qui comprennent entre autres
les formations « pratiques » liées au management de l’officine et la vente des produits
de l’officine.
-
Les diplômes universitaires (environ 13% des heures totales consommées et 6% des
effectifs)
101
Moniteur des pharmacies, Cahier 3 du n°25 59 du 27 novembre 2004 « Enquête sur la formation continue auprès de 529
pharmaciens d’officine et réalisée par Direct Media »
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
88
I – chapitre 3
Puis dans une moindre mesure :
-
Les formations relatives à la prise en charge du patient
-
Les formations d’orthopédie non diplômantes et les cycles de conférences organisées
avec des intervenants universitaires et portant le plus souvent sur la pharmacologie
(EPU, APEPPU)
-
Les formations relatives à la qualité de l’acte pharmaceutique
En comparaison avec 2003, on peut constater un léger tassement de la consommation de
formation (- 5, 6%) avec :
-
une consommation de formation stable pour l’ensemble des formations suivantes : les
DU, les cycles de formation de type EPU/APEPPU, les formations relatives aux
thérapeutiques à l’officine ;
-
une hausse de la demande concernant les formations relatives à la prise en charge du
patient.
Un investissement dans la FPC, pour les salariés, encore peu
développé et principalement orienté sur le cœur de métier
UNE DUREE DE FORMATION ENCORE FAIBLE ET UNE CONSOMMATION VARIABLE SELON LA
TAILLE DE L’OFFICINE
Selon les résultats obtenus dans l’enquête par questionnaires, même si les salariés se disent
plutôt satisfaits des formations reçues, ils estiment ne pas bénéficier d’un nombre suffisant de
jours de formation.
En effet, 68% des salariés répondants déclarent bénéficier de formations qui durent moins
d’une journée. 21% des salariés déclarent entre 7 et 20 heures de formation tandis que 11 %
des répondants ont bénéficié dans l’année d’une formation supérieure à 3 jours.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
89
I – chapitre 3
Nombre d’heures de formation consommées par les salariés
selon la taille de l’officine
Heures de formation consommˇes selon la taille de l'officine
4%
6%
22%
29%
40%
- de 3 sal
4-6 sal
7-9 sal
10-19 sal
+ de 20 sal
Les pharmacies d’officine de taille moyenne (entre 4 et 6 salariés) sont les premières
consommatrices de formation (40% des heures consommées). Les petites officines
apparaissent moins consommatrices que celles employant 7 à 9 salariés bien qu’elles soient
deux fois plus nombreuses sur le territoire. Ce constat abonde dans le sens d’un effet de taille
critique particulièrement décisif sur la pratique de formation des salariés.
CARACTERISTIQUES DE LA CONSOMMATION DE FORMATION DES PHARMACIENS ADJOINTS102
En 2004, le nombre de stagiaires formés s’élève à 3857 pharmaciens adjoints et représente
40% des stagiaires salariés formés.
Le taux d’accès de formation103 des pharmaciens adjoints est d’environ 16,5%.
Des critères de prise en charge distincts pour les
pharmaciens selon qu’ils sont titulaires ou adjoints
La formation continue des titulaires est gérée par le FIF-PL qui accorde la prise en charge de
la formation selon un quota restrictif. La limite est fixée à 550 euros de prise en charge par an
et par titulaire (à condition que le thème du stage soit agréé), soit :
-
450 euros pour trois jours de " formation prioritaire ", liée à la pratique officinale;
-
100 euros pour une journée de " formation non prioritaire ", relative à l'exercice
professionnel (gestion, management, informatique…).
102
L’ensemble des résultats indiqués est issu de l’exploitation des données quantitatives fournies par l’OPCA-PL pour l’année
2004
103
Estimation du nombre global de pharmaciens adjoints : 23 420 (permanents + intérimaires) - Source CNOP.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
90
I – chapitre 3
Le financement de la formation continue des salariés — qui vaut pour les pharmaciens
adjoints — géré par l'OPCA-PL (ancien FAF PL), n’est pas soumis à un quota restrictif.
Toutefois, l'employeur doit être à jour de ses cotisations et le thème de formation choisi doit
faire partie des prises en charge préalablement fixées.
Les thèmes des formations suivies par les adjoints
Parmi les thèmes des formations les plus suivies par les pharmaciens adjoints :
-
les formations sur la grande pathologie et la pharmacologie, demandées par 20% des
stagiaires
-
Les cycles d’études post-universitaires (EPU) organisés par les Universités pour 18%
des stagiaires.
-
Le DU d’orthopédie suivi par 11% des stagiaires
Puis dans une moindre mesure :
-
La communication appliquée à l’officine
-
Le maintien à domicile
-
Les
formations
de
spécialisation
(Homéopathie,
Phytothérapie,
diététique,
cosmétologie) qui rassemblent environ 17% des effectifs de stagiaires.
-
D’autres cycles de DU.
La consommation de formation des pharmaciens est classique, et principalement orientée sur
l’actualisation ou l’approfondissement des connaissances relatives aux pathologies, à la
pharmacologie et à la pharmacie clinique.
La demande particulière concernant le DU d’orthopédie s’explique facilement : il est
obligatoire pour obtenir l’agrément nécessaire à la vente des orthèses.
La demande concernant les spécialisations interroge indirectement la répartition des
enseignements entre formation initiale et continue.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
91
I – chapitre 3
CARACTERISTIQUES DE LA CONSOMMATION DE FORMATION CONTINUE DES PREPARATEURS
104
ET DES AUTRES SALARIES
En 2004, le nombre de préparateurs ayant bénéficié d’une formation prise en charge par
l’OPCA-PL s’élève à 5120 et représente 54% des stagiaires bénéficiaires.
Le taux d’accès à la formation105 des préparateurs est d’environ 10 %.
La même année, les autres salariés représentent 6 % du total des stagiaires formés (573
stagiaires). Ils sont composés majoritairement par les employés titulaires d’un CAP
d’employé de pharmacie.
Le taux d’accès des autres salariés à la formation106 peut être estimé à environ 1,6%.
Les thèmes de formation pour les préparateurs
Parmi les formations les plus suivies par les stagiaires :
-
Grande pathologie et pharmacologie concernent davantage les préparateurs (58%) que
les pharmaciens (42%)
-
La communication appliquée à l’officine concerne majoritairement les préparateurs
(77%) et autres salariés que les pharmaciens (23%)
Les formations les plus suivies par les préparateurs :
-
Les grandes pathologies et pharmacologie : 21%
-
La communication : 17%
-
Une spécialisation (Homéopathie, phytothérapie, diététique et nutrition ou la
pharmacie vétérinaire, dermatologie, hygiène et cosmétique) l’ensemble des
formations de ce type rassemble 35% des demandes. Les trois spécialisations les plus
demandées sont par ordre l’homéopathie, la cosmétique et la phytothérapie. Cette
demande de formation spécifique peut être mise en perspective avec la place que ces
contenus occupent au sein de la formation initiale (environ 3% de l’enseignement
scientifique théorique)
-
Médication appliquée à l’officine (7%)
-
Maintien à domicile
104
L’ensemble des résultats indiqués est issu de l’exploitation des données quantitatives fournies par l’OPCA-Pl pour l’année 2004
Estimation la plus basse du nombre global de préparateurs obtenue dans le cadre de la phase de la présente étude: 50 000.
106
Estimation du nombre global des autres salariés : 35 000 (ibid.)
105
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
92
I – chapitre 3
Les thèmes de formation pour les autres salariés
Parmi les formations les plus suivies par les autres salariés (majoritairement titulaires du
CAP) :
-
Le Brevet professionnel de préparateur qui concerne 69% de ces stagiaires
-
La communication qui concerne 14% des stagiaires
-
Dans une moindre mesure : comptabilité, bureautique, maintien à domicile et
diététique.
Des pratiques de formation façonnées par les contraintes et les
opportunités
DES CONTRAINTES DE GESTION DE DISPONIBILITE
La question centrale — pour les titulaires — reste celle de l’accès à des modules de formation
compte tenu des contraintes propres à l’activité d’officine. Le titulaire est soumis légalement à
une présence horaire minimum effective d’un pharmacien, doublée de celle que suppose la
« responsabilité effective » du pharmacien.
À cela s’ajoute, pour l’ensemble des salariés, les difficultés de disponibilité partagées dans le
champ de la formation professionnelle continue par les petites et moyennes entreprises.
Certains membres des équipes rencontrées (préparateurs, vendeurs) profitent parfois
indirectement des formations suivies par le titulaire, qui sont démultipliées auprès d’eux, tout
en regrettant de ne pas y participer eux-mêmes.
DES PRATIQUES DE FORMATION ENCORE LARGEMENT DOMINEES PAR LES LABORATOIRES
Dans ce contexte, la demande de formation est souvent corrélée à la réalité vécue au comptoir
(par exemple, l’anticipation de la sortie hospitalière par les pharmaciens a été très hétérogène
et globalement la demande de formation s’est manifestée une fois les premiers cas
rencontrés). Par ailleurs, la gestion de plans de formation reste encore limitée parmi les
officines françaises.
Les officinaux se « forment » largement via l’information dispensée par les laboratoires
pharmaceutiques : rencontres, colloques généralement orientés sur l’actualité de l’exercice
officinal (nouvelles molécules, nouveaux médicaments…). Selon les résultats obtenus par le
questionnaire, les formations majoritairement suivies par les salariés sont très courtes et
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
93
I – chapitre 3
dispensées par les fournisseurs ; le financement de la dernière action de formation a été pris
en charge par les laboratoires eux-mêmes (62%) contre 33% par les employeurs.
LE RECOURS PREDOMINANT A LA LITTERATURE PROFESSIONNELLE
Les titulaires déclarent se former 2 à 4 heures par mois en privilégiant la lecture de la presse
professionnelle (81%) sur le recours à la formation extérieure (laboratoires, grossistes, UTIP)
(65%).107
Les professionnels de l’officine sont destinataires d’une abondante littérature professionnelle
spécialisée.108 En l’occurrence, la presse pharmaceutique bénéficie d’une « bonne presse »
auprès des pharmaciens puisqu’en 2003, 60% des pharmaciens plébiscitaient largement la
presse pharmaceutique dans le cadre de la réactualisation de leurs connaissances, suivie des
ouvrages, guides, dictionnaires et des journées de formations, colloques et séminaires. De fait,
ils reconnaissent à la presse une double fonction jugée indispensable ou très utile à savoir
« faire le point sur les nouveaux médicaments » et « suivre l’actualité de la profession »109.
UNE INFORMATION ABONDANTE AVEC LES RISQUES INHERENTS EN MATIERE DE
CONSTRUCTION DES SAVOIRS
On assiste au développement du flux d’information informelle par l’intermédiaire des portails
Internet qui offrent pléthore de témoignages, de forums, d’éléments de débats ouverts aux
praticiens (un tiers des titulaires déclarent utiliser Internet comme support de formation).
Face à ce foisonnement de sources d’échanges et d’informations, reste en suspens la question
de la validité et de la qualité de l’information reçue, quelles que soient les capacités de
synthèse des bénéficiaires de cette information.
107
Moniteur des pharmacies, Cahier 3 du n°25 59 du 27 novembre 2004 « Enquête sur la formation continue auprès de 529
pharmaciens d’officine et réalisée par Direct Media »
108
On compte 4 mensuels, un bimensuel, un hebdomadaire et un bi-hedomadaire
109
Source : IPSOS, enquête sur l ‘audience de la presse pharmaceutique, septembre 2003
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
94
I – chapitre 3
Des attentes de formation qui attestent une relative adéquation avec
l’offre de formation
DES CONTENUS DE FORMATION GLOBALEMENT SATISFAISANTS AU REGARD DES BESOINS
110
EXPRIMES PAR LE PERSONNEL DES OFFICINES
Des souhaits de formation centrés sur le cœur de métier
Globalement, les souhaits de formation des titulaires sont relativement classiques et orientés
essentiellement sur leur cœur de métier :
-
Au total, ils sont 78% à avoir sélectionné la formation sur les pathologies et les
molécules parmi les trois thèmes les plus souhaités.
-
61,3 % sont intéressés par une formation sur une spécialisation.
-
51,6% par des formations négociation, techniques de vente, technique d’achat.
Viennent ensuite l’informatique et le management, qui recueillent tous deux au total 43% des
suffrages ; cependant le management est prioritaire pour les titulaires puisqu’il apparaît en
deuxième position pour 19% des répondants contre seulement 8% pour l’informatique.
Les souhaits en matière de formation des salariés sont tout à fait similaires à ceux des
titulaires. Ils sont avant tout centrés sur le cœur de métier :
-
formation sur les pathologies et les molécules
-
formation spécialisation
-
formation sur les produits des fournisseurs.
-
formation négociation, techniques d'achat, techniques de vente (ex æquo en premier
choix)
DES ATTENTES D’AMELIORATION EN MATIERE DE MODALITES DE FORMATION
Des modalités qui concilient les contraintes et les besoins
d’ouverture de l’officine
Si les modalités privilégiées par les pharmaciens sont relativement classiques111, ils soulignent
néanmoins le désir d’échanges et d’ouverture vis-à-vis de l’extérieur puisque les formations
inter entreprises arrivent largement en tête (modalité citée en premier par 30% des répondants,
et par 64% d’entre eux au total).
110
données quantitatives issues de l’enquête quantitative par questionnaires du CEP
Enquête CPNE janvier 2003. Les pharmaciens citent les modalités qu’ils utilisent déjà par ordre : la littérature
professionnelle, la documentation envoyée par les laboratoires, les formations organisées en situation de travail par les
laboratoires ou les groupements, les colloques.
111
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
95
I – chapitre 3
En témoigne aussi le succès des groupes d’échanges de pratiques qui récoltent 49% des voix
parmi les trois modalités préférées ; en effet, le traitement de cas pratiques et les partages
d’expériences permettent d’enrichir la réponse du pharmacien en termes de choix et
d’arbitrage et ne semblent pas encore assez développés dans l’offre actuelle.
Si certains titulaires jugent indispensable de participer à de véritables formations qui
permettent de s’ouvrir à d’autres pratiques et d’autres univers, d’autres privilégient les
modules courts dispensés sur le lieu de travail, compatibles avec les impératifs de l’officine.
En ce sens, la formation à distance est également plébiscitée (57,5% des titulaires l’envisagent
et 24,4% d’entre eux en font leur modalité de formation privilégiée alors qu’elle reste encore
peu présente au sein de l’offre actuelle).
Les attentes en matière de validation des acquis de
l’expérience
Aucune attente en la matière ne s’exprime spontanément. Les pharmaciens titulaires et leurs
employés semblent pour l’instant peu informés sur la VAE de même que sur l’évolution de la
législation sur la formation (en particulier sur le Droit Individuel à la Formation).
Certains titulaires plus avertis espèrent toutefois qu’un système de VAE rendra possible la
reconnaissance de l’expérience d’aides préparateurs, qui n’ont pas réussi à obtenir leur
mention du BP de préparateur mais présentent pourtant les compétences professionnelles
requises pour le poste.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
96
I- Chapitre 4
L’ETAT COMPARATIF DE LA DISPENSATION DU MEDICAMENT EN
EUROPE ET DANS QUELQUES AUTRES PAYS DE REFERENCE
LES POLITIQUES PUBLIQUES DE SANTE EN EUROPE
LES DONNEES COMPARATIVES
Les chiffres comparés des dépenses de santé consenties par différents pays développés
relativisent le niveau « exagéré » de dépenses de santé couramment attribué à la France112. En
effet la France affiche un pourcentage de 9,7 %, alors que des pays comme les Etats Unis ou
la Suisse consacrent respectivement 14,6 % et 11,2% de leur PIB aux dépenses de santé113.
Variations des dépenses de santé au regard du PIB
Concernant les pays européens, des sources plus récentes114 permettent d’établir une
comparaison des dépenses totales de santé. Alors que le Danemark et la Suède se situaient en
haut de l'échelle en 1980 avec plus de 9%, ce sont aujourd'hui l'Allemagne, la France et la
Norvège qui consacrent près de 10% du PIB à la santé. Ce sont désormais la Finlande,
l'Irlande et le Royaume-Uni qui ont les dépenses les moins élevées (moins de 8 %).
Sur l'ensemble de la période 1980-2001, le Danemark et la Suède connaissent les taux de
croissance des dépenses de santé les plus faibles, de l'ordre de 1%. Les taux les plus élevés
s'observent en Espagne et au Portugal, avec plus de 4,6%. Tandis que dans les autres pays, le
taux de croissance varie entre 2% et 3,5%.
La part relative de la pharmacie dans les dépenses de santé
Toujours selon les mêmes sources, la comparaison des dépenses de pharmacie dans les
dépenses totales de santé met également en lumière une grande diversité entre les pays.
112
Source : OCDE 2002
Cf tableau en annexe 5C, dans le « Tome II – Données annexes »
114
Les transformations contemporaines des politiques de santé en Europe,Christine ANDRÉ, CEPREMAP, Novembre 2004
Eco-santé OCDE 2005, www.oecd.org/santé/ecosante
113
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
97
I - Chapitre 4
En 2003, la France, l’Italie, l’Espagne et la République Tchèque sont les pays les plus
consommateurs de produits pharmaceutiques (plus de 20% des dépenses de santé) alors que
les pourcentages les plus faibles s’observent aux Pays-Bas (11,4%) en Suisse (10,5%) et au
Danemark (9,8%). Dans d’autres pays comme la Suède, l’Allemagne la Finlande et la Grèce,
ces dépenses se situent entre 12 et 16% des dépenses de santé.
Variations du financement public des produits
pharmaceutiques
En 2003, la part publique des dépenses de pharmacie est très variable et se situe entre 44 et
80%. Globalement, on identifie parmi les pays :
-
Les pays les plus consommateurs : Irlande, Espagne, Grèce, Allemagne, Autriche (plus
de 70%)
-
Les pays les moins consommateurs : Danemark, Finlande, Italie (moins de 50%)
-
Les pays « médians » : Pays-Bas, France, Suède, Royaume-Uni (entre 60 et 70%)
Part variable de l’automédication en Europe115
En 1999, les dépenses de médicaments non prescrits en Europe s’élevaient à 81 milliards de
francs116, soit environ 12,6 % du marché pharmaceutique européen..
Si le marché de l’automédication est non négligeable au niveau européen, il démontre
cependant de fortes disparités entre trois groupes de pays :
-
Le premier comprend le Portugal, l’Italie, l’Autriche, la Norvège, la Suède, les Pays-Bas
et la France, pays dans lesquels le recours aux médicaments non prescrits est relativement
peu développé (moins de 10 % du marché pharmaceutique domestique).
-
L’Espagne, le Danemark et la Finlande occupent une position médiane entre 10 et 20 %
-
Enfin, le troisième rassemble ceux dont le marché des médicaments non prescrits est très
développé : Allemagne, Belgique, Royaume-Uni et Irlande, où il représente plus de 20 %
de la consommation.
115
116
DRESS, Etudes et Résultats N°105, La consommation des médicaments non prescrits, mars 2001
D’après les statistiques établies par l’association européenne des spécialités pharmaceutiques grand public.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
98
I - Chapitre 4
L’importance de la consommation de médicaments non prescrits semble avant tout corrélée à
la taille du marché des spécialités disponibles sans ordonnance, sauf pour la France.
Dans certains pays comme le Danemark, la Norvège ou le Portugal, l’effet prescripteur est
inexistant dans la mesure où les médicaments à prescription facultative ne donnent jamais lieu
à prescription.
Si l’on se limite aux cas des pays membres de l’Union Européenne, il est possible de dégager
quelques orientations communes117 des politiques de santé publique telles que :
-
l’abandon progressif d’un système de prix fixe ;
-
l’émergence de l’évaluation économique des biens et des techniques de santé ;
-
l’homogénéité relative des critères d’accès au remboursement ;
-
le passage aux médicaments génériques.
Ces orientations sont fondées sur un article datant de 2002. Faute de données plus récentes,
les pays cités en exemple ayant nécessairement évolué, on s’intéressera aux orientations
plutôt qu’aux pays les appliquant.
L’ABANDON PROGRESSIF D’UN SYSTEME DE PRIX FIXE
En effet, le régime de prix administrés a peu à peu été abandonné car les prix étaient en
général assez bas et encourageaient les laboratoires à rechercher des gros volumes de vente et
donc à doper la consommation, ou pire, favorisaient les importations parallèles dans les pays
où les tarifs étaient plus élevés. De plus, un référentiel de prix fixes , voire orientés à la baisse,
conduit à brider le potentiel de développement et d’innovation de l’industrie pharmaceutique.
C’est pourquoi les pays européens se sont progressivement résolus à adopter un système plus
flexible, offrant davantage de souplesse, comme l’illustrent les exemples suivants.
117
Emmanuelle Alexandre , Marie Danièle Campion, Daniel Vion, Régulation de la dépense pharmaceutique dans l’union
européenne, CNOP, Bulletin de l’ordre n°376 Novembre 2002
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
99
I - Chapitre 4
Instauration des accords conventionnels entre pouvoirs
publics et laboratoires
Ce fut le cas en Autriche, en Belgique, en Espagne, en France, en Italie et en Irlande. On
autorise la pratique d’un prix libre jusqu’à un certain volume de vente au-delà duquel
l’entreprise se trouve dans l’obligation de rétrocéder aux autorités une partie de ses bénéfices.
Contrôle des remboursements
On peut citer l’exemple du TFR (Tarif Forfaitaire de Remboursement) portant sur le
remboursement et non sur le prix de la substance, consistant à rembourser l’usager sur la base
du générique le moins cher, la différence étant à sa charge. De telles mesures existent
également en Allemagne, en Belgique, au Danemark, en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas, en
Suède et incitent à recourir aux génériques. Toutefois, cette option présente un avantage limité
dans le temps puisqu’elle n’intègre pas l’apparition de nouvelles molécules plus chères et
donc non soumises au tarif de référence, ce qui permet aux groupes pharmaceutiques de
contourner ces mesures.
Contrôle des profits des industries pharmaceutiques
À l’image de la Grande-Bretagne, il est également possible de procéder à un contrôle des
profits en négociant un taux de profit maximum qui, en cas de dépassement, entraîne des
rétrocessions ou des baisses de prix l’année suivante.
L’EMERGENCE DE L’EVALUATION ECONOMIQUE DES BIENS ET DES TECHNIQUES DE SANTE
Il est question de procéder à des arbitrages pharmaco-économiques ou médico-économiques
dans un souci d’efficience, afin de concevoir et de conduire les mesures les plus ciblées
possibles. Pour cela, il est donc indispensable de se doter d’instances, de méthodes et d’outils
censés favoriser la lisibilité des biens et des pratiques de santé de manière à permettre une
gestion « éclairée » du périmètre des actes et des produits remboursables.
En novembre 2002 seuls la Finlande, l’Irlande, les Pays-Bas et le Royaume-Uni exigeaient
auprès des services de santé l’obtention de données économiques dans le cadre de l’accès au
remboursement. Toutefois, les pays européens jugent qu’ils ne disposent pas d’approches
standardisées et cohérentes en vue de procéder à l’évaluation économique de leur système de
santé. Comme on le mentionnait précédemment à propos du cas français, les professionnels
du secteur de la santé se montrent assez réticents vis-à-vis des notions d’efficience ou de
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
100
I - Chapitre 4
productivité et plus largement, à l’égard de tout dispositif destiné à mesurer le coût des
pratiques de santé.
L’UNIFICATION DES CRITERES D’ACCES AU REMBOURSEMENT
La plupart des pays de l’Union, l’Allemagne exceptée, procèdent par listes positives
déterminant le champ des produits remboursables selon des critères assez largement
reconnus :
-
Valeur thérapeutique du produit.
-
Sévérité de la pathologie à traiter.
-
Existence d’alternatives thérapeutiques.
-
Coût du traitement par rapport aux autres thérapies disponibles.
LE DEVELOPPEMENT DES MEDICAMENTS GENERIQUES : INCITATION / PENALISATION
De ce point de vue, les situations s’avèrent assez disparates en raison de la mise en œuvre plus
précoce de telles politiques dans certains Etats, principalement ceux de l’Europe du Nord. Par
la suite, les autres pays ont plus ou moins adopté et adapté des mesures expérimentées par des
pays voisins.
Les politiques d’incitation ou de pénalisation concernent aussi bien les prescripteurs, les
pharmaciens que les « consommateurs ».
Prescripteurs
Les mesures relevées concernant les prescripteurs sont les suivantes : le versement d’un
pourcentage des économies résultant de la prescription des génériques (méthode expérimentée
en Espagne, Irlande, Italie) ou la sanction en cas de dépassement des budgets (Allemagne)
Pharmaciens
Pour les pharmaciens, les politiques incitatives comprennent : l’exercice du droit de
substitution, les ristournes des grossistes, le versement d’un pourcentage des économies
réalisées (Pays-Bas), le passage sous TFR.
Consommateurs
Les mesures visant le consommateur recouvrent essentiellement le TFR et les campagnes
d’information visant à démystifier l’opinion selon laquelle le générique serait un médicament
de second choix.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
101
I - Chapitre 4
Le tableau ci-dessous118 donne une indication sur le taux d’implantation des génériques selon
les pays, que ce soit en volume (nombre de boîtes) et en valeur (pourcentage des ventes) :
Angleterre
% valeur
% volume
14 %
43 %
Allemagne
30,6 %
39,2 %
Italie
1,2 %
2,5 %
Espagne
3,6 %
4,5 %
France
4,2 %
9%
Belgique
Pays-Bas
3%
6%
19 %
44%
N.B : Ce type de comparaison s’avère toutefois délicat dans la mesure où la définition du
générique n’est pas la même chez les divers membres de l’Union européenne. En France, la
surface du répertoire des molécules à génériquer est définie par l’AFSSAPS. Seuls les
médicaments faisant partie du répertoire sont substituables, soit environ 15 % en valeur et 20
% en unités du marché total. Il existe beaucoup de princeps ayant perdu leur brevet qui ne
sont pas dans ce répertoire, ce qui n’est pas le cas dans d’autres états européens où dès qu’un
médicament tombe dans le domaine public, il intègre automatiquement le répertoire des
génériques et devient donc substituable.
On peut également ajouter que le marché des génériques a été développé par les pouvoirs
publics locaux d’autres pays depuis bien plus longtemps qu’en France, souvent plus de dix
ans comme en Allemagne ou en Angleterre, ce qui apparaît clairement sur le tableau ci-dessus
au regard des pourcentages en volume de boîtes vendues.
LES LIMITES DES POLITIQUES PUBLIQUES DE SANTE EUROPEENNES
Elles portent principalement sur les obstacles, voire les risques de dérives, qu’induisent de
trop fortes disparités entre États membres.
Inégalité des Ressources
Les politiques d’harmonisation ou d’adoption de modèles expérimentés dans les pays voisins
dépendent des systèmes de santé respectifs et ne peuvent se faire que sur la base d’une
équivalence minimale entre les ressources de financement dont dispose chaque État.
Risques d’importations parallèles
Compte tenu de différences entre les régimes de prix et les tarifs de remboursement, le
principe de libre circulation des biens pose problème car il accroît le risque d’importations
parallèles de médicaments. La France représente un pays attractif pour l’achat de produits
pharmaceutiques destinés à ce type de contrebande, étant donné le niveau relativement
118
Pharmaflash juin 2003
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
102
I - Chapitre 4
modique des prix pratiqués comparativement aux autres pays. Pour donner une indication, les
importations parallèles représentent environ 5% du volume du marché des médicaments en
Europe119.
Hétérogénéité des systèmes d’assurance maladie
De même, la libre circulation des personnes, et donc des travailleurs, pose également la
question de la coordination des régimes d’accès aux soins et au remboursement dans la
mesure où des salariés, du fait de leurs migrations professionnelles, peuvent très bien être
confrontés, à leurs dépens ou à leur avantage, à différents systèmes de santé.
LES PRATIQUES DE LA PHARMACIE D’OFFICINE EN EUROPE
Malgré une conception commune du métier, une organisation de
l’activité et des conditions d’exercice distinctes selon les pays
Le secteur des 132 000 pharmacies d’officine120 européennes emploie au sein de l’Union
européenne près de 500 000 personnes qui incluent les pharmaciens d’officine, les
préparateurs et les autres catégories de personnel employées dans les pharmacies.
En droit européen, l’article 152 du Traité exclut toute harmonisation en matière de santé
publique puisque « l’action de la Communauté dans le domaine de la santé publique respecte
pleinement les responsabilités des Etats membres en matière d’organisation et de fourniture
de services de santé et de soins médicaux ». Pour autant, la recherche permanente d’une
meilleure coordination entre les différents systèmes, la dimension européenne de l’activité des
entreprises privées de l’industrie et de la distribution ou encore la production réglementaire
européenne connexe au domaine de la santé
121
continuent à questionner les évolutions des
modèles nationaux et le maintien des exceptions nationales.
Globalement, les différents modèles de dispensation pharmaceutique s’organisent à partir de
choix guidés par des exigences accrues – parfois difficiles à concilier - en termes de sécurité
sanitaire, de liberté d’accès et d’optimisation des coûts.
119
Ibid.
Données recueillies par le Groupement pharmaceutique de l’Union Européenne (GPUE), 2003
121
Par exemple, la directive relative aux services dans le Marché intérieur dite « directive Bolkeinstein »
120
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
103
I - Chapitre 4
Si, à l’échelle européenne, l’acception de la profession de pharmacien d’officine est
relativement similaire, chaque pays ne s’y prend pas de la même façon pour rendre un même
service à la population ; c’est donc au niveau de l’organisation, du fonctionnement et des
modes de contribution et de rétribution du circuit officinal que les modèles nationaux
accusent les variations les plus sensibles, généralement sous l’impact d’aménagements
progressifs des monopoles d’exercice et de propriété.
UNE CONCEPTION COMMUNE DU METIER DE PHARMACIEN D’OFFICINE…
Depuis 1985, la profession de pharmacien est officiellement définie et réglementée en Europe
par la directive sectorielle européenne CE 85/432.
Cette réglementation a harmonisé en profondeur le métier de pharmacien en décrivant pour
l’ensemble des pays membres de l’Union Européenne les compétences requises et un socle
d’activités communes. Dans le même sens, la réglementation européenne a fixé à 5 ans
minimum la durée nécessaire pour être diplômé en pharmacie. L’harmonisation du cursus de
formation universitaire, déjà bien amorcée (durée d’étude oscillant entre 5 et 6 ans),
s’achèvera avec la mise en place effective du système LMD dans tous les pays concernés.
Le régime des diplômes de pharmacien repose donc sur le principe de la reconnaissance
automatique de la valeur du diplôme dans l’ensemble des pays européens. Il distingue les cas
d’établissement et les cas d’exercice temporaire ; cette évolution témoigne de la volonté
d’accroître la mobilité professionnelle et la flexibilité de l’offre du marché à la demande à la
fois structurelle et conjoncturelle (séjours inférieurs à 6 mois dans le cadre de remplacement
d’assistanat...).
Enfin, si la définition réglementaire du métier de pharmacien assure une harmonisation légale
de la profession au sein des pays européens, les représentants des pharmaciens souhaitent
également approfondir une véritable culture pharmacienne européenne en développant la
promotion de « bonnes pratiques » et de « codes de conduite » partagés par l’ensemble des
professionnels au niveau européen.
…MAIS UNE ORGANISATION DE L’ACTIVITE ENCORE TRES HETEROGENE…
Au niveau du territoire
Si le principe d’une régulation territoriale de l’offre pharmaceutique est partagé, reste que les
pays européens affichent des répartitions territoriales contrastées. À l’exception de
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
104
I - Chapitre 4
l’Allemagne et de la République Tchèque, tous les pays européens ont peu ou prou adopté une
règle de maillage du territoire pour l’implantation des officines. Les critères d’implantation
retenus visent généralement à assurer à la fois une bonne répartition de l’offre sur le territoire
et la viabilité des officines (critères démographiques et géographiques dans la plupart des
pays ou de viabilité économique au Royaume-Uni).
Malgré le choix de critères d’implantation, les situations des pays en Europe révèlent une
grande diversité du nombre d’officine par pays et des densités officinales.
Ce schéma met en évidence qu’une majorité de pays européens n’accueillent pas plus de 3000
officines sur leur territoire tandis que cinq pays- dont la France- accueillent entre 10 000 et
plus de 20 000 officines. On peut également noter que l’Allemagne, qui n’applique pas de
quota d’installation, compte moins d’officines que la France dont la population est pourtant
moins nombreuse.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
105
I - Chapitre 4
Ce schéma illustre la diversité de la répartition de l’offre officinale au sein des pays
européens :
-
7 pays s’appuient sur un réseau officinal serré compris entre 1 et 3000 habitants par
officine dont la France et l’Espagne.
-
9 pays comptent un maillage « moyen » entre 3000 et 6000 habitants par officine parmi
lesquels certains pays comptent un nombre d’officines élevé (Allemagne, Royaume-Uni)
-
3 pays se situent entre 6000 et 9000 habitants par officine, principalement situés en
Europe du Nord.
-
4 pays révèlent une densité officinale très faible (plus de 9000 habitants par officine),
constitués principalement par des pays du Nord de l’Europe. Au Danemark ou en Suède,
ce maillage peu intense est compensé par la mise en place de points de vente secondaires
ou dépositaires, qui offrent un choix limité de produits.
Au niveau de l’officine
Dans l’organisation des activités au sein de l’officine, force est de constater une grande
hétérogénéité de fonctions comparables au métier de « préparateur », tel qu’il existe en France
mais pour lequel il n’existe aucune équivalence dans les autres pays européens. Si la plupart
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
106
I - Chapitre 4
des officines des pays européens incluent des « assistants techniciens »122, les contours de leur
activité et leurs niveaux de formation restent très variables selon les pays.
Certes, bon nombre d’entre eux bénéficient d’un droit de délivrance, mais ce dernier peut être
plus ou moins restreint selon le type de médicament (sur ordonnance, en vente libre…) et
placé ou non sous le contrôle du pharmacien. 123
Pour rendre compte de la diversité des situations, ce tableau répertorie, sans exhaustivité
aucune, différentes configurations officinales rencontrées dans les pays européens.
Type d’organisation des activités
-
Nombre de pharmaciens réduit en charge du
conseil et du suivi thérapeutique
-
Assistant bénéficiant d’une formation poussée et
du droit de délivrance autonome
-
Nombre de pharmaciens réduit à moyen
-
Préparateur avec droit de délivrance sous contrôle
du pharmacien
-
Minimum de 2/3 pharmaciens par officine
-
Assistant sans droit de délivrance avec des
compétences commerciales et techniques
-
Pharmaciens exclusivement
-
Absence de « préparateurs »
124
Pays concernés
Danemark
Suède
France
Belgique
Pays-Bas
Allemagne
Lituanie
Espagne
République Tchèque
Autriche
Italie
Luxembourg
… DES CONDITIONS D’EXERCICE QUI SUBISSENT DES EVOLUTIONS CONTRASTEES SELON LES
PAYS
En termes d’exploitation de l’officine
Si la qualité de pharmacien reste un critère encore dominant dans l’ensemble des pays
européens pour posséder une pharmacie, toutes les configurations d’exploitation des officines
122
Autres appellations possibles : assistants pharmaco-techniques, assistants à la délivrance de médicaments…
Cas du Danemark, où l’assistant est une sorte de « super préparateur » autonome et présent dans les filiales des
123
pharmacies principales où la présence d’un pharmacien est requise. Dans le même sens, Les assistants britanniques pourraient
prochainement acquérir une autonomie de délivrance des médicaments, même en l’absence de pharmacien dans l’officine.
124
En Italie, l’équipe officinale se compose généralement de deux pharmaciens salariés et d’un gérant non pharmacien.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
107
I - Chapitre 4
existent : ainsi trouve-t-on des chaînes de pharmacie comme en Belgique et au Royaume-Uni,
ou encore un seul et unique propriétaire comme en Suède où l’Etat emploie l’ensemble des
salariés des officines.
L’exploitation des pharmacies européennes se répartit ainsi selon deux types de
configurations125 :
-
Le pharmacien est propriétaire et indépendant : il exerce en nom propre ou collectif ou est
associé à un réseau.
-
Le pharmacien n’est pas propriétaire mais salarié : d’une entreprise privée (chaîne ou
mono officine), d’un service public (Etat, chaîne publique) ou de « mutuelles ».
Selon cette typologie, l’exercice de propriété de l’officine dans les pays européens pourrait se
répartir de la manière suivante :
Type d’exploitation
Pays concernés
Modèle exclusif d’officines dont le
propriétaire est un seul pharmacien ou un
partenariat de pharmaciens
Autriche, France, Danemark, Espagne, Finlande,
Allemagne, Grèce, Luxembourg, Portugal
Combinaison du modèle précédent et du
modèle d’officines dont le propriétaire peut
également être :
-
une chaîne privée
Belgique, Italie, Irlande, Pays-Bas, Royaume Uni,
République Tchèque, Pologne, Norvège,
Slovaquie, Lettonie
-
l’État
Suède
On constate ces dernières années une forte évolution en faveur de la déréglementation de
l’exploitation des officines conduisant à l’ouverture de chaînes de pharmacies. En Irlande ou
en Norvège, ce phénomène s’est très rapidement développé.
En Italie, les officines ont connu un fort phénomène de concentration verticale qui s’est
traduit par la création de chaînes de « grossistes » à l’instar de l’entreprise Alliance Unichem,
également implantée au Royaume-Uni, en Norvège, ou par le rachat des officines
125
Indépendance, association holdings de pharmacies, J.J Zambrowski,, Octobre 2001
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108
I - Chapitre 4
communales par le groupe allemand GEHE. Au Royaume-Uni, les chaînes de pharmacies
représentent jusqu’à 50% des officines présentes sur le territoire.
Dans les pays où la propriété n’est pas obligatoirement « pharmacienne », l’ouverture de
l’officine reste conditionnée à la présence d’un pharmacien (Italie, République Tchèque…). À
noter, en dehors de l’Europe, le cas du Québec, où le propriétaire d'une pharmacie —
obligatoirement pharmacien — peut être également affilié commercialement à une chaîne ou
une bannière pour exploiter la « devanture », correspondant à la partie commerciale de la
pharmacie.
En termes de monopole de la vente des médicaments
Dans la plupart des pays européens, les médicaments soumis à prescription obligatoire ne
peuvent être vendus que par un pharmacien dans une pharmacie. Pour autant, l’application de
ce partage connaît des ampleurs très variables.
Des pratiques du monopole différentes au Nord et au Sud de l’Europe
Concernant les tendances d’évolution du monopole de la vente des médicaments, il est
possible de distinguer deux catégories de pays :
-
Les pays du nord de l’Europe qui ont favorisé ces dernières années la déréglementation du
monopole de vente des médicaments.
-
Les pays de la partie latine de l’Europe, qui restent vigilants à conserver une interprétation
stricte du monopole. C’est le cas de la France, qui interdit la commercialisation des
produits sous monopole par des pharmaciens en dehors de l’officine.126
126
Cour de Cassation, arrêt du 16 mai 2000
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
109
I - Chapitre 4
Pour refléter plus précisément les pratiques de vente des produits pharmaceutiques, il est
possible de classer les différents pays selon trois types d’application du principe de
monopole127 :
Etat du monopole
Application étendue à d’autres
produits que le médicament (ex.
alimentation infantile)
Produits en concurrence
parapharmacie
Application limitée à la stricte
vente des médicaments
Application restreinte à certains
types de médicaments (ex : sur
ordonnance)
Produits OTC
Pays concernés
Espagne, France, Italie, Grèce
Autriche, Belgique, République
Tchèque, Luxembourg, Suède,
Finlande
Allemagne, Irlande, Royaume
Uni, Pologne, Danemark, PaysBas, Portugal
La vente des produits pharmaceutiques a d’ailleurs fait l’objet de nombreux aménagements
récents dans les pays européens.
Au Royaume-Uni et aux Pays-Bas et plus récemment en Allemagne et au Portugal128, certains
antalgiques, antitussifs, traitements des troubles gastriques peuvent être vendus librement
dans des magasins de grande distribution, des « drugstores » ou même dans des stationsservice comme au Danemark depuis 2001. Cette ouverture du monopole de la vente des
médicaments OTC peut également s’accompagner d’une libéralisation de la fixation des prix
comme en Allemagne.
Des démarcations palpables en termes
rémunération et de formation des personnels
de
contribution,
de
DES VARIATIONS DANS LES CONTRIBUTIONS AU SEIN DES SYSTEMES DE SANTE
Si le « cœur » de l’activité des pharmacies d’officine européennes se centre naturellement sur
la dispensation des médicaments, de nombreuses variations sont perceptibles dans les
contributions des officines européennes au sein de leur système de santé.
Globalement, les pharmacies d’officine étrangères s’impliquent parallèlement à la dispense du
médicament dans les quatre domaines de contribution suivants :
127
128
Quotidien du pharmacien, article de Me Christiane FERAL SCHUHL, avocat à la cour, 20 Mai 2005
respectivement en 2004 et 2005
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
110
I - Chapitre 4
La prévention et la gestion du petit risque
Si de manière générale, les pharmacies d’officine constituent naturellement des acteurs de
prévention, les modalités d’implication varient encore fortement selon les pays.
D’abord, les pharmaciens d'officine sont fréquemment associés à des campagnes
d'information sur les médicaments ou la santé publique (campagnes sur les médicaments
génériques, la prévention des résistances aux antibiotiques, la lutte contre le tabac …).
Par ailleurs, dans certains pays comme en Suède ou au Royaume-Uni, les pouvoirs publics
incitent fortement les citoyens à se renseigner auprès de leur pharmacien d’officine sur des
affections bénignes dans la perspective d’alléger la saturation des réseaux de médecine
généraliste.
Enfin, en Autriche, en Lettonie et en Slovénie, les officines proposent des services de contrôle
de la pression sanguine et dispensent des conseils aux patients sur leur santé tandis qu’au
Portugal, les pharmaciens d’officine proposent des tests de dépistage des facteurs de risque
liés au diabète (test de glycémie).
Le suivi thérapeutique et la gestion du risque
pharmacologique
De nombreux exemples en Europe témoignent de la volonté d’impliquer plus activement le
pharmacien dans le suivi thérapeutique du patient et la gestion du risque pharmacologique.
L'amélioration de l'observance thérapeutique des patients constitue un réel enjeu pour les
pays, notamment ceux où la population des personnes âgées, susceptibles de suivre des
régimes médicamenteux relativement complexes, s’accroît.
C’est ainsi que certains pharmaciens d'officine, au Danemark ou en Suisse par exemple,
proposent déjà des services ciblés destinés à ces personnes (conseils, analyses régulières des
médications…).
Dans la même perspective, près de la moitié des officines allemandes travaillent désormais
dans le cadre d’un accord de rémunération de l’exercice officinal signé avec le principal
organisme d’assurance.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
111
I - Chapitre 4
Ce programme implique pour le patient le double choix d’un médecin et d’une pharmacie
référents qui facilitent le recueil, l’échange des informations et l’analyse du risque de la
consommation médicamenteuse sur l’état de santé des patients.
Les soins pharmaceutiques et les services à domicile
Dans plusieurs pays européens, l’implication des officines dans des programmes de soins
pharmaceutiques s’est fortement accrue. L’adhésion des officines à des réseaux de soins est
particulièrement notable au Portugal, en Finlande ou encore en Italie.
En Norvège, au Portugal, en Espagne ou encore en Allemagne129 par exemple, les
pharmaciens d’officine participent aux programmes de gestion des maladies, telles le diabète,
l’hypertension ou l’asthme.
Dans le cas du Danemark, les pharmacies fonctionnent comme des centres de santé : elles
effectuent des examens (prise de tension, mesure du cholestérol, de glycémie).
Par ailleurs, certaines officines étrangères s’appuient déjà sur une offre structurée de
prestations à domicile tant au niveau de la dispensation que des soins. Cette évolution est
particulièrement notable aux Pays-Bas où les pharmaciens proposent d’effectuer gratuitement
les livraisons et plus récemment en Allemagne. Au Canada, les pharmaciens ont même adopté
un véritable « virage ambulatoire » et prennent en charge à domicile des consultations
relatives à la médication ou la pharmacothérapie intraveineuse des patients, en collaboration
avec les médecins et les soignants.
De manière générale, les prestations autres que la simple dispensation s’inscrivent dans le
développement progressif de consultations « pharmaciennes » au sein d’espaces aménagés
tels que les connaissent le Danemark, la Suède, le Royaume-Uni, l’Irlande ou encore les PaysBas.
Ces consultations recouvrent des degrés divers : simple conseil sur le traitement, proposition
de tests médicaux, dispensation de conseils sanitaires, accompagnement dans le domaine des
addictions ou de la diététique.
129
Les officinaux allemands ont ainsi contribué à l’amélioration de la prise en charge des patients asthmatiques, qu’une
enquête avait révélé largement inefficace en raison d’un nombre élevé de mauvaises manipulations. de l’inhalateur.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
112
I - Chapitre 4
La prescription
Il existe une véritable évolution en ce sens dans la mesure où de plus en plus de pays
organisent un droit de prescription du pharmacien dans le cadre du renouvellement
d’ordonnances pour les patients chroniques ou de protocoles spécifiques d’urgence (cas de la
prescription de la pilule contraceptive « du lendemain »).
À noter, au Royaume-Uni, la décision d’élargir à partir de 2006 le droit 130 de prescription des
pharmaciens à l’ensemble des spécialités pharmaceutiques (à l’exception des stupéfiants), leur
conférant par là même le statut de « prescripteurs indépendants ».131
DES CHOIX DISTINCTS ENTRE REMUNERATION PROPORTIONNELLE OU FORFAITAIRE
De manière générale, les pharmaciens perçoivent des rémunérations très inégales. Les
données sur ce sujet se révèlent indisponibles mais seraient difficilement comparables compte
tenu de la variation du pouvoir d’achat selon les pays. Nul doute que l’organisation et le
niveau de la rémunération des responsabilités du pharmacien et des services de l’officine sont
susceptibles de connaître des aménagements dans la conduite des réformes des politiques de
santé européennes à venir.
Le système de rémunération dépendant d’une marge basée sur le prix des médicaments132
reste encore largement utilisé en Europe (Autriche, Belgique , Finlande, France, Grèce, Italie,
Portugal…). Néanmoins, ce système n’est pas pratiqué de manière uniforme (variation des
taux, application d’une dégressivité…).
Par ailleurs, le système de rémunération par la marge sur le prix se voit progressivement
combiné ou remplacé par une rémunération forfaitaire.
Cette évolution de la rémunération des actes du pharmacien reflète une distinction progressive
des rémunérations selon les activités liées à :
-
La distribution des médicaments (qui implique le stockage, la gestion du conditionnement,
130
Depuis 2003, le pharmaciens britanniques sont autorisés à effectuer des prescriptions complémentaires dans le cadre de
protocoles spécifiques (notamment dans le cas des pathologies chroniques).
131
Les Nouvelles Pharmaceutiques, n°310, « Vers des pharmaciens britanniques prescripteurs à part entière », 20 décembre
2005
132
Rémunération échelonnée ou rapportée à un pourcentage fixe du prix du médicament
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
113
I - Chapitre 4
-
la vente et la dispensation) : le forfait peut être alors rattaché soit :
⋅
à l’ordonnance adossée à un système de dégressivité (Royaume Uni)
⋅
à la boîte de médicament « l’honoraire de délivrance » établi aux Pays Bas).
⋅
à la prestation intellectuelle , ce qui signifie que l’acquittement du forfait
rémunère également la garantie de sécurité et la responsabilité du pharmacien
comme en Suisse, et plus récemment en Belgique et en Allemagne (depuis
2004).
-
L’offre de prestations de service orientée vers la prévention sanitaire et la santé du patient.
Dans ce cas, la mise en place d’un « honoraire pharmacien » peut viser à rétribuer une
prestation de service spécifique, qui implique dans certains cas l’absence de délivrance :
préparation, prestation de conseil ou de soin pharmaceutique…
Au Danemark, les prestations de service correspondent à des rémunérations distinctes,
prises en charge par les assurances ou les collectivités locales dans le cadre de la
prévention et de l’éducation sanitaire.
À noter le cas particulier de la Suède où les pharmaciens sont rémunérés sur la base de
contrats de budgets annuels qui couvrent l’ensemble des salaires, des frais professionnels et
de fonctionnement. Le niveau de rémunération dépend alors de la qualité de leur gestion.133
DES CONDITIONS ET DES PRATIQUES DE FORMATION HETEROGENES
En termes de formation des assistants des pharmaciens
Dans certains pays, le niveau de formation des assistants est plus élevé que celui visé en
France. La durée des cours théoriques est alors plus longue (Par exemple, 1200 heures en
Suisse) et s’étend généralement sur trois années d’études (Allemagne, Danemark, Suède et
plus récemment le Portugal…).
À l’instar des Etats-Unis, la Suède est le seul pays qui organise la formation des assistants au
sein d’un continuum, commun aux pharmaciens et aux assistants qui poursuivent des études
en pharmacie pendant trois ans.
Par ailleurs, afin d’assumer davantage de responsabilités dans la pharmacie, certains assistants
européens ont la possibilité d’acquérir un titre supplémentaire pour se spécialiser dans la
133
Ce système peut-être mis en parallèle avec le système de rémunération par capitation en vigueur aux Etats-Unis, qui
détermine une somme fixe par patient, destiné à couvrir tous les frais de médicaments en pendant un an. Le pharmacien doit
alors se comporter en véritable assureur gérant le partage du risque.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
114
I - Chapitre 4
gestion (exemple du brevet fédéral de gestion en pharmacie, en Suisse, préparé en une année).
Enfin, certains pays organisent des passerelles pendant ou après l’apprentissage des assistants
afin qu’ils puissent étudier la pharmacie à l’université (cas de la Suisse).
En termes de formation continue des pharmaciens
L’obligation de formation continue constitue une obligation déontologique voire légale dans
plusieurs pays européens depuis quelques années.
Le cadre juridique de la formation pharmaceutique continue varie néanmoins selon les pays.
Si le plus souvent le pharmacien reste libre d’adapter les contenus et le type de formation à
ses besoins, les pratiques de formation de certains pays peuvent être plus strictement
encadrées par :
-
des règles d’accréditation (Pays bas) ;
-
un plan national de formation (Espagne) ;
-
une auto évaluation préalable des besoins à partir d’un référentiel qualité des pratiques
(Suisse, Canada).
L’évaluation de la formation continue fait également l’objet d’un traitement variable selon les
pays allant d’un simple contrôle sans minimum et sans sanction à un contrôle assorti d’une
obligation minimum et de règles de suivi (par exemple, en Allemagne, l’autoformation ne
peut pas dépasser 20% de la formation suivie).
Deux pays se distinguent par une application plus stricte de l’obligation de formation :
-
Aux Etats-Unis, le respect de l’obligation de formation est désormais une condition pour
les pharmaciens pour obtenir le renouvellement de leur droit d’exercice.
-
Aux Pays-Bas134, l’obligation de formation constitue une nécessité économique pour les
officines dans la mesure ou les organismes payeurs peuvent conditionner le
remboursement de prestations au respect de l’obligation de formation.
134
Aux Pays-Bas, 80% des pharmaciens respectent l’obligation de formation.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
115
I - Chapitre 4
MODELES ET PRATIQUES D’OFFICINE A L’ETRANGER
Les informations qualitatives indiquées dans ce tableau ne visent pas l’exhaustivité ; elles constituent la synthèse des données disponibles recueillies lors d’entretiens et d’analyses documentaires (cf sources bibliographiques)
Autriche
Belgique
Danemark
Espagne
Finlande
Allemagne
Grèce
Italie
Irlande
Luxembourg
Pays Bas
Portugal
Suède
R.U
Suisse
Canada
Québec
Nombre total d’officines
1 100
5 200
280
20 100
800
21 300
9300
16 800
1200
80
1 700
2700
900
10 500
ND
1600
Nombre d’habitants/officine
7050
1960
19 000
2000
6500
3800
3400
3000
5600
9700
4000
11200
4900
ND
ND
12 700
10 500
5 800
55 500
7 500
137 300
ND
53 000
ND
700
19 200
6 100
8 000
ND
ND
ND
4350
4650
1000
31 700
1300
46 000
ND
33 000
1900
300
2300
4500
4300
ND
ND
2100
X
X
X
X
X
X
X
Expérience
-pilote
X
X
Organisation du circuit officinal
Ressources humaines de l’officine
Effectif total
Nombre de pharmaciens
Conditions d’exercice
Mode de rémunération
Marge sur le prix du médicament
X
X
Rémunération forfaitaire / honoraire
Structure combinatoire (forfaitaire et
proportionnelle)
Monopole de vente exclusif
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Conditions d’activité
Services de contrôle et de prévention
(dépistage, prise de tension voire
prescription d’examen)
Prestations de suivi thérapeutique
(gestion dossier, consultations
observance, …)
Relation patient par Internet / à
domicile
Intégration à des réseaux de soins
X
X
X
Expérience
-pilote
X
X
VPC
X
X
VPC
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Conditions de formation135
Pratiques de formation continue du
pharmacien
Niveau de la formation initiale du
« préparateur »
X
X
X
X
X
X
X
X
135
Le tableau indique des conditions et des pratiques de formation plus élevées que celles des pharmaciens (heures de formation > ou caractère plus strict de l’obligation de formation) et des
préparateurs en pharmacie français (formation initiale > 800 heures )
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
116
Deuxième partie :
analyse prospective
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
117
II - Introduction
L’analyse prospective présentée dans cette partie du rapport a été réalisée sous l’éclairage :
-
des trois études136 conduites au cours des deux premières phases d’investigations : le
cadre statistique du CEP et l’enquête prospective ; l’enquête qualitative par entretiens
et immersion dans un échantillon d’officines ; l’enquête quantitative par questionnaire
auprès d’un échantillon plus large d’officines ;
-
des échanges organisés pendant les trois phases du CEP avec les différents groupes
d’experts, de professionnels, de représentants des employeurs et des salariés, de
responsables des administrations impliquées dans le CEP et dans l’avenir de la
pharmacie d’officine.
Elle s’attache à décrire successivement trois niveaux d’évolutions :
-
Les évolutions prévisibles des politiques de santé publique et la posture qu’elles
imposent au secteur de la pharmacie d’officine.
-
Les évolutions relatives à la reconfiguration du secteur,
⋅
dans son organisation générale et sa place au sein de son système de
coopération tout d’abord,
⋅
dans l’organisation et le fonctionnement des structures qui le composent (les
officines) en second lieu.
-
Les hypothèses d’évolution de l’emploi et des compétences induites par les deux
précédents niveaux de changement, et la problématique de gestion des ressources
humaines qui en résulte et doit être traitée.
136
Chacune de ces trois études, qui correspondent aux productions des phases 1 et 2, a fait l’objet d’un rapport spécifique
dont certaines parties dans le « tome 2 - données annexes ». Les rapports complets relatifs à chacune de ces trois études sont
disponibles auprès du comité de pilotage. La méthodologie propre à la réalisation de chacune de ces trois études est détaillée
en annexe 10 du tome 2 - données annexes.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
118
Cette deuxième partie s’achève par la présentation de deux scénarios possibles, l’un
d’adaptation à des évolutions déclenchées par l’environnement, l’autre de construction plus
volontariste du futur de l’officine. C’est sur la base de ce second scénario que sont élaborées
les préconisations développées dans la troisième partie du CEP.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
119
II – chapitre 1
LES GRANDES ORIENTATIONS EN MATIERE DE SANTE PUBLIQUE
LES ENJEUX ECONOMIQUES ET SOCIAUX : MAITRISER LES DEPENSES DE SANTE
ALORS QUE LES BESOINS DE SOINS S’ACCROISSENT
La dérive redoutée des dépenses de santé de la France
Le système de sécurité sociale accuse des déficits de plus en plus importants qui inquiètent les
pouvoirs publics. Dans la structure des remboursements de l’assurance maladie, la part des
médicaments représente le deuxième poste137 avec 19% du total, loin derrière les frais
d’hospitalisation (50%), mais avant les honoraires médicaux et dentaires (14%), les
indemnités journalières (5%), et toutes les autres dépenses cumulées (12%).
La situation financière d’ensemble est d’autant plus préoccupante que jusqu’en 2002, le
déficit de la branche maladie était plus ou moins amorti par le solde positif des autres
branches (vieillesse, famille, travail), ce qui n’est plus le cas aujourd’hui comme le montre le
tableau ci-dessous.138
En milliards d’euros
Maladie
Travail
Vieillesse
Famille
Total régime général
2001
-2,1
0,0
1,5
1,7
1,2
2002
-6,1
0,0
1,7
1,0
-3,5
2003
-10,6
-0,1
1,5
0,3
-8,9
2004
-12,3
-0,3
0
-0,6
-13,2
LA PROJECTION DU DEFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE SUR 20 ANS139
Un rapport du Haut Conseil sur l’assurance maladie établit la projection du solde tendanciel
de la CNAMTS selon trois scénarios d’évolution, construits respectivement selon un écart de
1%, 1,5% et 2% entre la progression du PIB et la progression (plus importante) des dépenses
de santé, autrement dit entre la source des recettes et celle des dépenses de santé publique.
137
Source : LEEM 2004
Sources : Rapport du Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance Maladie – Ministère de la Santé – Janvier 2004
139
Source : ibid.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
138
120
II - Analyse prospective - chapitre 1
Selon le scénario le plus sombre (un écart de 2%) et en intégrant un taux d’intérêt annuel de
2,5% le montant cumulé des déficits annuels s’élèverait en 2020 à près de 600 milliards
d’euros.
Déficit de la CNAMTS à l’horizon 2020
Le diagramme ci-dessous présente les trois scénarios évoqués plus haut. En additionnant les
soldes annuels de 2002 à 2020 selon l’hypothèse la moins favorable, le déficit atteint est de
600 milliards d’euros.
0
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
2016
2018
2020
- 20
- 40
- 60
- 80
-100
120
Hypothèse de progression des dépenses :
PIB + 1%
PIB + 1,5%
PIB + 2%
Lecture du tableau
En 2010, dans le cadre du scénario le plus défavorable — un niveau de dépense excédant de 2 % le
montant des recettes du PIB (courbe du bas) — le déficit annuel sera de 40 milliards d’euros, y
compris les charges de dette occasionnées par ce coût, estimées selon un taux d’intérêt de 2,5%.
Une projection comparée de l’évolution des dépenses de santé avec la moyenne européenne
montre que les équilibres financiers du système de soins français ne sont plus garantis. Au
seuil de l’année 2012 la dérive des remboursements de santé de la France représenterait un
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
121
II - Analyse prospective - chapitre 1
taux de 1,7% supérieur à la moyenne européenne, soit un écart de l’ordre de 2,5 Milliards
d’euros.
UN DEFICIT EN PARTIE STRUCTUREL, EN PARTIE CONJONCTUREL 140
La part structurelle du déficit, la plus importante, renvoie à des tendances lourdes et
difficilement compressibles telles que le rapport entre les effectifs des générations, l’élévation
des besoins et des attentes en matière de santé publique ou encore l’allongement de la durée
de vie.
Mais des facteurs conjoncturels seraient à l’origine d’environ un quart du déficit : ils sont liés
au fléchissement actuel de la croissance économique et entraînent une diminution du niveau
des cotisations patronales et salariales, ce qui contribue à pénaliser le niveau de recette de la
CNAMTS.
L’amplification des besoins et attentes sociales en matière de santé
publique
Ceux-ci se traduisent, d’une part, en éléments quantitatifs correspondant à la situation
démographique et, d’autre part, en éléments qualitatifs reflétant l’état de l’opinion vis-à-vis
du système de soins.
UNE SITUATION DEMOGRAPHIQUE INEDITE
Le cas problématique posé par le vieillissement de la génération dite du « baby boom »,
maintes fois présenté comme une donnée incontournable du déficit de la branche maladie du
régime général, doit ici être sommairement rappelé.
L’existence d’un tel différentiel141 entre générations demeure pratiquement inédit sur trois
siècles de statistiques et génère des déséquilibres à la hauteur de la situation
exceptionnellement « privilégiée » de la cohorte née à l’issue de la seconde guerre mondiale.
Cette génération a dans son ensemble bénéficié d’une période de forte croissance économique
sur une durée relativement longue, les Trente Glorieuses, ce qui a provoqué un niveau de
recettes conséquent et régulier en faveur des caisses de Sécurité Sociale. De plus, le déficit
140
Source : Rapport du Haut Conseil pour l’assurance maladie (2004)
Louis Chauvel, Le Destin des Générations, PUF 1996
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
141
122
II - Analyse prospective - chapitre 1
démographique des générations antérieures a permis de s’en tenir à un niveau minime des
cotisations vieillesse.
En revanche, les générations suivantes, bien que plus diplômées, se sont trouvées confrontées
à un contexte économique nettement moins favorable, avec l’installation d’un chômage de
masse, et s’avèrent surtout être moins nombreuses que celle du baby-boom.
En conséquence elles ne peuvent à elles seules résorber le coût engendré par les dépenses
croissantes de soins, notamment celles imputables aux personnes âgées appelées, elles, à être
de plus en plus nombreuses. En effet, l’allongement de la durée de vie amplifie ce phénomène
et contribue à maintenir durablement les effectifs des plus de 60 ans, alors que ceux des moins
de 25 ans déclinent 142.
UNE CONSOMMATION CROISSANTE DE MEDICAMENTS
L’accroissement de la consommation des médicaments, lié à la démographie, est considéré
comme certain (avec un score de 2,18143 selon la cotation du groupe d’experts). Si le
rapprochement entre le vieillissement de la population et l’augmentation d’affections de
longue durée ou de recours plus systématique aux médicaments est inévitable, il convient
toutefois de tenir compte de la tendance, soulignée par le Ministère de la Santé, à une relative
stabilité du nombre de boîtes vendues.
Il pourrait dont moins s’agir d’une augmentation en volume — depuis 5 ans, le volume a
connu une augmentation de 0, 5 % — que d’une augmentation en valeur (le prix des
molécules) qui deviendrait déterminante dans la hausse des dépenses.
En effet, alors que le vieillissement de la population est déjà réel, les chiffres sont constants et
l’on peut espérer qu’une politique centrée sur le « consommer moins et mieux » va produire
ses effets. On peut tabler également — à long terme car les habitudes sont tenaces — sur une
pratique d’automédication plus importante, diminuant d’autant la part des remboursements.
142
cf annexe 5 A – « Tome 2 – données annexes. »
3 représentant le score maximum (cf les scores de probabilité d’évolution dans l’annexe 8 du « tome 2 – données
annexes »).
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
123
143
II - Analyse prospective - chapitre 1
La consommation de médicaments se concentre sur les catégories les plus jeunes et les plus
âgées de la population, comme l’illustre le diagramme ci-dessous. C’est là un mouvement qui
se renforce régulièrement.
Un effet de génération : évolution comparée de la consommation pharmaceutique
On peut constater un accroissement sensible de la consommation de produits pharmaceutiques en
fonction de l’âge selon la génération considérée. Plus particulièrement, le cas des enfants en bas âge
et des personnes de plus de 60 ans fait ressortir une nette augmentation. De plus, il s’agit des tranches
d’âge pour lesquelles la consommation s’avère traditionnellement forte.
De façon globale, on a le sentiment d’avoir affaire à un niveau de consommation, et donc d’attente, de
plus en plus élevé.
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Ensemble
Moins de 2
ans
2-9 ans
10-19 ans
20-29 ans
1970
30-39 ans
40-49 ans
50-59 ans
1980
60-69 ans
70-79 ans
80 ans et plus
1991
Source : Site du LEEM (syndicat de l’industrie pharmaceutique)
UNE POPULATION DE PLUS EN PLUS EXIGEANTE…
Tous les sondages d’opinion (Credoc, SOFRES) ou les études disponibles (DREES)144
montrent que les personnes interrogées manifestent un fort attachement au système public de
soins et présentent un niveau d’attente élevé en termes de santé publique.
Les décisions politiques de ces dernières années, telles que la loi sur la Couverture Maladie
Universelle ou celle portant sur le droit des malades, dite Loi Kouchner, se sont fait l’écho de
ce niveau d’attente. En effet, la première préconise un accès élargi à la prise en charge des
144
CREDOC : Enquête réalisée à la demande de l’INC et de la CNAMTS août 2003; sondage SOFRES juillet 2003
DREES / Etudes & Résultats : Santé, Famille, Protection sociale, exclusions Les opinions des français de 2000 à 2002
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
124
II - Analyse prospective - chapitre 1
dépenses de santé et la seconde accorde un espace de décision et d’action au patient disposant
désormais d’un droit de regard et de parole au sujet des soins qui lui sont délivrés.
Par ailleurs, on constate une propension de plus en plus manifeste à la consommation d’antidouleurs, d’anti-dépresseurs, etc, témoignant d’une volonté de se préserver au maximum de
toute affliction par l’usage de médicaments. Ce « marché du bien être intérieur »145 s’inscrit
tout à fait dans les nouveaux modes de consommation des biens de santé au sens plus large
(produits bio, parapharmacie…) et constitue une part importante des remboursements.
Ce mouvement d’exigences accrues en matière de soins est perçu de façon très massive (score
de 2,68 selon la cotation du groupe expert). L’usager veut être soigné rapidement pour
retravailler rapidement (même si cette attitude n’est pas représentative, elle prévaut en termes
d’image). Dans tous les cas, le niveau d’exigence s’est élevé : le rapport à la douleur, la
volonté de confort, la demande d’immédiateté dans les effets attendus des traitements
changent les attitudes des usagers et la tendance va sans doute s’accentuer.
Enfin, la gratuité des soins et des médicaments constitue un acquis cher aux Français et sa
remise en cause devrait se heurter à une résistance durable.
…MAIS PEU CONSCIENTE DE LA REALITE DES DEPENSES DE SANTE
Différentes études pointent un manque d’information du public sur les questions du
financement de l’assurance maladie et sur la part des remboursements octroyés en fonction
des contributions fournies.
En effet, l’opinion des usagers à l’égard du système de soins fait ressortir une très grande
divergence des points de vue exprimés quant à l’évolution du taux de prise en charge des
dépenses ou à la manière de réguler le déficit.
Cette dispersion s’explique par une forte hétérogénéité du niveau des remboursements dans la
mesure où la consommation de la grande majorité des assurés cotisants représente un niveau
145
Selon l’expression du sociologue Alain Ehrenberg, dans La Fatigue d’être soi, Odile Jacob 1999
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
125
II - Analyse prospective - chapitre 1
de dépenses, et donc de remboursements, assez faible tandis qu’une minorité concentre
l’essentiel des remboursements.
Dispersion des niveaux de remboursement
En effet, 5% des assurés concentrent 51% de la dépense et 60% des remboursements, tandis
que 15 % d’entre eux affichent une dépense inférieure à 40 euros par an, 25% inférieure à
150 euros par an et 50% inférieure à 470 euros par an.146
Le tableau ci-dessous représente le niveau de dépense en fonction de l’âge des usagers :
<1an
1à9
10 à 19 20 à 29 30 à 39 40 à 49 50 à 59 60 à 69 70 à 79 > 79
91
42
57
52
70
89
123
153
230
325
(Source : Rapport Haut Conseil)
Lecture du tableau
L’indice 100 traduisant le niveau de dépense moyen, on observe que les assurés âgés de plus
de 79 ans exposent en moyenne un niveau de dépense 3,25 fois supérieur à la moyenne.147
L’opinion sur la couverture des dépenses de santé s’en trouve fortement biaisée : une majorité
de personnes interrogées juge les remboursements moins importants qu’auparavant alors que
ce n’est pas le cas. D’ailleurs, plus d’une personne interrogée sur deux est dans l’impossibilité
de se prononcer sur une estimation des dépenses de santé qu’elle a occasionnées en une
année.
On peut donc prévoir, compte tenu du manque de lisibilité du système pour le profane, que la
prise de conscience sera lente du côté des usagers, et que les exigences resteront fortes.
Au regard des politiques visant à la maîtrise des dépenses de santé publique, on s’oriente vers
la construction d’une architecture de co-responsabilité engageant les médecins, les
pharmaciens et les usagers et placée sous la gouvernance unifiée et cohérente des pouvoirs
146
Rapport du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie
Pour d’autres précisions, se reporter à l’annexe 5 B ( Tome 2 – données annexes) restituant la structure détaillée de ce
phénomène de dispersion.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
126
147
II - Analyse prospective - chapitre 1
publics. Une information pédagogique à l’égard des citoyens reste à développer pour espérer
inverser une culture et des pratiques bien établies.
LES MOYENS PROJETES : DES POLITIQUES D’AMENAGEMENT PLUTOT QU’UNE
REFONTE DU SYSTEME
La volonté des pouvoirs publics de maîtriser le poste des dépenses de
médicaments
Les dépenses de remboursement augmentent et l’assurance maladie a la volonté de maîtriser
ce poste en agissant sur trois leviers :
− Sur l’industrie pharmaceutique, au travers du Comité Économique des Produits de
Santé (CEPS) : en 2005, le prix des médicaments est établi par le Comité, mais
l’assurance maladie va fixer le taux de remboursement.
− Sur les prescripteurs, en les incitant au travers des conventions à faire un effort pour
prescrire au même niveau que les autres pays européens.
− Sur les pharmaciens d’officine, qui devraient être les garants de la meilleure adéquation
du traitement à la prescription et intervenir dans la maîtrise de la quantité des
médicaments qu’ils délivrent.
Les évolutions considérées comme certaines ou probables en matière de recherche de maîtrise
de dépenses de santé, commentées ci-dessous, montrent que les experts s’attendent plutôt à un
changement en douceur. Il est davantage question de se livrer à des aménagements plutôt que
de prendre des dispositions abruptes susceptibles de provoquer des réactions de rejet.
Il semble d’ailleurs que ce soit une constante de la régulation des dépenses de santé depuis 20
ans, tous gouvernements et mesures confondus. Par conséquent, les mesures indirectes
constituent un axe de décision privilégié.
LE MAINTIEN DES VOLUMES
Conformément à la politique déjà en vigueur, il est question de maintenir le volume de boîtes
distribuées avec pour contrepartie une prime accordée à l’innovation médicamenteuse
autorisant des prix plus élevés pour les nouvelles molécules.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
127
II - Analyse prospective - chapitre 1
LA POURSUITE DE LA POLITIQUE DU GENERIQUE ET LES NOUVELLES VAGUES DE TFR
Les économies déjà réalisées ainsi que la perspective des nouvelles molécules génériquables à
court terme font des médicaments génériques un axe incontournable de la politique de
maîtrise des dépenses de santé. Bien que peu populaire auprès des professionnels, cette
évolution semble certaine (score de 2,09).
La vente de médicaments sous TFR n’est pas du tout rentable, mais cette mesure, du point de
vue des pharmaciens, constitue un moindre mal au regard d’autres évolutions, moins
probables mais toujours possibles, telles que la révision du monopole de la vente et de
l’installation.
L’ENCADREMENT DES MARGES ARRIERE
L’encadrement des marges arrière ne semble pas faire de doute pour les experts (score de
2,22). Dans la mesure où ces marges arrière se réalisent sur des produits remboursables et
dans un contexte monopolistique, l’assurance maladie peut à bon droit chercher à réguler
cette manne, d’autant qu’une telle pratique compromet l’équilibre du système (les répartiteurs
sont, eux, soumis à un encadrement de leur marge).
Cet encadrement devrait se dérouler sur les bases de négociation les « moins
douloureuses »148. Les marges arrière se situent en moyenne à 28 % (hors remises
réglementées) et représentent environ 300 millions d’euros. Avec l’élargissement du
répertoire et la chute des brevets, elles devraient encore augmenter. Le CEPS propose de les
maintenir à leur valeur actuelle.
Depuis le 1erjanvier 2006, les marges arrière ont été plafonnées à 20% du prix du médicament.
Toutefois, étant donné que d’autres molécules vont perdre leur brevet et entrer dans le
domaine des génériques, il n’est pas exclu que ce pourcentage diminue au fil du temps dans la
mesure où le montant des marges arrière en valeur continuerait à s’accroître.
148
Selon Noël Renaudin, directeur du Comité économique des produits de santé (CEPS). Cette orientation a été relevée dans
une interview de N. Renaudin.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
128
II - Analyse prospective - chapitre 1
L’EVOLUTION DU PERIMETRE DE REMBOURSEMENT
Une évolution impopulaire mais inévitable
Cette évolution repose surtout sur le maintien de la modération des volumes et le projet de
déremboursement du petit risque. Elle apparaît comme probable sinon certaine (avec un score
de 1,64). En effet, toutes les politiques convergent vers la modération des volumes (le nombre
de boîtes remboursées).
Quant au déremboursement du petit risque, il laisse une marge de manœuvre étroite compte
tenu de l’état de l’opinion et du risque électoral encouru pour un gouvernement qui
organiserait le déremboursement de façon massive, d’autant que les économies réalisées
profiteraient au gouvernement suivant.
Pourtant, il semble qu’il finira par s’imposer, sans doute associé à une prise en charge
complémentaire. Il s’agirait ainsi, en quelque sorte, d’un transfert de remboursement.
Naturellement, des réserves sont émises et des limites à ce transfert sont envisagées, car cela
suppose une hausse des cotisations complémentaires et donc des risques d’inégalités.
L’évolution vers un remboursement selon la classe de médicament apparaît aussi comme
possible (score moyen de 1,5). En revanche, un remboursement par palier selon le type de
pathologie semble plus incertain (score de 1,22). Selon les experts, l’opinion française n’est
pas prête.
La question du déremboursement du petit risque
Le déremboursement du petit risque relève d’un positionnement avant tout politique. Il
constitue une mesure impopulaire car les usagers semblent largement attachés au
remboursement, considéré comme un droit découlant directement du système de cotisation.
En d’autres termes, « la carte verte est une carte bleue : je cotise donc j’ai le droit d’être
soigné gratis ». On s’éloigne de l’idée de remboursement, puisque le médicament est alors
perçu comme gratuit.
Dans ces conditions, le déremboursement du petit risque implique un positionnement
favorable des assurances complémentaires : les usagers semblent devoir rester prêts à payer
une mutuelle plus chère pour ne pas avancer l’argent à l’officine.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
129
II - Analyse prospective - chapitre 1
L’État et l’assurance maladie ont également amorcé une réflexion sur la modulation des taux
de participation de l’assuré dans le remboursement (sur la fourchette de prise en charge
30/40%) selon la gravité des pathologies.
Le caractère incontournable d’une implication accrue de l’assurance
maladie complémentaire
D’ores et déjà, certaines innovations initiées par les assurances complémentaires témoignent
de leur volonté de prendre une part plus importante à la gestion du risque santé. Dans un
contexte d’optimisation du système de santé et de désengagement financier du régime
obligatoire, les assurances complémentaires françaises sont susceptibles d’acquérir une plus
grande responsabilité dans la gestion du risque de santé et la fourniture de prestations
« utiles ».
LE MOUVEMENT VERS UNE CO-RESPONSABILITE EN MATIERE DE MAITRISE DES COUTS
Les prestations des assurances complémentaires se sont régulièrement ajustées sur les
désengagements successifs du régime public. Toutefois la mise en place de la loi d’août 2004
traduit désormais la volonté d’évoluer vers une nouvelle articulation qui privilégie une
gestion plus partagée du risque entre :
-
un régime obligatoire d’assurance maladie, garant de la solidarité entre les différentes
catégories de la population dans la gestion du risque et de l’égalité d’accès aux soins ;
-
un régime complémentaire impliqué dans la gestion des parcours de soins, gardant la
possibilité d’assurer les autres prestations de santé, d’accès libre.
Dans la perspective d’éviter toute « surenchère »149 qui annulerait les effets escomptés de la
réforme impulsée en 2004, les remboursements des organismes complémentaires seront
encadrés par des « contrats responsables » qui conditionnent la perception d’avantages
fiscaux et sociaux150 à des obligations et des interdictions de prise en charge.151
149
Cf.le débat sur la mise en place de « sur complémentaires » par les AMC, qui couvriraient le différentiel à la charge du
patient, lié au déremboursement ou au non respect du parcours de soins.
150
Exonération de la taxe sur les conventions d'assurance de 7 %.
151
Cette méthode de contractualisation avait déjà été mise en œuvre en 2002 avec la création des « contrats solidaires »
(exemption de questionnaire médical ; dissociation du montant de la cotisation et de l’état de santé du bénéficiaire). Dans ce
débat, certains interlocuteurs regrettent l’absence de conditions portant sur le remboursement des médicaments, dont l’effet
sur le déficit est plus visible que celui de la consultation médicale.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
130
II - Analyse prospective - chapitre 1
Toutefois, l’évolution vers un nouveau mode de gouvernance mieux partagée entre les deux
régimes demeure conditionnée à :
-
l’accès à des données communes afin de permettre aux AMC d’adapter leur stratégie
de remboursement (exemple de l’accès au code CIP qui permet de déterminer la prise
en charge en fonction de l’utilité du médicament) ;
-
la qualité de la concertation entre les deux régimes d’assurance en tenant compte
⋅
de l’extrême diversité caractérisant l’assurance maladie complémentaire, en
termes de volumes de prestations, de valeurs et de modalités de prise en
charge, qui
rend plus difficile
l’adoption de positions communes sur la
gestion du risque152 ;`
⋅
de l’insuffisance du dialogue pourtant nécessaire à l’organisation d’un coréglement, notamment au niveau local153, malgré la création d’une
représentation commune de l’AMC au niveau national.
DES REPOSITIONNEMENTS CONTRACTUELS OU STRATEGIQUES SUR LES DOMAINES
COUVERTS
Le renforcement progressif de la position des assurances complémentaires pourrait les
conduire à se spécialiser dans la gestion intégrale de certains risques, particulièrement dans
les domaines dentaire154 et optique, plutôt qu’à élargir leur offre de couverture à des risques
plus nombreux.
Parallèlement, afin d’atténuer une position de « dépendance» à l’égard du régime obligatoire,
certains organismes d’assurance complémentaire cherchent déjà à développer une plus grande
autonomie en matière de veille, d’ingénierie et de conseil. Au-delà des « contrats
responsables », ils s’emploient à réévaluer leur offre de garanties de base au regard d’une
estimation plus précise des besoins réels, dont ils recherchent les fondements objectifs auprès
152
L’absence de consensus sur la non prise en charge des dépassements d’honoraires hors parcours de soins dans le cadre du
contrat responsable en est l’illustration : le secteur de la mutualité s’est prononcé en faveur du non remboursement tandis que
les institutions de prévoyance et les sociétés d ’assurance défendaient une position moins restrictive.
153
Propos recueillis lors du Xème Forum international de la gestion de la santé ECONOMIE SANTE organisé par Les
Echos, 16 et 17 novembre 2005, à Paris
154
C’est le choix opéré par l’Allemagne dans le cadre de la réforme de santé mise en place en 2004
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
131
II - Analyse prospective - chapitre 1
des professionnels. En effet, le confort offert par certains contrats d’assurance accroît le
risque de sur cotation de la part des praticiens ou de surconsommation de la part du patient.155
Par ailleurs, la prévention en amont du risque n’était jusqu’à présent que peu investie par les
assurances complémentaires alors que l’amélioration des pratiques de prévention et d’hygiène
constitue un intérêt commun de plus avec le régime obligatoire.
Dans le cadre des contrats responsables, il s’agira désormais pour les AMC de prendre en
charge partiellement ou totalement, en complément des régimes obligatoires, au moins deux
prestations de prévention dont le service sera considéré comme prioritaire au regard
d’objectifs de santé publique à compter du 1er janvier 2007 (développement de la prévention
en entreprise, campagne de promotion de la prise en charge de vaccin contre la grippe…).
L’HYPOTHESE TANGIBLE DE PARTENARIATS APPROFONDIS AVEC LES PROFESSIONNELS
Les assurances complémentaires misent sur une décentralisation accrue de la gestion du
risque, organisée autour de conventionnements locaux avec les professionnels de santé.
En effet, les AMC ont la capacité de développer des réseaux de partenariats sélectifs avec les
professionnels de santé sur la base de la négociation du remboursement des actes pour une
qualité de soin donnée. Certains organismes d’assurance complémentaire témoignent déjà leur
volonté de mieux analyser les différences de prix et d’optimiser leur remboursement en
s’appuyant sur la construction de référentiels de pratiques.
Si le contrôle ainsi exercé par les assurances complémentaires est encore parfois mal perçu
par les praticiens de santé, il est probable que leur poids croissant dans le système de soins
renforcera leur pouvoir de négociation avec les professionnels.
D’ailleurs, certaines assurances complémentaires privilégient déjà des accords avec les
professionnels qui s’engagent dans une démarche de prévention (prise en charge de visites
et /ou de soins de prévention dentaire par exemple). L’extension de telles démarches
contractuelles est également envisagée avec la pharmacie sur certains produits de médication
155
Propos recueillis lors du Xème Forum international de la gestion de la santé ECONOMIE SANTE en 2005, à Paris
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
132
II - Analyse prospective - chapitre 1
familiale156. Si les réserves de la part des professionnels sont encore importantes, il est fort
probable que les organismes assureurs multiplieront à l’avenir les initiatives de
contractualisation susceptibles de formaliser davantage la concurrence entre les officines.
UN ROLE
POUR LE PHARMACIEN D’OFFICINE DANS LE PROJET EMERGENT DE
SANTE PUBLIQUE
Un professionnel de santé reconnu comme premier recours et maillon
essentiel dans le parcours de soins
L’assurance maladie souligne – et les professionnels ne la contredisent pas – que les
pharmaciens d’officine ne s’impliquent pas assez auprès du patient dans la prise du
traitement, préférant se retrancher derrière l’avis médical alors qu’ils connaissent pourtant le
médicament mieux que le médecin.
Par ailleurs, le caractère commercial de l’activité d’officine altère la perception des soignants
mais aussi du grand public à l’égard des pharmaciens d’officine. Leur légitimité à venir
suppose qu’ils assument cette place de spécialistes du médicament, capables d’intervenir dans
le traitement du patient, dans un souci d’économie et de consommation « utile » et sécurisée.
Les pharmaciens des établissements de santé les ont précédés dans cette posture et sont
vraiment reconnus comme professionnels du médicament.
Depuis 2000, la loi a donné à la CNAM la possibilité de contracter une convention nationale
avec les officinaux. La démarche n’a pas encore abouti mais la question du positionnement
des pharmacies d’officine au regard de l’acte de dispensation pharmaceutique se pose
désormais. Actuellement, l’objet de cette convention entre la CNAM et les officinaux porte
sur la poursuite de la politique du générique et l’octroi d’une indemnité pour les périodes de
garde.
L’IMPLICATION DU PHARMACIEN D’OFFICINE DANS UN RESEAU DE SOINS
L’idée d’un réseau de soins fait également partie des projets en cours en matière de santé
publique. Elle se fonde sur une coopération des différents professionnels de santé dans le but
156
Depuis mai 2005, telle compagnie d’assurance effectue pour certains de ces assurés le remboursement de trois paniers de
soins sur les thèmes suivants : rhume-rhinite, sevrage tabagique et trousse du voyageur.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
133
II - Analyse prospective - chapitre 1
d’offrir un meilleur service sanitaire tout en réduisant les coûts injustifiés. La sortie de
certains médicaments de la réserve hospitalière vers l’officine, appelée à se poursuivre,
constitue une première étape de cette mise en réseau.
En termes de santé publique comme de maîtrise des dépenses, il semble en effet indispensable
d’inviter les professionnels de santé à travailler en réseau et à ne rien ignorer de ce qui se
passe autour du patient. Or aujourd’hui, le pharmacien n’apparaît pas vraiment dans le réseau
de soins.
L’objectif à moyen terme consisterait à doter chaque patient d’un Dossier Médical Personnel
(DMP), au sein duquel le pharmacien prendrait en charge la partie thérapeutique, en
concertation avec les prescripteurs.
Le dossier médical personnel, partagé par les professionnels de santé, demeure actuellement
en projet. Malgré les réserves d’une partie du monde médical, les pharmaciens d’officine
sont bien placés pour participer à cette gestion : ils ont su eux-mêmes mettre au point un
dossier pharmaceutique pour leurs patients (qu’il serait intéressant d’exploiter, du point de
vue de la CNAM, pour le suivi des risques d’iatrogénie, des gros consommateurs, etc.).
L’AIDE AU MAINTIEN A DOMICILE
Qu’il s’agisse des personnes dépendantes ou des pathologies lourdes, l’assurance maladie
entend limiter l’hospitalisation, très coûteuse, et développer le maintien à domicile. La
participation des pharmaciens d’officine à cette évolution apparaît certaine (score de 2,54) et
impliquera le développement de certaines compétences du pharmacien et du préparateur.
L’EDUCATION DES PATIENTS ET LE DEVELOPPEMENT DE L’AUTO MEDICATION
Si le parcours de soins se met en place tel qu’il est prévu, cela pourrait conduire à modifier les
comportements d’auto médication157. Mais sur ce point, les effets de la réforme ne sont pas
encore visibles et rien ne permet de croire à ce type d’évolution pour l’instant.
157
Hypothèse qui se développerait pour les cas d’affection bénigne.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
134
II - Analyse prospective - chapitre 1
L’objectif souhaité consisterait à donner la possibilité au pharmacien de produire un « avis
pharmaceutique » basé sur l’analyse scientifique et le jugement de la pertinence
pharmaceutique de la prescription ou des pratiques d’auto médication. Il n’est pas question de
remettre en cause le diagnostic médical, mais bien de se prononcer sur l’opportunité de la
stratégie thérapeutique.
Le pharmacien d’officine pourrait ainsi participer à l’éducation du patient, jouer un rôle de
médiation pour la prise en compte, en auto médication, d’un certain nombre d’affections. Les
pratiques d’auto médication en vigueur dans d’autres pays, leur encouragement récent en
Europe158, permettent d’affirmer qu’il s’agit là d’une tendance qui ne peut que se développer
au cours de la prochaine décennie.
Toutefois, les autorités sanitaires et le corps médical se montrent réticents, craignant un retard
dans le diagnostic de pathologies lourdes. La culture dominante, en France, est très
« médicalisée ». L’état sanitaire satisfaisant de pays comparables, aux pratiques pourtant très
différentes, peut être source de réflexion. Mais il n’existe pas d’indicateur incontestable pour
apprécier la relation entre un système de soin et le niveau de morbidité d’un pays, dans la
mesure où de nombreux facteurs interviennent. Pour cette raison, les habitudes acquises
demeurent déterminantes dans les choix opérés par les États.
Des politiques volontaristes sont déjà à l’œuvre ou projetées, pour peser sur les
comportements des médecins et des usagers (la facturette mise en place par l’assurance
maladie pour sensibiliser le pharmacien et l’usager à la réalité des dépenses engagées pour
chacun en fait partie).
Des responsabilités et des prérogatives renforcées
LA VALORISATION DE L’ACTE DE DISPENSATION PHARMACEUTIQUE
Il est question d’aller plus loin dans la responsabilisation du pharmacien d’officine au sein du
système de soins en valorisant davantage l’acte de dispensation.
158
Cf. l’exemple britannique
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
135
II - Analyse prospective - chapitre 1
Au travers d’une convention d’exercice, il serait possible d’envisager une participation
particulière des officinaux à la promotion d’une qualité des soins pharmaceutiques et à la
matérialisation du lien entre prescripteurs. Ainsi, dans les établissements pour personnes
âgées par exemple, les pharmaciens pourraient devenir les gestionnaires de l’ensemble des
médicaments prescrits par des intervenants différents.
Pour asseoir cette forme de reconnaissance, la CNAM estime qu’il conviendrait de chiffrer et
valoriser l’évitement des incidents iatrogènes. Ainsi, pour pouvoir évaluer le niveau
d’intervention souhaitable des pharmaciens dans le dossier médical, une étude prospective sur
le gain pour l’assurance maladie en termes de prévention semble nécessaire, malgré les
difficultés prévisibles pour parvenir à le démontrer. Il semble qu’on doive en passer par une
étude médico-économique sur la valeur ajoutée du pharmacien d’officine par rapport à une
distribution « automatique » du médicament159.
LE PHARMACIEN PRESCRIPTEUR
Nombre de représentants du secteur la pharmacie d’officine en France ou en Europe
défendent la valorisation du rôle du pharmacien par un accroissement de son rôle de
prescripteur, qui permettrait non seulement de mieux prendre en charge le suivi des patients
dans le temps mais également de décharger les médecins de certaines consultations inutiles.
Ces compétences partagées pourraient porter par exemple sur la prescription complémentaire
dans le cadre de suivi des maladies chroniques ou la prescription initiale pour le traitement de
courte durée d’affections courantes et symptomatiques.
Si, d’ores et déjà, le pharmacien français peut prescrire et dispenser la pilule contraceptive
dite « du lendemain », cette évolution reste encore très éloignée des prérogatives des
pharmaciens canadiens. Ces derniers peuvent non seulement prescrire les examens
biologiques nécessaires à l’adaptation personnalisée de la thérapie du patient (cholestérol par
exemple) mais également choisir des préparations de composition chimique distincte de la
159
Cette idée a été développée au Québec.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
136
II - Analyse prospective - chapitre 1
prescription du médecin mais estimées « à effet thérapeutique équivalent et plus avantageuses
économiquement ». 160
La décision du Royaume-Uni d’élargir à partir de 2006 le droit161 de prescription des
pharmaciens à l’ensemble des spécialités pharmaceutiques (à l’exception des stupéfiants)
initie probablement un mouvement voué à s’étendre.
De telles évolutions restent conditionnées, en France, par le « monopole de la prescription »
attaché au médecin. Les relations entre pharmaciens et médecins semblent encore marquées
par le risque que ces derniers perçoivent toute implication accrue du pharmacien comme une
atteinte à leur rôle et leurs prérogatives.
Certains médecins généralistes envisagent pourtant favorablement de laisser au pharmacien
un rôle élargi sur des missions qu’ils estiment cohérentes avec leurs attributions actuelles 162:
-
dépistage par le pharmacien de certaines pathologies ou de facteurs de risques (40%
favorables).
-
"délégation "d’une partie de leur rôle de prescripteur dans le cadre petit risque ou lors
du renouvellement intermédiaire d’un traitement chronique qui garantirait la
sécurisation nécessaire à une autonomisation accrue du patient (36% favorables).
Bien entendu, il reste difficile de présumer du temps que mettront des opinions de ce type
pour s’étendre à un plus grand nombre163, compte tenu des intérêts plus ou moins convergents
des différentes parties prenantes.
Néanmoins, au regard des choix déjà privilégiés par d’autres pays, de la diminution prévisible
du nombre de praticiens et de la volonté partagée de personnaliser davantage l’offre de soins
160
Il s’agit de la substitution thérapeutique en vigueur en Colombie britannique exclusivement
Depuis 2003, le pharmaciens britanniques sont autorisés à effectuer des prescriptions complémentaires dans le cadre de
161
protocoles spécifiques (notamment dans le cas des pathologies chroniques).
162
Enquête conduite en décembre 2004 auprès des 250 médecins généralistes sur le thème du « pharmacien prescripteur »
par Harris Medical international rapport pour le compte du Collectif des groupements des pharmaciens, février 2005
163
Une enquête réalisée par l’IPSOS en février 2006, montre à ce propos que si la majorité des Français sont favorables à une
prescription par le pharmacien des médicaments pour les pathologies à petits risques (73%), ils ne paraissent, à l’heure
actuelle, pas encore prêts à accepter le fait que le pharmacien puisse rédiger une ordonnance après le diagnostic du médecin
(seulement 39% d’opinion favorable), ou bien encore, qu’il puisse modifier ou adapter le traitement en fonction de la maladie
(seulement 37%).
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
137
II - Analyse prospective - chapitre 1
aux patients, médecins et pharmaciens ne peuvent ignorer la nécessité d’amorcer des
pratiques de collaboration plus étroites. Certaines initiatives en faveur de l’éducation pour la
santé du patient164 en sont peut-être le signe annonciateur.
LE PHARMACIEN ACTEUR DE LA VEILLE SANITAIRE
Le pharmacien est déjà un acteur de veille sanitaire et cette mission devrait se développer à la
mesure des exigences sociétales en matière de prévention des risques épidémiologiques ou
environnementaux.
Il s’agit de lui affecter une mission de pharmacovigilance, basée d’une part sur la remontée
d’informations auprès des instances de veille sanitaire, d’autre part sur une pratique
d’information, d’éducation sanitaire et de conseil afin de garantir une meilleure hygiène de
vie.
Cette responsabilité suppose qu’il se donne les moyens de mettre en place des démarches
d’assurance qualité pour sécuriser son activité de santé publique, par exemple en prenant en
charge à l’officine la traçabilité des médicaments à usage humain et vétérinaire.
Un encouragement à l’exercice de toutes les missions officinales — de
la part des pouvoirs publics — à rechercher parmi plusieurs
hypothèses
Le métier de pharmacien devrait donc tendre à intégrer de plus en plus des actes relevant du
conseil et de l’accompagnement des patients et clients ainsi que des missions spécifiques
d’intérêt public. Il n’est donc pas exclu que ces actes fassent un jour l’objet d’une
rémunération particulière dont les conditions devraient être clairement établies.
En effet, si elles entrent en principe dans les obligations déontologiques du pharmacien, de
telles missions lui seraient en partie imposées par les pouvoirs publics, à charge pour lui — en
164
Des expériences pilote, présentées lors du Forum PHARMAGORA en mars 2005, ont été conduites par l’INPES et
l’assurance maladie dans l’objectif d’améliorer les comportements d’hygiène de vie de certaines populations (personnes
âgées, femmes enceintes et adolescents). Pendant trois ans, ces actions ont encouragé les échanges entre une soixantaine de
médecins et pharmaciens afin de favoriser une meilleure complémentarité de leurs rôles d’éducateur en santé auprès des
patients.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
138
II - Analyse prospective - chapitre 1
raisonnant à partir du système actuel — de dégager le temps et les moyens nécessaires pour
les accomplir. Le risque est important de voir ces missions négligées, surtout si les marges
devaient stagner.
La question de la rétribution de ces missions peut se résoudre de différentes façons, à
rechercher parmi les modèles déjà en vigueur en Europe et en France et qui peuvent tenir lieu
d’hypothèses pour le futur.
Le principe d’honoraires pharmaciens
Dans le cas de l’officine française, la mise en place d’un « honoraire pharmacien » pourrait
viser à rétribuer, en complément des marges réalisées sur la vente des médicaments, une
prestation de service spécifique : prestation de conseil ou de soin pharmaceutique, prévention
ou éducation sanitaire.
L’instauration d’honoraires pour les pharmaciens — rémunérant ces actes spécifiques,
susceptibles d’aboutir dans certains cas à l’absence de délivrance, et alors contraires à l’intérêt
économique du pharmacien — est d’ailleurs évoquée et débattue. Toutefois, il s’agit là d’un
point extrêmement sensible, sur lequel la discussion est loin d’aboutir. Le principe est très
complexe à mettre en œuvre techniquement, et des expériences proches, conduites dans
d’autres pays, ne semblent pas réellement concluantes.
Néanmoins, dans une perspective de 10 à 15 ans, la possibilité d’une évolution vers un
système d’honoraire pharmacien ne peut être totalement exclue, même si, selon certains
points de vue, elle ne semble pas représenter la piste à privilégier.
La rémunération forfaitaire ou combinée
Le système de rémunération exclusivement basé sur une marge directement liée au prix des
médicaments165, dans le cadre des politiques de maîtrise des dépenses de santé, compromet le
niveau de revenus des pharmaciens et de leurs salariés.
165
Rémunération échelonnée ou rapportée à un pourcentage fixe du prix du médicament
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
139
II - Analyse prospective - chapitre 1
L’idée de dissocier la rétribution des actes réalisés en officine et le prix du médicament
soumis à ordonnance et remboursable fait donc son chemin. Le principe vise dans tous les cas
à déconnecter la responsabilité et l’activité du pharmacien de la tentation de recommander le
médicament assurant la marge la plus favorable. L’objectif final est d’améliorer le conseil au
patient, mais aussi d’inciter le pharmacien à choisir pour ce patient les médicaments les plus
avantageux économiquement dès lors qu’ils sont efficaces.
Dans certains pays européens166, le système de rémunération par la marge sur le prix se voit
progressivement combiné ou remplacé par une rémunération forfaitaire, qui permet de
prendre en compte à la fois :
-
le coût sans cesse plus élevé des nouveaux médicaments, avec le risque de la
mécanique inflationniste ;
-
la volonté des professionnels de bénéficier d’une rémunération homogène des
différentes activités qu’ils prennent en charge ;
-
la nécessité de solidarité des patients dans la contribution.
La rétribution forfaitaire peut également s’appuyer sur la distinction de plusieurs niveaux de
prestation. C’est le cas au Royaume-Uni qui, depuis 2005, a mis en place un système
d’accréditation ainsi que de rétribution distincte selon trois niveaux de prestation :
-
des
services
de
base
obligatoires
(dispensation,
prévention
et
conseil
d’automédication, renouvellement d’ordonnance, récupération des médicaments non
utilisés) ;
-
des services « approfondis », qui nécessitent une accréditation, centrés sur le suivi et
l’observance thérapeutique, notamment des patients chroniques (consultation
individuelle, établissement de rapport de suivi pour le patient et le médecin) ;
-
des
services spécialisés à « valeur ajoutée » (maintien à domicile, livraison à
domicile, soins palliatifs, cure de désintoxication tabagique, diabète, suivi de patients
sous méthadone …).
166
C’est le cas depuis un an, par exemple, en Allemagne.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
140
II - Analyse prospective - chapitre 1
Le maintien du système actuel
Cette hypothèse a la faveur des pharmaciens d’officine et ne rencontre pas actuellement
d’obstacle du côté des pouvoirs publics. Pourtant, personne ne croit à une hausse significative
des marges, même si le chiffre d’affaires augmente en fonction du prix des nouvelles
molécules.
La marge sur les médicaments remboursables devrait rester légitimement contrôlée afin de ne
pas exposer la collectivité à un risque accru de dépenses de santé. Dans ces conditions, les
pharmaciens auraient, de leur côté, à faire évoluer leurs bénéfices sur la vente des produits
non remboursables et non médicaments afin de disposer de la marge de manœuvre nécessaire
pour assumer leurs missions de santé publique.
Il s’agit donc bien là de renforcer le succès commercial des officines afin de permettre aux
pharmaciens de rendre tous les services attendus d’eux. Pour faciliter cet essor commercial,
l’État pourrait par exemple retarder l’ouverture du monopole sur certains produits — laquelle
se propage pourtant en Europe. Mais une telle pratique, outre qu’elle serait impopulaire,
deviendrait rapidement inefficace face à la pression européenne.
Reste la possibilité pour les officinaux de négocier avec l’État des marges plus confortables
leur permettant d’assurer, à côté de leur activité de distribution, les missions liées à leur
participation au système de soin, de prévention et de sécurité sanitaire. Cette option renvoie à
l’évaluation précise de la valeur ajoutée — intégrant les économies rendues possibles— des
prestations du pharmacien d’officine au sein du système de soin, précédemment évoquée .
Sans cette évaluation, l’État, dans sa quête d’économies publiques, n’a pas de raison objective
d’opter pour une position plus favorable à l’économie des officines. Un attentisme réciproque
sur ce point risque de maintenir le pharmacien d’officine dans la situation actuelle, où il ne
peut parvenir à assumer vraiment toutes ses missions, faute de moyens.
Toutes les hypothèses concernant la rétribution des différentes facettes de l’exercice officinal
sont étroitement liées à l’évolution de la réglementation européenne — notamment aux
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
141
II - Analyse prospective - chapitre 1
proportions que pourrait prendre l’ouverture du monopole167 — et à la structuration du secteur
qui en résultera. Même si chaque pays peut faire valoir ses propres variantes, certaines
options provoqueront une chaîne de conséquences communes à toutes les pratiques
officinales.
167
Cf. chapitre suivant.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
142
II – chapitre 2
VERS UNE NOUVELLE CONFIGURATION DU SECTEUR
CONSEQUENCES DU PROJET PUBLIC SUR L’ORGANISATION GLOBALE DU
SECTEUR
LES
L’impact d’une convergence progressive, au niveau européen, des
politiques de santé et des pratiques de pharmacie d’officine
Malgré la diversité des cultures, des systèmes et des pratiques de santé — notamment en matière
de dispensation et distribution du médicament — les politiques des pays européens sont appelées
à se rejoindre sur plusieurs points majeurs au cours de la décennie à venir. En effet, elles auront à
traiter des problématiques similaires de gestion du risque de santé, liées plus particulièrement au
vieillissement de la population et à la diminution du nombre des professionnels de santé.
L’ensemble des mesures déjà initiées dans les différents pays témoigne d’un certain
rapprochement inspiré par les choix respectifs congruents d’actions mises en œuvre
pour optimiser les coûts — comme l’illustrent les aménagements récents des politiques du
médicament et de sa distribution par exemple— et prendre en charge de nouveaux besoins de
santé (maintien à domicile, réseaux de soins…).
Dans la même perspective, les pratiques des pharmacies d’officine sont susceptibles de
progressivement se rapprocher sous l’impact de :
-
La pression de l’harmonisation européenne au niveau réglementaire, visant une meilleure
circulation des biens, des services et des patients permettant de répondre aux besoins de
santé du territoire européen.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
143
II – Analyse prospective - chapitre 2
-
La volonté d’accroître la mobilité des professionnels pour répondre à une demande
structurelle ou conjoncturelle (séjours inférieurs à 6 mois déjà autorisés dans le cadre de
remplacement d’assistanat..). Le GPUE168 entend bien promouvoir la simplification des
procédures en favorisant le développement des cartes à puce professionnelles de santé,
qui permettraient une identification commune à l’ensemble des professionnels
européens169.
-
La pression économique concurrentielle d’opérateurs privés de distribution à l’échelle
européenne, illustrée par l’investissement progressif mais rapide de différents pays par
des chaînes de pharmacie.
-
La dynamique de coopération des représentants du secteur de la pharmacie, nécessaire
pour défendre leurs intérêts communs et renforcer la promotion de « bonnes pratiques
communes ».
L’évolution du maillage, par la facilitation de la concentration et du
regroupement
Cette évolution apparaît comme probable aux yeux des experts, mais devrait se produire dans le
cadre mesuré voulu à la fois par le Ministère et l’Ordre des pharmaciens. Le maillage « à la
française » est en effet un objet de fierté pour la profession, en particulier pour les pharmacies
rurales, dont il détermine le maintien, et de confort pour la population.
On ne peut pas exclure à long terme une évolution plus radicale, en particulier si un abandon des
monopoles venait bouleverser l’organisation du secteur et la soumettre à un impératif de
rentabilité économique encore plus exigeant.
168
Groupement des pharmaciens de l’Union Européenne
Même si aujourd'hui, la formation et l’établissement de ressortissants français à l’étranger reste encore peu significative d’une
part, et s’il n'existe à l’heure actuelle aucun pays de l'UE duquel provienne un flux significatif de pharmaciens, susceptible de
représenter plus de 1 pour mille professionnels en exercice d’autre part.
169
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
144
II – Analyse prospective - chapitre 2
Mais dans un premier temps, les politiques n’interviendront que peu sur le maillage. L’enjeu sera
plutôt de trouver une solution pour rentabiliser une officine sans augmenter la consommation de
médicaments remboursables.
S’il faut modifier le nombre — aujourd’hui excessif — de pharmacies dans les grandes
agglomérations, en zone rurale, la pharmacie constitue le dernier facteur d’ancrage territorial, ce
qui rend moins probable leur fermeture dans les années à venir.
Le Ministère de la Santé compte donc faire évoluer en douceur le maillage et avance plusieurs
idées ou projets pour y parvenir, dont :
-
La création d’un groupe de travail pour essayer de faire vivre la loi de répartition des
officines.
-
La conduite d’une réflexion pour revoir les principes du regroupement : le chiffre
d’affaires n’est pas le bon critère pour déterminer la nécessité d’intégrer un nouvel
adjoint dans l’officine. En effet, la marge réalisée est très variable selon l’implantation de
l’officine et le type de clientèle (par exemple, à proximité d’un établissement de soins,
une pharmacie pourra avoir un chiffre d’affaires très élevé correspondant à la vente de
médicaments très chers prescrits dans le cas d’affections graves. Pour autant, la marge ne
sera pas nécessairement conséquente).
-
La création d’un fonds spécial —financé par exemple par une taxe sur le chiffre
d’affaires ou les boîtes vendues — qui permettrait à l’État de racheter les officines
excédentaires, nombreuses dans les grandes agglomérations (300 officines « de trop » à
Paris, 40 à Bordeaux…).
Des concentrations plus importantes pourraient être favorables à la profession et à la politique de
maîtrise des dépenses de santé. Mais les officines rurales sont voulues socialement et donc par
les élus.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
145
II – Analyse prospective - chapitre 2
L’ouverture possible du monopole à d’autres acteurs
L’évolution de la réglementation de l’activité officinale est considérée comme possible, voire
probable (score de 1,5) et verrait ainsi l’apparition sur le secteur de nouveaux acteurs, en
particulier les grandes surfaces, déjà positionnées sur le marché du non médicament. Les
pharmaciens devraient alors subir cette concurrence comme c’est déjà le cas sur la
parapharmacie.
Les grandes surfaces surveillent le territoire de la pharmacie et s’intéressent à certains
médicaments non remboursables (OTC). Elles ont déjà réussi à s’emparer des antiseptiques,
alcool, vitamine C, etc. À l’instar des pratiques dans certains pays voisins, il est assez probable
que leur périmètre va s’étendre. Les pharmacies libérales auront alors le droit et la possibilité de
se réorganiser pour faciliter l’accessibilité du public à ces produits. Aujourd’hui, les grandes
surfaces ne peuvent vendre de la parapharmacie qu’avec un conseil approprié.
En Europe, si le monopole pharmaceutique existe partout, son application a connu ces dernières
années de nombreux aménagements dans plusieurs pays et suscite encore des débats nourris. Les
variations, d’un pays à l’autre, de l’étendue du monopole accordé aux pharmaciens soulèvent la
question de la restriction des échanges pour motif de santé publique170.
Comme cela a été souligné dans le chapitre consacré aux comparaisons entre les pratiques
européennes, deux dynamiques sont à l’œuvre : la première (latine et française) centrée sur
l’interprétation stricte du monopole, la seconde (nord européenne) axée sur la déréglementation
du monopole de vente des médicaments. Mais la tendance prédominante va dans le sens d’un
assouplissement croissant de la réglementation qui remet en cause l’interprétation stricte du
monopole pharmaceutique.
OUVERTURE POUR LA VENTE DES PRODUITS D’HYGIENE, DE SOIN ET DE PREVENTION
En France, la probabilité d’une ouverture est réelle, comme en témoigne le rapport du Conseil
National de la Consommation « parapharmacie », publié en février 2005, qui suggère déjà un
assouplissement du Code de la Santé dans la perspective de favoriser la vente hors officine des
170
CEE Article 30 du Traité de Maastricht
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
146
II – Analyse prospective - chapitre 2
produits « frontières » du médicament, tels les produits d’hygiène, de soin (crème arnica, gels
défatigants…) mais aussi des tests de glycémie ou de grossesse.
OUVERTURE POUR LES PRODUITS OTC.
Au Royaume Uni et aux Pays Bas et plus récemment en Allemagne et au Portugal171, certains
antalgiques, antitussifs, traitements des troubles gastriques peuvent être vendus librement dans
des magasins de grande distribution, des « drugstores » ou même dans des stations-service
comme au Danemark depuis 2001. Cette ouverture du monopole de la vente des médicaments
OTC peut s’accompagner d’une libéralisation de la détermination des prix, comme en
Allemagne.
OUVERTURE PLUS GLOBALE DU MONOPOLE DE L’OFFICINE ?
L’observation dans la durée des choix de réaménagement de la distribution du médicament dans
des pays voisins pourrait alors fournir des arguments plaidant en faveur d’une ouverture
encadrée de la vente de médicaments hors de l’officine.
DES
CHANGEMENTS PREVUS
COMMERCIALE DU SECTEUR
DANS
L’ORGANISATION
ECONOMIQUE
ET
Les transformations globales du secteur dans son organisation économique et commerciale
répondront à une combinaison de facteurs multiples. Aux pressions de l’Europe, aux projets des
pouvoirs publics précédemment développés, il convient d’ajouter les mesures déjà prises ou
projetées concernant la gestion des PME172.
Les facteurs de changement les plus marquants pourraient toutefois venir des perspectives
ouvertes par la branche elle-même, en réponse aux évolutions induites par son environnement
politique, économique et social ou en anticipation de celles-ci.
Les évolutions rythmées par les choix des officinaux
DES MOUVEMENTS DE CONCENTRATION ET DE CAPITALISATION ACCENTUES
Les évolutions considérées comme certaines en termes d’organisation économique et
commerciale du secteur correspondent à des mouvements déjà engagés.
171
respectivement en 2004 et 2005
Loi n° 2005-882 du 2 août 2005, dite loi Jacob, en faveur des petites et moyennes entreprises et impactant notamment
l’encadrement des marges arrière, la transmission et le regroupement d’officines, l’octroi de parts en industrie pour les
pharmaciens adjoints ou encore l’aménagement des SEL.
172
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
147
II – Analyse prospective - chapitre 2
Des officines d’autant plus rentables que leurs effectifs vont
croître
Les experts et professionnels consultés estiment que la « taille » des officines (en ETP), qui a
déjà évolué au cours des dix dernières années, devrait encore s’accroître — en moyenne — au
cours des dix à quinze ans à venir et que l’impact de ce facteur sera positif pour leur rentabilité
(score de 2,44).
Ce point est à nuancer puisque, parmi les officines qui affichent le taux de marge brut le plus
important, se trouvent de très petites officines173. Toutefois, les petites officines en question,
particulièrement rentables, restent très minoritaires au regard du nombre de petites officines qui
dominent encore le paysage français et qui annoncent des résultats moins impressionnants.
Pourtant, la tendance à la croissance des effectifs d’une même officine devrait en effet se
confirmer pour plusieurs raisons : respect des 35 heures, place significative des temps partiels
dans l’économie de l’officine, importance de l’amplitude des horaires d’ouverture pour le chiffre
d’affaires — notamment dans les zones « concurrentielles »—, évolution des aspirations aux
loisirs des jeunes générations de pharmaciens titulaires…
En revanche, la rentabilité d’officines plus grandes ne s’impose pas d’elle-même, mais doit
s’obtenir grâce à une gestion appropriée de l’activité et des compétences. Elle ira de pair avec la
rationalisation croissante des modes d’organisation du travail, de gestion des ressources
humaines et des qualifications, au sein de l’officine et, plus généralement, du secteur.
Toutefois, les petites structures devraient encore résister un certain temps, surtout dans les zones
moins attractives, d’autant qu’elles correspondent à une représentation de l’exercice libéral bien
ancrée dans les mentalités. Si elles impliquent des sacrifices de la part du pharmacien titulaire
pour répondre à une charge de travail éprouvante, elles permettent aussi, dans bien des cas,
d’accéder à un niveau de revenus très satisfaisant. Or, les sondages auprès des étudiants ont
montré que cette perspective entrait pour beaucoup dans la motivation initiale du choix de
l’officine comme lieu d’exercice, conjointement au projet de devenir titulaire.
La croissance des effectifs moyens de l’officine au cours des prochaines années devrait donc être
réelle, mais mesurée et progressive. L’apparition sur le territoire urbain de structures plus
imposantes, aujourd’hui pionnières, devrait se renforcer.
173
Données de l’enquête par questionnaires réalisée dans le cadre du CEP.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
148
II – Analyse prospective - chapitre 2
Une évolution accrue de l’organisation en sociétés
capitalistiques
Si la tendance à un renforcement de la présence de sociétés capitalistiques dans le secteur de
l’officine est considérée comme probable, le score relativement timide (1,8), illustre bien les
résistances assez sensibles du secteur. Elles sont liées aux arguments déjà évoqués ainsi qu’à une
certaine représentation (partagée par le Ministère de la Santé) du besoin de protéger la profession
d’un système jugé trop évidemment marchand et par là quelque peu contraire à un exercice
éthique, à visage humain, de cette activité de santé.
Parmi les sociétés appelées à se multiplier, le modèle des SEL, qui n’est pas encore majoritaire
mais représente la progression récente la plus importante dans le choix du statut, devrait
certainement se développer encore, si l’on en croit les experts (score de 2,3). Cela traduit
l’attachement des professionnels à l’exercice libéral, même avec un statut de société.
Une diminution « naturelle » du nombre d’officines
Les pharmaciens se disent attachés au maillage territorial — cher, ou tout au moins familier aux
français — bien qu’ils en dénoncent aujourd’hui plus volontiers qu’hier les conséquences
négatives en termes de concurrence et de rentabilité des structures, surtout avec le contrôle
annoncé des dépenses liées au médicament remboursable. Malgré cela, la diminution
« naturelle » du nombre des officines semble probable (1,7) sinon certaine.
La possibilité d’ouverture du capital aux adjoints
Cette évolution, pourtant fréquemment évoquée lorsqu’il s’agissait d’envisager les meilleures
solutions pour développer l’attractivité du secteur aux yeux des jeunes diplômés, recueille un
score de probabilité assez mesuré (1,6). En revanche, les jeunes pharmaciens consultés
accueillent très favorablement cette perspective.
L’impact de la loi Jacob, avec le recours encouragé à l’octroi de parts en industrie, devrait en
partie freiner ce mouvement tout en offrant une attractivité compensatoire certaine pour les
pharmaciens adjoints (comme pour les autres salariés, si ce recours leur est appliqué, ce qui
devrait être le cas).
Pour autant, l’ouverture du capital constitue un facteur de motivation et de fidélisation pour les
pharmaciens dont la période à venir ne devrait pas pouvoir se passer.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
149
II – Analyse prospective - chapitre 2
UNE DIVERSIFICATION « CONTENUE » DU RESEAU DE DISPENSATION/DISTRIBUTION DES
MEDICAMENTS
La libre circulation des produits en Europe reçoit un score de probabilité assez élevé (1,9) et
apparaît donc plus que possible. Pourtant, les experts semblent penser que les efforts des
pouvoirs publics comme de la branche vont converger pour que le secteur s’ouvre le plus
lentement possible à d’autres acteurs qu’aux officinaux.
L’essor — pourtant constaté actuellement — des groupements de pharmaciens, l’apparition de
chaînes de pharmacies sont juste mentionnés comme possibles. L’apparition des chaînes, si elle
n’est pas exclue, est renvoyée comme hypothèse tard dans la période considérée (quinze ans).
Il convient pourtant de rappeler sur ce dernier point que la Norvège a vu le phénomène des
chaînes se généraliser en trois ans, et que les salariés d’officine ne perçoivent pas d’obstacle
majeur à travailler pour une chaîne. On peut penser, même si l’échéance est incertaine, que les
pharmaciens titulaires eux-mêmes, en contribuant à l’évolution capitalistique de leurs entreprises
officinales, se préparent à passer à ce stade dans la distribution et la dispensation des
médicaments et à s’y assurer leur part du marché.
LA MONTEE EN PUISSANCE DES GROUPEMENTS
Le phénomène des groupements, déjà très important, est appelé à s’amplifier avec la perspective
de la tombée prochaine dans le domaine public des brevets de molécules largement consommées
qui pourront être alors génériquées. Dès lors, l’opportunité d’achats groupés n’en sera que plus
tentante.
De plus, les groupements de pharmaciens seront probablement appelés à jouer un rôle croissant
en matière de mutualisation de ressources, de bonnes pratiques, voire de formation continue.
Les changements induits en premier lieu par l’environnement
UNE HAUSSE DU CA ASSOCIEE A LA HAUSSE DU PRIX DES NOUVELLES MOLECULES
La hausse du chiffre d’affaires ne semble pas faire de doute, au regard de sa cotation élevée (2).
Elle s’explique essentiellement par l’augmentation du prix des nouvelles molécules. Mais elle
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
150
II – Analyse prospective - chapitre 2
n’implique pas une hausse des marges pour toutes les officines, même si les prévisions globales,
à court terme, sont plutôt positives.
UNE CONCURRENCE ACCRUE ENTRE LES PHARMACIES EN CAS DE CONCENTRATION DES
ETABLISSEMENTS
Allant de pair avec une vision plus libérale de la profession, le phénomène de concurrence
devrait probablement se développer (score de 2), ce qui n’est pas sans souligner une position
paradoxale au regard de la nécessité d’un travail en réseau au sens où l’assurance maladie
l’entend.
L’UTILISATION DE L’INTERNET DANS LA DISPENSATION DE MEDICAMENTS
Malgré des réactions très vives à son évocation, dues aux représentations contrastées quasi
« générationnelles » de cet outil, l’utilisation croissante de l’internet doit être envisagée, avec
prudence, si le système garantit le contrôle de la dispensation par un pharmacien.
Cette perspective apparaît pourtant incertaine aux experts et professionnels du secteur (score de
1,45). Il convient de souligner que l’appréciation varie en fonction de l’âge des personnes qui
s’expriment, les plus jeunes considérant spontanément l’internet comme un support d’activité
parmi d’autres, sans doute incontournable dans les années à venir.
En revanche, les représentants de l’assurance maladie considèrent cette éventualité comme
probable. Mais l’impact direct des laboratoires sur le mode de présentation en ligne des produits
constitue pour eux une préoccupation importante, car le résultat risque d’aller à l’encontre du
rôle modérateur attendu du pharmacien.
Pourtant, depuis la loi du 13 août 2004, la CNAM admet qu’il peut y avoir des prescriptions
médicales par courriel ; il lui semble donc inévitable que la dispensation de médicament soit un
jour concernée. Une fois les modalités de contrôle mises en place, l’assurance maladie ne fera
pas de différence entre ce nouveau type d’exercice et la modalité classique.
À l’échelle européenne, l’utilisation de l’internet dans la dispensation fait également l’objet de
débats. Si cette pratique reste aujourd’hui interdite en France, il est difficile de ne pas envisager
l’éventualité d’une telle évolution au regard des tendances actuelles dans différents pays,
s’agissant notamment, dans un premier temps, des médicaments non soumis à prescription.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
151
II – Analyse prospective - chapitre 2
En effet, à travers l’arrêt « Doc Morris »174 du 11 décembre 2003, la CJCE a considéré que
l’interdiction nationale de vente par correspondance des médicaments s’applique pour autant
qu’elle vise les médicaments soumis à prescription médicale. En d’autres termes, les
médicaments qui ne nécessitent pas de prescription médicale pourraient être acquis par
correspondance, même si la loi du pays d’origine l’interdit. Aux Pays-Bas, certaines assurances
de santé vont même jusqu'à suggérer à leurs clients d’utiliser des pharmacies on-line afin de
réduire les coûts.
En France, l’hypothèse de la vente directe est encore conditionnée par :
-
la jurisprudence la plus récente qui écarte la possibilité de la vente de médicaments par
des titulaires du diplôme de pharmacie en dehors du cadre officinal.175
-
les conditions de remboursement encore favorables ; en effet, la vente des médicaments
par Internet présente un réel intérêt avant tout pour les patients originaires de pays où le
prix des médicaments est élevé et la prise en charge de l’assurance-maladie réduite.
Cependant, le développement de pharmacies en ligne est envisageable à plus court terme :
-
en matière d’information et de conseil sur les produits, comme le proposent déjà certaines
pharmacies. Par ailleurs, l’exemple des Etats-Unis, précurseur en la matière, montre que
l’utilisation d’Internet s’inscrit davantage dans un objectif d’information que d’achat176 ;
-
en matière d’achat de produits, articulé aux officines de proximité : dans un contexte où
l’officine électronique n’est pas incompatible avec le cadre légal, le développement de
pharmacies virtuelles s’organiserait sous un strict contrôle qui offrirait la possibilité de
commander à distance auprès de la pharmacie de son choix. Cela permettrait d’éviter
ainsi les files d’attente au moment de la réception. Cette réflexion est conduite
174
Doc Morris est une pharmacie hollandaise située à la frontière allemande qui vendait des médicaments par internet à des assurés allemands
alors que la vente par internet était interdite en Allemagne. Il s’agissait en l’espèce de statuer sur le caractère restrictif de cette interdiction et le
bien fondé de sa motivation (l’article 30 du Traité qui permet des restrictions pour motif de protection de la santé et de la vie des personnes.
175
Arrêt de la Cour D’appel de Paris du 2 mars 2005 : concernant la vente en ligne de produits de lentilles de contact, les juges ont confirmé que
le monopole accordé aux pharmaciens et opticiens n’était pas contraire à l’article 30 du traité européen.
176
Près de 26% de la population utilisent Internet pour obtenir des informations sur les médicaments soumis à prescription, mais seuls 4% des
patients l’utilisent pour acquérir des médicaments prescrits Drug Benefit Trends janvier 2005, cité dans le bulletin d’information électronique du
FIP, www.fip.org
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
152
II – Analyse prospective - chapitre 2
actuellement par les officines en Allemagne ; ce pays est en effet particulièrement exposé
à la concurrence de la vente par internet organisée depuis les pays voisins.
L’EVOLUTION DU FONCTIONNEMENT DES OFFICINES
Les changements globaux que connaîtra le secteur devraient générer des évolutions au sein de
chaque officine, dans son fonctionnement interne. Ils traduiront dans l’organisation les nouvelles
prérogatives et responsabilités du secteur, mais refléteront également la stratégie spécifique
développée par chaque structure pour assurer son développement dans son environnement
concurrentiel propre.
Une recherche de différenciation, d’identité visible
AU SEIN DES OFFICINES : UN PARTAGE PLUS EVIDENT ENTRE LA DISPENSATION ET LES
ACTIVITES COMMERCIALES
À l’intérieur des pharmacies, il est possible d’envisager une articulation spatiale plus
différenciée des différentes activités prises en charge dans l’officine, à l’instar des officines
Québécoises, où le pharmacien gère de manière distincte la « devanture » qui correspond à la
partie commerciale de la pharmacie et les espaces de consultations dédiés aux soins
pharmaceutiques.
ENTRE LES OFFICINES : UN DEMARQUAGE ACCRU SELON LES SPECIALISATIONS
Le maintien de la structure de l’unité officinale n’empêchera pas le renforcement de la mise en
réseau des officines (avec la montée des groupements) et un démarquage visuel par le
rattachement à des enseignes.
De même, la mise en place de nouvelles prestations pourrait impliquer une spécialisation accrue
au sein du réseau des officines et serait susceptible d’accroître de manière palpable la
différenciation entre les officines. En ce sens, la réussite économique des officines s’appuiera
probablement sur la valorisation des prestations de services qu’elle seront en mesure de mettre
en place, dans un contexte de concurrence accrue.
Le renforcement de l’exigence de démarches qualité au sein de l’officine pourrait également
conduire à des pratiques de labellisation de la qualité des prestations des officines, susceptibles
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
153
II – Analyse prospective - chapitre 2
de constituer un véritable avantage concurrentiel (par exemple, l’affichage des formations
validées par le personnel de l’officine).
Concrètement, dans une telle configuration, la rentabilité de l’officine devrait dépendre de plus
en plus du nombre de clients qu’elle sera capable d’attirer plutôt que du nombre ou du prix des
boîtes de médicaments vendues.
Des évolutions significatives dans l’organisation interne
Les évolutions les plus nettes sont attendues au sein même de l’officine, dans sa configuration
spatiale, dans l’organisation du travail, dans la diversification des activités, dans le rôle et
l’affectation des personnels.
UNE ORGANISATION SPATIALE LIEE AUX DIFFERENTES MISSIONS
Différenciation des espaces
Elle aurait pour but de favoriser une meilleure prise en charge du patient. L’aménagement d’un
espace de consultation apparaît probable aux yeux des experts et des professionnels (avec un
score de 2,27). La disparition du comptoir, pour éviter un effet de cloisonnement, est débattue
mais provoque beaucoup de réticences (les risques paraissent importants, même avec la présence
d’un pharmacien dans un espace de libre-service).
Amélioration du « préparatoire » et de la réserve
Les pharmacies préfèrent concentrer leurs moyens sur l’espace réservé aux clients et négligent
fréquemment l’aménagement de la réserve. Or, l’accroissement des tâches administratives
impose aux employés de travailler dans un espace souvent peu convivial et mal organisé.
D’autre part, le respect de la chaîne qualité et les règles de sécurité (des personnes et de la
réserve des produits) semble peu compatible avec les espaces confinés et peu pratiques qui
prévalent souvent.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
154
II - Analyse prospective - chapitre 2
LE RENFORCEMENT DE CERTAINES ACTIVITES
Dans ce contexte plus dur, certaines activités devraient devenir cruciales selon l’avis des experts,
parmi lesquelles les scores les plus élevés sont attribués à :
-
celles qui relèvent de la diversification des niches et de la spécificité des positionnements, au
service de la volonté et la nécessité de se différencier (2,3)
-
celles qui permettront d’affirmer un rôle de dépistage et d’accompagnement pour
l’automédication (2,27).
Par ailleurs, les professionnels soulignent que les activités devront désormais être exercées sur
plusieurs lieux (hôpital, officine, maison de retraite…) à la fois pour assurer la réussite
économique de la structure et pour répondre aux évolutions de la société et au projet des
pouvoirs publics en matière de santé et de service de soins.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
155
II - Analyse prospective - chapitre 2
L’EVOLUTION DE LA DEMOGRAPHIE OFFICINALE
Deux vagues successives de départ à prévoir chez les pharmaciens
d’officine titulaires et adjoints
L’analyse des pyramides des âges177 ci-dessus traduit une surreprésentation des titulaires aux
abords de la soixantaine et des adjoints âgés de 45 ans environ. Par conséquent, une rapide
projection permet de conclure que l’on se trouvera confronté à deux vagues de départ en
retraite178 : la première imminente concerne les titulaires tandis que la seconde touchera les
adjoints dans une vingtaine d’années.
Le nombre de pharmaciens179 qui cessent leur activité est ainsi appelé à fortement augmenter
dans les quinze années à venir et devrait passer de 1500 en 2005 à 2800 au début des années
2020. Entre 2005 et 2015, le nombre de pharmaciens actifs de plus de 55 ans augmenterait de
plus de 80%, passant de 13 000 à 23 000 pharmaciens.
177
(Source : CNOP Données 2003)
L’annexe 4Ba (Tome 2 – Données annexes) illustre clairement ce phénomène en représentant le nombre de pharmaciens
atteignant l’âge de 65 ans dans l’année.
179
Les données présentées dans ce paragraphe sont extraites du rapport de Marc COLLET, La démographie des pharmaciens à
l’horizon 2030, DREES Etudes & Résultats n°438 octobre 2005
178
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
156
II - Analyse prospective - chapitre 2
Une vigilance indispensable face aux perspectives de renouvellement
La profession de pharmacien d’officine est donc une profession qui vieillit — notamment ses
titulaires — et dont les perspectives de renouvellement sont assez pessimistes dans la mesure où
le nombre de diplômés sortants ne suffira pas à combler les départs en retraite180.
De plus, la pharmacie d’officine a souffert d’un manque d’attractivité auprès des jeunes
diplômés qui préféraient se diriger vers d’autres filières comme la filière hospitalière ou
l’industrie pharmaceutique, l’officine apparaissant comme une option de second choix, voire
comme un refuge. Si une étude récente infirme cette tendance181, manifestant ainsi la fonction
accrue de refuge exercée par l’officine, les investigations conduites dans le cadre de ce CEP ont
souligné la fragilité et les limites de la position d’adjoint telle qu’elle se vit actuellement.
LE POTENTIEL DE RENOUVELLEMENT
La projection 182des sorties selon la section d’appartenance* est la suivante :
* Les pharmaciens inscrits à l'Ordre sont répartis en 6 sections :
Prévisions de sortie pour les
pharmaciens atteignant 65 ans dans l’année
A : titulaires d'officine
B : responsables de l'industrie
C responsables de la distribution en gros
D : salariés tous secteurs (dont adjoints en officine, et hospitaliers)
E : DOM toutes activités
G : biologistes tous secteurs
180
Une étude réalisée en 2000180, disponible auprès du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens, réalise des projections à
partir des pyramides des âges des adjoints et des titulaires et tire ainsi des conclusions sur les modalités d’élargissement du
numerus clausus de façon à augmenter les effectifs.
181
Cf étude sur les pharmaciens adjoints – CNOP - 2005
182
Source : CNOP - Données 2003
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
157
II - Analyse prospective - chapitre 2
Afin de remédier à cette déperdition, il est suggéré183 d’augmenter le numerus clausus en
s’ajustant à la croissance du secteur pharmaceutique. Trois scénarios sont alors préconisés,
chacun tablant sur un numerus clausus indexé à la croissance du secteur.
Hypothèse de croissance
Numerus clausus
0%
2850
1,5%
3850
2,5%
4500
Il convient de souligner ici que relever le numerus clausus n’apporte pas de solution au manque
d’attractivité de l’exercice en zone rurale et ne garantit pas non plus que les jeunes diplômés
cessent de s’installer massivement en Ile de France plutôt que dans les régions moins urbanisées.
Les questions relatives au maintien du maillage territorial et aux perspectives réelles de carrière
dans l’officine ne peuvent se régler par la seule réponse quantitative.
UNE AUGMENTATION CERTAINE DU NOMBRE D’ADJOINTS ...
D’après une étude de la DREES184, et en raisonnant sur la base du numerus clausus actuel,
l’effectif des pharmaciens en activité continuerait sa progression jusqu’en 2017 à un rythme
moins soutenu que précédemment pour régresser et se stabiliser jusqu’en 2030.
Parmi les différents exercices possibles, la part des pharmaciens d’officine se maintiendrait dans
les années à venir aux alentours de 75% de la population pharmacienne active.
Concernant plus précisément la population officinale, une tendance à la stagnation du nombre de
titulaires pour un accroissement des effectifs des pharmaciens adjoints s’observe actuellement.
Elle devrait perdurer dans les prochaines années au point que ces deux catégories s’équilibreront
aux alentours de 2030. En effet, on compte en 2005 40 % de titulaires contre 32 % d’adjoints ;
ces deux populations atteindront 37% en 2030.185
Ces projections indiquent d’une part que l’exercice associé devrait encore s’accroître, et, d’autre
part, que les officines compteront de plus en plus de salariés adjoints. En effet, cette
183
Ibid
Marc COLLET, La démographie des pharmaciens à l’horizon 2030, n°438 octobre 2005
185
Marc COLLET, La démographie des pharmaciens à l’horizon 2030, n°438 octobre 2005
184
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
158
II - Analyse prospective - chapitre 2
augmentation du nombre d’adjoints va de pair avec l’accroissement de la taille des officines et
l’augmentation du nombre de salariés par officine.
... MAIS A INTERPRETER AVEC PRUDENCE
Mais cette croissance du nombre d’adjoints ne doit pas être tenue pour un atout systématique lié
au numerus clausus et au besoin de renouvellement.
Certes, l’officine est aujourd’hui le « refuge » des pharmaciens diplômés, soit directement à
l’issue de leurs études, soit par repli à la fin d’une expérience interrompue — volontairement ou
non — dans l’industrie. Par ailleurs, dans un contexte économique peu prometteur au chômage
important, elle présente l’image d’un espace de stabilité qui ne s’est pas encore démenti.
Mais si, suivant l’exemple d’autres pays, des lieux et modes de dispensation ou d’exercice des
compétences pharmaceutiques plus variés et attractifs venaient à se développer dans les années
qui viennent, la fidélité des pharmaciens diplômés à l’officine pourrait être remise en cause. La
qualité de la politique de gestion des ressources humaines, notamment de gestion des carrières
d’adjoints, constitue donc un enjeu important pour la branche, malgré des prévisions statistiques
favorables.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
159
II – chapitre 3
LA PROBLEMATIQUE DE GESTION DES RESSOURCES HUMAINES LIEE
AUX EVOLUTIONS
L’IMPACT DES EVOLUTIONS PROBABLES SUR LES COMPETENCES REQUISES
Des compétences à consolider
Les évolutions évoquées, si elles devaient se confirmer, impliquent le développement de
compétences nouvelles au sein de l’officine (ainsi pour le pharmacien, par exemple, des
compétences liées à une maîtrise plus affirmée de la relation maladie/patient/thérapeutique,
surtout dans l’éventualité d’une responsabilité de prescription).
Mais elles commandent surtout la consolidation de compétences déjà à l’œuvre, en principe,
dans le secteur sinon dans chaque officine, mais qui prendraient un relief plus important. Les
experts consultés estiment certaine ou probable une exigence accrue dans les domaines suivants :
-
Technicité liée aux nouvelles thérapies (2,45).
-
Compétences de gestion et collection des stocks, d’acheteur (2,1).
-
Compétences
d’entrepreneur
du
pharmacien :
marketing,
merchandising,
stratégie
commerciale (1,89).
-
Compétences de gestionnaire et de professionnel de santé, à l’instar du pharmacien
hospitalier (1,82).
À ces évolutions certaines ou probables, il conviendra d’en ajouter d’autres, qui ne relèvent pas
seulement de l’analyse prospective mais de choix d’organisation plus volontaristes de la branche.
Elles seront de ce fait présentées dans la troisième partie du rapport, centrée sur les
préconisations.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
160
II - Analyse prospective - chapitre 3
Des modalités de construction des compétences à optimiser
Les points de vue des experts et des professionnels convergent sur l’évolution nécessaire des
modalités de construction des compétences, ou tout au moins semblent indiquer un consensus
assez large sur les besoins de rénovation de l’appareil et des contenus de formation186 aussi bien
pour les pharmaciens que pour les préparateurs et les autres salariés des officines.
Des divergences de vues se sont exprimées pourtant dès qu’ont été abordées plus précisément les
voies de changement à privilégier, qu’il s’agisse des niveaux de qualification requis, des
passerelles entre les métiers ou les lieux d’exercice, des axes de contenus des cursus, des
modalités de développement des compétences, des méthodes pédagogiques, des organismes de
formation. En résumé, si l’on a pu constater un accord sur le besoin d’évoluer, les finalités et les
moyens font encore largement débat.
Dans le cadre de ce CEP, la branche professionnelle et l’État se sont attachés à faire le plus
possible avancer ce débat, à en poser les fondements communs, sur lesquels un consensus a pu
s’établir, et les termes d’une réflexion qu’il conviendra de poursuivre au cours des prochaines
années. Le résultat de ces travaux d’ajustement est présenté dans la troisième partie de ce
rapport.
Un repositionnement probable des acteurs impliqués dans la formation
des personnels d’officine
EN MATIERE DE PRISE EN CHARGE FINANCIERE DE LA FORMATION
Le registre de prise en charge de la formation professionnelle continue des titulaires et des
salariés des officines devrait être appelé à s’élargir.
En effet, conséquence directe du caractère désormais obligatoire de la FPC du personnel
d’officine, l’État, par l’intermédiaire de la CNAM, devient partie prenante de l’analyse des
besoins et de la formation elle-même.
Dans ce nouveau contexte, la CNAM peut devenir financeur potentiel de formation : c’est dans
ce sens que semblent se diriger les négociations de la prochaine convention collective,
186
cf. scores du questionnaire sur les niveaux de probabilité des évolutions annexe 8 – Tome 2 – Données annexes
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
161
II - Analyse prospective - chapitre 3
susceptible de comporter un volet sur la formation obligatoire. L’assurance maladie pourrait
participer à la détermination des objectifs de formation conjointement avec les partenaires
sociaux. Elle bénéficierait ainsi d’un nouveau levier de régulation de la formation qu’elle
pourrait orienter sur les pathologies et les thèmes de santé publique pour lesquels elle estimerait
qu’existe un déficit de formation.
EN MATIERE D’OFFRE DE FORMATION
L’obligation de formation continue devrait entraîner une structuration plus forte de l’offre et un
positionnement plus précis des opérateurs, dans un environnement plus compétitif.
Réservant les stages « pré-conçus » au traitement des questions les plus courantes, une offre
diversifiée et souple devrait ainsi émerger au cours de la décennie à venir. Fondée sur une
analyse personnalisée des besoins et sur des problématiques rapportées à chaque officine, ou à
chaque profil singulier, elle devrait donner lieu aux pratiques suivantes :
-
L’élaboration d’une offre d’appui à la définition des besoins de formation ainsi que d’une
offre de formation à la création et la gestion des plans de formation au sein des officines.
-
La spécialisation de certains organismes sur l’accompagnement de plans de formations
articulées à des stratégies de développement d’activités.
-
La définition de programmes de remise à niveau sur des thématiques reliées aux besoins
définis par les professionnels d’une part, l’assurance maladie d’autre part.
-
Le développement de réponses plus souples et plus rapides de la part des organismes
associatifs ou commerciaux, les universités restant spécialisées sur les enseignements de
fond, dans le cadre des DU notamment.
-
Le développement de partenariats entre l’UTIP et l’université dans l’organisation de
conférences. L’université, qui attire faiblement les pharmaciens, bénéficierait ainsi du
réseau d’audience de l’UTIP. La co-construction des contenus permettrait d’offrir aux
professionnels une formation à la fois pointue et attractive, mieux reliée à leurs pratiques,
interrogations, attentes et besoins.
-
L’émergence vraisemblable de nouveaux opérateurs dans le secteur de la formation,
spécialisés dans l’optimisation des pratiques quotidiennes de l’officine : les laboratoires
et les groupements devraient en faire partie. Leur offre pourrait répondre aux besoins
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
162
II - Analyse prospective - chapitre 3
d’accompagnement sur site du pharmacien et des autres métiers de l’officine, sans
toutefois correspondre à l’obligation de formation continue. Les groupements sont en
effet susceptibles de développer des réponses « formation » — et certains commencent à
le faire — pour pallier les manques ressentis par les professionnels du terrain face à
l’offre des organismes classiques. Cette voie reste conditionnée à leurs moyens et leurs
capacités d’acquisition des compétences nécessaires en matière de formation.
LA QUESTION DES VOLUMES ET PROFILS D’EMPLOI UTILES
La problématique de gestion prospective des ressources humaines — à l’échelle de la branche
professionnelle en France — est la suivante :
En fonction des besoins, du maillage territorial et de leur évolution au cours des dix à quinze
prochaines années :
-
sur quels profils devra-t-on compter pour réaliser de façon sécurisée et pertinente les
activités de l’officine ?
-
et dans quelles proportions devra-t-on trouver ces profils au sein de chaque officine ? (en
tenant compte de la typologie des officines et de son évolution prévue)
Les réponses à ces deux questions (profils, volumes) sont déterminantes pour faire face utilement
aux perspectives d’évolution et définir le type d’équipe à affecter au comptoir ou en back office
selon la taille et le type d’officine. Il s’agit ensuite d’évaluer l’écart entre les profils actuels et les
profils requis, afin d’ajuster l’appareil de formation initiale et continue en conséquence et de
définir les perspectives de carrière qu’il convient d’offrir à chaque catégorie de profils.
Des volumes stables de personnels officinaux
On a vu que les volumes globaux de personnels à former et à intégrer aux officines ne devraient
pas se réduire : le nombre de points de vente diminuera sans doute un peu, mais les officines
croîtront en effectifs et les services à rendre seront plus nombreux187.
187
Et même si un changement de politique suffisamment radical pour provoquer un mode tout à fait différent de distribution des
médicaments intervenait — c’est aujourd’hui peu probable — cela ne saurait remettre en cause le besoin de spécialistes du
médicament. Le souci serait alors simplement de déplacer les personnels d’un milieu d’exercice à un autre, ce qui reste délicat
mais non catastrophique.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
163
II - Analyse prospective - chapitre 3
Des rôles respectifs à préciser pour les différents profils, notamment
ceux des adjoints et des préparateurs
La question des profils adéquats et surtout de leur proportion au sein de l’officine pour réaliser le
travail de façon pertinente et sûre est plus complexe, car elle ne procède pas de la seule
rationalité. Elle se heurte à la réglementation en vigueur — à la lecture du code de la santé,
certains profils ne sont même pas censés approcher du comptoir dans les officines — à des
réactions corporatistes excessives ou, a contrario, à des opinions soumises à l’impératif
économique plus qu’à la déontologie ou au principe de sécurité.
Il faudrait être en capacité de poser sérieusement et sincèrement la question de la place relative
que prendront réellement :
-
les activités complexes d’une part, exigeant la prise de responsabilité du pharmacien
diplômé, titulaire ou non,
-
les activités plus quotidiennes et/ou moins « dangereuses » d’autre part (simple
délivrance de médicaments, vente de produits « non santé », services spécialisés non
médicaux…).
Pour assumer les activités aujourd’hui réalisées dans l’officine, avec la même garantie de
sécurité, cette question du niveau réellement requis et de l’organisation adéquate se pose déjà,
comme l’a bien montré l’enquête de terrain. L’état des lieux laisse en effet apparaître une quasi
interchangeabilité, dans les activités concrètement exercées et malgré des qualifications bien
différenciées, entre le préparateur et l’adjoint. Cette polyvalence a un effet négatif sur la
motivation de l’un et de l’autre, les encourageant à poursuivre leur activité en officine, mais sans
passion, ou à envisager ailleurs leur avenir.
Si l’activité de l’officine repose sur un fondement scientifique, son développement commercial,
vital (dans le système d’exercice libéral tout au moins), nécessite un repositionnement des
acteurs. Des emplois aux responsabilités et aux contributions mieux ciblées devraient permettre
de redéployer tout l’éventail d’expertises détenu au sein de l’officine — scientifiques mais aussi
relationnelles et commerciales – et de parvenir à une meilleure performance individuelle et
collective.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
164
II - Analyse prospective - chapitre 3
Cela pourrait contribuer à redonner une valeur un peu perdue aux différents métiers qui s’y
exercent, et par là même à renouer avec la motivation indispensable pour la bonne gestion de
toute activité.
Ce repositionnement, utile pour la performance commerciale du secteur, devient indispensable
si l’on compte faire jouer au pharmacien et à l’équipe officinale le rôle qu’on semble leur
réserver dans le système de soins de demain.
Ainsi une délégation plus officielle de tâches vers le préparateur — technicien du médicament—
permettrait-elle aux pharmaciens de mieux assumer leur cœur d’activité. Ce parti pris irait de
pair avec la mise en place d’une démarche qualité et d’un système de contrôle.
Dans cette redistribution, le niveau de responsabilité d’un adjoint moins polyvalent et recentré
sur son métier de pharmacien semble mieux correspondre à la préfiguration d’une officine avec
une mission accrue de santé publique, où il retrouverait toute sa pertinence… et sa motivation.
LA QUESTION DE LA RETRIBUTION DES NOUVELLES MISSIONS DE L’OFFICINE ET
SON IMPACT SUR L’ORGANISATION ET LA GRH
Les fondements de l’officine française (exercice libéral, monopole pharmacien, survie des
structures fondées sur la marge) semblent imposer une évolution soumise à la réussite
commerciale des officines comme cela a déjà été évoqué.
Le rôle accru du pharmacien d’officine dans le système de santé publique sera donc assumé :
-
s’il s’avère compatible avec le développement commercial des structures (système
d’honoraires, ou d’un mode équivalent de rétribution, à prévoir…)
-
ou s’il est dissocié de la préoccupation de développement commercial (mais il faut
rappeler que ce n’est pas l’orientation voulue par le secteur).
La problématique est économique mais rejaillit sur les profils et les compétences nécessaires au
fonctionnement des officines.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
165
II - Analyse prospective - chapitre 3
Tant que le mode de rétribution du travail supplémentaire attendu d’eux — quel qu’il soit —
n’est pas explicite, les officinaux retarderont les efforts nécessaires pour adapter leurs
compétences à des pratiques qui ne pourront pas être concrètement mises en œuvre, faute de
ressources.
Ils le feraient avec l’assurance de marges suffisantes, qui leur permettraient de mettre en place
des équipes adaptées en nombre et en qualification à la charge et à la nature du travail. Mais la
tendance n’est pas — et ne devrait pas être dans le contexte qui s’installe — à une hausse
durable des marges.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
166
II - Analyse prospective - Conclusion
DEUX SCENARIOS POSSIBLES, ENTRE S’ACCOMMODER ET CHOISIR
Trois catégories de perspectives pour la pharmacie d’officine se distinguent assez nettement :
-
Les évolutions inéluctables, reconnues de façon massive par les différents interlocuteurs .
-
Les évolutions conditionnées
⋅
au maintien (ou non, et dans quelle mesure) d’une « exception française » au sein de
l’Europe (qui fait débat)
⋅
au poids relatif des différents acteurs du système de santé (qui déterminera en
particulier la hiérarchie et l’organisation réelle du réseau de soins et du
remboursement)
-
⋅
aux négociations entre la branche et l’État
⋅
aux négociations entre employeurs et salariés.
Les zones d’incertitude (sur lesquelles il n’existe pas de visibilité, mais qui peuvent faire
l’objet de réflexion et de construction).
Les scénarios susceptibles de se dégager de la ligne d’évolution précédemment tracée ne sont pas
très contrastés, mais correspondent plutôt au niveau d’engagement que la profession va consentir
dans la construction de son avenir proche. L’histoire de la pharmacie d’officine prouve qu’elle a
su s’adapter sans heurt aux évolutions et qu’elle a eu raison, sans doute, de se montrer quelque
peu « suiviste » dans son fonctionnement puisque le secteur est resté globalement prospère.
La période qui s’ouvre comporte des perspectives de changement plus nombreuses et plus
radicales en termes d’organisation économique. La question des ressources humaines et des
compétences à mobiliser est d’autant plus importante que la branche se trouve face à un emploi
« sensible », celui du préparateur, un emploi « boudé », celui d’adjoint, et le « continent obscur »
des employés, au premier rang desquels les apprentis.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
167
UN SCENARIO ATTENTISTE D’ADAPTATION AUX EVOLUTIONS
Le premier scénario consisterait à s’inscrire dans la continuité d’un relatif attentisme et à traiter
in extremis les dossiers les plus brûlants, dans l’ordre où ils se présentent et au gré de contraintes
venues de l’extérieur.
C’est de cette façon sans doute que le problème des préparateurs se trouve aujourd’hui posé de
façon aiguë, alors que des alertes ont sans doute été négligées (les préparations n’ont pas disparu
d’un seul coup).
Le risque n’est sans doute pas très grand compte tenu de la solidité économique du secteur, sauf
sur un plan social et au regard des attentes formulées par l’État en matière de santé publique.
Sans action correctrice en matière d’emploi, de compétence et de reconnaissance, la pharmacie
d’officine risque certes de ne plus susciter de vocation chez les étudiants préparateurs ou
pharmaciens. De ce fait, la concentration d’officines deviendrait incontournable, l’État n’aurait
plus de spécificité à protéger, les chaînes feraient leur apparition…et il faudrait bien se poser la
question de leurs compétences et de leur salariat, mais dans un contexte assez éloigné de la
culture actuelle de l’officine.
UN SCENARIO VOLONTARISTE, PERMETTANT DE CONSTRUIRE LE FUTUR DE L’OFFICINE
Un scénario plus volontariste - et qui semble émaner assez fortement des propos tenus par une
large partie des acteurs - permettrait à la branche de se positionner collectivement et de façon
proactive face aux évolutions certaines ou simplement possibles.
Il s’agirait pour elle de définir une stratégie sociale, une stratégie commerciale, une stratégie
« Ressources Humaines ». C’est dans cette perspective que sont développées les préconisations
présentées dans la troisième partie du rapport.
Il conviendrait aussi dans ce scénario de mettre en place avec les autorités concernées des
chantiers pour traiter très en amont les questions qui se poseront inévitablement à la profession,
plutôt que de s’y résoudre une fois le changement advenu.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
168
Troisième partie : préconisations en
matière de gestion des ressources
humaines et de formation
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
169
III – Préconisations - introduction
III - Introduction
PORTEE ET LIMITES DU CEP
Avant d’aborder les préconisations résultant du diagnostic et de l’analyse prospective, il convient
de rappeler la portée du CEP, qui dépend à la fois des limites classiques de l’exercice, du
contexte spécifique du secteur et de l’engagement des acteurs partenaires dans la construction
d’une politique de branche et de voies d’opérationnalisation.
La réalisation d’un CEP, dans une branche professionnelle, vise toujours plusieurs finalités.
C’est encore plus vrai pour ce premier CEP dans le secteur de la pharmacie d’officine.
Il s’agit d’abord de dresser un tableau du secteur qui structure les données et analyses produites
à son sujet, éclaire les acteurs décisionnaires pour son avenir mais dans lequel, également, les
professionnels du terrain puissent se reconnaître et reconnaître leurs intérêts. Cette dernière
condition est essentielle à la mise en œuvre des recommandations que formule le rapport.
Ce CEP s’efforce ainsi de refléter et d’interroger les représentations — souvent hétérogènes —
qui structurent aujourd’hui les pratiques des officines. Des changements — certains souhaités,
d’autres subis —se profilent ou commencent à se produire. Ils se construisent inévitablement sur
la base de ces représentations, lesquelles imprègnent durablement les personnes qui les portent,
leur masquant parfois les contraintes qui acculent aux évolutions.
Le CEP est essentiellement un instrument d’analyse commun aux employeurs et aux salariés des
entreprises officinales et à leurs représentants, mais également aux autres acteurs du système de
santé et du médicament : aux fournisseurs et prestataires des officines, aux autres professionnels
de santé — dans la mesure où les pratiques quotidiennes résultent d’une coopération — et bien
entendu aux patients et/ou clients bénéficiaires de leur action. Les intérêts de ces derniers sont
pris en compte de deux façons dans ce CEP : par un recours aux statistiques et aux analyses
sociologiques (sur les besoins et pratiques de consommation en matière de santé et de bienêtre) d’une part ; par la voix des pouvoirs publics (le ministère de la santé et l’assurance maladie)
d’autre part. Le CEP doit permettre à ces partenaires obligés de dialoguer et négocier ensemble
les voies d’adaptation et de développement les plus favorables dans le respect de leurs intérêts
respectifs.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
170
III – Introduction
Enfin, l’objectif ultime du CEP — notamment du point de vue du ministère de l’emploi, de la
cohésion sociale et du logement, qui s’y implique à cette fin — est de permettre aux partenaires
du secteur, au vu des évolutions souhaitables, de s’accorder sur les grandes orientations en
matière de gestion de l’emploi et des compétences de la branche. Cet objectif inclut une attention
particulière pour la politique et les modalités de développement de ces compétences et
notamment de la formation initiale et continue.
Les intérêts qui se sont exprimés, singuliers, parfois divergents mais toujours légitimes, ne
permettent pas de lever toutes les contradictions pour voir émerger la combinaison de solutions
souhaitables aux yeux de tous. La synthèse des analyses et positions reste en partie inaboutie,
laisse un espace ouvert à l’approfondissement des arguments et à d’autres débats.
Par ailleurs, l’avenir du secteur de l’officine, comme cela a été montré, ne dépend pas seulement
des acteurs de ce champ et d’une politique publique le concernant, mais d’interactions bien plus
complexes avec d’autres secteurs, régis par des intérêts, des modes d’exercice et des rythmes de
mutation contrastés : le système de santé et de soins français, la recherche et le développement,
la production et la distribution du médicament et bien sûr les effets de convergence des systèmes
européens, dont la pression s’accentue (malgré les différences). Si tous ces éléments ont pu être
intégrés dans la construction des hypothèses d’évolution, la complexité de leurs interactions
interdit tout pronostic précisément daté sur la plupart des changements pourtant décrits comme
inéluctables. Les recommandations ne peuvent donc s’accompagner d’un véritable plan d’action.
Pour autant, toute finalité opérationnelle n’est pas absente de cette partie du CEP dédiée aux
préconisations et significative de sa mission au service de la branche.
En effet, l’étude a permis de confronter différents projets d’évolution du système
emploi/formation — argumentés de longue date —en même temps que des points de blocage que
les partenaires s’accordent à vouloir dépasser. Il convenait donc de ne pas rester au milieu des
débats, mais de saisir l’opportunité du CEP pour aborder une phase de mise en œuvre concrète
des adaptations et transformations nécessaires.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
171
III – Introduction
La stratégie de gestion des ressources humaines de l’officine capable de répondre aux besoins du
pays d’une part, du secteur et de ses salariés d’autre part, constitue le cœur du CEP. Les
préconisations qui en relèvent se cristallisent notamment autour des périmètres redéfinis des
emplois types de l’officine, de la nouvelle échelle de responsabilités émergente et de l’évolution
des niveaux de qualification requise.
Mais la finalité opérationnelle du CEP s’exprime surtout dans les « projets d’action» destinés à
établir les bases approuvées par l’État et la branche — sinon consensuelles — de la formation
initiale et continue. Ils visent à souligner l’engagement des partenaires dans la construction d’un
objet-but déjà précis – les différents profils de la nouvelle officine — et leur volonté d’aboutir. Il
ne s’agit naturellement pas d’oublier, surtout pour la formation initiale, que les finalités,
contenus et modalités des dispositifs, tels qu’ils sont ébauchés, dépendent entre autres d’une
évolution de la réglementation.
SEPT DEFIS MAJEURS POUR LE SECTEUR DE L’OFFICINE
Au regard des enjeux, des variables significatives identifiées et des hypothèses d’évolution
analysées comme probables, sept défis majeurs devront être relevés par le secteur au cours des
années à venir, a fortiori s’il décide de s’engager dans la mise en œuvre du scénario le plus
volontariste.
Défi n° 1 : assumer la double nature de la profession pour mieux faire face à un contexte
moins prometteur
Comme cela a déjà été dit dans l’état des lieux, les pharmaciens officinaux endossent plus
volontiers, aux yeux de leurs pairs et du public, leur qualification de scientifiques spécialistes du
médicament que leur activité commerciale, qualifiée « d’exercice libéral ». Pendant longtemps,
cette posture n’a pas entravé la prospérité du secteur : le monopole de la dispensation et de la
vente de médicaments demeurait dans l’officine ; le contrôle du volume des dépenses de santé
n’était pas devenu une préoccupation majeure ; les marges garanties par la vente des
médicaments remboursables assuraient la viabilité des officines.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
172
III – Introduction
Malgré la volonté du secteur et de l’administration de protéger le monopole et de le conserver le
plus longtemps possible, il apparaît qu’à moyen terme, la coexistence d’autres lieux de
dispensation et de distribution se profile (notamment avec le développement de l’usage
d’internet). Par ailleurs, la sortie possible de l’officine d’autres médicaments et produits OTC et
de produits liés au bien être devrait aussi renforcer l’impact de la concurrence sur les revenus liés
à ces produits. Enfin, la tentative de maîtriser les dépenses de santé — notamment de limiter le
volume de vente des médicaments remboursables — se conjugue aux autres facteurs pour rendre
la prospérité des officines moins systématique.
Dans la mesure où le secteur cherche à conserver son réseau d’entreprises officinales, il est
indispensable que ces entreprises soient compétitives et dégagent des bénéfices suffisants pour
étoffer leurs équipes et offrir aux clients des services complets assurés par des personnels
qualifiés. Il faut donc que le rôle entrepreneurial soit également revendiqué et que les
compétences associées soient valorisées, pour les pharmaciens comme pour les autres profils de
l’officine. Tant que subsistera une réticence sur ce point, certaines officines — où l’on n’aura
pas assimilé l’importance d’une gestion vraiment professionnalisée — se mettront d’elles-mêmes
en difficulté.
Il est possible aujourd’hui de relever ce défi, car les jeunes générations — bien que tout aussi
“scientifiques” — se montrent décomplexées sur les sujets du commerce et du capital, qu’elles
avancent même comme une source de motivation importante dans le choix de la profession
officinale (si l’on en croit les déclarations de plusieurs étudiants).
Défi n° 2 : (re)conquérir sa légitimité comme acteur de santé
Malgré la posture du pharmacien officinal qui vient d’être décrite, sa popularité auprès des
usagers et les espoirs que fondent les pouvoirs publics sur la place qu’il peut prendre au sein du
système de soins, sa légitimité comme acteur de santé n’est pas évidente. Lui-même se sent mal
considéré par ses pairs universitaires, hospitaliers ou industriels et regrette qu’on le voie presque
comme « un épicier ».
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
173
III – Introduction
Si cette image est outrancière, elle n’est pas sans fondement188. En premier lieu, les compétences
qu’il déploie comme spécialiste du médicament dans l’acte de la dispensation sont peu visibles
aux yeux du profane. Ce qui se voit, c’est la vente des boîtes et la multiplication des produits
périphériques au médicament. Par ailleurs, la sollicitation réelle de son expertise, dans la
situation actuelle de l’exercice officinal, ne correspond pas, en volume d’activité, à la part la plus
importante de sa pratique, comme l’a montré l’enquête de terrain.
Pour autant, sa vigilance doit être constante, mais il est possible que sa seule pratique
quotidienne — et celle de son équipe — ne garantisse pas le maintien et le développement des
compétences nécessaires au regard de la responsabilité qu’il va devoir exercer.
L’obligation de formation qui concerne désormais le pharmacien et le préparateur, constitue
l’une des conditions pour relever ce défi, mais elle n’est pas la seule. Relever le défi n° 3
contribuera à la restauration de cette légitimité. Encore faut-il que l’organisation du travail et le
chiffre d’affaires de l’officine permettent de dégager le temps nécessaire.
Défi n° 3 : intégrer son nouveau rôle, ses nouvelles missions
Le développement du rôle et des responsabilités du pharmacien d’officine dans le système de
soins — tel qu’il se dessine aujourd’hui avec encore quelques incertitudes — rallie l’assentiment
de tous les professionnels.
Au regard du niveau de qualification du pharmacien, ce rôle semble justifié et utile. Mais il n’est
pas facile à endosser — la responsabilité assumée par le prescripteur-médecin constitue aussi un
confort — et de plus, comme cela vient d’être souligné, les nouvelles missions que devra remplir
l’officine exigent du temps, de la concentration, une autre conception de l’espace officinal et de
la répartition des tâches.
188
Une enquête portant sur l’élargissement des responsabilités du pharmacien et réalisée en février 2006 par l’IPSOS montre que
si les Français se déclarent majoritairement prêts à accepter une prescription par le pharmacien des médicaments pour des
pathologies à petits risques (73% d’opinion favorable), ils se déclarent en revanche peu favorables à une rédaction par ce dernier
de l’ordonnance après le diagnostic du médecin (39% d’opinion favorable), et peu disposés à la modification ou l’adaptation du
traitement par le pharmacien en fonction de l’évolution de la maladie (37% d’opinion favorable).
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
174
III – Introduction
Défi n° 4 : installer la démarche qualité
À la suite d’autres secteurs et notamment du secteur hospitalier, celui de l’officine met en avant
la nécessité de développer la démarche qualité (processus qualité, contrôle de la qualité) et de
mettre en place une évaluation des pratiques. La complexité du médicament, les nouvelles
responsabilités à assumer, l’augmentation de l’effectif moyen de l’officine, la spécialisation des
profils, la place croissante des automates, l’exigence de sécurité sanitaire (notamment le respect
de la chaîne du froid) sont autant de raisons qui incitent en effet à doter les officines d’une
démarche et de procédures qualité.
Toutes les voies sont à explorer pour réussir ce défi, mais il convient d’éviter le risque des
« usines à gaz », caractérisées par une inflation de procédures pour la plupart inapplicables, a
fortiori dans des structures à faible effectif. La distinction entre démarche — ou processus —
d’une part, et procédures d’autre part doit être clairement établie. Le processus est orienté vers
des finalités définies mais laisse de la souplesse quant aux moyens à mettre en œuvre. La
procédure recouvre un enchaînement pré-déterminé d’actions189 auxquelles il ne peut être
dérogé. Les procédures sont indispensables dans certains cas — notamment liés à des actions à
risque — mais doivent être limitées à ces cas seulement. Il n’est pas possible de tout codifier,
surtout dans un domaine engageant fortement la responsabilité des professionnels. À côté des
démarches qualités, le renforcement des compétences et de la qualification constitue le rempart
évitant un excès de procédures.
Il reste toutefois difficile de diffuser les principes d’une démarche qualité dans de petites
structures, malgré le bénéfice en termes d’image et l’avantage concurrentiel que cela peut
représenter, surtout dans un premier temps. La réussite de ce défi repose beaucoup sur une
culture à insuffler dès la formation initiale des futurs personnels officinaux et sur une large mise
à disposition des critères, indicateurs et processus qualité.
Sur ce dernier point, la formation continue doit jouer un rôle de premier plan, renforcé dans
toutes les instances, tous les espaces où une mutualisation de bonnes pratiques est possible. Les
groupements, par exemple, peuvent exercer un effet catalyseur utile au développement de la
démarche.
189
Le « protocole » de soin, par exemple, correspond à une procédure.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
175
III – Préconisations - introduction
Défi n° 5 : adapter les profils
Tout ce qui vient d’être énoncé implique la spécialisation des profils en fonction de
responsabilités mieux différenciées et leur adaptation à un niveau d’exigence plus élevé. La plus
large part des préconisations présentées dans les chapitres suivants concerne ce défi.
Défi n° 6 : repenser l’espace officinal
Un important consensus des différents professionnels et experts consultés s’est manifesté sur la
nécessité de revoir la configuration spatiale de l’officine et de prévoir notamment un espace de
confidentialité. L’officine se présente en effet trop souvent comme un lieu peu propice au bon
exercice du conseil et de la dispensation éclairée, faute d’une intimité suffisante.
Les efforts de réaménagement que l’on peut constater actuellement visent essentiellement à
présenter un agencement « merchandisé », certes attractif et sans doute incitatif, mais où la place
dévolue au conseil, à la consultation en quête d’une opinion pharmaceutique, n’est pas évidente.
Les officines dans leur ensemble laissent peu de place à l’inventivité dans ce domaine et se
contentent le plus souvent de multiplier les comptoirs, ce qui reste presque sans effet sur la
perception générale du lieu. Dans le même ordre d’idées, l’espace officinal s’arrête le plus
souvent à la porte de l’officine, alors que le déplacement au domicile du patient ou dans des
lieux de soins élargirait cet espace, donnant lieu à d’autres relations et d’autres services.
Pour relever ce défi, il serait sans doute souhaitable que l’officine française s’ouvre un peu plus
sur l’extérieur et s’inspire d’autres formes d’exercice de la dispensation, afin de s’échapper du
cadre familier qui semble la contraindre. Plusieurs possibilités s’offrent pour aller sur le terrain
du patient : dispenser à domicile, dans les maisons de retraite, les établissements de cure ; assurer
une présence dans les centres de consultation médicale pour analyser la prescription et organiser
la délivrance ultérieure de l’ordonnance sans que le patient ait à se déplacer ; diffuser dans ces
différents lieux une information de prévention ou de sécurité sanitaire…
Une telle dynamique implique que le pharmacien et son équipe s’inscrivent dans une coopération
plus étroite avec les autres professions du réseau de soins. Le défi ne dépend donc pas
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
176
III – Introduction
exclusivement de la profession. Il faut également cultiver la volonté chez les autres acteurs —
notamment les médecins — d’entrer dans cette logique.
Défi n° 7 : retenir ses salariés
L’un des enjeux annoncés du CEP était de redonner une attractivité au secteur de l’officine, pour
les pharmaciens et les préparateurs surtout, certains secteurs géographiques relevant même une
pénurie inquiétante de candidats.
Cet enjeu est important et des solutions ont été imaginées, mais le défi est moins d’attirer les
vocations — en période de chômage, un secteur bien portant reste convoité quelles que soient les
conditions de rémunération et de travail —que de retenir les personnels. Les profils de
pharmaciens et de préparateurs sont recherchés ailleurs que dans l’officine et d’autres lieux
d’exercice se montrent plus convaincants sur la rétribution ou plus capables de maintenir un bon
niveau de motivation.
C’est là typiquement un défi de gestion des ressources humaines. Le turn over n’est pas toujours
un handicap, mais si le secteur envisage effectivement un autre rayonnement et une autre voilure
pour ses officines — dans le cadre de missions élargies et anoblies — il est déterminant de le
relever.
Bien que de nature différente, ces sept défis revêtent une importance comparable. Plusieurs
d’entre eux sont d’évidence étroitement interdépendants. Les préconisations présentées dans les
chapitres suivants ont été définies dans la perspective de les relever tous.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
177
III - Chapitre 1
LES ORIENTATIONS A PRIVILEGIER EN TERMES DE GESTION DES
RESSOURCES HUMAINES
LES VISIONS ET INTERETS DIVERGENTS A RECONCILIER
Les angles de vue principaux
La pharmacie d’officine appartient au monde plus vaste de la pharmacie, qui trouve à
s’exprimer professionnellement dans des milieux très différents mais se fonde sur une culture
et un savoir communs acquis notamment lors de la formation initiale de ses membres (pour
les pharmaciens essentiellement, mais aussi les préparateurs).
Encore au-delà, d’autres « mondes » avec lesquels ce secteur doit composer — soit parce
qu’ils surdéterminent son action (l’Etat), soit parce qu’ils font partie de sa chaîne de travail —
ont déjà été évoqués. À l’intérieur même de chacun de ces mondes se confrontent en outre des
opinions différenciées : ainsi, si les employeurs et les salariés du secteur de l’officine ont
naturellement des projets communs, ils défendent aussi des intérêts qui leur sont propres, à
partir desquels il convient de dégager des voies acceptables par tous.
Sans trop verser dans la caricature il semble utile de résumer ici les spécificités, intérêts et
représentations des acteurs les plus déterminants dans la constitution des compétences et des
pratiques professionnelles et sociales du secteur. La position construite dans ce CEP — en
fonction des contraintes anticipées et d’un avenir voulu — pourra ainsi se manifester
clairement, s’appuyant le plus possible sur la réconciliation des points de vue, mais se
distinguant parfois de certains d’entre eux.
CEUX DU MONDE « SCIENTIFIQUE »
Le monde « scientifique » de la pharmacie, dans lequel tous les pharmaciens se reconnaissent
à des degrés divers, s’exprime essentiellement par la voix de l’université et de la recherche.
Sa position — qui n’est naturellement pas univoque — s’avère déterminante puisqu’elle
façonne la construction des savoirs fondamentaux et la conception de la pratique et de la
déontologie d’exercice.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
178
III – Préconisations - chapitre 1
Le monde scientifique est attaché à la qualité et à l’exhaustivité des savoirs relevant de la
sphère de la pharmacie et à la construction d’une compétence particulière à forte valeur
ajoutée, celle du pharmacien. Cette compétence doit inclure des savoirs sans cesse actualisés
et anticipant même — grâce à l’irrigation des enseignements par les travaux de recherche —
le positionnement et les capacités d’intervention du pharmacien de demain.
Ces savoirs, cette compétence, sont d’abord conçus dans la perspective d’une traduction en
actes professionnels au niveau le plus élevé. Les enseignements liés aux orientations des
différents cursus viennent ensuite relativiser l’exigence et la complexité des connaissances à
acquérir et rapprocher l’étudiant de son futur terrain d’insertion professionnelle, mais la
conception « haute » de la pharmacie continue de marquer les esprits.
Si la gestion a fait son apparition dans les cursus de la faculté, la partie commerciale du
métier de pharmacien d’officine reste entachée de suspicion : certains parlent d’une « dérive
commerciale » des officines qui s’est installée sous différentes pressions et doit être
combattue. Pour le « monde scientifique », le pharmacien d’officine doit être recadré comme
« auteur d’un acte pharmaceutique », pour une meilleure dispensation.
Mais il faut souligner que la perception du « monde de l’officine » par le « monde
scientifique » s’appuie rarement sur une connaissance authentique du terrain ou de la façon
dont est concrètement sollicitée son expertise, dans les rapports aux clients et aux soignants
(ce qui est d’ailleurs reproché aux enseignements des facultés par les officinaux). Dans cette
représentation, le monde de l’officine s’arrête pratiquement au pharmacien, à la partie du
travail qui requiert en effet un niveau élevé de connaissances et de responsabilité.
CEUX DES EMPLOYEURS DU TERRAIN
L’activité réelle d’une officine, telle qu’elle s’est traduite dans les référentiels décrits à partir
de l’observation du terrain et des témoignages des équipes, se passe souvent à des niveaux
d’intervention autres que ceux valorisés par le monde scientifique, mais aussi importants du
point de vue des patients et clients. Les savoirs scientifiques du pharmacien ne suffisent ni à
l’exercer, ni à en rendre compte.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
179
III - Préconisations - chapitre 1
Ainsi les titulaires sont-ils en premier lieu confrontés à la contrainte de gestion économique
d’une entreprise. Dans cette optique, le recours aux profils de préparateurs, mais aussi de
personnels « non santé » — vendeurs, comptable, dermo cosméticien, rayonniste…—
s’impose dès que l’officine croît en effectifs à la fois :
-
pour la rentabilité de l’entreprise
-
pour le maintien d’une qualité de vie des titulaires (qui n’ont ainsi pas l’obligation de
tout faire)
-
pour le maintien de la motivation des adjoints et l’utilisation pertinente de leur
qualification.
Même si l’évolution professionnelle « intellectuelle » ou « noble » du métier fait rêver
tous les pharmaciens, ce sont les contraintes économiques qui priment, aux yeux des
employeurs du terrain, en premier lieu pour la rentabilité de leur propre investissement.
Comme dans toute PME, il s’agit pour l’employeur de réaliser l’adéquation
homme/emploi la plus pertinente, au coût du marché et des conventions collectives, avec
le souci de dégager les meilleurs bénéfices possibles.
Dans ces conditions, le niveau de qualification doit correspondre aux besoins réels qu’il
rencontre au quotidien. C’est lui qui tranche finalement — en fonction de l’état du marché
de l’emploi naturellement — sur le type de recrutement qu’il effectue, le profil qu’il
privilégie pour réaliser les activités de son officine. Par ses recrutements, l’organisation du
travail qu’il met en place et la gestion des compétences de son équipe, il endosse la
responsabilité, en accord avec la réglementation, du service qu’il assure.
La prise en charge de missions nouvelles peut, de son point de vue, se confondre pour
partie avec la posture déontologique normale du pharmacien, mais selon la charge que
cela engendre, il sera conduit à poser la question en termes économiques et
éventuellement à ne pas assumer ces missions sans contrepartie.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
180
III - Préconisations - chapitre 1
CEUX DES SALARIES DU TERRAIN
Les différents emplois de l’officine ont des intérêts particuliers qui parfois les opposent.
Certains emplois plus que d’autres, perçus comme inadaptés et menacés, ont pour première
préoccupation la restauration de leur légitimité et une redéfinition des contenus du travail.
L’intérêt collectif des salariés comporte néanmoins plusieurs éléments qui leur sont communs
parmi lesquels : la défense de leurs acquis et le souci de voir évoluer leur qualification, leur
statut, leur rétribution, leurs perspectives de carrière au sein de l’officine ou dans d’autres
lieux d’exercice, et leurs possibilités d’acquérir de nouvelles compétences et de se former
« tout au long de la vie ».
Ainsi les perspectives de développement, liées aux nouvelles missions de l’officine,
constituent-elles pour tous une opportunité de modifier la nature de leurs contributions et de
permettre à celles-ci d’être reconsidérées, ce dont elles avaient de toute façon besoin, si l’on
en croit les résultats de l’enquête de terrain. Mais il s’agit d’obtenir une réhabilitation de la
qualification (et pour les préparateurs une élévation du niveau de diplôme) sans pénaliser les
salariés issus des systèmes antérieurs de formation et de certification.
Les salariés « santé » peuvent s’appuyer sur une revalorisation généralisée des professions
« intermédiaires » de santé, une redistribution des responsabilités en France et en Europe (cf.
le droit de prescription élargi accordé aux infirmières et aux pharmaciens britanniques). Ces
évolutions sont au demeurant décriées par une partie du monde scientifique, mais semblent
correspondre à la réalité des besoins et aux ressources disponibles.
La réussite économique du secteur de l’officine concerne indirectement les salariés, dans la
mesure où elle leur offre un terrain d’insertion qui se trouve être aujourd’hui le premier
employeur dans les professions du médicament et des produits de santé et de bien-être. Il faut
noter toutefois que si le système de distribution des médicaments était modifié (avec par
exemple un recul de l’exercice libéral et le développement de chaînes de distribution
spécialisées ) cela ne compromettrait pas les perspectives d’emploi de la plupart des salariés
de l’officine d’aujourd’hui, même si les conditions de travail devaient en être
considérablement altérées.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
181
III - Préconisations - chapitre 1
CEUX DES POUVOIRS PUBLICS
L’angle de vue des pouvoirs publics a déjà été abordé à maintes reprises : son filtre principal
est désormais la volonté de maîtrise des dépenses de santé.
L’officine, premier recours dans le parcours de soins, est un partenaire auquel il semble
pertinent de faire jouer un rôle important : il peut — sans faire courir de risque en termes de
sécurité sanitaire, sous réserve d’une mise sous contrôle de son expertise — permettre de
limiter les dépenses publiques en matière de médicament (ce qui ne constitue pas le premier
poste de dépense pour l’assurance maladie) et il peut aussi contribuer à réduire le recours
excessif à l’appareil médico-hospitalier, plus onéreux.
Les pouvoirs publics ont donc intérêt à favoriser l’élévation des niveaux de qualification —
que symbolise l’obligation de formation pour les pharmaciens et les préparateurs— les
démarches qualité, comme tout ce qui contribue à la sécurisation du parcours de soins.
En revanche, dans la logique même de la maîtrise des dépenses, la prise en charge d’une
rétribution des personnels officinaux pour leurs nouvelles missions ne fait pas partie des
priorités de l’assurance maladie.
L’évolution du code de la santé et des contenus de formation — conditionnant l’exercice du
pharmacien et du préparateur d’officine et leur formation —devrait aller de pair avec la
révision des responsabilités des différents emplois de l’officine. La mise en œuvre s’en révèle
lente et délicate. Les préoccupations respectives des différents ministères et services
impliqués peuvent devenir génératrices d’incompréhensions voire de contradictions qui
freinent le mouvement, avec le risque de voir s’accentuer la déconnexion entre les textes
réglementaires et la réalité du terrain et de l’exercice.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
182
III - Préconisations - chapitre 1
CEUX DE L’APPAREIL DE FORMATION
La formation initiale des pharmaciens est assurée exclusivement par l’université, dont la
vision se superpose largement à celle du « monde scientifique ».
Les opérateurs de formation initiale et continue préparant aux métiers de l’officine — dont les
universités —présentent de grandes différences de statut, de tutelle, de qualifications ou
diplômes visés. Des établissements identiques peuvent aussi se distinguer par les contenus de
leurs dispositifs, leurs méthodes pédagogiques, l’expérience et les références de leurs
intervenants.
Parmi les opérateurs de formation du secteur de l’officine se trouvent également les
laboratoires pharmaceutiques dont l’intervention, — même si elle contribue effectivement à la
connaissance de certaines recherches et de produits et donc au développement de
compétences professionnelles — comporte une visée publicitaire directe ou indirecte.
En revanche, tous les opérateurs ont en commun la volonté de développer leur structure, et
donc leur rayonnement en termes de nombre de bénéficiaires, d’image, de présence sur le
marché du travail des profils qu’ils ont contribué à former.
Vers une synthèse des points de vue
Un arbitrage de type gagnant/gagnant doit conjuguer les perspectives de rentabilité des
entreprises, la place de l’officine dans le système de santé, le souci de sécurité sanitaire et le
service rendu aux clients et patients, donnant ainsi de belles perspectives à la fois aux
pharmaciens titulaires, aux pharmaciens adjoints, aux préparateurs et aux autres employés.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
183
III - Préconisations - chapitre 1
LES AXES DE DEVELOPPEMENT A PRIVILEGIER, SELON LA BRANCHE
Assumer le renforcement de la complexité des activités, pour tous les
profils
Avec l’accroissement des missions confiées aux pharmaciens dans le système de santé, les
officinaux s’attendent donc à une variété et une complexité accrues des activités assumées
dans les officines, qui devraient exiger un développement des connaissances et du niveau, sur
le plan scientifique notamment, des pharmaciens et des préparateurs.
Les constats190 soulignant le pourcentage important d’activités d’officine réalisées
indifféremment et de façon adaptée aussi bien par les titulaires, les adjoints que les
préparateurs ne sont contestés par personne et sont imputés aux contraintes d’exercice.
La profession en comprend les conséquences en matière de démotivation des adjoints (dont
les connaissances sont sous-utilisées) et de frustration des préparateurs (qui perçoivent une
rémunération inférieure pour une activité assez similaire).
Du strict point de vue de la gestion des ressources humaines, l’activité actuelle de l’officine
ne justifie pas une prise en charge des clients par des pharmaciens uniquement ou
majoritairement. En revanche, les perspectives d’évolution prévues pour la profession
constituent une opportunité pour la branche qu’il faut saisir. La convergence de vues se
réalise donc sur la nécessité de faire accepter par le terrain ces responsabilités nouvelles et la
montée en compétences des pharmaciens comme des préparateurs, pour prendre une part plus
importante dans la santé publique et le parcours de soins.
190
Il s’agit des résultats quantitatifs — issus de l'enquête par questionnaire et des observations réalisées lors d’immersions
d’une semaine dans un échantillon d’officines.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
184
III - Préconisations - chapitre 1
Recentrer les emplois sur leur cœur de métier propre
Cette option s’accompagne d’une redéfinition des périmètres respectifs de responsabilité et
d’activité des emplois de l’officine, sans toutefois que le patient /client ait à en supporter des
conséquences négatives. Il ne s’agit naturellement pas de découper la prise en charge
« pharmaceutique » du patient, mais bien d’avoir une vision claire de la posture et des actions
qui doivent être conduites par chacun dans le cadre réglementaire de sa responsabilité.
Une telle évolution est possible pour des entreprises composées d’au moins cinq ou six
personnes, la polyvalence demeurant inévitable dans les toutes petites officines.
Repréciser le périmètre des activités du pharmacien
L’évolution du rôle du pharmacien dépend évidemment de l’évolution de la réglementation et
de la part qu’il prendra dans la prescription. Il doit se préparer à voir son activité, au cours des
prochaines années, se recentrer et se développer sur :
-
ce qui relève de son expertise du médicament : la dispensation ; le conseil hors
prescription médicale ; le rôle éventuel de pharmacien prescripteur (notamment sur le
petit risque) ; le rôle de référent du médicament au sein du réseau de soins ; les
activités de prévention ; la prise en charge du suivi des malades chroniques et de la
toxicomanie ; l’expression d’une opinion pharmaceutique qui peut entraîner une
concertation avec le médecin ; la cogestion médecin-pharmacien du dossier médical
personnel (DMP) par la constitution du dossier pharmaceutique du patient, etc.
-
le management de son équipe (l’équipe officinale pour le titulaire, une équipe
restreinte plus spécialisée, le cas échéant, pour l’adjoint)
-
la supervision de la gestion de son entreprise (pour le titulaire mais aussi l’adjoint).
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
185
III - Préconisations - chapitre 1
Renforcer l’attractivité et redéfinir le contenu du métier pour les deux
emplois sensibles : le pharmacien adjoint et le préparateur
LE PHARMACIEN ADJOINT
Si la place de l’officine dans le système de santé publique est renforcée, l’adjoint devrait
bénéficier automatiquement d’une revalorisation scientifique de son rôle qui pourrait rendre la
fonction plus attractive qu’elle ne l’est aujourd’hui (les facteurs de démotivation cités en
premier lieu par les adjoints ne sont pas le salaire ni les conditions de travail, mais bien
l’absence de perspectives de carrière, le décalage entre le diplôme et la réalité du métier, le
manque de valorisation de leurs compétences).
La stratégie sociale reste certes à négocier, mais la prise de participation des adjoints (levier
d’implication et de fidélisation) ne fait plus de doute. L’introduction du système de parts en
industrie, qui permet de préserver le capital officinal, laisse envisager une participation plus
générale des salariés aux bénéfices. Cela s’impose, de même que la construction de
perspectives de carrière et de passerelles pour favoriser l’attractivité de l’officine et y fidéliser
des salariés qui ont aujourd’hui tendance à s’évader vers d’autres lieux d’exercice.
LE PREPARATEUR 191
Si l’on s’achemine vers une réorientation des activités du titulaire et de l’adjoint sur
l’expertise scientifique de leur métier, la participation du préparateur à l’activité de l’officine
telle qu’elle se présente aujourd’hui (spécialisation, qualité de la relation et du service, prise
en charge des tâches administratives liées à la délivrance du médicament…) redevient
centrale.
Il semble alors important de redéfinir plus précisément le rôle et les responsabilités du
préparateur. Il s’agit en particulier de le recentrer sur son cœur de métier officinal, qui est le
médicament. Les tâches administratives, les spécialisations liées aux activités tournées vers le
bien-être peuvent être prises en charge par d’autres profils, si la taille de l’officine le permet.
Par ailleurs, le préparateur peut également s’orienter vers une spécialisation.
191
L’intitulé de fonction “préparateur” ne semble plus adapté dans la plupart des cas d’exercice, la part de la préparation,
sauf exception, étant considérablement réduite. Quelques suggestions ont été émises pour renommer cette fonction :
technicien pharmaceutique, assistant technique d'officine, assistant technique en pharmacie.
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186
III - Préconisations - chapitre 1
Une responsabilité renforcée, à inscrire dans le code des
professions de santé
Actuellement, selon les dispositions du code de la santé publique, le préparateur assume ses
tâches sous la responsabilité et le contrôle effectif d’un pharmacien, celui-ci pouvant être le
titulaire de l’officine, un pharmacien adjoint ou encore un pharmacien remplaçant, sa
responsabilité pénale demeurant engagée (article L 4241-1 du code de la santé publique).
Les textes s’avèrent relativement imprécis et laissent la place à des interprétations différentes,
ainsi que cela a déjà été évoqué. La branche officine estime qu’il serait utile de préciser
jusqu’où va la responsabilité du préparateur dans la délivrance, son cœur de métier, et
souhaiterait que cela soit explicite dans la législation, à plus forte raison si les missions de
santé publique de l’officine viennent à se renforcer, imposant que le pharmacien dégage de la
disponibilité pour ces activités.
La notion de contrôle effectif, notamment, mériterait, du point de vue de la branche
professionnelle, d’être mieux définie dans le code, le Ministère de la santé estimant pour sa
part que le texte convient et qu’il n’est pas nécessaire d’affiner cette définition. Le secteur de
l’officine souhaiterait essentiellement que les textes mentionnent qu’ « un pharmacien doit
être présent dans l’espace officinal pour assumer une responsabilité de prise en charge au cas
où le préparateur ou un patient le demande », plutôt que de faire référence à un « contrôle
effectif ».
Quoiqu’il en soit, son expérience et la technologie dont on dispose aujourd’hui permettent au
préparateur de délivrer le médicament, dans un certain nombre de cas, sans contrôle
concomittant à la délivrance de l’ordonnance de la part du pharmacien. Dès qu’une alerte est
déclenchée — ce qui ne correspond pas à la situation la plus fréquente — il doit soumettre le
cas au pharmacien présent dans l’officine.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
187
III - Préconisations - chapitre 1
Il convient de souligner ici que la position de l’Ordre192 et de l’Université est plus frileuse
quant à la compétence des préparateurs à exercer des responsabilités accrues, l’analyse de
l’ordonnance constituant selon eux un tout abstrait, difficile à expliciter, mais qui requiert
véritablement des connaissances et un raisonnement méthodologique relevant de l’expertise
du pharmacien.
Toutefois, avec une élévation du niveau de formation des préparateurs, une description
précise de leur périmètre d’action et de responsabilité et la mise en place des processus qualité
(incluant des démarches d’assurance et de contrôle de la qualité), cette réticence devrait
s’estomper.
Si l’on considère, comme cela vient d’être dit plus haut, que la prise en charge du patient est
globale, dépend de sa personnalité et de sa pathologie, il convient de prévoir une procédure de
prise en charge, en fonction de sa demande et de son besoin, assez précise. L’orientation au
sein des différents espaces de l’officine devient un facteur déterminant pour que cette
opération se passe bien auprès de l’intervenant légitime, sans que le patient ait l’impression
d’être balloté et par là-même déshumanisé (comme cela peut être le cas chez les spécialistes
ou dans les établissements hospitaliers, où le patient se confond avec son symptôme).
La frontière entre les activités du pharmacien et du
préparateur, au sein de l’officine
Ce point a fait l’objet de la suggestion suivante, qui reste à étudier plus attentivement :
-
La dispensation dans les cas complexes et la prescription seraient dévolues au
pharmacien, qui assumerait aussi la coordination avec le réseau de santé, notamment
avec les médecins. La prescription par les pharmaciens est déjà assurée dans le cadre
de l’automédication pour les pathologies bénignes, des produits de sevrage du tabac,
de la contraception d’urgence, de la substitution. Les pharmaciens estiment qu’ils
devraient pouvoir officiellement prescrire certains médicaments193, pour les
192
Selon l’ordre des pharmaciens, l’analyse de l’ordonnance constitue une entité non fractionnable qui requiert des
connaissances et un raisonnement méthodologique relevant de l’expertise du pharmacien, d’où l’importance de faire en sorte
que les dispositions de l’article L 4241-1 soient strictement respectées.
193
L’extension de la possibilité de prescription par le pharmacien fait l’objet de controverses, notamment de la part des
médecins, comme cela a déjà été évoqué dans l’analyse prospective. Selon le code de déontologie des médecins (article 8 du
décret du 6 septembre 1995) « le médecin est libre de ses prescriptions ». Il s’agit là d’un principe fondamental associé à
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
188
III - Préconisations - chapitre 1
pathologies bénignes notamment, éventuellement dans le cadre d’une prestation
rémunérée. Ils insistent en particulier sur la valorisation de leur rôle auprès des clients
que leur apporterait cette possibilité de prescrire.
-
La délivrance de l’ordonnance sans risque détecté — même délicate, mais qui revient
chaque mois — pourrait relever de la responsabilité du préparateur.
Les questions à résoudre
Dans le travail de définition du périmètre de responsabilité du préparateur, certaines des
questions à résoudre sont déjà repérées, parmi lesquelles :
-
Le degré d’autonomie du préparateur, les obligations et les modalités du « rendre
compte » au pharmacien, notamment pour le suivi des patients chroniques.
-
L’accès au dossier patient (quand il sera mis en place) : les préparateurs pourraient, en
fonction de nouvelles prérogatives, disposer d’un accès sécurisé à une partie de ce
dossier (différents niveaux de sécurité sont à prévoir selon le type d’information que
doit connaître celui qui intervient dans la dispensation ou la délivrance).
-
La délivrance de l’ordonnance et le suivi des patients (en orthopédie notamment) à
domicile, ou en maison de retraite, pourraient entrer dans le champ d’activité du
préparateur sous réserve d’une évolution du code.
Un risque de blocage à dépasser
Une telle orientation de l’organisation et des responsabilités au sein de l’officine va dans le
sens des propos du Ministre de la Santé194 sur la délégation de tâches : propos prononcés en
référence à la délégation de certains actes médicaux et non pharmaciens, mais qui soulignent
la nécessité de repositionner et valoriser plus largement les professionnels de santé non
médecins.
Un écueil possible se dessine déjà. Du côté des pouvoirs publics, on envisage d’inscrire la
responsabilité dans le code à la condition que le périmètre d’activité du préparateur ait été
préalablement redéfini et la formation orientée en conséquence, de façon à s’assurer que le
l’indépendance professionnelle du médecin. Cette possibilité devrait en tout cas être accompagnée d’un renforcement de la
formation des pharmaciens et impliquerait l’existence d’un espace de confidentialité dans l’officine.
194
cf. l’interview du Xavier Bertrand et François Goulard dans le Quotidien du médecin du 16 novembre 2005.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
189
III - Préconisations - chapitre 1
niveau de compétence requis est généralement atteint (y compris par les diplômés les plus
récents et encore inexpérimentés). Les représentants de la profession souhaitent au contraire
que la volonté politique se traduise dans le code et qu’ensuite seulement, le périmètre soit
redéfini selon les besoins pour qu’enfin, la formation intègre les modifications nécessaires.
Le rejet de l’initiative d’un groupe d’acteurs sur un autre risque de ralentir inutilement un
processus réellement moteur pour l’officine et la profession de préparateur. La modification
du code implique une réflexion sur le périmètre de responsabilité, qui doit être défini avant de
pouvoir être qualifié dans un texte. En revanche, il semble logique d’attendre la modification
réglementaire avant de réorienter les cursus. Dans le cadre de ce CEP, la branche a déjà
consulté les organismes de formation sur les évolutions souhaitables des programmes pour
répondre aux évolutions des exigences d’exercice et des niveaux de qualification requis tels
qu’elle les pressent. Elle pourra poursuivre cette réflexion sur les contenus et y associer les
formateurs afin de préparer le chemin vers la configuration prévue.
Des perspectives de carrière à développer
Le problème du manque de préparateurs risque de se présenter de façon plus aiguë que celui
du manque de pharmaciens adjoints. Au-delà de la revalorisation salariale, la question posée
aujourd’hui est aussi celle des perspectives pour des préparateurs qui intègrent leur cursus
avec le bac et trouvent davantage de possibilités d’évolution dans des secteurs plus
commerciaux.
Il convient donc également d’introduire des possibilités d’évolution de carrière (vers
l’encadrement, vers une spécialisation) et un accès par VAE aux études de pharmacie pour
ceux qui le désirent et le peuvent.
Promouvoir une nouvelle répartition des tâches
PAR LA CREATION D’UN SECRETARIAT DE PHARMACIE
L’extrême polyvalence constatée (inévitable, cela a été dit, si l’officine est petite) n’apparaît
pas pertinente à l’avenir. Les conditions de réussite économique, la concurrence, la croissance
en taille de l’officine moyenne imposent un meilleur partage des tâches.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
190
III - Préconisations - chapitre 1
Pour que chacun puisse se recentrer davantage sur son cœur de métier et compte tenu de
l’ampleur prise par les tâches administratives, la création d’un échelon administratif au sein
de l’officine semble souhaitable . Un secrétariat dédié (qui existe de plus en plus
fréquemment) permettrait au titulaire de se consacrer à ses vraies missions.
PAR LA RECONNAISSANCE D’EMPLOIS-TYPES EXTERNES AUX PROFESSIONS DE SANTE AU
SEIN DE L’OFFICINE
Dans l’officine d’aujourd’hui, pour un certain type d’activités (par exemple la dermo
cosmétique, la parapharmacie), des profils « non santé » sont parfaitement à leur place, ce que
reconnaissent volontiers les nombreux employeurs qui y ont recours.
L’appellation officielle « autres employés », que l’on trouve dans les statistiques du secteur,
reflète une piètre considération à leur égard. La méconnaissance des activités que ces
employés réalisent et leur importance pour l’économie et la vie de l’officine donne à
envisager une prise en charge de la gestion des ressources humaines bien mal assumée, qu’il
est impératif de développer très rapidement chez les officinaux. La reconnaissance au sein de
l’officine existe souvent mais elle est insuffisante. La réalité des autres activités doit être
mieux décrite et reconnue à l’échelle de la branche.
Agir sur un plus grand nombre de leviers de management
Si les professionnels marquent un intérêt certain pour ces sujets et souhaitent les voir mieux
abordés dans la formation initiale et continue195, les pratiques en matière de management
d’équipe et de système contribution/rétribution – au delà de la seule rémunération — restent
peu attractives dans l’ensemble.
L’intéressement des salariés aux bénéfices par le système des parts en industrie, déjà cité,
correspond parfaitement à la taille des entreprises officinales et au mode de fonctionnement
du secteur.
195
Ainsi que le montre l’enquête par questionnaire.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
191
III - Préconisations - chapitre 1
La possibilité de créer des pôles d’activités différenciés et des échelons d’encadrement
intermédiaires afin de définir des parcours professionnels moins linéaires, en proposant des
évolutions horizontales ou verticales, même limitées par la taille de l’officine, est souvent
évoquée.
Multiplier l’accès à l’information et à la formation — pour tous les personnels — constitue
aussi une voie et une nécessité si l’évolution des missions et des responsabilités se confirme.
Les contraintes de la petite entreprise peuvent aujourd’hui être prises en compte grâce au
développement des modalités de formation à distance (même si elles ne doivent pas être les
seules).
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
192
III- Préconisations - chapitre 2
III - Chapitre 2
LES ORIENTATIONS DE LA FORMATION INITIALE
LES
PRINCIPES GENERAUX QUI DEVRAIENT PRESIDER A LA REVISION DES
CURSUS
Les propositions de révision des cursus de formation initiale tiennent compte à la fois des
attentes manifestées lors de l’enquête de terrain, des réflexions déjà avancées des
commissions pédagogiques de la pharmacie et, naturellement, des évolutions prévues des
missions et responsabilités. Elles se limitent aux cursus initiaux des professions de santé,
pharmaciens et préparateurs.
Si les recommandations sont différenciées selon les cursus, certains principes généraux
pour la formation se dégagent.
Développer le lien entre formation initiale et activité en situation
professionnelle
CONCEVOIR LES CURSUS EN FONCTION DE REFERENTIELS FORMALISES D’ACTIVITES ET DE
COMPETENCES DES EMPLOIS, LIES AUX DIFFERENTS LIEUX D’EXERCICE
La pratique de conception de dispositifs de formation adossés à des référentiels d’activités et
de compétences validés par des professionnels, d’abord centrée sur l’élaboration de titres et de
certificats de qualification professionnelle concernant les niveaux V et IV, se diffuse
désormais pour tous les niveaux de titres et de diplômes.
Elle connaît en effet du succès auprès des employeurs et des apprenants grâce à la proximité
des acquis de formation et des situations d’exercice. Elle conduit en outre à organiser des
unités de formation et des modules qui, pris séparément, font sens au regard de l’activité
professionnelle196. Cette pratique de « modularisation » des cursus autorise mieux la
196
Ainsi, un salarié en poste peut très bien intégrer un module de quelques jours — mais faisant partie d’un cursus complet
— pour développer ses compétences sur un domaine précis… ce module ou cette unité de formation donnant lieu à une
validation, il pourra ultérieurement la faire valoir, s’il le souhaite, dans le cadre d’une certification ou d’une VAE.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
193
III- Préconisations - chapitre 2
formation « tout au long de la vie », et permet d’acquérir les connaissances manquantes pour
compléter une procédure de VAE.
Des enseignements universitaires commencent à suivre cette voie, certains en maintenant un
découpage disciplinaire, d’autres en adoptant le principe des modules à visée professionnelle,
d’autres enfin en combinant les deux pratiques.
Quels que soient les choix futurs pour les études de pharmacie, qui ne se situent pas encore
dans cette logique, le manque de référentiels197 d’activités formalisées commence à être
ressenti.
Des référentiels-cibles pour les emplois-types de pharmacien
et de préparateur
Ce CEP a permis de décrire les grandes missions, activités et compétences exercées en
officine198, et d’ébaucher, pour les deux emplois-types de pharmacien et de préparateur, des
référentiels-cibles199. Ces derniers concernent les emplois tels qu’ils devraient évoluer sur la
période considérée.
Ces référentiels-cibles sont centrés sur des emplois-types200, c’est-à-dire des constructions
abstraites qui ne correspondent pas exactement aux situations réelles et différenciées d’emploi
que l’on rencontre sur le terrain.
On retrouve dans ces référentiels-cibles une partie des missions, activités et compétences
décrites dans le référentiel de l’officine, établi sur la base des activités réelles et actuelles
constatées lors des investigations dans les officines. La totalité des activités concrètement
exercées a sans doute pu être observée, puisque tous les types d’officines — même les
officines pionnières par la taille, la spécialisation et l’organisation du travail — ont été
auscultés.
197
Un référentiel d’activités et de compétences existe en revanche pour le métier de préparateur, et a été réinvesti en partie
dans le nouveau référentiel-cible, ce dernier tenant compte des évolutions prévisibles de ce métier.
198
Voir annexe 6, Tome II – Données annexes – Le référentiel de l’officine, organisé autour des activités et compétences
exercées dans une officine, sans affecter ces activités à un métier précis. Ce type de référentiel répond aux questions : quelles
activités sont exercées dans l’officine ? Que faut-il savoir, quelles méthodes et techniques utiliser, quels comportements
adopter pour réaliser ces activités ? Il ne distingue pas les métiers et les profils requis pour réaliser ces activités.
199
Ces deux référentiels-cibles sont présentés dans les parties consacrées aux projets d’actions respectifs pour la formation
initiale des pharmaciens et pour celle des préparateurs.
200
Cf. glossaire
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
194
III- Préconisations - chapitre 2
Mais ils décrivent aussi des missions, activités et compétences nouvelles ou redéfinies, que
devront déployer les pharmaciens d’une part, les préparateurs d’autre part dans l’officine telle
qu’elle se dessine.
Enfin, ils sont surtout centrés sur le cœur de métier de chaque emploi-type, et donc délestés
d’une grande partie des activités que réalisent pourtant, aujourd’hui, les pharmaciens et/ou les
préparateurs dans leur officine, mais dont on a considéré qu’elles pouvaient être prises en
charge par d’autres employés de l’officine (secrétaire, vendeur, stockiste, comptable, etc.).
Cela ne signifie pas que ces activités ne seront plus assumées, demain, dans telle ou telle
officine par les pharmaciens et les préparateurs. Mais l’évolution de l’organisation du travail
et de la taille des structures devrait progressivement favoriser la délégation de ces tâches, à
plus ou moins longue échéance, à d’autres profils, dans une majorité d’officines.
Le mode d’usage des référentiels-cibles
Les référentiels-cibles consacrés au pharmacien d’officine et au préparateur pourront servir de
base à la finalisation — par les acteurs de la branche — de référentiels plus détaillés en
termes de savoirs et méthodes notamment. Ils ont été établis au regard des référentiels actuels
d’activités de l’officine, déjà évoqués, et des propositions des groupes de travail réunis à
l’occasion de ce CEP.
Les référentiels détaillés élaborés à partir de ces référentiels-cibles seront utiles pour
concevoir, au sein des cursus de formation initiale, la partie des programmes consacrée à la
filière officine, en la reliant étroitement aux activités professionnelles relatives à ce lieu
d’exercice de la profession. Cela permettra de viser des acquisitions relativement homogènes
sur tout le territoire, indépendamment des options pédagogiques adoptées par chaque faculté
ou organisme de formation.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
195
III- Préconisations - chapitre 2
FAVORISER L’ARTICULATION ENTRE SAVOIRS THEORIQUES ET SAVOIRS D’ACTION, PAR UNE
OPTIMISATION DE L’ALTERNANCE ET PAR LE RECOURS A DES PROFESSIONNELS POUR LES
ENSEIGNEMENTS
Pour les pharmaciens
Leur formation initiale doit se rapprocher de la pratique professionnelle ; aujourd’hui, elle
apparaît trop disciplinaire et déconnectée de la réalité, malgré les efforts de plusieurs facultés
pour mieux relier savoirs et terrains d’exercice. Les stages, les contenus sur la relation au
patient, le conseil, la gestion et le management sont donc à revoir et/ou à introduire dans la
formation des pharmaciens. Mais ce lien avec le terrain passe d’abord par le renforcement du
nombre d’intervenants venus de l’officine dans les études de pharmacie.
Le procédé inverse, à savoir l’immersion régulière du personnel enseignant au sein des
officines, se heurte en effet à une faible participation volontaire à des opérations de ce type.
Certaines universités initient un premier rapprochement des universitaires avec le patient à
travers une intégration à l’hôpital. Mais le rapprochement des formateurs avec la profession
doit tenir compte des objectifs de recherche, nécessaires à l’évolution des contenus des
disciplines, qui incombent aux équipes professorales et leur laisse peu de temps.
Pour les préparateurs
Les officinaux et les préparateurs semblent attachés à la formation par un apprentissage en
alternance. La voie de l’alternance convient aux employeurs — dont beaucoup effectuent de
cette façon un pré-recrutement — et aux apprenants, malgré des réserves de ces derniers sur la
durée actuelle des études, qu’ils estiment insuffisante.
Pour autant le contenu de la formation et les conditions de l’alternance doivent être revus : les
pharmaciens ne sont pas toujours disposés à assumer la formation de leurs apprentis, a fortiori
si les responsabilités du préparateur devaient être accrues, comme cela semble souhaitable. Il
convient donc de mieux encadrer l’alternance, afin d’en optimiser les effets.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
196
III- Préconisations - chapitre 2
Valoriser le débouché « officine » dans les cursus
Les témoignages des étudiants montrent que le choix de l’officine est souvent un second
choix, un repli, alors que 70% des pharmaciens environ sont appelés à exercer en officine . Il
faudrait donc développer — au sein de la faculté — des pratiques actives et positives
d’incitation à choisir l’orientation officine, même face à des étudiants qui croient souhaiter
une autre insertion professionnelle. Le choix « par défaut » de cette orientation contribue à
disqualifier l’officine, « refuge » des pharmaciens.
Les enseignants des facultés de pharmacie et les étudiants pensent que le parcours de
l’industrie vers l’officine est plus facile que le chemin inverse. Les représentants du secteur
officinal estiment, eux, que le retour vers l’officine, après une partie de carrière dans
l’industrie par exemple, n’est pas si simple (indépendamment de la période des six mois de
stage obligatoire), et que la réussite n’est pas garantie.
Mettre en place des passerelles
Des passerelles entre les études de préparateur et de pharmacien mais aussi vers d’autres
spécialisations, pour faciliter des réorientations ou des changements de lieux d’exercice, sont
à prévoir, ainsi que les modalités de VAE nécessaires.
Prendre effectivement en compte toutes les activités de l’officine
Les formations initiales recensées dans la première partie de ce rapport conviennent aux
besoins de l’officine en matière de force de vente ou de spécialisations. Toutefois, le principe
d’un secrétariat administratif spécialisé pour l’officine peut conduire à une formation (ou à un
complément de formation) spécifique.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
197
III- Préconisations - chapitre 2
LE PROJET D’ACTION POUR LA FORMATION INITIALE DES PHARMACIENS
Le référentiel cible de l’emploi-type de pharmacien d’officine
Le cœur de métier – missions et activités du pharmacien
L’emploi-type de pharmacien d’officine, tel qu’il se profile pour les années à venir, s’organise
autour de trois grands domaines d’activités, correspondant chacun à plusieurs missions ainsi
que le montre le tableau ci-dessous.
Domaines
d’activité
Gestion de soins et de
services pharmaceutiques
Veille et ˇ ducation
sanitaire
Management
de lÕ
officine
Assurer la sˇ curisation des actes de
dispensation du m ˇ dicament
avec ordonnance
Contribuer aux programmes de
pharmacovigilance et de
surveillance sanitaire
Assurer lÕ
orientation stratˇ gique
et la gestion opˇ rationnelle de
lÕ
activitˇ de lÕ
officine
AssurerŹla sˇ curisation de la mˇ dication
officinale
Rˇ aliser des actions d Õ
informations
et d'ˇ ducation du public en mati ¸ re
sanitaire et sociale
Superviser la gestion des
ressources matˇ rielles et
financi¸ res de lÕ
officine
Missions
Gˇ rer le suivi thˇ rapeutique personnalis ˇ
des patients
Assurer la gestion sociale et le
dˇ veloppement des
compˇ tences l' ˇ quipe officinale
Gˇ rer la collaboration avec les
professionnels de santˇ
Mettre en Ļ uvre un dispositif
permanent d Õ
information, de
veille, de communication et de
marketing
N.B. Les missions sont déclinées en activités et présentées, par grands domaines d’activités,
dans les pages suivantes. Les compétences nécessaires pour exercer ces activités, déclinées en
savoirs, savoir-faire et savoir-être sont réunies à la fin du référentiel-cible.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
198
III- Préconisations - chapitre 2
DOMAINE D’ACTIVITES : GESTION DE SOINS ET DE SERVICES
PHARMACEUTIQUES
MISSION 1 : ASSURER LA SECURISATION DES ACTES DE DISPENSATION DU
MEDICAMENT AVEC ORDONNANCE
Activités
−
Accueillir le patient, éventuellement au sein d’un espace confidentiel si le patient le
souhaite
−
Analyser l’ordonnance et contrôler la conformité réglementaire, la validité et la cohérence
de l’ordonnance
−
Faire le point sur l'historique pathologique et médicamenteux ainsi que les
caractéristiques physiologiques du patient (DMP)
−
Effectuer une substitution si possible et définir des adaptations au plan thérapeutique si
nécessaire
−
Formuler si nécessaire les formes pharmaceutiques répondant à des besoins spécifiques et
superviser la réalisation de la préparation
−
Prodiguer les conseils relatifs à l’administration, au bon usage du médicament et des
dispositifs médicaux et vérifier l’assimilation des informations délivrées en temps réel.
−
Rédiger une opinion pharmaceutique et la consigner dans le dossier pharmaceutique
−
Étudier l’opportunité d’établir un plan d’administration et/ou de suivi thérapeutiques (en
cas de plan de traitement complexe, coûteux, qui nécessite une adhésion forte du
patient…)
−
Superviser les actes de dispensation avec ordonnance réalisés par les préparateurs et
intervenir si nécessaire
−
Superviser les actes de dispensation des produits livrés à domicile
MISSION 2 : ASSURER LA SECURISATION DE LA MEDICATION OFFICINALE
Activités
−
Accueillir les clients, éventuellement au sein d’un espace confidentiel si le patient le
souhaite
−
Traiter les demandes des clients relatives à la médication officinale émises via le site
Internet de la pharmacie
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
199
III- Préconisations - chapitre 2
−
Interroger le patient sur l’ensemble des symptômes vécus
−
Prescrire et dispenser les produits pharmaceutiques adaptés au diagnostic des symptômes.
−
Actualiser le dossier pharmaceutique du patient
−
Fournir éventuellement des informations en matière de santé et d’hygiène en choisissant
un mode de communication adapté au profil du patient
−
Proposer éventuellement et/ou des tests de contrôle ou de dépistage de l’état de santé
(poids, tension, glycémie, …)
−
Orienter le client vers une consultation médicale, en cas de besoin.
MISSION 3 : GERER LE SUIVI THERAPEUTIQUE PERSONNALISE DES PATIENTS
Activités
−
Conduire un entretien sur l’adhésion du patient au projet thérapeutique (inconvénients,
bénéfices…)
−
Apporter éventuellement des explications complémentaires sur le traitement proposé
(effets secondaires, interactions éventuelles, consignes de bon usage du produit
médicamenteux prescrit..)
−
Vérifier l’observance du patient et l’efficacité du traitement thérapeutique
−
Détecter les facteurs de risque éventuels et procéder le cas échéant à des tests de
dépistages simples
−
Ajuster si nécessaire les modalités de traitement thérapeutique aux besoins du patient
−
Prescrire et dispenser les produits pharmaceutiques adaptés à la poursuite du traitement
−
Établir par écrit une opinion pharmaceutique et la transmettre aux professionnels de santé
impliqués
−
Réorienter si nécessaire le patient vers les interlocuteurs adéquats (médecin, infirmières,
structures d’aide et d’accompagnement…)
−
Effectuer le suivi thérapeutique au domicile du patient si nécessaire
MISSION 4 GERER LA COLLABORATION AVEC LES PROFESSIONNELS DE SANTE
Activités
−
Prendre les contacts nécessaires avec les interlocuteurs impliqués dans le suivi
thérapeutique d’un patient
−
Fournir aux interlocuteurs concernés (médecin, personnel soignant) les informations et
les conseils sur les produits pharmaceutiques utiles à la sécurité et la qualité des choix de
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
200
III- Préconisations - chapitre 2
traitements thérapeutiques, l'utilisation et le mode d'administration des médicaments
−
Requérir les données nécessaires à l’analyse pharmaco-thérapeutique (examen sanguin…)
auprès des interlocuteurs concernés
−
Capitaliser, analyser et mutualiser les résultats thérapeutiques obtenus au sein d’un réseau
de soins
−
Animer des échanges avec les professionnels de santé sur la prise en charge des patients
ou d’une pathologie.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
201
III- Préconisations - chapitre 2
DOMAINE D’ACTIVITES : VEILLE ET EDUCATION SANITAIRE
MISSION 1 CONTRIBUER AUX PROGRAMMES DE PHARMACOVIGILANCE ET DE
SURVEILLANCE SANITAIRE
Activités
− Capter et analyser les incidents et les observations d’ effets inattendus ou indésirables dus
à la consommation des produits à usage humain après leur mise sur le marché
− Renseigner les bases de données des observatoires régionaux ou nationaux du secteur
socio sanitaire.
− Enregistrer et transmettre les références utiles pour établir la traçabilité des produits
pharmaceutiques
− Participer à des enquêtes pharmaco-épidémiologiques et pharmaco- toxicologiques
MISSION 2 ASSURER LA MISE EN OEUVRE D’ACTIONS D’INFORMATIONS ET
D'EDUCATION DU PUBLIC EN MATIERE SANITAIRE ET SOCIALE
Activités
− Fournir au patient des informations écrites ou verbales en matière de santé et d’hygiène en
choisissant un mode de communication adapté au profil du patient
− Proposer des tests de contrôle ou de dépistage de l’état de santé (poids, tension, glycémie,
…)
− Valider les données mises à disposition sur le site internet de la pharmacie
− Conduire des actions d’information ciblées portant sur le bon usage du médicament, les
comportements alimentaires et d’hygiène de vie, la contraception, les vaccinations, le
dépistage et la prévention des pathologies
− Orienter le patient vers les interlocuteurs adéquats (médecin, infirmières, structures d’aide
et d’accompagnement…)
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
202
III- Préconisations - chapitre 2
DOMAINE D’ACTIVITES : MANAGEMENT DE L’OFFICINE
MISSION 1 : ASSURER L’ORIENTATION STRATEGIQUE ET LA GESTION
OPERATIONNELLE DE L’ACTIVITE DE L’OFFICINE
Activités
− Analyser son environnement, ses résultats économiques et les évolutions dans le domaine
de la santé pour définir son positionnement sur le marché
− Choisir, prioriser, organiser et planifier les moyens techniques et humains à mettre en
œuvre pour répondre à ce positionnement.
− Superviser la prévision et le suivi budgétaire et définir les réajustements ou les actions
nécessaires.
− Superviser ou réaliser une veille stratégique sur les produits
− Gérer les projets financiers ou d'organisation au niveau de l'établissement (projet
d'investissement, projet immobilier, etc.).
− Définir les priorités de travail et hiérarchiser les activités et tâches à effectuer, quand cela
est nécessaire.
− Réaliser ou superviser les plannings, la gestion des congés, des remplacements, des heures
supplémentaires, des absences, etc.
− Distribuer et coordonner l'activité au sein de son unité de travail de façon équitable, en
fonction des besoins, des contraintes ainsi que des compétences et motivations de chacun
− Piloter la mise en œuvre de la démarche qualité au sein de l’officine
− Évaluer et contrôler les pratiques professionnelles et la qualité et la sécurité du service
rendu au client/patient (application des procédures, respect des règles et des méthodes,
etc.)
− Assurer le suivi de l'activité et des résultats de l’équipe (contrôle de tableaux de bord,
bilans).
MISSION 2: SUPERVISER LA GESTION DES RESSOURCES MATERIELLES ET
FINANCIERES DE L’OFFICINE
Activités
− Superviser la gestion administrative, comptable et financière de l’officine
− Superviser la gestion des achats et des stocks des produits distribués par l’officine
− Anticiper les besoins des produits et valider la sélection des produits à commander
− Conduire les relations commerciales avec les laboratoires
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
203
III- Préconisations - chapitre 2
MISSION 3 : ASSURER LA GESTION SOCIALE ET LE DEVELOPPEMENT DES
COMPETENCES L'EQUIPE OFFICINALE
Activités
− Prévenir et gérer les conflits et les crises au sein de son équipe
− Accueillir et assurer l'intégration des nouveaux personnels et des stagiaires / apprentis
dans sa pharmacie
− Assurer la circulation de l’information au sein de l’équipe de travail (Encourager la
discussion entre les membres de l’équipe, afficher toutes les informations nécessaires au
bon fonctionnement, etc.)
− Conduire des entretiens d’appréciation de ses collaborateurs
− Définir les besoins de formation de son équipe (recueil des demandes de formation,
orientation et conseil vis-à-vis de ses subordonnés)
− Négocier avec ses subordonnés (matériel, recrutement de personnel, conduite de projet,
etc.)
− Conduire des entretiens de licenciement, quand cela est nécessaire
− Conseiller ses collaborateurs sur la réalisation d’une activité (rôle de tuteur)
− Superviser et coordonner le travail des apprentis et des étudiants en pharmacie
− Assurer un suivi avec l’école ou l’Université, les parents et les enseignants responsables.
MISSION 4 : METTRE EN ŒUVRE UN DISPOSITIF PERMANENT D’INFORMATION, DE
VEILLE, DE COMMUNICATION ET DE MARKETING
Activités
− Définir régulièrement la politique de marketing et de prix relative aux produits
− Lire les articles dans la presse et regarder les informations diffusées par la télévision
(publicité, reportage, etc.) relatifs aux nouveaux produits, aux types de consommation,
etc.
− Prendre les contacts nécessaires pour être informé des campagnes de publicités prévues
− Participer aux formations proposées par les laboratoires
− Analyser ses résultats : typologie de sa clientèle, typologie de ses produits (produitsphares, produits à abandonner)
− Analyser sa concurrence
− Représenter sa pharmacie dans le cadre de réunions ou de projets avec d’autres officines,
avec des laboratoires, etc.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
204
III – Préconisations - chapitre 1
COMPETENCES A ACQUERIR ET/OU A RENFORCER
N.B. Le degré de connaissance requis pour chaque type de savoir et de savoir-faire
devra être précisé en fonction du type et du niveau de responsabilité attribué au
pharmacien d’officine.
SAVOIRS
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Connaître la pharmaco-épidémiologie
Connaître la physiologie
Connaître les bases fondamentales de l’anatomie
Connaître la physiopathologie
Connaître la biologie moléculaire et cellulaire
Connaître la pharmacologie
Connaître la sémiologie médicale
Connaître la psychologie médicale (malade, relation soignant/soigné..)
Connaître les techniques de communication interpersonnelle
Connaître les techniques et outils de gestion d’entreprise
Connaître le droit du travail et les textes réglementaires
Connaître l'environnement des systèmes de santé (économie et organisation de la santé).
Connaître les principes d'élaboration et de suivi d'un budget
Connaître les grands principes de l'analyse financière et comptable.
Connaître les règles de gestion administrative
Connaître les sources documentaires et la presse spécialisée relative à la santé, à la
médecine et à la pharmacologie pour s'informer sur l'actualité.
Connaître les modalités d’organisation et de fonctionnement de la pharmacie
Connaître les caractéristiques personnelles et professionnelles du personnel
Connaître les techniques de recrutement
Connaître les procédures d’accueil et d’intégration des personnels
Connaître la législation concernant la délivrance des médicaments et des préparations
Connaître la législation sur la responsabilité des différents postes de la pharmacie
d’officine
Connaître les règles de sécurité
Connaître les techniques et outils du marketing
Connaître les principes de la communication écrite
Connaître les principes de la communication orale
Connaître les principes de merchandising
Connaître les ressources (documents, sites Internet, réseau, etc.) nécessaires à la
réalisation d’une veille stratégique.
Connaître les nouveaux produits, les nouvelles molécules, les nouvelles modalités de
consommation, les nouveaux services existants.
Connaître les différents acteurs du système de santé
Connaître les contenus principaux des formations des apprentis, stagiaires, étudiants.
Connaître les objectifs des stages et périodes d’apprentissage
Connaître les principes fondamentaux en pédagogie.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
205
III – Chapitre 2
SAVOIR FAIRE
− Savoir mettre en œuvre une méthodologie d’analyse pharmaco-thérapeutique
− Savoir mettre en œuvre les méthodes d’évaluation des choix thérapeutiques (pertinence,
efficacité, efficience)
− Savoir mettre en œuvre une méthodologie d’analyse de pharmacovigilance
− Savoir mettre en œuvre une méthode d’analyse des besoins d’information
− Savoir mettre en œuvres les techniques d’interprétation des résultats des examens et des
tests biologiques et cliniques
− Savoir mettre en œuvres les techniques d’examens physiques et des tests biologiques
− Savoir mettre en œuvre une méthodologie de recueil et de communication (recherche, tri,
évaluation des données disponibles, traitement,..)
− Savoir mettre en œuvre les techniques d’analyse et d’interprétation des documents
comptables et financiers d’une entreprise
− Savoir mettre en œuvre les méthodes d’analyse de marché
− Savoir mettre en œuvre les techniques de tutorat
− Savoir mettre en oeuvre les techniques d'entretien (questionnement, écoute active,
reformulation, relances, etc.).
− Savoir mettre en œuvre les techniques d’analyse commerciale (types et fréquences des
ventes, techniques de prévision, etc.)
− Savoir mettre en œuvre les techniques d'animation d'équipe (cohésion d'équipe, facteurs
de motivation, etc.).
− Savoir utiliser les méthodes d'élaboration et de suivi d'un budget.
− Savoir mettre en oeuvre les techniques de gestion des conflits.
− Savoir mettre en oeuvre les techniques de négociation
− Savoir mettre en œuvre les techniques de hiérarchisation des tâches, de délégation et de
gestion du temps
− Savoir mettre en oeuvre les techniques de délégation
− Savoir mettre en œuvre les techniques de communication écrite et orale (identification de
la cible, choix du message, choix du canal et du support, etc.)
− Savoir mettre en œuvre les techniques de merchandising (positionnement des produits
dans les rayons, en vitrine, choix des couleurs, etc.
− Savoir mettre en œuvre les techniques pédagogiques (mises en situation, retours
constructifs, droit à l’erreur, etc.)
− Savoir mettre en œuvre les techniques d’appréciation et de contrôle de l’activité (suivi
objectif, indicateurs, échanges réguliers, etc.)
SAVOIR ETRE
−
−
−
−
Être capable d’adapter sa posture relationnelle selon les caractéristiques du patient
Être capable de repérer ce qui relève ou non de son champ de compétence
Être diplomate
Être capable de mettre en oeuvre les attitudes comportementales exigées de son équipe
(rôle de modèle).
− Être capable d'accepter la critique et de se remettre en question.
− Être capable d'anticipation et de forger une vision de l'avenir.
− Être organisé
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
206
III – Chapitre 2
−
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−
−
Être à l’écoute de ses interlocuteurs
Être persuasif
Être objectif
Être ferme et capable de s’affirmer
Être disponible
Être capable de passer rapidement d’une tâche à une autre
Être capable de mobiliser (leadership).
Être capable de se mettre en retrait pour valoriser le travail des autres
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
207
III – Chapitre 2
Les principes organisateurs pour
pharmaciens de la filière officine
la
formation
initiale
des
REVOIR L’ENCADREMENT DES STAGES
Le nombre et la durée des stages a été revu et correspond pratiquement au cadre d’une
formation en alternance.
Toutefois, l’encadrement des stages doit être renforcé, les étudiants ne tirant pas tous le même
parti de ces périodes (le stage d’initiation, notamment, est vécu comme un simple stage
d’observation alors que professeurs comme étudiants soulignent l’importance du stage
d’initiation dans la décision favorable ou défavorable du choix de la filière d’officine).
L’inégalité des aptitudes pédagogiques des maîtres de stages est stigmatisée par certains
étudiants. La défaillance de gestion de la fonction tutorale est attribuée à un faible sens du
management de la part des titulaires, qui ne sont pas tous formés et sensibilisés à ces
questions. Des stages même nombreux mais sans cahier des charges, sans exigence
formalisée, sans contrôle peuvent rester sans valeur ajoutée.
Une pratique de plus en plus courante renforce l’efficacité du stage et pourrait être
généralisée, grâce à un échange de pratiques plus développé entre les facultés : le futur
stagiaire et son maître de stage suivent ensemble une même formation, plus ou moins longue
(dans certaines facultés, si cette condition n’est pas remplie, l’officine ne peut bénéficier de la
venue d’un stagiaire).
La nomination d’un tuteur ou d’un référent au sein de l’officine est souvent évoquée comme
utile, le titulaire n’étant d’ailleurs pas forcément celui qui « tutore » le mieux (« une bonne
préparatrice expérimentée » est souvent appréciée).
Mieux préparer le stage hospitalier est également recommandé : définir au préalable le rôle de
l’étudiant et l’encadrer au sein de l’hôpital. La réussite du stage dépend encore trop de
l’accueil de l’équipe du personnel hospitalier et de l’attitude pro-active de l’étudiant. Il
s’agirait de renforcer le rôle et la responsabilité de l’étudiant d’un point de vue pharmaco
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
208
III – Chapitre 2
thérapeutique en collaboration avec l’équipe hospitalière. La relation médecin/pharmacien est
souvent abordée encore de manière trop théorique et pourrait constituer un véritable objectif
pédagogique de ce stage.
De l’avis des étudiants, la durée du stage de sixième année pourrait être étendue à 9 mois,
éventuellement au sein de deux officines distinctes.
Il existe une grande hétérogénéité des pratiques de l’alternance au sein des universités, qui
gagnerait à être éclairée par la valorisation des bonnes pratiques (stages d’application des
enseignements coordonnés par exemple).
DEVELOPPER LA FORMATION INITIALE EN MATIERE DE CONSEIL DE MANAGEMENT ET DE
GESTION ET MIEUX COMMUNIQUER SUR LES OPTIONS EXISTANTES
Parmi les reproches faits pendant l’enquête de terrain à la formation initiale, les lacunes en
termes de formation au conseil au management et à la gestion ont été systématiquement
soulignées. Les responsables de formation initiale estiment que ce reproche n’est pas toujours
fondé, mais que les étudiants ne prennent pas toujours conscience de l’importance de tels
modules — qui pourtant existent, souvent en option — pendant leurs études et ne les suivent
pas, mais en ressentent plus tard le manque lorsqu’ils sont en officine.
Au demeurant, ces savoirs s’acquièrent principalement et durablement par la pratique en
officine, ce qui ne dispense pas d’une sensibilisation en formation initiale. Il convient en tout
cas de mieux attirer l’attention des étudiants sur l’importance de ces enseignements.
REVOIR LE POSITIONNEMENT DU NUMERUS CLAUSUS AU SEIN DU CURSUS
Concernant l’évolution du numerus clausus, les facultés semblent privilégier une révision de
son positionnement au sein du cursus. L’idée évoquée serait de supprimer le concours de fin
de première année, mais l’accès au deuxième semestre d’études serait soumis à une obligation
de présence et de résultats. Le nombre limité de places interviendrait à l’entrée en master,
correspondrait à une orientation mûrie et permettaient aux titulaires de la licence d’envisager
une autre voie mais avec un diplôme.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
209
III – Chapitre 2
Les axes de contenus
LES CONTENUS A INTEGRER
Dans le cadre de l’orientation « officine », les contenus définis par l’Université pourraient
être développés en tenant compte des missions, activités et compétences décrits dans le
référentiel-cible de l’emploi-type, qu’il conviendrait de compléter et de décliner à un niveau
plus fin de compétences.
Les universitaires et experts de terrain consultés dans le cadre du CEP ont permis de mettre
l’accent sur les bases de contenus présentées ci-dessous.
Des bases scientifiques fortes
La formation initiale doit avant tout donner des bases scientifiques fortes. Le pharmacien
« expert» du médicament, restant l’objectif pertinent pour l’industrie, mais il peut y avoir
d’autres éléments dans la base commune, plus utiles à l’orientation ultérieure vers l’officine.
Pendant les trois années de licence, la part de la chimie et de la technique du médicament
pourrait être allégée. Il faudrait intégrer, à côté de la connaissance du médicament, des
connaissances sur la maladie et les malades, et sur leur interaction avec les médicaments.
Nombre d’hospitalisations sont dues à un usage inapproprié des médicaments et les
pharmaciens ont un rôle de conseil et de contrôle important à jouer.
Les thèmes de formation seraient les suivants :
-
physiologie
anatomie (sans chercher à en faire des médecins)
biologie cellulaire
biologie moléculaire
physiopathologie
pharmacologie
sémiologie (reconnaître les principaux signes du diagnostic, afin de repérer ce qui
relève de son champ de compétences).
Une articulation intelligente des contenus aux perspectives
ouvertes par le LMD
L’entrée des études de pharmacie dans le système LMD constitue non seulement un élément
de cohérence au sein de l’Europe, mais la possibilité réelle de réorientation à différents
moments du cursus, quelles qu’en soient les raisons. Même si l’étudiant en pharmacie
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
210
III – Chapitre 2
n’envisage pas cette possibilité au début de ses études, son choix précoce de la pharmacie, à
dix-huit ans, peut être remis en cause un peu plus tard ; la licence obtenue lui permet de
s’orienter — par le biais de passerelles ou par l’usage direct de son diplôme — vers un métier
mieux adapté dans un univers professionnel connexe.
L’appui sur la profession doit être recherché. Des unités de formations, liées aux différents
modes d’exercice, devraient intervenir assez tôt dans le cursus (lors des trois premières
années) pour permettre à l’étudiant de construire progressivement son projet professionnel, de
façon à être prêt pour un choix mûri en troisième année.
Une orientation vers une licence générale (tronc commun aux pharmaciens), offrant la
possibilité d’unités orientées par exemple sur l’officine, ou le médicament, semble adaptée. Il
faut que les étudiants soient accompagnés par une équipe pédagogique qui les aide à orienter
leur choix, qui serait effectué en master.
Une place importante pour la démarche qualité
La notion de procédures formalisées est indispensable et peu présente dans les études comme
dans les officines. La démarche qualité reste encore à définir (les bonnes pratiques sont
méconnues) mais doit inclure la démarche d’assurance qualité et la démarche de contrôle de
la qualité.
Le renforcement d’enseignements tenant compte des
évolutions de l’activité officinale et des pratiques
professionnelles, particulièrement en santé publique et en
pharmacie clinique
Ces enseignements pourraient concerner les domaines suivants :
-
Les réseaux de soins, la collaboration avec les praticiens de ville ou hospitaliers,
-
Les grandes pathologies, les affections courantes et symptomatiques, la prévention, le
dépistage et la pharmacie vétérinaire.
L’intégration de certains DU et formations
complémentaires au cursus semble souhaitable
S’il est difficile d’évaluer le nombre d’étudiants poursuivant leur formation initiale par un
DU, il semble que le souhait d’acquérir une spécialisation au cours du cursus
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
soit
211
III – Chapitre 2
relativement important dans certaines universités. De manière générale, le premier choix des
étudiants se porte naturellement sur le DU d’orthopédie (nécessaire pour obtenir l’agrément
de vente) mais aussi sur d’autres spécialisations comme l’homéopathie ou la phytothérapie.
La possibilité d’intégrer l’enseignement de l’orthopédie dans le cursus, pour éviter que les
jeunes diplômés en supportent le coût, engendre une concurrence légitimement mal vécue par
les orthopédistes. Il semble toutefois possible de faire coexister un enseignement d’orthopédie
en formation initiale et en DU . Dans cette perspective, il s’agirait de limiter l’intégration de
l’orthopédie à des contenus fondamentaux.
Pour autant, l’intégration de l’enseignement de l’orthopédie en formation initiale soulève
encore la question du volume horaire de la formation et des contenus à supprimer en
contrepartie.
Les modalités pédagogiques
La réforme des études pharmaceutiques engagée en 2003 a cherché à mieux adapter
l’organisation et les contenus du cursus au métier d’officine. Des progrès restent encore à
faire et l’évolution prévue du rôle des pharmaciens d’officine engage à aller plus loin dans la
réorganisation du cursus initial, déjà bien avancée.
Au-delà d’une meilleure articulation de l’alternance stage/études, la modernisation pourrait se
traduire par :
-
Une intervention accrue de professionnels au sein des enseignements concernant
l’officine (mais les facultés disent avoir du mal à les attirer pour des interventions).
-
Une révision de la répartition et du rythme de la formation.
-
L’utilisation d’une palette élargie de méthodes pédagogiques (recours accru à des
études de cas concrets).
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
212
III – Chapitre 2
LE PROJET D’ACTION POUR LA FORMATION INITIALE DES PREPARATEURS
Le référentiel-cible de l’emploi-type de préparateur en officine
Ce référentiel-cible a été établi en prévision d’une évolution de la responsabilité du
préparateur qui n’est aujourd’hui pas acquise, et d’un recentrage sur le cœur de métier tel que
l’envisagent à moyen terme les professionnels de l’officine (pharmaciens et préparateurs). Il
ne comporte donc pas un certain nombre d’activités couramment réalisées aujourd’hui par les
préparateurs, et que nombre d’officines continueront sans doute un certain temps à leur
confier.
L’un des objectifs est de distinguer cet emploi de celui des autres employés de l’officine, non
spécialistes du médicament et de faire apparaître le caractère propre à une profession de santé
que contient le profil du préparateur.
Ce référentiel-cible, décliné de façon plus détaillée, pourrait si les évolutions projetées se
confirmaient, inspirer la redéfinition du périmètre de responsabilités du préparateur et
déterminer ainsi des axes de contenus à développer.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
213
III – Chapitre 2
Le cœur de métier - missions et activités du préparateur
Trois grands domaines d’activités devraient constituer le cœur de métier du préparateur en
officine. Chacun de ces domaines comprend deux missions principales.
Domaines
d’activité
Dˇ livrance et
mˇ dication
familiale
Dˇ livrer les mˇ dicaments
avec ou sans ordonnance
Missions
Conseiller les patients sur
la mˇ dication familiale
Veille et
ˇ ducation
sanitaire
Contribuer aux
programmes de
pharmacovigilance et de
surveillance sanitaire
Contribuer aux
programmes de veille et/ou
de surveillance sanitaire
Prˇ paration
Rˇ aliser des prˇ parations
Assurer la gestion
administrative du
prˇ paratoire
N.B. Les missions sont déclinées en activités et présentées, par grands domaines d’activités,
dans les pages suivantes. Les compétences nécessaires pour exercer ces activités, déclinées en
savoirs, savoir-faire et savoir-être sont réunies à la fin du référentiel-cible.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
214
III – Chapitre 2
DOMAINE D’ACTIVITE : DELIVRANCE ET MEDICATION FAMILIALE
MISSION 1 : DELIVRER DES MEDICAMENTS AVEC OU SANS ORDONNANCE
Activités
– Accueillir le patient
– Analyser la demande du patient et, si nécessaire, réorienter vers le pharmacien
– Consulter le dossier pharmaceutique du patient
– Lire et procéder à l’analyse technique de l’ordonnance (en cas de doute faire appel au
pharmacien), ou proposer les produits adaptés lors des délivrances sans ordonnance
– Lorsque c’est possible, proposer au patient une substitution par un médicament générique
– Prodiguer les conseils relatifs à l’administration, au bon usage du médicament et des
dispositifs médicaux et vérifier si nécessaire l’assimilation des informations délivrées en
temps réel
– Si nécessaire, délivrer à domicile des produits avec ou sans ordonnance
MISSION 2 : CONSEILLER LES CLIENTS SUR LA MEDICATION FAMILIALE
Activités
– Accueillir le patient
– Analyser la demande du patient et, si nécessaire, réorienter vers le pharmacien
– Interroger le patient sur l’ensemble des symptômes vécus (en cas de doute faire appel au
pharmacien)
– Proposer les produits pharmaceutiques adaptés au diagnostic des symptômes
– Actualiser le dossier pharmaceutique du patient
– Fournir éventuellement des informations en matière de santé et d’hygiène en choisissant
un mode de communication adapté au profil du patient
– Orienter éventuellement le patient vers le pharmacien pour réaliser des tests de contrôle
ou de dépistage de l’état de santé (poids, tension, glycémie, …)
– Orienter le patient vers une consultation médicale, en cas de besoin.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
215
III – Chapitre 2
DOMAINE D’ACTIVITE : VEILLE ET EDUCATION SANITAIRE
MISSION 1 : PARTICIPER AU SYSTEME DE CAPTAGE
PHARMACOVIGILANCE ET DE SURVEILLANCE SANITAIRE
EN
MATIERE
DE
Activités
– Participer au recensement des incidents et les effets inattendus ou indésirables dus à la
consommation des produits à usage humain après leur mise sur le marché
– Enregistrer les références utiles pour établir la traçabilité des produits pharmaceutiques
– Participer au recueil des informations sur les phénomènes épidémiologiques aux
observatoires régionaux ou nationaux du secteur socio-sanitaire
MISSION 2 : ASSURER LA MISE EN ŒUVRE D’ACTIONS D’INFORMATION ET
D'EDUCATION DU PUBLIC EN MATIERE SANITAIRE ET SOCIALE
Activités
– Mettre à disposition des données sur le site internet de la pharmacie
– Participer à la conduite d’actions d’information ciblées portant sur le bon usage du
médicament, les comportements alimentaires et d’hygiène de vie, la contraception, les
vaccinations, le dépistage et la prévention des pathologies
– Orienter le patient vers les interlocuteurs adéquats (médecin, infirmières, structures
d’aide et d’accompagnement…)
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
216
III – Chapitre 2
DOMAINE D’ACTIVITE : PREPARATION
MISSION 1 : REALISER DES PREPARATIONS
Activités
– Gérer les priorités entre les différentes commandes
– Lire et analyser les ordonnances (vérifier si les propositions sont cohérentes)
– Noter les commandes téléphoniques ou par internet des patients
– Renseigner les fiches de fabrication
– S’assurer du respect des règles d’hygiène et de sécurité avant de commencer la
préparation
– Peser puis mélanger en respectant l’ordre adapté les différentes composantes de la
préparation
– Conditionner
– Vérifier le contenu du sac par rapport à la commande
– Si nécessaire, dispenser (par dérogation du pharmacien) à domicile les préparations
réalisées
MISSION 2 : ASSURER LA GESTION ADMINISTRATIVE DU PREPARATOIRE
Activités
– Inscrire à l’ordonnancier : noms et coordonnées du prescripteur et du client, prix
– Inscrire sur le contenant le numéro de référence de l’ordonnancier
– Produire les étiquettes : de prix, de nom du produit, pour les sous-traitances : étiquette
avec le nom et les coordonnées du sous-traitant
– Réaliser la saisie informatique des informations
– Stocker la préparation
– Vérifier les stocks de produits
– Assurer le passage des commandes
– Tenir l’échéancier
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
217
III – Chapitre 2
COMPETENCES A ACQUERIR ET/OU A RENFORCER
N.B. Le degré de connaissance requis pour chaque type de savoir et de savoir-faire
devra être précisé en fonction du type et du niveau de responsabilité attribué au
préparateur d’officine.
SAVOIRS
–
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–
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–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
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–
–
–
–
–
Connaître les règles de l’analyse technique d’une ordonnance
Connaître les produits pharmaceutiques (princeps et génériques)
Connaître les caractéristiques des produits homéopathiques
Connaître les caractéristiques des produits spécialisés en vente (parapharmacie,
homéopathie, etc.)
Connaître les grands principes de l’anatomie humaine
Connaître les grands principes de la physiologie
Connaître les principales pathologies
Connaître la pharmacologie
Connaître la législation concernant la délivrance des médicaments et des préparations
Connaître la législation sur la responsabilité des différents postes de la pharmacie
d’officine
Connaître la réglementation relative aux pharmacies
Connaître la réglementation relative aux prescriptions
Connaître la réglementation relative aux préparations et à leur sous-traitance
Connaître la réglementation relative aux outils de préparateur (ex. : contrôle des balances
par un organisme agréé)
Connaître la réglementation relative aux prescriptions
Connaître la réglementation en matière de remboursement par les caisses d’assurance
maladie et les mutuelles
Connaître les règles de l’analyse technique d’une ordonnance
Connaître les principes déontologiques du pharmacien et du professionnel de santé
Connaître les principales pathologies impliquant des traitements où le conseil et l’appui
du pharmacien est indispensable (« pathologies lourdes »…)
Connaître les principaux risques iatrogènes liés aux interactions entre molécules
Connaître les procédures de commandes de produits pharmaceutiques
Connaître la législation encadrant les matières premières entrant dans la composition des
préparations
Connaître les procédures de gestion administrative des préparations (ordonnancier, fiche
de fabrication)
Connaître les modalités de rangement et de stockage des produits et des préparations
Connaître le protocole de commande de préparation
Connaître les procédures et normes d’hygiène et de sécurité
Connaître les caractéristiques d’une procédure qualité
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
218
III – Chapitre 2
SAVOIR FAIRE
– Savoir mettre en œuvre les techniques de lecture ou de contrôle des ordonnances
médicales
– Savoir mettre en œuvre une méthodologie d’analyse de pharmacovigilance
– Savoir mettre en œuvre une méthode de conseil en matière de médication familiale
– Savoir mettre en œuvre une méthode d’analyse des besoins d’information
– Savoir mettre en oeuvre les méthodes de communication
– Savoir mettre en œuvre les techniques d’accueil physique
– Savoir mettre en œuvre les techniques d’accueil physique spécifiques à l’accueil de
patients
– Savoir mettre en oeuvre les techniques de questionnements, d’entretiens
– Savoir mettre en oeuvre les méthodes de communication et de gestion des patients
« difficiles » tels que les toxicomanes
– Savoir mettre en oeuvre les techniques de vente
– Savoir mettre en œuvre des techniques d’analyse telles que l’analyse de peau en
parapharmacie, ou l’analyse de métabolisme en diététique, etc…
– Savoir mettre en œuvre les techniques de dosage des ingrédients des préparations
– Savoir mettre en œuvre les techniques d’identification des produits et des préparations
– Savoir mettre en œuvre les techniques de mélange de poudres
– Savoir mettre en œuvre les techniques de pliage et de remplissage des tubes
– Savoir mettre en œuvre les techniques d’utilisation des outils de préparation (mortier,
spatules, cartes, balances électroniques, éprouvettes, seringues, pilon).
– Savoir mettre en œuvre une procédure qualité et réaliser des contrôles qualité
– Savoir mettre en œuvre les techniques de télétransmission
– Savoir utiliser une caisse
SAVOIR ETRE
–
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–
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–
–
–
–
–
–
–
–
Être persuasif
Être rassurant
Être ferme dans ses décisions
Être discret
Être capable de repérer ce qui relève ou non de son champ de compétence
Être observateur
Être minutieux
Être habile
Être patient
Être soigneux
Être organisé
Être capable de passer rapidement d’une tâche à une autre
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
219
III – Chapitre 2
Les principes organisateurs de la formation initiale des préparateurs
ÉLABORER LES CONTENUS SUR LA BASE D’UN PERIMETRE DE RESPONSABILITES REDEFINI,
PLUS SCIENTIFIQUE, ET ADAPTE AUX BESOINS DE L’OFFICINE
Ce périmètre serait à repenser autour des domaines suivants :
- Le domaine « préparation » (éventuellement allégé, puisque la compétence de
préparation n’est que peu sollicitée, en pratique, dans une majorité d’officines )
-
Le domaine « santé et médicament »
Délivrer des médicaments et des produits de santé sur la base de compétences
associées accrues en pharmacologie et pathologies
Suivre des patients chroniques
Conseiller en matière de médication familiale : il faut donc mettre de la
« matière » dans le conseil au patient
Savoir déclencher le signal d’alarme lorsque le préparateur atteint la limite de son
domaine de compétence
-
Le domaine « accueil professionnel, pharmaceutique du client/patient »
-
Le domaine « vente des produits médicaments mais aussi santé/bien-être »
-
Le domaine « communication » (relation avec des malades, puisqu’il s’agit d’une
relation spécifique - Gestion des situations de conflit et de crise dans l’officine)
-
Le domaine « qualité » (participation à la conception et à la mise en œuvre de
procédures qualité, comprenant des activités de contrôle de ces procédures dans son
champ de responsabilités, sous le contrôle ultime du pharmacien)
-
Le domaine « informatique de l’officine » (logiciels pharmaceutiques et basiques de la
bureautique, internet).
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
220
III – Chapitre 2
En revanche, les éléments suivants pourraient être retirés du périmètre officiel de
l’emploi 201
- Une partie des tâches administratives (si le principe d’un secrétariat administratif
s’impose et se généralise)
-
La gestion de stock (sur le modèle de ce que les apprentis bac pro commerce abordent
en formation : cela va des relations fournisseurs, en passant par les commandes,
déballage, vérification, rangement, gestion des périmés, retours, facturation, mise en
rayon jusqu’à l’approvisionnement des automates, voire l’estimation des besoins en
commandes à partir des données de la gestion informatisée. Ce travail peut être
reporté sur d’autres personnels, dont les stockistes, et, pour partie, sur les automates).
MODIFIER LES MODALITES D’ACCES ET LE NIVEAU DE SORTIE DU DIPLOME
Niveau d’accès
-
Baccalauréat
-
ou procédure de validation d’accès à la formation par une commission compétente
-
ou suivi et certification d’une filière de remise à niveau qu’il appartient à la profession
de mettre en œuvre.
Niveau de sortie de la formation de préparateur
La modification du cursus de formation et du niveau de sortie est inféodée à la décision
éventuelle d’accorder une autonomie plus importante au préparateur d’officine, autonomie qui
devrait être inscrite dans le code de santé publique.
L’intérêt de cette évolution a déjà été souligné. Elle permettrait de rapprocher le cadre
réglementaire de la réalité des pratiques telle qu’elle a pu se généraliser sous l’effet conjoint
de contraintes unanimement ressenties et de possibilités offertes par les technologies
d’information.
201
Dans les petites officines, où la polyvalence est nécessairement plus grande, ces activités peuvent être
réalisées par le préparateur, mais elles ne font pas partie de son cœur de métier.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
221
III – Chapitre 2
Elle contribuerait également à signifier, pour cette profession de santé, un niveau d’exigence
plus compatible avec les attentes accrues — en termes de pharmacovigilance et de
contribution éclairée au réseau de soins — à l’égard de l’équipe officinale placée sous le
contrôle du pharmacien. Ce point est important dès lors que le pharmacien d’officine (titulaire
comme adjoint), plus fortement sollicité dans ses compétences de conseil et d’expertise, doit
pouvoir compter sur un technicien du médicament très qualifié pour le seconder sans faire
prendre de risque aux clients et patients.
L’examen des pratiques européennes a d’ailleurs montré que ce niveau de qualification se
généralise progressivement aux côtés des pharmaciens d’officine. Même si un avenir existe
pour les deux populations — préparateurs et pharmaciens —au sein de l’officine, une grande
part des activités quotidiennes qui s’y exercent ne justifie pas l’intervention d’un pharmacien.
Le constat de cette prise en compte de la réalité dans certains pays voisins reflète d’abord un
souci gestionnaire, recherchant l’ajustement du profil à l’activité concrètement déployée
(adéquation homme/emploi). Cela traduit aussi la tendance des sociétés actuelles à
responsabiliser les individus au travail en fonction des actes qu’ils accomplissent. Les
démarches d’assurance et de contrôle qualité qui se développent parallèlement permettent de
disposer des garde-fous nécessaires.
Dans la perspective où l’évolution projetée se confirmerait, le collège salarié de la branche
professionnelle souhaite voir évoluer le diplôme de préparateur vers un niveau III202,
sanctionnant souvent des formations de deux années après le bac. L’un des syndicats
d’employeurs203 s’accorde avec le collège salarié sur l’intérêt de porter la durée des études à
trois ans au lieu de deux actuellement, pour conserver le principe de l’alternance tout en
consolidant certains contenus et en intégrant des contenus nouveaux correspondant au profil
émergent.
202
Sans préjuger d’évolutions ultérieures liées aux négociations à venir, les représentants des salariés ayant aussi le souci de
préserver une cohérence entre les professions de santé — dont la montée en compétences et en responsabilités se réalise avec
une certaine simultanéité.
203
Position de la FSPF
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
222
III – Chapitre 2
La possibilité que les études ne durent que deux ans sur la base des mêmes contenus étoffés
de formation204, mais avec une présence en officine réduite, est soutenue par un autre syndicat
d’employeurs. Pour une majorité de membres de la CPNE, elle semble toutefois peu
compatible avec les perspectives de montée en puissance des responsabilités et des
compétences du préparateur, qu’il convient d’anticiper.
Les employeurs se rejoignent pour temporiser sur l’accession du diplôme de préparateur au
niveau III, sans pour autant l’exclure. Ils le subordonnent à l’octroi de responsabilités
effectivement plus grandes. Ils souhaitent également que la montée en responsabilités et en
compétences du préparateur aille de pair avec la montée en responsabilités et en compétences
du pharmacien. Pour le diplôme de préparateur, ils se montrent attachés à la formule des
contrats d’apprentissage, qui convient également aux étudiants choisissant cette voie pour
bénéficier d’une formation alternée et d’un salaire. Elle pourrait d’ailleurs coexister avec
d’autres formes de formation alternée. Il convient de souligner que le système de formation
actuel est salué par la profession, mais devra s’adapter aux conséquences des évolutions. De
l’avis général, l’association de professionnels à la formation doit perdurer.
L’article R117-6-1 du code du travail autorise l’extension de la durée de l’apprentissage205 à
trois ans aux conditions rapportées ci-dessous :
« La durée des contrats d'apprentissage conclus pour la préparation d'un diplôme ou d'un titre à finalité professionnelle inscrit
au répertoire national des certifications peut être réduite ou allongée, pour tenir compte d'un type de profession, du niveau de
qualification visés ainsi que de la durée minimale de formation en centre de formation d'apprentis fixée, le cas échéant, par le
règlement d'examen :
1. Soit par une convention ou un accord de branche étendu pris en application de l'article L. 133-8, après consultation du
comité de coordination des programmes régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue institué par
l'article 84 de la loi nº 83-8 du 7 janvier 1983 modifiée ;
2. Soit, à défaut de convention ou d'accord étendu, par un arrêté du ministre chargé de la formation professionnelle, du
ministre chargé du contrôle pédagogique de la formation et, le cas échéant, du ministre qui délivre le diplôme ou le titre. »
Le diplôme de préparateur pourrait ainsi devenir un véritable diplôme de santé
206
et rester
accessible par la voie de l’apprentissage.
204
C’est la position adoptée par l’UNPF
Une convention nationale passée entre le secteur de l’hospitalisation privée et l’État permet ainsi la préparation du
diplôme d’État d’infirmier par voie d’apprentissage
206
Certains souhaitent ainsi placer ce diplôme sous la seule tutelle du ministère compétent (santé), sur la base d’un diplôme
d’état
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
223
205
III – Chapitre 2
CONSERVER LE CARACTERE PROFESSIONNEL DE LA FORMATION
Le caractère professionnel de la formation au métier de préparateur correspond
particulièrement bien aux besoins de l’officine dont les compétences sont fortement
imprégnées de savoirs d’action, à acquérir in situ. Cet avantage, déjà à l’œuvre dans la
formation actuelle, est positivement ressenti par les préparateurs et par les pharmaciens qui
souhaitent même en accentuer l’effet :
-
en adossant le référentiel du diplôme au référentiel d’activités professionnelles et de
compétences de la fonction (de préférence au référentiel cible, afin d’intégrer
d’emblée les évolutions de responsabilités et de missions) ;
-
en recommandant aux organismes de formation une ingénierie modulaire plutôt qu’un
découpage disciplinaire ;
-
en privilégiant le principe d’une formation alternée avec plusieurs hypothèses de
préparation du diplôme dont le contrat d’apprentissage. L’articulation de l’alternance
devrait également être retravaillée (cf. modalités pédagogiques).
PREVOIR LA MONTEE EN CHARGE PROGRESSIVE DU PREPARATEUR
-
Les apprentissages relatifs aux deux premières années devraient permettre la montée
en charge progressive de l’apprenti au sein de l’officine.
-
La dernière année correspondrait à la spécialisation et s’organiserait autour de
modules pratiques.
Les axes de contenus
Des modules généraux axés sur le raisonnement
-
Un module de calcul appliqué (proportionnalités, ordre de grandeur, raisonnement)
-
Un module sur les méthodes d’apprentissage (« apprendre à apprendre »). Accueil
pharmaceutique
Des modules axés sur l’expertise du préparateur
-
Un module " pratique ou préparation " avec la galénique
-
Un module « délivrance », correspondant au cœur de métier et comportant :
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
224
III – Chapitre 2
⋅
le commentaire de l’ordonnance
⋅
l'anatomie-physiologie-pathologies-pharmacologie selon un découpage par
appareil
⋅
la législation professionnelle.
Des enseignements correspondant aux principaux domaines
de compétences
-
Domaine médicament/santé
Pharmacologie
Pathologies - Pathologies chroniques - Bases des pathologies graves
Médication familiale
Conseil patient (suivi de la posologie, prise de mesures, installation et entretien de
l’appareillage…)
Chimie (mais moins de chimie dans la formation et des apports mieux reliés à
l’activité)
-
Domaine relation
Spécificité de la posture « pharmaceutique »
Gestion des relations complexes (relation de conseil, communication avec un
malade, conflit, crise)
-
Domaine vente
Techniques de vente
Merchandising
-
Domaine organisation/gestion de l’activité
Processus qualité
Utilisation des technologies et des outils de gestion administrative
-
Domaine cadre de l’activité
Réglementation
Déontologie, confidentialité.
Des modules d’approfondissement ou de spécialisation
-
Conseil pour la médication familiale
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
225
III – Chapitre 2
-
Spécialisation optionnelle (orthopédie, maintien à domicile, dermo-cosmétique,
phytothérapie — dont botanique — homéopathie…)
-
Communication avec les malades
-
Approfondissement des pathologies graves,
-
Sortie de la réserve hospitalière
⋅
Contribuer à la prise en charge de patients « complexes » : asthmatiques,
diabétiques,
greffés,
maladies
auto-immunes,
neurologie
(Alzheimer,
Parkinson).
⋅
Manipuler des dispositifs (stylos injecteurs, etc.) pour les pathologies
chroniques.
⋅
Préparer la sortie de médicaments plus complexes (traitement des hépatites,
facteurs de croissance cellulaire, traitements anti-cancéreux…) : acquérir ou
approfondir les connaissances nécessaires à la délivrance des médicaments et
sur les pathologies.
Les modalités pédagogiques
-
Travailler le découpage et le séquençage pédagogique des deux premières années, la
répartition des apprentissages entre l’organisme de formation et l’officine.
-
Prévoir dans le cursus des séquences de retour sur ce qui se fait en officine et la
formation adéquate des formateurs.
-
Envisager la responsabilisation de maîtres d’apprentissage (mais en veillant à ne pas
décourager les officines de prendre des apprentis : par exemple, utiliser le système de
primes pour la (ou les) journée(s) de formation au tutorat suivies par le pharmacien ;
au sein de l’officine, proposer une rétribution du tuteur, si ce n’est pas le titulaire).
-
Donner au maître d’apprentissage le pouvoir de valider certains apprentissages207.
La proposition de la multiplication des lieux d’apprentissage, souhaitée par les apprentis, a
déjà été faite aux titulaires et soulève un problème de concurrence entre les officines et la
207
En s’inspirant par exemple du système de co-validation par suivi à distance mis en place dans certains CFA.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
226
III – Chapitre 2
nécessité de garantir la confidentialité de la part des préparateurs. Elle risque également de
constituer un frein à l’embauche. En effet, un certain nombre de pharmaciens employeurs
prennent un jeune en formation dans le but avoué de l'embaucher une fois son diplôme
obtenu. Leur investissement et leur motivation dans la formation de ce jeune sont d'autant
plus importants qu'ils veulent en faire un futur collaborateur de qualité, opérationnel dès
l'obtention du diplôme dans leur officine, dans l'esprit de laquelle il a été formé.
Les textes régissant l’apprentissage prévoient d’ailleurs que l’organisme de formation doit
veiller à compléter une formation en entreprise qui ne couvrirait pas le programme, par défaut
de moyens dans l’entreprise notamment.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
227
III – chapitre 3
LES ORIENTATIONS DE LA FORMATION CONTINUE
Les orientations pour la formation continue des pharmaciens et des
préparateurs
La formation continue constituera désormais pour les pharmaciens et les préparateurs une
obligation dans le cadre des responsabilités d’une profession de santé. Dans cette optique,
elle aura pour objectif essentiel de raviver et d’actualiser les connaissances acquises durant la
formation initiale, centrée sur le cœur de métier, et les compétences développées en situation
de travail.
Elle doit répondre aussi aux besoins de compétences spécifiques à l’officine, dans le cadre
d’un plan de formation par exemple, et permet dans ce cas une adaptation au poste de travail,
voulue par le titulaire ou décidée en commun par le titulaire et le salarié (dans le cadre d’un
DIF par exemple).
La formation continue représente aussi pour les salariés la possibilité de progresser dans leur
carrière par l’acquisition de nouvelles compétences (sur une ou plusieurs spécialités : la
dermato-cosmétologie, la phytothérapie, l’aromathérapie, sur le management, les techniques
de vente…)
Elle peut enfin représenter une opportunité de mobilité externe et permettre l’accès à des
passerelles vers de nouveaux lieux d’exercice ou de nouvelles fonctions.
La professionnalisation du management
L’officine, avec une prépondérance originelle de l’exercice unipersonnel et la domination
numérique actuelle des très petites structures — où la relation d’autorité se fonde
essentiellement sur la posture et l’entente des personnes — est historiquement très peu
prédisposée à exercer un management « professionnel » et efficace.
Cela peut se traduire par des lacunes évidentes en matière de gestion des activités et des
ressources humaines, qui risquent de pénaliser les officines — appelées à s’agrandir — et
leurs personnels.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
228
III - Préconisations - Chapitre 3
Si la formation initiale peut préparer les pharmaciens à exercer le management, l’expérience
acquise dans d’autres secteurs montre que les compétences dans ce domaine exigent pour se
développer une pratique concrète et la prise de recul sur cette pratique afin de la rationaliser.
Le formation continue est donc le lieu par excellence où traiter de la fonction managériale et
entraîner les pharmaciens, ou les cadres préparateurs, à l’exercer avec discernement. Les
formations au management ne doivent pas s’arrêter à la dimension relationnelle, mais porter
sur tous les aspects sollicités : pilotage de l’activité, pilotage des connaissances, pilotage des
ressources humaines.
Les formations visant l’acquisition de nouvelles compétences pour le
personnel de l’officine dans son ensemble
Deux niveaux de formation différents, permettant de mettre en œuvre un plan de carrière pour
le personnel de l’officine, peuvent être envisagés :
-
Un premier niveau, à l’instar de l’offre déjà existante sur certains thèmes, pourrait se
décliner selon :
⋅
Des modules de base portant sur les fondamentaux indispensables dans la
spécialité (à développer notamment dans le cadre de l’obligation de
formation) ;
⋅
Des modules d’approfondissement et de perfectionnement sur une thématique
spécifique.
-
Un second niveau, dans la perspective de la prescription pharmaceutique et du suivi
thérapeutique des maladies chroniques, pourrait donner lieu à :
⋅
Des formations de 10 à 20 jours permettant d’obtenir une certification
reconnue par la profession (à l’instar du DU pour le pharmacien).
⋅
Une certification portant sur des spécialisations (accessibles sur pré-requis en
fonction de leur qualification initiale au pharmacien, au préparateur, voire à
d’autres profils) : gérontologie, pédiatrie, phytothérapie, aromathérapie,
dermocosmétique…
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
229
III - Préconisations - Chapitre 3
Les orientations pour la formation continue des employés « non
santé »
Pour les emplois « non santé » de l’officine, il existe déjà des formations spécialisées
(cosméticien, vendeur, comptable…), correspondant à leurs profils.
Pour autant, des formations portant sur les spécificités de l’officine doivent être encouragées :
par exemple sur la déontologie, la confidentialité, les relations au sein d’une pharmacie,
l’accueil des patients « délicats ».
Parmi les attentes énoncées concernant les emplois fonctionnels, certains pharmaciens
souhaitent voir se développer une formation de secrétariat adaptée à l’officine : emploi à
temps partiel, dans le cadre d’un secrétariat mutualisé avec plusieurs officines. C’est en ce
sens que se développent des négociations sur la mise en place d’un diplôme de secrétariat
adapté à l’exercice dans un contexte médical et officinal.
Les évolutions souhaitables concernant les contenus et modalités de
formation continue
DES CONTENUS PLUS CONTEXTUALISES
L’offre de formation proposée à l’ensemble de l’équipe officinale — titulaires, adjoints et
préparateurs — devrait être renforcée. Cela implique de ne pas privilégier les savoirs
scientifiques trop théoriques.
Concernant les formations visant l’actualisation des connaissances acquises, il s’agirait ainsi
de consolider l’approche globale d’une thématique en la fondant sur le savoir être et les
savoir faire (approche pragmatique) plutôt que le seul savoir scientifique (symbolisé par
l’approche disciplinaire).
Chaque formation pourrait intégrer :
-
Une approche scientifique et pharmaceutique (pathologie, symptômes, traitements).
-
Une démarche psychologique et relationnelle.
-
Une approche commerciale et personnalisée du client.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
230
III - Préconisations - Chapitre 3
LE DEVELOPPEMENT PREVISIBLE DE LA FORMATION A DISTANCE
Bénéficiant des tendances actuelles de la formation professionnelle continue, les modalités et
les supports de formation tendent à se diversifier208 comme en témoigne la multiplication des
initiatives en matière de e-learning209, de télé-enseignement, d’élaboration de supports
multimédia, de formation par visioconférence210, de télé présentation (conférence audio par
téléphone avec supports informatiques).
Il convient de souligner également que cette tendance bénéficie de conditions
particulièrement favorables dans le secteur officinal : le recours aux NTIC au sein des
officines s’est fortement accru puisqu’à l’heure actuelle, presque 60% des pharmaciens sont
équipés d’une connexion211.
Cet outil est d’autant plus appréciable pour les pharmacies qu’il peut être facilement
mutualisé entre les membres de l’équipe officinale (déclaration favorable de plus de la moitié
des titulaires212). D’ailleurs, un tiers des titulaires envisagent de créer un espace dédié à la
formation en ligne dans l’officine et une majorité de titulaires envisagent un libre accès à leur
bureau.
Le milieu officinal se révèle donc particulièrement propice au développement de la formation
à distance dans la mesure où elle permet d’éviter les contraintes de déplacement en laissant
une marge de manœuvre dans la personnalisation des rythmes de travail et de formation.
Selon Direct Media213, la moitié des pharmaciens pourraient recourir à l’internet pour se
former d’ici 2010). En ce sens, le développement de la formation sur site pourrait passer par
le « media sharing » — basé sur le principe de la visite médicale à distance — qui permettrait
à un formateur de dispenser une formation synchrone au personnel d’une ou plusieurs
officines.
208
Bulletin de l'Ordre des pharmaciens "Les Nouvelles pharmaceutiques", article intitulé "Les nouvelles techniques de
l'information et la formation continue", n°366 d'avril 2000
209
Dernière innovation en date : une offre de formation interactive en ligne proposée par l’UTIP depuis septembre 2004.
210
Illustrations issues d’une navigation Internet sur plusieurs sites dédiées aux pharmaciens d’officine, voir ANNEXE Base
Documentaire
211
Moniteur des pharmacies, Cahier 3 du n°25 59 du 27 novembre 2004 « Enquête sur la formation continue auprès de 529
pharmaciens d’officine et réalisée par Direct Media »
212
ibid.
213
Jean Christian Kipp, PDG de Direct Media auteur d’une enquête citée par le Moniteur des pharmacies
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
231
III - Préconisations - Chapitre 3
Les formations présentielles resteront probablement majoritaires, mais pourraient ainsi être
davantage couplées avec l’utilisation d’Internet, notamment dans le cadre du suivi
pédagogique.
L’INTERET DU COACHING
Enfin, malgré l’aspiration des personnels officinaux à sortir de l’officine pour se former, et
au-delà du fait qu’il est difficile de trouver le temps de le faire, il peut être plus efficace de
recourir à une formation très ciblée, notamment en matière de management et de gestion. Cela
permet de travailler à la résolution de problèmes spécifiques tout en ayant le souci d’une
pédagogie des méthodes et outils à développer.
Le coaching, individuel ou collectif (pour toute l’équipe ou pour un pôle d’activités
spécifique) répond à ce besoin et correspond particulièrement bien au contexte officinal. Il
devrait être développé, notamment pour former les officinaux au management. Il présente de
plus l’avantage de s’insérer facilement dans l’activité, en réservant de petites plages de temps
très productives, régulières ou non, à l’accompagnement/formation. Il permet ainsi de
s’ajuster très précisément au besoin et d’éviter une surconsommation peu ciblée.
Il convient que les organismes financeurs octroient des souplesses d’affectation de crédits
permettant de recourir à ce type de modalité pédagogique, en développement justifié,
aujourd’hui, dans les secteurs à forte valeur ajoutée et où l’activité intellectuelle, scientifique
ou relationnelle occupe une place importante.
L’EFFET RESEAU DES STAGES INTER
Pour autant le principe de stages inter doit être maintenu et développé. En effet, les personnels
des officines y sont attachés, même s’ils n’y participent que peu, pour l’ouverture et les
possibilités d’échanges de pratiques que cela représente.
Ils constituent aussi la possibilité de consolider l’effet réseau — selon une logique autre celle
du seul intérêt économique — sur lequel l’administration souhaite pouvoir compter pour
asseoir sa politique de santé publique.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
232
Quatrième partie : Pistes de réflexion et
d’opérationnalisation
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
IV - Introduction
Pour relever les défis annoncés et mettre en œuvre les préconisations retenues à l’issue des
travaux d’analyse prospective, la profession doit faire aboutir une série d’actions. Ces dernières
n’impliquent pas seulement la branche professionnelle de l’officine, mais également les acteurs
institutionnels dont elle dépend, ainsi que les prestataires qui contribuent à la doter des profils et
compétences dont elle a besoin (OPCA, universités, organismes de formation).
C’est pour engager chacun des principaux acteurs — dont le pouvoir et les interventions pèsent
sur le sort de la pharmacie d’officine — dans la voie des réalisations concrètes que sont ici
proposées neuf fiches opérationnelles. Il ne s’agit pas d’un programme exhaustif d’actions
planifiées, mais plutôt de pistes de réflexion et de stratégies d’action à développer. En
s’appuyant sur l’analyse des difficultés mises en lumière dans le cadre du CEP, les fiches
opérationnelles s’attachent essentiellement à pointer :
-
les démarches d’amélioration déjà engagées par les différents acteurs,
-
les chantiers à investir à plus ou moins long terme,
-
les modalités d’action à privilégier.
Le choix de présentation selon une entrée par « acteur » permet de mettre l’accent sur le pilotage
de chaque démarche envisagée, dont l’impact sur la pharmacie d’officine ne sera d’ailleurs pas
toujours direct. En effet, si la profession doit se mobiliser afin d’évoluer dans le sens le plus
favorable pour elle et pour ses personnels dans la conjoncture qui s’annonce, nombre
d’initiatives déterminantes pour son avenir lui échappent. Il lui est toujours possible, cependant,
d’amorcer les réflexions, “d’instruire” les dossiers, de faire pression par ses propositions sur les
acteurs institutionnels pilotes des réformes.
Les rubriques des fiches opérationnelles
Chaque fiche opérationnelle par acteur a pour point de départ une ou plusieurs préconisations du
CEP. L’intérêt spécifique pour l’acteur de prendre part à la mise en œuvre des préconisations
est alors détaillé. Les objectifs opérationnels qu’il lui revient de poursuivre sont ensuite précisés.
Vient enfin la description des démarches à engager : actions, acteurs et moyens associés,
conditions de réussite ainsi que, quand c’est possible, le niveau de priorité de l’action envisagée.
Les modalités plus précises de mise en œuvre devront, bien entendu, faire l’objet de concertation
entre les acteurs concernés.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
234
Il convient de souligner que ces propositions d’action et de thèmes de réflexion ne relèvent pas
toutes du même niveau d’importance, d’urgence ou de difficulté de mise en œuvre. Certaines
peuvent être rapidement engagées tandis que d’autres supposent la conduite d’échanges et de
négociations approfondis entre les partenaires sociaux d’une part, entre la branche et les pouvoirs
publics d’autre part. Dans les cas où c’était possible, un ordre de priorité, mentionné sur la fiche,
a été établi à titre indicatif, par l’évaluation combinée du caractère de faisabilité, de l’importance
ou de la succession logique à respecter entre diverses actions. Cet ordre est le suivant :
-
1 : action déjà engagée ou à engager immédiatement, préalable aux actions de niveau 2 et 3.
-
2 : action à prévoir à moyen terme (dans les cinq ans).
-
3 : action à envisager à plus long terme, ou dont la durée de réalisation peut être prolongée
sans effet négatif majeur.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
235
LES FICHES OPERATIONNELLES PAR ACTEUR
Neuf fiches opérationnelles “par acteur” sont donc proposées dans les pages suivantes, relevant
des catégories désignées ci-dessous.
Fiches destinées aux acteurs de la branche professionnelle
-
Fiche n° 1 : Commission Paritaire Nationale pour l’Emploi
-
Fiche n° 2 : pharmaciens du « terrain » (l’officine)
Fiches destinées aux pouvoirs publics
-
Fiche n° 3 : Ministère de la santé
-
Fiche n° 4 : Caisse Nationale d’Assurance Maladie
-
Fiche n° 5 : Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la
Recherche
-
Fiche n° 6 : Délégation Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle
Fiches destinées aux acteurs de la formation
-
Fiche n° 7 : Organismes de formation initiale - Universités
-
Fiche n° 8 : Organismes de formation initiale des préparateurs en officine
-
Fiche n° 9 : Organismes de formation continue (privés, publics).
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
236
FICHES DESTINEES AUX ACTEURS DE LA BRANCHE PROFESSIONNELLE
Fiche de préconisations n° 1
Acteur : Commission Paritaire Nationale pour l’Emploi
-Anticiper les besoins du secteur en termes de profils et de volumes d’emploi
Préconisations
-Adapter les profils de l’officine à la prise en charge concomitante des missions de santé publique et de la
pour le secteur performance économique des entreprises officinale.
Intérêt pour
l’acteur
Objectifs
opérationnels
pour l’acteur
- Mieux repérer les mouvements et les tendances d’évolution des activités et des emplois afin d’élaborer des
orientations stratégiques et des plans d’actions adaptées aux besoins et aux ambitions du secteur.
- Promouvoir un accès à la formation équilibré prenant en compte conjointement les trois logiques suivantes :
o Préparation/adaptation des compétences aux évolutions du secteur à moyen terme (Logique projet)
o Adaptation aux évolutions du poste à court terme (logique progrès)
o Réponse aux besoins de développement des compétences individuelles dans le cadre de la formation
tout au long de la vie (logique d’acteur)
- Accompagner le développement des nouvelles pratiques au sein de l’officine (pratiques de réseau et de
processus qualité, de relation patient)
- Se doter des informations statistiques nécessaires à une vision juste et complète du secteur
- Développer une activité régulière de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences de la branche
- Appuyer la construction des itinéraires de mobilité et de développement des compétences
- Consolider le pilotage de la formation professionnelle par la production d’orientations nationales à moyen
terme pour la branche (périodes de 3 ans)
- Optimiser la gestion de la formation professionnelle continue
Priorité Actions à réaliser
1
1
Moyens à mettre en œuvre
- Recueil de données statistiques en
optimisant les travaux de recensement
déjà effectués par les différents
acteurs.
- Ce recueil devra porter sur :
o Le dénombrement précis de
tous les emplois de l’officine
(préparateurs et autre salariés
Mettre en place un
en particulier)
système de veille et
o Les flux d’entrée et de sortie
d’observation des
des salariés
activités et des
o Le nombre de titulaires
emplois du secteur,
inscrits dans un groupement
utilisable par la
o Le suivi de l’insertion et des
branche
trajectoires professionnelles
des employés
- Diffusion de l’information à
destinations de la profession
(groupements, ordre, …)
- Organisation de groupes de travail
portant sur :
- Le partage des responsabilités entre
pharmacien et préparateur
- Les échéances de prise en charge des
différentes missions de santé publique
(évolution du système de soins)
Engager l’étude des - Le niveau de compétences requis pour
la formation initiale : Produire des
problématiques
référentiels de compétences corrélés
stratégiques pour
aux référentiels d’activité et de
l’évolution des
compétences cibles produits dans le
métiers et des
cadre du CEP)
emplois
- La définition d’une politique de
validation et de certification des
compétences acquises par les salariés
dans des domaines de spécialisation
complémentaire au diplôme initial
Acteurs impliqués
- Institutions d’observation
socio-économique et
démographique, généralistes
ou spécialisées sur la santé ,
l’emploi et la
formation (INSEE, DREES
CREDES, ONDPS)
- DRASS
- Groupements, ordre des
pharmaciens
- Organismes de formation
initiale
- Caisses de retraite et de
prévoyance
- Observatoire prospectif des
métiers et des qualifications
de la branche
- Partenaires sociaux
- Ministère de la Santé
- CNAM
-
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
Conditions de
réussite
Développement de
formes de coopération
ou de partenariat
contractuel entre les
acteurs :
- Mobilisation ad hoc
de compétences et
de ressources
complémentaires
- Partage des
ressources et du
temps consacrés à
ce travail
Consultation des
organismes de
formation impliqués
(dont l’université et la
recherche sur les
aspects scientifiques)
237
Priorité Actions à réaliser
2
2
3
Impulser et animer
un circuit de
concertation
régulière avec les
organismes de
formation et de
financement
Fiche n° 1 – CPNE (suite)
Moyens à mettre en œuvre
Acteurs impliqués
- Sollicitation d’avis techniques et de
propositions d’action des organismes
gestionnaires sur les problématiques
de FPC
- Mise en place d’un outil de diagnostic
en ligne, destiné aux pharmaciens
d’officine, sur le site des organismes
Se doter d’un
financeurs
système interactif
- Analyse régulière des flux de
d’analyse de
compétences (entrées et sorties
besoins quantitatifs
prévisibles)
et qualitatifs
- Mise à jour régulière de l’outil de
(volume et profil)
diagnostic en fonction des évolutions
de compétences
réglementaires ou scientifiques
prévues effet de veille et d’alerte
sur les officinaux
- Repérage des profils concernés
(employés de pharmacie, élèves et
Organiser la mise
étudiants, autres profils) et estimation
en place d’une
des volumes concernés
filière de mise à
niveau pour l’accès - Définition des instances nécessaires
(jurys)
aux études de
- Définition des critères et modalités
préparateur
d’accès.
Conditions de
réussite
- OPCA PL
Développement de la
- FIF PL
technicité des
- Les organismes de formation organismes financeurs
- OPCA PL
- FIF PL
- Observatoire des emplois
- Partenaires sociaux
- Ministère de la santé
- Ministère de l’éducation
nationale
-
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
Double valeur
ajoutée du système :
- Pour le secteur
(connaissance et
anticipation des
thèmes et volumes)
- Pour les officines
(réponse juste et
« juste à temps » à
leurs besoins
Consultation des
organismes de
formation impliqués
238
Fiche de préconisations n° 2
Acteur : pharmaciens du « terrain » (l’officine)
Préconisation pour le secteur
Intérêt pour l’acteur
Objectifs opérationnels pour
l’acteur
Actions à réaliser
Encadrer la mise en
place de la démarche
qualité au sein de
l’officine
Valoriser les activités
de santé publique du
pharmacien
Impulser de nouvelles pratiques professionnelles au sein de l’officine en fonction des
évolutions attendues en termes de santé des français, de maîtrise des dépenses de
santé publique, de dynamisme économique de l’officine
- Anticiper l’adaptation requise par les évolutions réglementaires, économiques et
sanitaires certaines.
- Relancer l’attractivité des emplois officinaux et la fidélisation des personnels.
- Revaloriser l’image et la place de l’officine et faire preuve de proactivité sur les
dossiers qui impliquent les intérêts du secteur et, par contrecoup, de l’officine.
Améliorer les pratiques concrètes de management au sein des officines dans une logique
d’efficacité du travail et de fidélisation des personnels.
Moyens à mettre en œuvre
- Actions de sensibilisation sur les modalités de
rétribution et d’évolution des carrières au sein des
officines (primes collectives et individuelles, parts en
industrie, marges de progression en termes de
responsabilité)
- Identification, valorisation et diffusion de « bonnes
pratiques en Ressources Humaines », en matière de
o recrutement
o possibilités d’évolution de carrière
o contribution/rétribution
o accès à la formation et à la qualification
- Objectivation des pratiques professionnelles (mise en
place de référents partagés (bonne pratique du poste)
- Définition d’objectifs de progrès pour les membres de
l’équipe (formation par exemple) et de carrière (et
suivi des avancées concrètes).
- Mise en place de parcours de carrière (verticaux et/ou
horizontaux selon la taille et les possibilités de
l’officine)
Acteurs impliqués
- Partenaires sociaux
- Groupements
- Pharmaciens
titulaires
- Organismes de
formation
- Pharmaciens
titulaires
- Formalisation de « bonnes pratiques de la démarche
qualité », adaptées à la taille des structures
- Sensibilisation les pharmaciens d’officine par
l’organisation d’un dispositif de communication ciblé
sur l’intérêt de la démarche qualité
- Partenaires sociaux
- Groupements
- Pharmaciens
titulaires
- Ordre
- Académie de la
pharmacie
- Participation à des formations à la démarche qualité
- Organisation en intra d’un accompagnement à la mise
en place d’une démarche qualité
- Pharmaciens
- Équipe officinale
- Témoignages de professionnels sur la contribution
pharmaco-économique de l’officine (en vue de
l’évaluation par les pouvoirs publics et par la
branche)
- Communication à l’intérieur de l’officine à l’intention
des patients et clients sur l’investissement de
l’officine dans le parcours de soin, la veille sanitaire,
etc.
- Mise en place d’enquêtes d’opinion
- Campagne de communication publique sur l’expertise
du pharmacien
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
Conditions de
réussite
- Groupements
- Pharmaciens
- Équipe officinale
Consultation du
personnel sur ses
attentes et prise en
compte des résultats
de la consultation
Privilège accordé à
l’encadrement des
processus qualité, en
évitant la
formalisation
excessive de
procédures
Portage partenarial
et mutualisation des
ressources
- Secteur (CPNE,
Ordre)
239
FICHES DESTINEES AUX POUVOIRS PUBLICS
Fiche de préconisations n° 3
Acteur : Ministère de la santé
Préconisation pour le
secteur
Intérêt pour l’acteur
Objectifs opérationnels
pour l’acteur
Formaliser davantage l’exercice officinal et son encadrement au regard des réalités du terrain
- Clarifier et valoriser l’acte pharmaceutique
- Mieux répondre aux exigences de santé publique
- Anticiper les aménagements du code de santé publique par rapport aux pratiques actuelles et à
venir, notamment dans la perspective d’ajustements des pratiques européennes
- Prendre la mesure des évolutions des métiers d’officine
- Délimiter les champs d’activité et de responsabilité du pharmacien et du préparateur
- Travailler à un meilleur ajustement entre la réglementation et le contenu des pratiques
Priorité
Actions à
réaliser
Moyens à mettre en œuvre
1
Identifier
précisément les
domaines
d’activités du
pharmacien et
du préparateur
- Utilisation comme base de réflexion des
référentiels d’activités professionnelles
validés par la branche :
o Celui de l’officine (référentiel actuel
d’activités de l’officine, indépendant
des profils qui exercent ces activités)
o Les référentiels cibles du pharmacien
et du préparateur)
- Branche
professionnelle
2
Identifier les
principaux
domaines de
compétences
- Utilisation des référentiels de
compétences comme supports de
réflexion
- Branche
professionnelle,
- Organismes de
formation initiale
2
Traduire dans
les textes
l’élargissement
des activités du
pharmacien et
du préparateur
1
Revoir les
critères
d’embauche
d’un assistant
par tranche de
CA
2
Rendre les
procédures de
contrôle plus
systématiques et
plus réalistes
- Précision réglementaire de la notion de
contrôle effectif
- Traduction dans le Code de Santé
Publique des dispositions concernant :
o le suivi thérapeutique des patients
chroniques
o le renouvellement de traitement
simple, le rôle de prescripteur
complémentaire du pharmacien
o la veille sanitaire, le dépistage
- Adaptation des critères dans le but de
favoriser une meilleure prise en compte
de l’activité de l’officine, intégrant
notamment la structure du chiffre
d’affaires (poids de la parapharmacie) et
les horaires d’ouvertures
- Augmentation de la fréquence des
contrôles (moyens humains et
organisationnels)
- Élargissement du champ des missions des
inspecteurs : inclure une dimension
conseil lors de l’inspection sur des
thématiques telles que la qualité
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
Acteurs impliqués
- Branche
professionnelle
- Gouvernement
et/ou Parlement
Conditions de réussite
Prendre en compte les
conditions concrètes
d’exercice
Délimiter clairement et
durablement les activités et
responsabilités de chacun
- Syndicats
d’employeurs
- Ordre des
pharmaciens
- Experts processus
qualité
- Organismes de
formation
spécialisés dans les
démarches qualité
- Former les inspecteurs
sur leurs nouvelles
compétences (la
qualité…)
- Informer efficacement
les professionnels sur
les nouvelles
compétences des
inspecteurs
240
Fiche n° 3 – Ministère de la santé (suite)
Actions à
réaliser
Moyens à mettre en œuvre
1
Faire évoluer le
maillage
territorial
- Mise en œuvre d’actions pilote sur des
zones spécifiques :
o Zones rurales : garantir l’accès du
public au service pharmaceutique
o Zones urbaines : résorber la surdensité
officinale notamment par le jeu des
regroupements
- Construction d’un schéma de couverture
nationale pondéré en jouant d’une part, sur
le quota de population et la surface
géographique, et d’autre part, sur les
possibilités offertes par les statuts
d’exploitation.
- Syndicats
d’employeurs
- Ordre des
pharmaciens
- Représentants des
usagers
3
Concernant la
formation du
préparateur,
envisager les
modalités de
mise en œuvre
de passerelles
- Exploitation des données portant sur les
parcours et les besoins des étudiants
- Exploration des rapprochements possibles
avec d’autres univers professionnels
- Réflexion autour des possibilités de mise en
œuvre d’un système de qualification
complémentaire
Ministère de
l’éducation nationale,
de l’enseignement
supérieur et de la
recherche, CPNE,
acteurs de la formation
initiale et continue des
préparateurs
Priorité
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
Acteurs impliqués
Conditions de
réussite
- Implication des élus
(Assemblée des
Maires de France,
Assemblée des
départements de
France)
241
Fiche de préconisations n° 4
Acteur : Caisse Nationale d’Assurance Maladie
Préconisation pour le
secteur
Intérêt pour l’acteur
Objectifs opérationnels
pour l’acteur
Priorité
1
1
1
1
2
2
3
1
Assurer la viabilité économique des officines dans le respect des exigences de sécurité
sanitaire et avec l’objectif de maîtriser les dépenses de santé assumées par la collectivité
nationale.
- Garantir une prise en charge du patient plus globale tout en assurant l’efficience du système de
santé
- Impliquer le pharmacien dans le parcours de soins
- Évaluer les contributions et les coûts des actes pharmaceutiques au sein de l’économie sanitaire
de manière à identifier les gisements d’économies potentielles
Actions à réaliser
Moyens à mettre en œuvre
Acteurs impliqués
Conditions de
réussite
Mesurer les effets de la
coopération médecin
pharmacien
Évaluer les sources
d’économies offertes par la
prévention (études médico
économiques)
Mesurer les économies
potentiellement réalisables
par la prescription
pharmaceutique sur le petit
risque
Évaluer le risque iatrogène
et la structure de son coût
(iatrogénie hospitalière et
officinale)
- Mise en œuvre d’études pilotes
- Définition de critères quantitatifs et
qualitatifs assortis d’indicateurs
- Analyse de la fiabilité, de la
pertinence des indicateurs retenus
ainsi que de leur coût d’extraction,
de traitement et de suivi
- Au vu des résultats obtenus,
production des recommandations
- Professions de santé
- Experts études
économiques (internes
et prestataires
indépendants)
- Rigueur du
protocole
d’étude
- Appropriation
des finalités
pour la
collectivité par
les
professionnels
de santé
- Prise en compte
des intérêts
respectifs de ces
professionnels.
Définir le niveau
d’intervention souhaitable
du pharmacien dans la
gestion du DMP
- Exploitation des résultats obtenus
dans le cadre des « expériences
pilotes » en cours
- Négociation avec l’ensemble des
partenaires
le Ministère de la santé, la
CPNE, l’Ordre des
pharmaciens, les
associations d’usagers, les
représentants des autres
professions de santé.
Volonté politique
assortie de
l’implication des
acteurs
Mobiliser la formation
professionnelle continue
comme un outil possible de
régulation des déficits
- Identification des besoins de
formation en se basant sur des
études et sur l’avis des partenaires
(CPNE, université, recherche,
organismes de formation …)
- Hiérarchisation des priorités en
fonction des économies réalisables
- Choix des modalités de mise en
œuvre (caractère obligatoire ou non
de la formation)
- Évaluation des effets et l’impact
des formations au regard des
pratiques
La commission nationale
paritaire de branche, les
acteurs de la formation
professionnelle continue
des pharmaciens et des
préparateurs
Veiller à délimiter
clairement les
conditions de sa
participation
- Exploitation des résultats obtenus
lors des enquêtes pilotes
- Analyse comparative des pratiques
au niveau européen et international
(Allemagne, Canada, Suède,
Suisse…)
Le Ministère de la santé,
les mutuelles et
complémentaires santé ,
la CPNE
- Participation à une définition
commune des médicaments
génériques
GPUE, interlocuteurs
institutionnels
internationaux
Envisager de nouvelles
politiques de
remboursement et donc de
rétribution : rémunération
forfaitaire, système
d’honoraires pharmacien
combiné, partenariats avec
les assurances
complémentaires
Accompagner les projets
d’harmonisation
européenne
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
242
Fiche de préconisations n° 5
Acteur : Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la
Recherche
Préconisation pour le secteur
Intérêt pour l’acteur
Objectifs opérationnels pour
l’acteur
Priorité
Actions à réaliser
1
Se doter d’instruments
de suivi statistique
2
Construire un processus
d’harmonisation du
déroulement des études
entre les facultés
1
Améliorer
l’aménagement et le
dimensionnement des
cursus
3
Envisager les modalités
de mise en œuvre de
passerelles au cours de
la formation initiale des
pharmaciens
Se doter d’une fonction pilote en vue de construire et de conduire une politique de
formation initiale cohérente et réaliste
- Se donner une meilleure visibilité et une marge de manœuvre plus autonome sur les
pratiques de formation initiale
- Superviser un appareil de formation initiale plus souple, plus homogène et ajusté aux
besoins actuels et prévisibles de la profession de pharmacien
- Accompagner et intégrer la réforme du LMD au sein du cursus de pharmacien
- Favoriser la diversification des perspectives d’évolution professionnelle dès la FI
Moyens à mettre en œuvre
- Identification des priorités
d’investigation (effectifs nationaux
selon les options, ressentis des
étudiants, insertion professionnelle,
perspectives d’évolution, organisation
du cursus au sein des facultés…)
- Définition des modalités de recueil et
de traitement des données en fonction
des coûts d’extraction
- Exploitation des données propres à
chaque faculté
- Interrogation sur l’objectif commun
d’évolution à poursuivre
- Mise en œuvre de cet objectif en
partenariat avec les facultés
- Amélioration de l’opérationnalité des
enseignements gestionnaires et
managériaux
- Rééquilibrage des enseignements par
une meilleure répartition des contenus
sur l’ensemble du cursus
- Sensibilisation des étudiants à la
démarche qualité
- Introduction de la modularisation des
programmes en passant d’une logique
de discipline à une logique de
compétence
Acteurs
impliqués
Conditions de réussite
Les doyens, les
responsables
pédagogiques et
les représentants
des étudiants
Implication des
responsables
pédagogiques et des
étudiants
Les doyens et les
responsables
pédagogiques
Implication des
responsables
pédagogiques
Les doyens et les
responsables
pédagogiques
Prise en compte de la
répartition réelle des
activités au sein de
l’officine
Les organismes de Prise en compte du
formation
recentrage sur les cœurs
de métiers (management,
continue
pharmacie, médicament)
en fonction des niveaux
Les partenaires
sociaux
de responsabilité
réellement requis
Les doyens et les
- Exploitation des données portant sur les responsables
parcours et les besoins des étudiants
pédagogiques
- Réflexion sur les possibilités de
rapprochement possibles avec d’autres Universités :
filières (médecine, droit de la santé…) cursus connexes
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
243
Fiche de préconisations n° 6
Acteur : Délégation Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle
Préconisations pour le
secteur
Intérêt pour l’acteur
Objectifs opérationnels pour
l’acteur
Priorité
1
2
3
Actions à réaliser
Élaborer un tableau
de bord simple
permettant de
suivre les
évolutions
emploi/formation
dans le secteur de
la pharmacie
d’officine
Analyser les
données
statistiques et
qualitatives sur
l’évolution des
emplois de
l’officine
Impulser des
réflexions sur les
passerelles entre
les emplois de
l’officine et ceux
des secteurs
connexes
- Anticiper les besoins du secteur en termes de profils et de volumes d’emploi et mettre en
place les moyens adaptés de développement des compétences et des qualifications.
- Rapprocher le cadre réglementaire de l’exercice officinal
- Rapprocher la formation initiale et continue des différents métiers de l’officine (santé et
non santé) des besoins et des possibilités de mise en application concrète sur le terrain.
- Apprécier durablement le dynamisme économique du secteur, les perspectives offertes en
matière d’emploi et de qualification, les risques d’inadéquation entre l’offre et la demande
d’emplois dans l’officine.
- S’assurer de l’évolution parallèle des emplois de l’officine et des qualifications requises
- Évaluer les suites données aux préconisations du CEP, pour lesquelles des fonds du
Ministère de l’emploi ont été engagés.
- Organiser une concertation entre les ministères chargés de la réglementation et de la mise en
place des diplômes de formation initiale.
- Organiser une réflexion avec les mêmes ministères sur les parcours professionnels possibles
au sein de l’officine et de la pharmacie au sens plus large afin de faciliter la mise en place de
la formation tout au long de la vie (VAE, passerelles, certifications complémentaires…).
Moyens à mettre en œuvre
- Réflexion CPNE/ DGEFP pour la
définition :
o Des finalités du suivi et donc
du calibrage du tableau de
bord
o des critères (type d’emploi,
volume, qualification…)
o indicateurs (intitulé de poste,
niveau de qualification,
nombre/emploi, taux
d’entrées, de sorties…)
o des moyens de captage
(Ordre, recensement de la
population, OPCA,
groupements…)
- Organisation du suivi (pilotage,
échéances, système de
restitution….)
Acteurs impliqués
-
- Recueil et traitement des
données produites
- Identification des secteurs
d’activité avec lesquels la
mobilité est possible
- Identification des acteurs en
capacité de suivre les parcours
professionnels des salariés de
l’officine
-
-
Conditions de réussite
Mutualisation des objectifs et
des moyens afin qu’un même
tableau de bord puisse :
- servir plusieurs finalités
(selon les missions des
CPNE
acteurs qui l’utilisent)
Organismes
- et renseigner l’ensemble des
identifiés pour le
acteurs intéressés qui
captage
contribuent au recueil et à
d’indicateurs, dont le
l’analyse des données.
Cereq, en charge des
portraits statistiques Rôle de régulateur externe de
de branche
la DGEFP, permettant de
s’assurer que l’ensemble des
emplois de l’officine est
observé et que le lien entre
activités professionnelles et
système de qualification est
tangible.
Instances officielles
produisant des
Neutralité de l’analyse (à
données sur l’emploi
l’égard du secteur officinal
dans le secteur
d’une part, des politiques
(Cereq ,INSEE,
engagées d’autre part)
DREES, Ordre,
Observatoire…)
CPNE
Observatoires des
branches impliquées
(industrie
pharmaceutique,
secteur hospitalier,
agro alimentaire,…)
Organismes de
formation initiale et
continue
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
244
FICHES DESTINEES AUX ACTEURS DE LA FORMATION
Fiche de préconisations n° 7
Acteur : organismes de formation initiale - Universités
Préconisation pour le
secteur
Intérêt pour l’acteur
Objectifs opérationnels
pour l’acteur
Actions à réaliser
Multiplier les échanges
entre acteurs universitaires
et professionnels de terrain
Organiser l’encadrement des
stages en amont de leur
déroulement
Diversifier les modalités
pédagogiques
Proposer une formation initiale mieux reliée au terrain de l’officine tel qu’il se dessine
- Renforcer l’adéquation de la formation aux besoins de la profession
- Anticiper les évolutions du métier et des conditions d’exercice du pharmacien du point de vue
du terrain
- Intégrer les besoins actuels et futurs de la profession en ajustant les contenus de la formation et
les modalités pédagogiques des cursus de formation (pratiques de réseaux avec les autres
professionnels de santé, relation au patient, éducation thérapeutique, contribution pharmacoéconomique, démarche qualité…)
- Favoriser l’articulation des savoirs théoriques et des savoirs de terrain
- Faciliter l’organisation de passerelles, la mobilité et l’orientation des apprenants au sein du
cursus de formation
Moyens à mettre en œuvre
- Recours à des enseignants issus du terrain
- Organisation de rencontres entre les universitaires et les
professionnels
- Définition de critères de sélection et d’évaluation des officines
formatrices
- Formalisation de cahiers de charges des stages en officine et à
l’hôpital (objectifs, contenus, déroulement, évaluation)
- Développement de compétences tutorales des maîtres de stages
- Mise en place d’un couple référent de stage (université/officine)
- Nécessité de contreparties attractives et contractuelles pour le
pharmacien accueillant le stagiaire (mais non pénalisantes pour la
qualité des apprentissages en situation professionnelle)
- Développement des études de cas, des mises en situations (exemple
type : les officines test)
- Multiplication des sites de stages
Identifier, valoriser et
mutualiser les bonnes
pratiques pédagogiques
- Organisation de rencontres d’échanges thématiques
- Diffusion d’informations
Organiser la modularisation
du cursus
- Réorganisation des enseignements en unités de sens cohérentes et
autonomes adossées aux référentiels d’activité et de compétences
établis
- Développement des compétences de médiation pédagogique
(évaluation de compétences et orientation au sein des parcours)
- Diversification des publics et ouverture de modules ou sous-modules,
en formation continue, aux préparateurs, à d’autres professions de
santé, à d’autres employés de l’officine, en fonction de la finalité de
ces modules et en définissant des pré-requis précis.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
Acteurs impliqués
- Doyens
- Équipe pédagogique
universitaire
- Partenaires sociaux
locaux
- Équipe hospitalière
(médecins,
pharmaciens)
- Équipe pédagogique
universitaire
- Étudiants
- Pharmaciens
maîtres de stages
- Doyens
- Équipe pédagogique
universitaire
- Conférence des
Doyens /Doyens
- Responsables de
formation
universitaire
- Ministère de
l’Education
- Conférence des
doyens / Doyens
- Commission
nationale
pédagogique
- Responsables de
formation
universitaires
245
Fiche de préconisations n° 8
Acteur : organismes de formation initiale des préparateurs en officine
Préconisation pour
Proposer une formation initiale mieux reliée au terrain de l’officine tel qu’il se dessine
le secteur
Intérêt pour
- Renforcer l’adéquation de la formation aux besoins de la profession
l’acteur
- Anticiper les évolutions du métier et des conditions d’exercice du préparateur du point de vue du terrain
- Intégrer les besoins actuels et futurs du métier en ajustant les contenus de la formation et les modalités
Objectifs
pédagogiques des cursus de formation
opérationnels pour - Favoriser l’articulation des savoirs théoriques et des savoirs de terrain
l’acteur
- Faciliter l’organisation de passerelles, la mobilité et l’orientation des apprenants au sein du cursus de
formation
Actions à réaliser
Renforcer
l’encadrement de
l’alternance
Moyens à mettre en œuvre
- Définition de critères de sélection et
d’évaluation des officines formatrices
- Formalisation de cahiers de charges
des stages en officine (objectifs,
contenus, déroulement, évaluation)
- Développement de compétences
tutorales des maîtres de stages
- Mise en place d’un couple référent de
stage (centre /officine)
Acteurs impliqués
Conditions de réussite
- Équipe
pédagogique des
centres de
formation
- Étudiants
- Tuteurs
Révision préalable des objectifs
d’acquisition des compétences
assignés à l’apprentissage sur le terrain
et de son articulation avec la formation
Diversifier les
modalités
pédagogiques
- Développement des études de cas, des
mises en situations
- Multiplication des sites de stages
- Équipe
pédagogique des
centres de
formation
- Étudiants
- Tuteurs
Organiser la
modularisation du
cursus
- Réorganisation des enseignements en
unités de sens cohérentes et autonomes
adossées aux référentiels d’activité et
de compétences établis
- Développement des compétences de
médiation des équipes pédagogiques
(évaluation du niveau, orientation..)
- Ministère de la
Santé
- CPNE
- Centre de
formation des
préparateurs
Valoriser le suivi
professionnel des
diplômés
- Organisation d’enquêtes d’insertion
professionnelle auprès des apprenants,
notamment des apprentis
- Organismes
d’évaluation
publics et privés
- CPNE
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
Réingénierie articulée aux référentiels
d’activité et de compétences fixés par
la branche
246
Fiche de préconisations n° 9
Acteur : Organismes de formation continue 1/2
Préconisation pour le
secteur
Intérêt pour l’acteur
Objectifs opérationnels
pour l’acteur
Priorité
Actions à réaliser
1
Développer des
approches
personnalisées de
développement de
compétences
3
Ajuster l’offre de
formation aux
conditions de
formation « tout au
long de la vie »
2
Renforcer la
sensibilisation des
personnels
d’officine à l’accès
à la formation
continue
2
Organiser une
veille sur
l’évolution des
besoins de
compétences et des
attentes des
bénéficiaires
Proposer une formation continue mieux reliée au terrain de l’officine tel qu’il se dessine
- Renforcer l’adéquation de l’offre aux besoins et contraintes spécifiques des personnels
officinaux
- Accroître sa réactivité dans un contexte d’évolution de la demande de formation et de
concurrence accrue
- Ajuster l’offre de formation aux besoins prévisibles de compétences
- Conforter l’appropriation de nouvelles pratiques professionnelles
- Anticiper les implications des évolutions réglementaires et économiques et sociales du secteur
dans l’offre de formation
- Faciliter l’accès et la consommation de formation permanente de tous les personnels d’officine
Moyens à mettre en œuvre
Acteurs
associés
- Proposition d’actions de coaching en
management
- Actions de formation en intra, in situ et à OPCA
CPNE
distance
- Mise en place de formations action
(notamment sur la qualité)
- Organisation de parcours de formation
modularisés, progressifs
(initiation/perfectionnement) et
cumulables
- Développement des méthodes et des
outils de suivi pédagogique (tutorat à
distance, par exemple)
- Organisation d’un dispositif de
communication auprès des personnels
d’officine :
- Organismes
o informations ciblées sur
financeurs
l’organisation de plans de formation,
- CPNE
du DIF et de la VAE)
- Organismes
o diffusion des offres de formation par
de formation
la presse
- Élaboration d’outils et de supports
lisibles
- Animation d’espaces d’information
souples et nourris par les organismes de
formation
- Diffusion et analyse des évaluations des
formations
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
- Organismes
financeurs
- CPNE
- Organismes
de formation
- Universités
Conditions de réussite
Adapter la procédure de contrôle
de formation des organismes
financeurs aux modalités à
distance
- Développer les compétences
en ingénierie de formation des
organismes de formation
- Organiser une concertation
avec l’organisme financeur sur
la prise en charge du suivi
pédagogique.
Organiser le dispositif en
concertation avec les organismes
financeurs et la CPNE
Mettre en place des relais
permanents d’informations et
d’échanges entre la CPNE, les
organismes financeurs et les
organismes de formation
247
Fiche n° 9 (suite) organismes de formation continue - 2/2
Priorité
1
3
Actions à réaliser
Moyens à mettre en œuvre
Promouvoir des approches
« réseau » et globales des
pratiques officinales
- Organisation de formations pour des
publics mixtes (officinaux, inter
entreprises et interprofessionnels) dans le
domaine de la santé publique
- Mise en place de groupes d’échanges et
de pratiques officinales (partages
d’expériences et études de cas pratiques)
- Intégrer des apports sur les savoir-faire et
les savoir être dans les formations
(démarche psychologique et relationnelle,
approche personnalisée du patient/client)
Proposer des adaptations
dans la prise en charge des
formations
- Organisation de groupes de concertation
portant sur :
o Les conditions de prise en charge
des formations non liées au
médicament (gestion commerciale,
gestion des conflits, management,
formation de formateurs…)
o les procédures de prise en charge.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
Acteurs associés
Conditions de
réussite
Organiser des
regroupements
pédagogiques de
professionnels à un
niveau
géographique
(régional,
national)qui évite
les risques de
défiance mutuelle
liée à la
concurrence de
proximité
immédiate
- CPNE
- Organismes
financeurs
248
Annexes
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
249
ANNEXE 1 : LES ACTEURS DU CEP
ANNEXE 1 A : LES MEMBRES DU COMITE DE PILOTAGE
Collège Etat
Danielle BLANCHARD, Ministère de la Santé, DGS
Rolande DESGRIS, Ministère de la Santé, DHOS
Martine GOUTTE, Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité, Délégation Générale à
l’Emploi et à la Formation Professionnelle (DGEFP), Chargée de mission, présidente du comité
de pilotage
Paul RENAUD, Ministère des finances, DECAS
Florence de SAINT MARTIN, Ministère de la Santé, DHOS
Organisme Paritaire Collecteur Agrée des Profession Libérales (OPCA-PL)
Roger HALEGOUET, trésorier
Syndicats salariés
Jean-Marie FONTENEAU, CGT Industries Chimiques
Michel LE DIREACH, CFDT Santé-sociaux
Patrick LE METAYER, FO Pharmacie
Michel PARINET, CFTC Santé-sociaux
Bernard PAUL-MARTIN, CFE-CGC Chimie
Syndicats employeurs
Philippe GAERTNER, Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF),
Représentant de l’UTIP (Union Technique Inter Pharmaceutique de Formation Continue)
Patrick GIRAUDEAU, Jean-Claude BANIOL, Fédération des Syndicats Pharmaceutiques
Français (FSPF),
Pierre HARMEL, Martine CHEZE, UNPF Union Nationale des Pharmaciens de France
(UNPF)
Commission Paritaire Nationale pour l’Emploi (CPNE)
François AUGRAS, secrétaire général
Roger HALEGOUET, président
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
250
ANNEXE 1 B : L’EQUIPE D’INTERFACE
Chef de projet
Joëlle DELAIR
Équipe projet
Brice BILLET
Laurence DARCHEN
Maroussia KRAWEC
Jean-Marie PICHAVANT
dont ethnologues
Anne BOTH
Nicolas JAUJOU
Mailys LABOUDIGUE
Nathalie PETESCH
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
251
ANNEXE 1 C : LES PERSONNES SOLLICITES LORS DES CAMPAGNES D’ENTRETIENS, LES
GROUPES EXPERTS OU LES ATELIERS
Témoignages recueillis en entretiens
Acteurs de la formation initiale - Éducation nationale, enseignement supérieur
Mme BABIN : Ministère de l’éducation nationale - DESCO A6 (Bureau de la réglementation
des diplômes professionnels)
Mme Dany BEDIER, responsable administrative à la faculté de pharmacie de Chatenay Malabry
(sur les choix de DU et les orientations en filières)
M. Michel BRAZIER : Doyen de la faculté de pharmacie d’Amiens – Président de la
Conférence des Doyens.
Mme CATONI : Ministère de l’éducation nationale - DESCO A6 (Bureau de la réglementation
des diplômes professionnels)
Mme Sylvette HUICHARD, Doyen de l’Université de Bourgogne
M. Charles JOBERT : Ministère de l’Éducation nationale – DES A 12 – (Bureau des formations
de santé)
M. Guy LEYRAL : Inspecteur général de l’Éducation nationale
Acteurs de la formation continue
M. Thierry BARTHELME, secrétaire général de l’UTIP
M. Luc BESANÇON, Direction des Affaires Professionnelles à l’Ordre National des
Pharmaciens (sur la formation continue en Europe)
Mme Béatrice BURY, Directeur Administratif et Financier IFMO (sur l’offre)
M. Thierry DINE, responsable du département de formation continue de la faculté de pharmacie
de l’université de Lille.
Mme Hélène Van Den BRINK, maître de conférences à l’université de Paris XI en charge de la
coordination des stages.
Entretiens auprès d’étudiants en pharmacie
Toulouse (3 personnes) 5A - 6A – 6A
Strasbourg (2 personnes) 4A – 5 A
Paris observatoire (4 personnes) 1A – 2A – 3A – 3A
Chatenay Malabry (2 personnes) 4A, 54
Entretiens auprès d’élèves préparateurs
CFA Dijon (4 personnes) deux en BP 1, deux en BP 2
CFA Planchat (2 personnes) BP 2
CFA Montpellier (1 personne) jeune diplômée
Représentants de l’État
Fabienne BARTOLI, Ministère de la Santé, Cabinet du Ministre
Danielle BLANCHARD, DGS
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
252
Rolande DESGRIS, DHOS
Martine GOUTTE, Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité, Délégation Générale à
l’Emploi et à la Formation Professionnelle (DGEFP), Chargée de mission,
Paul RENAUD, Ministère des finances DECAS
Florence de SAINT MARTIN, DHOS
Représentants de la CNAM
Claire MARTRAY, CNAMTS, Division du médicament
Sophie PEPIN, CNAMTS, Pharmacien Conseil
Michèle RICATTE, CNAMTS, Pharmacien Conseil
Représentants de syndicats d’employeurs
Philippe GAERTNER, Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF),
Représentant de l’UTIP (Union Technique Inter Pharmaceutique de Formation Continue)
Jean-Pierre LAMOTHE, Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF), Relations
sociales & Formation
Pierre LEPORTIER, Président , Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF),
Philippe LIEBERMANN, Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF),
Commission Europe
Jean-Étienne MARTINEAU, Secrétaire Général, Fédération des Syndicats Pharmaceutiques
Français (FSPF),
Jean-Marc YZERMAN, Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF), Economie
de l’officine
Pierre HARMEL, Union Nationale des Pharmaciens de France (UNPF)
Claude JAPHET, Union Nationale des Pharmaciens de France (UNPF), Président
Yves TROUILLET, Association des Pharmacie Rurales, Président.
Représentants de syndicats de salariés
Jean-Marie FONTENEAU, CGT Santé sociaux
Michel LE DIREACH, François GENIN, Dominique DROUET, CFDT
Patrick LE METAYER, Gilbert LEBRUMENT, Jacques TESCHER, FO Pharmacie
Bernard PAUL-MARTIN, CGE-CGC
Gilles AULAGNER, Syndicat National des Pharmaciens SNPHPU
Représentants du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens (CNOP)
Isabelle ADENOT, Présidente Section A (Pharmaciens Titulaires)
Jean Luc AUDHOUI, Trésorier
Jérôme PARESYS-BARBIER, Président Section D (Pharmaciens Adjoints)
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
253
Valérie BECQUART, Les Entreprises du Médicament (LEEM)
Gilles BRAULT-SCAILLET, Président Syndicat des Groupements Pharmaciens
Michel DURAFFOURG, Chambre Syndicale de la Répartition Pharmaceutique
Représentant de la Commission Paritaire Nationale pour l’Emploi (CPNE)
François AUGRAS, secrétaire général
Représentants de l’Organisme Paritaire Collecteur Agrée des Profession Libérales (OPCAPL)
Catherine BISSEY, Division Etudes
Roger HALEGOUET, trésorier
Représentant du Fonds Interprofessionnel de Formation des Professions Libérales (FIFPL)
Philippe LALOUM, Directeur
Groupe « experts »
Valérie BECQUART, Les Entreprises du Médicament (LEEM), Direction des Affaires
Economiques
Mireille BONNEAU, Consultante, Intervenante Master Management Faculté Orsay
Ana DIMITRIJEVIC, jeune préparatrice
Patrick FALLET, Professeur, Département droit & économie de la santé Faculté d’Orsay
Jean LAMARCHE, Pharmacien d’Officine, Conseil National de l’ordre des Pharmaciens
Christophe MAGNOUX , jeune préparateur
Sophie PEPIN, Pharmacien Conseil CNAMTS
Michèle RICATTE, Pharmacien Conseil, CNAMTS
Pierre SADO, Pharmacien hospitalier, professeur au CHU Guillaume Régnier (Rennes)
Jean Marc YZERMAN, Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF), Economie
de l’officine
Deux étudiantes en cycle d’étude pharmacie
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
254
Ateliers
Participants à l’atelier du 14 novembre 2005, portant sur l’emploi et la gestion des
ressources humaines dans le secteur de la pharmacie d’officines
M. Jean-Luc AUDHOUI : Trésorier de l’ordre des pharmaciens / membre du Conseil National
de l’Ordre / Observatoire des professions de santé
Mme Christine BARLA : Présidente SNPGH
M. Gilles BRAULT-SCAILLET: ancien Président du collectif des groupements/ Groupe
Pharmavie
M. Claude JAPHET : Président de l’UNPF. Pharmacien
Mme Caroline LAFOIX : DGS Ministère de la Santé / Bureau des formations .
M. Jean-Étienne MARTINEAU : Secrétaire général FSP- Chargé des commissions des affaires
sociales
Participants à l’atelier du 16 novembre 2005, portant sur la formation initiale et continue
des préparateurs et des autres employés de l’officine
Mme Mathilde BOURET, préparatrice - CFA Dijon
M. Pierre Yves BUREL, P.Y. BUREL Consultant
Mme Christine CAMINADE, UNOF
Mme Christine CHARTON, CFPP Planchat
Mme Ghislaine CONTARIN, CARLA Ecole
M. Philippe DENRY, Centre de cours - Nancy
Mme Danièle EBERLIN, CFA du Lycée JF-Oberlin
M. Jean-Marc GAGNAIRE, ADFPP de Clermont Ferrand
Mme Michèle GALLON, FORM UTIP
M. Camille HYBOIS, CFA de Lorient
M. Olivier KIRSCH, CRFPP Dijon
Mme Caroline MAZET, CFA de Brive-la-Gaillarde
Mme Christine MEYER, OCP Formation
Mme Anne-Laure THOMAS, étudiante BP2 - CFA Planchat
Participants à l’atelier du 22 novembre 2005, portant sur la formation initiale et continue
des pharmaciens
M. Pierre-Yves BUREL : Burel Consultants
M. Jean-Luc BURY : Initiative française du marketing officinal
M. Philippe COURRIERE : ancien doyen de l’Université de Toulouse
M. Patrick FALLET : Université Chatenay Malabry
Mme Michèle GALLON : Form Utip
M. Jean-Marie GAZENGEL : Université de Caen, Département Formation continue
Mme Sylvette HUICHARD : Doyen de l’université Bourgogne
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
255
M. Jean LAGOUTTE : Carla Université
Mme Christine MEYER : OCP Formation
M. Claude VIGNERON : Haut comité pharmaceutique de la formation continue / Commission
nationale des études pédagogiques
Autres personnes ressources
Forum Économie Santé, organisé par les Échos, avec les interventions notamment de :
⋅
⋅
⋅
⋅
⋅
⋅
⋅
⋅
⋅
⋅
⋅
Mme Anne ANDRÉ, Directeur général, Aon Assurances de Personnes
⋅
⋅
⋅
M. Howard OXLEY, Économiste principal de la Santé, OCDE
⋅
⋅
⋅
⋅
⋅
M. Gérard ARCÉGA, Directeur, CPAM d’Avignon
M. Didier BAZZOCCHI, Directeur général, Mutuelle Générale
Pr Jean-François BERGMANN, Vice-président de la Commission d’AMM
Mme Marianne BINST, Directrice générale, Santéclair
Mme Nathalie DROUILLET-BURBAN, Directeur achat Trading, OCP
Mme Corinne JÉGO, Manager des ressources humaines, Hillrom
M. Gilles JOHANET, Directeur des activités santé et collectives, Groupe AGF
M. Christian LAJOUX, Président-directeur général, Sanofi-aventis France
M. Jean-Marie LEVAUX, Directeur général, Groupe Ionis
M. Thierry MOREAU-DEFARGES, Vice-président affaires pharmaceutiques et
économiques,
Mme Danielle PAOLI, Présidente de la commission exercice professionnel, FSPF
Dr Jean-François REY, Président, Union syndicale des Médecins spécialistes
(CSMF)
M. Gérard ROPERT, Directeur général, CPAM de Lyon
Mme Rolande RUELLAN, Conseiller Maître, Cour des Comptes
M. Frédéric VAN ROEKEGHEM, Directeur, UNCAM, Directeur, CNAMTS
Mme Susanne WEBER–MOSDORF, Directeur général en charge des affaires
internationales et européennes, Ministère fédéral de la Santé et de la Sécurité
Sociale, Allemagne
Pr Marie-Christine WORONOFF-LEMSI, Pharmacienne, CHU de Besançon
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
256
Annexe 2
ANNEXE 2 : LES SOURCES DOCUMENTAIRES
SOURCES DOCUMENTAIRES DIAGNOSTIC
Textes officiels :
-
-
Article 65 de la loi n°99-641 du 27.07.99 relative à la CMU, modifié par l’article 18 de la loi
de modernisation sociale n°2002-73 du 17.01.02, portant sur la répartition géographique des
officines et le nouveau régime juridique des créations, transferts et regroupement d’officines.
Loi n°2002-303 relative au droit des malades et à la qualité du système de santé
Arrêté du 17.07.87 modifié fixant le régime des études en vue du diplôme d’Etat de docteur
en pharmacie avec en annexe le programme de la formation commune de base.
Textes relatifs au numerus clausus : arrêtés du 05.12.02, du 27.03.02 et du 17.12.01
Art. 42-41 et suivants du CSP, fixant les conditions de délivrance du BP de préparateur en
pharmacie
Convention collective de la Pharmacie d’officine du 3 décembre 1997
Statistiques publiques
-
CEREQ Portait Statistique de Branche, Commerce de Produits pharmaceutiques
INSEE : Enquête sur le revenu des pharmaciens, avril 2004
UNEDIC, Taille des établissements
Rapports administratifs, Enquêtes publiques
-
Rapport du Haut Conseil sur l’avenir de l’assurance maladie
CREDOC : Enquête réalisée à la demande de l’INC et de la CNAMTS août 2003
Sondage SOFRES juillet 2003 sur l’opinion du système de soins public
DREES / Etudes & Résultats : Santé, Famille, Protection sociale, exclusions Les opinions
des Français de 2000 à 2002
DRESS, Etudes et Résultats N°105 : La consommation des médicaments non prescrits, mars
2001
Données de la profession
Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens (CNOP)
-
Données section A, section D, répartition géographique des officines, statuts
Démographie pharmaceutique française, Etude prospective, 2000
François PUISEUX, Activités et responsabilités du pharmacien, Enquête de l’Académie
Nationale de Pharmacie, CNOP 2000
Emmanuelle Alexandre, Marie Danièle Campion, Daniel Vion, Régulation de la dépense
pharmaceutique dans l’union européenne, CNOP, Bulletin de l’ordre n°376 Novembre 2002
Stéphane Jacquemet, Agnès Certain, Education thérapeutique du patient Rôle du
pharmacien, CNOP, Bulletin de l’ordre n°367, Juillet 2000
Colette Keller Didier, Pharmacien : un métier au cœur du système de soins, CNOP, Bulletin
de l’ordre n°376, Novembre 2002
Joany Vayssette, Quelques réflexions sur la pharmacie d’officine, CNOP, Bulletin de l’ordre
n°373, décembre 2001
Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français (FSPF)
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
257
-
Enquête économique 2003
Base de données Pharmastat
Union Nationale des Pharmaciens de France (UNPF)
-
Rapport sur l’évolution économique et la situation de l’emploi en pharmacie d’officine
Grille des salaires au 1er janvier 2004
Collaboration C2P, Les entreprises du médicament et DASEFP
Données sur le recrutement des pharmaciens, médecins, ingénieurs et autres
diplômés dans les entreprises du médicament au 31/12/2001, décembre 2003
Commission Paritaire Nationale pour l’Emploi (CPNE)
-
Enquête sur les besoins de formation des salariés d’officine1992-2002, janvier 2003
Taux de demandeurs d’emploi
Effectifs des étudiants en BP préparateur, décembre 2004
Effectifs salariés
-
Pré-Conseil National de la Formation Pharmaceutique Continue
Proposition de mise en œuvre de l’obligation de formation continue des pharmaciens, 2003
Organisme Paritaire Collecteur Agrée des Profession Libérales (OPCA-PL)
-
Statistiques de suivi relatives à la consommation de formation, 2004
Fonds Interprofessionnel de Formation des Professions Libérales (FIF-PL)
-
Statistiques de suivi (en attente)
Données Privées
Groupe de prévoyance Mornay
-
Données sur les effectifs non cadres (2004)
Données sur les effectifs cadres (1999)
AGF
-
Données sur les effectifs cadres et assimilés cadres de 1997 à 2003
IPSOS Santé
-
Enquête auprès des pharmaciens d’officine sur le rôle du pharmacien, février 2004
Eurostaf
-
Les perspectives de l’automédication en France, Juillet 2004
Interfimo (Credit Lyonnais)
-
Statistiques régionales 2003 sur le coût d’achat des officines
Articles de presse
-
L’Express, « Le blues des pharmaciens », 2004
Le Quotidien du pharmacien, « le e-learning : se former sans se déplacer», juillet 2004
Impact pharmacien N°129,17 novembre 2004
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
258
Travaux universitaires
-
Alain Ehrenberg, La fatigue d’être soi, Odile Jacob, 1999
Louis Chauvel, Le destin des Générations, PUF, 1996
SOURCES DOCUMENTAIRES EMPLOIS/FORMATION
-
-
-
Rapport de l’Académie Nationale de Pharmacie « Evolution des pratiques professionnelles
en pharmacie d’officine », Ministère de la santé et des solidarités, Octobre 2005
Le quotidien du médecin - Article du 16 novembre relatant l’entretien avec M. Xavier
BERTRAND, ministre de la Santé, et M. François GOULARD, ministre délégué à
l’Enseignement supérieur et à la Recherche.
Données sur la consommation de formation continue par public et par thème en 2004,
fournies par les organismes financeurs des employeurs (FIF-PL) et des salariés (OPCA-PL)
Référentiel de compétences et programmes de formation du BP préparateur
Programmes de formation initiale en pharmacie (universités de Paris XI, Bourgogne,
Lorraine
Répertoire des centres de formation par apprentissage au BP de préparateur
Répertoire de l’offre des organismes de formation continue agréés par le FIF-PL, 2005, FIFPL
Répertoire des formations du site du CNOP et du Moniteur des pharmacies
Moniteur des pharmacies, Cahier 3 du n°25 59 du 27 novembre 2004 « Enquête sur la
formation continue formation auprès de 529 pharmaciens d’officine et réalisée par Direct
Media »
Données sur les effectifs des élèves préparant le BP préparateur par zone géographique et par
année d’étude en 2004, CPNE
« Enquête sur la formation continue auprès de 529 pharmaciens d’officine et réalisée par
Direct Media », Moniteur des pharmacies, Cahier 3 du n°25 59 du 27 novembre 2004
Sites web consultés recensant l’offre de formation continue pour les pharmaciens et/ou les
préparateurs :
⋅
⋅
⋅
⋅
⋅
l’Ordre des pharmaciens
Moniteur des pharmaciens
Pharmemploi
UTIP
OCP
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
259
GLOSSAIRE
LISTE DES SIGLES UTILISES :
AESGP : ………………………….. Association Européenne des Spécialités Pharmaceutiques
Grand Public
AFSSAPS : ……………………….. Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de
Santé
BP : ……………………………… Brevet Professionnel
CSG :………………………………. Cotisation Sociale Généralisée
CFA : ……………………………… Centre de Formation des Apprentis
CQP : ……………………………….Certificat de Qualification Professionnelle
DCI : ………………………… … Dénomination Commune Internationale (nom de la
molécule)
DRASS : ………………………….. Direction Régionale de l’Action Sanitaire et Sociale
DREES : ………………………….. Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et
des Statistiques (Ministère de la Santé)
DU : ……………………………… Diplôme d’Université
EBE : ……………………………… Excédent Brut d’Exploitation
EPU : ……………………………… Établissement Public Universitaire
EURL : …………………………… Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée
FIF-PL :…………………………….Fonds Interprofessionnel de Formation des Professionnels
Libéraux
FPC : ……………………………… Formation professionnelle continue
GPUE : …………………………… Groupement des Pharmaciens de l’Union Européenne
MDL :………………………………Marge Dégressive Lissée : diminution du pourcentage de
marge par tranches successives au fur et à mesure que le
prix de la spécialité augmente, ceci afin d’éviter un
enrichissement automatique des pharmaciens
ONDAM : …………………………Objectif National des Dépenses d’Assurance Maladie :
niveau de dépense annuel maximum fixé
OPCA-PL : ……………………… Organisme Paritaire Collecteur Agréé des Professions
Libérales
OTC :……………………………… Over The Counter, médicaments en libre accès en officine
PUI : ………………………………..Pharmacie à Usage Intérieur
RMO : …………………………… Références Médicales Opposables : liste de médicaments
jugés non efficients
SA : ……………………………… Société Anonyme
SEL : ……………………………… Société d’Exercice Libéral
SNC : …………………………….. Société en Nom Collectif (plusieurs titulaires groupés sur
une officine)
STM, ATM : ..…………………… Sans Ticket Modérateur, Avec Ticket Modérateur
SMR : ………………………………Service Médical Rendu : efficacité médicamenteuse de la
spécialité
TFR : ……………………………… Tarif Forfaitaire de Responsabilité : s’applique lorsque le
médicament princeps remboursé sur la base du générique le
moins cher, la différence étant acquittée par l’usager
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
260
UTIP : …………………………… Unité Technique Inter-Pharmaceutique
QUELQUES DEFINITIONS CLES :
Dans le domaine de la santé et de l’officine
Acte pharmaceutique : autre nom donné à la dispensation.
Contrôle effectif : selon les dispositions du code de la santé publique, le préparateur assume ses
tâches sous la responsabilité et le contrôle effectif d’un pharmacien titulaire, adjoint, ou
remplaçant ; pour autant, la responsabilité pénale du préparateur demeure engagée (article L
4241-1 du code de la santé publique). Le principe du contrôle effectif — qui a pu donner lieu à
des interprétations approximatives — suppose la présence du pharmacien dans l’espace
officinal, afin que le préparateur et le patient puissent s’ils le souhaitent ou si la situation l’exige
avoir recours à lui. Il ne s’agit en aucun cas d’un contrôle systématique de l’ordonnance. Le
contrôle effectif n’impose pas non plus que le pharmacien présent dans l’espace officinal exerce
à tout moment un contrôle visuel sur ce qui s’y déroule.
Délivrance : fait de remettre un médicament avec les conseils adaptés.
Dispensation : en pharmacie pratique, acte pharmaceutique, au cours duquel le pharmacien
délivre un produit, prescrit ou non, en l’accompagnant d’un contrôle de l’ordonnance ou de la
demande, de la préparation éventuelle des prises et d’informations et conseils nécessaires au bon
usage et au suivi du médicament (définition de l’Ordre des Pharmaciens)
Dossier Médical Personnel : outil de coordination des soins, avec en filigrane deux objectifs :
l'amélioration de la qualité des prises en charge et la maîtrise médicalisée des dépenses. Il sera
donc destiné à accompagner le patient dans un parcours de soins et, par conséquent, à pouvoir
être partagé entre les intervenants.
Marges arrières : La détention du droit de substitution permet au pharmacien de réaliser des
profits soit en se groupant avec d’autres confrères ou bien en s’approvisionnant en génériques
auprès d’un seul et même laboratoire. Ces achats s’opèrent donc en vente directe, c’est-à-dire en
négociant directement auprès des laboratoires et en effectuant des arbitrages commerciaux sur
les volumes de façon à maximiser les profits et à effectuer des achats les plus avantageux
possibles.
Il bénéficie alors d’une remise commerciale sur ses achats, d’où la dénomination de marges
arrières réalisées en amont de la vente. En fait, le droit de substitution a d’une certaine façon
« substitué » le pharmacien au répartiteur et l’a métamorphosé en acheteur de médicaments.
Opinion pharmaceutique : l’opinion pharmaceutique est une démarche qualité comprise
comme « un avis motivé dressé sous l’autorité d’un pharmacien, portant sur la pertinence
pharmaceutique d’une ordonnance, d’un test ou d’une demande du patient, consigné dans
l’officine et impérativement communiqué sur un document normalisé au prescripteur lorsqu’il
l’invite à la révision, ou lorsqu’il justifie le refus ou la modification d’office de sa prescription ».
Concept développé par l’Ordre des Pharmaciens, elle est légalement opposable lorsqu’elle est
communiquée de manière formelle.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
261
Pharmaco vigilance : La pharmacovigilance a pour objet la surveillance du risque d'effets
indésirables résultant de l'utilisation des médicaments et produits à usage humain mentionnés à
l'article L. 511-1, des produits mentionnés à l'article L. 658-11 et des médicaments et produits
contraceptifs mentionnés à l'article 2 du décret 69-104 du 3 février 1969.
Prescription : la prescription est le résultat d’un acte médical personnalisé se traduisant par des
instructions à réaliser sous la responsabilité du prescripteur par le patient, un professionnel de
santé ou un fournisseur de biens ou de services de santé.
Soin pharmaceutique : c’est « l’ensemble des actes et services que le pharmacien doit procurer
à un patient afin d’améliorer sa qualité de vie par l’atteinte d’objectifs pharmaceutiques de nature
préventive, curative ou palliative ». (définition de l’Ordre des Pharmaciens)
Sortie de la réserve hospitalière : également appelée « rétrocession », la sortie de la réserve
hospitalière désigne le fait de transférer vers l’officine des médicaments dispensés au sein de
l’hôpital. Il s’agit généralement de médicaments coûteux et correspondant à des traitements très
spécialisés.
Suivi pharmaceutique : c’est la mise en œuvre de différents processus permettant une
dispensation responsable du traitement médicamenteux jusqu’à l’obtention de résultats tangibles
qui améliorent la qualité de vie du patient. (définition de l’Ordre des Pharmaciens)
Spécialité pharmaceutique : médicament préparé à l’avance par un établissement
pharmaceutique, présenté sous un conditionnement particulier et désigné par une dénomination
spéciale qui peut être soit celle d’une marque, dite aussi dénomination de fantaisie, soit par une
dénomination commune (D.C.I.) assortie du nom du fabricant ou d’un nom de marque.
(définition de l’Ordre des Pharmaciens)
Dans le domaine de la gestion des ressources humaines
Activités professionnelles : c’est un ensemble d'actions et d'opérations dirigées vers un but
déterminé, correspondant à plusieurs tâches à exécuter dans le cadre d'une situation de travail.
Compétences professionnelles : ce sont des acquis d’ordre cognitif, pratique ou
comportemental, dont la catégorisation la plus traditionnelle correspond aux "savoir", aux
"savoir-faire", et aux "savoir-être", nécessaires pour tenir un poste ou réaliser une activité, ou
bien encore qui sont maîtrisées par un individu. Les compétences s'acquièrent par la formation et
à travers l'expérience professionnelle. Elles se combinent ensemble pour permettre la réalisation
d’une activité ou d’une tâche donnée. Elles sont, le plus souvent, transposables d’une situation
de travail à une autre, c’est-à-dire qu’une même compétence peut être mobilisée pour effectuer
des activités différentes.
Emploi-cible : description du contenu (missions, activités) et du contexte d’exercice futurs d’un
emploi sensible.
Emplois "sensibles" : emplois dont le contenu (missions, activités…) et/ou le contexte
d’exercice (champs de relations, technologies utilisées, champ de responsabilités...) vont être
particulièrement touchés par des changements à venir (technologiques, organisationnels, etc.).
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
262
Métier : c’est un ensemble de missions et d’activités communes à plusieurs emplois,
correspondant à un ensemble de compétences formant un tout, socialement reconnu dans une
organisation (la notion de métier englobe celle d’emploi).
Missions : les missions sont souvent évoquées par des expressions synonymes variées comme
les attributions essentielles, la définition de fonction, les responsabilités. Elles désignent en fait
les finalités d’un service, d’une unité ou encore d’une situation de travail, selon le niveau où on
se place, et leur formulation doit répondre à la question : "en quoi le service, l'unité de travail, ou
bien le poste, contribuent-ils à l'organisation ?" Elles intègrent une idée de permanence et sont
plus précises que la notion de fonction. Lorsqu’on analyse une situation de travail, on trouve
généralement entre trois et huit missions.
Aptitudes : il s’agit des qualités fondamentales d'un individu, d'ordre physique, intellectuel,
psychomoteur, de personnalité, etc., qui se développent jusqu’à la fin de l’adolescence, et dont la
plupart d'entre elles sont considérées comme peu variables dès lors qu'un individu est parvenu à
l'âge adulte. Elles facilitent les apprentissages, l'acquisition de compétences, et l'adaptation à des
situations nouvelles.
Qualification d'un individu : Somme de compétences ("savoir", "savoir-faire", "savoir-être")
relevant d’un même domaine maîtrisée par un individu, et dont la combinaison forme un tout
cohérent lui permettant de réaliser certaines tâches ou activités bien identifiées dans un champ
professionnel donné.
INTERFACE/CPNE Pharmacie d’officine – CEP – Rapport final – mars 2006
263