humain avant tout - Over-blog

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HUMAIN AVANT TOUT
COMME VOUS ET MOI ?
Une question comme une autre : Est-ce qu’un(e) handicapé(e) est un
humain comme tout le monde ? Est-il, est-elle tout pareil(le) à vous et moi ?
C’est une question qui tracasse Alexandre JOLIEN handicapé visible et
philosophe devenu célèbre grâce à ses écrits et aux médias. Suis-je vraiment
pareil aux autres ? se demande-t-il.
Par certains aspects cette question semble bizarre : humain, peu de personnes
en doutent mais comme tout le monde, cela est moins évident ! À le voir
déambuler dans la rue, à vouloir décrypter son élocution et parfois chercher à
comprendre le fond de sa pensée, on est tout de suite frappé par la différence
d’Alexandre. Mais il ne fait aucun doute pour ses trois enfants dits normaux
et encore jeunes qu’il est un papa comme les autres.
Moi, je suis handicapé peu visible et j’ai l’air de monsieur tout le
monde, à tel point que dans mon milieu de travail où j’occupais un
poste à responsabilité, on se refusait la plupart du temps à me
considérer comme tel, c’est vrai qu’il faut être bon observateur
pour découvrir mes différences physiques au-delà des paravents
visuels, gestuels, vestimentaires ou comportementaux que j’ai mis
en place pour en atténuer les apparences. Mes deux enfants,
maintenant adultes, ont toujours su ma différence de handicapé
mais en ont fort peu fait cas en dehors de la famille, cela
probablement ne leur posait guère de problèmes et plus ou moins
consciemment la pression sociale a fait le reste.
Quand à Vous, vous dit-on normal ? Ce serait souhaitable pour vous !
Mais si certains sont des handicapés définitifs, beaucoup d’entre nous
ont fait l’expérience d’être transitoirement handicapés par une blessure,
une maladie, un traitement, un accident, une intervention chirurgicale…
(pour ne parler que du corps) et c’est donc une toute petite minorité
d’humains qui, n’ayant jamais fait cette expérience, ne peuvent
comprendre le problème du handicap par un vécu antérieur.
Alors pourquoi les handicapés définitifs ont-ils tant de mal à faire valoir
les difficultés du quotidien de leurs vies ?
Pourquoi ceux qui revivent dans les normes sociales et corporelles après
un handicap passager ont-ils si souvent la mémoire si courte ?
Personnes humaines normales ou personnes humaines handicapées
quelles différences ? Car il y en a c’est certain, même si nous
sommes tous des humains ! Entre les deux nos esprits balancent.
Mais dans un balancement binaire ou bipolaire entre deux
« choses » il manque toujours, à mon goût, une ouverture, une
souplesse, une fécondité que ce soit dans les mots, les gestes, les
sentiments, les opinions, les tendances sociétales…..etc……etc…..
La dualité a quelque chose d’incomplet me semble-t-il, mais
encore faut-il, pour le moins, que les deux « choses » soient
nommées.
Ainsi un mot parait orphelin quand il n’a pas son contraire dans le
langage courant ou dans ses connotations favorables / péjoratives.
Ainsi le mot handicapé et ses dérivés habituels semblent-ils boiteux,
mal équilibrés….et pourtant le choix ne manque pas : que mettre en
face et ensuite assouplir le balancement ?
Voici un petit tableau de propositions qui font réfléchir quant à la
fréquence de leur utilisation voire à leur inexistence et à leur
stigmatisation langagière plus nette dans une colonne que dans l’autre.
Les Handicapés
Les Avantagés, les Favorisés,
les Doués, les Attitrés, les Patentés
Les Invalides, les Incapables majeurs
Les Valides, les Capables
Les Psychopathes
Les Normopathes
Les Retardés intellectuels
Les Arriérés mentaux
Les Evolués intellectuels
Les Avancés mentaux
Les Impotents, les Boiteux
Les Ingambes, les Mobiles
Les Infirmes, les Amputés
Les Forts, les Vigoureux, les Complets
Les Déficients, les Ralentis
Les Efficients, les Rapides
Les Fous, les Délirants, les « Psy »
Les Déséquilibrés
Les Raisonnants, les Réalisants
Les Stables
Les Anormaux
Les Normalisés, les Standardisés
Les Malades, les Malentendants
Les Malvoyants, les « Mal-en-point »
Les « Mal portant », les Malformés
Les « Bien portant », les Voyants,
les Entendants, les Bien faits
Les Accidentés de la vie
Les Mutilés de guerre
Les Gueules Cassées
Les Indemnes de la vie
Les Chanceux de la guerre
Les Belles Gueules
Par rapport aux normes en général et pour assouplir le balancement je
propose des dénominations neutres : les Exonormés (hors normes) et les
Endonormés (dans les normes) auxquels j’ajoute les Quasinormés (à la limite
de la norme).
En introduisant un entre-deux dans ce balancement, une troisième voie
devient possible, une voie du milieu, une halte, un espoir de pouvoir être « nini » : ni l’un ni l’autre, une opportunité de faire valoir sa différence, de glisser
de la souplesse dans le vocabulaire, d’ouvrir des horizons de pensée…….
En fait si l’on regarde bien nos petits défauts physiques ou psychiques, de
caractère ou de comportement et qu’on les extrapole aux extrêmes, on passe
facilement du normal au pathologique, les limites sont floues et de limite en
limite on se trouve dans un continuum le long duquel le curseur « personne
humaine » peut aisément se déplacer dans un sens ou dans un autre (le sens de
sa vie du moment) selon les temps et les lieux et selon les domaines d’activité
au cours de la trajectoire historique et sinueuse de chacune de nos vie.
Prenons l’exemple de la vie professionnelle, une même personne peut
être, au cours de sa carrière, en « situation ordinaire » dite normale avec un
travail qui lui permet de « gagner sa vie » sans plus, ou en « situation de
handicap » lors de périodes de chômage avec tous les problèmes qui s’en
suivent, ou encore en « situation (+ou-) favorable » avec un travail passionnant
et/ou rémunérateur qui lui permet de « vivre sa vie » telle qu’elle la rêvait.
Ce continuum semble applicable à plein de domaines divers et variés, de la
santé à l’amitié, de l’amour à la spiritualité, de nos humeurs à nos
comportements, de nos activités sportives ou culturelles à notre pratique des
arts, de notre communication à nos relations…….etc…..etc…
Être en situation ou ordinaire ou favorable ou de handicap est le lot
commun de toutes nos vies, et l’on peut être au même moment dans ces trois
situations à la fois à travers des domaines différents.
Au cœur de tous les possibles entre la norme et le handicap, entre
l’ordinaire et l’extraordinaire, entre l’habituel et le singulier, entre la majorité
et la minorité, ce qui compte ce qui fait valeur c’est bien la personne dans
toutes les dimensions, dans toutes les densités, plus ou moins favorables, de
son humanité.
Dans ce chapitre « humain avant tout » (une catégorie ou un tag pour les
blogueurs) j’essaierai de développer les valeurs communes à tous quel que soit
son statut vis-à-vis de la norme biopsychosociale et de mettre en relief les
similitudes plus que les différences.
Alors handis ou normés tous pareils ?!
Ce n’est pas si simple mais je dirai que si le visible nous différencie,
l’invisible nous rapproche, nous nous côtoyons dans l’essentiel et le complexe
alors que le superficiel et le primaire nous éloigne.
En ce domaine l’empathie du cœur serait plus constructive que celle des
yeux.
Pour terminer cette réflexion introductive sur notre « humanitude »
commune, j’ai envie de vous proposer un nouveau tableau qui peut se lire en
vertical, en horizontal et en diagonal, de façon idéalement valable pour tous.
HUMAIN
HUMOUR
AMOUR
HUMBLE
CONVIVIAL
RESPECTUEUX
VIVANT
JOYEUX
LIBRE

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