La littérature jeunesse occupe une place de choix dans les écoles et

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La littérature jeunesse occupe une place de choix dans les écoles et
L’UTILISATION DE LA LITTÉRATURE JEUNESSE AU PRIMAIRE
10 PROJETS INSPIRANTS
La littérature jeunesse occupe une place de choix dans les écoles et les classes du primaire. Plusieurs conseillères et
conseillers pédagogiques, enseignantes et enseignants, bibliothécaires, techniciennes et techniciens en documentation,
directions d’école sont convaincus de la place importante qui doit être faite aux livres, autant les œuvres de fiction que
les ouvrages documentaires, en format papier ou numérique. Ce choix pédagogique vise à donner le goût de la lecture
à tous les élèves, à leur permettre de développer des habitudes de lecture durables, à enrichir leur répertoire de
connaissances et de repères culturels et à soutenir leurs apprentissages en lecture, en écriture et en communication
orale ainsi que dans les autres disciplines. Toutes ces personnes n’hésitent pas à collaborer et à mener des projets
novateurs pour transformer la lecture en moments magiques et stimulants, porteurs d’apprentissages et riches en
interaction entre les lecteurs et les textes. Elles sont également conscientes du rôle essentiel que les parents peuvent
jouer pour soutenir leurs actions.
Pour la réalisation de la rubrique De bouche à oreille… des nouvelles des commissions scolaires, une dizaine de
personnes (enseignantes, conseillères et conseillers pédagogiques, bibliothécaires) œuvrant dans 9 commissions
scolaires ont accepté de partager des expériences qui se vivent dans leur milieu et qui suscitent non seulement leur
engagement, mais aussi celui de leurs élèves et, parfois, celui des parents.
LISTE DES 10 PROJETS PRÉSENTÉS
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LE LIVRE, OUTIL CENTRAL DES APPRENTISSAGES AU PREMIER CYCLE DU PRIMAIRE
Commission scolaire des Chênes, p. 2
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LES LIVRES EN RÉSEAU : UN ÉLÉMENT DU CONTINUUM EN LECTURE AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DE LA LECTURE
Projet régional de la Montérégie, p. 4
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DES RÉSEAUX DE LIVRES, SOURCE DE MOTIVATION ET DE DIFFÉRENCIATION PÉDAGOGIQUE
Commission scolaire des Trois-Lacs, p. 7
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DES TROUSSES D ’ALBUMS POUR FAVORISER LA LECTURE ET L’APPROCHE ORIENTANTE
Commission scolaire des Sommets, p. 8
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LES LIVRES, SOURCES D ’APPRENTISSAGE DANS UNE CLASSE MULTIPROGRAMME
Commission scolaire du Littoral, p.10
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DE LA LECTURE À L’ÉCRITURE : QUAND L’ALBUM INSPIRE DE JEUNES AUTEURS DU PREMIER CYCLE DU PRIMAIRE!
Commission scolaire de Saint-Hyacinthe, p. 11
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DE LA LECTURE À LA COMMUNICATION ORALE
Commission scolaire du Littoral, p. 12

LE RÔLE DE LA BIBLIOTHÈQUE SCOLAIRE ET DE LA BIBLIOTHÈQUE DE CLASSE : COMPLÉMENTARITÉ DANS LA MISE EN PLACE
DE PRATIQUES PROBANTES
Commission scolaire de la Capitale, p. 14
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VIVRE LA LITTÉRATURE JEUNESSE EN CLASSE : PROJET DE FORMATION ET D’ACCOMPAGNEMENT
Commission scolaire de la Beauce-Etchemin, p. 16

COLLABORATION
ÉCOLE- FAMILLE POUR CULTIVER LE GOÛT DE LA LECTURE CHEZ LES ENFANTS DE LA MATERNELLE
:
PROJET DE RECHERCHE-ACTION
Commission scolaire des Hautes-Rivières, p. 18
Langue et culture - Bulletin no 7 – Juin 2015
De bouche à oreille… des nouvelles des commissions scolaires
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LE LIVRE, OUTIL CENTRAL DES APPRENTISSAGES AU PREMIER CYCLE DU PRIMAIRE
Commission scolaire des Chênes
Depuis plusieurs années, Amélie Beaudoin, une enseignante au premier cycle du primaire à l’école Aux Quatre-Vents
de la Commission scolaire des Chênes, met le livre au centre de sa pratique. Celui-ci y occupe toute la place, aussi bien
physiquement que pédagogiquement.
DES CONVICTIONS
Madame Beaudoin est persuadée que le livre lui permet de créer plus facilement des liens affectifs solides et profonds
avec ses élèves. Ce type de lecture authentique lui fournit de multiples occasions de discuter avec eux de différents
sujets, de réagir au contenu ou aux illustrations, de rire ensemble ou de se questionner collectivement. Par ailleurs, elle
considère que les entretiens de lecture constituent des moments privilégiés avec chaque élève où elle peut parler des
livres, saisir leur compréhension de lecture et s’intéresser à leur cheminement.
Elle demeure convaincue que le goût de la lecture et la compétence à lire ne peuvent se développer qu’avec de « vrais
livres ». Comme elle les place au cœur de son enseignement, principalement en français, mais aussi parfois dans les
autres disciplines (ex. : mathématique, sciences, arts plastiques), elle considère qu’elle n’a pas besoin de manuel
scolaire. En raison des bons modèles de textes variés et de qualité qu’ils offrent, les livres deviennent son principal outil
de travail pour planifier les apprentissages en lecture et en écriture.
DES AVANTAGES À UTILISER LA LITTÉRATURE JEUNESSE
Dans sa pratique, le fait de recourir à la littérature jeunesse plutôt qu’à un manuel unique pour tous les élèves représente
de nombreux avantages :
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les livres de littérature jeunesse contribuent à développer le goût de la lecture chez tous les élèves;
les livres peuvent être choisis, chaque année, en fonction des élèves, de ce qui les « allume », de leurs champs
d’intérêt ou de leurs préoccupations;
les livres fournissent des contenus plus riches pour travailler les quatre dimensions de la lecture : la compréhension,
l’interprétation, la réaction et l’appréciation;
comme chaque élève peut se constituer un bagage de livres qui correspondent à ses préférences et à sa capacité
de lire, les activités proposées sont forcément beaucoup mieux adaptées aux élèves;
en raison de leur diversité et des défis de différents ordres qu’ils représentent, les livres permettent aux élèves de
progresser de façon significative dans leurs apprentissages;
le développement des compétences à lire et à écrire se fait de façon plus efficace avec les livres puisqu’ils facilitent
la différenciation pédagogique :
o les élèves lisent des livres qui correspondent à leur degré de compétence;
o grâce aux entretiens de lecture qui ont lieu régulièrement, l’enseignante peut rapidement déceler des difficultés
et fournir une aide individualisée ou constituer des groupes de besoins avec quelques élèves;
la place dominante qui est faite au livre dans la classe se répercute également à la maison :
o les parents deviennent des collaborateurs pour susciter le goût et les habitudes de lecture;
o plus de la moitié des enfants demandent des livres en cadeau pour Noël ou leur anniversaire.
DES ACTIVITÉS DIVERSIFIÉES
Pour développer la compétence à lire, l’enseignante utilise souvent des réseaux de livres. Par exemple, des livres du
même auteur ou du même illustrateur, des livres traitant du même thème, des livres mettant en scène les mêmes types
de personnages (ex. : des princesses ou des chevaliers, les livres de série); des livres de même genre (ex. : la poésie,
le conte).
Elle se laisse guider par ses élèves de deuxième année. Elle met en place différents dispositifs et recourt à plusieurs
façons de faire pour que le livre et la lecture soient sources de plaisir, d’apprentissage et de partage. En voici un aperçu.
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Lecture à voix haute
Lecture guidée
Lecture interactive
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De bouche à oreille… des nouvelles des commissions scolaires
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Lecture partagée
Lecture en duo
Carnet de lecture
Cercle de lecture
Écoute de livres audio ou en format électronique à l’aide du tableau numérique interactif
Écriture de livres collectifs À la manière de…
Dans la classe de cette enseignante, le livre est aussi au cœur des apprentissages en communication orale. Comme
certains livres suscitent la discussion, c’est l’occasion d’apprendre à formuler une opinion et à respecter celles des
autres élèves. Au moment des cercles de lecture ou de la lecture à deux, des lectures interactives, par exemple, les
élèves doivent prendre la parole pour présenter des livres, faire des prédictions ou énoncer une appréciation; cela
permet à l’enseignante d’évaluer la compétence à communiquer oralement au quotidien et de mesurer les progrès des
élèves. Elle est ainsi plus en mesure de leur proposer de nouvelles occasions pour améliorer leur capacité à interagir
avec les autres. Les débats, les échanges et les réflexions des élèves sont de haut niveau puisque ceux-ci réinvestissent
le vocabulaire précis et pertinent qu’ils ont appris grâce aux livres.
DES PROJETS QUI SORTENT DE L’ORDINAIRE
Pour entretenir le goût de la lecture, développer des habitudes et faire en sorte que la lecture occupe une place
significative dans la vie des enfants, l’enseignante leur propose aussi des activités novatrices ou des projets stimulants
qui sortent de l’ordinaire.
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Des lectures amusantes… une fois par mois
o « Des lectures de vacances » en janvier
o « La lecture en cadeau » à Noël : des papas sont venus à l’école lire des histoires aux élèves
o « Jamais sans mon livre » : au cours d’une journée, au son de la crécelle, les élèves doivent se mettre à lire,
quel que soit le lieu dans lequel ils se trouvent (ex. : classe, gymnase, cour d’école, corridor)
o « Pique-nique littéraire »
Boîte à lire dans le quartier
Madame Beaudoin a fait lire à ses élèves un texte qui relate l’expérience « Little Free Library ». Ils lui ont demandé de
mener un projet semblable. Elle les a donc guidés pour qu’ils mènent le projet de la Boîte à lire. Quelques comités de
travail ont été constitués pour mener à bien ce projet. Les élèves ont dessiné les plans de la boîte en forme d’une petite
maison et ils ont rencontré la personne qui l’a construite et celle qui l’a peinte. Un partenariat a été établi avec la ville de
Drummondville pour que la Boîte à lire puisse être installée dans le quartier près de l’école. Elle appartiendra à tous les
résidents. L’inauguration a eu lieu en mai 2015. Les parents sont très fiers de la réalisation de leurs jeunes enfants et
de leur enseignante.
DE LA FORMATION INITIALE À LA FORMATION CONTINUE
Dès sa formation initiale, cette enseignante a pris conscience de l’importance du livre et de la littérature dans les
apprentissages au primaire. L’un de ses professeurs, Yves Nadon, l’a particulièrement influencée dans sa décision de
recourir uniquement à la littérature jeunesse plutôt qu’au manuel scolaire. Une fois en exercice, elle a été à l’affût de
formations, comme celle liée au Continuum en lecture, et de colloques tels que De mots et de craie. Comme
enseignante, elle veut se poser à la fine pointe de ce qui se fait de mieux en lecture et elle aime s’inspirer d’autres
personnes; ainsi, à l’occasion, elle va vivre une journée dans une autre classe en compagnie d’enseignantes ou
d’enseignants qui ont des pratiques exemplaires en lecture et en écriture. Ainsi, elle réinvestit judicieusement les aspects
pédagogiques qu’elle estime pertinents dans son enseignement.
COMMENTAIRES
Comme l’enseignante peut accompagner ses élèves pendant les deux années du premier cycle, elle est à même de
constater leurs progrès tant sur le plan de leurs habitudes de lecture que de leur compétence à lire. D’après elle, ses
élèves ont véritablement développé le goût de lire pour toute la vie.
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LES LIVRES EN RÉSEAU : UN ÉLÉMENT DU CONTINUUM EN LECTURE
AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DE LA LECTURE
Projet régional de la Montérégie
En 2012, le sous-comité de français a proposé à la Table coopérative montérégienne un projet de développement de
réseaux de livres pour soutenir l’apprentissage de la lecture au primaire. Les ressources éducatives des commissions
scolaires ont accepté le projet et, pendant trois ans, de 7 à 10 conseillères et conseillers pédagogiques et 2 ou 3
bibliothécaires provenant de 6 ou 7 commissions scolaires1 ont mené ce projet avec des enseignantes et des
enseignants. Darrin Bould, conseiller pédagogique à la Commission scolaire Marie-Victorin, en est le responsable.
OBJECTIFS DU PROJET
Les conseillères et les conseillers pédagogiques souhaitaient se former de façon à mieux intervenir auprès du personnel
enseignant et désiraient le faire en coopération avec des collègues d’autres commissions scolaires. Ils ont senti le besoin
d’approfondir les réflexions amorcées au moment de la mise en œuvre du Continuum en lecture afin, d’une part, de
travailler davantage avec la littérature jeunesse (que ce soient des textes littéraires ou courants) et, d’autre part, de
déployer différents dispositifs pour soutenir l’apprentissage des élèves.
Ce projet s’inscrivait dans la double perspective de production de réseaux de livres et de formation des enseignantes et
des enseignants puisque chaque conseillère ou conseiller pédagogique était accompagné de deux enseignants. Chaque
année, un cycle était visé, et de nouvelles équipes d’enseignants étaient formées. Pour optimiser le travail, ceux-ci
devaient avoir déjà suivi la formation liée au Continuum en lecture et avoir de l’expérience dans l’utilisation de différents
dispositifs pédagogiques.
C’est ainsi que, sur une période de trois ans, tous les cycles ont été touchés pour les productions de réseaux de livres :
2012-2013 (2e cycle), 2013-2014 (3e cycle), 2014-2015 (1er cycle). À terme, à la fin de l’année scolaire 2015, de 8 à 9
réseaux de livres, assortis de dispositifs et de démarches adaptées, seront disponibles pour chaque cycle. Il s’agit de
matériel « clés en main » qui contient des titres de livres, des propositions de dispositifs, des activités d’apprentissage
à mener, etc. De cette façon, les enseignantes et les enseignants qui les utiliseront devraient pouvoir vivre de riches
expériences d’enseignement et d’apprentissage avec leurs élèves.
DÉROULEMENT ANNUEL DU PROJET
Chaque année, les enseignantes et les enseignants sont libérés de leur tâche d’enseignement pendant quatre journées
pour participer au projet tandis que les conseillères et les conseillers pédagogiques doivent y consacrer au moins cinq
journées. Le projet se déroule de façon intensive pendant un mois et demi. Voici un aperçu du déroulement de ces
journées.
Rencontre 1 : Précision des attentes liées aux réseaux de livres
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Présentation de ce qu’est un réseau de livres, incluant des textes littéraires et des textes courants
Présentation de dispositifs qui doivent être inclus dans le travail sur le réseau de livres (ex. : lecture interactive,
entretien de lecture, travail de comparaison)
Exploration des façons de tirer profit des livres, au-delà des apprentissages en lecture, par exemple pour des
apprentissages en écriture, pour comprendre des concepts en science, pour exploiter des domaines généraux
de formation (ex. : consommation, médias), pour développer des compétences en éthique et culture religieuse
Travail en dyades pour déterminer des réseaux à développer (ex. : à partir d’auteur, d’un thème, d’un genre
littéraire, d’un type de personnage, etc.)
Rencontre 2 : Choix des livres
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Sélection, dans les locaux de Livres ouverts, de livres pertinents pour le réseau de livres et pour le cycle, en
complément des livres déjà présents dans les bibliothèques d’écoles
Lecture de livres pour repérer leur potentiel en fonction des dispositifs et de leurs liens avec l’écriture (ex. : écrire
à la manière de…) ou avec d’autres disciplines (ex. : univers social, science et technologie, arts plastiques)
Choix des livres qui traitent le mieux du thème ou de l’objet du réseau
1. Les noms des participants et des commissions scolaires sont fournis à la fin de ce texte (Participation au projet).
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Rencontres 3 et 4 : Production des réseaux de livres et du matériel afférent
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Préparation des séquences d’enseignement, choix des dispositifs liés aux livres
Identification des apprentissages ciblés en référence au programme et à la progression des apprentissages
Conception et élaboration des outils utiles pour que les élèves deviennent habiles à comparer des informations,
des personnages, des œuvres, etc.
Rédaction des activités et des annexes (ex. : tableaux, feuilles support), si nécessaire
Préparation de « canevas » ou de tableaux fournissant des réponses possibles d’élèves
Par la suite, les conseillères et les conseillers pédagogiques révisent le travail réalisé au moment des rencontres.
Comme les activités produites avec les réseaux de livres sont expérimentées en classe, des ajustements ou des ajouts
peuvent être effectués avant que le matériel ne soit rendu disponible dans les commissions scolaires.
DISPONIBILITÉ DES RÉSEAUX DE LIVRES
Les réseaux de livres élaborés sont disponibles dans le site de la coopérative montérégienne à l’adresse suivante :
[http://vitrine.educationmonteregie.qc.ca/]
Onglets : Comités disciplinaires/Français, langue d'enseignement/Productions
Les commissions scolaires participantes déposent aussi les propositions de réseaux de livres dans leur propre portail.
Les réseaux de livres déjà élaborés sont présentés dans les écoles aux enseignantes et aux enseignants des cycles
concernés. Certaines commissions scolaires mettent à la disposition du personnel enseignant du matériel (réseaux de
livres et activités) qu’il peut emprunter. Ainsi, les enseignantes et les enseignants qui ne trouvent pas les livres dont ils
ont besoin dans la bibliothèque de leur école peuvent exploiter ces propositions de réseaux de livres avec leurs élèves.
APPRÉCIATION DU PROJET
De façon générale, ce projet est très apprécié des conseillères et conseillers pédagogiques, des enseignantes et des
enseignants ainsi que des bibliothécaires qui y ont participé.
Les enseignantes et les enseignants ont appris à découvrir toute la richesse des albums, même ceux qui peuvent
paraître assez simples au moment d’une première lecture. Lorsqu’ils lisent des œuvres littéraires ou des ouvrages
documentaires, ils sont à l’affût d’éléments qui pourraient être intéressants à analyser et à mettre en relation. Ils ont la
préoccupation de sélectionner plusieurs livres plutôt qu’un seul et de ne pas se laisser guider uniquement par leurs
« coups de cœur ». Ils sont également plus à l’aise d’utiliser des réseaux de livres déjà constitués.
La mise en réseau de livres et le travail diversifié qui est proposé permettent de mieux comprendre et d’approfondir les
éléments qui sont présentés dans la progression des apprentissages. Cela donne l’occasion de travailler davantage la
réaction et l’appréciation. La lecture interactive, un des dispositifs retenus dans ce projet, facilite les interventions liées
à l’interprétation des textes. Le travail de comparaison de textes qui est proposé fait en sorte que, spontanément, les
élèves apprécient les œuvres qui sont présentées. Par conséquent, le développement de la compétence Apprécier des
œuvres littéraires se fait plus fréquemment en ayant recours à des façons de faire plus précises et plus variées.
Plusieurs enseignantes et enseignants avouent que ce projet a transformé leur façon de travailler avec la littérature
jeunesse en classe. Ils observent que leurs élèves éprouvent un réel plaisir à aborder la lecture différemment. Ils ont
maintenant le sentiment d’enseigner la lecture et non seulement de « faire lire » les élèves. Ils considèrent qu’ils ont
plus d’emprise sur le développement de la compétence Lire des textes variés et Apprécier des œuvres littéraires parce
que les apprentissages sont mieux ciblés. D’après eux, le contexte proposé, les réseaux de livres et les liens qui sont
établis leur permettent de travailler beaucoup mieux la lecture. Les enseignants se sentent plus efficaces et constatent
chez leurs élèves un grand intérêt et un engagement plus marqué pour les diverses activités proposées. Bref, ils sont
enchantés par ce projet et ils ont beaucoup de satisfaction à le faire vivre à leurs élèves.
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Participation au projet
Commission scolaire des Grandes-Seigneuries
 Rachel Girard, conseillère pédagogique (2012-2013, 2013-2014, 2014-2015)
 Isabelle LeBlanc, conseillère pédagogique (2012-2013, 2013-2014, 2014-2015)
Commission scolaire des Hautes-Rivières
 Mélanie Filion, conseillère pédagogique (2013-2014)
 Nancy Lusignan, bibliothécaire (2013-2014)
 Chantale Mercier, conseillère pédagogique (2012-2013)
Commission scolaire Marie-Victorin
 Céline Béland, conseillère pédagogique (2014-2015)
 Darrin Bould, conseiller pédagogique (2012-2013, 2013-2014, 2014-2015)
 Élise Cournoyer, conseillère pédagogique (2013-2014, 2014-2015)
 Carolyn Roy, bibliothécaire (2012-2013)
Commission scolaire des Patriotes
 Mélanie Dorion, bibliothécaire (2012-2013, 2013-2014, 2014-2015)
 Marie-Hélène Giguère, conseillère pédagogique (2012-2013, 2013-2014, 2014-2015)
 Valérie Tremblay, conseillère pédagogique (2013-2014)
Commission scolaire de Saint-Hyacinthe
 Anne-Marie Breton, conseillère pédagogique (2013-2014, 2014-2015)
 Audrey Lasalle, bibliothécaire (2014-2015)
 Viviane Morin, bibliothécaire (2013-2014)
Commission scolaire des Trois-Lacs
 Geneviève Beaulne, conseillère pédagogique (2012-2013, 2013-2014)
 Julie Bourgon, conseillère pédagogique (2014-2015)
Commission scolaire du Val-des-Cerfs
 Annie Chartier, bibliothécaire (2014-2015)
 Éric Marchand, conseiller pédagogique (2012-2013, 2013-2014, 2014-2015)
 Olivier Ménard, bibliothécaire (2012-2013)
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DES RÉSEAUX DE LIVRES, SOURCE DE MOTIVATION ET DE DIFFÉRENCIATION PÉDAGOGIQUE
Commission scolaire des Trois-Lacs
Pour participer au projet régional de la Montérégie sur les réseaux de livres, madame Julie Bourgon, conseillère
pédagogique en français à la Commission scolaire des Trois-Lacs, a fait appel à deux enseignantes du premier cycle
du primaire de l’école des Orioles, mesdames Mélanie Dutil et Sophie Lalonde. Le projet les motivait fortement, autant
par la création des réseaux que par l’expérimentation qui s’ensuivait dans leur classe de première année.
DÉROULEMENT DU PROJET
Ensemble, elles ont choisi de développer un réseau de livres à partir du thème de la nuit, mais en sortant des sentiers
habituels où la nuit est associée à la peur ou à l’obscurité. Elles ont cherché des livres qui leur permettraient de faire
des liens non seulement avec l’écriture et la communication orale, mais aussi avec d’autres disciplines comme la
mathématique, l’éthique et la culture religieuse, les sciences et les arts plastiques. Elles ont ainsi créé un réseau autour
du thème de la nuit, constitué de 14 albums qu’elles ont trouvés, entre autres, dans la sélection de Livres ouverts.
L’exploitation de ce réseau de livres leur a permis d’intégrer plusieurs dispositifs de lecture dont la lecture interactive, la
lecture à voix haute, la lecture partagée, la lecture répétée, la lecture à deux ou en groupe.
Elles avaient également une grande préoccupation pour la différenciation pédagogique. Elles ont ainsi réservé quelques
livres pour des entretiens de lecture qui se déroulaient à l’intérieur de la formule « Les cinq au quotidien2 ». Les
rencontres individuelles ou en petits groupes leur ont permis de cerner des difficultés des élèves et de planifier
rapidement des interventions ciblées.
Les livres du réseau présentaient différents « niveaux » de lecture de façon à ce que tous les élèves puissent trouver
des livres qui correspondaient à leur degré de compétence. Quelques albums plus difficiles ont été lus par l’enseignante
et exploités avec toute la classe. À cet égard, le dispositif de lecture répétée a été retenu. Il consiste à lire le livre quatre
fois avec quatre intentions différentes :
Première lecture :
Deuxième lecture :
Troisième lecture :
Quatrième lecture :
apprendre à faire des hypothèses à la suite de l'exploration du livre;
amener les élèves à faire le lien entre l'histoire, les personnages du livre et leur vécu
personnel;
favoriser l'enrichissement du vocabulaire;
favoriser l’apprentissage de nouveaux mots de vocabulaire.
COMMENTAIRES
Les enseignantes avaient vu juste dans le choix des livres puisque les élèves ont manifesté un grand intérêt pour les
albums présentés et pour la façon non traditionnelle d’aborder un thème connu. Tous les élèves ont pu progresser dans
leurs apprentissages en pouvant lire plusieurs livres qui présentaient des défis de lecture différents.
2. Gail BOUSHEY et Joan MOSER, Les cinq au quotidien, Chenelière Éducation, 2e édition, Montréal, 2015.
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DES TROUSSES D’ALBUMS POUR FAVORISER LA LECTURE ET L’APPROCHE ORIENTANTE
Commission scolaire des Sommets
Au départ, le projet Trousses d’albums a vu le jour après que la conseillère pédagogique en français au primaire,
madame Marianne Wilhelmy, et la bibliothécaire, madame Évelyne Girouard, ont pris conscience de quelques
réalités :
 les enseignantes de petites écoles se sentent isolées;
 l’album est peu utilisé en classe, surtout au troisième cycle;
 plusieurs élèves éprouvent des difficultés en lecture, particulièrement pour interpréter des textes et justifier leurs
réponses;
 le Centre de documentation de la commission scolaire compte un grand nombre d’albums;
 parmi ces albums se trouvent de nombreux textes résistants.
OBJECTIFS ET DÉROULEMENT DU PROJET
Devant cet état de situation, elles ont proposé un projet qui poursuivait différents objectifs :
 encourager le recours aux albums pour l’enseignement de la lecture;
 proposer des activités d’apprentissage liées aux quatre dimensions de la lecture : compréhension, interprétation,
réaction et appréciation;
 favoriser les liens entre le texte et l’image;
 soutenir les enseignantes et les enseignants dans l’exploitation des albums « résistants »;
 favoriser la circulation des albums du Centre de documentation;
 réseauter les enseignantes et les enseignants des petites écoles.
La première année, un groupe de travail constitué de la conseillère pédagogique, de la bibliothécaire et de
12 enseignantes des trois cycles du primaire provenant d’écoles isolées a été mis sur pied. Pour participer au projet,
ces enseignantes ont bénéficié de quatre journées de libération de leur tâche d’enseignement. Une formation sur les
dimensions de la lecture (critères d’évaluation) a marqué le début de chaque rencontre. Ensuite, les participantes
devaient lire et sélectionner des albums, indiquer des intentions de lecture pertinentes et cibler des pistes de
questionnement pour approfondir la compréhension et développer l’interprétation, la réaction et l’appréciation.
Des trousses de trois à quatre livres ont ainsi été constituées ce qui a permis une circulation de livres plus facile et
rapide d’une école à l’autre. Chaque trousse s’articule autour d’un thème, d’un auteur ou d’un illustrateur, d’un genre de
texte, etc. Des activités y sont proposées pour établir des liens avec d’autres disciplines comme l’univers social ou
l’éthique et la culture religieuse. Au cours de l’année, les enseignantes ont pu expérimenter les trousses dans leur classe
et proposer des ajustements aux activités, si besoin.
La deuxième année du projet, les enseignantes venaient de l’éducation préscolaire et des deuxième et troisième cycles
du primaire. La même démarche a été alors enclenchée. Après deux ans de travail et d’expérimentation, il y a maintenant
environ 50 trousses de livres qui circulent dans toutes les écoles. Cette façon de faire constitue un réel soutien aux
petites écoles dont les budgets pour l’achat de livres ne sont pas très élevés. Tous les élèves ont maintenant accès à
des livres de qualité pour soutenir leurs apprentissages en lecture.
APPRÉCIATION DU PROJET TROUSSES D’ALBUMS
Les enseignantes ont pu constater à quel point les albums pouvaient offrir un matériel riche pour travailler toutes les
dimensions de la lecture. Elles en font maintenant une plus grande utilisation, si bien que, graduellement, elles délaissent
leur matériel didactique. Elles observent que les élèves s’engagent dans les activités proposées avec beaucoup de
sérieux et comprennent de mieux en mieux les textes proposés. Ils sont plus ouverts aux « messages » que certains
albums véhiculent. En lisant plusieurs albums et en les comparant, ils deviennent plus habiles à exercer leur jugement
critique. Guidés dans la lecture de textes « résistants », ils surprennent leurs enseignantes dans leur capacité à
comprendre et à interpréter des textes.
Le projet a suscité beaucoup d’intérêt. Une prochaine étape permettrait de cibler des albums qui seraient de bons
déclencheurs pour des situations d’écriture et d’autres qui favoriseraient l’approfondissement des thèmes traités en
univers social.
Par ailleurs, dans la foulée de ce point, la conseillère pédagogique et la bibliothécaire ont développé une grande
complicité. Elles constatent que leurs interventions sont complémentaires lorsqu’elles travaillent avec des groupes
d’enseignants.
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De bouche à oreille… des nouvelles des commissions scolaires
LES ALBUMS ET L’APPROCHE ORIENTANTE
Constatant, d’une part, la difficulté des enseignantes et des enseignants à intégrer l’approche orientante dans leur
pratique et, d’autre part, l’engouement qu’a pu susciter le projet Trousses d’albums, Francine Jourdain, conseillère
pédagogique en approche orientante, et Évelyne Girouard, bibliothécaire, ont eu l’idée d’exploiter les albums jeunesse
pour faciliter l’enseignement de l’approche orientante. Elles ont ainsi réuni cinq enseignantes et enseignants de la
première à la sixième année pour concevoir des activités qui permettraient d’aborder différents thèmes liés à l’approche
orientante.
Au total, une dizaine de trousses, comprenant un ou deux livres, a été constituée et circule d’une école à l’autre. Par
exemple, pour la première année du premier cycle, le choix s’est porté sur le livre numérique Tu peux d’Élise Gravel.
Comme ce livre traite de façon ludique de certains stéréotypes bien connus entre les filles et les garçons, les élèves de
la classe sont invités à se questionner sur les stéréotypes dans les métiers. Ils constituent ensuite leur propre livre
documentaire sur différents métiers non traditionnels. Pour tous les cycles, d’autres thèmes ont vu le jour, comme, la
connaissance de soi, les passions, l’affirmation de soi, etc. Les enseignantes et les enseignants qui ont expérimenté les
trousses apprécient cette nouvelle façon d’aborder l’approche orientante.
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LES LIVRES, SOURCES D’APPRENTISSAGE DANS UNE CLASSE MULTIPROGRAMME
Commission scolaire du Littoral
À Chevery sur la Basse-Côte-Nord, à l’école Netagamiou de la Commission scolaire du Littoral, madame Suzanne
Thivierge, enseignante, a une classe bien particulière : 12 élèves de la maternelle à la sixième année constituent la
seule classe francophone de l’école, car les autres élèves étudient en anglais, langue d’enseignement. Quel beau
contexte pour accorder une place importante à la lecture! En effet, chaque jour, 15 minutes sont consacrées à la lecture
et, chaque année, un grand projet de lecture mobilise tous les élèves de la classe. Il y a beaucoup de livres dans la
classe, et les élèves plus âgés influencent positivement les plus petits pour qu’ils développent le goût et l’habitude de
lire en français.
Chaque année, de nombreux livres regroupant différents genres (ex. : album, récit, roman, bande dessinée, poésie,
ouvrage documentaire) sont mis à la disposition des élèves pour soutenir l’exploitation du projet proposé. Les élèves
peuvent aussi consulter des textes dans Internet. Chacun, selon son degré de compétence à lire, peut trouver des livres
pour comprendre le thème, faire les activités proposées et interagir avec les autres.
LE HOCKEY, UN PROJET VÉCU EN 2014-2015
Les élèves sont toujours curieux de connaître le thème que l’enseignante leur propose en début d’année. Lorsqu’ils ont
appris que ce serait le hockey, ils ont été ravis, d’autant plus que le hockey est très populaire dans cette ville qui possède
son carnaval auquel plusieurs participent grâce à la « route blanche ».
L’école ayant gagné un Prix régional de reconnaissance en lecture du MELS l’an passé, la classe a pu bénéficier d’un
budget supplémentaire pour acheter des livres. Avec leur enseignante comme guide, ce sont les élèves eux-mêmes qui
ont fait la liste de livres et qui ont fait les achats en ligne; ils ont choisi des albums, des romans et des ouvrages
documentaires à leur portée.
Le projet de lecture a commencé en novembre par la lecture de l’album Le chandail de hockey de Roch Carrier. Les
élèves en ont fait une adaptation pour en faire une pièce de théâtre qu’ils ont présentée à leurs parents à Noël. Ils ont
fait des recherches sur Maurice Richard ainsi que sur Roch Carrier et sa ville natale, Sainte-Justine. Ils ont aussi consulté
le site des Canadiens de Montréal. Toutes ces lectures leur ont permis de comparer la société des années 1940 à celle
d’aujourd’hui et d’établir une ligne du temps. Leur enseignante les a invités à préparer des fiches « incitatives » pour
promouvoir la lecture et à faire des « conférences » pour partager leurs lectures.
Afin d’ajouter un peu de défis à son projet, l’enseignante a instauré la « Coupe de la lecture ». Pour l’obtenir, chaque
élève faisait partie d’une équipe multiâge. Chacun d’eux pouvait récolter un but pour chaque livre lu, pour chaque
présentation de livre faite aux autres élèves ou pour la rédaction d’une fiche incitative. L’enseignante a aussi prévu le
titre de « joueur le plus utile à l’équipe » afin de souligner les actions des élèves plus âgés qui aident les plus petits à
lire davantage.
Pour clore le projet de hockey, l’enseignante a animé une cérémonie au cours de laquelle les élèves recevaient un
certificat sous forme de carte de hockey où, au verso, étaient inscrits les titres des livres qu’ils avaient lus durant l’année.
AUTRES EXEMPLES DE PROJETS ANNUELS ET D’ACTIVITÉS
 Astérix
o Fiche de lecture incluant un résumé
o Affiches pour faire la promotion d’une bande dessinée
o Présentation orale de livres pour inciter les autres à les lire
 Marguerite de la Roque de Roberval
En début d’année, les élèves ont récupéré une lettre déposée dans un coffre abandonné sur la plage d’une île en
face de leur ville. Grâce à cette lettre, ils se sont sensibilisés à l’ancien français, langue que Marguerite de la Roque
utilisait pour communiquer avec eux. Durant l’année, ils ont pu écrire l’histoire de cette dame mystérieuse qui leur
faisait parvenir des livres pour qu’ils s’informent sur la vie en Nouvelle-France et sur la période de la Renaissance.
COMMENTAIRES
Tous les élèves de la classe de madame Thivierge sont intéressés par la lecture, même ceux qui éprouvent parfois des
difficultés. Ils sont constamment plongés dans des livres et, parfois, ils se cachent même pour lire. Les parents apportent
leur appui à l’enseignante puisqu’à la maison il y a beaucoup plus de livres maintenant. Au dire de madame Thivierge,
« la lecture, cela n’a pas de fin »; aussi est-elle toujours à l’affût du thème intégrateur qui permettra à tous ses élèves
de progresser dans le développement de leur compétence à lire, de partager leurs lectures et de faire des découvertes
dans toutes les disciplines.
10
Langue et culture - Bulletin no 7 – Juin 2015
De bouche à oreille… des nouvelles des commissions scolaires
DE LA LECTURE À L’ÉCRITURE :
QUAND L’ALBUM INSPIRE DE JEUNES AUTEURS DU PREMIER CYCLE DU PRIMAIRE!
Commission scolaire de Saint-Hyacinthe
Après avoir accompagné plusieurs groupes d’enseignantes et d’enseignants en lecture et les avoir convaincus d’utiliser
la littérature en classe pour favoriser le développement de la compétence à lire à travers divers dispositifs comme la
lecture interactive, la conseillère pédagogique en français au primaire, Pierrette Proulx, a voulu tirer profit de cette
nouvelle réalité pour susciter des situations d’écriture signifiantes. Elle souhaitait réfléchir avec des enseignantes et des
enseignants sur des liens plus étroits à établir entre la lecture et l’écriture.
MODALITÉ DE TRAVAIL
La conseillère pédagogique a constitué un groupe d’enseignantes du premier cycle du primaire qui a tenu quatre
rencontres durant l’année : une journée complète pour débuter le projet, deux rencontres d’une demi-journée et une
rencontre de synthèse à la fin du projet en juin. Une question centrale guidait toutes les rencontres : Comment intégrer
la littérature dans l’enseignement de l’écriture?
Chaque rencontre commençait par la lecture d’un album « coup de cœur ». Par la suite, à partir de livres présentés et
d’autres apportés par les participantes, elles ont produit des fiches de travail présentant diverses pistes d’exploitation
en écriture. Elles se sont intéressées au vocabulaire et à la syntaxe, à la structure des récits et à l’orthographe.
Entre les rencontres, elles devaient expérimenter avec leurs élèves au moins une des situations élaborées. Au moment
de la rencontre suivante, elles pouvaient présenter à leurs collègues des textes d’élèves et des photos prises en classe.
Cette mise à l’essai leur a permis de documenter les propositions de situations d’écriture et d’apporter des ajustements
à partir des réactions et des productions des élèves.
EXEMPLES DE SITUATIONS
À partir de l’album Où sont mes amis?3 qui présente des enfants de plusieurs pays, les élèves ont d’abord pris des
photos d’élèves de l’école, puis ils ont écrit une phrase qui décrit ce que l’enfant est en train de faire, en s’inspirant du
style de l’auteur du livre qu’ils ont lu. Par la suite, la page de chaque élève a été intégrée dans un « livre voyageur » qui
circule dans les familles. Cette formule du « livre voyageur » a su d’ailleurs inspirer divers projets d’écriture fort
stimulants.
Dans une autre classe, après avoir lu l’album Alexis, chevalier des nuits4, les élèves ont écrit le texte d’une saynète. Par
la suite, des élèves ont présenté la saynète à l’ensemble de la classe. Dans cet exemple, l’enseignante a su lier la
lecture à l’écriture et à la communication orale.
En première année, une enseignante a su susciter l’intérêt des élèves en créant une maquette de potager à partir de la
lecture Un loup dans le potager5. Chaque équipe devait créer de petites affiches sur lesquelles elle devait orthographier
correctement les mots relatifs aux légumes.
En deuxième année, les enseignantes ont profité de la lecture du livre Ze vais te manzer6, pour faire écrire des menus
végétariens pouvant être proposés au loup de l’histoire. Ces menus devaient être aussi illustrés à partir de techniques
de dessins ou de collages.
COMMENTAIRES
Les enseignantes qui avaient déjà l’habitude d’établir des liens étroits entre la lecture et l’écriture ont pu influencer
positivement celles qui, dans le groupe, n’étaient pas familières avec cette façon de faire et les encourager à mener des
expérimentations en classe.
Toute la production de ce groupe de travail d’enseignantes sera diffusée à l’ensemble du personnel enseignant de la
commission scolaire. Comme les activités ont été expérimentées et documentées en photos et en exemples de textes
d’élèves, elles devraient donner le goût d’expérimenter de nouvelles pratiques à celles et ceux qui ne faisaient pas partie
du groupe de travail.
3.
4.
5.
6.
Catherine GERMAIN et Daniel LEBLANC, Où sont mes amis? Éditions 400 coups, Montréal, 2008.
Andrée-Anne GRATTON et Pascale CONSTANTIN, Alexis, chevalier des nuits, Éditions 400 coups, Montréal, 2009.
Claire BOUILLER, Un loup dans le potager, Éditions Mijade, Namur, 2004.
Jean DEROUEN et Laure duFAY, Ze vais te manzer, Éditions Frimousse, Paris, 2012.
Langue et culture - Bulletin no 7 – Juin 2015
De bouche à oreille… des nouvelles des commissions scolaires
11
DE LA LECTURE À LA COMMUNICATION ORALE
Commission scolaire du Littoral
Située à Lourdes-de-Blanc-Sablon sur la Basse-Côte-Nord, l’école Mgr Scheffer de la Commission scolaire du Littoral
accueille des élèves dont le français n’est pas la langue première ni celle qui domine dans la communauté. Depuis
plusieurs années, madame Kathy Roy, enseignante à cette école, est convaincue que le livre doit être au cœur des
apprentissages des élèves et qu’il permet de tisser des liens avec toutes les disciplines. Chaque année, elle enrichit
personnellement sa collection de livres qu’elle met à la disposition de ses élèves. Au début de l’année scolaire
2014-2015, elle a constaté que ses élèves de 3e année étaient des lecteurs peu habiles qui éprouvaient des difficultés
de compréhension qui se manifestaient, entre autres, par une fluidité insatisfaisante. Pour permettre à ses élèves de
s’améliorer, elle a planifié des projets où les livres occupent une place centrale donnant lieu à des réalisations concrètes.
Pour y arriver, elle a emprunté plusieurs livres numériques à la Grande Bibliothèque (BAnQ).
PROJETS POUR SOUTENIR LA MOTIVATION ET LA PROGRESSION DES ÉLÈVES

CD audio
Madame Roy se dit assez théâtrale comme personnalité et elle ne se gêne pas pour faire des lectures animées
en classe. Comme elle aime jouer les personnages et faire de l’art dramatique, elle pense avoir contribué au
goût de la lecture expressive chez ses élèves. En leur lisant plusieurs livres de l’auteur Robert Munsch et en les
guidant pour qu’ils comprennent les textes et saisissent les éléments qui pourraient les faire rire, l’enseignante
a donné le goût à ses élèves de faire, eux aussi, une lecture à voix haute. Pour les motiver à améliorer leur
façon de lire les textes, elle leur a proposé d’enregistrer leurs lectures pour en faire des cédéroms qui
accompagneraient leurs livres.
Pour arriver à leur but, les élèves consacraient au moins 15 minutes par jour pour parfaire leur lecture, et ce,
pendant plusieurs semaines, autant à l’école qu’à la maison. Lorsqu’ils se sentaient prêts, ils pouvaient lire leur
livre aux autres élèves devant la classe avant de procéder à l’enregistrement. Au début du projet, les élèves
lisaient des albums sur le thème de l’Halloween, puis des albums de la collection Robert Munsch, puis des
magazines J’aime lire. Ce projet a suscité une telle motivation chez les élèves qu’elle le qualifie de « magique ».
Certains élèves ont tenu à enregistrer plus d’un livre, même ceux qui avaient de la difficulté à lire de façon fluide!
Les résultats sont très positifs. D’une part, madame Roy a remarqué chez ses élèves une nette amélioration au
regard de la compréhension en lecture. D’autre part, elle a demandé la collaboration des parents; ils font lire
leur enfant à la maison et peuvent témoigner de son progrès en lecture. L’orthopédagogue a également pu
constater une progression en lecture chez tous les élèves en difficulté avec qui elle travaille.
Le projet de CD audio a fait « boule de neige », et l’enseignante de 4e année, madame Lisa Joncas, l’a proposé
également à ses élèves. C’est un projet qui se poursuit encore!

Art dramatique
À Noël, chaque élève avait un exemplaire du magazine « J’aime lire » intitulé Atchoum Père Noël7.
L’enseignante faisait d’abord la lecture en classe afin de faire du modelage. Par la suite, elle a attribué un rôle
à tous ses élèves qui ont pu pratiquer leur intonation, leur changement de voix et l’interprétation des émotions.
Finalement, les élèves ont adapté le livre pour en faire une saynète. Le recours à l’art dramatique les a aidés à
mieux s’exprimer en français, mais aussi à rendre signifiantes les paroles et les émotions d’un personnage.

Recherche sur les animaux
Pour la dernière étape, l’enseignante voulait exploiter les textes documentaires. En 3e année, le thème des
animaux est un incontournable. Pour apporter un aspect de défi et donner plus de sens à une recherche sur les
animaux, elle a initié ses élèves à toutes les fonctions du logiciel PowerPoint et leur a proposé de préparer une
présentation à l’intention des parents. Ils ont ainsi appris à faire des fonds d’écran, diversifier leur police de
caractères, insérer et animer des images. Ils se sont amusés, entre autres, à créer de l’animation dans leurs
diapositives et à introduire le cri des animaux.
7. Leigh SAUERWEIN, Atchoum, Père Noël!, Éditions Bayard Jeunesse, Collection J’aime lire, no 84, décembre 1995.
12
Langue et culture - Bulletin no 7 – Juin 2015
De bouche à oreille… des nouvelles des commissions scolaires
DES RÉCITS FANTASTIQUES
En 2012-2013, madame Roy a enseigné à l’école Pierre-Boucher de Boucherville et elle a observé que plusieurs des
garçons de sa classe aimaient lire! Il y en avait un qui, entre autres, lisait des romans de la série Harry Potter8. Elle a
donc proposé à sa classe de 4e année, un projet autour des récits fantastiques. Elle a demandé au directeur de l’école,
monsieur Daniel Cardin, de faire l’achat de plusieurs exemplaires de romans fantastiques. Elle a créé 5 cercles de
lecture autour de 5 romans différents.
Chaque élève avait un rôle particulier à jouer pour se préparer au cercle de lecture. La planification des pages de lecture
à faire à la maison était faite avec les élèves. Afin de soutenir la motivation, l’enseignante utilisait les pages des romans
pour enseigner les savoirs en écriture. Par exemple, elle projetait sur le tableau numérique une page de description d’un
ogre ou d’une bête à partir du roman Porteur de masques de la série Amos Daragon9 lu par un des groupes de lecture.
Par la suite, comme tâche d’écriture, elle leur demandait de faire la description d’un monstre. Elle leur a aussi proposé
de visionner en classe un film de la série Narnia afin de faire un retour sur les éléments fantastiques. Ce projet a suscité
beaucoup d’intérêt chez les élèves, particulièrement chez les garçons. Elle se souvient de certains garçons qui se
bousculaient à la bibliothèque afin d’obtenir les tomes 2, 3, 4 ou 5 de la série Will Ghündee10! Madame Roy fait mention
qu’il existe maintenant des scénarios pédagogiques pour exploiter les lectures de ce roman en classe. Il suffit d’aller sur
le site web :
[http://www.willghundee.com/enseignants.html]
Une jeune élève, nommée Chloé Drieux, a surpris madame Roy cette année en lui envoyant un courriel pour la remercier
de lui avoir donné le goût de lire.
EN COMPLÉMENT
Autres romans fantastiques :
-
BILODEAU, Stéphane, Dany HUDON et Élise SIROIS-PARADIS. La lignée des dragons, Tome 1 À la recherche du
dragon d'or, Éditions Ada, Collection La lignée des dragons, Varennes, QC, 2009.
DUMAIS, Danielle. Les 5 derniers dragons, Tome 1 L'enlèvement, Éditions Ada, Collection Les 5 derniers dragons,
Varennes, QC, 2012.
Suggestions d’albums de Robert Munsch, publiés chez Éditions Scholastic :
Beaucoup trop de bagages - C'est ma chambre! - Drôle de rose - GRRRRRos Lions - J'ai un beau château - Journée
pyjama - Ma mère exagère - Une maison pour rire - Mets-moi dans ton livre - Rends-moi mon papa - Rien à porter –
La tignasse de Max - Tire le bouchon fiston - Une tonne de tartes - Vroum!
8. Joanne Kathleen ROWLING, Harry Potter, Éditions Gallimard, Paris, 1998-2007.
9. Bryan PERRO, Amos Daragon, Porteur de masques, Perro Éditeur, Collection Amos Daragon, Shawinigan, 2013.
10. Louis LYMBURNER, Will Ghündee, Le monde parallèle, Éditions Michel Quintin, Collection Will Ghündee, Waterloo, QC, 2005.
Langue et culture - Bulletin no 7 – Juin 2015
De bouche à oreille… des nouvelles des commissions scolaires
13
LE RÔLE DE LA BIBLIOTHÈQUE SCOLAIRE ET DE LA BIBLIOTHÈQUE DE CLASSE :
COMPLÉMENTARITÉ DANS LA MISE EN PLACE DE PRATIQUES PROBANTES
Commission scolaire de la Capitale
Depuis plusieurs années, la Commission scolaire de la Capitale travaille à mettre en place des pratiques
probantes dans l’enseignement du français au primaire en encourageant les enseignantes et les enseignants
à intégrer la littérature à leur enseignement. Dans la foulée de ces changements, un besoin croissant de
livres de littérature jeunesse s’est fait sentir chez les enseignants. Au moment des achats, des discussions
surgissaient toutefois : des livres pour la bibliothèque de l’école ou pour les bibliothèques de classe? Le fait
qu’il n’y a pas de budget alloué pour la bibliothèque de classe place les écoles devant des choix difficiles et
provoque une disparité entre les écoles et entre les classes.
En 2011, dans le cadre du plan d’embauche des bibliothécaires, Claire Baillargeon joint les Services
éducatifs de jeunes (SEJ) afin de travailler principalement pour les écoles primaires. Madame Baillargeon
intègre l’équipe déjà formée des conseillères pédagogiques en français (Annie Pelletier, Carine Dubé et
Joane L. Tremblay) et de la technicienne en documentation (Claire Beaumont) qui effectue un travail
collaboratif depuis plusieurs années. Pour soutenir la mise en œuvre du Continuum en lecture et la réalisation
des routines en littératie, on demande à la bibliothécaire d’accompagner les enseignantes et les enseignants
dans le développement de leur bibliothèque de classe. Or de cette demande émerge une réflexion : « Au sein
d’une école primaire, deux espaces sont dédiés aux ressources documentaires : la bibliothèque scolaire et
la bibliothèque de classe. Comment optimiser la complémentarité et l’utilisation des ressources de ces deux
espaces? »
À cette même époque est instiguée la Table régionale des bibliothécaires des commissions scolaires 03-12
(Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches). Madame Baillargeon en profite pour partager ses réflexions
avec ses collègues et toutes réalisent qu’elles ont les mêmes préoccupations. De ces échanges est né un
sous-comité ayant pour mandat de rédiger un document d’accompagnement destiné aux écoles : Pour une
complémentarité de la bibliothèque scolaire et de la bibliothèque de classe au primaire 11. Celui-ci précise la
mission, les rôles et le contenu respectifs de la bibliothèque scolaire et de la bibliothèque de classe, puis
propose des pistes d'utilisation pour une meilleure complémentarité de ces deux lieux. À la page 3 de la
version abrégée, les objectifs suivants sont présentés.
La complémentarité entre la bibliothèque scolaire et la bibliothèque de classe se traduit par
une gestion et un développement judicieux des collections ayant pour objectifs :
o
o
o
o
d’éviter les dédoublements non pertinents;
d’offrir davantage de textes variés (contenu, genre, sujet, etc.);
de permettre à un plus grand nombre d’avoir accès aux nouvelles acquisitions de
la bibliothèque scolaire;
de permettre un rafraîchissement et un renouvellement périodique de la
bibliothèque de classe à l’aide des ressources de la bibliothèque scolaire.
Ce document sera présenté au congrès De Mots et de Craie au printemps 2016.
Chapeauté par le directeur adjoint des SEJ, André-Marc Goulet, un comité de travail a été formé pour adapter
le document régional aux réalités de la commission scolaire et convenir des stratégies de diffusion. Il fallait
« vendre » cette vision de développement en illustrant comment répondre aux besoins pédagogiques liés à
la présence de livres dans la classe tout en poursuivant l’enrichissement de la bibliothèque scolaire.
11. Le document a été produit par Claire Baillargeon (Commission scolaire de la Capitale), Marion Bernier (Commission scolaire des PremièresSeigneuries), Marjolaine Christin (Commission scolaire des Navigateurs) et Joëlle Durette (Commission scolaire des Premières-Seigneuries).
14
Langue et culture - Bulletin no 7 – Juin 2015
De bouche à oreille… des nouvelles des commissions scolaires
UN PROJET DE VIDÉO SUR LE RÔLE DE LA BIBLIOTHÈQUE
En appui au document régional adapté aux couleurs de la Commission scolaire de la Capitale, le comité a
proposé de produire une vidéo présentant cette vision de complémentarité par des pratiques déjà existantes.
Ainsi, la vidéo met en vedette des enseignantes qui exploitent véritablement la bibliothèque scolaire comme
une « extension de la classe ». Les commentaires d’Annie Pelletier, conseillère pédagogique, et de Claire
Baillargeon, bibliothécaire, complètent cette présentation. Cette vidéo intitulée Pour une complémentarité
entre la bibliothèque scolaire et la bibliothèque de classe – Pratiques gagnantes a été publiée dans YouTube
le 21 août 2014. (8:03)
Plusieurs stratégies de sensibilisation du personnel ont été mises en place dont une présentation aux
directions des écoles primaires. Celles-ci ont été encouragées à visionner la vidéo avec leur personnel pour
susciter une discussion sur les pratiques en cours dans leur école.
MODALITÉ INSPIRANTE POUR L’ ACHAT DE LIVRES
Depuis que des sommes supplémentaires sont disponibles grâce au Plan d’action sur la lecture à l’école
(PALE), les SEJ de la Commission scolaire de la Capitale ont établi une entente collaborative privilégiée avec
une librairie agréée de la région. En effet, celle-ci leur envoie régulièrement des nouveautés afin d’alimenter
une salle d’exposition destinée aux achats de livres des écoles primaires. Les enseignantes et les
enseignants peuvent prendre rendez-vous avec une technicienne en documentation de l’équipe des services
documentaires pour faire une sélection de livres à acheter, soit pour l’école ou pour leur classe. Comme les
techniciennes connaissent les attentes des enseignants et les ressources déjà disponibles dans l’école, elles
peuvent ainsi faire des propositions judicieuses au personnel enseignant et alimenter les besoins en littérature
jeunesse des conseillers pédagogiques de toutes les disciplines.
COMMENTAIRES
Étant donné que la maîtrise de la langue française et la promotion de la culture sont inscrites dans le Plan
stratégique de la commission scolaire, de nombreuses actions menées par les conseillères pédagogiques et
les services documentaires concourent à ces objectifs communs. Les formations liées au Continuum en
lecture et à l’Appréciation d’œuvres littéraires (AOL), une trousse d’évaluation de la lecture et les réflexions
liées au rôle complémentaire de la bibliothèque scolaire et de la bibliothèque de classe font en sorte que
l’enseignement et l’apprentissage du français évoluent de plus en plus à l’aide de la littérature jeunesse.
Graduellement, les enseignantes et les enseignants modifient leurs perceptions et adoptent des pratiques
gagnantes. Ils se donnent une vision de développement ouverte sur l’avenir où tous donnent le meilleur d’euxmêmes pour la persévérance et la réussite scolaires des élèves.
Langue et culture - Bulletin no 7 – Juin 2015
De bouche à oreille… des nouvelles des commissions scolaires
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VIVRE LA LITTÉRATURE JEUNESSE EN CLASSE :
PROJET DE FORMATION ET D’ACCOMPAGNEMENT
Commission scolaire de la Beauce-Etchemin
À la Commission scolaire de la Beauce-Etchemin, plusieurs enseignantes et enseignants avaient pu bénéficier d’une
formation liée au Continuum en lecture et avaient à leur disposition plus de 200 trousses de lecture12 constituées
d’albums et de romans. Constatant que les pratiques novatrices que proposait le Continuum en lecture étaient peu
répandues et que les guides d’animation des trousses étaient peu utilisés, Christine Doyon, la conseillère pédagogique
en français au primaire, a eu l’idée de présenter aux enseignantes et aux enseignants un projet de formation et
d’accompagnement intitulé Vivre la littérature de jeunesse en classe. Mesdames Nathalie Godbout et Marie-José Hamel,
enseignantes, ont aussi collaboré à l’élaboration de ce projet.
MODALITÉ ET CONTENU DE LA FORMATION
Une série de trois rencontres13, de février à avril, a été proposée aux enseignantes et aux enseignants de tous les cycles
du primaire désirant aller plus loin dans leur compréhension et leur exploitation de la littérature jeunesse en classe. Ces
rencontres ont permis de démontrer le réel potentiel pédagogique des livres et la portée de l’exploitation d’œuvres
littéraires de qualité. La proposition a séduit 41 enseignantes et enseignants qui venaient de 12 écoles différentes. Au
départ, plusieurs avaient fait le constat que les élèves étaient plus ou moins performants en lecture.
Rencontre 1
Le dispositif de la lecture interactive est présenté aux enseignants qui doivent planifier une expérimentation en classe
à partir des albums qui ont fait l’objet de la présentation et qu’ils ont dû se procurer.
Rencontre 2
Après le retour sur la première expérimentation, le modèle Des livres en réseau est abordé et discuté. Une deuxième
intervention est planifiée pour expérimenter cette nouvelle façon de faire en classe.
Rencontre 3
 Un retour sur l’expérimentation des livres en réseau a permis de faire ressortir les réactions des élèves. Ainsi,
les enseignantes et les enseignants ont pu constater que les élèves plus ou moins performants en lecture
participaient activement aux activités proposées et qu’ils avaient quelque chose à dire, ce qui leur permettait de
développer leur capacité à interpréter des textes.
 Au cours de cette rencontre, les enseignantes et enseignants ont pu explorer des ressources disponibles à la
commission scolaire, comme les trousses et les guides d’animation, les fiches de lecture liées à des réseaux de
livres élaborés dans le cadre des travaux sur le Continuum en lecture et dans Livres ouverts : La création de
réseaux de livres.
L’animation retenue et les discussions suscitées au cours des rencontres permettaient aux participantes et aux
participants de construire et d’approfondir leurs propres compréhension et interprétation des albums. Ainsi, ils pouvaient,
par la suite, mieux guider les élèves pour qu’ils développent leur capacité à comprendre et à interpréter les textes; les
échanges entre les élèves et la qualité de leurs communications orales ont fait ressortir toute la force du travail collectif
pour aborder des œuvres et en approfondir le contenu. Entre les rencontres, la conseillère pédagogique était disponible
pour accompagner les enseignantes et les enseignants au moment de l’expérimentation en classe.
COMMENTAIRES
La formule de formation et d’accompagnement retenue a suscité l’engagement de l’ensemble des participants. Les
enseignantes et les enseignants sont davantage plus conscients de la nécessité de travailler avec des œuvres de
qualité. L’exploitation riche et diversifiée qui a été faite à partir des œuvres sélectionnées en a amené certains à revoir
leurs choix relativement aux achats de livres.
12. Depuis quelques années, ces trousses ont été élaborées par des enseignantes. Les premières trousses présentaient des collections, par la suite,
elles mettaient en relation le potentiel des livres avec des éléments de la progression des apprentissages en français; les dernières trousses
élaborées ont mis l’accent sur les livres en réseau et ont fait ressortir une variété de dispositifs pédagogiques.
13. Des rencontres d’une demi-journée en février et en mars ont été suivies d’une rencontre d’une journée en avril. L’école assume les coûts de la
suppléance de la première rencontre et les Services éducatifs de la commission scolaire assument ceux des autres rencontres.
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Langue et culture - Bulletin no 7 – Juin 2015
De bouche à oreille… des nouvelles des commissions scolaires
Plusieurs ont saisi l’importance d’une bonne planification pour animer et questionner les élèves sur les œuvres choisies;
certains ont même senti le besoin de « se pratiquer » pour mieux mener les séances de lecture interactive avec les
élèves. Les diverses façons de faire expérimentées et l’engagement qu’elles ont suscité chez les élèves ont fait en sorte
que plusieurs ont pris conscience des limites de la formule « questions/réponses » sur le texte et qu’elles l’ont même
remise en question.
L’environnement physique préoccupe également de nombreux enseignants qui se demandent quel serait
l’aménagement de la classe susceptible de favoriser l’autonomie des élèves.
Parmi les conditions gagnantes de cette formation, la conseillère pédagogique souligne la disponibilité de fiches de
lecture, une sélection de livres et les DVD qui accompagnent le Continuum en lecture. Toutes ces ressources
soutiennent les enseignantes et les enseignants dans la mise en place de nouvelles pratiques au regard de la lecture.
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COLLABORATION ÉCOLE-FAMILLE POUR CULTIVER LE GOÛT DE LA LECTURE CHEZ LES ENFANTS DE LA
MATERNELLE : PROJET DE RECHERCHE-ACTION
Commission scolaire des Hautes-Rivières
Des enseignantes de l’éducation préscolaire partagent la conviction que la littératie a un impact positif sur
l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, mais aussi qu’elle permet aux enfants et aux parents de vivre de très beaux
moments ensemble. Claire Bilodeau, Sylvie Moreau, Marie-Josée Bernier et Caroline Chagnon, enseignantes à
l’éducation préscolaire à l’école Saint-Vincent de Saint-Césaire, voulaient optimiser leur utilisation des livres avec les
enfants et provoquer un impact sur les parents. Elles ont fait appel à Brigitte Gagnon, conseillère pédagogique, et à
Annie Charron, professeure à l’Université du Québec à Montréal et chercheuse spécialisée en didactique des premiers
apprentissages au préscolaire et en émergence de l'écrit. Ensemble, elles ont mené un projet de recherche-action intitulé
Il était une fois… un livre pour toi et moi! Pour mener la recherche, elles ont aussi fait équipe avec Daniel Leblanc,
directeur de l’école, Nancy Lussignan, bibliothécaire, et Mélanie Letendre, animatrice Passe-Partout.
Dans le cadre de la recherche-action, l’équipe a développé une trousse littéraire qui se compose d'une vingtaine de
livres et d'activités variées à réaliser à la suite des lectures. Elle a aussi planifié des ateliers de littérature destinés aux
parents afin de les aider à développer des connaissances et des stratégies pour soutenir les enfants dans leur entrée
en écrit.
L'ensemble de la trousse littéraire et le rapport de recherche qui comprend le déroulement de la mise en œuvre et de
l'expérimentation de la trousse dans le milieu familial sont maintenant disponibles gratuitement en s’inscrivant au site
Mieux enseigner en cherchant le projet Il était une fois… un livre pour toi et moi. Des extraits du rapport de recherche
sont présentés ci-dessous.
ORIGINES DU PROJET
Des enseignantes du préscolaire de l'école St-Vincent voulaient être accompagnées dans l'expérimentation d'une
trousse littéraire qu'elles avaient commencé à élaborer durant l'année scolaire 2011-2012. De là est né le projet « Il était
une fois… un livre pour toi et moi! ». Cette trousse littéraire, inspirée du projet « Le sac à histoires » (Lévesque, 2009)
expérimenté dans le cadre du Programme de soutien à l’école montréalaise, contenait une variété de livres sélectionnés
à partir du site Livres ouverts (histoires, ouvrages documentaires, contes, livres de science ou de musique, etc.). Chacun
de ces livres était accompagné d’une fiche d'activités contenant quelques informations permettant aux parents de
prendre conscience de l'importance de leur rôle parental dans les apprentissages de leur enfant au regard de la langue
écrite.
OBJECTIFS
Afin d'optimiser l'utilisation de la trousse littéraire auprès des familles, les enseignantes ont réfléchi aux questions
suivantes :
a) Comment développer chez les parents l'intérêt de s'engager auprès de leur enfant en ce qui concerne les
premiers apprentissages dans le monde de l'écrit?
b) Comment pouvons-nous soutenir les parents en cours d'année afin de développer des attitudes et des stratégies
qui seront solidement ancrées dans la routine familiale?
c) Comment établir un pont entre l'exploitation du livre en classe et à la maison?
DÉVELOPPEMENT DU PROJET
C’est en communauté d’apprentissage que les membres ont décidé des actions à entreprendre pour atteindre les
objectifs du projet (coformation, planification d’activités littéraires pour la classe, planification et animation d’ateliers
destinés aux familles, évaluation des activités par les parents, groupe de discussion avec les parents pour permettre les
échanges autour de livres, etc.). Par surcroît, au cours des rencontres en communauté d'apprentissage, les membres
de l’équipe ont pu se développer professionnellement.
Le groupe de travail, composé de la chercheure, de la conseillère pédagogique et des quatre enseignantes, s’est réuni
à plusieurs reprises pour finaliser l’élaboration de la trousse littéraire, participer à des formations sur la lecture avec des
personnes-ressources (mesdames Marie Dupin de St-André, Marie Barguirdjian et Julie Provencher) et échanger sur
leurs pratiques de l’écrit en émergence.
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Langue et culture - Bulletin no 7 – Juin 2015
De bouche à oreille… des nouvelles des commissions scolaires
SOIRÉES LITTÉRAIRES AVEC LES PARENTS
Lors de la rencontre avec les enseignantes au début de l’année, les parents des élèves du préscolaire ont été invités à
participer à des soirées littéraires. D’une durée d’une heure trente, elles se tenaient à la bibliothèque de l'école. Ces
soirées littéraires, au nombre de trois, ont eu lieu en octobre, en novembre et en décembre 2012 et se déroulaient en
trois parties.
 En premier, les parents et les enfants, en pyjama, participaient à une animation de lecture par une des deux
spécialistes en littérature jeunesse, mesdames Marie Barguirdjian ou José Rochefort.
 Ensuite, les enfants se rendaient au service de garde pour prendre une collation et jouer pendant que la
spécialiste en littérature jeunesse présentait des livres aux parents, tout en les entretenant de l'importance des
livres dans le développement du goût de la lecture chez leurs enfants.
 Finalement, la dernière partie était consacrée à un moment de lecture entre le parent et son enfant, moment où
les parents réinvestissaient les conseils, les idées et les stratégies que la spécialiste avait proposés.
Le but de ces rencontres était d’outiller les parents quant à la lecture d’albums :
 Comment faire des choix de livres de qualité?
 Comment atteindre les besoins des enfants par le livre de littérature jeunesse?
 Comment développer des attitudes et des stratégies pour donner le goût de lire aux enfants?
 Comment instaurer des moments de complicité parents-enfants autour d’un album?
Après avoir exposé aux parents la pertinence des livres, l'expérimentation de la trousse littéraire a commencé dès
janvier 2013. Durant 15 semaines consécutives (jusqu’en mai), les enfants ont apporté à la maison un livre accompagné
de sa fiche d’activité. Chaque semaine, les enfants choisissaient une trousse à apporter à la maison. Cette trousse
comportait un livre, une fiche d’activité suggérant des tâches variées (bricolage, réflexion, manipulation, jeux, etc.), le
matériel nécessaire et un carnet d’appréciation de lecture, dans lequel les parents pouvaient formuler un commentaire.
Au total, 25 pochettes ont été créées. Chaque semaine, toutes les productions d’élèves étaient exposées, et un temps
d’échange collectif était organisé pour permettre aux enfants de partager leur appréciation du livre choisi.
RÉSULTATS
 Chez les parents
Près de 90 % des parents se sont dits entièrement satisfaits de l’expérience. Lors de la rencontre bilan, les parents
ont mentionné avoir perçu ces soirées comme une activité de réseautage. Ils ont aimé découvrir de nouveaux livres,
recevoir des idées pour animer le livre à parcourir et des capsules d’information sur la lecture, se faire lire des
histoires et réaliser une activité hors de l’ordinaire avec un de leurs enfants.
Au bilan, les parents étaient d’avis que la trousse littéraire a apporté une autre dynamique dans la famille et une
autre façon de voir le livre. Elle leur a aussi permis de connaître une variété de livres et d’activités. Les parents ont
mentionné que les soirées littéraires et la trousse leur ont permis de découvrir des auteurs, des façons d'animer le
livre, qu'il y a des livres pour le divertissement et d'autres pour développer des connaissances, et qu'il est important
de mettre à la disposition des enfants des livres destinés à des enfants d’âges variés.
Les parents ont relevé que, grâce à la trousse, ils ne lisent plus seulement avant le dodo, mais à différents moments
de la journée. De plus, bien que le temps consacré à la lecture n'ait pas changé, ils posent maintenant davantage
de questions à leur enfant et ils prennent plus le temps d'installer un climat propice à la lecture. Finalement, plutôt
que de suggérer des jeux, ils sont plus enclins à proposer des livres à leur enfant. Il s’agit là de retombées positives
en ce qui concerne les attitudes et les stratégies des parents au regard de la lecture d'albums à leurs enfants.
 Chez les enseignantes
Lors d’une entrevue pour dresser le bilan du projet, les enseignantes ont fait ressortir que la trousse a vraiment été
aidante pour les parents. Ceux-ci leur ont dit, notamment, qu'ils se sentaient mieux outillés pour aborder la lecture
avec leur enfant. Les enseignantes ont également mentionné que les enfants étaient motivés face au choix de leur
livre et qu’ils prenaient plaisir à promouvoir leur lecture auprès des autres élèves. Elles ont apprécié la joie et la
curiosité des enfants autant dans leur participation aux soirées littéraires que durant l’expérimentation de la trousse.
Finalement, elles ont trouvé que l'élaboration de la trousse était un beau travail d'équipe et que le projet, tel qu'il a
été vécu, n'aurait pu être réalisé par une seule personne. En général, les résultats démontrent que les soirées
littéraires et la trousse ont répondu à un besoin et ont été appréciées par les petits et les plus grands.
Les résultats démontrent que les enseignantes, à la suite de leur participation aux formations, ne voient plus les
livres de la même façon; leur animation des livres a changé, et elles écoutent et questionnent davantage les enfants.
Les enseignantes ont mentionné que si elles n'ont pas pu réinvestir toutes leurs nouvelles connaissances cette
année, elles ont toutefois eu la chance d’amasser un bon bagage qu’elles mettront en pratique l’an prochain. En
général, les enseignantes ont mentionné que ce projet leur a permis de développer des compétences en
enseignement-apprentissage de la lecture de façon individuelle, mais également de façon collective.
Langue et culture - Bulletin no 7 – Juin 2015
De bouche à oreille… des nouvelles des commissions scolaires
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