L`ambassadrice de Belgique, une travailleuse qui aime la
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L`ambassadrice de Belgique, une travailleuse qui aime la
Liban mercredi 27 février 2013 5 L’ambassadrice de Belgique, une travailleuse qui aime la randonnée et le yoga La diplomatie au féminin Colette Taquet a été nommée ambassadrice de Belgique à Beyrouth il y a un an et demi. Discrète et dynamique, elle expose dans un entretien avec « L’Orient-Le Jour » les activités entreprises pour la promotion de son pays au Liban, évoquant quelques-unes de ses impressions sur son quotidien à Beyrouth. Cet article s’inscrit dans le cadre d’une série portant sur les femmes diplomates en poste au Liban. Patricia KHODER Embrasser la carrière diplomatique pour Colette Taquet était une évidence. « Cela coulait de source ; j’ai toujours manifesté beaucoup d’intérêt pour les questions de la paix dans le monde, de liberté, de lutte contre la pauvreté. Je ne me suis pas posé de question à la fin de mes études (de sciences politiques et de droit international) et j’ai passé l’examen du corps diplomatique à 24 ans », souligne-t-elle. Elle a travaillé à Strasbourg auprès du Conseil de l’Europe, à Rome auprès des institutions onusiennes, à Londres ensuite. Après avoir occupé le poste d’ambassadrice à Chypre, elle est rentrée à l’administration centrale à Bruxelles avant d’être nommée ambassadrice à Beyrouth. Mme Taquet connaissait Beyrouth bien avant d’y être nommée ambassadrice. Portant de l’intérêt pour le Moyen-Orient, elle avait effectué sa première visite au Liban en 1999. Elle s’est ensuite rendue à plusieurs reprises au Liban, en Syrie, en Égypte, en Jordanie, et en Israël, alors qu’elle était en poste à Chypre. « Le pays montrait chaque fois un autre visage », dit-elle. À la question de savoir si sa perception du Liban a changé depuis qu’elle y a entamé sa mission, elle indique : « Oui, c’est tout à fait autre chose. Quand on vit quotidiennement dans un pays, l’expérience est différente. » Elle cite en premier lieu « les embouteillages dans lesquels l’on perd beaucoup de temps. Il n’y a pas beaucoup de place pour le piéton non plus. Beyrouth est une ville assez stressante ». Alors qu’elle venait d’entamer sa mission au Liban en 2011, avec l’aide de Beyrouth by Bike, Mme Taquet avait pris l’initiative d’offrir cinq vélos, par tirage au sort, à des cinéphiles ayant assisté à un film belge lors du Festival du cinéma européen. « Le vélo est plus qu’un sport en Belgique, c’est un moyen de locomotion, précise-t-elle. Le pays s’y prête bien et on fait de la place aux cyclistes. Des bicyclettes sont mises à la disposition des personnes en ville dans le cadre de véloville (comme c’est le cas du vélib à Paris). À Beyrouth, c’est dangereux de faire du vélo », dit-elle, tout en soulignant qu’elle fait de la bicyclette le week-end en ville. « Je porte mon casque et je me promène à vélo. En weekend, les matins, Beyrouth est très tranquille et les gens dorment encore. On peut aussi faire de la bicyclette ailleurs, mais au Liban, contrairement à la Belgique, il y a le défi du relief. » L’ambassadrice belge pratique le yoga et aime la musique, la littérature et la L’aide aux réfugiés syriens En novembre dernier, la Belgique a remis une donation de 785 000 dollars à la Croix-Rouge libanaise et à la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Cette aide était destinée également aux réfugiés syriens. La moitié de la somme a été utilisée pour l’achat de quatre ambulances médicalisées, alors que le reste a financé des vivres et de petits équipements aux déplacés syriens au Liban et en Syrie, permettant ainsi à 5 000 familles de profiter de cette aide. L’ambassadeur de Belgique, Colette Taquet, met l’accent sur la situation d’urgence créée par le flot de réfugiés au Liban, en Jordanie et en Turquie. « Nous pensons actuellement à d’autres contributions, souligne-t-elle. La Belgique a comme politique de base de verser directement ses contributions aux organisations internationales et aux fonds d’aide d’urgence pour qu’elles puissent en faire une gestion plus efficace et plus économique. Récemment, nous avons remis un don à l’Unrwa pour venir en aide aux réfugiés palestiniens de Syrie », ditelle, ajoutant que depuis des semaines, son pays « entretient une initiative aux Nations unies en appelant à renforcer le consensus international sur l’application du droit humanitaire international en Syrie ». Mme Taquet, qui s’était rendue à plusieurs reprises en Syrie avant les événements, avait été surtout frappée par « la gentillesse des gens, leur curiosité et leur sincérité », explique-telle. randonnée. C’est grâce à la marche en montagne qu’elle a découvert le Liban, à part bien sûr le Liban-Sud. Mme Taquet énumère les endroits qu’elle a visités à pied : « Les Cèdres de Jej, de Bécharré et de Barouk, Bkassine, Jezzine, la réserve d’Ehden, Laklouk, Qadisha, le lac Qaraoun... J’aime le contact avec les gens. C’est en marchant en montagne et en s’arrêtant dans les petites tavernes qu’on retrouve la vie libanaise authentique », dit-elle. Interrogée sur d’éventuels points communs entre la Belgique et le Liban, Mme Taquet souligne que la Belgique est une porte vers l’Europe tout comme le Liban joue ce rôle par rapport aux pays du Levant. Elle relève aussi que la Belgique a été le théâtre de tiraillements entre diverses forces comme c’est le cas du Liban, qui a été à plusieurs étapes de son histoire convoité par d’autres pays. Les deux pays sont également de taille moyenne, avec une diversité culturelle. À la question de savoir qu’est-ce qui est vraiment particulier à la Belgique, Mme Taquet met l’accent sur les villes belges avec leur architecture très particulière : « Ce sont des centres commerciaux et d’échanges à échelle humaine. Même la plus grande ville, Anvers, qui compte un peu plus d’un million d’habitants, reste une ville à dimension humaine, notamment quand on la compare aux mégalopoles comme Londres ou Paris, avec leur côté écrasant et esquintant. » Ce qui lui manque le plus ? « Mes amis. Parfois j’aimerais les transporter et les retrouver ici, mais mes amis sont aussi dispersés ailleurs », dit-elle. Batailles politiques, stéréotypes et quota Colette Taquet est une femme discrète, ou du moins elle ne se livre pas facilement aux journalistes. Au Liban, elle est avant tout au service de son pays. Elle ne s’épanche pas sur son expérience personnelle au sein du corps diplomatique belge, mais l’on devine que c’est une bûcheuse qui n’a pas épargné ses efforts pour faire carrière. Pour elle, même si beaucoup de progrès a été réalisé sur le plan de l’accès des femmes à des postes de responsabilité, et même si en Europe certaines batailles ont déjà été livrées et gagnées, il faut rester vigilant, surtout en temps de crise économique. À la question de savoir s’il est nécessaire pour une femme de travailler plus qu’un homme pour accéder à un poste, elle note qu’il « existe des stéréotypes liés au genre » (homme/ femme). Et d’ajouter : « Tous ne sont pas offensants ou injustes. Le problème est parfois que sur ces stéréotypes naissent des préjugés, qui peuvent limiter la liberté d’action des femmes. Ce sont à la fois des femmes qui ont des préjugés sur leur propre potentiel et des hommes qui ont des préjugés sur le potentiel des femmes. Les préjugés forment le terrain idéal pour mettre en place des discriminations. Des batailles politiques ou juridiques sont toujours à mener dans chaque pays, pour combattre ces discriminations. Il est injuste d’empêcher des femmes capables d’accéder à des postes importants. C’est aussi une grande perte en termes de ressources humaines, au plan de la matière grise, et des capacités d’une société à relever les défis de son développement. En Belgique, nous avons déjà livré ces combats, mais les stéréotypes et les préjugés existent toujours. » « Dans la carrière diplomatique belge, il y a moins de 20 % de femmes, et si l’on regarde les postes de chef de mission, ce pourcentage chute à moins de 15 %, indique Mme Taquet. Il reste aussi dans le tissu social des mécanismes qui font que les petites filles rêvent plus de métiers où il y a une tradition d’occupation féminine. Beaucoup de progrès ont été effectués, mais il faut toujours rester vigilant parce que durant les périodes de crise économique, on laisse les faibles payer le prix des sacrifices et on trouve donc plus de femmes qui travaillent à mi-temps ou qui sont dans des situations d’emploi précaire. » Et de poursuivre : « La Belgique ne fait ni plus ni moins que les autres, nous avons encore des combats à mener dans la représentation politique. Pour les élections, nous avons adopté un système de quota d’un tiers sur les listes. Mais il faut aussi un changement des mentalités, il faut avoir plus de femmes ayant des ambitions citoyennes, politiques. La balle est dans le camp des femmes aussi. Le monde de la politique est assez dur, il faut pouvoir livrer bataille, endurer et subir des coups, et toutes les femmes ne sont pas disposées à cela. » L’ambassadrice de Belgique est entrée dans la carrière diplomatique pour lutter contre les injustices. Le contingent belge de la Finul Depuis 2006, la Belgique participe à la Finul. Le contingent belge compte actuellement 104 hommes et femmes, qui sont stationnés à el-Tiri et qui partagent leur camp avec les Casques bleus irlandais et finlandais. « C’est une unité du génie militaire qui fait du déminage. Le contingent compte aussi une unité médicale, car il est obligatoire d’avoir des médecins avec les démineurs. Dans une précédente rotation, le contingent comptait un médecin luxembourgeois », note l’ambassadrice belge, Colette Taquet. Interrogée sur l’incident de Mays el-Jabal qui s’était produit il y a une quinzaine de jours, quand des soldats belges contrôlant un site déminé ont dû avertir des habitants qu’ils se trouvaient dans une zone dangereuse, Mme Taquet a souligné qu’il « s’agit d’un incident inamical qui s’est limité à quelques gestes inappropriés ». Pour l’ambassadrice de Belgique, tout est une question de respect : « Une femme à un poste important devrait inspirer le respect de la fonction. Il faut qu’elle soit compétente et capable de remplir son rôle d’une manière aussi efficace et aussi performante qu’un homme. Je pense que nous pouvons faire aussi bien qu’eux car il y a des femmes intelligentes, talentueuses, volontaires et prêtes à faire des sacrifices. C’est aussi essentiellement une question de personnalité », indique-t-elle. Priée, enfin, d’évoquer le regard qu’elle porte sur la femme libanaise, Mme Taquet s’exclame : « C’est un peu déroutant pour moi la femme libanaise. Il y a beaucoup de femmes très différentes au Liban. Est-ce qu’elles ont en commun des choses qui les transcendent et qui font qu’il y a une seule femme libanaise ? Je ne suis pas encore au clair là-dessus. Mais je pense qu’il y a quand même une préséance du rôle de mère et d’épouse. » Et elle n’a pas vraiment tort. au large du Liban, de Syrie et de Chypre. Quand on sait qu’on annonce un pic pétrolier dans 20 à 25 ans, on comprend un peu mieux l’enjeu de cette guerre syrienne : empêcher le tandem Syrie-Iran de contrôler un front de mer méditerranéen stratégique, allant de Naqoura jusqu’au sandjak d’Alexandrette. Rien de bizarre ici, bien de régions pétrolifères connaissent des TSP (Troubles sécuritaires prolongés) et la zone arabe est en ébullition depuis la découverte de son pétrole. Or ce scénario salafistealaouite au Liban-Nord suppose une réduction préalable de la puissance du Hezbollah, sinon les salafistes auraient leurs arrières bien exposées. Verra-t-on ainsi une confrontation salafiste-Hezbollah ? Ou alors une intervention israélienne contre le parti d’Allah ? Voire les deux à la fois ? Jabhat al-Nousra a annoncé la création d’une filiale au Liban pour combattre le Hezbollah, et Israël est intervenu en Syrie, détruisant un complexe militaire et un convoi d’armes où de hauts responsables iraniens et du Hezbollah seraient morts. Quoi qu’il en soit, on a schématiquement le topo suivant dans la région où trois facteurs ont été mis en place durant les dernières années, à savoir, le Syria Act (2003), le TSL (2005), la résolution 1701 (2006) : on agit en Syrie depuis deux ans (on s’agite aussi) ; le TSL s’ébroue depuis quelque temps, lentement mais sûrement ; reste la 1701, qui peut être placée sous le chapitre 7 du Conseil de sécurité des Nations unies. En attendant, il ne faut pas rester oisif. Il faut quand même s’atteler à bâtir un État, de préférence de droit. Opinion La République citoyenne Malgré tout, bâtir un État verra-t-elle enfin le jour ? Ouf quel bol d’oxygène ! Après trente-sept ans de frustration, un rayon de soleil transperce enfin le ciel nuageux et gris du pays du Cèdre. Deux jeunes gens appartenant à cette société multicommunautaire libanaise ont décidé de se marier civilement sur le territoire national. Ils vont de ce fait sortir de sa torpeur un establishment pris en étau depuis soixante-dix ans par un système confessionnel implacable et donner sa chance à une société civile en quête de reconnaissance citoyenne. Merci donc à eux et à tous les juristes, les politiques et hommes de religion qui adhèrent à ce chantier national de la réhabilitation et de l’intégration des citoyens au sein d’un État considéré mondialement comme un véritable laboratoire socioculturel. Au moment où les représentants des différents partis se réunissent, toutes tendances confondues et malgré les divisions profondes qui les opposent, pour essayer de s’accorder autour d’une loi électorale acceptable pour tous, selon les critères confessionnels en vigueur, l’initiative civile de ces deux citoyens appartenant à des communautés différentes est un véritable pied de nez à tout le système politique actuel. Elle doit réussir coûte que coûte, parce qu’elle pavera largement la voie aux premiers pas d’une République citoyenne tant souhaitée. Elle inaugurera une nouvelle ère d’égalité des chances de tous les citoyens face à la seule loi nationale civile et participera à l’édification des premières fondations d’un État civil. Dans ce même registre, je voudrais saisir l’occasion pour signaler que nombre de politologues, d’observateurs et d’analystes politiques cherchent à étudier les causes du blocage chronique de nos institutions et à trouver les moyens les plus adéquats pour éviter que ne se perpétue l’incapacité natio- nale à légiférer, gérer, et surtout développer positivement les infrastructures de l’État. La question essentielle est de réussir ce bouleversement sans naturellement remettre en question les bases fondamentales de la Constitution, la sigha et l’équation politique qui détermine les modalités de la gestion des affaires au sein de l’État et des institutions. Rester à l’écoute des besoins quotidiens des citoyens et les aider à mieux réaliser leurs objectifs exige en effet une démarche simple, transparente, juste et équitable, loin de toutes les pressions et les interdits qui sont la conséquence d’un système archaïque, négatif et réactionnaire. Dans le cadre de ces efforts, il serait utile de porter à l’aimable attention de nos concitoyens une initiative engagée il y a plus d’un an par un avocat et analyste politique, Me Hassane Rifai, qui a eu la délicatesse de m’associer à sa réflexion. Après une étude approfondie de son objet, nous avons décidé de l’exprimer sous la forme d’un pamphlet titré : « Je m’engage ». M. Michel Hadjigeorgiou nous a fait l’amitié de se joindre à nous ensuite, et nous a soutenus par ses conseils et par une campagne de mobilisation et de sensibilisation qu’il a menée auprès d’un grand nombre de personnes pour tester les réactions. Les destinataires de ce document, à qui il sera demandé de signer cet engagement, sont les élus du peuple à l’Assemblée nationale, tous les responsables politiques, militaires, religieux et cadres de la fonction publique, les représentants des partis politiques et des organisations de la société civile. Malgré donc la situation explosive que traverse cette région du Moyen-Orient et les retombées de la guerre syrienne tant à l’intérieur que par rapport au Liban, la société civile et les citoyens libanais poursuivent leurs combats et leurs défis, avec où sans leurs leaders et quelquefois contre eux pour essayer de prendre le relais et réhabiliter des structures nationales vétustes et paralysées depuis si longtemps. Voici le texte en question : – Je m’engage à ne pas impliquer le clergé et les institutions religieuses dans la vie politique, à ne pas les associer à mes réunions et cérémonies politiques, partisanes et électorales, et à ne pas utiliser leurs tribunes à des fins politiques. – Je m’engage à ne pas impliquer les institutions militaires et sécuritaires dans la vie politique. Je ne les associerai pas à mes réunions et cérémonies politiques, partisanes et électorales. – Je m’engage à prendre part à l’élaboration et au vote d’une loi sur le mariage civil facultatif sans conditionner celle-ci par l’instauration de la laïcité, la suppression du confessionnalisme politique ou tout autre prétexte. – Je m’engage à participer à l’élaboration et au vote des législations nécessaires pour garantir l’égalité entre l’homme et la femme et à soutenir toutes les mesures pouvant faciliter la réalisation concrète de ce principe. – Je m’engage à prendre part à l’élaboration et au vote des législations appropriées et nécessaires pour que les immunités accordées par la loi du secret bancaire ne puissent profiter à toute personne occupant une fonction publique, député, ministre, magistrat ou fonctionnaire du service public. Avec l’espoir que cet engagement trouvera un accueil positif de la part de ceux à qui il s’adresse et qu’il participera lui aussi, à sa façon, à tracer la voie en vue de la construction d’une République citoyenne, à laquelle aspirent toutes les jeunes générations de la nation (toutes les remarques ou les observations citoyennes seraient les bienvenues). Salim F. DAHDAH « La guerre en Syrie menace de déborder aux pays voisins », nous assènent les médias, relayant par là les propos de responsables occidentaux. On l’a constaté le jeudi 14 février dans l’ouest irakien où un groupe armé, vraisemblablement sunnite et originaire d’al-Anbar, a détruit un convoi de plusieurs véhicules iraniens se dirigeant vers la Syrie. Ce débordement est déjà un fait bien établi au Liban dès le début de la crise syrienne (on pourrait même parler de dégats des os). Il est peu probable que cette guerre syrienne déborde en Jordanie car ce pays ne constitue pas un passage stratégique entre l’Iran et la Syrie. Penchonsnous donc un peu sur ce qui pourrait avoir lieu au pays du Cèdre dans un avenir proche. Il semble se profiler un remake du scénario sud-libanais Israël-Hezbollah au LibanNord, à savoir, une confron- tation salafiste-alaouite de longue durée – déjà partiellement entamée – tout le long de la frontière syro-libanaise et après l’établissement du canton alaouite en Syrie. Quelques faits parmi d’autres, et pour le moins bizarres, nous mettent sur la piste de ce scénario : I. Bizarre, en effet, le timing de cet incident de Ersal où, dans un cafouillage extrême mais apparemment bien orchestré, un certain Khaled Homayyed a été liquidé et le village de Ersal verrouillé par l’armée libanaise. Quand on sait que Ersal est une porte stratégique vers al-Qoussayr, donc vers Homs, on comprend mieux l’objectif de cette opération : garantir la communication entre le futur canton alaouite et la zone Békaa-Liban-Sud. II. L’émergence soudaine de Jabhat al-Nousra, avatar d’al-Qaëda, qui prend de plus en plus d’ampleur en Syrie mais aussi au Liban où la mouvance salafiste, bien implantée au Liban-Nord et dans des camps palestiniens, lui a fait allégeance. En outre, on nous répète à l’envi qu’il n’y a que l’armée syrienne qui puisse venir à bout d’islamistes de tous poils. Vous avez dit bizarre ? III. Ce rôle ambigu des États-Unis envers la Syrie : après un soutien tacite mais efficace à l’ASL via la présence d’experts américains en tout genre en Jordanie, en Turquie et au Liban mais aussi via le soutien du tandem Qatar-Arabie, les États-Unis semblent s’être rétractés, demandant au tandem ci-dessus de réduire son soutien aux opposants syriens armés. Un plan tacite du général Petraeus aurait même été stoppé net. Qui a dit bizarre ? IV. La présence de pétrole et de gaz en Méditerranée, Serge GÉLALIAN Mariage civil : gare à l’arnaque ! Tenez bon Monsieur C’est un sujet particulièrement délicat à aborder, tant il suscite, à l’heure actuelle, autant d’espoirs que de craintes. C’est pour cette raison que je tiens, d’entrée de jeu, à préciser que je suis résolument pour l’instauration d’une institution de mariage civil, qui resterait cependant facultative. Il appartiendrait ainsi à chacun de faire son choix, sans que nul ne se sente lésé ni mal perçu. Cela dit, attaquons-nous au mariage ultramédiatisé des jeunes Khouloud et Nidal, en passe d’être légalisé par les autorités libanaises. C’est donc l’histoire de deux jeunes gens qui, croyant dur comme fer à leur droit de procéder à un mariage civil sur le sol libanais, décident de sceller leur union auprès d’un notaire. Le geste aurait pu, et dû d’ailleurs, rester dans les annales comme un geste hautement symbolique, courageux, militant. À quelques mois des lé- gislatives, il était cependant trop tentant pour les responsables en place de laisser passer l’aubaine : être ceux qui auraient légalisé le premier mariage civil au Liban et inscrire ainsi leur nom en lettres d’or sur l’une des pages les plus importantes de l’histoire de ce pays. Ce serait là un bien bel épilogue à la lutte de toute une génération de Libanais qui ne se reconnaissent plus, depuis belle lurette, dans les mariages coûteux et trop souvent contraignants, contractés auprès de leurs communautés religieuses respectives. Sauf que voilà, la réalité juridique est que Khouloud et Nidal ne sont mariés au « civil » que par la forme. Et encore. Même pour la forme, le jour où, par malheur, surgira un problème entre les deux époux, c’est encore à la loi religieuse de statut personnel de l’époux qu’il faudra retourner. Tout simplement faute de législa- tion adaptée... En d’autres termes, « légaliser » l’union civile de Khouloud et Nidal n’aura été que de la poudre aux yeux. Aucun texte de droit commun ne permet de gérer les effets d’un tel mariage. Ni la filiation, ni la pension alimentaire, ni l’adoption, ni les obligations respectives des époux, ni la séparation, ni le divorce, ni l’annulation du mariage n’ont de réponse dans un quelconque texte de droit commun libanais, comme c’est le cas dans tous les pays du monde qui ont instauré l’institution du mariage civil. Cette « légalisation » de la première union civile libanaise n’aura été, au final, qu’un spectaculaire coup d’épée dans l’eau. Une façon comme une autre de s’attirer les faveurs d’un peuple décidément demandeur de modernisation, mais un peu crédule tout de même... Joumana NAHAS le Président Le jour du vote de la loi électorale « orthodoxe » est le jour le plus sombre dans l’histoire du Liban. Sous prétexte de récupérer les droits usurpés des chrétiens, ils ne cherchent qu’à préserver leurs propres intérêts. Qui les a mandatés pour casser le Grand Liban ? Qu’ils osent organiser un référendum pour savoir ce que veulent réellement les habitants de ce pays. Monsieur le Président, vous n’êtes pas seul. Vous êtes aujourd’hui le dernier garant de la survie du Grand Liban. Pendant des années, ils ont cherché à nous faire abandonner le rêve d’une nation pluraliste. Ils ont échoué malgré toutes les puissances de destruction mobilisées. Allons-nous les laisser obtenir par la ruse ce qu’ils n’ont pas eu par la force ? Notre régime a certes besoin d’être rénové. Notre administration a également besoin d’être nettoyée. Notre classe politique a sûrement besoin d’être remplacée. Notre souveraineté a de nouveau besoin d’être imposée. Mais notre nation mérite d’être défendue. Et notre Grand Liban mérite de vivre. Ils ont peut-être la légalité parlementaire pour eux. Nous avons pour nous la légitimité inaliénable de la nation. Ne les laissez pas imposer ce nouvel apartheid confessionnel. Nous sommes au moins aussi nombreux que ces nouveaux fossoyeurs de la nation. Et nous sommes tous derrière vous. Raymond NAMMOUR