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Ann Nestlé [Fr] 2009;67:55–64 DOI: 10.1159/000278752 Évaluation clinique de la dénutrition en pédiatrie Corina Hartman Raanan Shamir Institut de Gastro-entérologie, Nutrition et Maladies hépatiques, Centre médical d’enfants Schneider, Faculté Sackler de Médecine, Université de Tel-Aviv, Tel-Aviv, Israël Mots-clés Dénutrition ⴢ Risque nutritionnel ⴢ Mesures anthropométriques ⴢ Consommation alimentaire ⴢ Composition corporelle ⴢ Paramètres biologiques Résumé La recherche et l’évaluation du risque nutritionnel devraient faire partie intégrante de l’évaluation clinique. Les objectifs d’une telle évaluation sont de déterminer le risque ou la présence d’une dénutrition et de proposer des directives pour un traitement à court et long terme. Le statut nutritionnel est évalué par une approche simple et principalement clinique basée sur les antécédents médicaux, l’examen clinique, les mesures anthropométriques, la consommation alimentaire, la composition corporelle et des paramètres biologiques. L’évaluation du statut nutritionnel devrait débuter par une étude des antécédents médicaux et un examen clinique associés à une évaluation de la consommation alimentaire. Des ingesta inadaptés, une diminution de l’absorption, des pertes excessives, une mauvaise utilisation des nutriments ou une augmentation des besoins sont autant de facteurs permettant de supposer qu’un enfant présente un risque nutritionnel. La croissance est le meilleur indicateur du statut nutritionnel. L’analyse de la croissance (gain pondéral et vitesse de croissance) en utilisant les courbes de croissance demeure l’outil le plus simple pour évaluer les changements du statut nutritionnel. Des mesures anthropométriques peuvent aussi être utilisées: indice de masse corporelle, pli cuta- © 2010 Nestec Ltd., Vevey/S. Karger AG, Basel 0250–9644/09/0672–0055$26.00/0 Fax +41 61 306 12 34 E-Mail [email protected] www.karger.com Accessible en ligne à: www.karger.com/anf né et circonférence brachiale. Plusieurs classifications sont utilisées pour définir la dénutrition, mais aucune n’a été correctement validée chez les enfants. De nos jours, il est rare qu’une évaluation nutritionnelle soit systématiquement réalisée chez l’enfant par manque de paramètres simples et validés. De tels outils de dépistage doivent être développés et validés dans différentes situations en pédiatrie. Copyright © 2010 Nestec Ltd., Vevey/S. Karger AG, Basel Pour une croissance et un développement optimaux, les enfants nécessitent un bon statut nutritionnel. Un enfant présentant une dénutrition ou un retard de croissance aura une augmentation de la morbidité et ses défenses contre les maladies peuvent être altérées [1, 2]. Selon la définition utilisée pour décrire la dénutrition, la prévalence de la dénutrition aiguë chez les enfants hospitalisés dans différents pays est de 6,1 à 40,9% [3]. Chez les enfants ayant une maladie sous-jacente, plusieurs études ont rapporté une prévalence de dénutrition chronique plus importante (44–64%) [3]. Le statut nutritionnel devrait donc être surveillé régulièrement chez l’enfant avec pour objectifs l’évaluation des risques de dénutrition ou de surcharge pondérale, permettant une prise en charge thérapeutique et un suivi optimal [4]. Une prise en charge nutritionnelle précoce peut améliorer le statut nutritionnel, réduire la morbidité et prévenir une aggravation clinique. Raanan Shamir, MD Institute of Gastroenterology, Nutrition, and Liver Disease Schneider Children’s Medical Center of Israel 14 Kaplan St., IL–49202 Petach-Tikva (Israel) Tel. +972 3 925 3672, Fax +972 3 925 3104, E-Mail [email protected] L’évaluation nutritionnelle devrait être précédée par une enquête alimentaire, dont les objectifs seraient d’identifier les enfants présentant un risque d’apports alimentaires inadaptés, de fournir des conseils anticipés et de définir les enfants pour lesquels une évaluation nutritionnelle plus complète devrait être réalisée. Indépendamment du contexte ou des objectifs, le statut nutritionnel est évalué par une approche simple et principalement clinique basée sur les antécédents médicaux, l’examen clinique, les mesures anthropométriques, la consommation alimentaire, la composition corporelle et des paramètres biologiques. Il est important d’avoir à l’esprit que la plupart des techniques ont été développées et validées avec des populations en bonne santé; quelques modifications sont donc souvent requises pour les enfants handicapés ou présentant des maladies chroniques. Antécédents médicaux et examens cliniques L’histoire médicale du patient est le point de départ de n’importe quelle évaluation nutritionnelle. Une sousalimentation peut être la conséquence d’apports alimentaires inadaptés (anomalies de succion, mastication ou déglutition, préparation alimentaire incorrecte, anorexie), d’une augmentation des pertes (vomissements, diarrhées), d’une augmentation des besoins métaboliques (infection, inflammation, troubles cardiaques, brûlures) ou d’altération dans le métabolisme nutritionnel (médicaments, altérations hormonales). Des facteurs socioéconomiques et psychologiques peuvent également affecter la consommation alimentaire des enfants. Un manque d’argent pour acheter la nourriture, un manque de moyen pour stocker ou préparer les repas, des croyances (jeûne, régime végétarien), l’abus ou la négligence des enfants peuvent être autant de causes expliquant un apport alimentaire insuffisant et devraient être recherchées lorsqu’un enfant est identifié comme étant à risque. Si un traitement pharmaceutique est prescrit, il doit être examiné afin (1) de rechercher les éventuelles interactions avec des nutriments, (2) de mettre en évidence l’augmentation des besoins nutritionnels qu’il engendre (en macroet micronutriments) et (3) d’identifier les effets secondaires gastro-intestinaux [5]. L’examen clinique est l’étape suivante dans l’évaluation nutritionnelle. Le principal objectif de cet examen est d’identifier la présence de signes ou de symptômes suggérant des carences ou des toxicités alimentaires. Les symptômes et les signes cliniques de la dénutrition sont facilement reconnaissables, mais ils sont malheureuse56 Ann Nestlé [Fr] 2009;67:55–64 ment présents seulement lorsque la dénutrition est bien installée. De plus, ces signes ne sont pas spécifiques à un nutriment et ils peuvent être la résultante de complications infectieuses, allergiques ou traumatiques. L’examen clinique devrait être réalisé toujours de la même manière et devrait inclure: (1) l’évaluation de la masse musculaire et des réserves adipeuses sous-cutanées; (2) l’examen minutieux de la peau, des cheveux, des ongles, de la cavité buccale, des dents et des os, et (3) la recherche et l’évaluation des signes et symptômes de carences en vitamines et minéraux (tableau 1). Mesures anthropométriques La croissance est le meilleur indicateur du statut nutritionnel. L’analyse de la croissance (gain pondéral et vitesse de croissance) en utilisant les courbes de croissance demeure l’outil le plus simple pour évaluer les changements du statut nutritionnel chez les enfants [6]. L’évaluation de la croissance et du développement comprend plusieurs étapes: • Mesures précises du poids et de la taille • Calcul de l’indice de masse corporelle (IMC) • Report des valeurs de la taille, du poids et de l’IMC sur les diagrammes appropriés • Détermination de la présence d’une retard pondéral ou d’une surcharge pondérale ou du risque de développer l’un ou l’autre • Détermination de l’évolution de la maturité sexuelle selon les directives de Tanner Pour la mesure du poids, l’instrument utilisé doit être fréquemment calibré et d’une précision à 10 g près pour les enfants en bas âge et à 100 g près pour les enfants plus grands et les adultes. Cette mesure doit être réalisée sans les chaussures et en sous-vêtements. Les enfants en bas âge doivent être pesés sans couche. La taille est mesurée lorsque l’enfant est couché jusqu’à l’âge de 2–3 ans puis debout lorsqu’il a plus de 3 ans. L’instrument utilisé pour mesurer la taille doit avoir une précision de 0,1 cm. Les évaluations du statut nutritionnel et de la croissance seront d’autant plus précises que les mesures du poids et de la taille seront réalisées périodiquement. Le gain pondéral et la vitesse de croissance d’un patient sont de précieux repères pour prévoir l’évolution de sa croissance et interpréter d’éventuels changements causés par la maladie ou des interventions médicales ou nutritionnelles. La réalisation de mesures périodiques et l’utilisation des diagrammes de référence spécifique de certaines pathologies génétiques comme la trisomie 21, les syndromes Hartman/Shamir Tableau 1. Signes et symptômes de la dénutrition lors d’un examen clinique Organe/système affecté Observations Déficit à rechercher Général Retard pondérale, surcharge pondérale, œdèmes Petite taille Apathie, irritabilité Dénutrition protéino-énergétique Excès calorique Graisse sous-cutanée Diminuée/augmentée/œdèmes Déficit calorique/excès Dénutrition protéique Masse musculaire Délabrement et douleur Dénutrition protéino-énergétique Thiamine Squelette Craniotabès, bosses pariétales et frontales, bourrelets épiphysaires, poitrine de pigeon, chapelet costal Calcium Vitamine D Peau et muqueuses Pâleur, peau sèche, dermatite Retard de cicatrisation Fer, zinc, Thiamine, acide ascorbique AGE Cheveux et ongles Alopécie, cheveux fins et clairsemés, dépigmentés Ongles friables, koïlonychie Zinc, fer Biotine, vitamines A, K, niacine AGE Lèvres et gencives Chéilite, stomatite, gingivite, saignements Vitamines B, acide ascorbique Dents et langue Caries, aspect anormal de l’émail Langue lisse, rouge/pâle, douloureuse Déficit/excès en fluor Niacine, riboflavine, B12 Yeux Sècheresse, kératomalacie Néovascularisation de la cornée Rétinite pigmentaire Photophobie Vitamine A Riboflavine Vitamine E Zinc Gastro-intestinal Diarrhée Hépatomégalie (steatose) Zinc Dénutrition protéino-énergétique Cardiovasculaire Cardiomyopathie Arythmie Sélénium, thiamine Potassium, calcium, phosphore Endocrinien Hypothyroïdisme, goitre Intolérance glycidique Hypogonadisme Iode Chrome Dénutrition protéino-énergétique Neurologique Neuropathie périphérique motrice Neuropathie périphérique sensitive Ataxie Changement psychomoteur, confusion Thiamine, pyridoxine Thiamine, B12 Thiamine Vitamine E Dénutrition protéino-énergétique Autre Altération du goût Elargissement de la parotide Zinc Dénutrition protéino-énergétique AGE = Acides gras essentiels. de Prader-Willi, de Turner ou d’autres maladies génétiques, sont utiles pour différencier une croissance normale dans le cadre d’une situation particulière d’une croissance anormale due à une sous-alimentation. Les courbes de croissance présentent des valeurs de référence du poids, de la taille et/ou de la vitesse de crois- sance en fonction de l’âge. En 2006, l’OMS a publié de nouvelles valeurs de référence internationales pour l’évaluation de la croissance physique, du statut nutritionnel et du développement moteur chez les enfants de la naissance jusqu’à l’âge de 5 ans. Ces courbes de croissance sont basées sur les données d’une étude multicentrique Évaluation clinique de la dénutrition en pédiatrie Ann Nestlé [Fr] 2009;67:55–64 57 sur la référence de croissance (EMRC), un projet à caractère communautaire et multinational faisant participer plus de 8 000 enfants du Brésil, du Ghana, d’Inde, de Norvège, d’Oman, et des États-Unis. Les enfants de cette étude ont été recrutés en fonction de leur environnement, qui devait être favorable à une croissance saine: alimentation et soins de santé appropriés, et d’autres facteurs assurant une bonne santé [7]. Les valeurs de référence antérieures étaient basées sur des données obtenues avec un nombre limité d’enfants. Elles décrivaient seulement comment des enfants, principalement nourris avec des laits maternisés, grandissaient dans une région spécifique et à des périodes particulières; elles ne constituaient pas une base de données solide pour l’élaboration de normes et de valeurs standards internationales. Les nouvelles normes de l’OMS pour la croissance et le développement sont basées sur des enfants allaités. C’est la première fois qu’une telle cohérence existe entre les outils utilisés pour évaluer la croissance et les directives nationales et internationales concernant l’alimentation infantile, l’allaitement étant défini comme un apport nutritionnel optimal durant la petite enfance. Pour construire des courbes de croissance pour les enfants d’âge scolaire et les adolescents concordant avec la norme OMS de croissance de l’enfant en âge préscolaire, les données de référence NCHS (National Center for Health Statistics)/OMS pour la croissance (1–24 ans) de 1977 ont été regroupées avec celles de l’échantillon transversal d’enfants de moins de 5 ans (18–71 mois). La fusion des données à permis d’obtenir une transition plus douce pour l’âge de 5 ans au niveau des courbes de taille, de poids et d’IMC en fonction de l’âge. Les nouvelles courbes coïncident étroitement à 5 ans avec la norme OMS de croissance de l’enfant et à 19 ans avec les points de coupure recommandés chez l’adulte pour l’excès pondéral et l’obésité. Ces courbes publiées en 2007 comblent les lacunes en matière de courbes de croissance et fournissent une référence appropriée pour la tranche d’âge 5–19 ans [8]. Toutes ces valeurs de référence de la croissance sont présentées sur le site de l’OMS: http://www.who.int/ growthref/en/. Le statut nutritionnel est défini à l’aide d’indices anthropométriques. Cependant, il n’existe pas de consensus sur le critère le plus pertinent pour diagnostiquer une dénutrition. Plusieurs classifications et valeurs seuils sont utilisées dans le monde pour définir la dénutrition [9, 10]. La classification proposée dans les années 1950 initialement par Gomez et al. [11] est basée sur les déviations de la courbe du poids en fonction de l’âge par rapport à la courbe standard idéale, et classe la dénutrition comme 58 Ann Nestlé [Fr] 2009;67:55–64 mineure, modérée ou sévère. Cependant, le poids en fonction de l’âge ne permet pas de déceler les effets des différences de taille. La classification de Waterlow [12] est basée sur le pourcentage du poids corporel idéal où le poids réel est divisé par le poids correspondant au 50ème percentile de la taille observée. La dénutrition aiguë est considérée mineure, modérée ou sévère quand le poids observé représente respectivement 80–90, 70–80 et moins de 70% du poids idéal. De plus, le pourcentage de la taille par rapport à l’âge est basé sur la taille réelle divisée par la taille au 50ème percentile de l’âge. L’enfant n’est pas dénutri si ce rapport est de plus de 95% et présente une dénutrition chronique mineure, modérée ou sévère si ce rapport est respectivement de 90–95, 85–90 et inférieur à 85%. Une dénutrition aiguë est définie comme un retard pondéral sans retard de croissance, tandis que la combinaison d’un retard de prise de poids et de la croissance survient au cours des dénutritions chroniques [12]. En 1999, l’organisation mondiale de la santé définissait la dénutrition par un seuil de –2 déviations standards (DS). Selon ces critères, un poids en fonction de la taille compris entre –3 et –2 DS suggère une dénutrition modérée et, en dessous de –3 DS, une dénutrition sévère [13]. Ces DS peuvent être calculées à l’aide du site internet CDC (Centers for Disease Control and prevention): www. cdc.gov/epo/epi/epiinfo.htm. L’IMC, calculé en divisant le poids (en kg) par le carré de la taille (kg/m2), est un indice anthropométrique de plus en plus utilisé [14]. Cette mesure reflète la proportionnalité corporelle et est sensible aux apports alimentaires et au statut nutritionnel à long terme. Les nouvelles courbes de croissance utilisant l’IMC peuvent être utilisées en clinique pour des enfants dès l’âge de 2 ans lorsqu’une mesure correcte de la taille peut être réalisée. Utilisé auparavant comme un indice de surpoids, Cole et al. [15] ont récemment proposé des valeurs seuils pour utiliser l’IMC comme un indice de retard pondéral. Ainsi, un seuil de retard pondéral de 17 correspond au seuil de dénutrition aiguë de –2 DS sur la courbe du poids en fonction de la taille. Les CDC nord américains ont ainsi défini et validé qu’un IMC par rapport à l’âge au dessus du 95ème percentile, compris entre le 85ème et le 95ème percentile et inférieur au 5ème percentile indique respectivement un surpoids, un risque de surpoids, et un retard pondéral [15]. D’autres indices anthropométriques sont utiles pour l’évaluation du statut nutritionnel, comme le pli cutané et la circonférence brachiale. Ces indices représentent des mesures de compartiments corporels, respectivement le tissu adipeux et le muscle [16, 17]. Cependant, ces paraHartman/Shamir Tableau 2. Méthodes d’évaluation de la consommation alimentaire Méthodes Avantages Inconvénients Relevé alimentaire Technique de premier choix Ne fait pas appel à la mémoire Peut se faire sur plusieurs jours Nécessite une certaine instruction et motivation du patient L’information est recueillie par le patient lui-même Nécessite un diététicien expérimenté pour l’interprétation et est chronophage L’enquête des dernières 24 h Peut être réalisée de visu ou par téléphone Demande peu de temps Dépend de la mémoire L’information est donnée par le patient lui-même Ne reflète pas les habitudes alimentaires Questionnaire de fréquence alimentaire Facile à faire Evalue l’alimentation actuelle et passée Utile comme outil de dépistage N’informe pas sur la consommation individuelle Chronophage Histoire alimentaire Peut révéler les habitudes alimentaires en un seul interrogatoire Adapté à la plupart des individus Fait appel à la mémoire Nécessite un enquêteur expérimenté Chronophage Recueil des ingesta Informe précisément sur la consommation alimentaire de 24 h Faisable uniquement chez les patients hospitalisés Nécessite la coopération du patient et de l’équipe hospitalière mètres sont assujetties aux erreurs de mesures intra- et inter-examinateurs et les valeurs de référence, basées sur des populations saines, ne sont pas validées par la communauté scientifique. Pourtant, en pratique clinique, la mesure du pli cutané est la méthode la plus simple pour déterminer la masse grasse corporelle. Des compas spécifiques sont utilisés pour réaliser ces mesures de graisse sous-cutanée, à différents endroit du corps (plis cutanés tricipital, bicipital, sous-scapulaire, supra-iliaque), le pli cutané tricipital étant le plus utilisé en pratique clinique. La circonférence brachiale est mesurée à mi-distance entre l’acromion et l’olécrane à l’aide d’un mètre ruban non élastique. Sur le plan nutritionnel, la masse musculaire est la composante essentielle de la masse maigre et sa composante la plus variable. Les mesures de circonférence brachiale sont peu couteuses et facile à réaliser. Cependant, il est difficile d’établir une corrélation entre les mesures du bras et la masse musculaire totale, difficilement quantifiable [18]. Des valeurs de référence sont disponibles pour les mesures de plis cutanés et de circonférence brachiale. Évaluation de la consommation alimentaire L’histoire alimentaire, le relevé de la consommation et l’enquête alimentaire continuent à être utilisés pour l’évaluation de la consommation alimentaire, et peu d’études ont adapté les questionnaires de fréquence aliÉvaluation clinique de la dénutrition en pédiatrie mentaire (QFA) pour les utiliser chez l’enfant [19, 20]. Le relevé de la consommation, l’enquête alimentaire sur 24 h et les QFA présentent tous des atouts et des faiblesses (tableau 2) [21]. Le relevé de la consommation est considéré comme la méthode de choix pour une quantification correcte de la consommation alimentaire pendant une période donnée (généralement 24 h). Le nombre de jours nécessaires pour une évaluation convenable de la consommation alimentaire à partir de ces relevés est de 3 à 7 jours, incluant au moins un jour du week-end. Un des principaux inconvénients de cette méthode est que les habitudes alimentaires sont affectées par le relevé de la consommation. En revanche, l’enquête alimentaire sur 24 h représente un instantané de ce que l’individu a mangé. C’est généralement un questionnaire court de visu ou par téléphone qui ne nécessite pas que la personne interrogée soit aussi instruite ou motivée que ne doit l’être la personne à qui on demande de relever sa consommation. Cependant, il est bien connu qu’un régime alimentaire varie de jour en jour; un questionnaire sur 24 h ne pourra donc pas refléter correctement les habitudes alimentaires de la personne interrogée. Une troisième méthode, le QFA, est une estimation des habitudes individuelles de consommation sur plus de 24 h, généralement 1 mois à 1 an. Le recueil des données peut être réalisé par le patient lui-même (sur papier, ordinateur ou internet) et être directement interprété par un logiciel adapté, réduisant ainsi le temps et les coûts administratifs et analytiques. Le QFA ne relève pas Ann Nestlé [Fr] 2009;67:55–64 59 Tableau 3. Equations de Schofield pour le calcul de la dépense énergétique de base (DEB) chez l’enfant Age 0–3 3–10 10–18 >18 Equations Garçons Filles DEB = 0.167!Pds + 151.74!T – 617.6 DEB = 19.59!Pds + 13.03!T + 414.9 DEB = 16.25!Pds + 13.72!T 8 515.5 DEB = 15.057!Pds + 1.004!T + 705.8 DEB = 16.252!Pds + 10.232!T – 413.5 DEB = 16.969!Pds + 1.618!T + 371.2 DEB = 8.365!Pds + 4.65!T + 200 DEB = 13.623!Pds + 23.8!T + 98.2 Adapté de Schofield [24]. Pds = Poids (kg); T = Taille (cm). uniquement en détail le régime d’un individu, à moins qu’il ait été conçu pour cela. Ses principaux atouts sont de classer le régime des individus (et non la consommation individuelle) et d’établir des modèles de consommation à long terme. Les habitudes alimentaires sur le long terme étant plus influentes sur la prévention et l’évolution des maladies, le QFA est l’outil préféré des centres de recherche. De plus, des outils d’évaluation alimentaire, limités à des aliments ou des populations spécifiques, sont disponibles mais peu utilisés en pratique clinique. Enfin, le recueil des ingesta peut être utilisé s’il est pratiqué sur 24 h. L’apport calorique est correctement calculé en pesant la nourriture servie et en la comparant à ce qui n’a pas été consommé [22]. Besoins énergétiques et calorimétrie indirecte La dépense énergétique totale (DET) ou les besoins énergétiques des patients pédiatriques est la somme des paramètres suivants: DET = DEB + DETR + DEA (activité physique) + DEC (croissance) + DEP (pertes), où DEB = la dépense énergétique de base (la quantité d’énergie dépensée par l’organisme au repos et à jeun), DETR = la DE de production de chaleur lors de la digestion d’aliments (c’est la DEB en réponse à des stimuli, tels que, principalement, l’alimentation mais également l’exposition au froid ou en réponse à un stress), DEA = énergie nécessaire à la pratique d’une activité physique, DEC = énergie nécessaire à la croissance, et DEP = pertes d’énergie dans les urines ou les selles, dues à une malabsorption ou à un trouble du métabolisme. La DEB est la composante principale de la DET [23]. Elle peut être mesurée (calorimétrie indirecte) ou estimée à partir de différentes formules. Plusieurs équations ont été utilisées pour calculer la DEB à partir de données anthropométriques disponibles, de l’âge et du sexe. La plus ancienne et la plus connue de ces 60 Ann Nestlé [Fr] 2009;67:55–64 formules est celle de Harris et Benedict pour les adultes. Chez l’enfant, les équations de Schofield sont les mieux corrélées à la DEB mesurée (tableau 3) [24, 25]. La calorimétrie indirecte détermine les dépenses énergétiques en mesurant les échanges des gaz respiratoires (consommation d’oxygène et production de dioxyde de carbone) [26]. Cette mesure permet de mieux définir les besoins énergétiques d’un patient et limite les risques de sous- ou suralimentation. L’utilité d’une telle mesure a été évaluée par de nombreux investigateurs chez l’adulte et chez l’enfant; ces études ont généralement confirmé que les équations prédictives ont une validité limitée chez les patients hospitalisés ou malades (principalement les patients invalides neurologiques, ceux présentant une maladie de Crohn, les patients sous assistance respiratoire ou les enfants ayant subi une transplantation de moelle osseuse) [27–30]. La technique la plus précise pour mesurer les dépenses énergétiques chez l’homme est la méthode de l’eau doublement marquée. Elle est basée sur la vitesse de disparition de deux isotopes de l’eau (2H2O et H218O) des fluides corporels, correspondant à la production de dioxyde de carbone. Cette technique n’est pas considérée comme une technique clinique de base mais elle présente les avantages suivants: elle est non invasive, sans danger, elle nécessite seulement une série de prélèvements d’urine et est informative sur une période de une à deux semaines. Cette technique a été largement utilisée dans les études pédiatriques. L’inconvénient de cette méthode est que l’isotope H218O est très cher, pas toujours disponible et son analyse n’est pas à portée de tous. La méthode de l’eau doublement marquée a été validée et comparée aux techniques traditionnellement utilisées chez l’adulte, les bébés prématurés et les enfants post-chirurgicaux, et elle a été utilisée pour l’évaluation des besoins nutritionnels d’enfants dénutris pour une croissance de ratrappage [31, 32]. Hartman/Shamir Composition corporelle La mesure de la composition corporelle est un outil important pour l’évaluation du statut nutritionnel d’un patient dès son admission à l’hôpital et pour le suivi de l’efficacité d’une prise en charge nutritionnelle [33]. Les méthodes de mesure de la composition corporelle sont basées sur des caractéristiques biochimiques et physiologiques. Certaines de ces méthodes mesurent directement un composant spécifique, d’autres sont dérivés d’autres mesures fondées sur des hypothèses physiologiques. La composition corporelle peut être conceptualisée de différentes manières: des modèles relativement simples comprenant seulement 2 compartiments (masse grasse et masse non grasse ou masse maigre) à des modèles complexes multi-compartimentaux qui divisent l’organisme en 4 à 6 compartiments [34]. Dans un modèle à 3 compartiments, la masse maigre est divisée en composante aqueuse et composante solide (minéraux et protéines). Un modèle à 4 compartiments peut être créé en subdivisant la masse cellulaire en composantes aqueuse et protéique. Des modèles complexes basés sur des composantes moléculaires et atomiques peuvent également être créés [35]. Il existe de nombreuses approches utilisables pour évaluer la composition corporelle dans la population pédiatrique, chacune ayant ses avantages et ses inconvénients [36]. Le champ des technologies utilisées et la complexité des différentes techniques sont larges. Ces méthodes peuvent être réparties en methodes cliniquement utilisables et methodes plus appropriées à des applications de recherche [37]. L’absorptiométrie biphotonique L’absorptiométrie biphotonique (DEXA, dual energy X-ray absorptiometry) est largement utilisée en pratique clinique pour déterminer la densité osseuse. Le balayage de l’ensemble du corps avec un faisceau de rayon X permet d’estimer la masse grasse, la masse maigre et le contenu minéral osseux [38]. Les données actuellement disponibles n’ont pas mis en évidence d’association entre une diminution de la masse maigre corporelle (mesurée par DEXA) et des complications telles que la morbidité ou la mortalité chez les enfants et les adultes [39]. pelle l’impédance. Le volume étant simplement la résultante du produit de la longueur par la surface, l’impédance est directement liée au volume hydrique corporel [40]. Ces mesures sont utiles pour l’évaluation de la composition corporelle, le volume de l’eau totale corporelle pouvant être utilisé pour estimer la masse maigre en appliquant un facteur d’hydratation défini selon l’âge du patient. Malgré de nombreux travaux avec des techniques d’impédancemétrie mono- et multifréquences, les investigateurs n’ont pas réussi à développer des équations prédictives validées au niveau individuel, et ceci limite l’utilisation de cette technique en pratique clinique [41]. Densitométrie Bien que ce ne soit pas sa fonction première, la densitométrie peut également permettre une évaluation de la composition corporelle. La densité est déterminée à partir d’une simple mesure du poids et de la mesure du volume corporel. Ce dernier peut être apprécié soit par son immersion totale dans l’eau soit par pléthysmographie par déplacement d’air. La mesure d’un volume par immersion utilise le principe d’Archimède selon lequel un corps immergé dans un liquide subit une perte de poids équivalente au poids de l’eau qu’il déplace. La densité de l’eau peut alors être utilisée pour déterminer le volume du corps immergé. La pesé par immersion a longtemps été la technique de choix de la densitométrie [35]. Plus récemment, la pléthysmographie par déplacement d’air a montré des résultats comparables. Le volume corporel étant mesuré, la densité est obtenue en divisant la masse par le volume. Cette densité corporelle estimée est ensuite utilisée dans des modèles à 2, 3 ou 4 compartiments pour déterminer la composition corporelle [35]. D’autres techniques sont utilisées dans la recherche pour l’évaluation de la composition corporelle: le pool potassique pour la détermination de la masse cellulaire corporelle, l’analyse de l’activation neutronique qui est une méthode non invasive pour l’analyse du contenu corporel en macro-éléments (calcium, azote, sodium, oxygène, hydrogène et carbone), et la technique par dilution isotopique pour la mesure du compartiment hydrique corporel. Évaluation biochimique du statut nutritionnel Impédancemétrie bioélectrique L’impédancemétrie bioélectrique est utilisée pour estimer les volumes des compartiments hydriques corporels. Le courant électrique est conduit par l’eau du corps mais pas par les autres composants. Cette résistance s’ap- Indices biochimiques du statut nutritionnel Les analyses biologiques sont utiles pour l’évaluation du statut nutritionnel et le suivi d’une intervention nutritionnelle. Plusieurs paramètres biochimiques sont utilisés (protéines sériques, nombre de lymphocytes totaux, Évaluation clinique de la dénutrition en pédiatrie Ann Nestlé [Fr] 2009;67:55–64 61 Tableau 4. Protéines sériques utilisées pour l’évaluation nutri- tionnelle Demi-vie plasmatique Limites Albumine 15–20 jours Dénutrition protéino-énergétique Insuffisance hépatique Gastroentéropathie exsudative Etat infectieux prolongé Préalbumine 8 jours Pathologie hépatique et rénale Trouble du métabolisme du fer Inflammation Transferrine 8 jours Glomérulopathie Gastroentéropathie exsudative Insuffisance hépatique Dénutrition protéino-énergétique Maladie inflammatoire Déficit en fer Préalbumine liée à la thyroxine 2–3 jours Dénutrition protéino-énergétique Pathologie hépatique Hyperthyroïdisme Maladie inflammatoire Protéine liée au rétinol 12 h Déficit en vitamine A Pathologie hépatique Déficit en zinc Maladie inflammatoire vitamines et minéraux) (tableau 4) [42, 43]. L’albumine est une des protéines les plus étudiées. L’albumine sérique est la résultante de sa synthèse hépatique, de sa dégradation et de ses pertes par l’organisme. Elle est également influencée par la distribution de l’albumine dans les compartiments intra- et extravasculaires et par les mouvements d’eau. Pratiquement un tiers des stocks d’albumine se trouve dans le compartiment intra vasculaire et les deux tiers restants dans le compartiment extravasculaire. Lorsque l’albumine est libérée dans le plasma, sa demi-vie est d’environ 3 semaines [44]. L’albumine sérique est un bon indicateur prédictif de l’évolution clinique et reflète la sévérité des maladies, mais c’est un mauvais marqueur du statut nutritionnel dans les situations inflammatoires [45]. Elle peut être utilisée dans le cadre d’un suivi à long terme. En revanche, pour l’évaluation du statut nutritionnel à court terme, la pré-albumine ou la transferrine sont de meilleurs marqueurs. Cependant, ces paramètres sont également influencés par des facteurs non nutritionnels tels qu’une insuffissance hépatique ou rénale, des troubles hormonaux, un syndrome inflammatoire ou infectieux (tableau 4) [46]. Par ailleurs, une faible chole62 Ann Nestlé [Fr] 2009;67:55–64 stérolémie a été reconnue comme un outil prédictif de complications et de mortalité [41]. Cependant, une hypocholestérolémie n’apparaît que lorsque la dénutrition est installée, limitant sa valeur en tant qu’outil de dépistage. Les indices biochimiques de la composition corporelle Le bilan azoté peut être utilisé pour estimer les besoins, évaluer les effets d’une thérapie nutritionnelle et suivre le statut métabolique. Dans l’organisme, seules les protéines contiennent de l’azote: la mesure de l’excrétion azotée est donc un moyen d’évaluer le métabolisme protéique et, indirectement, d’appréhender le statut nutritionnel. En mesurant l’azote uréique urinaire et en lui appliquant un facteur correspondant aux pertes non urinaires, l’estimation de l’excrétion azotée d’un jour peut être assez juste [47]. L’excrétion urinaire de créatinine et l’index créatininurie/taille ont aussi été utilisés pour évaluer le statut nutritionnel. Cet index correspond à la valeur mesurée de l’excrétion urinaire de créatinine des 24 heures rapportée à la valeur attendue de ce paramètre en fonction de la taille du patient. Il reflète la masse musculaire squelettique de l’organisme. Cependant, tout facteur influençant l’excrétion de créatinine, tels que l’âge, le fonctionnement rénal, le stress ou encore le régime alimentaire, doit être pris en compte pour l’interprétation de l’index créatininurie/taille [48]. Les tests fonctionnels Tous les paramètres suivants ont déjà été utilisés pour une évaluation nutritionnelle: la force de préhension évaluée à l’aide d’un dynamomètre, la stimulation musculaire directe, le débit respiratoire, le volume expiratoire maximal, et la fonction immunitaire estimée par un test d’hypersensibilité retardée, le nombre de lymphocytes totaux et de lymphocytes T [49]. Cependant, bien que sensibles au statut nutritionnel, ces paramètres ne sont pas utilisés en routine pour l’évaluation nutritionnelle. Les outils de l’évaluation nutritionnelle Pour prévenir la dénutrition, principalement celle qui survient à l’hôpital, le risque nutritionnel doit être évalué dès l’admission afin de mettre en place précocement, s’il y a lieu, une prise en charge nutritionnelle [50]. Une évaluation systématique du statut nutritionnel en pédiatrie est rarement effectuée par manque d’outils de dépistage Hartman/Shamir simples et validés. Deux de ces outils ont été publiés en 2000 pour identifier les enfants présentant un risque de dénutrition. Sermet-Gaudelus et al. [51] ont décrit un score de risque nutritionnel pédiatrique simple pouvant être utilisé en routine chez des patients hospitalisés. Le risque nutritionnel était évalué prospectivement chez 296 enfants par différents paramètres dans les 48 h suivant leur admission. L’analyse multivariée indiquait qu’un apport alimentaire inférieur à 50% des besoins, la douleur, un état pathologique de niveau 2 et 3, définis par des facteurs de stress modéré ou majeur, étaient associés à une perte pondérale supérieure à 2% (p = 0.0001 pour tous les facteurs de risque). Le score évaluant simplement le risque nutritionnel pédiatrique est de 0 à 5 points et est calculé en additionnant les valeurs affectées aux facteurs de risques suivants: 1 pour un apport alimentaire inférieur à 50% des besoins, 1 pour la douleur, 1 pour un état pathologique de niveau 2 et 3 pour un état pathologique de niveau 3. Un score de 1 à 2 correspond à un risque modéré et un score supérieur ou égal à 3 indique un risque élevé de dénutrition. Secker and Jeejeebhoy [52] ont développé et validé un score d’évaluation nutritionnelle globale subjective basé sur un examen clinique et des informations d’ordre nutritionnel: évolution de la taille et du poids de l’enfant, taille des parents, apports alimentaires, fréquence et durée de symptômes gastro-intestinaux, ca- pacité fonctionnelle actuelle et éventuels changements récents. L’occurrence de complications liées à l’état nutritionnel était relevée pendant une durée de 30 jours postopératoire. L’évaluation nutritionnelle globale subjective a permis de correctement classer les enfants en 3 groupes (bien nourris, modérément dénutris et sévèrement dénutris) avec des moyennes différentes pour plusieurs mesures anthropométriques et biochimiques (p ! 0,05). Les enfants dénutris présentaient des taux plus élevés de complications infectieuses que les enfants bien nourris et une durée de séjour postopératoire plus longue. Conclusions La prévalence de la dénutrition aiguë ou chronique est toujours substantielle, particulièrement chez l’enfant malade. Pour diminuer cette prévalence, il est important d’identifier les enfants à risque précocement afin de leur proposer le plus tôt possible une prise en charge nutritionnelle adaptée. Peu de travaux de recherche ont été réalisé sur l’évaluation nutritionnelle en pédiatrie et un outil de dépistage de la dénutrition, facile à utiliser et validé dans différentes situations en pédiatrie doit être développé. 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