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revued’échanges d’échangesdes desdirigeants dirigeantsfinanciers financiers LaLarevue N°330 juin 2015 - 21 € Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger PORTRAIT p. 14 Jean-Baptiste de Chatillon, groupe PSA en aparté P,56 Prise de parole en public du DAF, Stéphane André « Nous disposons déjà de filiales dans trois pays différents mais nous avons besoin d’experts biculturels qui peuvent nous assister dans leur gestion. » M. Leroy, DAF LE N°1 DE LA GESTION DE FILIALES ÉTRANGÈRES DE PME ET ETI FRANÇAISES VOUS ACCOMPAGNE Issu du réseau des Banques Populaires, Pramex International est le leader français du conseil en implantation internationale dédié aux entreprises de tailles moyenne et intermédiaire. Pour conseiller et accompagner, depuis 1975, les dirigeants d’entreprises dans leur projet d’internationalisation, Pramex International s’appuie sur deux piliers forts : • • Un réseau intégré de 15 bureaux à couverture mondiale composé de plus de 100 consultants multiculturels, Un réseau de commerciaux en France, au plus proche des entreprises. www.pramex.com ÉDITORIAL La revue d’échanges des dirigeants financiers Bruno de Laigue Président du comité éditorial 48e année - Publication mensuelle Éditeur : Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG), Association loi 1901 14, rue Pergolèse, 75116 Paris (France). Tél. : 01 42 27 93 33 – Fax : 01 42 27 04 03 finance&gestion est membre de la FNPS (Fédération Nationale de la Presse Spécialisée) et du SPEJP (Syndicat de la Presse Economique, Juridique et Politique). La revue sur internet www.finance-gestion.fr fondateur Georges Mathey Directeur de la publication Philippe Audouin Maquette Anne-Marie Auger Président du comité éditorial Bruno de Laigue Vice-présidents du comité éditorial Ludovic de Beauvoir, Philippe Chastres, Baudouin Griton, Christophe Marion, Philippe Robert-Tanguy et Stéphane Sabbah. Comité éditorial Finance et trésorerie : Dominique Chesneau ; comptabilité : Baudouin Griton et Frédéric Puistienne ; contrôle de gestion : Frédéric Doche et Denis Molho ; SI et nouvelles technologies : Stéphane Sabbah, Denis Molho, Ludovic de Beauvoir, Dominique Fernandez-Poisson et Marc Bellaches ; gestion des risques et contrôle interne : Stéphane Sabbah ; hommes et management : Laure Dykstra et Philippe Robert-Tanguy ; droit et réglementation : Mathieu Le Tacon ; communication financière : Christophe Marion ; développement et stratégie : Alban Eyssette, Isabelle Massa ; services publics : Emmanuel Millard et Baudouin Griton ; international : Armand Angeli ; lire : Philippe Chastres, Michèle Canovaggio et Marie-Hélène Marot de Priester. Abonnement : 214,41 € Mail : [email protected] Demander un bulletin d’abonnement par mail Publicité Karin Saint Germier, chef de publicité [email protected] Impression Imprimerie de Champagne, Zone industrielle « Les Franchises », 52200 Langres revued’échanges d’échangesdes desdirigeants dirigeantsfinanciers financiers LaLarevue N°330 juiN 2015 - 21 € Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger © Petrovich12 - Fotolia.com juiN 2015 - N° 330 - 21 € Le b.a. ba d’uN déveLoppemeNt à L’étraNger Mise sous film : DFCG Mag pour les membres DFCG SUR LE WEB Nous avons la chance de « recevoir » ce mois-ci JeanBaptiste de Chatillon, directeur financier du groupe PSA. Une personnalité atypique qui a bien voulu se prêter au jeu des questions-réponses : la langue de bois n’est pas son fort, pour notre plus grande satisfaction ! Dans le cadre de notre fil rouge sur la liquidité, Denis Molho s’interroge sur l’impact de la trésorerie dans la gestion de l’entreprise. ISSN 2270-3101 – Dépôt légal : juin 2015 CPPAP 0415G87484 www.finance-gestion.fr Pour vous abonner Effectuer des recherches Accéder aux archives d’échanges et Finance&Gestion Mondialisation, multi culture et nouvelles technologies rendent également la pratique du contrôle de gestion sans frontière. Raluca Sandu le démontre à travers son article « When the “management accountant” meets the“contrôleur de gestion” ». Jean-Louis Mullenbach nous démontre, à travers une tribune courte et incisive, combien la complexification des lois sociales dessert nos entreprises et ce, quelle qu’en soit la taille. Conception graphique Rampazzo & Associés. – www.rampazzo.com en aparté p,56 prise de parole en public du daF, Stéphane andré es irréductibles gaulois que nous sommes ne peuvent plus faire l’autruche : l’entreprise doit « penser » international. Cela est d’autant plus nécessaire que les nouvelles technologies réduisent temps et espace… Votre numéro Finance & Gestion de ce mois présente un dossier sur le B.a.-ba d’un développement à l’étranger : pragmatisme et retour d’expériences étayent un dossier fort intéressant sur un sujet qui n’est pas une évidence pour tout le monde. Une longue interview de Dominique Pon, directeur de la clinique Pasteur à Toulouse, nous permet de constater que le management par la confiance est possible ; il nous démontre que l’humain peut être au cœur de la performance. Un bel exemple, à suivre… Dans un contexte où la fraude au moyen de paiement connait une recrudescence, Eric Desquatrevaux nous donne quelques moyens pour s’en prémunir. Bien d’autres articles agrémentent un numéro « riche en saveur » qui s’achève par le point de vue de Stéphane André, président fondateur de l’école de l’art oratoire : directeurs financiers et de contrôle de gestion, à vos marques ! Le comité éditorial se joint à moi pour vous souhaiter une excellente lecture et vous conseiller vivement de nous lire sur tablette ! l Finance & gestion JUIN 2015 L Coordination du numéro Béatrice Lebouc, Sophie Clébant et Pierre-Yves Bing PORTRAIT p. 14 jean-baptiste de Chatillon, groupe pSa L’international : une évidence 1 GARANTIE, FINANCEMENT & GESTION DU CRÉDIT-CLIENTS SOMMAIRE Savoir, échanger, servir. Georges Mathey fondateur de la revue Juin 2015 - N°330 DOSSIER Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger18 ACTUALITÉ EXPERTISES 6EN BREF 9TRAJECTOIRES 10FIL ROUGE 36 FINANCE L’insistance sur la liquidité Quels impacts sur la gestion de l’entreprise ? Denis Molho 12TRIBUNE 12 Un contrôleur de gestion heureux ! 47 ORGANISATION 36 C autions export : un appétit 47 L e (timide) printemps croissant des assureurs-caution de l’actionnariat salarié France Arnaud de Taddéo Amaury NARDONE et Mathieu LE TACON 39 Transformation de la fonction finance : une expérience et cinq leçons pratiques Jérôme Coutant 48 Management 42 PERFORMANCE 50 INTERNATIONAL par la confiance : quel ROI ? Dominique PON Pierre Molendi 42 F raude aux moyens de 13 Stop à l’inflation paiement : comment s’en prémunir ? Why Investing In Turkey Now Should Be One Of Your Top Priorities? ÉRIC DESQUATREVAUX Sébastien LE COZ règlementaire infligée aux entreprises Jean-Louis MULLENBACH 14PORTRAIT Jean-Baptiste de Chatillon groupe psa 44 When the “management accountant” meets the “contrôleur de gestion” Dr. Raluca SANDU NOS PROCHAINS DOSSIERS LIRE en aparté 54 56 Stéphane André La sélection de livres qui a retenue l’attention de la rédaction Prise de parole en public du DAF JUILLET-AOÛT L’entreprise en 2025, les grands défis SEPTEMBRE La dématérialisation au-delà de la technique Finance & gestion JUIN 2015 Le développement à l’international est une nécessité pour nos entreprises. Entre opportunités réelles à saisir et risques à détecter, le dirigeant financier a un rôle déterminant. Revue des bonnes pratiques. 3 Le billet de la rédaction Frederic Puistienne directeur financier groupe, adisseo De la nécessité de faire preuve de pédagogie Finance & gestion JUIN 2015 A 4 vec des investissements en croisPourquoi proposer un CMPC à 8 % ou 9 % sance significative, les indicateurs de perfor- sur des projets d’investissement, alors que les mance financière utilisés chez Adisseo (ventes, taux d’intérêt bancaires varient entre 2 % et Ebitda et Free Cash Flow) ne sont plus adaptés : 5 % ? Une équipe managériale doit se considél’Ebitda ne capte pas les amortissements, ni le rer comme un investisseur et exiger des opéracoût du capital. Mettre la création de valeur tionnels un rendement des investissements de au cœur des décisions de management, à tra- 8 % / 9 % dès lors qu’il y a risque. vers les indicateurs Roce (Return On Capital Cette expérience vécue permet les constats Employed) et CMPC (Coût Moyen Pondéré du suivants : Capital), fut une nécessité. Comment les mana• toute entreprise propose ses propres indicagers peuvent-ils intégrer ces notions dans le teurs-clés de performance induisant la créaprocessus de décision et se les tion de valeur ; approprier ? • la pédagogie doit être adaptée, simple et s’inscrire dans la durée ; Autant la notion d’Ebitda est Ou comment • les outils proposés par les financonnue de tous, autant les no- le passage de tions de Roce et de CMPC l’Ebitda au Roce ciers sont des aides à la décision peuvent apparaitre comme des peut être au cœur pour le management. Leur poids notions financières de pure spévarie en fonction de la décision à des décisions culation intellectuelle… Réfléprendre : une vente « opportuchir à une pédagogie adaptée de management… niste » nécessitera un indicateur pour expliquer simplement ces lié à la création de valeur ; un inindicateurs complexes est donc primordiale. vestissement au cœur de la stratégie la part Créer de la valeur c’est simple : le Roce doit relative de ce type d’indicateurs est moindre ; être supérieur au Wacc ! Une fois posée cette • ces concepts doivent être dépassés pour réfléchir, dans le cadre d’ateliers de travail par notion, tout se complique… Le Roce (NOPAT / Capital Employed = immo- exemple, sur des cas concrets en développant bilisations nettes + Besoin en Fonds de Roule- des calculs, ainsi que les sensibilités aux hypoment) est simple à comprendre. Et pourtant les thèses clés pour amener le management à penopérationnels le considèrent comme le fruit de ser aux options possibles (investissements, l’imagination des financiers : un indicateur de « make or buy », vente d’une activité, réduction plus ! Il est donc nécessaire de démontrer que de la volatilité d’une activité…) ; cette notion est opérationnelle : le Roce retrace • Intégrer ces notions de Roce et CMPC dans la rentabilité opérationnelle d’une activité sans des bonus long terme est un moyen efficace prendre en compte les politiques de finance- d’appropriation. ment et d’optimisation fiscale de l’entreprise. Les financiers doivent communiquer, « parler Le CMPC comporte des leviers peu connus le langage de leurs interlocuteurs » et éviter d’apdes opérationnels. Ces derniers ont-ils paraître comme des théoriciens technocraconscience que le capital est une ressource sur tiques. C’est bien là le gage d’une compréhenun marché soumis à l’offre et à la demande ? sion mutuelle de ces notions de création de Son coût est donc fonction du risque… Les opé- valeur. Ils doivent cependant accepter que ce rationnels savent-ils que les investisseurs choi- travail n’a d’utilité que s’il améliore le processissent leurs cibles ? sus décisionnel du management. l Disponible en version digitale NOUVEAU ! Bénéficiez de la meilleure expertise Finance-Gestion. Découvrez chaque mois des dossiers en lien avec vos pratiques-métiers. Profitez des retours d’expériences grâce aux témoignages de professionnels. Simplifiez votre lecture technique grâce au plurimédia. Accédez à des contenus enrichis des articles de fond, des interviews des vidéos, un fil d’actualités. Rejoignez la communauté DFCG composée de professionnels et d’acteurs des directions financières, depuis 50 ans. Prochainement disponible sur Play Store ACTUALITÉ EN BREF Enseignement supérieur L’ICP s’ouvre au monde de l’entreprise ! L’ICP (Institut Catholique de Paris) investit pour développer une ouverture particulière sur la cité, sur les nouvelles technologies et sur l’entreprise. 15 M€ seront investis, pour rénover ce lieu historique de l’enseignement supérieur et de recherche parisien et augmenter la capacité des salles de 1043 mètres carrés. Un projet ambitieux ! l Finance & gestion JUIN 2015 Contact : http://dons.icp.fr/ 6 PRIX LTWA Les femmes à l’honneur Un coup de chapeau à Murielle Barachon, directrice financière d’Inventy (start up créée en 2012 comprenant 55 salariés, 140 clients et dont la croissance a fait un bond de plus de 500 % en 3 ans !), qui vient de se voir décerner le prix La Tribune Women’s Awards – prix récompensant des femmes décideurs. Ecrivain de roman policier, Muriel est également membre de l’association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG).l Créateurs d’entreprises : jeune, travailleur, dynamique, féminin mais… pessimiste ! C’est du moins ce qui ressort d ’une enquête réalisée par HISCOX il y a près d’un an auprès d’un demi millier de créateurs de PME/ TPE (moins de 50 salariés) de l’hexagone dont les résultats ont été comparés à près de 3 000 entreprises européennes et américaines du nord. Les entreprises créées après la crise de 2008 sont plus dynamique et plus nombreuses que celles créées avant cette crise (42 % de création après 2008 contre 36 % avant…). 38 % d’entre elles annoncent une augmentation de leur bénéfice contre 36 % pour les autres. Un lien est avéré entre vitalité et représentation féminine à la tête de ces PME/TPE : 63 % sont des femmes ; avant la crise la gent féminine n’était représentée qu’à hauteur de 48 %. Notons également que le créateur français travaille plus que les autres : avec 42 heures de travail moyen hebdomadaire il arrive dans « la botte » des dirigeants les plus travailleurs. Ce chiffre est confirmé par le nombre de jours de vacances pris par l’entrepreneur français : 18 jours en moyenne, contre 21 pour les allemands et 20 pour les espagnols, les britanniques ou encore les Néerlandais. Cependant moins d’un patron français sur 4 se déclare optimiste dans l’avenir. Ce pessimisme s’explique par un carnet de commande difficile à remplir… et un environnement administratif et légal particulièrement lourd ! l BAROMèTRE DES PROFESSIONS FINANCIèRES Carrière, rémunération, évolution La DFCG, avec Option Finance, l’AFTE et Michael Page, lance en juin l’édition 2015 de son baromètre consacré aux Fonctions & Rémunérations des directions financières, contrôleurs de gestion et trésoriers. Les résultats du baromètre seront délivrés au second semestre 2015. l RéFORME DES VALEURS LOCATIVES Université d’été et formation La réforme des valeurs locatives préoccupe les directions financières. Pour répondre aux demandes de ses adhérents, la DFCG a fait de ce sujet le thème d’un atelier de son Université d’Été, le 1er juillet 2015 à Strasbourg. Une formation est également prévue le 23 septembre à Paris sur ce thème. l DÉLAIS DE PAIEMENT Attention contrôle renforcé ! Pour mémoire la Loi de Modernisation de l’Economie (LME) du 4 août 2008 a institué le plafonnement des délais de paiement (maximum 45 jours fin de mois ou 60 jours calendaires). La Loi Hamon du 17 mars 2014 s’inscrit dans le prolongement de cette LME visant à améliorer la trésorerie des entreprises en constituant un délai plafond pour les factures récapitulatives et en instituant des sanctions administratives applicables en cas de non respect de ces obligations en la matière. La DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la consommation et de la Répression des Fraudes) envisage de durcir sa politique de contrôle, plus particulièrement auprès des grandes entreprises et des ETI. Une personne avertie en vaut deux ! l q a l i a C . C o m de voir un client satisfait de son ERP w w * Nos clients sont nos meilleurs ambassadeurs C o n ta C t : + 3 3 ( 0 ) 1 4 4 7 0 1 3 1 3 P remier . w éditeur français d ’erP BVCert. 6015181 Pour moyennes entrePrises et grands comPtes * Le suricate est un mammifère vivant dans le sud de l’Afrique australe. Il symbolise des valeurs et des qualités de communication, d’organisation, de stratégie, de fidélité, de courage, d’attention, d’intuition, de vigilance et d’adaptation. u Solutions de gestion Curieux ? LE BILLET D’humeur Thierry Leprince Expert-Comptable, Triskelis Sans haine… Finance & gestion JUIN 2015 J 8 e vous parle d’un temps Que les moins de vingt ans Ne peuvent pas connaître Pergo en ce temps-là faisait plus que du gras Et bien que médaillés, aux branches s’accrochaient Le 16 ième exultait heureux Membres du Conseil, Sûrs de leur pouvoir Oubliant même l’oseil Mais laissant un pourboire Alors, me diriez-vous, Vous parlez de « tabous », Vous n’y connaissez rien, Arrêtez vos discours, Sachez donc le parcours Du début à la fin Que cette Association A gravi, forme et fond, Rassemblant ses semblables Unifiant ses méthodes Dans un effort louable Edictant divers codes La rengaine, la rengaine, Ils étaient faits pour être là La déveine, la déveine, En fin de bouffe, faisaient OLA ! Quelle aubaine, quelle aubaine DFCG, tu resteras Quel poème, quel poème A la fin, tu t’excuseras Que de veine, que de veine De faire partie de cette Asso Sans haleine, sans haleine J’en ferai donc mon credo PS : certains le chanteront ? ACTUALITÉ Page réalisée en partenariat avec VISIATIV Monsieur Olivier Stephan est nommé directeur général adjoint finance et fonction support de VISIATIV, depuis avril 2015. Il est notamment chargé d’accompagner le management dans la construction d’un groupe solide et rentable. Âgé de 51 ans, diplômé de l’école supérieure de commerce Bretagne Brest, il a débuté sa carrière chez Matra Communication comme contrôleur des filiales européennes. Il a ensuite rejoint Bouygues télécom en tant que directeur du contrôle de gestion. En 2005, il rejoint SEB Développement, où il occupe la place de directeur du contrôle de gestion et informatique financière pendant 10 ans. Véronique Chandelon GROUPE FLO Madame Véronique Chandelon est nommée directrice administrative et financière du groupe Flo, depuis octobre 2014. Âgée de 54 ans, diplômée d’une maîtrise de psychologie sociale à Paris-X Nanterre et de l’ISA, elle débute sa carrière dans l’audit chez Robert Mazars avant d’occuper le poste d’auditrice interne puis de directrice du contrôle financier au sein du Groupe Expansion. Elle rejoint par la suite le groupe Vivarte, comme directrice administrative et financière de la Halle aux Chaussures et de Chaussland, puis Virgin en tant que directrice financière. En 2010, elle rejoint Candia avant d’intégrer le Groupe Flo. Jean-Jacques VALARD HUMANIS Monsieur Jean-Jacques Valard est nommé directeur du contrôle interne chez Humanis, depuis Ministère du Budget comme chargé des budgets des ministères de l’Industrie, puis de l’Emploi au sein de la direction du budget. Il occupera par la suite un poste au sein du cabinet du Ministre du Budget avant de rejoindre le groupe SNCF. Stéphanie Le Maoult PETIT BATEAU Groupe Yves Rocher Madame Stéphanie Le Maoult est nommée directrice financière de Petit Bateau, depuis mars 2015. Stéphane Brunel Olivier ARLES MACIF Groupe Macif Monsieur Olivier Arlès est nommé directeur général délégué en charge du pilotage économique et financier de la Macif, depuis avril 2015. Âgé de 47 ans, diplômé de Polytechnique, il débute sa carrière comme commissaire contrôleur des assurances à la commission de contrôle des assurances, devenue ACPR. Il occupe par la suite le poste de directeur technique prévoyance chez Mornay. Il intègre la Macif d’abord en tant que directeur de l’actuariat et directeur général adjoint en charge du pilotage économique et financier. Étienne FALLOU ERMEWA Groupe SNCF Monsieur Étienne Fallou est nommé directeur financier d’ERMEWA, depuis avril 2015. Âgé de 30 ans, diplômé d’HEC, il débute sa carrière au sein des groupes Lafarge et Vinci (à Paris et à Shanghai). Il intègre le la fonction de vice-président finance chez TEFAL (groupe SEB Développement). CDISCOUNT Groupe Casino GuichardPerrachon Monsieur Stéphane Brunel est nommé directeur financier de Cdiscount et directeur financier adjoint de Cnova, depuis février 2015. Il a dernièrement occupé le poste de directeur financier chez Franprix-Leader Price (groupe Casino). Bénédicte Brisset FONDATION DU PATRIMOINE Madame Bénédicte Brisset est nommée directrice financière et administrative de la fondation du patrimoine. Diplômée des universités Panthéon-Assas et Paris-X ainsi que d’un master de l’ESSEC Business School, elle débute sa carrière à la banque publique d’investissement comme chargée d’affaires. Elle va ensuite intégrer Natixis en tant que senior client relationship manager, puis la Compagnie européenne de garanties et cautions (groupe BPCE) comme senior manager client corporate. Xavier MASSOT SEB DEVELOPPEMENT Monsieur Xavier Massot est nommé directeur du contrôle de gestion et informatique de SEB Développement, depuis octobre 2014. Il exerçait précédemment Jérôme GRIVET CRÉDIT AGRICOLE Groupe Crédit Agricole Monsieur Jérôme Grivet est promu directeur général adjoint, en charge des finances du Crédit agricole, depuis mai 2015. Âgé de 53 ans, il est inspecteur des finances, diplômé de l’ENA (1989), de l’IEP Paris (1986) et de l’ESSEC Business School (1983). En 1989, il rejoint le Cabinet du Premier ministre, Alain Juppé, et commence sa carrière comme conseiller pour les affaires européennes. Puis il rejoint le Crédit lyonnais en 1998 pour y occuper les fonctions de responsable de la direction financière et du contrôle de gestion de la banque commerciale en France, puis de directeur de la stratégie. Entre 2004 et 2010, il est respectivement chargé des finances, du secrétariat général et de la stratégie ; puis directeur général délégué de Calyon (devenu Crédit agricole Corporate & Investment Bank) ; avant d’être promu directeur général de Crédit agricole Assurances et de Predica, du groupe Crédit Agricole en 2010. Jean-Christophe Doublet ZOLPAN Monsieur Jean-Christophe Doublet est nommé directeur du contrôle de gestion du groupe ZOLPAN, depuis mai 2015. Il a occupé jusqu’à présent le poste de responsable du contrôle de gestion au sein du groupe ZOLPAN. Finance & gestion JUIN 2015 Olivier STEPHAN décembre 2014. Âgé de 57 ans, diplômé d’un executive MBA d’HEC, il débute sa carrière en tant qu’auditeur junior au sein du Groupe Victoire. Il est ensuite auditeur senior international chez AGF, consultant senior assurances chez KPMG, responsable audit et contrôle de gestion chez UAF, directeur de l’audit chez Malakoff Médéric, directeur audit et maîtrise des risques chez Novalis Taitbout, et devient ensuite directeur des risques groupe chez Humanis. TRAJECTOIRES 9 ACTUALITÉ FIL ROUGE Liquidité de l’entreprise La gestion de la liquidité a longtemps été considérée comme l’apanage des seuls trésoriers de l’entreprise. Ils étaient censés détenir tous les leviers pour en assurer la gestion. Dans un contexte de liquidités abondantes d’avant 2008, les préoccupations des managers portaient, surtout, sur le maintien ou le développement de marges d’exploitation et assez peu sur la consommation de capitaux. Il y a une quinzaine d’années, la préoccupation s’est recentrée sur ce dernier point, puis plus récemment sur le cash à proprement parler et sur l’endettement. L’insistance sur la liquidité Quels impacts sur la gestion de l’entreprise ? Finance & gestion JUIN 2015 PAR Denis Molho Associé, DME Performance 10 L e tableau synoptique reprend l’évolution dans le temps des indicateurs de performance économique. LES ENJEUX ET L’éVOLUTION DES INDICATEURS DE PERFORMANCE L’évolution des indicateurs de performance économique démontre une importance croissante accordée à la génération de cash et, corrélativement, à la maîtrise de l’endettement, sans pour autant, ignorer les objectifs précédents de rentabilité sur les capitaux employés. De plus en plus, au ROCE (retour sur capitaux employés), les entreprises préfèrent le CFROI (cash flow return on investment) qui mesure le rapport entre un cashflow brut retraité des investissements de maintenances et des actifs bruts (Valeurs immobilisées et BFR). Ce ratio, plus exact que le ROCE, pour, comparé au coût du capital, mesurer la création de valeur économique, présente en outre l’intérêt de sensibiliser les managers à des actions d’optimisation de la liquidité, au travers de leviers tels que l’optimisation du BFR ou au travers de la maîtrise des investissements. De plus en plus, les objectifs de cash-flow sont déclinés à l’intérieur des organisations jusqu’au niveau des business units. La règle, à cet égard, est de ne décliner, à un niveau donné, que des objectifs maîtrisables. En pratique, cela veut dire qu’on ne trouvera des objectifs de cash-flow net (après taxes et frais financiers) qu’au niveau d’un groupe et que, typiquement, l’on pilotera des cash-flows simplifiés au niveau des business units. En règle générale, le cash-flow simplifié se résumera à l’EBITDA minorée des investissements de maintenance et des variations de BFR, ce qui correspond aux paramètres que peut gérer une business unit. A cet égard, les modalités de financement du BFR ont beaucoup évolué ces dernières années (cf §infra). Pour ce qui concerne les aspects fiscaux et le coût du financement, impactant le cashflow net, ils relèvent du niveau groupe. Cette insistance forte sur le cash diffuse des changements culturels dans toute l’entreprise jusqu’aux niveaux les plus opérationnels. Par exemple, dans une entreprise industrielle, les décisions de planification des volumes de production se prenaient, traditionnellement, sur la base de considéra- ACTUALITÉ FIL ROUGE X1970 CA : Développer l’activité, la profitabilité étant supposée acquise. X1985 REX/CA : Maîtriser la profitabilité, la consommation de capitaux n’étant pas un problème dans un contexte de liquidités abondantes. X2000 ROCE Profit économique : Maîtriser la consommation de capitaux et la rentabilité des capitaux investis. Les exigences de l’actionnaire deviennent plus pressantes, les capitaux sont moins abondants. X2010 CFROI CF simplifié d’exploitation Cash flow net Profit économique, Endettement net : Le cash devient plus rare. Le souci de la liquidité s’ajoute au souci de la rentabilité. Le Cash flow devient un objectif décliné dans toute l’organisation. X2020 ? CFROI Valeur créée CF simplifié et net Endettement net Valeur économique du portefeuille clients : Aux préoccupations précédentes, s’ajoute la préoccupation de la valorisation du poste client, en liaison avec des objectifs de rentabilité par rapport aux capitaux alloués. tions de coût. Elles intègrent désormais l’impact cash, résultant des variations de stocks. Le même raisonnement s’applique à la gestion des investissements ou des contrats commerciaux. LES MéTHODES ET MOYENS DE PILOTAGE DE LA LIQUIDITé En amont des outils spécifiques de financement, il est indispensable de disposer d’une maîtrise prévisionnelle des flux, clients, fournisseurs, stock, encours et divers composant le tableau de flux. Les incertitudes des marchés actuels impliquent de faire des projections, non seulement statiques, mais dynamiques, c’est-à-dire comportant des prévisions successives et des simulations. A cet égard, il est indispensable d’utiliser des modèles paramètrables dans lesquels les principales composantes du BFR sont variabilisées par exemple, le cadencement des acomptes clients ou les délais contractuels de paiement ou encore des données logistiques telles que les cycles de production ou les vitesses d’écoulement des stocks qui vont conditionner le niveau des stocks et encours. La modélisation des flux va permettre une gestion prévisionnelle dynamique des moyens de financement variés à la disposition de l’entreprise. Cette gestion sera d’autant plus dynamique que les besoins seront anticipés, ce qui permettra d’optimiser les coûts. A cet égard, le contexte actuel d’offres de financements est très riche, qu’il s’agisse de financements alternatifs impliquant de nouveaux acteurs de manière désintermédiée, par exemple les compagnies d’assurances, qu’il s’agisse du financement du poste clients avec les différentes techniques associées (factoring, titrisation , cession de créances, etc…), qu’il s’agisse de financement de la supply chain. Dans tous les cas de figure, le maître mot est l’anticipation. Le fait, pour une entreprise, de pouvoir par exemple anticiper l’impact d’un retournement de marché sur sa liquidité et sur les besoins de financement en résultant permet une négociation efficace des conditions de financement. L’autre valeur ajoutée, très opérationnelle, d’un modèle de prévision de flux est de permettre d’évaluer les impacts « cash » de choix très pratiques. Ceci s’applique, par exemple, en matière de gestion contractuelle des règlements ou encore en matière de gestion de stocks ou d’investissements. Quel est l’impact sur le cash de tel contrat à long terme, compte tenu du cadencement des facturations et des paiements ? Qu’adviendrait-il si le cadencement de facturation des acomptes était doublé et symétriquement ? Quel est l’impact cash d’un doublement de volume des lancements en production, notamment en conséquence des variations de stocks ? L’exploitation, régulière et largement diffusée, de modèles de prévisions de flux est donc une manière efficace de systématiser la prise en compte des aspects cash dans la gestion opérationnelle au quotidien. LES PARTIES PRENANTES DANS LE PILOTAGE DE LA LIQUIDITé Nous avons commencé cet article en disant que le cash était, traditionnellement, l’apanage des trésoriers. Aujourd’hui, leur rôle s’insère d’avantage dans une chaîne dont la recherche de moyens de financement adaptés et la négociation de conditions avantageuses, par exemple pour le financement du poste clients ou pour le financement de fluctuations de trésorerie au jour le jour. Cependant, le trésorier a besoin d’une vision prévisionnelle des flux qu’il ne maîtrise pas par lui-même et qui est la résultante de décisions opérationnelles. En amont de la gestion de trésorerie, il y a donc la gestion prévisionnelle des flux qui, ainsi que nous l’avons vu supra, implique une large population de managers. Il s’agit d’un phénomène assez nouveau, dans la mesure où nombre de décisions opérationnelles, que ce soit dans le domaine commercial, dans le domaine logistique ou encore dans celui des achats, intègrent une dimension cash. Cela impacte un large spectre de décisions telles que les investissements ou encore la gestion des stocks ou de la logistique, ou encore celle du poste clients. L’insistance sur le cash modifie donc, en profondeur, la logique de pilotage de l’entreprise dans le sens d’une grande sensibilité à la consommation de capitaux. Les contrôleurs de gestion, à tous niveaux, ont un rôle pédagogique essentiel à cet égard. C’est à eux qu’il appartient de faire remonter les prévisions de flux. C’est également, souvent à eux qu’il appartient de supporter les opérationnels par des algorithmes de décision intégrant la dimension cash/consommation de capitaux. Le trésorier quant à lui, en bout de chaîne, a fort à faire pour faire le tri et négocier dans la jungle des nouveaux instruments de financement qui lui sont proposés. Quant à la Direction générale, c’est bien sûr à elle qu’il incombe de définir les objectifs d’équilibre financier d’ensemble, niveaux de dettes et de fonds propres. l Les objectifs de cash-flow sont déclinés à l’intérieur des organisations Finance & gestion JUIN 2015 évolution des indicateurs de performance économique 11 ACTUALITÉ tribune Pierre Molendi a fait la quasi-totalité de sa carrière dans le secteur bancaire. Contrôleur de gestion, il relit sa vie professionnelle avant de quitter un métier qu’il a passionnément aimé. Histoire d’un acteur majeur dans l’évolution d’un métier en pleine mutation. Finance & gestion JUIN 2015 Un contrôleur de gestion heureux ! 12 A u début de ma carrière professionnelle, en 1966, je ne pouvais imaginer qu’elle se terminerait près de 50 ans plus tard, avec la forte impression de ne pas avoir vu le temps passé. Aujourd’hui, alors que de nombreux débats se focalisent sur la durée d’activité, j’ai le sentiment d’avoir été privilégié. Ma carrière s’est déroulée dans la finance, notamment le contrôle de gestion du secteur bancaire. Trois années dans un cabinet d’expertise comptable me permettent d’acquérir de solides bases comptables. Une année à l’armée pour travailler sur les premiers concepts de contrôle de gestion : j’avais en charge la trésorerie, la gestion des stocks ainsi que l’optimisation de différentes organisations (restaurant, achats…). En 1970 j’intègre la SOVAC, établissement financier spécialisé dont l’actionnaire principal est la banque Lazard, et rejoins l’une des dix directions « contrôle de gestion » du secteur bancaire français. Il y avait alors près de 2 000 banques en France ! Epoque des fiches « bristol », de la calculette, de la machine à écrire et des tableaux de planning... Cela ne nous empêche pas de développer une comptabilité analytique par entité, produit et client, sur la base de ce qui se fait dans l’industrie. Les premiers travaux et leurs restitutions montrent qu’une « usine à gaz » est en train d’être créée. C’est alors que j’intègre l’AFCGB (association française des contrôleurs de gestion de banques) pour partager mes réflexions avec d’autres CDG, une vingtaine. Après avoir rejoint la DFCG en 1985, je rencontre le monde industriel, ce qui me permet de faire un bond en avant. Epoque où je participe à la mise en place de nouvelles pratiques, de nouveaux concepts et des fondamentaux du métier. Petit à petit, les pratiques de pilotage présentes dans l’industrie sont adaptées aux banques. Faisant alors partie de ceux qui allaient de banque en banque partager les b.a.-ba de la fonction, je conçois un outil de pilotage des organisations commerciales et de back-office. Il s’avérera être un accéléra- teur de performance de la banque, et deviendra une de ses best practices. Epoque où je peux également partager mes acquis par la publication d’articles dans des revues spécialisées, l’animation de formation ou la participation à des manifestations professionnelles. Dans le même temps, les nouveaux outils informatiques apparaissent et transforment nos métiers. Au début des années 90 émergent de nouveaux concepts et de nouveaux outils (SIAD, EIS, Data Warehouse, etc.) permettant de nouvelles explorations. Le pilotage des organisations, le partage des supports informatiques et celui des données suppriment papier et crayon, mais génèrent l’« explosion » de données disponibles. La « boulimie informative » guette les CDG de banques : les dirigeants sont de plus en plus demandeurs d’indicateurs en tout genre ! Ma fonction évolue et je deviens une « force de propositions ». Les années 2000 accentuent l’utilisation des nouvelles technologies – tant au niveau du traitement des informations elles même que de la communication. Au sein du groupe BPCE, je peux consacrer plus de temps aux analyses, même si mes équipes restent sollicitées pour collecter et fiabiliser les données. Je consacre les années 2010 à analyser les grandes mutations de nos métiers, de plus en plus « impactés » par le numérique – ce qui apporte de nouvelles opportunités. Au soir de ma vie professionnelle je considère être un contrôleur de gestion heureux ! Que de chemin parcouru en un demisiècle ! Que d’évolutions dans les pratiques et la technique en 50 ans ! J’ai eu la chance d’être un des acteurs dans la vulgarisation de ces évolutions auprès de nombre de confrères. J’ai également eu la chance de croiser, au cours de toutes ces années, des hommes et des femmes de grande qualité qui ont bien voulu prendre le temps de partager leurs expertises : je leur dois beaucoup et souhaite, par ces quelques lignes, leur exprimer ma profonde reconnaissance et tous mes remerciements! l ACTUALITÉ tribune à retrouver sur vox-fi.fr PAR Jean-Louis MULLENBACH Membre du comité de rédaction Vox-Fi Associé d’Opsione Audit Expertise et Conseil Il aurait été tellement plus simple et moins coûteux pour les entreprises, déjà découragées par l’inflation règlementaire, de mettre en œuvre des mesures de réduction du coût du travail et de compensation de la pénibilité, sur la base de textes compréhensibles par le commun des mortels et applicables de façon collective et non sur une base individuelle. L e pacte de responsabilité avait au départ un objectif simple : réduire le coût du travail, notamment par la révision du barème des allègements de charges existants jusqu’à 1,6 fois le smic. Le mode de calcul de cette réduction des cotisations patronales, dite « réduction Fillon », résulte d’une formule particulièrement absconse échappant au bon entendement. Les fonctionnaires de l’Urssaf qui produisent des textes aussi ubuesques devraient effectuer un stage au sein d’un service paie d’une PME. Ils n’imaginent certainement pas les interrogations que la mise en œuvre de tels textes suscite dans chaque entreprise, sans parler des risques d’erreurs et de redressements ultérieurs. Les éditeurs spécialisés, euxmêmes, s’y sont pris à plusieurs reprises avant de publier des logiciels couvrant tous les cas prévus par les textes. Pour éclairer cette usine à gaz, il ressort de la formule Urssaf que, plus la rémunération annuelle du salarié augmente, plus le montant de la réduction diminue, l’administration cherchant ainsi à réduire le risque de trappes à bas salaires. Si le montant de la réduction est supérieure à la valeur des cotisations patronales de sécurité sociale (maladie, maternité, invalidité, décès, allocations familiales), la réduction s’impute sur la cotisation au fonds national d’aide au logement, puis sur la contribution solidarité autonomie, puis sur la cotisation accident du travail maladie professionnelle, cette dernière imputation étant toutefois limitée à un taux fixé par arrêté ministériel ! Sont exclues de la rémunération de chaque salarié servant de base au calcul du coefficient de réduction Fillon la contrepartie des temps de pause, d’habillage et de déshabillage, sans compter les particularités s’appliquant aux travailleurs à temps partiel, à ceux bénéficiant d’heures supplémentaires et à ceux ayant plusieurs employeurs. La formule a en effet été complexifiée par rapport à celle de l’allègement Fillon, notamment pour réduire l’optimisation de la part des entreprises … Idem pour le CICE et pour les autres dispositifs d’allègement pour lesquels les entreprises doivent faire leurs calculs sur des données individuelles, avec des seuils distincts : 1,6 smic pour la réduction Fillon, 2,5 smic pour le CICE et 3,5 smic pour le nouvel abaissement de charges prévu pour 2016. La multiplication des dispositifs ne facilite pas la lisibilité pour les employeurs qui ne s’y retrouvent pas dans ces différentes mesures et ne com- prennent pas la cohérence d’ensemble du pacte de responsabilité. Les mêmes observations s’appliquent aux mesures prises pour compenser la pénibilité au travail, avec une prise en compte des facteurs de pénibilité, également salarié par salarié. Les systèmes de retraite de nos compétiteurs européens les plus avancés en matière sociale prennent bien en considération la pénibilité, mais de façon collective, par métiers et par branches, avec des régimes spéciaux à l’échelle des professions considérées comme pénibles. Nous sommes bien loin de l’amélioration de la compétitivité de notre industrie et du choc de simplification pourtant sincèrement souhaités par nos dirigeants politiques ! Dans la vraie vie de l’entreprise, le flux de normes et de règlementations grossit plus vite que la baisse du stock. Claude Bartolone s’est félicité récemment que l’année 2014 ait été un cru exceptionnel puisque jamais autant de textes de loi n’ont été votés en une année… l Les fonctionnaires de l’Urssaf qui produisent des textes aussi ubuesques devraient effectuer un stage en entreprise Finance & gestion JUIN 2015 Stop à l’inflation règlementaire infligée aux entreprises 13 Finance & gestion JUIN 2015 ACTUALITÉ PORTRAIT 14 ACTUALITÉ PORTRAIT Directeur financier du groupe psa depuis 2012, Jean-Baptiste de Chatillon a eu une carrière atypique au sein d’un groupe automobile qui vient de traverser une crise particulièrement dure et qui commence à « sortir la tête de l’eau », au prix d’efforts considérables. Portrait d’un homme a qui psa doit beaucoup… par Bruno de Laigue L e bureau, dépouillé, a la taille d’une cellule monastique… La carrure de l’homme est athlétique ; l’accueil est sobre mais urbain. Le visage est jeune, la voie basse, ferme et déterminée ! S’il reçoit ses hôtes avec simplicité il est tout entier à eux : la conversation est dense et précise. « C’est en 1989 que j’ai franchi les portes de cette société, avenue de la Grande Armée, là où nous sommes ». Déjà Jean-Baptiste de Chatillon voulait changer les choses… Cela l’attirait, en plus de sa passion pour l’automobile. Contrôleur de gestion il analyse les marges consolidées des véhicules, qui étaient d’ « une complexité sans nom… Je trouvais infantilisant et archaïque que les prix de revient ne soient jamais transmis aux commerçants. J’ai donc opté pour la méthode inverse… Ce qui n’a pas plu au directeur du contrôle de gestion de l’époque : il a demandé de ne pas renouveler ma période d’essai. Le secrétaire général s’y est opposé… ! ». de l’initiative permettront d’avoir un système d’information performant, toujours utilisé à ce jour. Vient ensuite l’expérience anglaise où Jean-Baptiste de Chatillon est nommé directeur financier pour mener à bien la fusion des différentes directions. Deux années riches avant de se retrouver directeur commercial des zones finlandaise, grecque et irlandaise. Expérience atypique lui permettant de découvrir la diversité des mentalités…et qui précèdera son poste de directeur de Citroën Belgique et Luxembourg : « Vraisemblablement les plus belles années de ma carrière que celles où j’ai été amené à diriger une entité dont le CA dépassait le milliard d’euros et où je dirigeais des centaines de garages qu’il a fallu inspirer et faire évoluer ». Cette entité deviendra, sous sa direction, numéro 1 et battra tous les records de rentabilité… « Le contexte et le plan produit étaient favorables » glisse humblement Jean-Baptiste de Chatillon. Responsabiliser les salariés La confiance se mérite ! Développant un système d’information en rapport avec sa vision, il n’hésite pas à se déplacer et se retrouve à Madrid où il demande à être muté. Jean-Baptiste de Chatillon prend en main le contrôle de gestion de Peugeot Espagne avant de s’occuper de la trésorerie. « Je me demande toujours : comment agir différemment ? En Espagne il y avait deux services de comptabilité et deux services de trésorerie : un pour Peugeot, un autre pour Citroën… ». Avec le directeur financier, Jean-Baptiste de Chatillon fusionne les directions financières espagnoles de Peugeot, Citroën, Gefco et PSA-Finance : une révolution ! Projet reproduit en Italie, Allemagne, Belgique et Angleterre. Revenu à Paris Jean-Baptiste de Chatillon déploie SAP avec un directeur comptable dont le modernisme, la créativité et le sens Après trois ans de mission bruxelloise, il revient à Paris pour s’occuper des questions liées à la garantie… « Le coût de la garantie c’est un gros milliard d’euros de provision au bilan. Un garagiste détecte une panne, répare le véhicule, fait jouer la garantie et nous le remboursons. C’est une question de confiance… Mais à cette échelle, plus d’un millier de garages, cela ne fonctionne pas toujours très bien. » La garantie est aussi une question technique : lorsqu’un défaut est détecté, la vitesse à laquelle une solution est trouvée est un facteur de cout exponentiel car le temps de remédier au dysfonctionnement, les véhicules continuent d’être produits avec le défaut… « Je mets sur pied une direction monde…. Avec pour objectif de diviser ces coûts par deux ! Nous avons changé en profondeur les mentalités. Ainsi, lorsqu’un défaut technique est décelé, nos fournisseurs dépêchent des équipes volantes dans nos usines ou nos garages pour travailler conjointement avec les nôtres. Cela ne c’était jamais vu… Nous avons effectué un benchmark des coûts garantie mais également du comportement des concessionnaires. Chez PSA, la confiance dans les réseaux est donnée d’emblée ; si elle est trahie on le paie alors très cher. A force de travail nous avons atteint nos objectifs.» Deux années de sacrifice A l’arrivée de Christian Streiff, Jean-Baptiste de Chatillon prendra en mains le contrôle de gestion… et c’est en 2012 qu’on lui propose la direction financière d’une société au bord du gouffre. « Je n’ai pas refusé car j’ai toujours cru en PSA et il me semblait être de mon devoir de tout faire pour sauver cette entreprise. Voir PSA chuter m’était alors insupportable et j’ai voulu réussir ce challenge. Les gens autour de moi l’ont senti. Pendant 2 ans j’ai mis ma vie personnelle de côté, et cela a été très dur, mais aujourd’hui je ne le regrette pas. L’arrivée de Carlos Tavares, premier dirigeant de PSA issu du monde automobile, a été également un extraordinaire ballon d’oxygène : la confiance interne est progressivement revenue créant ainsi une dynamique vertueuse. » L’affaire Aulnay a laissée des traces : « c’est une affaire qui a été dure, en particulier pour Philippe Varin qui a pris tous les coups, mais elle était juste ! ». Les activités de JeanBaptiste de Chatillon sont nombreuses : outre la responsabilité de la BU « pièces de rechange monde », dont le paradigme est en plein bouleversement, il est à la tête de PSA Finance, de Peugeot-Citroën retail et de la DSI…. « Je suis également agriculteur depuis 2 ans ! Notre maison est grande et nous pouvons, ainsi, partager des moments d’amitié… ». L’homme mérite d’être connu ! l Finance & gestion JUIN 2015 Jean-Baptiste de Chatillon : le moine-soldat 15 ACTUALITÉ PORTRAIT Entretien à la tête de la direction financière d’un des fleurons de l’industrie automobile française Jean-Baptiste de Chatillon a accepté de partager la vision qu’il a d’un secteur en crise mais qui a encore de belles années devant lui… Interviewe exclusive pour les lecteurs de finance&gestion PROPOS RECUEILLISpar Stéphane Sabbah Chronique d’une reconstruction F Finance & gestion JUIN 2015 inance&gestion : Comment se porte le marché automobile mondial ? Jean-Baptiste de Chatillon : Globalement bien ! Les marges et les résultats des constructeurs automobiles n'ont fait que croître ces dernières années, même si en Europe la situation reste difficile. Avec une chute des ventes de 30%, cette zone a été la plus durement touchée. Au niveau mondial, l’activité automobile reste un marché où la production reste localisée près des consommateurs. Il faut donc produire dans la monnaie et dans la structure de coût du pays pour l'approvisionner durablement. 16 Où en est PSA dans son programme de reconstruction économique ? Le terme de « reconstruction économique » est effectivement le bon terme. Le groupe était dans une situation où les fondamentaux économiques n'étaient plus respectés. Il a souffert de la chute du marché européen où il était très implanté. Ceci nécessitait un ajustement massif des frais fixes pour le ramener au point mort et dans une phase durable de génération de cash cohérente avec les besoins d'investissement de notre industrie. Carlos Tavares est arrivé fin décembre 2013 ; c’est un « homme de l'automobile » avec, en plus, une expérience internationale très riche. Son discours a reçu une adhésion immédiate. Nous avons démarré des actions extrêmement ambitieuses afin de mettre en mouvement le groupe, et je pense, sans vouloir parler à sa place, qu’il a été surpris par la qualité de la réponse des équipes. J’analyse cette réactivité par la profonde humilité de nos collaborateurs. Quand vous avez vu votre société « tomber aussi bas » et qu’un manager, – avec une légitimité métier aussi forte, – vous propose une stratégie, vous ne lui répondez pas « Attendez, on fait cela depuis longtemps… » mais plutôt « on va essayer... » Nos salariés ont mis « tout leur cœur » et n’ont pas hésité à prendre des risques pour se lancer dans cette reconstruction. C’est pourquoi celle-ci se déroule beaucoup plus vite que prévu. Début 2014 nous avions identifié trois critères à réunir pour rétablir les finances du groupe : désendettement, free cash flow opérationnel récurrent à hauteur de 2 milliards d’euros sur une période cumulée de trois ans (2016 à 2018) et 2 % de marge opérationnelle. Dès 2014, nous avions déjà atteint les deux premiers de ces objectifs. La place financière a salué ces résultats avec le retour du groupe dans le CAC 40. Le travail n’est pas du tout terminé car nous ne réalisons toujours pas 2 % de marge opérationnelle, cet objectif de taux étant lui même un niveau très modeste dans notre secteur d’activité. Nous restons très concentrés sur l'exécution de ce plan "Back in the Race", même si nous sommes clairement en avance par rapport à notre expression initiale. Y a-t-il d’autres éléments qui expliquent ce redressement ? Il faut effectivement évoquer le changement complet de gouvernance avec un nouveau conseil de surveillance et l'arrivée de Carlos Tavares. Carlos a une forte légitimité métier et a insufflé des objectifs extrêmement ambitieux en se libérant d’un certain nombre de tabous. Avec pragmatisme, nous avons analysé la rentabilité de notre portefeuille d’activités. Pour chaque Nous avons baissé d'1,4 milliard le BFR en un an activité en difficulté nous nous sommes posé la question de savoir si nous étions les mieux placés pour la redresser. Si ce n’était pas le cas, nous avons décidé de la céder à quelqu'un mieux à même de le faire. Ces choix clairs ont prouvé que nous avions de l’ambition pour nos activités et que nous refusions d’accepter la médiocrité. Certaines activités structurellement déficitaires depuis des années ont ainsi été cédées. Parmi les activités que vous avez conservées, quels sont les grands axes d’amélioration de la rentabilité mis en œuvre ? Je souhaite évoquer la rentabilité sous l’angle de la marge opérationnelle mais aussi de la rentabilité des capitaux employés. Nous avons baissé d' 1,4 milliard le BFR en un an. Ceci est assez spectaculaire et n’a pu être atteint que par l’adhésion à 100 % de toutes les équipes. Cette amélioration de la profitabilité, au sens des capitaux employés, s’est conjuguée avec l’optimisation des opérations. Prenons l’exemple des pièces détachées que nous devons continuer de fournir 10 ans après la fin de la commercialisation d’un véhicule. Si vous avez une approche technique de cette question, vous stockez toutes les pièces et vous prévoyez un stock de 12 ans, par sécurité. Finalement vous en jetez le tiers, parce que le diagramme de Pareto que vous aviez imaginé n'est évidemment jamais le bon. A présent notre stratégie est de ne conserver que 7 ans de stock. S’il y a un besoin en «queue de comète » sur certaines références, nous le produirons en conséquence. Je souhaite aussi évoquer le travail réalisé par notre banque PSA Finance. De manière à se renforcer, elle a signé avec la banque Santander des accords de joint venture. Ce qui va améliorer sa rentabilité de manière significative et donner à nos équipes commerciales la possibilité de faire des propositions de financement très compétitives. ACTUALITÉ PORTRAIT Le groupe a sans aucun doute commis des erreurs dans sa stratégie d'internationalisation. Tant que nous n’avions pas d’organisation par régions, le groupe ne s'est jamais vraiment internationalisé. Lorsque je suis arrivé chez PSA la direction internationale s'appelait "directions des opérations internationales" ! C'était des « colonies », des aventures presque individuelles. Puis PSA a voulu sortir de ce schéma et a décidé de « prendre une copie du siège français » et de la transposer. Par exemple, au Brésil, on a installé des bases de coût sur place et on a ensuite regardé s’il était possible de vendre des voitures... Nous n'en vendions pas assez. On a enterré alors la profitabilité du pays pendant des années. Aujourd’hui cette culture a radicalement changé. PSA est maintenant un véritable groupe international : 30% de ses ventes sont effectuées sur le marché chinois et chaque patron de région se concentre sur son activité ! A ce sujet, l'accélération du développement en Chine est spectaculaire. Est-ce l'association avec le partenaire chinois qui en est à l'origine ? C'est une des grandes réussites de Philippe Varin, qui a su négocier efficacement avec les Chinois. L'entrée au capital de Dongfeng a bien sûr facilité la collaboration industrielle. Pour illustrer la manière dont nous avons souhaité cette relation, je m’inspirerai d’une citation du cardinal de Retz : « on est plus souvent dupé par la défiance que par la confiance ». Philippe Varin a mis en place un plan de partenariat renforcé. Nous sommes le partenaire préféré du numéro 2 des constructeurs chinois avec à notre board deux dirigeants chinois de grande qualité. Ce sont deux grands spécialistes de l'automobile connaissant parfaitement le produit et le marché. Peu d'entreprises française ont la chance d'avoir à leur board ce type de profil. Quel impact a la participation capitalistique de l’État dans votre gestion ? L’Etat est pour nous un partenaire familier ; il a eu une très bonne intelligence de la situation. Son comportement est semblable à celui des autres partenaires : il est aligné avec les intérêts de l'entreprise et vise sa solidité financière et son développement. La baisse du prix de revient et l'amélioration de la compétitivité permettront de continuer de fabriquer en France Vous continuez de vouloir produire en France, à quelles conditions est-ce encore possible ? C'est une question très intéressante. Regardons ce qui se passe en Europe. La majorité des véhicules vendus en Europe sont des véhicules produits en Europe de l'Ouest avec des « sourcing » qui se sont déplacés vers l'Est et le bassin méditerranéen. Le champ concurrentiel est tenable à condition d'être ultra performant. Nos usines en France doivent viser le meilleur benchmark et il y a un engouement réel de nos équipes pour aller chercher cette performance. C'est donc la baisse du prix de revient et l'amélioration de la compétitivité qui permettront de continuer de fabriquer une DS, une Citroën ou une Peugeot en France. Nous avons donné à nos usines françaises les moyens de se mettre au meilleur niveau en y investissant 1 milliard d'euros. Mais nous avons aussi du passer par des plans de départ négociés afin de donner sa chance à chaque usine. Certes, il n’est jamais facile de travailler sur des programmes de baisse des effectifs, mais c’est parfois nécessaire. Il ne faut pas être infantile et si l’on n'a pas le courage de baisser le point mort, c’est l’ensemble de l’entreprise que l’on met en péril. Pour donner du travail il faut commencer par être profitable. Comment expliquez vous que la Grande Bretagne ait dépassé la France en construction automobile sans quasiment plus aucune marque nationale ? Je suis encore plus frappé par l'Espagne ou le Portugal qui ont eu aujourd'hui le courage de gérer des réformes structurelles de leur marché du travail. Je souhaite revenir sur ma conviction que le travail confère une dignité à l'homme. La France est un pays où nous avons parfois installé l'idée que le travail est un « mal nécessaire ». Je pense plutôt que c'est une façon pour une personne de se realiser, de se développer et lorsqu'elle en est privée, c'est la pire des choses qu’il puisse lui arriver. La rigidité du m a r c h é d u t r ava i l t u e l ' e m p l o i . Aujourd'hui en France, pour assurer sa rentabilité, la tendance est d'avoir le minimum d'employés et de surinvestir en capital et par conséquent de perdre sa flexibilité. Comment voyez-vous l’évolution de votre marché ? Le marché européen restera à un niveau assez faible par rapport à ses plus hauts historiques. La baisse est en grande partie liée à une augmentation de la durée de détention d’un véhicule (en France par exemple l’âge moyen du parc est passé de 7 ans à 8,5 ans). Mais la voiture reste un bien qui n'est pas éternel… Le marché dans nos pays développés est donc sur un cycle de maturité. Mais le potentiel de croissance dans les pays émergents reste énorme. L’engouement pour la propriété et la mobilité, – dont la voiture est le meilleur symbole, – y sont encore très importants. Les véhicules vont aussi embarquer de plus en plus de technologie. Aujourd'hui nous vendons principalement des voitures, des financements et des pièces de rechange. Demain nous vendrons de plus en plus des services connectés et de prestations embarquées. Par exemple après un trajet, votre smartphone vous restituera votre profil d'eco-conduite grâce à une carte sim dans votre véhicule qui aura transmis des données à votre adresse « @mypeugeot.com ». Votre véhicule pourra aussi vous envoyer un SMS la veille de votre départ en vacances pour vous dire que vous n'avez pas besoin de faire de révision car le « check » du véhicule a été fait à distance. Les assureurs pourront également vous faire payer une prime d'assurance en fonction de votre qualité de conduite. L'objet voiture a donc un très bel avenir et s’enrichira de services et de propositions nouvelles. Enfin la protection de l’environnement restera un défi majeur. PSA est le champion européen pour la faible émission de CO2. Nous vendons des véhicules diesel (euro 6) qui sont absolument neutres par rapport à de l'essence. Nous souhaitons être les champions du monde du véhicule propre ! l Finance & gestion JUIN 2015 Si vous deviez tirer un bilan des échecs passés à ne pas reproduire, quels éléments citeriez-vous ? 17 DOSSIER Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger 19 Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger 24 Export : quelles aides publiques pour quel projet ? Jérôme BOGAERT Charles-Edouard de Cazalet et Thomas Gross 26 V.I.E : la solution RH pour le développement export des PME Olivier Tonon Finance & gestion JUIN 2015 Florence RENARD et Frédéric DOCHE 20 S’implanter à l’étranger : nouvel eldorado ou lendemains qui déchantent ? ©ra2 studio - fotolia.com 18 « Un voyage de 1 000 km commence toujours par un pas. » Lao Tseu Fabien POGGI 30 32 Applications décisionnelles : bonnes pratiques pour créer de la valeur Esker : les clés de la réussite d’une PME française à l’international Olivier STEPHAN Jean-Michel Bérard 34 Pour le développement à l’international, trouvez « The best road to market » Laurent Gicquel Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger R PAR Florence RENARD Controller Europe du Sud Kimberly Clark PAR Frédéric DOCHE membre du comité éditorial ester franco-français peut parfois être rassurant pour certains chefs d’entreprises : cela évite les risques inconsidérés et les embûches d’un développement à l’international. Mais rester cantonné au marché français est-il encore possible alors que la crise en France est plus marquée que dans d’autres pays et que le marché est de plus en plus globalisé avec une concurrence étrangère de plus en plus forte et de plus en plus mobile ? Se développer dans des pays étrangers est donc souvent une nécessité. Cette nécessité est le plus souvent porteuse d’opportunités : opportunité d’une nouvelle dynamique de développement, d’innovation et de créativité, occasion pour les équipes de tester de nouveaux challenges, d’acquérir des compétences nouvelles et une capacité à s’adapter à de nouvelles cultures. Néanmoins, pour que ce développement soit un réel succès, il est essentiel de le préparer afin de maîtriser au mieux les risques qui y sont liés. En effet, le développement à l’international sera nécessairement émaillé de découvertes, de surprises, voire de véritables écueils non prévus. Il est indispensable d’anticiper le maximum d’éléments, pour se concentrer ensuite sur la résolution d’imprévus non maîtrisables. Anticiper sousentend de répondre à un certain nombre de questions comme, par exemple : quelle structure juridique choisir ? Quels sont les risques juridiques les plus importants à prévoir et la manière de les maîtriser ? A quelles aides et assurances l’entreprise peut-elle avoir recours pour se développer à l’international et comment faire un choix devant des propositions pléthoriques et souvent absconses ? De quels outils l’entreprise doit-elle se doter pour maîtriser et piloter son développement ? Ce dossier aborde ces différents aspects sous un angle pragmatique afin de vous aider à mieux cerner ces sujets. Plusieurs retours d’expérience d’acteurs du développement à l’international vous donneront quelques clés et conseils pour un développement réussi. Bonne lecture ! l Quelques chiffres XSur près de 3.65 millions d’entreprises que dénombre la France, on compte environ 3.6 millions de PME – dont les effectifs sont inférieurs à 250 salariés – et près de 250 entreprises de taille mondiale – dont les effectifs sont supérieurs à 5000 salariés. La France compte 40 grandes entreprises parmi les 500 premiers groupes mondiaux. Un peu moins de 5000 entreprises de taille intermédiaire contribuent aux exportations françaises à hauteur de 33% et elles réalisent 41% de leur chiffre d’affaires à l’export. XLe nombre des entreprises exportatrices e n France représente un peu plus de 4% du nombre total d’entreprises contre 11% en Allemagne. 10% des exportateurs français réalisent 95% des ventes à l’export. Aujourd’hui sur les 91 000 entreprises exportatrices, plus de 95% sont des PME/TPE qui réalisent moins de 45% des exportations françaises. XOn estime que sur les 160 000 PME d e 1 à 150 m€ de CA, une PME sur dix exporte chaque année plus de 5 % de son chiffre d’affaires, 30 % exportent très irrégulièrement et 70 % n’exportent pas. Finance & gestion JUIN 2015 28 Quels logiciels de gestion pour l’international ? 19 DOSSIER Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger PAR Jérôme BOGAERT Associé gérant, HARMONY1 S’implanter à l’étranger Finance & gestion JUIN 2015 Nouvel eldorado ou lendemains qui déchantent ? 20 En ces temps de croissance molle en France, développer ses activités sur les marchés étrangers peut susciter beaucoup d’espoirs, mais aussi de nombreuses déceptions si les principaux paramètres juridiques et fiscaux ne sont pas intégrés dès le départ dans le processus de décision. C et article présente quelques éléments incontournables à considérer absolument pour éviter des déconvenues. La structuration juridique de la présence locale découle largement de l’approche stratégique retenue sur le marché concerné Lorsqu’une entreprise décide de développer ses activités dans un pays étranger, c’est souvent parce qu’elle y a une opportunité de vente ponctuelle, ou même récurrente, auprès d’un client donné qu’elle n’a pas toujours directement sollicité. Ainsi, un salon professionnel auquel elle a participé peut par exemple déboucher sur de tels contacts qualifiés. Mais ce peut être aussi le résultat d’une démarche beaucoup plus volontariste de pénétration du marché local sur le long terme, qui constitue alors un véritable relais de croissance sur lequel son management va fonder de grandes espérances, et donc être prêt à Contrat avec un distributeur local : niveau, mode de rémunération, exclusivité, répartition des responsabilités… y investir beaucoup plus massivement. Même dans la première logique, plus opportuniste et axée sur le court terme, les dirigeants avisés vont en général sérieusement envisager de profiter de cette première expérience client sur le marché concerné pour y obtenir un effet de levier beaucoup plus important pour leur entreprise en termes de volume d’affaires. De l’approche stratégique ainsi retenue sur ce marché découle naturellement le schéma opérationnel adopté et sa traduction juridique. Dans le premier cas, l’entreprise se contente le plus souvent d’exporter les produits vendus depuis ses ateliers en France vers les entrepôts de son nouveau client local, s’il s’agit de biens, ou de rendre sa prestation depuis la France, quand c’est possible, ou en envoyant ponctuellement une équipe dans les locaux de son client, s’il s’agit de services. Dans le deuxième cas en revanche, la société française va en général créer une filiale dans le pays concerné et y envoyer un voire quelques salariés du siège, le plus souvent des cadres supérieurs, pour transmettre une partie de son savoir-faire et de ses méthodes aux équipes recrutées localement. Dans un premier temps, la vocation de cette filiale est en général de distribuer les produits fabriqués ou les solutions proposées par sa société-mère française sur son marché local. Dans le troisième cas, intermédiaire entre les deux premiers, les dirigeants choisissent régulièrement de recourir à des distributeurs ou des agents locaux indépendants, qui ont une meilleure connaissance de leur marché, voire d’y enregistrer une succursale s’ils souhaitent franchir d’emblée une étape supplémentaire en termes de présence locale. DOSSIER Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger Dans le schéma le plus simple d’exportation sans relais local et sans transfert de savoir-faire, la négociation commerciale se traduit normalement par la signature d’un contrat de vente reprenant les principaux termes des accords conclus (désignation des biens à livrer ou des prestations à effectuer, quantités commandées, prix pour chaque type de biens ou de prestations, modalités et délais de livraison des biens ou de réalisation des services, modalités et délais de paiement, clause de force majeure, éventuelles pénalités de retard…). La rédaction de ce contrat est naturellement un enjeu juridique majeur pour garantir au mieux les intérêts de votre entreprise à l’export. L’autre considération juridico-financière importante à prendre en compte également est d’assurer votre société contre le risque d’insolvabilité du client, via un crédit documentaire confirmé par exemple. En matière fiscale, le surcoût principal est le plus souvent lié aux droits de douane, voire à la TVA ou toute taxe équivalente, à acquitter lors de l’importation, dès lors qu’il s’agit d’acheminer des biens depuis la France en dehors de l’Union Européenne. Lorsque votre entreprise opte pour une solution consistant toujours à exporter vers le pays concerné, mais en recourant à un distributeur ou un agent indépendant pour y accroître ses ventes, votre enjeu principal, sur le plan contractuel, se déplace : il ne s’agit plus de négocier puis de conclure un contrat directement avec un client, mais de faire de même avec ce distributeur ou cet agent. Les clauses auxquelles il convient de porter une attention particulière sont alors le niveau et le mode de détermination de la rému- nération qui lui est octroyée, le fait générateur de cette rétribution, l’exclusivité qui lui est accordée ou non sur le marché en question, les pénalités et/ou indemnités à verser en cas de rupture anticipée et/ou abusive du contrat par une des parties, et la répartition des responsabilités entre votre société et son distributeur/ agent local, vis-à-vis des clients en particulier (responsabilité civile professionnelle, responsabilité du fait des produits…). En revanche, le risque d’insolvabilité peut être a priori cantonné plus facilement que dans un schéma d’exportation au coup par coup, dès lors que vous avez affaire à un seul interlocuteur que vous pouvez sélectionner avec tout le soin requis. Sur le plan fiscal, le principal surcoût reste souvent les droits de douane et, le cas échéant, la TVA à l’importation, comme précédemment. Anticipez les délais et les coûts juridiques et fiscaux lorsque vous créez une entité locale Dès lors que vous allez opter pour une véritable implantation locale, via une succursale ou a fortiori une filiale, d’autres paramètres juridiques et fiscaux sont à anticiper pour bien mesurer leur impact tant sur la rentabilité des contrats sous-jacents que sur les cash flows qu’ils génèrent. D’un point de vue juridique, l’enregistrement d’une succursale ou la création d’une filiale peuvent prendre jusqu’à 6 mois dans certains pays ! En outre, vous pouvez être contraint d’y créer une structure locale pour obtenir des marchés publics ou des contrats dans des secteurs sensibles ; et donc de la doter en capital en respectant les planchers prévus par les règles domestiques, même si vous n’aviez prévu qu’un financement minimal. Schéma d’exportation avec ou sans distributeur local Sans distributeur France Avec distributeur Étranger France Étranger Distributeur FR Vente Client Livraison FR Importation Frontière Flux physiques Facturation Vente Client Frontière Flux physiques Facturation Finance & gestion JUIN 2015 à l’exportation, veillez à la rédaction des contrats et anticipez les coûts liés aux droits de douane et aux taxes indirectes 21 DOSSIER Finance & gestion JUIN 2015 Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger Dans certains cas, votre entreprise française ne pourra pas détenir 100% du capital de sa filiale, mais devra accepter dans le tour de table des investisseurs locaux qui lui seront parfois imposés. Il s’agira alors de négocier la répartition des droits (de vote, à dividendes…) entre les associés, ainsi que le mécanisme de gouvernance à mettre en place compte tenu de cette répartition, pour préserver les intérêts de votre entreprise et lui éviter une trop grande « déperdition » tant d’argent que de pouvoir de décision. A noter toutefois que le recours à un partenaire bien implanté dans la région considérée peut s’avérer précieux, notamment lors des discussions avec les autorités locales, tant sur le plan administratif que fiscal. Dans ce dernier domaine, les principales variables à intégrer à votre plan de développement pour éviter les mauvaises surprises sont les suivants : la répartition des bénéfices entre la structure locale (y compris une succursale) et sa société-mère ou son siège français de façon à minimiser autant que possible votre charge globale d’impôt ; les retenues à la source prélevées lors du rapatriement des profits générés par cette structure2, que ce soit sur les futurs dividendes, les intérêts, les redevances, ou même les rémunérations de prestations techniques ou administratives ; ou encore l’anticipation des impôts et taxes parfois multiples, bien au-delà du seul impôt sur les sociétés et de la TVA, auxquelles votre filiale ou votre succursale locale peut être soumise, tels les taxes locales, sectorielles ou les droits d’accise. En conclusion, le choix quant à votre mode d’implantation dans le pays concerné est largement guidé par la feuille de route que vous vous fixez sur ce marché, que ce soit en termes d’objectifs, de ressources ou de moyens. Mais les considérations juridiques et fiscales ne sont pas à négliger, ne serait-ce que pour éviter quelques pièges ayant parfois un impact significatif tant sur la rentabilité que sur les flux de trésorerie générés par vos opérations à l’étranger. l 1. Représentant de la DFCG au Comité fiscal de l’IAFEI 2. Attention également au contrôle des changes « gelant » les avoirs dans certains pays. Schéma d’exportation avec présence locale Avec succursale 22 France Avec filiale de distribution Étranger France Étranger Filiale Succursale FR Vente Vente FR Client Client Importation Frontière Flux physiques Facturation Frontière Flux physiques Facturation Publi-information Les enjeux et les modalités du contrôle d’une filiale internationale Le risque de contrôle d’un investissement à l’international constitue un enjeu majeur dans le cadre du développement d’une société. Maîtriser, suivre, contrôler une filiale implique une action continue et adaptée de la part de la maison mère. Les facteurs accroissant le risque de contrôle sont générés par l’éloignement géographique, l’environnement législatif et réglementaire du pays concerné et la difficulté de faire partager les objectifs du groupe au niveau de la filiale. Un contrôle inadéquat des filiales internationales peut ainsi se traduire par une incapacité à maitriser les performances opérationnelles des filiales, l’absence de contrôle des données de trésorerie, le risque de paiement d’indemnités et pénalités élevées, du fait de l’absence de maitrise des textes et règlements locaux et enfin, une réactivité insuffisante du groupe face aux difficultés de gestion de sa filiale, ce qui induit nécessairement des coûts supplémentaires. En somme, les carences en matière de contrôle des opérations internationales peuvent entraîner un coût significatif pour les groupes investisseurs. Un contrôle périodique et adapté des filiales internationales constitue une garantie de l’investissement engagé mais également une optimisation des fonds investis. A cet égard, avant tout investissement international, il est essentiel d’avoir défini au préalable les modalités de contrôle de cet investissement. Une action prioritaire à engager et ceci est valable pour toutes les entreprises, consiste à mettre en place, au plus tôt, un reporting financier et opérationnel périodique, adapté à la taille de l’entreprise et d’en définir les principes comptables essentiels. Il est inutile de l’alourdir excessivement. Selon la taille de l’entreprise, sa périodicité pourra être mensuelle ou trimestrielle. La maison mère devra également procéder à un audit régulier des comptes de la filiale, selon une périodicité dépendant de sa taille et de son importance significative au sein du groupe. Ce sera l’occasion d’adapter le reporting, de fiabiliser ses données et de s’assurer de l’alignement entre les états de reporting, les états de gestion et les comptes annuels officiels. Claude VOLATIER Gérant de la société GESERIS - [email protected] GESERIS réalise des prestations de direction financière externalisée, d’aide à l’implantation et de suivi d’activités internationales, de reporting et de contrôle de gestion. Plus d’information sur le site www.geseris.com. DOSSIER Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger PAR Charles-Edouard de Cazalet Directeur Associé, SOGEDEV © Nicolas Lepiller PAR Thomas Gross Directeur Associé, SOGEDEV © Nicolas Lepiller Finance & gestion JUIN 2015 Export Quelles aides publiques pour quel projet ? 24 Moteur de la compétitivité des entreprises, la stratégie de développement à l’export peut être financée grâce au soutien de différents acteurs économiques publics, qui mettent à leur disposition des subventions, prêts et avances remboursables pour développer leurs projets. E ngager des démarches de prospection, participer à un salon professionnel à l’étranger, recruter un cadre export, s’implanter dans un autre pays… plusieurs dispositifs de financement public ont été créés pour accompagner les entreprises dans leurs démarches, en fonction des actions qu’elles souhaitent mener et de l’envergure de leurs projets : crédit d‘impôt prospection commerciale, assurances Coface, aides Bpifrance ou encore aides territoriales... Focus sur ces aides publiques en faveur des projets à l’export… Le crédit d’impôt prospection commerciale : quel avantage pour les PME ? Le crédit d’impôt prospection commerciale (CIPC) peut financer jusqu’à 50% des dépenses d’une entreprise en matière de prospection commerciale pour commercialiser ses services ou produits à l’étranger. L’entreprise peut bénéficier du CIPC soit sous la forme d’une réduction de l’impôt sur les sociétés soit sous forme de remboursement. Pour l’obtenir, l’entreprise doit recruter un salarié - ou avoir recours à un volontaire international en entreprise - affecté au développement export et doit être une PME (au sens communautaire). La nature des dépenses éligibles porte sur : • les frais de déplacements et d’hébergements liés à la prospection à l’étranger, • la veille informative sur les marchés extérieurs (étude de marché, conseils à l’export…), • la promotion (dépenses de publicité, frais de participation à des salons…), • les indemnités versées aux Volontaires Internationaux en Entreprise (VIE). Plafonné à 40 000 €, le CIPC est accordé pendant les deux années qui suivent le recrutement du salarié à l’export et ne peut être utilisé qu’une seule fois par l’entreprise. Le CIPC est calculé au titre de chaque exercice fiscal au cours duquel des dépenses éligibles ont été engagées. Afin de bénéficier du CIPC, l’entreprise doit compléter le formulaire Cerfa 2079-P-SD et le remettre au service des impôts dont elle dépend, en même temps que sa déclaration annuelle de résultats ou son relevé de solde de l’IS. L’Assurance Prospection COFACE : accompagner les premiers pas à la prospection ! La Coface propose aux entreprises françaises des garanties, pour le compte de l’Etat, pour soutenir leur développement international à travers 2 dispositifs : l’Assurance Prospection Premiers Pas (A3P) et l’Assurance Prospection. L’A3P couvre une partie du risque commercial des premières démarches de prospection à l‘export : frais de déplacements, de marketing et certains frais commerciaux, participation à des manifestations, salaires et charges d’un agent commercial ou d’un volontaire international en entreprise pendant la durée de leur séjour à l’étranger. Cette assurance est réservée aux PME primo-exportatrices ayant clôturé au moins 1 exercice comptable. Pour être éligible, la PME doit avoir un chiffre d’affaires global inférieur à 50 millions d’euros et un chiffre d’affaires à l’exportation inférieur à 200 000 euros ou égal à moins de 10 % du chiffre d’affaires global. L’A3P permet aux PME bénéficiaires de financer jusqu’à 65 % des dépenses éligibles engagées sur la zone export garantie, dans la limite d’un plafond fixé à 10 % du chiffre d’affaires global et dans la limite de 30 000 €. Une PME peut bénéficier de deux A3P sur DOSSIER Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger Né de la fusion du Prêt pour l’Export, du Contrat de développement international et du Contrat de développement participatif, le Prêt Export a été mis en œuvre en septembre 2013 par Bpifrance dans le cadre du Choc de simplification des procédures administratives. Le Prêt Export vise à financer les investissements pour le développement à l’export et l’implantation à l’étranger des PME et des ETI indépendantes, ayant au moins 3 ans d’existence. Les entreprises qui mènent déjà des opérations à l’international et les primo-exportatrices peuvent demander à bénéficier de ce prêt. Le Prêt Export peut être demandé pour 2 principales catégories de dépenses : • Les investissements immatériels tels que l’implantation de filiales à l’étranger, le rachat d’entreprises étrangères, les frais d’adaptation des produits et services pour l’export, la participation aux foires et aux salons, les dépenses liées aux Volontaires internationaux en entreprise ou encore, les dépenses de communication. • Les investissements corporels tels que le matériel conçu par l’entreprise pour ses besoins propres et le matériel informatique. A noter que l’augmentation du besoin en fonds de roulement lié au projet à l’international est également éligible au Prêt Export. Le montant du prêt est compris entre 30 000 euros et 5 millions d’euros, dans la limite des fonds propres et quasi-fonds propres de l’entreprise. Remboursable en 7 ans (2 ans de différé possible), il peut être versé sous 15 jours si le prêt est inférieur à 150 000 euros. Un Prêt Export supérieur à 150 000€ doit être obligatoirement complété par un financement privé du même montant (prêt bancaire, apport en capital d’actionnaires ou de fonds d’investissement). A l’horizon 2017, Bpifrance envisage de débloquer 500 millions d’euros par an au titre du Prêt Développement Export. Finance & gestion JUIN 2015 Le Prêt Export de Bpifrance : un nouvel élan pour les PME et ETI En 2013, le nombre d’entreprises exportatrices a progressé de 1,7 % par rapport à 2012 Des aides territoriales en faveur de vos projets à l’export Beaucoup de collectivités locales (régions, départements, communes et groupements de communes) proposent aux entreprises installées sur leur territoire des aides publiques pour développer leur compétitivité et les accompagner dans leurs projets de développement - notamment à l’export. Les aides territoriales s’adressent aux entreprises financièrement saines et attestant d’un projet sérieux et porteur pour son lieu d’implantation (dynamisme économique local, création d’emplois). Chaque collectivité locale dispose de son propre catalogue d’aides (subventions, prêts à taux zéro ou exonérations) et processus d’attribution. Liées à la présentation d’un projet financier et commercial détaillé, les aides territoriales sont soumises à un examen approfondi effectué par une commission. Plusieurs dispositifs peuvent correspondre à la situation de l’entreprise et au projet à soutenir. Notons que les dispositifs mis en place localement peuvent être cumulables, sauf mention contraire et seulement lorsque les objectifs sont différents. En 2013, selon le Ministère du Commerce Extérieur, le nombre d’entreprises exportatrices a progressé, pour s’établir à 121 500, soit une hausse de + 1,7 % par rapport à 2012. Afin de rester dans cette dynamique, les initiatives tant gouvernementales que locales se développent afin de soutenir les projets à l’international des entreprises. Dernière décision en date, la création de Business France – fusion d’Ubifrance et de l’agence française des investissements internationaux (Afii) – qui vise à accompagner les entreprises nationales dans leurs projets à l’international ou en attirant des capitaux étrangers sur le territoire. l 25 EN SAVOIR PLUS des années différentes. La troisième demande prendra la forme d’une Assurance Prospection « classique ». L’Assurance Prospection « classique » est réservée aux entreprises ayant au moins 3 exercices comptables complets clôturés. Elle permet de couvrir, comme pour l’A3P, une partie des risques financiers liés aux actions de prospection à l’étranger sur une zone prédéfinie et représente de 25 % à 65 % du budget export. L’assurance prospection comprend deux phases : • Phase de garantie : la Coface verse des indemnités de 25 % à 65 % du budget couvert, pendant 1 à 4 ans, si les dépenses sur la zone de garantie ne sont pas couvertes par un chiffre d’affaires suffisant (réalisé sur cette même zone). • Phase d’amortissement : à l’issue de la phase de garantie, l’entreprise rembourse tout ou partie des indemnités versées pendant 2 à 6 ans, en fonction du chiffre d’affaires réalisé sur la zone géographique considérée. Parmi les opérations couvertes figurent les frais de personnel, marketing (salons, plaquettes,..), les prestations de conseil, d’administration ou encore les frais techniques d’adaptation de produits. Cette assurance est remboursable en cas de succès du développement commercial sur la zone export garantie. Sogedev www.sogedev.com 175-177, rue d’Aguesseau 92100 BoulogneBillancourt - France DOSSIER Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger PAR Olivier Tonon Président, Club V.I.E. Nord Pas de Calais1 Finance & gestion JUIN 2015 V.I.E : la solution RH pour le développement export des PME 26 Le Volontariat International en Entreprise (V.I.E) permet aux entreprises françaises de confier à un jeune, homme ou femme, âgé de 18 à 28 ans, une mission professionnelle à l’étranger d’une durée de 6 à 24 mois, renouvelable une fois dans cette limite de deux ans. L a première contrainte à laquelle est confrontée une entreprise lorsqu’elle se lance à l’export est relative aux ressources humaines. L’international nécessite un travail préparatoire et impose, dans la plupart des cas, une présence sur place. Pour répondre de manière efficace à cette problématique, le gouvernement a créé en 2000 un statut unique au monde pour donner aux entreprises françaises les moyens humains de leur développement à l’export. Sa gestion est déléguée à Business France, l’agence nationale au service de l’internationalisation de l’économie française, qui est mandatée à cet effet par le Secrétariat d’État chargé du Commerce extérieur, de la promotion du Tourisme et des Français de l’étranger. Instaurée par la loi du 14 mars 2000, cette formule permet aux entreprises de droit français de renforcer leur développement international tout en offrant à des jeunes l’opportunité de s’investir dans une expérience formatrice à l’étranger. La formule est ouverte aux jeunes Françaises et Français ayant l’âge requis, de tous profils et niveaux de formation, en règle avec leurs obligations de service national, ainsi qu’aux jeunes ressortissants de l’Espace économique européen dans les mêmes conditions. Ces jeunes peuvent être déjà diplômés, en cours d’études, ou posséder une première expérience professionnelle. La formule concerne tous les profils, toutes les qualifications pour tous types de métiers ou de missions : ingénieurs, commerciaux, techniciens, informaticiens, gestionnaires... Une gestion simplifiée pour une efficacité redoublée Le statut public du volontaire exonère l’entreprise bénéficiaire de la formule, de tout lien contractuel (le contrat est passé entre Business France et le candidat) ainsi que de toute charge sociale en France. Cette formule apporte à l’entreprise, ainsi qu’au V.I.E, un cadre protecteur et sécurisé. Ainsi déchargée des tâches de gestion de personnel, l’entreprise peut se consacrer uniquement au pilotage opérationnel de la mission du V.I.E. Quelques chiffres Depuis l’instauration du V.I.E en 2000 et le départ des premiers volontaires en 2001, ce sont plus de 52 000 jeunes qui ont profité du dispositif pour le compte de plus de 5 700 entreprises. Cette opportunité n’est pas réservée qu’aux grands groupes. Bien au contraire, à février 2015, 1 877 entreprises, dont 66 % de PME, ont eu recours au V.I.E dans le développement de leur activité économique et 8 589 V.I.E sont en poste dans 126 pays à travers le monde. La durée moyenne du V.I.E est de 18 mois. L’âge moyen des jeunes qui partent en V.I.E est de 26 ans. Les hommes représentent 64% des effectifs, les femmes, 36%. Une formule plébiscitée par les jeunes et les entreprises Depuis sa mise en place, le V.I.E a rapidement trouvé sa place au sein des services RH des entreprises. Il est aujourd’hui reconnu comme une formule efficace pour le développement à l’international des entreprises et un accélérateur de professionnalisation pour les jeunes. Il leur permet d’acquérir une vraie expérience professionnelle valorisante à l’étranger. 68% des jeunes se sont vu proposer un poste à l’issue de leur mission. Et 92% des jeunes sont en emploi. Un signe fort que le Volontariat est, pour les entreprises, aussi un moyen efficace d’évaluer un jeune talent sur DOSSIER le terrain avant une embauche définitive éventuelle. 85% reconnaissent que le V.I.E a été un tremplin pour trouver l’emploi qu’ils occupent actuellement. Du côté des entreprises, bénéficier de compétences opérationnelles sur le terrain Une opportunité d’évaluer sur le terrain un futur collaborateur, notamment pour les PME : 95% des entreprises considèrent le V.I.E comme un vivier de recrutement pour des salariés de valeur, Un impact direct sur l’implantation commerciale des entreprises : pour l’ouverture de marché, 65% des entreprises considèrent que le V.I.E a eu un impact direct sur leur implantation commerciale, Un résultat avéré : 73% des entreprises ayant eu recours au V.I.E ont vu leur chiffre d’affaires progresser, 72% ont bénéficié d’une hausse de notoriété et 60% affirment avoir gagné de nouveaux clients, Un taux de recommandation élevé : 81 % des entreprises interrogées recommanderaient à une entreprise de même profil de mettre en place des missions V.I.E et 71% des entreprises utilisatrices de la formule déclarent y avoir de nouveau recours à l’avenir.2 1. Dans la continuité de leur mission VIE, tous les anciens VIE se retrouvent au travers d’un Club qui fédère plus de 8000 anciens volontaires internationaux (VSN, CSN, VIE et VIA) dans 40 pays sous forme d’association loi 1901. Toutes les informations sur ce club sont consultables sur le site internet à l’adresse www.clubvie.fr. EN SAVOIR PLUS 81 % des entreprises de mettre en place des missions V.I.E Il faut également éviter de surdimensionner le recrutement. L’entreprise qui recherche un volontaire doit anticiper l’éventuelle intégration dans l’entreprise du candidat une fois la mission terminée. Si le V.I.E est un jeune sortant d’une grande école alors que le poste requiert une formation plus courte, il sera difficile de le recruter ultérieurement car la personne exigera un niveau de responsabilités et de rémunération que l’entreprise ne sera pas en mesure de satisfaire. Nous recommandons également aux entreprises de tirer parti de la souplesse offerte par le dispositif pour former le volontaire en France, lui faire rencontrer les équipes et l’immerger dans sa propre culture. Enfin, il est très important de mettre en place un système de suivi et de contrôle de l’activité du V.I.E dans le pays concerné. Il faut que son responsable hiérarchique se rende sur le terrain de temps en temps pour l’épauler et maintenir le contact. En définitive, il faut considérer le volontaire comme un collaborateur à part entière de l’entreprise même s’il n’y a pas de contrat de travail. L’intégration du jeune dans l’entreprise est une condition essentielle du succès. l Business France www. businessfrance.fr 2. Source : enquête CSA 2011 et 2014. Un impact direct sur votre implantation commerciale Les V.I.E sont particulièrement demandés pour des missions dans les secteurs financiers (15 %), l’électronique et les TIC (14 %), le transport et la logistique (11 %), l’industrie automobile (10 %)… Les premiers pays d’affectations sont les États-Unis, l’Allemagne, la Belgique, le Royaume Uni, la Chine et Hong-Kong, Singapour, la Suisse, l’Italie et le Luxembourg… Pour l’ouverture de marché, 65% des entreprises considèrent que le V.I.E a eu un impact direct sur leur implantation commerciale (Ipsos 2010) A noter : si l’entreprise n’a pas de bureau local, elle peut bénéficier du portage par un grand groupe français implanté dans le pays ou héberger son V.I.E au sein du bureau Business France local, d’une Chambre de Commerce Française à l’étranger, ou via le réseau des Conseillers du Commerce Extérieur (CCEF). Conseils aux entreprises afin de profiter pleinement des avantages de la formule Il faut d’abord que l’entreprise ait un projet de développement export solide. Le V.I.E n’est pas un stage en entreprise à l’international. L’objectif est d’aider à donner un coup d’accélérateur à une stratégie déjà existante. Une formule avec de nombreux avantages financiers 1 2 3 4 5 6 7 Le statut public du V.I.E exonère l’entreprise de toute charge sociale en France. Les indemnités (hors frais) versées aux V.I.E en poste sont déductibles du résultat de l’entreprise française avant impôt. Le budget V.I.E est intégrable dans une assurance prospection COFACE. Prise en charge d’une part importante du coût du V.I.E dans certaines régions pouvant aller jusqu’à la prise en charge à 100% des indemnités du jeune sur 12 mois sur une mission commerciale. Le recours à un V.I.E ouvre droit au crédit d’impôt export, mesure destinée aux PME qui engagent des dépenses de prospection commerciale afin d’exporter. Les dépenses liées au recours à un V.I.E sont éligibles au Prêt de développement export Bpifrance. Le recours au V.I.E est intégré dans le calcul de la taxe d’apprentissage pour les entreprises de plus de 250 salariés. Finance & gestion JUIN 2015 Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger 27 DOSSIER Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger PAR Fabien POGGI Directeur Export, Sage Quels logiciels de gestion pour l’international ? Finance & gestion JUIN 2015 Un développement à l’international doit se faire avec l’appui d’une solution de gestion adaptée à la taille, à l’organisation, à la stratégie et aux enjeux de l’entreprise concernée. C’est un choix structurant qui peut contribuer fortement à la réussite de son entreprise. 28 S i la France compte aujourd’hui 120.000 entreprises exportatrices, près d’un cinquième cessent d’exporter tous les ans. Ces résultats s’expliquent notamment par le manque de compétitivité, de présence et de constance dans la stratégie Export des entreprises. En outre, pour ces entreprises qui ont une démarche à l’international, les choix à faire dans l’évolution de leur informatique de gestion peuvent se révéler un véritable casse-tête. Elles sont en effet confrontées à une double problématique : respecter les contraintes réglementaires des territoires adressés, et répondre aux besoins de reporting et de pilotage de l’entreprise. Choisir une solution de gestion adaptée à son entreprise Comprendre ces enjeux et pouvoir exprimer les besoins qui en découlent, constitue un réel défi pour des entrepreneurs plutôt concentrés sur la recherche de nouveaux marchés, et sur la pertinence de leurs offres. Les entreprises ou les groupes déjà structurés peuvent ainsi s’appuyer sur 3 grandes logiques dans les systèmes d’information mis en œuvre : une solution de type ERP pour les organisations plutôt globales, des solutions locales et modulaires pour les structures plus autonomes et/ou davantage diversifiées ou alors une approche mixte avec un pilotage local de l’activité et une consolidation au niveau « Groupe », pour des organisations intermédiaires. Pour les PME, ce clivage est moins net. La vulgarisation d’outils relationnels, la généralisation du Web et des technologies mobiles, l’avènement de nouveaux logiciels de pilotage d’entreprise et les applications hébergées leur apportent un large éventail de possibilités au moment de choisir un outil de gestion. Pour autant, une technologie accessible ne garantit pas automatiquement son utilité. Les PME aspirent à la simplicité et ont une approche très pragmatique de ces questions. Elles doivent pouvoir disposer d’une solution de gestion qui leur ressemble, surtout dans un déploiement international. Les problématiques de la gestion d’entreprise en environnement international Les PME exportatrices doivent intégrer à leurs logiciels de gestion le respect des normes des différents pays dans lesquels elles opèrent. Les normes IFRS ou l’harmonisation SEPA en Europe ne répondent qu’en partie à la complexité posée par le fait d’opérer à l’international. Outre l’environnement linguistique, la cadre règlementaire s’avère plus structurant qu’on ne le croit. Adapter un plan comptable, traiter la gestion en multidevise et disposer dans son logiciel de la langue locale ne suffit pas. Les registres de taux et de taxes, les états déclaratifs liés à la fiscalité, les documents douaniers ou les plans de paie, posent tout autant de problème dans la gestion quotidienne. A ces questions légales, fiscales et sociales, viennent s’ajouter des contraintes structurelles. Seule une minorité de PME qui partent à l’export peut compter sur un DSI « Groupe » ou s’appuyer sur un schéma directeur. Les PME exportatrices doivent intégrer le respect des normes des différents pays Banniere-finale_VECT copie.pdf 1 12/03/2015 10:38:37 De façon générale, elles manquent de temps et disposent de peu de ressources. Malgré tout, les PME actives à l’international doivent sécuriser leurs données et consolider des informations fiables, en cohérence avec la réalité d’une implantation locale. Elles doivent pouvoir déployer des règles de gestion « Société » et de « Reporting Groupe », tout en pilotant simplement l’activité économique et financière quotidienne. Enfin, au-delà de l’organisation de l’entreprise à l’international, ses pratiques managériales sont des critères tout aussi déterminants. Aujourd’hui, il est tout-à-fait possible pour une PME de se doter d’une solution de gestion adaptée à sa taille et à son organisation, qui traite des problématiques locales dans un contexte international. La maîtrise des coûts de mise en œuvre et de possession constitue un des enjeux clés d’une bonne démarche. Les entreprises doivent privilégier des solutions orientées « Utilisateurs », avec plusieurs niveaux de préparamétrage, faciles à utiliser et qui se déploient rapidement. Il faut par ailleurs qu’elles s’assurent de l’évolutivité de la solution retenue et qu’elles s’appuient plutôt sur des partenaires intégrateurs locaux. Enfin, elles doivent vérifier l’existence de références dans les pays concernés. Vision globale, approche locale L’enjeu principal pour les PME reste la proximité et notamment la capacité de pouvoir s’appuyer sur un support prêt à intervenir dans la journée. L’entreprise qui se développe à l’export doit donc privilégier un éditeur disposant d’un réseau d’intégrateurs dans les pays qu’il prétend adresser, avec à la clé, le bénéfice d’une double valeur ajoutée : celle de la proximité d’un support local expert, et celle de la pérennité en choisissant un éditeur de dimension internationale. l C M J CM MJ CJ Finance & gestion JUIN 2015 La démarche à suivre pour un investissement réussi CMJ N 29 DOSSIER Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger PAR Olivier STEPHAN Directeur général Adjoint, finances et fonctions support, visiativ1 Finance & gestion JUIN 2015 Applications décisionnelles Bonnes pratiques pour créer de la valeur 30 Le déploiement de solutions informatiques décisionnelles est un enjeu majeur de pilotage de la performance des entreprises aussi bien pour l’activité dans les pays matures que dans les pays émergents. Celui-ci est en cours d’accélération avec la prise en compte des besoins de big data. I l s’agit d’un un chantier où beaucoup de solutions sont possibles. En effet il n’y pas de règles obligatoires comme pour la clôture des comptes imposées par les normes comptables, par exemple. Pourtant la réussite du déploiement de ces applications décisionnelles est une condition nécessaire mais non suffisante au succès futur de l’entreprise et à la création de valeur. La priorité des outils décisionnels est souvent donnée aux pays matures dont les marges plus élevées financent plus rapidement les investissements. La logique est plus de protéger des acquis que de soutenir le développement. Nous noterons que ce déploiement n’est souvent pas prioritaire dans le plan d’intégration des acquisitions. Il y est même rarement cité. A l’expérience de projets significatifs menés en Chine en particulier, 3 étapes clés semblent nécessaires pour une bonne réussite du déploiement d’outils décisionnels dans les pays émergents. Un effort de vente interne de la solution doit être effectué pour expliquer les apports pour le pilotage local Cette étape de conviction est souvent éludée au motif que la société acquise doit passer aux outils groupe de l’acquéreur, souvent par principe dans les groupes anglo-saxons ou parce que l’acquéreur estime avoir déjà beaucoup réfléchi sur les outils adaptés pour son métier et que l’on ne peut pas tout réinventer (groupes latins en particulier). • Il s’agit pourtant d’une étape qui, bien faite, contribue à l’appropriation et à la gestion du changement. Nous recommandons donc de prendre le temps de convaincre de la pertinence de la solution/ projet en évitant néanmoins les négociations trop longues, finalement coûteuses et non productives aux bornes du groupe. Pour réussir la phase précédente, une base de confiance est nécessaire, en particulier avec les asiatiques. Il faut souvent avoir travaillé ensemble sur d’autres projets au préalable, où l’on a pu s’apprécier professionnellement et humainement. Il ne faut pas donner l’idée que c’est un reporting de plus pour le Corporate. Cela doit être un outil « de pilotage pour la filiale ». Le cadre de l’outil est généralement normé pour parler un langage commun avec les autres directions transverses (pays, business units, directions fonctionnelles, …) et permettre des analyses ou un benchmarking interne comme externe. • La meilleure recommandation pour réussir est de faire le plus simple possible quitte à parfois faire en deux étapes (voir plus sur des projets à très fort périmètre ou changement fonctionnel) même espacées de plusieurs années . Faire tout d’abord les « Quick wins » qui peuvent représenter jusqu’à 80 % du besoin. La plupart des résultats sont obtenus avec un effort mesuré. Personne ne doute du ROI de ces actions ou investissements. Cela permet de stabiliser la solution mise en place avant les étapes ultérieures. Le complément de fonctionnalités sera fait plus tard si les équipes le jugent vraiment utile. En effet, elle découlera souvent de comparaisons avec d’autres entités du groupe qui utilisent des solutions plus complètes qui peuvent apporter un vrai plus d’analyse (ex : rentabilité par client, effet devises). Souvent, l’effort complémentaire n’est pas si grand . Cela laisse le temps de bien définir le périmètre fonctionnel de cette phase. • Une condition de réussite complémentaire réside également dans un minimum de souplesse, via quelques adaptations pour des besoins spécifiques (ex : utilisation de la norme IFRS pour les groupes européens). Il est souvent possible d’adapter le pilotage interne d’une problématique spécifique par une re- DOSSIER Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger La maîtrise de l’outil et de son déploiement doivent permettre d’aller vite vers des résultats tangibles • Une condition très importante de la réussite du projet est de déployer vite, voire très vite (trois à six mois dans l’idéal). Il ne faut en aucun cas dépasser un an pour générer un enthousiasme soutenu, du lancement du projet à la mise en production, avec des gains fonctionnels immédiats. Il faudra faire les arbitrages fonctionnels en fonction du temps attribué (ex : moins d’axes analytiques, priorisation des charges par nature ou par fonction, nombre de canaux de distribution…). On le traduit souvent par une formule culinaire « fromage ou dessert ». Sur des projets aussi courts et denses, il faut être capable de mobiliser des équipes dont certaines à 100%, dès le début du projet. Il ne faut pas hésiter à impliquer les meilleurs collaborateurs, quitte à affaiblir pendant quelques temps les organisations pérennes. Ils rejoindront leurs organisations encore meilleurs. • Il faudra accepter de faire des reprises d’historiques, souvent trimestrielles, très estimées pour ne pas vivre la première année d’utilisation du nouvel outil sans autre référentiel que le budget. C’est important pour rassurer les managers mais aussi pour s’assurer, via l’explication des écarts, qu’il n’y a pas de bug dans la nouvelle solution. Le travail d’équipe entre le Corporate et l’équipe locale doit traduire un respect mutuel et la réussite du projet devra être célébrée dignement. Les équipes locales ont en général travaillé relativement vite et il y a souvent des imperfections à améliorer durant les premiers mois d’utilisation de l’outil et des données. La gouvernance équilibrée et la célébration du succès montrent le respect des équipes et préparent leur implication future. Nous recommandons quelques règles de bonne gouvernance sur l’utilisation des données pour éviter un rejet. Les utilisateurs groupe doivent faire preuve de bienveillance et d’aide durant le temps de stabilisation des données. Cela passe souvent par le filtrage des demandes directes à la filiale au démarrage, qu’il faut concentrer sur quelques personnes comme le chef de projet Local et le chef de projet Corporate. Cela peut durer quelques mois. La gestion des droits d’accès à Adopter l’outil de pilotage du groupe, c’est faire un vrai effort d’intégration et d’assimilation ces outils est évidemment essentielle. Même si la signature d’un document n’a pas la même valeur dans tous les pays du monde, il est fortement conseillé de faire signer un engagement de confidentialité, en particulier lorsque la filiale est cotée. L’implication exceptionnelle des collaborateurs des pays émergents sur ces projets innovants et à forte médiatisation va de pair avec la nécessité de fêter l’évènement une fois le projet réussi. A titre personnel, j’ai encore en mémoire la soirée à Hangzhou avec la totalité de l’équipe chinoise sur le projet de BI Gestion en Chine. Nous avons remis une attestation individuelle signée de maitrise de l’outil à chacun d’entre eux puis participé à un diner très convivial pour célébrer cette réussite.) L’aspect humain (reconnaissance) est aussi important que l’aspect financier (prime de projet) pour la fidélisation des collaborateurs. En effet, les collaborateurs de pays émergents qui ont conduit ou participé à de tels projets et qui parlent anglais voient leur valeur s’accroître très vite. Comme les préavis sont très courts dans ces pays, vous pourrez vite manquer de compétences, par exemple pour maintenir ou faire évoluer vos outils par la suite. Enfin, notons qu’adopter l’outil de pilotage du groupe par un pays ou une acquisition, c’est faire un vrai effort d’intégration et d’assimilation de la culture de management et de gestion de son nouveau groupe. Conclusion Le déploiement d’applications décisionnelles de gestion dans les pays émergents est clé pour maîtriser leur croissance tout en faisant progresser la rentabilité en valeur ou en taux. Même si le Business Model le plus répandu reste « une forte croissance des volumes avec des marges unitaires et des coûts unitaires plus bas », il faut s’en assurer. Il s’agit d’un enjeu majeur pour piloter l’internationalisation des groupes mondiaux dans les pays émergents à fort potentiel comme la Chine ou le Brésil, dont ils représentent souvent le plus fort potentiel de création de valeur. Le retour d’expérience de ces solutions adaptées, plus simples, plus flexibles dans les pays émergents montre qu’elles sont souvent suffisantes pour le pilotage de pays matures. Elles peuvent ainsi devenir la solution de référence du groupe, à un coût optimisé. C’est peutêtre des pays émergents, ou des ETI qu’émergeront les applications décisionnelles de demain, plus épurées. l 1. Co Vice-Président Commission Contrôle de Gestion – Aide à la décision – Comité Scientifique DFCG Finance & gestion JUIN 2015 quête adaptée (ex: marges standard par client, absorption industrielle, moyens moteurs, frais fixes/variables) ou, tout simplement, l’utilisation de la langue locale avec des menus en deux langues dont l’une est souvent l’anglais. La plupart des ERP ou outils de BI modernes actuels le permettent. • Il faut parfois garder ces coûts de mise en place, ou une partie de ces coûts, au niveau groupe pour ne pas donner d’arguments de refus d’une solution, véritable aide au business local et global. 31 DOSSIER Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger PAR Jean-Michel Bérard Président du Directoire, Esker Finance & gestion JUIN 2015 Esker : les clés de la réussite d’une PME française à l’international 32 Avec 53,8 milliards d’euros, le déficit commercial de la France atteint son niveau le plus bas en 2014 depuis 4 ans (on se souvient de l’année 2011 qui avait battu un record avec près de 70 milliards d’euros). Enfin une bonne nouvelle dans un climat de french bashing. à cela, nous pouvons ajouter l’engouement autour du label French Tech qui valorise notre savoir-faire numérique à l’étranger. E n phase avec ce nouveau souffle, Esker, qui fête cette année ses 30 ans, fait office d’exemple en matière de développement international. Créée en 1985 par Jean-Michel Bérard juste après ses études d’ingénieur à l’INSA de Lyon, Esker fait partie des ETI françaises qui peuvent se targuer aujourd’hui d’avoir réussi le pari de l’international. Une dimension qui fait partie intégrante de la stratégie de l’entreprise depuis ses débuts et qui est inscrite dans ses gènes. Esker est un des principaux éditeurs mondiaux de solution de dématérialisation des documents en mode Cloud. Parce que l’utilisation du papier pénalise encore trop les entreprises, Esker leur permet de dématérialiser le traitement de leurs documents de gestion : bons de commandes et factures sur une plateforme Cloud qu’elle opère elle-même 24h/24. 63 % de chiffre d’affaires réalisé à l’export dont 41 % aux Etats-Unis Présent en Amérique du Nord, en Europe et en Asie/ Pacifique, Esker est un des éditeurs de logiciels français les plus présents à l’international en 2014 avec 63 % de son chiffre d’affaires réalisé hors de France, dont 41% aux Etats-Unis. La présence d’Esker dans le monde entier est notamment assurée par ses dix filiales (France, États-Unis, Canada, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Italie, Australie, Singapour, Malaisie), ses six centres de production Courrier et ses deux data center (EtatsUnis, France, Australie, Espagne, Singapour et Royaume-Uni). Une stratégie basée sur des acquisitions et des créations de filiales Souvent le problème des sociétés françaises est qu’elles se développent à l’international en se reposant uniquement sur des partenaires. Les clefs de la réussite d’Esker ont été au contraire la création de filiales en propre dans les pays européens dans les années 1990, et l’acquisition d’acteurs locaux avec leurs clients et leur réputation aux Etats-Unis et en Australie dans les années 2000. Depuis les années 90, Esker a basé sa stratégie européenne sur la création de filiales qui sont venues en soutien technique et commercial aux distributeurs qu’elle avait préalablement recrutés. Après une première tentative d’implantation aux Etats-Unis avec une filiale en propre, Esker a fait le choix, en 1998 d’acquérir quatre concurrents américains pour accélérer son implantation sur le territoire américain grâce aux fonds levés lors de son introduction en bourse. Ces acquisitions ont permis à l’entreprise d’atteindre une masse critique d’une centaine d’employés et d’accéder plus facilement aux grands clients de ce pays. Esker a également capitalisé sur le dynamisme de l’Asie et des marchés émergents en créant des filiales de ventes directes. Après Singapour en 2008, une filiale en Malaisie a été ouverte qui lui ont permis de renforcer sa présence en Asie pour accompagner ses grands clients internationaux et pour séduire les nombreuses grandes entreprises locales et multinationales basées en zone ASEAN. Finance & gestion JUIN 2015 En 2014, le marché Asie-Pacifique a représenté 6 % du chiffre d’affaires d’Esker avec plus d’une centaine de clients tels que La Poste de Singapour, Sony AsiePacifique, Samsung, Astro, Maxis, Malaysia Airlines, Air Asia ou encore la banque DBS à Hong-Kong. Pour ce qui concerne l’Amérique Latine, beaucoup reste encore à faire. Esker travaille pour l’instant avec des partenaires locaux dans le but de monter une filiale qui soutiendra les partenaires comme en Europe. Parmi les dernières belles signatures latines américaines, nous pouvons citer Austin Powder, Multiradio. « Notre objectif est d’anticiper l’émergence de nouveaux marchés internationaux à forte croissance pour poursuivre le développement d’Esker. Les prochaines étapes de ce développement seront la Chine, l’Amérique latine et l’Europe de l’Est » souligne Jean-Michel Bérard, Président du Directoire d’Esker. 2015 a marqué une nouvelle page de l’histoire d’Esker avec deux nouvelles acquisitions dont celle de la startup américaine TermSync, spécialiste du portail collaboratif, qui vient renforcer les offres d’Esker et préparer l’avenir de ses solutions en pariant sur l’échange et la collaboration entre les entreprises. Une ETI organisée comme une micromultinationale depuis sa création Esker n’est pas une entreprise française qui fait de l’export mais une PME organisée comme une multinationale, même si ces deux termes semblent antinomiques. Les produits et l’organisation de l’entreprise sont pensés pour adresser d’emblée un marché mondial à l’opposé d’une approche française qui serait ensuite déclinée pour les pays étrangers. Il n’y a d’ailleurs pas de Direction Export chez Esker. « Notre marché, c’est le monde » ajoute Jean-Michel Bérard, Président du Directoire d’Esker. Esker dispose d’une gouvernance internationale avec un Conseil d’Administration franco-américain. Toute la direction a eu à cœur de développer et de nourrir une culture internationale avec plus de vingt nationalités représentées dans l’entreprise. L’organisation et l’organigramme de l’entreprise sont totalement internationaux, l’anglais est la langue de travail commune et le support technique est proposé en 5 langues : français, anglais, allemand, espagnol, italien. Les outils de travail (CRM, ERP), l’administration des ventes, les méthodologies et les formations sont standardisées et appliquées pour toutes les filiales de manière identique. Oui les entreprises françaises peuvent réussir à l’international ! Le secret de la réussite réside avant tout dans la volonté qu’il faut pour se lancer et y aller. Chaque stratégie sera différente selon l’activité de l’entreprise (création de filiales, réseau de distribution…). Même si l’international est fait de méandres et de déconvenues, toutes les entreprises françaises ont beaucoup à y gagner. Y compris pour mieux servir leur marché domestique. l 33 Développer votre réseau dans votre secteur Rencontrer d’autres professionnels de la finance Participer aux discussions de votre profession DOSSIER Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger PAR Laurent Gicquel Directeur Financier Europe Groupe BIC Finance & gestion JUIN 2015 Pour le développement à l’international, trouvez « The best road to market » 34 Entretien Comment une entreprise familiale française s’est développée pour devenir un groupe international. Laurent Gicquel, Directeur Financier Europe du Groupe BIC, évoque les étapes clés, les points de vigilances, les risques et les facteurs clefs de succès de cette aventure planétaire. PROPOS RECUEILLISpar Nicolas du Plessis N icolas du Plessis, Directeur au département Grands Comptes AU Group, interroge Laurent Gicquel, Directeur Financier Europe Groupe BIC. Nous travaillons à vos côtés en tant que courtier depuis plusieurs années sur la sécurisation de votre poste clients, pouvez vous nous détailler vos activités à l’international ? Laurent Gicquel : Le groupe BIC a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de près de deux milliard d’euros dont 1,7 milliard sur l’activité Grand Public qui regroupe les produits papeterie, rasoirs et briquets et 275 millions sur BIC Graphic qui commercialise des objets publicitaires à destination des entreprises. Nous sommes présents dans 160 pays répartis sur tous les continents à travers 85 filiales mais aussi via des distributeurs et des bureaux de représentation. Nous avons également 24 usines à travers le monde. L’Europe représente 26% de nos ventes et 509 millions de chiffre d’affaires, l’Amérique du nord 42 % de nos ventes et 830 millions de chiffre d’affaires et les marchés en croissance (Amérique Latine, Afrique, MoyenOrient et Asie) 32 % des ventes et 640 millions de chiffre d’affaires. La France reste une composante importante notamment en Europe mais notre développement et notre croissance dépendent clairement de notre rayonnement à l’international. Pouvez vous nous décrire les cinq étapes majeures de votre développement à l’international ? Le groupe BIC est une entreprise familiale française créée en 1950 pour fabriquer et commercialiser le stylo bille BIC®Cristal que tout le monde connait. Dès les années 1950, Marcel Bich, le fondateur, développe l’activité d’abord vers les pays européens limitrophes puis vers l’Amérique du Sud, l’Amérique du Nord, l’Océanie et l’Afrique. En 1965, le groupe investit les marchés d’Amérique centrale et du Japon. Dans les années 1970, la croissance se poursuit au MoyenOrient puis dans les années 1990 en Europe Centrale et en Europe de l’Est (en Russie en 1995) et en Asie du Sud-Est. Nos derniers investissements concernent le marché indien où nous avons débuté en 2009 avec l’acquisition de Cello Pens. Il n’y pas de modèle ou de schéma préétabli et les situations sont extrêmement différentes en fonction des pays. Nous commençons en général par exporter vers une destination via un distributeur que nous sélectionnons avec la plus grande attention. La suite est fonction du pays et des acteurs en présence car nous pouvons soit racheter un distributeur local, soit créer un bureau de représentation, une filiale puis le cas échéant y ajouter une usine. En Europe de l’Est nous avons un mix de filiales et de bureaux de représentation qui constituent des structures plus légères. à chaque implantation, nous étudions le meilleur moyen d’atteindre le consommateur final DOSSIER Le b.a.-ba d’un développement à l’étranger La bonne compréhension du marché local doit certainement être le point d’attention majeur. Chaque pays a des modes de distribution différents et à chaque implantation, nous étudions le meilleur moyen d’atteindre le consommateur final, c’est ce que nous appelons « the road to market ». Bien évidemment, nous pouvons nous appuyer sur un distributeur mais nous avons également besoin de comprendre précisément les habitudes des consommateurs et les éventuels obstacles culturels. Cette bonne connaissance du marché local est aussi liée à la qualité et aux compétences des collaborateurs que nous avons dans chaque pays. Le recrutement est un point clé pour disposer sur place du bon mix entre les expatriés qui apportent la culture, les procédures du groupe et les profils locaux qui amènent leur maîtrise du marché et des réglementations. Quelles solutions avez-vous mis en œuvre pour vous garantir contre les risques liés à vos activités internationales ? Lorsque vous prévoyez de vous développer à l’international, une des questions clés est bien d’anticiper comment vous allez récupérer les montants investis et quels sont les risques associés. C’est pourquoi, nous avons mis en place avec votre support une couverture des risques de crédit via la Coface. Ce contrat couvre aujourd’hui l’ensemble des filiales qui ont décidé d’adhérer au programme groupe. Nous nous inscrivons ainsi dans une démarche pédagogique où nous mettons à disposition les informations, les conseils liés aux meilleures pratiques pour nos filiales, lesquelles décident ensuite ou non de se garantir au niveau local. Concernant le risque de change, nous avons également choisi de nous assurer mais cette garantie reste limitée dans le temps (période d’un an en général) et ne couvre que les principales monnaies. Avez-vous déployé des programmes de financement pour accompagner votre développement international ? Ou mettez vous à disposition des solutions de financement pour vos clients à l’étranger ? La décision de créer une filiale est toujours accompagnée d’un plan d’investissement à 10 et à 15 ans qui prévoit les moyens et la capitalisation nécessaires pour son fonctionnement. Toutefois elle doit au-delà de cet apport en capital, s’assurer d’une activité suffisante (notion de taille critique) pour s’autofinancer et être in fine autonome pour répondre aux besoins de cash liés au cycle d’exploitation. Par ailleurs, chaque filiale est habilitée à négocier au mieux le crédit clients avec ses partenaires locaux dans la norme du pays. Quels sont les facteurs clés de succès d’un développement à l’international ? A mon sens, Il y a trois points majeurs à prendre en compte pour réussir à l’international. Il est d’abord important de bien cerner le potentiel d’un marché et d’intégrer les facteurs culturels du pays pour définir le bon schéma de commercialisation et la stratégie de développement : choisir un ou plusieurs distributeurs et/ou opter pour un bureau de représentation et/ou créer une filiale. Ensuite, si la décision est prise d’investir directement en local, il faut absolument graduer cette implantation en fonction des particularités du marché. Le dernier point concerne la durée et la pérennité de l’engagement financier. Nous avons décidé de nous développer en Russie il y a vingt ans car nous sommes convaincus du potentiel de ce marché, mais il nous a fallu intégrer que le retour sur investissement interviendrait sur une durée plus ou moins longue. l Finance & gestion JUIN 2015 Quels sont pour vous les points de vigilance pour une implantation à l’international ? 35 EXPERTISES FINANCE Finance & gestion JUIN 2015 PAR France Arnaud de Taddéo Conseiller du Commerce extérieur de la France, Gérante, Solmondo1 36 Cautions export Un appétit croissant des assureurs-caution Les grands contrats d’exportation nécessitent la mise en place de cautions de marché (caution de bonne fin, caution de restitution des acomptes….) dont le montant représente des engagements non négligeables. En combinant des émissions de banques et d’assureurs, les exportateurs peuvent optimiser les capacités disponibles, le coût,et la sécurité juridique grâce à un appétit croissant des assureurs-caution. S elon les pays, les cautions de marché peuvent atteindre 10, 20, voire 40 % ou plus du montant du contrat, lorsque celui-ci a été « bien » négocié avec d’importants acomptes, et jusqu’à 100 % dans les pays où les cautions incluent des garanties éten- dues, comme aux États-Unis ou dans certains pays d’Amérique latine (Colombie, Panama, par exemple). Les frais d’émission de cautions n’étant pas un poste de coût visible, certaines entreprises ont tendance à ne pas consacrer le temps nécessaire à l’optimisation qui est aujourd’hui possible entre banquiers et assureurs. Un vrai marché d’une douzaine d’assureurs peut être activé en fonction du pays du bénéficiaire. Les cautions sont un point de passage obligé qui peut mettre en cause l’entrée en vigueur du contrat lorsque les délais contractuels prévus pour leur émission sont très courts (parfois quelques jours). L’implication récente des assureurs sur le marché des cautions export offre une belle opportunité de diversifier les sources d’émission pour faciliter l’accès à certaines zones géographiques - notamment le continent américain, augmenter les capacités et réduire les coûts. Un domaine encore peu touché par la mondialisation L’émission des cautions liées aux marchés export est un domaine qui n’a pas encore été touché par la mondialisation. Les travaux de normalisation de la Chambre de commerce internationale (CCI) ont porté sur les textes des cautions, mais leur utilisation reste souvent régie par les droits locaux, ce qui maintient une diversité juridique préjudiciable aux exportateurs. Ce manque d’harmonisation porte spécialement sur le choix du type d’émetteur, entre banquiers et assureurs. L’acheteur (bénéficiaire des cautions de EXPERTISES marché) doit tenir compte de la réglementation locale avant de décider d’accepter ou de refuser les garants proposés par le vendeur. À chaque continent sa spécificité Les pratiques en matière d’émission de cautions de marché sont spécifiques aux différentes régions du monde et l’interférence des droits locaux accroît encore cette diversité. Sur le continent américain, les assureurs sont les émetteurs de référence. En Amérique du Nord (États-Unis, Canada), les cautions sur marchés publics ne sont émises que par des assureurs et les engagements pris sont des « obligations de faire » (plutôt que de payer) : les compagnies d’assurance s’engagent donc sur des montants équivalant à la valeur initiale du contrat puisque, en cas de défaillance, elles sont contraintes de faire exécuter les travaux par un autre professionnel. En conséquence, les tarifs, qui sont réglementés localement, prévoient que le coût des cautions émises dépend du degré de technicité des travaux concernés. Ces compagnies spécialisées, appelées Sureties, ont donc une relation privilégiée souvent exclusive avec leur client et elles s’emploient à exercer des diligences régulières sur leur activité et la situation financière qui en découle. En Amérique latine (Mexique, Colombie, Equateur, Venezuela,…), les assureurs sont les émetteurs de cautions de référence dans un cadre juridique souvent très réglementé. Par exemple, en Colombie, les acheteurs publics demandent l’émission d’une garantie unique qui inclut différents aspects (performance mais aussi responsabilité civile) dont le montant total peut atteindre Certains types d’appel de cautions peuvent être assurés sur le marché du risque politique 100 % de la valeur du contrat. Pour exporter vers ce continent, les entreprises peuvent solliciter leur(s) banque(s) habituelle(s) car certaines banques savent identifier un assureur local au profit duquel elles émettent une stand-by letter of credit (sblc). Cette solution cumule plusieurs inconvénients : le coût (l’entreprise paie deux fois : la sblc et la caution de l’assureur local) et la sécurité juridique, dégradée par la sblc qui est un instrument très «liquide», c’est-à-dire facile à appeler. Cet inconvénient juridique est aggravé dans certains pays, par le risque d’utiliser certaines compagnies locales qui pourraient être tentées de payer trop vite –sans justification suffisante - en cas d’appel. C’est pourquoi il vaut mieux solliciter un courtier d’assurances spécialisé européen qui va mettre en contact les bons acteurs avec l’objectif d’optimiser le confort juridique et le coût. Au Moyen-Orient et au Maghreb, il a longtemps été exclu de recourir aux assureurs comme émetteurs directs des cautions. Ceci obligeait à structurer un pool d’assureurs derrière une banque émettrice. Toutefois, certains pays commencent à octroyer les premières licences à des assureurs aux EAU et au Qatar. En Europe, un cadre légal ouvert. Le recours aux assureurs pour les besoins domestiques est bien connu depuis plusieurs décennies dans la plupart des pays (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Pays-Bas…). Certains assureurs ont même mis au point des systèmes d’émission déportée des documents de caution chez le contractant, ce qui allège beaucoup la gestion administrative lorsque l’entreprise doit fournir un nombre élevé de cautions. Toutefois, à l’export, les contrats mentionnent généralement «garanties bancaires» ou bank guarantees, ce qui sousentend que l’exportateur recourra à une banque pour faire émettre les cautions dont il a besoin. Les assureurs caution ont en effet longtemps hésité à intervenir à l’export, faute de disposer du réseau international de relais qu’il est nécessaire de pouvoir activer lors des émissions et pendant la vie de la caution. En Europe, le cadre légal permet l’utilisation indifférente des banques ou des assureurs pour l’émission de toutes les cautions légales de l’Europe du Nord jusqu’en Italie et en Espagne, même en Export, avec des conditions tarifaires performantes. En Asie, plusieurs pays (Chine, Corée, Hong-Kong, Singapour…) permettent l’utilisation des assureurs comme émetteurs soit en émission directe depuis la France, soit en émission locale. Des risques d’appel Les Garanties internationales sont un « Titre de paiement » destiné à rassurer les acheteurs sur la bonne utilisation des fonds qu’ils ont avancés et la bonne exécution de leur projet. Les garanties internationales peuvent faire l’objet de menaces d’appel qui ont souvent pour but de « rouvrir des négociations ». Ces titres de paiement sont plus ou moins liquides, c’est-àdire plus ou moins faciles à appeler : c’est sur cet aspect que la différence entre les « Garanties à première demande » et les « vraies cautions », qui sont conditionnelles, est importante. Certains types d’appel de cautions peuvent être assurés sur le marché du risque politique, composé de 50 assureurs à Paris et à Londres, mis en concurrence depuis Paris par les courtiers spécialisés. Dans le cas d’un acheteur public, tout appel de caution est couvert (sauf litige technique avéré). Dans le cas d’un acheteur privé, la couverture protège de tout événement politique ayant pour ef f et d’empêcher la bonne exécution du contrat : embargo, retrait de licence, guerre, violences politiques sur place… Stratégie des exportateurs : le recours au courtier spécialisé Avec le développement d’un marché d’une douzaine d’assureurs-cautions avec des capacités croissantes, une entreprise avisée doit solliciter un courtier spécialisé pour pouvoir utiliser « aussi » des capacités d’assureurs afin de pouvoir exporter sans handicap sur les différents continents et accéder en toute sécurité à tous les marchés mondiaux, même les plus exotiques. Le courtier spécialisé offre à ses clients de partager son expérience sur les pratiques locales et les meilleurs textes acceptables dans un pays donné. Il met en concurrence une douzaine d’assureurs-cautions, coordonne les capacités et contribue ainsi à l’amélioration Finance & gestion JUIN 2015 FINANCE 37 EXPERTISES FINANCE du confort juridique, à l’accroissement des capacités disponibles et à la baisse des taux d’émission. Pour le risque politique, il active la concurrence des 50 assureurs de ce marché pour identifier les meilleurs assureurs pour protéger les cautions émises de tout appel injustifié abusif ou simplement politique. Finance & gestion JUIN 2015 Pour une collaboration banque-assurance équilibrée 38 Pour l’exportateur, le recours aux assureurs permet de limiter le nombre de banques impliquées sur un projet, ce qui simplifie la répartition des flux et des autres produits bancaires. Ces capacités globales peuvent ainsi être utilisées en fonction du pays dans des pools conduits alternativement par un banquier ou un assureur selon la zone géographique. Cela permet à la fois d’optimiser les coûts et la sécurité juridique. Entre banquiers et assureurs, il s’agit d’une collaboration bien comprise plutôt que d’une concurrence. Même si la réglementation de surveillance prudentielle des banques n’est pas tout à fait neutre, le dispositif de Bâle III constitue un progrès sensible car il banalise l’utilisation de partenaires «non banquiers» en matière de ratio de solvabilité. En revanche, certains établissements bancaires de taille moyenne peuvent encore être gênés avec leur ratio des grands risques tant que les aménagements engagés par le régulateur n’auront pas abouti. Certaines banques, en fonction de leurs caractéristiques financières propres, peuvent donc encore être dissuadées de syndiquer une opération avec des assureurs plutôt qu’avec d’autres banques. Elles y trouvent en réalité des avantages opérationnels, puisqu’elles ne sont plus sollicitées pour partager les autres produits bancaires. Pour le banquier, un partenaire assureur apporte de la capacité là où il en a besoin. Il ne demande pas de contrepartie en termes de gestion des flux ou de partage de produits bancaires, comme les confirmations d’instruments de paiement. Certains banquiers ont déjà bien compris l’effet de levier que leur procure une collaboration avec les assureurs caution. Paris est devenue une place de marché d’avant-garde de l’assurance caution export On peut mobiliser, pour une bonne signature, des capacités d’émission par des assureurs jusqu’à 2 milliards d’euros sur une seule opération, contre 150 à 200 millions d’euros il y a dix ans. Si l’utilisation des assureurs n’est pas une panacée au regard du potentiel d’émission des banques, elle augmente les capacités globales de l’exportateur. Cela lui évite des situations de tension au lendemain de la signature d’un contrat, lui permet d’accéder aux marchés très réglementés du continent américain et réduit son risque juridique, tout en exerçant une amicale pression à la baisse sur les coûts d’émission. l 1. Courtier spécialisé en risques export & émission de cautions. On peut mobiliser des capacités d’émission par des assureurs jusqu’à 2 milliards d’euros sur une seule opération EXPERTISES FINANCE Transformation de la fonction finance Une expérience et cinq leçons pratiques En été 2013, le groupe Veolia a refondu son organisation, passant d’un modèle par grandes divisions opérationnelles à un modèle unifié donnant la priorité aux géographies. Ce changement a nécessité une refonte des fonctions financières, tant au niveau corporate qu’au niveau des pays. Transformer la fonction Finance chez Veolia Le groupe Veolia a décidé de profiter de cette nécessaire refonte pour atteindre trois objectifs : renforcer le cadre de contrôle interne, optimiser la performance de la fonction finance, optimiser la gestion des ressources humaines. Renforcer le cadre de contrôle interne, en faisant évoluer le modèle historique du groupe, marqué par la décentralisation, vers une standardisation intelligente de la fonction finance : m i s e e n p l a c e d ’ o r ga n i grammes harmonisés des directions financières des pays, validation systématique des nominations des directeurs financiers et de leurs collaborateurs directs par les fonctions corporate du groupe, reformulation et mise en application systématique de matrices standard « RACI » d’allocations de responsabilités pour les grands processus. Optimiser la performance de la fonction finance, par la création de directions financières uniques par pays, mutualisant les moyens autrefois éclatés par activité. Optimiser également la performance par la refonte des fonctions du siège dans le cadre de projets clés : évolution du reporting financier vers la nouvelle dimension géographique, cadre de gestion harmonisé, prix de transfert. Optimiser la gestion des ressources humaines par la standardisation rendue possible des postes dans les fonctions et les organisations, facilitant la gestion des carrières et l’identification des hauts potentiels. Ce projet de Transformation de la fonction Finance a été mené avec succès en 18 mois, animé par une équipe centrale interne légère (l’équivalent de six équivalents temps complet) reportant au directeur financier du groupe et interfaçant avec un réseau de correspondants Transformation Finance par fonction centrale (contrôle de gestion, consolidation, fiscalité, trésorerie, etc.) et par pays. Faire évoluer l’information comptable et financière Cette évolution de la fonction finance nous a naturellement amenés à repenser notre information comptable et financière. Il nous a fallu repenser son processus de production, tout d’abord. La réorganisation de Le responsable de la Transformation est donc, avant tout, un manager nos équipes corporate nous permet aujourd’hui de traiter efficacement l’interface directe avec les 40 équipes pays (2314 structures juridiques consolidées mensuellement), sans l’interface des anciennes divisions. De surcroît, nous avons décidé de renforcer les moyens et l’exper tise des équipes pays les plus significatives (Etats-Unis, Royaume-Uni par exemple), afin de leur permettre de produire directement des liasses de sous-consolidation. L’effet est bénéfique au niveau du pays, puisque cette décision responsabilise et renforce la valeur ajoutée des équipes locales et renforce la dynamique de construction de nos centres de services partagés comptables implantés localement. L’effet est également bénéfique au niveau corporate en allégeant la charge de traitement de l’information. Par ailleurs, nous avons refondu notre reporting financier afin d’assurer l’adéquation avec la nouvelle organisation managériale du groupe et de renforcer la visibilité de la performance. Ceci nous a conduits, en interface avec nos Commissaires aux comptes et après validation par le Comité d’audit, à mener deux évolutions : dès les résultats du premier semestre 2014, présenter notre information financière sur une base géographique, complétant nos communications historiques par secteurs d’activités, puis, à partir de 2015 adopter de nouveaux indicateurs financiers. Cette dernière évolution, outre la lecture améliorée de notre performance interne, autorise une meilleure comparabilité avec les autres sociétés du secteur. Finance & gestion JUIN 2015 PAR Jérôme Coutant Directeur Finance Transformation & Organisation, Veolia 39 FINANCE Finance & gestion JUIN 2015 De cette transformation réalisée sur un aPerformanceDeVotreEntreprise2015_EXE.indd temps court, cinq leçons pragmatiques se dégagent 40 Studio Eyrolles © éditions Eyrolles 1 La Transformation est un exercice managérial Mener une Transformation, c’est définir un objectif tangible (que veut-on accomplir, dans la pratique, par l’action de Transformation ?), c’est mettre en place une organisation pour l’atteindre, c’est identifier les femmes et les hommes embarqués dans le projet. C’est, enfin, communiquer, animer et embarquer chacune des parties prenantes. En un mot, il s’agit de management. Le responsable de la Transformation est donc, avant tout, un manager. La Transformation n’est pas, en premier lieu, affaire d’expert. Si de besoin, son responsable saura s’entourer des compétences techniques nécessaires. La dimension technique se doit, quant à elle, d’être traitée en détail directement par les départements concernés. Ce n’est pas à l’équipe de Transformation « centrale » de faire le travail des fonctions d’expertises ou des business units impliquées dans le projet ; chacun doit rester pleinement maître de son périmètre : l’équipe centrale de Transformation anime et coordonne, les fonctions techniques et les business units exécutent dans le cadre fourni. C’est aussi pour cela qu’un exercice de Transformation requiert le support explicite de la direction générale du groupe et des entités opérationnelles concernées. Pour le formuler autrement : pas de Transformation sans chef. Humilité et focus Il est important de fixer dès l’origine des limites dans le temps au projet de Transformation. Et des objectifs précis, clai- Code éditeur : G56113 Code ISBN : 978-2-212-56113-5 26 E EXPERTISES rement identifiables et peu nombreux. Fixer un temps court a au moins deux vertus. Tout d’abord, cela impose de faire de vrais choix sur les objectifs, de ne retenir que ce qui est essentiel. Ensuite, cela évite au projet, au cours de son exécution, de s’alourdir de la multitude de besoins complémentaires nés légitimement de la vie courante des affaires et de la fertilité des esprits, qui distrairont l’attention et les énergies. Le projet de Transformation, dans chaque groupe, doit correspondre à une définition précise et doit s’y cantonner pour assurer son succès. Les autres besoins nouveaux qui pourraient fleurir ne doivent pas être traités par l’équipe Transformation. Le proverbe bien connu « à trop embrasser on mal étreint » trouve ici son plein emploi. Il faut être pragmatique. L’importance du binôme avec la DRH Le travail en binôme avec la DRH est essentiel puisque il y a, dans tout projet de Transformation, une dimension humaine clé, directe ou induite. Dans le cas de Veolia, la réorganisation des fonctions financières a touché, directement ou indirectement, 5 000 salariés dans le monde. La DRH doit donc être présente activement, tant dans le comité de pilotage général du projet qu’au niveau de chacune des business units concernées. La logistique est décisive Il faut utiliser la pression du temps et créer, autour du projet de Transformation, le sentiment d’urgence partagé qui renforcera l’adhésion. Pression de l’urgence et pression renforcée par le temps court accordé à la Transformation. Cela veut dire, en particulier, fonctionner en mode « commando » pendant le projet (gestion de projet, petite équipe dédiée) puis, à l’échéance, savoir revenir à une organisation classique. J’ai parlé de « commando » : il faut, au sens strict du terme, fonctionner en gestion de projet : objectifs clairs, gouvernance claire, moyens bien définis dès le lancement du processus, échéances précises. Ceci aussi bien au niveau de l’équipe centrale qu’au niveau des correspondants Transformation dans les différentes fonctions et dans les business units. Les points réguliers, évaluant l’avancement, les difficultés rencontrées, les solutions à apporter sont cruciaux. Même un projet limité en nombre de sujets, quand il est conjugué sur une multiplicité de business units devient complexe à gérer. Nous avons donc réalisé un point hebdomadaire d’avancement. Pour une opération commando efficace, il faut en particulier une équipe d’animation centrale motivée. La motivation vient de deux éléments : l’environnement managérial que nous avons évoqué précédemment et la perspective individuelle d’évolution de chacun. Le projet de Transformation étant volontairement limité dans le temps, il importe d’offrir une claire visibilité d’évolution de carrière « post-Transformation » à chaque membre de l’équipe. Ceci n’est pas fondamentalement compliqué puisque la participation à un projet de Transformation réussi est un atout dans une carrière, une expérience qui permet légitimement de postuler à des responsabilités élargies. Les membres de l’équipe se reclassent donc naturellement bien. Il suffit donc de travailler en amont, avec les membres de l’équipe concernée, la DRH et les futures fonctions ou business units intéressées à l’organisation de ces évolutions. Dans le cas de notre équipe Transformation Veolia, au 30 septembre 2014, date d’échéance du projet, l’intégralité de l’équipe a trouvé de nouvelles fonctions (avec, souvent, plusieurs choix proposés). Communiquer Communiquer afin que le projet soit compris et partagé, lors de son lancement : voilà l’exercice le plus facile, réalisé auprès des équipes financières, de la DRH, des directions générales des business units. Communication de vive voix lors des séminaires groupe de la direction financière, communication sur l’intranet finance également, dans un espace dédié présentant les objectifs, la démarche, les échéances et l’équipe. Il faut également s’appliquer à communiquer régulièrement sur l’avancement du projet, ce que nous faisions sur l’intranet du groupe, en cadence hebdomadaire, à la suite d’une réunion de point général le vendredi. L’intranet du groupe, par ailleurs, met à disposition, de façon sécurisée, les plans d’action détaillés définis par pays et leur suivi. Ce point régulier a le mérite de souligner les z ones de risques de conflit ou de retard. L’équipe de coordination tâche alors, au mieux, d’apporter une piste de solution rapide. Ce dernier rôle impose, là aussi, le pragmatisme plutôt que le dogmatisme. Cinq principes pragmatiques qui garantissent l’efficacité des projets de Transformation. l LE 1er réseau des professionnels finance-gestion www.dfcg.com PRIX ADHÉRENT Collection 20 € HT Améliorer la performance de votre entreprise 16/01/2015 15:09 recommandations concrètes pour 2015 recommandations concrètes pour 2015 Comment améliorer la performance des PME-E TI ? En 70 recommandations concrètes, cet ouvra ge propose une série de clés qui permettront au chef d’entreprise ou au dirige ant finances-gestion d’amé liorer la compétitivité de son entreprise. Sur le modèle (à succès !) du premi er livre paru en 2011, la DFCG apporte ici de nouvelles solutions pour : è identifier les facteu rs d’amélioration de la performance ; è s’approprier les recom mandations proposées par des cas concrets ; è mettre en œuvre ses décisions en identi fiant « ce qu’il faut faire » pour chaque mesure. Ce sont tous les domaines sensibles de la performance de l’entreprise qui sont ainsi analysés : financement contrôle interne, droit , et fiscalité, ouverture à l’international, innovation, RSE, transmission de l’entre prise, systèmes d’information, IFRS, achats, etc. Piloté par la DFCG et rédigé par 50 professionne de haut niveau, Améli ls orer la performance de votre entreprise constitue une synthèse originale des voies d’amélioration qui s’offrent aujourd’hui à votre entreprise, ainsi qu’une ouverture à la réflexion et au débat d’idées. La DFCG est l’Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion. Implantée dans toutes les régions de France, elle regroupe 3 200 membres de tous les secteurs économiques du pays. Son site : www.dfcg.fr Cet ouvrage a été coordonné par Thierry Luthi, ancien président de la DFCG, directeur financier du Groupe Cegid, et Lionel Mailly, directeur administratif et financier des Briqueteries du Nord. Véritable guide pratique, il vous permet : 26 E Studio Eyrolles © éditions Eyrolles Code éditeur : G56113 Code ISBN : 978-2-21256113-5 Sous la direction de : • Thierry Luthi, ancien Président de la DFCG et directeur financier du Groupe Cegid, • Lionel Mailly, vice-président exécutif de la DFCG en charge des régions et directeur financier des Briqueteries du Nord, Cet ouvrage a été possible par la mobilisation de 50 dirigeants financiers de la DFCG et d’experts qui les accompagnent au quotidien. G56113_AmeliorerLaPerfor Améliorer la performance de d’identifier les facteurs d’amélioration de la performance dans votre entreprise ; de vous approprier les recommandations proposées ; de prendre et mettre en œuvre de nouvelles décisions. Sous la direction de Thierry Luthi et Lione l Mailly 70 de votre entreprise votre entreprise Améliorer la performance FRAIS DE PORT INCLUS Comment élaborer une politique achats Définir le besoin du client Analyser le portefeuille achat Analyser le marché fournisseur Elaborer d’une stratégie achat par famille Spécificités des achats de prestation s intellectuelles, et informatiques. Préciser les attendus du contrôle Renforcer l’implication des opérationn els par rapport au dispositif de contrôle interne : la pratique de l’auto-testing Déterminer les zones critiques Transcrire les recommandations générique s en application pratique Harmoniser des processus Gestion des risques par l'assuranc e A chaque besoin, son financement Anticiper le besoin Faire la chasse aux subvention S'adresser aux « financeurs alternatifs s » Mettre ses banques en concurren ce avec le financement obligataire Optimiser le prix avec des clauses d'earn Déjouer les "faux amis" du vocabulair out Faire de la relation fiscale avec les e fiscal autorités une relation de confiance Organiser la fonction fiscale dans l'entreprise Anticiper la gestion des contrôles Respecter le triangle de la cohérence fiscaux fiscale Assainir et modéliser votre R&D, base indispensable à l’intégratio de l’Innovation, grâce au Lean Managem n ent Favoriser les processus d’Open Innovation et de Communautés d’Innovation, nouveaux berceaux de la créativité Mettre en place un effet de levier en R&D, pour innover plus et dépenser moins Innover aussi dans votre comptabil ité, pour accompagner l’Innovatio Piloter l’incertitude des projets d’Innovati n on avec un Modèle de Management de la Valeur Définir votre modèle de gestion Définr votre architecture Choisir des outils à la hauteur de vos moyens Organiser la mise en œuvre des projets Proposer une feuille de route et ses différentes étapes Enclencher une démarche structurée Objectiver les enjeux RSE de l'entrepris e Réaliser la cartographie des parties prenantes Faire l'inventaire des actions passées/présentes/prévues Comparer l'état des lieux avec les enjeux prioritaires Mettre en œuvre et déployer le plan d'action Mesurer la performan Fonctionner de façon transverse entre ce RSE fiscalistes et consolideurs pour déterminer les impôts à comptabiliser suivant IAS 12 Préparer l’application de la norme IFRS 9 sur les instruments financiers Profiter d’IFRS 8 pour renforcer sa communication en matière d’information sectorielle Définir le périmètre de consolidat ion en déjouant les pièges des nouvelles normes IFRS 10, 11 et 12 Faire des juristes « business Sécuriser vos démarches par une approchepartner» amont Valoriser la capacité de l'entrepris e à maintenir un avantage concurrentiel Améliorer la performance de votre entreprise recommandations concrètes pour 2015 Sous la direction de Thierry Luthi et Lione l Mailly Par des dirigeants finan ces-gestion et leurs conseils manceDeVotreEntreprise201 5_EXE.indd 1 16/01/2015 15:09 BON DE COMMANDE à retourner à DFCG SERVICE ABONNEMENTS - 14, rue pergolèse, 75116 PARIS ❐ Prix adhérent DFCG : 20 € HT (frais de port inclus) soit 21,10 € TTC Nombre d’exemplaires adhérents ............ x 21,10 € = ................ € TTC ❐ chèque libellé à l’ordre de DFCG ❐ Prix public : 24,64 € HT (26 € TTC) + 5 € traitement et frais d’expédition soit 31 € TTC Nombre d’exemplaires prix public ............ x 31 € = ................ € TTC ❐ par virement IBAN FR76 3000 3016 5800 0372 8234 681 ❐ Carte de crédit Date d’expiration : mois année Cryptograme visuel (au dos de la carte) Date et signature obligatoire Nom et adresse du créancier : DFCG - 14, rue pergolèse, 75116 PARIS ADRESSE DE LIVRAISON ADRESSE DE FACTURATION (si différente de livraison) Nom ...................................................................................................................................................................................................................................................................................... Nom ........................................................................................................................................................................................................................................... Prénom ........................................................................................................................................................................................................................................................................... Prénom ................................................................................................................................................................................................................................ Société ou organisme......................................................................................................................................................................................................................... Société ou organisme.............................................................................................................................................................................. Fonction ....................................................................................................................................................................................................................................................................... Fonction ............................................................................................................................................................................................................................ Adresse........................................................................................................................................................................................................................................................................... Adresse............................................................................................................................................................................................................................... Code postal............................................................................................................................ Ville ................................................................................................................. Code postal.....................................................................................Ville ............................................................................................................ Tél. ..................................................................................................................Fax ................................................................................................................................................ Tél. ..................................................................................................................Fax .............................................................................................................. E-mail .........................................................................................................@....................................................................................................................................................... E-mail .........................................................................................................@..................................................................................................................... Conformément à l’article 27 de la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Les informations ci-dessus, étant traitées informatiquement, sont indispensables à la gestion de votre demande d’abonnement. Vous pouvez vous opposer à leur cession ultérieure en nous le précisant par écrit. EXPERTISES PERFORMANCE Finance & gestion JUIN 2015 PAR ÉRIC DESQUATREVAUX Spécialiste de la Gestion de trésorerie et des flux financiers, Directeur associé, Avizo 42 Fraude aux moyens de paiement : comment s’en prémunir ? La fraude aux moyens de paiement explose en France. Pas une semaine sans que le nom d’une entreprise ne fasse la une des journaux. Faux ordre de virement international, fraude aux coordonnées bancaires, fraude au président, les sources diffèrent sur les montants, mais ce sont plusieurs centaines de millions qui seraient ainsi détournées chaque année. Mais comment s’en prémunir ? D ernièrement 700 000 euros ont été détournés des caisses d’un célèbre club de foot phocéen, 1,6 million d’euros pour un leader mondial de pneumatique et jusqu’à 17 millions d’euros pour un géant, producteur de maïs. Impressionnants par leur ampleur, ces montants annoncés ne sont que la face visible de l’iceberg, les entreprises touchées ne communiquant que rarement sur les cas de fraude avérés. Selon la police judiciaire, les escroqueries aux ordres de virements auraient touché, en 5 ans, plusieurs centaines d’entreprises de toutes tailles, avec plus de 300 millions d’euros de préjudices. Un des objectifs de cet article est de passer en revue les fraudes aux paiements les plus connues, mais aussi celles, qui risquent de se développer avec l’avènement de nouveaux moyens de paiement tels que le prélèvement SEPA, qui a déplacé le contrôle de la banque vers l’entreprise. Nous vous proposons d’exposer les meilleures pratiques pour combattre la fraude aux moyens de paiement, que ce soit sur des problématiques liées aux systèmes d’information ou à l’organisation, pour des fraudes externes ou internes à l’entreprise. Fraude au président, la plus médiatisée des fraudes Un escroc se fait passer pour le dirigeant de la société et obtient d’un responsable comptable ou financier, en feintant l’urgence, au moyen de pressions ou flatteries, un virement bancaire conséquent vers un établissement financier situé à l’étranger. Le « président » exige le secret, en prétextant par exemple une OPA ou un contrôle fiscal en cours, et n’hésite pas à évoquer des autorités comme l’AMF ou à mettre en avant de soi-disant «avocats». Ces escrocs, véritables experts en ingénierie sociale (ou social engineering en anglais) parviennent à obtenir des informations, en exploitant EXPERTISES PERFORMANCE Faux ordre de virement international, technologie dépassée, mais toujours utilisée Le fraudeur se procure les coordonnées bancaires et un modèle de papier à entête de la société ciblée. Avec les outils bureautiques modernes, rien de plus simple alors que de créer un faux ordre de virement international qui sera directement faxé au back-office de la banque. La signature du Président, c’est bien la sienne, scannée du rapport annuel aux actionnaires, recopiée d’un acte déposé au Registre du Commerce et des Sociétés, accessible à tous sur Infogreffe. La parade, pourtant simple, existe, l’abandon de l’utilisation du fax qui ne garantit en rien l’origine de l’ordre envoyé. Tout ordre doit être dématérialisé, issu du logiciel comptable ou alors saisi dans le logiciel de trésorerie et de paiement. L’envoi de ces ordres signés électroniquement, via le protocole Ebics TS (Transport et Signature), permettra de s’affranchir de la confirmation par fax ou sur la plateforme de banque à distance (Web Banking). Fraude aux coordonnées bancaires, la plus subtile des fraudes ? Pour reprendre le cas de ce groupe français, fabricant de pneumatique, celui-ci a été sollicité par une personne se présentant comme le directeur financier d’un de ses fournisseurs. Cette personne a alors demandé à ce que les règlements destinés à sa société soient effectués dorénavant sur le compte d’une banque en République tchèque. Cet homme connaissait parfaitement la procédure à suivre et la personne à contacter au sein des services financiers pour pouvoir effectuer cette modification. Souvent l’escroc a même pris soins d’obtenir auparavant les véritables numéros et montants des factures du fournisseur, ce qui crédibilise sa demande. Le temps, précieux allié de l’escroc, joue ici en sa faveur. Car il faut attendre que le fournisseur relance son client de ses factures impayées, pour que la supercherie soit découverte. Et il est alors bien trop tard. Mais alors, comment se protéger de cette fraude ? Par la mise en place de procédures pour la création et le changement de coordonnées bancaires d’un fournisseur dans l’ERP dans l’entreprise. Si ce dernier le permet, un double workflow de validation nécessitant deux personnes différentes pour créer/ modifier un IBAN. S’assurer aussi de la véracité de la demande faite par son « fournisseur » par un contre-appel systématique auprès d’un référent désigné lors de la mise en place de la relation commerciale. Fraude au prélèvement SEPA, une fraude en devenir ? Depuis l’avènement du prélèvement SEPA la banque du débiteur ne contrôle plus la demande de prélèvement qui se présente sur le compte de son client. Donc, toute société ayant la possibilité d’émettre des prélèvements, s’il elle possède vos coordonnées bancaires, peut venir prélever librement sur votre compte. Même si théoriquement la loi vous protège, avec la possibilité de contester durant 13 mois un prélèvement non autorisé, cela peut se montrer chronophage que de gérer ce type de procédure ! Donc vous l’aurez compris, protégez les coordonnées bancaires de votre entreprise. Elles sont précieuses. Et ne les communiquez qu’avec parcimonie, qu’à des tiers dument identifiés. A fortiori les retirer du net, où des milliers de demande et autorisations de prélèvements perdurent avec les références bancaires du créancier ! Il peut être aussi nécessaire de se rapprocher de sa banque pour savoir si elle propose, d’établir une liste de créanciers autorisés à venir débiter le compte de votre société. De même, il est possible d’être averti avant sa présentation sur votre compte, de l’ordre de prélèvement adressé à votre banque. Tout nouvel Identifiant Créancier SEPA (ICS) devra alors être correctement vérifié. Parce que la fraude ne vient pas que de l’extérieur Il est aussi nécessaire de se protéger d’un acte malveillant commis par un salarié de l’entreprise. Ainsi un comptable ne devrait pouvoir seul changer les coordonnées bancaires d’un fournisseur. Si le logiciel comptable ne l’autorise pas ou si la taille des effectifs de l’entreprise ne le permet pas, il est alors nécessaire de mettre en place une ségrégation des tâches. La circulation du fichier de paiement de l’ERP au logiciel de paiement doit se faire automatiquement, sans qu’à aucun moment ce dernier puisse être modifié, falsifié. Selon le degré de criticité du fichier, celui-ci devra être crypté sur les réseaux de l’entreprise. Les codes d’accès aux logiciels sensibles de l’entreprise (base de données tiers, logiciel de trésorerie et de paiement, Web Banking) doivent rester strictement confidentiels et ne pas être reportés sur un quelconque document ou communiqués à qui que ce soit. Les mots de passe doivent être suffisamment complexes et régulièrement modifiés pour rester efficaces. Former et informer Les personnes habilitées à effectuer des ordres de paiements doivent recevoir une formation sur la procédure à respecter. La bonne mise en œuvre de cette procédure doit être contrôlée régulièrement. Les collaborateurs doivent être conscients que leur entreprise peut à tout moment être la cible de tentatives d’escroquerie. Il est nécessaire de présenter des exemples d’escroquerie ou tentatives d’escroquerie. La diffusion de cet article est bon moyen de sensibilisation aux pratiques frauduleuses. Enfin, si malgré tous les bons conseils prodigués dans cet article, une escroquerie (ou tentative) est avérée, il est nécessaire de contacter sa banque au plus vite. Elle pourra alors examiner avec vous les possibilités pour éventuellement récupérer les fonds dans le cadre de relations interbancaires. Le temps qui passe joue en faveur de l’escroc. La division économique et financière du Service Régional de Police Judiciaire (SRPJ) doit également être saisie et une plainte doit être déposée. Un maximum d’éléments constitutifs de l’escroquerie doit être apporté en appui. l 1. La DFCG propose une formation « Le directeur financier face au risque de fraude dans l’entreprise », animée par Christian Laveau, Directeur Audit interne, Compliance et Risk Management de Bourbon et membre de la DFCG. Prochaine session le 25 juin. Finance & gestion JUIN 2015 la confiance, l’ignorance ou la crédulité de salariés de la société, mais se nourrissent aussi des réseaux sociaux, des publications de l’entreprise pour rendre crédible leurs discours. Quelle organisation alors préconiser pour lutter contre cette fraude qui s’appuie sur le facteur humain, maillon faible de la chaîne de la sécurité ? Un processus de double validation obligatoire pour les paiements « sensibles » (transferts vers les pays étrangers, virement domestique d’un montant supérieur à un seuil défini). Que ce soit par un simple clic de validation et/ou par une signature électronique, un ordre de paiement dématérialisé ne doit jamais pouvoir partir du fait d’une seule personne. 43 EXPERTISES PERFORMANCE by Dr. Raluca SANDU, Associate Professor, Scientific Director of the MSc Auditing, Management Accounting and Information Systems at SKEMA Business School & the participants to the Chartered Institute of Management Accountants (CIMA) roundtable Finance & gestion JUIN 2015 When the “management accountant” meets the “contrôleur de gestion” 44 The present article introduces a multicultural dialogue on the various meanings and roles of management accounting, and its place in France. F inance&gestion has published in 2013 an insightful issue on new trends in “contrôle de gestion”, highlighting the change under the impact of globalization, information technologies, working cultures, etc. As the world changes, management accounting (for “contrôle de gestion”) becomes a borderless practice. Putting different labels on these practices should not transform it into a Babel tower. On the contrary, this global dialogue should allow improvement and better adaptation to a variety of settings and situations. Words… Different definitions are pasted on the practice of management accounting. CIMA defines it as “the sourcing, analysis, communication and use of decision-relevant financial and non-financial information to generate and preserve value for organizations”. In the French national job catalogue (ROME), the role of the “contrôleur de gestion” is to organize the economic management (defining objectives, activity indicators, performance measures…) of a structure (enterprise, business unit, territorial structures…), and optimize its financial performance based on strategic choices made by managers, and on regulations (trade, fiscal and financial). These approaches show that there is more than number crunching, measure and control in management accounting. Business partnership and business analysis are significant, but still need to be confronted with the reality of companies. There is more than number crunching, measure and control in management accounting Relationships… The management accountant can be professionally qualified under different designations, from professional bodies like CIMA (Chartered Institute of Management Accountants), CMA Canada (Certified Management Accountants of Canada), ICMA Australia (Institute of Certified Management Accountants in Australia) etc. Different views on management accounting can arise, based on the links that professional associations develop with practice and each other. …and cultures Behind definitions and relationships, we find a variety of cultures: national culture (sense of hierarchy, individualism...), industry culture (risk culture in finance sector, industry culture in automotive or oil sector…), education culture (diplomas versus professional certificates), professional culture (chartered professions, business practice...). Instead of a conclusion, I would rather stress out the general need for understanding each other’s roles, for adaptability and cooperation inside and between the organisations. Whether we call it “contrôle de gestion”, or “management accounting”, having different views keeps enriching the practice worldwide. Globalization should open new gates for practice and professional expertise, and enhance a strategic view of management accounting, making our position more valuable and valued within the organisations. l EXPERTISES PERFORMANCE “Lost in translation, is there a place for management accounting in France” Interviewees Anne-Laure Bernaert Consultant in management and organizations, member of DFCG Ludovic Bessière National Business Director France & Luxembourg, HAYS Catherine Grima Chartered Accountant, President ECF Nord Pas de Calais Hilary Parker FCMA CGMA, Council member CIMA Raluca Sandu Associate professor, MSc Scientific Director at SKEMA Roland Stasia Senior consultant director - Renault SAS, visiting professor - HEC, Paris Dauphine, etc. Olivier Stephan Vice President Controlling, Group SEB, member of DFCG “Contrôle de Gestion” Group Can you give us an insight on management accounting in practice? Roland Stasia : At Renault, there are two generic functions: accountants and controllers. No controller could exercise his talents without clear, sincere, and meaningful accounts. Two large “families” of controllers coexist within the company: «operational» controllers, acting in transversal projects or operations such as R&D, purchasing, manufacturing, selling, support functions, and the “financial” controllers, whose concern is the «bottom line» of a business unit, the consolidation of activities, or the global enterprise. They both have a common mission with five goals: ensuring compliance, which is providing accurate and timely accounts, timely payment and collection, and ensuring internal control; managing performance by designing KPIs to measure it, and by setting goals and competitive targets; ensuring risk management, identifying risk areas, and taking actions to eliminate these risks; co-piloting operations, by mastering costs, on a permanent basis; managing the team, when in hierarchical situations. Their mission is certainly common, however the operational controller is more a business partner of the controlled activities, whereas the financial controller is more specifically engaged in tackling risks of all kinds, as well as in measures and quantifications. How to find the management accounting talents, and what skills are you looking for? Ludovic Bessière: For junior roles, our clients look for communication and interpersonal skills rather than a solid experience in a specific sector. They are seeking candidates able to absorb a large volume of information and to adapt quickly to organisation culture. For more senior profiles, they look for strong technical skills in financial control with specific sector knowledge. Finance departments are keen to recruit the best controller who will help their business develop and gain market shares. In France, we recruit two types of controllers: “Contrôleur de gestion” and “Business Analyst”. The former is more focused on monthly tasks, reporting to HQ, preparing budgets, working on processes and the ERP, whereas the latter is more business focused (producing business plans and preparing tenders). In each case, more than ever, a controller is a strong business partner with the ability to help transform a business and make it more competitive. The words “sales” and “business” are now taking a more space than “accounts” and “balance sheet” in the vocabulary of a controller. We can also differentiate between finance professionals who speak fluent English and those who don´t. Clients, either multinational or national companies require finance candidates to be able to speak English, as French companies have to reach for higher export levels in order to compensate for the sluggish domestic market. And how are the schools training future talents in management accounting? Roland Stasia: Business schools invite managers from practice to share their experience in class. For instance, I gave lectures at Paris Dauphine, Grenoble EM, Toulouse BS and IESEG, on economic steering of innovation and R&D. I have been also teaching academic courses at HEC Paris: MAC (for Management Accounting), and BPM (for Business Performance Management). This experience is threefold rewarding: first, for students, because they see the so-called «real world» of business; also for teachers, as they remain connected to the potential contributions of up-to-date and enthusiastic young people; as well as for enterprises, which will employ graduates already familiar to the «real world» of business. One of my lectures is detailing two tools helping the controller to boost innovation, and not to «cost kill» innovation: the R&D leverage, and the Value Management Model for Innovation. My contribution also consists in a course on MAC, providing the fundamentals of quantified decision (variable and fixed costs, direct and indirect, breakeven, full cost, ABC Method). My course on BPM, prepares students to take management decision based on tools of the ultimate stage of performance management integration (BSC OVAR, VMRP, Make or Buy, EVA, transfer pricing). Raluca Sandu: Universities and business schools have to be close to the practice and professions. As MSc scientific director, I am regularly consulting managers, recruiters and professional associations in the strategic management of the programme, in developing the curriculum, and the set of skills to prepare for. These should cover both technical and soft skills, as leadership, team management, communication, are key factors of differentiation in management accounting. The core courses cover three main pillars: management accounting (with a focus on new trends and tools, and strategic performance management), auditing, and information systems, as we are aware of the importance of double specialisation. The teaching philosophy revolves around active learning (through business simulations and problem based learning) and practical application (through setting in professional situations, and internships). Based on our Finance & gestion JUIN 2015 Interview Excerpts from the roundtable organized by CIMA, 4th of March 2015. 45 EXPERTISES Finance & gestion JUIN 2015 PERFORMANCE 46 partnerships with professional associations, we prepare students to pass relevant international certifications, like the ADMA from CIMA in the field of management accounting. Moreover, members from DFCG, CIMA, IFACI, and APDC regularly share their experience in class, and join our juries and committees. The sense of professional community is important for the future management accountant, who should not stay in an isolated practice in the company. We dare to consider the management accountant as a leader, with vision, technical expertise, and a strategic position in the company. A true “business partner”. What does it mean to be chartered accountant, and what is the link with management accounting? Catherine Grima: As chartered accountants, our role is to support the company in the management of its business. We are both interlocutors of the leaders within our traditional missions related to accounting and taxation, but we also advise them on all the problems they face during the different phases of the life of their business. Our presence is needed from the beginning, with the creation of the company, and during its development phase but also in the most critical periods. Our advisory role is the essence of our business. Management accounting is an important area of intervention for accountants in France. Indeed, French GAAP defines business management as «the implementation of the company’s resources to meet the agreed targets (sales, market share) as part of a specific policy». We can be partners with companies that have dedicated services and their own management accounting, but we can also be the preferred partners for companies that don’t have such internal resources. We can help leaders better manage their business by implementing dashboards, flash results, activity budgets, cash plans, budget control, cost accounting, and providing support in setting strategic axes. Management accounting is indeed a fundamental strategic role for companies. And what does it mean to you to be a chartered management accountant with CIMA? Hilary Parker: To me, it means variety, integration, independence…By way of explanation; I’ll use my own profile. I decided on a career as a cartographic draughtswoman at Ordnance Survey, the UK mapping agency (equivalent to IGN in France). It is an atypical Government department, with a production cycle from surveying through to sales. After 5 years, with a continuing interest in maps, I transferred to administration, and was posted to Cost accounts in Finance. The work combined acquired knowledge with numbers and contact with production disciplines, more to my liking. Following a posting in Internal Audit (using systems approach), I joined a multi discipline implementation team for a computerized GL system, and later became System Controller. Having then qualified with CIMA, I returned to a management post, as Business analyst – with budgeting, production reporting to the Board, there was frequent liaison with ‘central’ finance but also, for example, with investment appraisals (PCs through to new printing machine), partnering production managers. The combination of technical knowledge and professional skills was advantageous in all areas and at all levels of decision making, in practical and advisory roles. Whether private or public sector, not for profit or consultancy, there are numerous roles where a charted management accoun- tant can assist in/drive the development of a business. Can we see the management accountant as a business partner also in France? Anne-Laure Bernaert: Working for many years in management accounting, I consider that ‘Business Partner’ is a very good definition of a controller’s role. Beyond the primary role of budgeting and reporting, and including detailed analyses of financial and operational figures, we need a real partnership with operational managers. Things are facilitated when there is a close collaboration and shared discussions with operational managers. For instance, an action plan should not be the same if margin losses are due to higher activity levels and volume of sales, price assumption, or bad budget mix estimation. And more than sharing analyses, action plans will be more easily put in place if decided together. It’s a shared commitment for better performance. Aligned with CIMA and other speakers today, I think that management accounting serves to check that all data and processes are under control, in order to reduce risks; to measure all business dimensions and analyse its activity; to evaluate the risks and opportunities of company strategy; to propose solutions, and provide foresight and planning. From my experience of both sides, at subsidiary and corporate level, I can say that whatever the viewpoint, management accounting has a global 360° view, covering business operations, HR, finance ratios, capex, R&D, environment and societal measurement. Controller’s role is to bring KPIs and analyses to support decision. This new trend of management, including societal acts is leading to what is commonly called today the Global Performance of the company. Not sure yet that controllers are always taking part into sustainability reporting, but they should consider at least integrated reporting. But this is a topic for a next roundtable… So, can we conclude that there is actually a place for management accounting in France? Olivier Stephan: Yes, there is a place for Management Accounting in France, like in every country, and that place is to pilot our companies. This role of business partner is engendering high motivation. Reporting production becomes an increasingly centralized task in Shared Service Centres like for Accountancy, HR, Purchasing... It increases productivity, but these controllers are no longer in contact with internal customers and assume very redundant activities. The Management accounts are giving the levers to manage (on a long term basis) the profitability of each country, each business unit, each factory, each brand…It is important to issue and share the information with the operational managers, in order to identify and implement improvement ideas (break even, variable costs, currency exposure…), and link these indicators with non-financial KPI (market evolution, QoS…). This role of business partner is coming now in the scope of strategy and risk management. And I would prefer to refer to it in terms of Piloting rather than of Management Accounting. l EXPERTISES ORGANISATION PAR Mathieu LE TACON Avocat associé, DELSOL AVOCATS Le (timide) printemps de l’actionnariat salarié La Loi Macron comporte un volet visant à relancer l’actionnariat salarié en rendant à nouveau attractifs les dispositifs légaux que sont les attributions gratuites d’actions (AGA) et les bons de souscriptions de parts de créateurs d’entreprises (BSPCE). C es mesures sont d’autant plus bienvenues que nul ne conteste que ces outils constituent un puissant instrument d’intéressement des salariés et des cadres dirigeants à la valorisation de leur entreprise, ainsi que le rappelle l’exposé des motifs de la loi. Lutter contre l’intéressement « sauvage » Ces dernières années le coût, social et fiscal, des différents outils de développement de l’actionnariat salarié (stock-options, attributions gratuites d’actions, etc.) est devenu prohibitif et ce, en particulier, depuis l’été 2012 qui a vu la première loi de finances de l’actuelle majorité présidentielle. Il en résulte que la plupart des entreprises ont été contraintes de se tourner vers des mécanismes dits d’intéressement « sauvage » de certains cadres et dirigeants afin de pouvoir continuer à les associer étroitement au développement et à la réussite de l’entreprise. Au regard de la jurisprudence récente1 et des récents avis2 rendus par le Comité de l’abus de droit, ces pratiques constituent de véritables bombes fiscales à retardement, pour les entreprises comme pour les cadres ou dirigeants concernés, dans la mesure où l’administration fiscale (qui vise expressément les schémas d’intéressement « sauvage » dans sa liste officielle des montages abusifs3), n’hésite pas à remettre en cause ces mécanismes sur le fondement de l’abus de droit avec des conséquences financières potentiellement catastrophiques. Dans ce contexte, et dès lors qu’il est indispensable que les entreprises puissent malgré tout continuer à associer en capital leurs collaborateurs, le projet de Loi Macron prévoit, dans un contrepied bienvenu à l’esprit comme à la lettre du début de l’actuel mandat présidentiel, de rendre à nouveau attractifs certains des mécanismes légaux de l’actionnariat salarié. BSPCE et AGA à l’honneur Il est ainsi prévu d’élargir le mécanisme des BSPCE, très prisés dans les secteurs à forte croissance, notamment dans les startup du numérique. Les sociétés éligibles au BSCPE pourront ainsi attribuer des bons aux membres du personnel salarié et aux dirigeants de leurs filiales (ce qui est impossible aujourd’hui) détenues à au moins 75% du capital ou des droits de vote, si ces filiales remplissent ellesmêmes les conditions pour être éligibles au dispositif BSPCE. De plus, les jeunes entreprises issues d’un transfert d’une nouvelle activité, pourront désormais bénéficier du dispositif BSPCE, à la condition que l’ensemble des sociétés issues de l’opération de concentration, de restructuration ou de la reprise d’activités répondent aux conditions prévues par le dispositif BSPCE. Le projet de Loi Macron prévoit par ailleurs de rendre à nouveau attractif, fiscalement et socialement, le mécanisme des attributions gratuites d’actions (AGA). Plusieurs assouplissements sont prévus, notamment : - L’application de l’abattement pour durée de détention sur les plus-values mobilières au gain résultant de l’attribution ellemême et non plus seulement au gain résultant de la cession ultérieure de l’action ; - La contribution salariale spécifique de 10% serait supprimée tandis que la contribution patro- nale serait abaissée de 30 à 20% et, ce qui constituait une demande forte de la pratique, son exigibilité serait reportée à la date d’acquisition du titre ; une exonération dans la limite, par bénéficiaire, du plafond de la sécurité sociale (soit 38 040 € pour 2015) d’un abattement spécifique serait en outre applicable pour les PME (au sens communautaire) n’ayant jamais procédé à l’attribution de dividendes depuis leur création ; - Le délai d’acquisition minimum des actions passerait de 2 ans à 1 an et le délai minimum de conservation serait supprimé, sous réserve toutefois que les délais cumulés d’acquisition et de conservation ne soient pas inférieurs à deux ans. En pratique cela devrait permettre aux bénéficiaires d’AGA de céder leurs actions à l’issue d’un délai de deux ans à compter de la décision d’attribution (contre quatre actuellement). Souhaitons que cette partie de la Loi Macron, qui repose sur le postulat que l’actionnariat salarié est un facteur essentiel du développement des entreprises, franchisse sans trop de dommages le cap des débats parlementaires. Si, comme l’a dit le Ministre de l’Economie, « il faut des jeunes français qui aient envie de devenir milliardaires », encore faut-il des outils adaptés pour cela, notamment fiscalement. l 1. Conseil d’Etat, 26 septembre 2014, 365573 2. Cf. notamment CADF/AC n°10/201 3. http://www.economie.gouv.fr/ dgfip/des-exemples-procedes-fraudefiscale#.VL9Dr6weKTE.twitter Finance & gestion JUIN 2015 PAR Amaury NARDONE Avocat associé, DELSOL AVOCATS 47 EXPERTISES ORGANISATION BY Dominique PON Directeur, Clinique PASTEUR Toulouse Finance & gestion JUIN 2015 Management par la confiance : quel ROI ? 48 Entretien Le management par la confiance est-il une utopie ? Pas si sûr. Dominique Pon, directeur de la clinique toulousaine Pasteur, a développé un mode de gestion où la confiance est le fondement même du système de pilotage. Rencontre avec un dirigeant atypique qui remet l’humain au cœur de la performance de l’entreprise. Cet article fait suite à la conférence « La confiance est-elle soluble dans le management ? » organisée par les chaires KPMG et Santé de Toulouse Business School en partenariat avec la DFCG Midi-Pyrénées. PROPOS RECUEILLISpar Évelyne MISIASZEK, enseignant - chercheur à TBS S ous ce titre provocant se cache une préoccupation essentielle des dirigeants d’aujourd’hui : les systèmes de pilotage formels, budget et reporting en tête, semblent avoir atteint leurs limites. Lourdeur et inefficacité engendrent de nombreux effets pervers contreproductifs, en particulier inertie dans la prise de décision, résistance au changement et déresponsabilisation voire démotivation. Les entreprises explorent désormais des approches alternatives pour alléger leurs outils formels en faveur de contrôles «organiques» fondés notamment sur la motivation et la confiance1. Ces réflexions ne sont pas nouvelles mais n’ont jusqu’à présent rencontré qu’un écho limité dans la sphère professionnelle. Citons entre autres Ouchi (1977) qui propose la notion de contrôle rituel ou clanique pour piloter les activités immatérielles2ou plus récemment Chenhall et Langfield-Smith (2003)3. Lorsque Dominique PON prend la direction de la clinique Pasteur en 2011, sa priorité est d’instaurer un mode de gestion bâti sur la confiance, seule voie possible selon lui pour impulser les changements rendus nécessaires par la situation alarmante de la clinique. Les résultats, en baisse depuis déjà plusieurs années, sont fortement impactés à partir de 2011 par la baisse brutale des tarifs (la suppression du forfait « haute technicité » notamment génère une perte annuelle de 3M€). Pasteur n’est pas une exception dans le secteur de la santé. Confrontés à une chute drastique de leurs revenus depuis l’introduction de la tarification à l’activité (T2A), à une politique restrictive de l’État pour le renouvellement des autorisations d’activité et à une explosion des coûts de fonctionnement, les acteurs du secteur, publics ou privés, connaissent de graves dif ficultés. En 2013 les 1 100 hôpitaux publics ont affiché une perte de 400 millions d’euros et la dette a atteint un niveau critique4. Du côté des cliniques, un quart d’entre elles sont déficitaires5 et sont progressivement rachetées par les groupes du secteur (Générale de Santé, Capio,..), voire par des fonds d’investissement. Dans ce contexte, Dominique PON a initié une stratégie ambitieuse portée par un mode de gestion où confiance rime avec transparence. Zoom sur les pratiques managériales d’un dirigeant atypique pour qui le mot management est une imposture, mais qui le pratique si bien ! Malgré un environnement sectoriel difficile, la clinique Pasteur connait un redressement spectaculaire depuis 2013. Quelles sont les clés de votre succès ? Pasteur a défini une stratégie qui concilie croissance, pérennité financière et indépendance. Concrètement nous ambitionnons de rester leader en cardiologie, notre pôle d’excellence, et de devenir leader en cancérologie. Ces objectifs passent par des investissements lourds (80M€ en 7 ans), le recrutement de nouveaux médecins, le développement de réseaux de cliniques indépendantes (Clinavenir et Santé Cité) et, en interne, des actions d’optimisation des coûts qui ne se fassent pas au détriment de la qualité des soins. Ce dernier axe a induit une évolution en profondeur de l’organisation et, avant tout, de la culture de Pasteur : sensibiliser aux préoccupations économiques et financières le personnel soignant et les médecins, pour qui la vision comptable était incompatible avec l’excellence médicale. Le pari n’était pas gagné d’avance. Le cœur même de cette stratégie, sa fondation, c’est la confiance. Sans un climat de confiance, pas de motivation et donc, pas de performance durable. Pouvez-vous nous en dire plus sur les actions que vous avez entreprises et sur ce management par la confiance ? Dès mon arrivée, j’ai travaillé en priorité sur le volet managérial car les individus avaient perdu de vue les valeurs et la direction de Pasteur. Je n’ai rien fait d’autre que de dire : « aidezmoi ! ». Je n’ai pas licencié, je ne suis pas passé en force. Je n’ai pas non plus mis en place un système de rémunérations variables auquel je ne crois pas et qui aurait profondément heurté l’éthique collective et individuelle. Concrètement, instaurer la confiance nécessite beaucoup de pédagogie. Je passe beaucoup de temps en réunions et je participe régulièrement aux tâches des équipes (soignants, accueil, ménage), y compris la nuit, afin de comprendre leur fonctionnement et de leur expliquer nos enjeux économiques et stratégiques. La relation de confiance étant à double sens, il ne suffit pas de demander au personnel de vous faire confiance ; il faut EXPERTISES ORGANISATION XLA CLINIQUE PASTEUR XEN CHIFFRES 1ère clinique française en cardiologie et 13e toutes activités confondues. 400 lits. aussi avoir confiance en eux. La décentralisation et la transparence dans les décisions étaient donc essentielles. En contrepartie des lourds efforts demandés, il fallait également un acte symbolique. C’est pourquoi j’ai convaincu les médecins d’augmenter la redevance versée à la clinique afin de financer le paiement d’un 13e mois. Une fois la confiance installée, elle fait boule de neige. Par exemple, les équipes soignantes ont spontanément signalé des dysfonctionnements dans la facturation des chambres individuelles, ce qui a généré un gain de 70K€. Aujourd’hui le personnel agit au quotidien dans l’intérêt général de la clinique car chacun a retrouvé du sens dans son travail. Et les résultats sont là ! Quel est le rôle des systèmes de pilotage formels au sein de cette organisation ? Nous disposons bien entendu d’un système complet de pilotage. J’ai d’ailleurs recruté un contrôleur de gestion peu après ma prise de fonction. Mais ce système est limité au strict minimum. Plus qu’un outil de contrôle des performances individuelles ou collectives, sa finalité prioritaire est de fournir une information fiable, régulière et concrète, base du dialogue et de la réflexion avec les équipes. Le budget et reporting, par exemple, sont du domaine de la direction, il n’y a pas de compte de résultat par service. Nous suivons nos coûts en coûts complets mais calculés de façon forfaitaire. Ils sont analysés une fois par an seulement avec les médecins. Par contre les Indicateurs Clés de Performance (durée moyenne de séjour, taux d’occupation des lits, etc) sont très largement diffusés et systématiquement discutés lors des nombreuses réunions entre la direction et les équipes médicales. Nous avons aussi largement recours au benchmark externe et interne. Cette volonté de transparence a suscité des résistances au départ car elle bousculait la culture de la clinique. Jusqu’alors, les indicateurs n’étaient pas communiqués aux médecins. Aujourd’hui médecins et surveillants jouent le jeu. Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans cette démarche ? L’unique dif ficulté était d’ordre culturel. Il s’agissait de faire comprendre au personnel qu’on peut allier performance économique et éthique de fonctionnement, voire même qu’être efficient c’est aussi être éthique puisque nous vivons de financements publics. Au départ, la démarche a suscité de nombreuses formes de rejet : colère, scepticisme ou cynisme. En 2012 par exemple, les brancardiers ont fait une grève perlée pendant deux jours liée à la réorganisation et à la modification des plannings. J’ai géré la crise par la proximité et le dialogue. J’ai « brancardé » avec eux toute une journée le weekend pour dialoguer, comprendre et faire comprendre. Aujourd’hui, je pense sincèrement qu’une relation de confiance s’est construite, qu’ils ont compris l’intérêt général et qu’ils perçoivent une certaine considération qui les motive. Dans ce type de démarche, la difficulté, c’est aussi le temps pour expliquer et convaincre mais à Pasteur, la transformation s’est opérée en moins d’un an. Bien sûr, il reste des suiveurs et des cyniques mais aujourd’hui ils ne s’expriment plus beaucoup car ils sont en minorité. La plupart des salariés ont conscience que les temps sont durs mais qu’il vaut mieux travailler ici car ils sont un peu plus maitres de leur destin. Cependant, rien n’est défin i t ive m e n t a c q u i s . L a confiance se travaille tous les jours. Il faut encore et toujours argumenter et convaincre. Et cela requiert beaucoup d’énergie et de disponibilité. Quelles sont les compétences requises pour animer un tel système et comment les avezvous développées ? Cette logique managériale fondée sur la confiance et la responsabilisation est à contrecourant dans le secteur et dans le monde économique en général. Il faut donc au départ une grande confiance en soi, voire une certaine foi car on ne peut se raccrocher à un référentiel standard mais à ce que l’on pense être juste et honnête envers les autres. Il ne s’agit pas de compétences, ni de maîtrise de techniques managériales conçues pour rassurer dans les situations où l’on a peur des autres, peur de dire des choses difficiles, peur de l’échec… L’essentiel est d’être au clair avec ses propres peurs et ses fantasmes. Par ailleurs, dans la mesure où l’on mise sur sa capacité à influencer les autres, il faut connaître ses « ressorts », ses motivations : qu’est-ce qui me pousse à influencer les autres ? Le pouvoir ? Le besoin de reconnaissance ? Personnellement, je suis belliqueux, je n’aime pas perdre. C’est ce qui m’anime. Pour connaître et maîtriser ses peurs et ses motivations, Il faut avoir le courage de faire son introspection, être capable de les assumer et de les exposer aux autres. Par exemple, quand je suis stressé, quand je n’ai pas été bon, je le dis. Ce n’est pas de la fausse modestie mais de l’honnêteté vis-à-vis de mes interlocuteurs. Je sais aussi reconnaître mon côté teigneux qui veut toujours gagner ! Se- lon moi, tant que le manager n’a pas ef fectué cette démarche, il ne peut instaurer une relation directe et impactante sur les autres. Ça reste de la technique de communication, plus ou moins artificielle. Quels conseils donneriez-vous aux managers et aux dirigeants qui souhaiteraient suivre votre exemple ? Être soi-même, c’est un long chemin mais quand on se connaît et que l’on s’accepte tel que l’on est, la relation aux autres est simple, apaisée. Chacun à son échelle peut changer quelque chose et je crois que ces comportements vont se développer. Il faut réintroduire toute la dimension émotionnelle et affective qui a été exclue du vocabulaire et des pratiques de l’entreprise. C’est ma voie en tout cas ! l 1. Voir sur ce sujet le dossier « enjeux de l’élaboration du budget » et l’article sur « Poult - une entreprise libérée » dans Finance&gestion, mai 2015.. 2. The relationship between organizational structure and organizational control. Administrative Science Quarterly, 22(1), p 95-113. 3. Performance measurement and reward systems, trust, and strategic changes, Journal of Management Accounting Research, vol 15, p 115-141. 4. La dette des établissements publics de santé, rapport de la cour des comptes 2014. 5. Etude Xerfi 2014 - Cliniques de court séjour (MCO). « Le foot, le néant et moi », conférence TEDxToulouse, mai 2014 https://www.youtube.com/ watch?v=LFTXmvo08FQ ; Documentaire Elephantstore http:// www.elephantstore.fr/productions/ management-revolution Finance & gestion JUIN 2015 1300 effectifs dont 150 médecins. EN SAVOIR PLUS 88,6 M€ de chiffre d’affaires résultat d’exploitation: 3,6M€. 49 EXPERTISES INTERNATIONAL Finance & gestion JUIN 2015 BY Sébastien LE COZ former CFO, CEO AVETA GLOBAL 50 Why Investing In Turkey Now Should Be One Of Your Top Priorities? Turkey has become very investor-friendly thanks to remarkable reforms and turns out to be one of the Top Objectives for European Investors, not only for its manufacturing and exporting assets, but also for its domestic market. Just take the right partners to seize this incredible opportunity! ONE OF THE MOST HISTORICAL AND STRATEGICALLY IMPORTANT AREAS IN THE WORLD Turkey is a country of great contrasts and vast potential. Straddling the continents of Europe and Asia, close to Africa, it is a gateway to not only developing countries but also already developed markets. Turkey is the 16th largest economy in the World and the 6th within the EU. The GDP has already tripled from USD 231 billion in 2002 to more than USD 800 billion in 2014. Moreover, OECD expects a growth rate of 3.2% in 2015. Turkey’s investment climate has been improving for the last 13 years and the country became investor-friendly thanks to remarkable reforms, such as the enactment of the FDI law, introduction of the principle of national treatment, provision of a lucrative incentives scheme, amendments in the commercial code and the establishment of the investment support and promotion agency. As a next step, new structural reform programs were announced in a bid to shift Turkey to a new paradigm. “Improvement of business and investment environment” is one of the 25 structural reform programs which aim to focus on immediate issues of investors and improve bureaucratic mechanism. With the reform agenda, political stability and dedication to Vision 2023 targets, Turkey will take a step further and become an even more investor-friendly country. A political stability that supports economic growth The forecast is that the religiously conservative ruling Justice and Development Party (AKP) and its President, Recep Tayyip Erdogan, will continue to dominate the political scene beyond the general election on June 7th 2015. Turkey is used to overcome crises Turkey’s macroeconomic fundamentals have generally been quite solid: the public finances are in good shape and the banking sector is well capitalised and well regulated. However, economic growth has been volatile and recent uncertainty about the direction of economic policy has coincided with higher risks to the economy from changes in external conditions. A dynamic and ambitious economic growth Real GDP growth slowed sharply to 3% in 2014, reflecting the impact on domestic demand of monetary policy tightening in late January and currency weakness. A gradual recovery in economic activity is expected: the lira has weakened further since the beginning of 2015; unemployment remains high at over 10%; and industrial activity is still subdued. A gradual recovery with real GDP growth accelerating from 3.2% in 2015 to 4.5-5% in 2016-19 is expected, driven by improved export competitiveness as a result of a weaker lira, a pick-up in activity in Europe and lower global oil prices. There are considerable downside risks, however Turkey’s economy has proved surprisingly resilient in previous crises and the plunge in global oil prices should help to ease inflationary pressures and reduce the current account deficit. A very strategic Monetary Policy & an Exchange Rate as a real Asset On May 16th, the lira was trading at TL2.57/US$1, compared with TL2.32/US$1 at the end of 2014. After sharp falls of the Turkish lira in 20132014 and again in early 2015, the lira is expected to average TL2.60/US$1 in 2015 (a depreciation of 10.5% in real terms). From 2016 it is expected to depreciate steadily in nominal terms to around TL2.80/US$1 by 2019, remaining broadly stable in real terms over the forecast period. Against the euro, the lira is expected to appreciate in 201516. WHAT SHOULD YOU PAY ATTENTION TO? Cultural differences to be apprehended! Although being supported by a local company allows a better understanding of the Turkish market and can facilitate the administrative processes, there EXPERTISES Utku BAYRAMOGLU Advisor for France at Prime Ministry of Turkey, Investment Support and Promotion Agency (ISPAT) A very attractive Turkish investment incentives system The new investment incentives scheme, segmented into 6 regions, is specifically designed to encourage investments with the potential to reduce dependency on the importation of intermediate goods vital to the country’s strategic sectors. Amongst the primary objectives of the new investment incentives scheme are: reduce the current account deficit; boost investment support for lesser developed regions; increase the level of support instruments; promote clustering activities; are also drawbacks. Besides signing a JV agreement sometimes turns out to be challenging as not only the short-term vision but also the governance habits, the way of doing business or managing the teams could be very different. Therefore, investing in the selection of the most appropriate business partner is really key, if needed. Legal aspects to be known Foreign companies investing in specific sectors must partner with a local firm and/or sell advanced systems in the framework of offsets programs, as it is required in defence programs by instance. Such policies are the condition first of the development of a sound technological and industrial base and, in a second phase, of enhancing exports of homemade products and systems. Accounting & Taxation: closer and closer to EU but significant differences! Turkish Gaap are very tax oriented. Corporate Income Tax is 20% and the tax-loss is carried forward and set off against the income of subsequent years for five years. and to support investments that will create the transfer of technology. Turkey’s investment incentives scheme provides support for investments with, such as, VAT exemption, customs duty exemption, tax reduction and social security premium support, depending on different support schemes, location, size and sector of the investment. There is also a tax incentive on R&D Expenditures. For any further information please visit: www.invest.gov.tr VAT is 18%. Turkish transfer pricing rules are mostly in line with the OECD recommendations. No tax duty on most imports from EU but a 6% Resource Utilization and Support Fund (KKDF) charge on the declared import unless prepayment and foreign loans to finance imports. TURKISH SPECIFIC ECONOMIC FEATURES For many years, Turkey has been focusing its economic policy on critical sectors such as energy and transportation infrastructures, scheduled at time to reduce its dependence from foreign providers and to achieve its fully integration into the regional and international goods and services exchanges. The progressive shift from oil and gas imports to local production of nuclear, thermoelectricity and renewable energies reflects the priority for Turkish leaders: building the conditions of autonomy and providing their population and companies with the conditions of a sustainable growth. No doubt the amazing amounts invested in ports, airports and railways will also have very tangible positive effects not only on Turkish domestic economy but also on its attractiveness and enhance the credibility of Turkey becoming a major international hub. The latter remain aware of the cyclical economic downturns that may surge - as it happened in 2009 - and thus may be reluctant to invest without all the required guarantees. Main large international groups have been investing and setting up businesses in Turkey for years. They were motivated by the significant size of the Turkish market, the proximity with their French customers and the very qualified labour. Regarding the profile of Turkish economic players, aside from a dense SMBs network, it is worth mentioning some specific features. - More than in any other country, Turkish companies consist in f amily-owned conglomerates that have been setting up very diversified businesses and holdings. - Although occupying a less prominent role the armed forces are still an important stake holder. Their participa- tions cover not only defence industries but also civilian assets. - Islamic foundations are part of an intermediary sector, a third sector or non-profit sector where private capital takes care of services. Very large groups established their own foundation and can be considered as a new form of philanthropy. - Last, let’s highlight another specificity inherited from the Turkish history: a political party can still hold stakes in the capital of a company. AN INCREDIBLE DOMESTIC MARKET WITHIN A VERY STrATEGIC REGION Turkey has a very dynamic and well-educated population of 77.7 million, with half of it below the age of 30. There are 40 million broadband internet subscribers, 72 million mobile phone subscribers and 57 million credit card users in Turkey, showing a strong middle-class emergence. Its workforce is over 29 million, with 610,000 university graduates and around 300,000 high-school fellows coming from technical and vocational high schools. Turkey has a liberal investment climate confirmed by OECD and World Bank reports. In addition, Turkey’s growth potential for the next decade as well as its 2023 targets require a continuing transformation of the Turkish economy, particularly in the areas of energy, infrastructure, chemicals, pharmaceuticals and agriculture with more R&D intensive activities. This is where European companies are contributing and will continue to contribute to Turkey’s growth. To reach USD 2 trillion of GDP and USD 500 billion of exports revenue, Turkey has ambitious targets such as increasing its installed power capacity to 125,000 MW, its high-speed railway network to 10,000 km, Finance & gestion JUIN 2015 Interview of INTERNATIONAL 51 EXPERTISES 52 its motorways to 7,500 km, and diversifying its economy to decrease dependence on import energy sources of oil, natural gas as well as chemical intermediate goods. Needless to say that Fitch (on March 20th) and Moody’s (on April 11th) have recently confirmed Turkey’s investment grade ratings, demonstrating that Turkey’s political, economic and financial stability will continue through and beyond the election period. As a whole, drawbacks of the Turkish regulation or business practices are compensated for by a major factor: the wideness of the market. If you add to the domestic one the consumers and the opportunities you may reach in the neighbouring countries or areas thanks to your presence in Turkey, your investments may appear even more profitable. Everyone knows about Turkey’s connexions and influence in Balkans, Central Asia, Caucasus, Middle East and Africa but up to now very few have elabo- Interview of Finance & gestion JUIN 2015 INTERNATIONAL rated a regional strategy that actually relies on it. Indeed the Turkish offer has been improving qualitatively and quantitatively; moreover the prices remain low. AKP policy has been playing a decisive role as well, as it is particularly addressing Islamic populations around the world and enhancing its participation to international donors. Tensions in Middle East have complicated Turkey’s efforts to assert itself as a dominant regional power, straining their ties, to differing degrees, with several countries, including Syria, Egypt, Israel, Iraq and Iran. The civil war in neighbouring Syria and Turkey’s support to opposition forces have threatened to trigger a major military confrontation between the two. An unstable foreign-policy environment makes maintaining positive relations with traditional Western allies, especially the US and the EU. HOW SHOULD YOU PROCEED WITH YOUR INVESTMENT IN TURKEY? Free-Trade Zones (FTZ) Free-Trade Zones (FTZ) are areas within the free zone boundaries but treated as extraterritorial for customs duties purposes. The FTZ were primarily designed to encourage exporting goods that are produced in the zones but are also used now for re-exports to neighbouring countries, Turkey being a regional platform. Main incentives provided for production operations are corporate & income tax, VAT, customs duty, special consumption taxes and other public charges. Raquel GRASE Business Intelligence & International Development Expert for SAGE SA Why business intelligence is key for your roi? Getting the right information b efore your competitors, checking and analyzing it, facilitates and accelerates your international development. For companies aiming at doing business with emerging markets, traditional monitoring solutions used to gather information may not be sufficient. Comprehensive written, updated and valuable information on projects and opportunities, decision making systems, key players, assets appraisal, is pretty scarce. In such an environment, it is critical to act in a practical and confidential way and to perform such investigations in a legal framework. Assisting companies abroad requires a deep knowledge of the political, economic and social spheres and the ability to mobilise local networks among economic and institutional players. Business Intelligence’s purposes consist as well of risk assessment and resolution of disputes. Technology development zones Technology development zones (Techno parks) have been founded in order to produce technological information to make innovations in products and production techniques, to support technology intense productions, to support entrepreneurship and to provide technological basis that will enhance foreign investment flows to Turkey. OTHER KEY SUCCESS FACTORS FOR YOUR INVESTMENT IN TURKEY Proceed with a market survey, find bicultural Chartered Public Account and Lawyer, experienced custom broker and carrier with your products and foreign companies, appoint someone experienced with Turkey and that will lead your project from Day 1 until the end. l La revue d’échanges des dirigeants financiers éditée par la 1 AN, association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion 10 NUMÉROS Retrouvez chaque mois : AU PRIX DE 214,41 € eNjeux et Nouveaux ioN, mutatioNs La distributio mutations et nouveaux en jeux N°323 n, septembre 2014 - 21 € ORGANISATION s, olivier lajou er ? l’art de dirig octobre 2014 - N° 323 - 21 € PORTRAIT PP. 30 lotte, patrick sebil h ich ietric pe de dietr daF du grou PORTRAIT PP. 16 abel bettache, un double rega rd fIl ROuge P10 sens et crois sance : quel lien ? christophe de La chaise Lionel Mailly septembre 2014 - N° 322 - 21 € du Nord DOSSIER p.18 Le contrôle et la gestioninterne des risques abonnez-vous fil rouge p. 8 croissance : mythe ou réalit é ? denis Ferrand www.dfcg.com www.finance-gestion.fr BULLETIN D’ABONNEMENT 2015 À RETOURNER À DFCG SERVICE ABONNEMENTS - 14, RUE PERGOLÈSE, 75016 PARIS ❐ 1 AN (papier + Internet) : 214,41 € TTC ❐ chèque libellé à l’ordre de DFCG ❐ par virement IBAN FR76 3000 3016 5800 0372 8234 681 ❐ Carte de crédit Date d’expiration : mois année octobre 2014 - 21 N°322 Le coNtrôLe - 21 € 2014 - n° 324 La revue d’éch anges des dirig eants financiers P.71 briqueteries Directeurs financiers, directeurs du contrôle de gestion, 21 € La revue d’éch anges des dirig eants financiers novembre-décembre une sélection de livres, un point de vue, des réussites d’entreprises. LIRE, EN APARTÉ RÉUSSITE mbre 2014 novembre-déce Décider dans ement un environn complexe iNterNe et La gestioN des risques un thème approfondi pour vous tenir au courant de l’état de l’art DOSSIER n°324 La distribut EXPERTISES eants financiers anges des dirig La revue d’éch décider dans les articles et interviews pour suivre l’évolution de la profession ement complexe un environn les nominations, le portrait, le fil rouge… ACTUALITÉ Cryptograme visuel (au dos de la carte) Date et signature obligatoire Nom et adresse du créancier : DFCG SERVICE ABONNEMENTS - 14, RUE PERGOLÈSE, 75016 PARIS Nom ...................................................................................................................................................................................................................................................................................... Prénom........................................................................................................................................................................................... Société ou organisme......................................................................................................................................................................................................................... Fonction....................................................................................................................................................................................... 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Finance & gestion JUIN 2015 La révolution numérique en moins de 54 deux décennies a bouleversé notre univers. Nos élites sont dépassées par l’ampleur du phénomène et par sa singularité. Retenons la rupture avec les schémas traditionnels, la diffusion quasi-instantanée des avancées, la quasi-gratuité d’outils puissants, la réponse à de réels problèmes tels que l’éducation et la formation de populations délaissées. C’est enfin une promesse d’ascension sociale. Ce mouvement défie et inquiète les États. Des groupes puissants émergent, qui disposent d’énormes moyens financiers, d’une masse colossale de données sensibles et qui évoluent dans un monde sans frontières, en temps réel. L’absence de coopération internationale, le manque de réactivité face aux dérives – dont la cybercriminalité, ne font que rendre plus criant le décalage entre deux mondes qui s’affrontent, l’encore actuel et le déjà futur. Le numérique est potentiellement initiateur, à brève échéance, de bouleversements mondiaux, compte tenu des enjeux économiques et de l’absence, à ce jour, de véritables obstacles. Cet ouvrage a pour mérite d’éclairer le débat, d’en préciser les enjeux et surtout d’identifier les opportunités et les risques potentiels. l Hubert Alcaraz Éditions Les Arènes – 20 € - 320 p. BRUNO BOTELLA Et si on enquêtait sur la Cour des Comptes ? L’auteur (rédacteur en chef d u site acteurspublics.com) explique que la Cour des Comptes, fondée sous Napoléon Ier et dont les origines remontent au Moyen Âge, est une juridiction indépendante qui contrôle la gestion des administrations, évalue les politiques publiques, certifie les comptes de l’État et de la sécurité sociale. Ses missions sont de moins en moins juridictionnelles, mais elles restent néanmoins exercées par des hauts fonctionnaires attachés à leur statut de magistrat inamovible. La Cour des Comptes fait figure de censeur et d’oracle. Chaque année, ses 200 rapports de plus en plus médiatisés suscitent la fierté des magistrats de la Cour, issus de la « botte » de l’ENA, mais aussi l’inquiétude LU POUR VOUS PAR Jean-Louis CHAMBON Comment décrypter les mécanismes et les défauts de notre économie ? Les crises financières, événements récurrents de l’histoire du capitalisme, depuis la « tulipomania » de 1637 à celles d’aujourd’hui, ne doivent jamais être perçues comme des accidents insignifiants : certains épisodes sont majeurs, constituant de véritables ruptures. La période 1929 – 2008 est riche d’exemples et la question n’est plus de savoir si une autre grande crise financière mondiale interviendra, mais plutôt quand apparaîtra ce nouvel effondrement. Comme le souligne le préfacier, Philippe Herzog, sortir de cette impasse n’est pas chose aisée : l’Etat n’est pas en mesure de jouer son rôle d’investisseur direct, les grandes zones monétaires sont rivales et la zone euro reste incomplète et imparfaite. Enfin, la globalisation du capitalisme financier incarne plus une révolution qu’une spécificité en soi. Aussi tout le mérite d’Olivier Lacoste, économiste et journaliste, ancien élève de l’ENA, est-il de montrer qu’en réalité ces crises nous parlent de notre économie, dont elles révèlent brutalement les mécanismes et les défauts. En revenant sur les plus importantes d’entre elles, dont celles des subprimes et de l’euro, il en examine les causes et les conséquences en s’interrogeant sur les réactions des autorités concernées. Sa réflexion porte aussi sur les évolutions majeures intervenues ces dernières décennies et tout particulièrement sur cette dérive du capitalisme vers une priorisation du court terme qui amplifie la fréquence et la gravité des crises. S’ajoutent deux découplages historiques à dépasser : entre l’économique et le social, et entre la finance et l’économie. L’enjeu étant « de ramener la finance en économie » en limitant sa violence et en préservant l’intérêt public. Un décryptage des mécanismes et enjeux des crises financières, particulièrement lumineux, proposé dans une perspective historique de quatre siècles, à un large public comme aux étudiants en sciences économiques.l Les crises financières - Histoire, mécanismes et enjeux, , O livier Lacoste - Préface de Philippe Herzog, Éditions Eyrolles – 10 € - 189 p. p. du gouvernement et des administrations. Le risque pour la Cour des Comptes est de « prêcher dans le désert ». Si les deux tiers de ses recommandations sont suivies, ses alarmes sur les grands sujets des finances publiques (la masse salariale de l’État, l’efficacité du « mille-feuille territorial », la protection sociale, l’efficience de la dépense publique…) ne semblent pas être entendues. La valorisation de ses travaux implique qu’elle se désenclave et recherche un nouvel un nouvel équilibre entre elle, l’exécutif et le législatif. l Jean-Jacques Pluchart Éditions Du Moment – 16,95 € - 220 p. Sous la direction de ZEITING LIU La Chine innove, politiques publiques et stratégies d’entreprise L’ouvrage collectif montre comment la Chine populaire devrait réaliser un “nouveau bond en avant”, en mettant en œuvre un plan de modernisation de son industrie (2006-2014). Les auteurs rappellent comment la Chine est passée d’une « économie planifiée avec l‘ajustement du marché » (1978 -1984) à une « combinaison du plan et du marché » (1985-1992) puis à une « économie socialiste de marché (depuis 1993). Ces étapes ont permis de transformer la Chine en « usine du monde », toutefois dépendante des technologies étrangères. Le plan lancé en 2006 a pour ambition de transformer le pays en « leader mondial de l’innovation » par des « sauts technologiques » dans les secteurs stratégiques et dans les PME. L’ouvrage est organisé en trois parties. La première porte sur les conditions de cette transformation, la seconde sur les politiques d’innovation et la troisième sur la transition du modèle économique chinois. Une annexe analyse en profondeur le livre LIRE notation… L’encours de la dette mondiale (hors ménages) a ainsi atteint plus de 100 000 milliards $ au début de 2014. La démonstration convaincante de l’auteur rend d’autant plus urgente la révision des théories conventionnelles de la finance de marché. Éditions L’Harmattan – 19 € - 196 p. Éditions L’Harmattan – 13,30 € - 134 p. JOSSE ROUSSEL Ouvrage collectif dirigé par Valérie Lejeune Misère de la Finance L’auteur (enseignant-chercheur à l’Université Paris-Dauphine) se livre à un délicat exercice. Il analyse les dernières crises économiques et financières à la lumière des principales théories applicables aux marchés financiers : le paradigme néo-classique de l’efficience et de la marche au hasard des marchés, la théorie néo-keynésienne des anticipations auto-réalisatrices, l’hypothèse de Minsky sur l’instabilité des marchés, la vision autrichienne du cycle des affaires conçue par Schumpeter, Von Mises et Hayek. Il procède à un diagnostic rigoureux des crises financières de 1987, de la crise japonaise des années 1990, de l’éclatement de la bulle internet de 2000, de la crise de l’immobilier et des subprimes de 20072008 et de la crise de l’euro de 2011. Il en conclut que les approches néo-classiques et keynésiennes ne sont pas dans l’ensemble vérifiées, mais que celles de Minsky et de l’école autrichienne s’avèrent en revanche pertinentes. Elles montrent que les politiques monétaires des banques centrales ont d’autant plus favorisé l’instabilité des marchés, que tous les investisseurs (firmes industrielles, banques, collectivités locales, ménages) ont pu massivement recourir à des financements spéculatifs (ou de type Ponzi) et ont ainsi alimenté une croissance factice. Ce cycle d’endettement a été encouragé par tous les établissements financiers, les fonds de pension et d’investissement, les banques d’affaires, les hedge funds, les agences de l Jean-Jacques Pluchart Tendances économiques et sociales de la valeur en entreprise Il s’agit d’un ouvrage collectif réalisé par des experts qui ont, chacun, des domaines d’expertise différents. Globalement, l’ouvrage s’attache à élargir le spectre, les domaines d’application pratique et les bénéfices apportés par les concepts élargis de valeur. L’ouvrage ouvre d’abord des perspectives sur les aspects non financiers de la valeur, qui doit prendre en compte des externalités économiques, environnementales et sociétales. Il traite ensuite des aspects comptables et montre les limites d’une comptabilité traditionnelle, auto centrée et myope. De manière originale, il suggère des pistes de comptabilité « monétaire » des externalités et aspects sociétaux. Enfin, un de ses mérites est de proposer des applications pratiques. Par exemple, en matière de crédit fournisseurs, il montre l’intérêt d’une approche large des relations avec les fournisseurs, approche qui prendrait en compte l’intérêt des fournisseurs, le temps passé à la gestion de la relation, la notation des fournisseurs. En conclusion, il s’agit d’un ouvrage « ouvreur de portes », qui sera utile tant aux financiers qu’aux contrôleurs de gestion et dirigeants d’entreprise. l Denis Molho Éditions L’Harmattan – 20,90 € - 222 p. Haïku Par Igor Quézel-Perron, chasseur de tête chez Eric Salmon& Partners Nouvelle secrétaire Ma bannette A changé de place v Dans un couloir le soir L’auditeur Mystérieux visiteur v Pression de la clôture mensuelle Même les nuages Accélèrent v L’éthique C’est plus facile Quand on est bénéficiaire Finance & gestion JUIN 2015 « La voie chinoise » de Michel Aglietta et de Guo Baï. L’Etat-entrepreneur chinois réussira-t-il au cours des années 2010 avec sa planification souple, dans une économie ouverte, là où la France a relativement échoué au cours des années 1980, avec sa planification indicative, dans une économie encore fermée ? l Jean-Jacques Pluchart 55 EN APARTÉ Stéphane André Président Fondateur, École de l’Art Oratoire Prise de parole en public du DAF Finance & gestion JUIN 2015 A 56 vant de se lancer dans l’acquisition de techniques pour mieux parler en public, un manager doit saisir l’origine culturelle des défauts d’expression. Il se prépare ainsi à comprendre le bien fondé des techniques qui lui permettront de les effacer, même lorsqu’elles heurteront ses habitudes. C’est bien sûr le contraire : la personne de l’acteur s’efface derrière le personnage. La personne de l’orateur devrait aussi s’effacer derrière le personnage du manager, sans pour cela renoncer à son style. La technique Sauf raisons académiques (notes ou écran à regarder), l’orateur doit toujours conserver son regard dans celui L’enfant de cinq ans n’a ni peur de parler ni défauts du public. Le regard est le radar du cerveau. Il prend des d’expression. Son regard est clair, sa posture dégagée, sa informations que le cerveau synthétise, pour décider à voix placée, et son discours fait mouche. A partir de cet chaque seconde de la ligne verbale, tonale et rythmique âge il affronte les : « Attention à ce que tu vas dire ! » et les : du discours. L’orateur fait ainsi du public le co-auteur de « On ne dit pas ci, on ne dit pas ça ! ». Il associe donc l’idée son discours fini. de parler au sentiment du danger. C’est alors qu’appaLe « Tiens-toi droit ! » rend l’orateur raide et ridicule. En raissent les défauts -tics verbaux et gestuels, « Euh ! », revanche le regard d’intérêt décidé de l’orateur pour ses regards fuyants, postures voutées, etc. Ils interlocuteurs, lui redresse le dos dans se multiplient jusqu’à l’âge adulte, pour une posture verticale naturelle. Sans devenir une norme comportementale. La L’orateur l’avoir décidée, il peut toujours la vérifier. simultanéité de l’absence de trac et du doit toujours La posture verticale crée les conditions de manque d’impact de la parole de bien des conserver la voix. « L’orateur doit désirer une belle voix » managers s’explique par le fait que leurs a écrit Cicéron. L’orateur exerce donc son défauts d’expression traitent leur peur. Il son regard dans oreille à la critique permanente de sa voix. ne sert à rien d’essayer de les supprimer, celui du public Musicale, elle fait entendre au public la car la peur revient aussitôt et de nouveaux sensation qu’il a de ce qu’il dit. Plus que défauts apparaissent qui la font à nouveau tomber. Il faut les mots du discours, c’est elle qui intéresse le public. supprimer la peur, les défauts disparaîtront d’eux-mêmes. Le rythme du discours se calibre sur la cadence de compréhension du public. L’orateur la palpe animalement La mauvaise réputation de l’Art Oratoire par son regard. Un orateur dont on dit qu’il « parle trop Le manager doit aussi s’affranchir du regard ambigu vite » ne regarde pas son public, et donc ne maîtrise pas que l’on porte souvent sur l’Art Oratoire. « Tu vas voir un son rythme. tel ? Méfie-toi, il parle bien ! ». A l’idée d’une telle rencontre, La verticalité place l’orateur dans ses appuis. Il peut on devrait pourtant se réjouir : elle devrait conduire à un alors libérer ses mouvements en toute sécurité. La pensée résultat fructueux. Faut-il donc préférer l’orateur mé- est le mouvement du cerveau comme le geste est le moudiocre, quitte à mourir d’ennui en l’écoutant? « Les paroles vement du bras. Comme lui, elle doit être libre. C’est alors s’envolent, seuls les écrits restent ! ». Le fondement juridique qu’elle devient intuitive, créative et pertinente, et que de l’expression est connu, mais il s’est étendu à la parole l’orateur montre son style. en général. Si l’on pense que ce que l’on dit ne restera L’orateur dans ses appuis est bien intégré dans son pas, pourquoi parler? « Je veux mieux parler en public, mais environnement. Il s’y trouve comme une pièce de puzzle je ne veux pas faire du théâtre ! ». A celui qui me fait cette à sa bonne place. Sa peur disparaît, ses défauts d’expresdemande j’ai envie de dire : « Qu’avez-vous contre le théâtre sion avec elle. ? ». Il sous-entend que l’acteur est un exhibitionniste. Au travail ! l La peur Stratégie à l’international Études d’opportunités Création et financement des filiales étrangères Suivi des projets de développement Diagnostic des filiales en difficulté Coordination des acquisitions Intégration post acquisition Gouvernance des filiales Séminaires de Dirigeants ALBA & CO VOUS ACCOMPAGNE EN TERRE INCONNUE 5 ANS D’EXISTENCE – 75% DES MISSIONS À VOCATION INTERNATIONALE Alba & Co • www.alba-andco.com Contact : Isabelle CARRERE 06 82 84 59 11 • [email protected]