Chambre & Sénat juin 2005 n°46 NOUS AVONS SIFFLÉ LE DÉPART, LA CHINE A PRIS LE DÉPART DE LA COURSE SANS FANFARE MAIS BILLES EN TÊTE!

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Chambre & Sénat juin 2005 n°46 NOUS AVONS SIFFLÉ LE DÉPART, LA CHINE A PRIS LE DÉPART DE LA COURSE SANS FANFARE MAIS BILLES EN TÊTE!
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REVUE FONDéE EN 1903
REVUE D'ÉTUDES ET D'INFORMATIONS
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Fondée en 1903
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Philippe HERZOG
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Ont collaboré à ce numéro :
Jean-Philippe BIRON, Directeur de la Rédaction,
Monseigneur J.-Michel Di Falco, Gérard Pappalardo,
Pierre Guenant, Léon Bertrand, Claude Laverdure,
Christian Gambotti, Lucien David Langman,
André Rouquié, Michel Hoëz, Géraldine Capdeboscq,
Jean-Claude Ruf, Catherine Bioteau, Alain Bertrand,
Professeur Gérard Huchon, Gérard de Marcillac,
E. T, Jean Monneret, Dr Émile Benassayag.
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Éditeur Conseil, Régie publicitaire :
N°46 - Juin 2005
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L'EUROPE SE FAIT AUSSI À LA BAULE
LES ADDITIFS (suite)
THÉORIE DE L'INSURRECTION PERMANENTE
BDRE - 15-29, rue Guilleminot - 75014 PARIS
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Chronique médicale : Iradj Gandjbakhch
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tique, et constitue donc une contrefaçon sanctionnée par les
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Achever d'imprimer : 2' trimestre 2005
Dépôt légal : Juin 2005
ISSN 1272-5897
I
Chambre & Sénat
Emploi
NOUS AVONS SIFFLÉ LE DÉPART,
LA CHINE A PRIS LE DÉPART DE LA COURSE
SANS FANFARE MAIS BILLES EN TÊTE !
Lucien-David LANGMAN,
Président de la Compagnie Nationale des Experts MCTH
Assesseur de la Commission de Conciliation et d'Expertise Douanière
I
accords multifibres (AMF) signés au début des années 74 ont encadré les importations
textiles en provenance d'un certain nombre de pays à faible coût de main-d'œuvre, pays
aux conditions sociales de travail des populations (jeunes enfants compris) peu recom¬
mandables du moins au cours des années passées, aux circuits de fabrication à la traça¬
bilité problématique, aux normes d'hygiène et de sécurité parfois aléatoires, à l’en¬
gouement jubilatoire pour la copie et la contrefaçon.
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Voici maintenant quelques 10 an¬
nées, malgré les mises en garde des
vrais praticiens de terrain que nous
étions, il nous fut affirmé et garanti
que le 1er janvier 2005 serait une
date idéale pour libérer ces pays
tiers, Chine en tête, de toute
contrainte de quotas concernant les
produits textiles habillement !
Les discussions entre monde poli¬
tique, organisations professionnel¬
les d'en haut, centrales syndicales
souvent représentées par ce que
l'on appelle généralement les ram¬
pants à la représentation bicéphale
tout à la fois parlant un jour au nom
du privé et un autre jour au nom du
secteur public aux intérêts générale¬
ment divergents, le plus souvent
plus imprégnées par l'ambiance des
bureaux de leur siège que de celle
des usines et du terrain, chacun
étant conseillé par des économistes
de papier sans accroche avec les ré¬
alités de l'entreprise et des produits
manufacturés ou industriels, faisant
des projections aléatoires à partir de
statistiques virtuelles en compagnie
de sociologues déconnectés de la
vie du travail avec études faites en
vase clos à l'appui, réalisées à la ta¬
ble de leurs bureaux boudoirs, cette
armée de spécialistes nous présenta
la transposition d'une histoire à ve¬
nir, promettant à les en croire à une
victoire des pays occidentaux de par
leurs travaux de création, leur pou¬
voir d'innovation aux techniques
toujours les plus pointues face à ce
monde sous-développé, pour cer¬
tains encore appelé le tiers-monde,
voir le quart-monde, pays dont la
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maturité et l'intelligence ne pour¬
raient à les en croire, ne pas nous
inquiéter au terme de ces 10 an¬
nées.
1" janvier 2005 : nous y sommes :
Certains crient au diable, lequel, ce¬
lui que l'on nous a promis c'est-à-di¬
re la liberté du commerce régie par
des règles bien établies, loyales et
équitables avec pour nouveau venu
l'entrée de la Chine dans l'organisa¬
tion mondiale du commerce (OMC)
et une date : la fin des accords
multifibres (AMF) que ceux-là mê¬
mes qui crient au loup nous avaient
analysée, expliquée, décortiquée au
cours de ces dernières années com¬
me chose ordinaire.
Que de pollutions sonores inutiles,
que de manchettes de journaux
qu'ils soient quotidiens grands pu¬
blics, hebdomadaires, journaux éco¬
nomiques, débats télévisés, du plus
petit au plus grand des médias, ani¬
mateurs compris et chroniqueurs in¬
formés bien entendu qu'il ne s'égo¬
sillent répétant à la trahison d'une
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Chambre & Sénat
Chine infâme qui ne respecte aucun
de ses engagements !
Cette grand-messe s'accompagne
bien entendue, politique oblige de
débats avec nos représentants poli¬
tiques qui en rajoutent à qui le
mieux.
Une belle histoire commence, l'ar¬
roseur arrosé :
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PW-IHJ
Le 1" janvier 2005 le monde poli¬
tique a très officiellement ouvert
nos frontières ainsi qu'il s'y était
engagé par accord dûment signé. Il
semblerait que nos journalistes peu
informés et peu intéressés à s'infor¬
mer soient à la recherche du sensa¬
tionnel se faisant un plaisir d'écrire
avec moultes explications les
contrevérités les plus choquantes
permettant au lecteur d'être induit
en erreur sur la portée réelle des ac¬
cords qui nous engagent.
Un tel empressement à vouloir in¬
former faussement le public reste
des plus blâmables, il semblerait
que le monde de l'information et de
la politique n'ait pas pris toute la
mesure de ses responsabilités à vé¬
rifier, à investiguer avec la plus gran¬
de rigueur avant d'écrire, de dire, de
parler et de commenter en tous
sens un événement programmé et
dont l'échéance leur a échappé mal¬
gré leur professionnalisme !
Clownesque n'est-ce pas ? ou sim¬
ple farce d’étudiants.
Les chiffres lancés à la volée annon¬
çant des hausses d'importations
pour le mois de janvier 2005 de +
de 20 à 500 % laissent pantois. La
plus élémentaire prudence aurait
été de vérifier la véracité de tels
pourcentages.
Techniquement les arrivages de pro¬
duits sur le territoire européen en
provenance de Chine transportée
par bateau sur la première période
du mois de janvier 2005 partaient
du continent chinois au mois de dé¬
cembre 2004. Ces marchandises
étaient donc encore soumises aux
quotas de l'année 2004, ce qui
rend non crédible et les projections
annoncées et les excès quelque peu
démagogiques développés par des
journalistes, politiques et économis¬
tes en marge des réalités. La raison
oblige en tout état de cause à rete¬
nir une fourchette basse et réaliste.
Ces marchandises soumises à quo¬
tas, donc à licence en cas de dépas¬
sement quantitatif se trouvent blo¬
quées par les autorités douanières
ne pouvant rentrer sur le territoire
étant en infraction et de ce fait sou¬
mises à des pénalités et amendes,
séquestrées en entrepôts sous
douane et dans le meilleur des cas
réexpédiées à l'envoyeur à ses frais
ou à ceux du destinataire.
À vouloir aller trop vite, à écouter
uniquement des théoriciens et non
les praticiens de terrain, l'on accu¬
mule les erreurs de jugement et sur¬
tout par manque de technicité des
erreurs de calcul élémentaires.
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Pourquoi ne pas collaborer avec
ceux que l'on appelle les hommes
de l'art en la matière, les experts de
terrain qui pourraient apporter leur
connaissance, leur savoir-faire per¬
mettant une meilleure appréhen¬
sion du terrain et des projections
plus réalistes sur l'avenir concernant
les secteurs d'industrie, de commer¬
ce, de services et de recherche tech¬
nique ou fondamentale qui sont
leurs.
Il y a 10 ans lorsque fut décidé la
fin de l'encadrement des quotas le
coût du travail en France n'était pas
obéré par les réformes Aubry dont
l'influence sur les industries de
main-d'oeuvre que sont le textile
cuir habillement permettent sans
grande difficulté d'imaginer une
hausse directe induite sur les coûts
de la masse salariale au minimum
de 10 à 20 %, une majoration qui se
trouve cumulée à chacun des ni¬
veaux de la composante de transfor¬
mation des produits, le différentiel
ainsi répercuté engageant dès lors
les entreprises vers une délocalisa¬
tion des fabrications vers des sites
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Chambre & Sénat
extérieurs à l'hexagone sans pour
autant que les centrales syndicales
ouvrières n'informent leurs adhé¬
rents à cette époque du risque qu'ils
leur faisaient courir.
... les mêmes aujoud'hui...
Le plus surprenant aujourd'hui est
d'entendre les mêmes nous annon¬
cer la fin programmée de la filière
française textile habillement, des ac¬
tivités de mode, bien que Paris nous
l'espérons restera encore la capitale
incontestée du secteur mode et
beauté, ce malgré là aussi une des¬
truction programmée du tissu ur¬
bain de la ville par une municipalité
engagée dans des travaux destruc¬
teurs amenant à la fermeture de ce
qui a fait la richesse de notre cité,
l'artisanat, l'art, le commerce de pro¬
ximité et les services.
... Paris régresse...
Nos visiteurs étrangers acheteurs de
notre mode, de nos créations et de
notre savoir-faire nous le disent
Paris régresse, ils ne comprennent
plus tous ces pieux enfoncés dans
les trottoirs de la ville, ces tranchées
désertes construites sur nos belles
avenues. Ils ne comprennent plus
pourquoi il leur est interdit lorsque
chargés de bagages, de colis, d'a¬
chats ou de marchandises en voitu¬
re, ils ne peuvent plus librement cir¬
culer et s'arrêter pour décharger ou
charger ces mêmes bagages, achats
et marchandises. ..
Oh surprise ! Nous suivons les pré¬
conisations de nos grands maîtres
de l'économie et suivons leurs
conseils, nous exportons notre sa¬
voir-faire et notre création vers ces
nouveaux concurrents de l'Asie et
leur demandons de réaliser clé en
main le produit de nos recherches.
Nous exportons dans la foulée sui¬
vant la mode et les modèles qui
nous sont proposés par nos écono¬
mistes chéris le service après-vente,
celui des renseignements, du dé¬
marchage.
Combien d'heures gâchées en ap¬
pels téléphoniques surtaxés et répé¬
titifs, à la qualité médiocre, aux ré¬
sultats des plus aléatoires, souvent
infructueux, ceci semblerait être une
caricature mais cela est une réalité
vécue à plusieurs reprises au cours
de ces derniers mois bien que je
sois un professionnel averti, aventu¬
res identiques et répétitives pour
certains de mes confrères experts
de qualité.
... Et si...
Et si la France, l'Europe, hommes
politiques de tous bords, journalis¬
tes, syndicalistes, défenseurs du ci¬
toyen communiquaient enfin loyale¬
ment pour que passe l'information
sur le juste prix de la qualité des
produits, des services que nous
achetons et que nous consommons,
que nous puissions connaître leurs
origines afin d'avoir le libre choix,
pour qu'enfin les citoyens que nous
sommes, les consommateurs que
nous représentons soient en mesu¬
re de connaître la nature exacte de
ce qui nous est proposé, environne¬
ment social, hygiène de travail, com¬
position, ainsi que l'impact que
nous devons en attendre en rapport
avec notre emploi, notre santé et
pour l'avenir de nos enfants.
Il paraît difficile de faire tout à la fois
la promotion d'une distribution de
masse en grandes surfaces, au rap¬
port qualité-prix souvent défaillant
pour l'acheteur, bas de gamme, par¬
fois contrefaisant les produits origi¬
naux, détruisant par milliers les em¬
plois de ceux là mêmes qui les
achètent, le tout sans que organisa¬
tions de défense des consomma¬
teurs, journalistes, officines d'études
économiques, n'en informent leurs
lecteurs, auditeurs et citoyens.
êê
... vouloir réapprendre...
Vouloir réapprendre le plaisir de fai¬
re, de construire, de connaître, de
savoir, d'analyser, de créer, d'inno¬
ver, de se dépenser, de travailler
sans attendre que l'autre se substi¬
tue à vous semble être la meilleure
parade à une invasion possible mais
non certaine des produits venus
d'ailleurs.
Juste retour des choses, mettons
tout notre savoir-faire en oeuvre, et
sans prétention aucune, offrons à ce
monde lointain les produits France
et la griffe Paris, 2 mots magiques
qui les font rêver mais qui se doi¬
vent d'être dignes de l'image, de la
qualité que nous avons héritées de
nos parents et qui ont fait la réputa¬
tion dont nous jouissons toujours.
Confiance, ayons confiance en nous
et en nos produits, en nos griffes, en
nos marques, en nos créations, en
nos tours de mains et affrontons
tous ensemble ce vaste monde qui
nous ouvre les bras.
Être vigilant au jour le jour, à court
terme, à long terme est une éviden¬
ce que nombre de nos responsables
oublient.
Avoir oublié que nous étions le l€r
janvier 2005 pour tous ceux qui ont
suivi de près les discussions ayant
abouti à la suppression des accords
multifibres, oblige à se demander si
la confiance que nous voulons avoir
en nos pays de démocratie reste
une réalité. La somnolence qui nous
entoure avec son silence interroge
de plus en plus de citoyens qui ne
comprennent plus le sens des mots
qui leur sont transmis en rapport
avec la vérité et la dureté de la vie
qui est celle de chaque jour.
La Chine se met au travail, la
France s'est mise au repos, en
week-end prolongé, en RTT...
UN DOSSIER À SUIVRE !

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