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Formation Collège au Cinéma 2015 / 2016
Cinéma Eldorado – Dijon
- WADJDA Bande annonce Wadjda
https://www.youtube.com/watch?v=1YpNAKCIWt8
Le pitch / Contexte
Film de Haifaa Al-Mansour sorti en France en Fév. 2013.
Durée : 1h38.
Film qui a obtenu de nombreuses récompenses :
- Prix du meilleur film Art et Essai à la Mostra de Venise de 2012
- Distingué à Cannes en 2013 par le Prix France Culture Cinéma : « Révélation »
Synopsis :
Wadjda est une fille de douze ans qui habite dans la banlieue de Riyad, capitale de
l’Arabie Saoudite (ville la plus peuplée du Royaume avec presque 5 millions d'habitants).
Bien qu’elle grandisse dans un milieu conservateur, c’est une fille pleine de vie qui porte
jeans et baskets, écoute du rock et ne rêve que d’une chose : s’acheter le beau vélo
vert ...
Dans ce film, la réalisatrice dévoile les dessous de la société de son pays et dénonce avec
subtilité le poids des traditions et de la religion.
Film tourné dans le royaume d'Arabie Saoudite :
Cartes Arabie Saoudite
Premier long métrage saoudien réalisé au coeur du Royaume, les précédents films
saoudiens ayant été tournés dans d'autres pays, comme les Emirats Arabes Unis.
L'événement est d'autant plus mémorable que c'est un film mis en scène par une femme.
Le royaume d'Arabie saoudite, est une monarchie absolue islamique.
C'est le plus grand pays du Moyen-Orient avec une superficie de plus de deux millions de
kilomètres carrés, et le deuxième par sa superficie des pays du monde arabe, après
l'Algérie.
Le pays a l'islam wahhabite pour religion d'État et abrite les deux plus importants lieux
saints de l'islam : la Mecque et Médine. L'ensemble du pays est considéré comme une
mosquée ou le Vatican de l'islam, ce qui interdit tout autre culte.
Les femmes sont entièrement voilées dans la rue.
Elles n'ont pas le droit de conduire : on le voit dans le film. Exemple de la croissance et de
la multiplication des sociétés type Uber etc. (notamment à Riyad, la capitale). Les femmes
utilisent plusieurs fois par jour le taxi.
Photo Soirée TV en arabie saoudite
Autres interdictions : elles ne peuvent pas se déplacer sans l'autorisation d'un tuteur, se
marier par amour, faire du vélo : là encore exemple que l'on retrouve dans le film.
Autre interdit pour tous les saoudiens : le cinéma.
Dans le film le lien entre les 2 interdits semble évident.
Le lieu majeur de l'interdit c'est bien entendu la rue ou encore la voiture en contradiction
avec l'espace « clos » de la maison là où les femmes ont plus de libertés.
Le Portrait de la Réalisatrice : Haiffaa Al Mansour
Photo de la réalisatrice
1ère réalisatrice saoudienne, née en 1974.
Haifaa al-Mansour = «celle à qui la victoire a été donnée»
C'est la 8ème d'une fratrie de douze enfants, elle a grandi dans une petite ville d'Arabie
saoudite. «Mon père n'était pas polygame! dit-elle avec humour. Il aimait profondément ma
mère et l'a épousée alors qu'elle était âgée de 15 ans. Il l'a poussée à continuer ses
études.» Ce père était consultant et poète. «Gamine, quand je lui ai dit que je voulais
devenir astronaute, il m'a encouragée. Plus tard, lorsque j'ai changé d'avis pour devenir
cinéaste il m'a soutenue.»
C'est son père, fou de cinéma, qui lui fait découvrir sur des cassettes vidéo les films de
Bruce Lee, de Jackie Chan et les mélodrames égyptiens. «Ce n'était pas du grand cinéma
intellectuel mais il m'a permis de rêver et de trouver ma vocation.»
Elle a d'abord étudié la littérature à l'université Américaine du Caire
Elle réalise ses trois premiers courts-métrages (en 2004/2005) qui ont remporté du
succès.
Who ?, The Bitter journey , The only way out.
Elle réalise ensuite un documentaire de 45 minutes : Women Without Shadows (Des
femmes sans ombre)
La condition des femmes est déjà un sujet récurrent chez Haifaa puisque Who ? c'est
l'histoire d'un sérial killer qui se déguise en femme voilée pour tuer.
Dans Des femmes sans ombre on retrouve de multiples entretiens de femmes en abayas
ou têtes nues qui parlent de leurs conditions aux prises avec le machisme rétrograde et la
religion extrémiste.
Trailer Femmes sans ombre
https://www.youtube.com/watch?v=76mKwS3mAZ4
Ce film a vraiment questionné l'absence de salles dans le royaume (salles qui ont été
fermées début des années 80 lors du mouvement du « renouveau islamique »)
Concernant l'absence des salles dans le royaume: En 2006, le court-métrage/documentaire Cinéma
500 km, dirigé par Abdullah Al-Eyaf, qui a été tourné principalement à Bahreïn, traite de l'interdiction
des salles de cinéma dans le pays. On y retrouve un jeune fan de films arabes qui se rend à Manama
pour voir une salle de cinéma, puisqu'il n'y en a aucune en Arabie Saoudite.
Reportage absence de salles de cinéma sur la BBC en 2007 (avec intervention de Haifaa)
https://www.youtube.com/watch?v=xJUGuN5A4FY
C'est en présentant ce documentaire : Des femmes sans ombre au consulat américain
de Riyad qu'elle rencontre l'attaché culturel américain, qu'elle épousera par la suite.
Ils partent peu après pour l'Australie où elle obtient un master de cinéma à l'Université de
Sydney, passent par Washington et vivent aujourd'hui avec leurs deux enfants, âgés de 3
et 5 ans, à Bahreïn (petit pays insulaire sur la côte ouest du golfe Persique) où son mari
est en fonction.
Photo Bahrein
Réalisation de Wadjda
Wadjda est sa première oeuvre de fiction.
Elle y a glissé des souvenirs personnels. «J'ai reconstruit mon monde», confie-t-elle.
Son école ressemblait à celle décrite dans le film.
La directrice de l'établissement aussi qui est devenue fondamentaliste après la révélation
de sa relation amoureuse.
Tout comme sa petite héroïne, Haifaa rêvait d'un vélo vert que son père lui a offert. Elle
n'avait pas le droit de s'en servir en dehors de la maison.
Elle psalmodiait également le Coran à l'école. «Les études religieuses font partie
intégrante de notre éducation.»
Dans sa classe, des gamines de 13 ans étaient déjà mariées.
«J'ai eu la chance d'avoir été élevée dans une famille traditionnelle mais libérale.»
«La condition de la femme est difficile en Arabie saoudite. J'ai voulu en faire un portrait
honnête, objectif, sans porter d'accusation.»
Son travail, dans son pays, suscite à la fois l'admiration et la controverse, puisqu'elle
évoque souvent des sujets tabous. Elle tente notamment d'incarner la voix des femmes
saoudiennes, dont les conditions de vie sont habituellement passées sous silence.
Cependant pour Wadjda, elle n'a jamais cherché à être dans la caricature, qu'il s'agisse
des personnages de femmes ou d'hommes : "Les femmes et les hommes sont dans le
même bateau, tous soumis à la pression de la société pour se comporter d’une certaine
façon, forcés à agir avec les conséquences du système à chaque décision prise."
Enfin de préciser que les conditions des femmes ont évoluées ces dernières années :il y a
10 ans elles devaient êtres toutes voilées et maintenant elles peuvent sortir à visage
découvert.
Le Financement du film
Co-production Allemagne / Arabie Saoudite :
Compagnie Allemande Razor (Valse avec Bachir) et La société Rotana Studios (Prince AlWalid Ben Talal). Le prince est un progressiste qui veut mettre en avant les femmes. Ce
qui est plutôt étonnant lorsque l'on sait que la « stricte interprétation de la religion exclue
l'art de la vie publique et de la société ».
Le tournage s'est donc fait avec des équipes venues d'Allemagne et d'Arabie Saoudite.
Le tournage
Photo du van
Il a fallu une bonne dose de courage, d'énergie et de volonté, beaucoup d'ingéniosité à
Haifaa pour surmonter les différents obstacles rencontrés au cœur du royaume wahhabite
où le droit des femmes est des plus restreints.
La réalisatrice raconte que le tournage n'a pas toujours été facile pour elle, parce que c'est
une femme : Chaque étape était difficile et c’était une véritable aventure. Je devais parfois
courir et me cacher dans le van - équipé d'un écran, d'où elle dirigeait les acteurs par
talkie-walkie - de la production quand nous tournions à proximité de lieux plus
conservateurs, où les gens auraient désapprouvé la présence d’une femme réalisatrice. Et
qui plus est qui se mélangeait professionnellement avec des hommes sur le plateau. (...)
On a parfois rencontré des passants qui manifestaient leur mécontentement de voir ce
que l’on faisait, mais rien de trop violent", explique-t-elle.
Elle a cependant reçu des menace de mort de la part des plus extrémistes.
Vidéo du tournage de 1min28 à 4min52
https://www.youtube.com/watch?v=zvlL6_2li4g
Casting
Photo de Wadjda + Abdallah + la mère + l'enseignante
Tous les acteurs sont saoudiens. La casting a été long pour trouver l'actrice principale :
refus des parents qui ne veulent pas que leurs filles soient filmées ou encore l'absence
des filles qui ont passé les auditions et ne sont jamais revenues.
Wadjda : Waad Mohammed
La réalisatrice s'est beaucoup inspirée de sa nièce.
Pour le rôle de Wadjda. Elle explique que Waad Mohammed est arrivée, elle a tout de
suite convaincue : elle portait un jean, des Converse, écoutait du Justin Bieber et
faisait déjà preuve d'un tempérament bien trempé.
Personnage rebelle, déterminée : elle veut son vélo. On la voit évoluer tout au long du
film. Les différentes épreuves l'aident à se définir et à progresser.
Wadjda s'affirme comme une jeune fille libre. L'acquisition du vélo va la rendre plus
libre. Mais comment se construit la quète de soi ?
La fillette avait déjà fait un peu de théatre mais c'est son premier film en tant
qu'actrice.
Abdallah : Addullrahman Al Gohani
Le double masculin. Il lui apprend à faire du vélo, l'encourage, lui offre un casque, un
foulard (voir pour parler de la scène où il lui retire son foulard)
Wadjda se mesure à lui dès le début : elle veut un vélo pour le battre à la course : Moteur
initial du film.
Futur mari ?
- Wadjda inscrit le double nom « Abdallah-Wadjda » sur l'arbre généalogique / à la fin du
film Abdallah lui dit qu'il veut l'épouser plus tard.
La mère : Reem Abdullah
C'est une comédienne très célèbre en Arabie Saoudite. Wadjda est tout de même son
premier film au cinéma, sa carrière ayant été exclusivement télévisuelle jusqu'alors.
Assez complice avec sa fille mais s'oppose au vélo au début. À la fin elle lui offre quand
même le vélo.
On voit que la fillette se veut différente : elle joue à la console avec le père. Dans le taxi,
les regards sont divergents.
Interressant jeu de mirroirs lors des abblutions dans la salle de bain : « si tu fais du vélo, tu
ne pourras pas avoir d'enfants » : pb perso de la mère.
Éducation de la mère ambivalente : interdit de chanter qd les hommes sont là mais chante
des chansons d'amour avec sa fille.
Elle l'encourage pour psalmodier le coran, elle est sensible au regard des autres et
pourtant à la fin (ap le concours) elle lui dit « oubli les autres » Le personnage progresse :
entre tradition et modernité. Est-ce le relais de la spectatrice saoudienne ?
L'enseignante : Ahd
Elle a déjà jouée dans The imperialists are still alive ! drame américain de Zeina Durra
C'est l'opposante. Elle est assez tyrannique et en même temps, elle se reconnaît en
Wadjda quand elle lui confie qu'elle était comme ça à son age.
Elle impose une loi morale dont elle souffre elle même. C'est une séductrice (cf. histoire du
voleur)
On voit que Wadjda se contruit à l'inverse de cette directrice.
La Diffusion du film
Le film est montré pour la 1ère fois le 31 Août 2012 au Festival du film de Venise.
Puis le 15 septembre aux États-Unis au Festival de Tellurid
Il sort en France le 06 Février 2013 et connait un vrai succés.
En Israel le 07 Novembre de la même année.
En Turquie le 25 Juillet 2014.
Wadjda sera montré dans le royaume à la télé et sortira en DVD mais, en attendant, il sera
projeté à Bahreïn et au Qatar. Les Saoudiens se rendent tous les week-ends là-bas pour
voir les films dans les salles.
Avec ce film, l'Arabie saoudite a été présenté pour la première fois aux oscars du cinéma
en 2014 dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère.
Le visuel de l'affiche
Le film se part de différents noms en fonction des pays.
Wadjda en France Photo affiche Wadjda
(le plus : analyse de l'affiche : entravement, tension intérieure, soif de liberté etc)
mais également dans d'autres pays Photo autre affiche Wadjda
Pour l'Italie ou encore en Espagne, l'Argentine et le Mexique : le titre s'est métamorphosé
puisqu'il porte le nom de la Bicicletta verde et le visuel est radicalement différent.
Photo affiche la Bicicletta
Certains critiques s'interrogent sur une possible référence à l'influence néo-réaliste
italienne au regard de l'esthétique d'Haifaa Al-Mansou. (documentaire/fiction)
Vidéo de Conclusion
En guise de conclusion : un reportage de 2 min diffusé en Janvier 2013 sur TV5 monde
Reportage Interview Réalisatrice
https://www.youtube.com/watch?v=Kd7zqaqfkAM
Analyse de séquences
> Scènes extérieures : séquence de jeu à 8'10 (course vélo) en parallèle avec la séquence
de l’apparition du vélo de 11'50 à 13'20
(Le vélo dans le cinéma : Jour de fête ou encore la dernière scène d'E.T : liberté)
> Scènes d'intérieur / terrasse : séquence cuisine mère et fille de 20'55 à 23'15 en
parallèle avec la séquence mère fille sur la terrasse où le vélo est dévoilé 1.27'30 à
1.31'37
Espaces contraignants : la madrasa qui ressemble à une prison, la maison familiale en
étoile, le centre commercial (l'espace des wc pour essayer la robe)
–
privation, enfermement
–
espace sombre, plans serré
L'intervalle transgressif : le toit terrasse
–
féminin
–
terrain de jeu
–
la caméra desserre, cadrages plus aléatoires
–
plans en plongée : les personnages maîtrisent le monde
Les espaces libérateurs : l'espace extérieur
–
lumière crue
–
le cadre permet au regard de se promener
–
travelling, mouvement de caméra
–
musique entrainante
Ressources complémentaires
- Interview d'Haifaa Al-Mansour à Cannes en 2013 (4min – sous-titre français)
http://www.allocine.fr/video/video-19513745/
- Interview de Haifaa (30 min - en anglais) :
https://www.youtube.com/watch?v=6-GLlv7t5j8
- Reportage sur la présentation du film Wadjda au festival international de Doubai en
2012 (5 min – en anglais) :
https://www.youtube.com/watch?v=BQJUyq3Qhes
- Exemple en Iran avec le cinéma de Jafar Panahi : Taxi Téhéran
https://www.youtube.com/watch?v=HXbPs8QO-f0