Le Blog de l emploi par Monster au 16 11 2015

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Le Blog de l emploi par Monster au 16 11 2015
Le Blog de l’emploi par le site MONSTER 16Nov.2015
Sophie
Handicaps psychiques et emploi : un état des lieux
Les handicaps psychiques sont des handicaps invisibles, cette invisibilité explique
le nombre de préjugés qui y sont associés. Difficiles à identifier et donc à mesurer,
leur prise en compte en tant que phénomènes de santé publique pose problème. Un
colloque organisé le 6 octobre 2015 par l’association Handi Lyon Rhône leur était
dédié pour dresser un état des lieux de la façon dont ils sont appréhendés dans le
monde du travail, et dégager quelques pistes de réflexion et d’actions à mener.
Marc Thouanel, directeur général de l’association Handi Lyon Rhône, évoque le bilan que
l’on peut tirer dix ans après la promulgation le 11 février 2005 de la loi « pour l’égalité des
droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », il
pointe la situation particulière du handicap psychique : « On note une véritable amélioration
depuis cette loi, cependant les travailleurs handicapés en recherche d’emploi sont plus du
double que les personnes ordinaires en recherche d’emploi. Si en général, des solutions
sont apportées, un cas fait exception, celui du handicap psychique. »
Une étude lancée en janvier 2015 par l’association, sur le thème du handicap psychique et
de l’emploi, a débouché sur le colloque du 6 octobre qui fut l’occasion d’identifier quatre
problématiques.
Un
handicap difficile à définir
Les mots utilisés pour le désigner, le définir varient extrêmement d’une personne, d’une
entreprise, d’une structure à l’autre. De plus, les handicaps psychiques sont très divers, en
termes de nombre et d’échelle d’intensité, et de grandes confusions existent qui rendent
complexe l’approche du sujet.
D’une part, une maladie ne crée pas forcément un handicap car celui-ci est toujours lié à un
environnement, d’autre part, dans le cas de ce type de troubles, « la maladie est invisible,
chronique avec des fluctuations très importantes liées à des facteurs intrinsèques et
environnementaux. Ce sont des éléments importants à prendre en compte pour une
évaluation adaptée. Le projet de vie doit être réaliste et évalué correctement pour ne pas
mener à un échec. Enfin, l’évaluation pluridisciplinaire est aussi dynamique et évolue dans le
temps », a expliqué Madame Charpy, médecin coordonnateur MDMPH (maison
départementale et métropolitaine des personnes handicapées), lors du colloque.
La définition, complexe, est essentielle si l’on veut que les professionnels de l’insertion,
l’entreprise et l’univers médical communiquent et se comprennent. « Ce sont des univers qui
fonctionnent en silos et ne se parlent pas assez », pointe Marc Thouanel.
Un handicap difficile à quantifier
C’est le deuxième handicap en termes de nombre de personnes concernées, derrière le
handicap moteur. Mais les chiffres, aussi, varient : selon l’Insee, 350 000 personnes en
France seraient concernées, selon l’Unafam, elles seraient 600 000. L’OMS prévoit que les
pathologies psychiques représentent la première cause de handicap dans le monde à
l’horizon 2020.
Il faut aussi souligner le fait que la stigmatisation sociale liée aux maladies psychiques freine
souvent la déclaration de RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) et
donc le fait que le handicap soit connu de l’entreprise.
« Il y a actuellement de moins en moins de personnes identifiées ou qui passent dans les
structures médicales ou de type Pôle Emploi et les consultations pour troubles psychiques
se font essentiellement en ambulatoire, des personnes échappent donc à l’identification ce
qui rend difficile la prise en compte de ces troubles en tant que phénomène de santé
publique », explique notre interlocuteur.
L’insertion professionnelle et ses freins
Il faut noter que les représentations négatives existent chez les professionnels de l’insertion
et chez les employeurs – les représentations sont d’autant plus fortes que les difficultés de
ce type de handicap relèvent d’habiletés sociales élémentaires et non de difficultés
techniques. Ces derniers ont la volonté d’employer les personnes qui ont un handicap
psychique mais veulent être accompagnés.
Malgré cette volonté, le sujet dérange. « Globalement, les employeurs sont embarrassés
d’en parler et ensuite, d’agir ; il faut aussi pointer le problème du propre déni de la personne
handicapée », observe Marc Thouanel. En matière de handicap psychique, les conseillers
doivent faire face aux fluctuations de l’état de santé des personnes, au fait que
l’accompagnement demande plus de temps, d’énergie, un suivi plus long, aux préjugés liés
aux peurs, représentations et à la méconnaissance de ces troubles.
Ainsi, deux Français sur cinq associent la maladie mentale à la folie et 35% des Français
seraient gênés de travailler dans la même équipe qu’une personne atteinte de maladie
mentale, de plus, souvent, on l’associe à tort à la déficience mentale. Toutefois une bonne
expérience conditionne aussi de futures embauches.
Le management
« La problématique est de plus en plus prégnante en entreprise et le burnout n’est qu’un petit
élément parmi d’autres. Avant de stigmatiser une personne handicapée, ne doit-on pas se
demander si l’on est en capacité d’accueillir la différence des autres, de faire évoluer sa
structure, de questionner son style de management ? », souligne Marc Thouanel. Face aux
moments de crise et aux situations de souffrance, le management est-il inadapté et lui-même
générateur de troubles psychiques ?
Les troubles psychiques toucheront environ une personne sur quatre au cours de sa vie –
nous sommes tous ou presque concernés –, mais la souffrance psychique n’entraîne pas
toujours un handicap. En revanche, c’est toujours par rapport à un environnement qu’un
handicap se définit, un environnement qui peut être facilitant ou nocif, l’environnement de
travail en l’occurrence.
Il importe de rappeler que, même s’il n’existe pas de méthodologie unique, vu la diversité
des situations et des contextes, « les leviers qui permettent le maintien dans l’emploi sont les
mêmes que ceux qui permettent d’éviter les conditions nocives pour tous ».
Sophie Girardeau
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