tro breiz - Amicale des Bretons de Suisse

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tro breiz - Amicale des Bretons de Suisse
TRO BREIZ(H) !
Vous avez dit « Tro Breiz » ? En breton, vous auriez dit « An Dro Vreizh » ! Ce que nous
connaissons aujourd’hui sous l’appellation TRO BREIZ désignait au Moyen Age le
pèlerinage des Sept Saints de Bretagne. En empruntant un itinéraire précis, le pèlerin allait
s’incliner sur les tombeaux des évêques fondateurs : saint Brieuc et saint Malo dans leur
ville, saint Samson à Dol-de-Bretagne, saint Patern à Vannes, saint Corentin à Quimper,
saint Pol Aurélien à Saint-Pol-de-Léon et saint Tugdual à Tréguier. Ce pèlerinage dessinait
donc un circuit autour de la péninsule armoricaine, d’où le Tro Breiz : Tour de Bretagne.
Les anciens statuts du chapitre de la cathédrale de Rennes accordaient autant d’importance
à ce pèlerinage qu’aux voyages de dévotion faits à Rome, Jérusalem ou Saint-Jacques-deCompostelle.
LES SEPT SAINTS
De la fin du IVe siècle au VIe siècle, l’Armorique devient la terre d’asile de milliers de
Bretons insulaires qui émigrent sous la pression des Pictes et des Saxons. Ces Bretons sont
des chrétiens. Parmi eux des moines qui s’installent en différents endroits pour poursuivre
leur mission d’évangélisation, sept d’entre eux seront considérés comme les « Pères de la
Nation ». Leur histoire nous a été transmise au fil des siècles par les moines, avec plus ou
moins de rigueur et surtout avec quelques brins de merveilleux et de poésie dans le récit :
quand on fait le Tro Breiz, on les rencontre en cours de route !
La plus ancienne mention écrite du culte des Sept Saints de Bretagne est celle contenue dans
le Codex Parisiensis 5275 de la Bibliothèque Nationale. Les Sept Saints y apparaissent sous
leur appellation latine. Cette origine remonterait au XIIe ou au XIIIe siècle. La rédaction
dite « de Paris » de la Chanson de Roland fournit une curieuse mention du culte collectif
des Sept Saints de Bretagne, l’époque de sa rédaction serait antérieure à la première
croisade ( 1095 – 1099 ).
UNE ORIGINE IMPRÉCISE
L’origine de culte des Sept Saints demeure imprécise. Durtelle de Saint Sauveur l’a
attribuée à Nominoë dont le rôle a été déterminant dans la volonté de créer une Église
purement bretonne avec Dol-de-Bretagne pour métropole ( 846 – 907 ? ). Il est hasardeux
d’affirmer qu’il en fut le créateur. Eugène Lefèvre parle de la tapisserie de l’Apocalypse à
Angers, de ses « sept églises d’Asie et de leurs évêques » derrière lesquels il y a surtout saint
Jean et le chiffre sept : le Moyen Age fut aspergé de symboles 7 que l’on retrouvait entre
autre dans l’architecture. Et le Professeur Louis MASSIGNON donnait pour origine du Tro
Breiz un culte païen voué à sept dieux d’Armorique avant l’introduction du christianisme
en Bretagne…
Ce qui est difficilement contestable, c’est que la Bretagne, nation souveraine dès 846, puis
très forte sur les mers, a toujours connu les difficultés du côté de la terre : alliances et
guerres défensives avec les Anglais contre les Francs et les Normands, avec les Normands
contre les Francs, avec les Francs contre les Anglais … Les pèlerins bretons n’avaient pas la
voie libre pour les grands pèlerinages : Saint-Jacques-de-Compostelle, Jérusalem, Rome…
Ils ont fait du Tro Breiz leur grand pèlerinage, l’égal des plus grands ! La piété celtique n’a
pas besoin, pour repères, de grandes cathédrales : on voit des oratoires, des croix au bord
des chemins, de petites chapelles cachées dans la verdure, des ossuaires et des églises nichées
au milieu de villages, d’humbles fontaines à l’eau guérisseuse… C’est là que l’on sent le
mieux l’éternelle et mystérieuse permanence du sacré. Ajoutons une croyance enracinée
dans l’idée même du Tro Breiz : le Breton qui le fera au moins une fois de son vivant est
assuré d’aller au Paradis. Celui qui peut le faire et ne le fait pas du tout, celui là devra le
faire après sa mort, en avançant seulement de la longueur de son cercueil tous les sept ans…
et le Tro Breiz fait plus de sept cents kilomètres !
UNE DISPARITION ÉTRANGE
Pour certains, l’amorce du déclin du pèlerinage et sa disparition totale sont à mettre sur le
compte de l’union de la Bretagne avec la France, le Pouvoir central ayant vu là une
manifestation par trop nationaliste. Pour d’autres, la fin de cette dévotion a eu pour cause
les guerres et les épidémies.
Ce qui est sûr, c’est que la Bretagne a oublié que le XIVe siècle vit encore, en une seule
année, défiler entre trente et quarante mille pèlerins dans les rues de Vannes. Même si tous
ne faisaient pas forcément le tour … Il y avait ceux qui partaient par décision de justice
(imposition du pèlerinage comme un châtiment), il y avait ceux qui l’entreprenaient
volontairement. Ceux pour qui il était une expérience mystique. Ceux qui allaient tout
simplement prier dans les sanctuaires avec toute la ferveur populaire. Ceux qui
accomplissaient un vœu. Ceux qui partaient pour affronter plus particulièrement le
jugement de Dieu, à l’heure de la mort. Ceux pour qui l’ultime but était de mourir sur des
lieux saints. Et il y avait bien d’autres motifs plus ou moins avouables, plus ou moins
religieux...
Après avoir bénéficié de la paix du Prince, le pèlerin du Xe siècle hérita de ce que l’on
appelait la «Paix de Dieu» qui le mettait à l’abri de toute arrestation arbitraire comme de
toute agression. Toute atteinte à sa personne était en effet considérée comme « bris de
sauvegarde » et frappée d’excommunication. Il était par ailleurs exempté de péages et
protégé contre les abus des transporteurs.
Quatre siècles plus tard, rien ne va plus : le pèlerin devient un marginal qu’il faut mater !
Colbert, entre autres, sera de ceux qui ne cesseront de pester contre tout ce qui entretient la
fainéantise… « le trop grand nombre de jours fériés et aussi les pèlerinages qui font perdre
leur temps à des milliers de travailleurs…». Il cosignera d’ailleurs l’ordonnance d’août 1671
pour « empêcher les abus qui se commettent dans les pèlerinages »
LE PÉRIPLE SACRÉ BRETON :
LE RENOUVEAU DU TRO BREIZ !
Depuis 1994, un nouveau TRO-BREIZ a vu le jour : une association de Saint-Pol-de-Léon
s’est attachée à une immense tâche, aussi sympathique que méritoire, à savoir la renaissance
du Pèlerinage des Sept Saints. Une étape par an pendant une semaine d’août devait, en
partant de Quimper en 1994, boucler la boucle et arriver à Quimper en l’an 2000. Le succès
en a été tel qu’un deuxième temporal, celui de Pâques, a été ouvert à ceux qui n’avaient pas
su ou pas pu prendre le départ en 1994. Des pèlerins et aussi des randonneurs font le
parcours des marcheurs du Moyen Age - avec des motivations très diverses, mais où domine
l’amour de la Bretagne …
LE TRO BREIZ, UN ANTIDOTE !
Depuis la nuit des temps, cette route est pleine d’histoires qu’il n’y a qu’à glaner sur les bascôtés, à recueillir dans les maisons, à lire dans les vieilles pierres de granit des chapelles, des
menhirs ou des calvaires… Ce qui est certain, c’est que ces routes ont envie de parler et de
raconter. En quelques mètres, ce Tro Breiz permet de passer du XXe siècle à l’aube du
temps. Ce tour devrait être prescrit par tous les médecins comme un antidote aux troubles
de notre époque, aux angoisses qu’ils engendrent. Ce n’est pas être passéiste ou nostalgique
que de savoir de temps à autre jeter un coup d’œil en arrière pour mieux comprendre le
présent…
L’ARRIVÉE A QUIMPER
La dernière étape s’est déroulée du 31 juillet, départ de Vannes, au 5 août 2000, arrivée à
Quimper : en plus d’une immense assistance, 5.000 à 6.000 pèlerins et marcheurs s’étaient
joints le dernier jour aux 2.000 pèlerins et marcheurs partis de Vannes le lundi, pour
l’arrivée à la Cathédrale Saint-Corentin… On y vit plus de 500 drapeaux et bannières de
localités et de paroisses … La plus grande procession de toute l’histoire de la Bretagne !
ET LA SUITE . . .
En 2001, les pèlerins marchèrent pour « Les Saints de la Montagne » : Le Huelgoat Landévennec. En 2002, mille marcheurs ont traversé la mer pour aller en pèlerinage au Pays
de Galles, terre natale des Sept Saints. En 2003, on a commencé un deuxième Tro-Breiz : de
Saint Pol de Léon à Tréguier. En 2004, Tréguier-Saint Brieuc, en 2005, St Brieuc-St Malo,
en 2006 St Malo-Dol, en 2007 Dol-Vannes, en 2008 Vannes-Quimper, en 2009, bouclage du
2ème tour, Quimper-St Pol de Leon… Et un projet en Irlande…
Écrit par Jakes PAGE, Pèlerin du TRO BREIZ
Pour participer : s’adresser à l’Association « LES CHEMINS DU TRO-BREIZ »,
Place de l’Évêché, BP 119 – 29250 Saint-Pol-de-Leon,
Tél.02 98 69 11 80 - E-mail : [email protected] - Site : http://trobreiz.com
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