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36 Disponible en ligne sur CAS CLINIQUE www.smr.ma Syndrome de moelle bas attachée : à propos d’un cas. Tethered cord syndrome : a case report. Imad Ghozlani1, Abdennasser El Kharras2, Mohammed badaoui3, Abdellah El Maghraoui4 1 Service de Rhumatologie, 1er Centre Medico Chirurgical, Agadir - Maroc. 2 Service d’Imagerie Médicale, 1er Centre Medico Chirurgical, Agadir - Maroc. 3 Service de Medicine Interne, 1err Centre Medico Chirurgical, Agadir - Maroc. 4 Service de Rhumatologie, Hôpital Militaire d’Instruction Mohammed V, Rabat - Maroc. Rev Mar Rhum 2015; 33: 36-8 Résumé Abstract Une jeune fille de 20 ans consulte pour des douleurs périnéales associées à une impériosité mictionnelle évoluant depuis 3 mois. L’examen clinique et le bilan biologique sont sans anomalies. L’échographie réno-vésicale ne montre pas de lésion spécifique en dehors d’un résidu post mictionnel estimé à 80 ml. La cysto manométrie objective une vessie hyperactive et l’IRM du rachis lombaire révèle la présence d’un cône terminal en position basse audessous de L5, avec un cordon médullaire de signal homogène en situation postérieure. Le diagnostic d’un syndrome de moelle bas attachée qui est une complication du dysraphisme spinal est retenu. Sur le plan clinique, le syndrome de moelle bas attachée se caractérise par une myélopathie progressive associée à des troubles urinaires type incontinence, rétention ou infections urinaires à répétition. Les examens urodynamiques ont une place dans le diagnostic et dans le suivi des syndromes de moelle bas attachée. L’IRM reste l’examen de choix pour confirmer ce diagnostic. Le traitement est essentiellement chirurgical. A 20-year-old girl is consulting for perineal pain Mots clés : Key words : Syndrome de moelle attachée; Dysraphisme; IRM. Le syndrome de moelle bas attachée correspond à un ensemble de symptômes provenant d’une traction axiale constante du cône terminal de la moelle épinière, fixé en position caudale anormale. Troubles sphinctériens, dysurie, douleurs périnéales, parésie des membres inférieurs en sont les signes principaux. L’IRM est l’examen de choix. Le traitement repose sur une neurolyse microchirurgicale du cône terminal. Nous rapportons une observation d’une Correspondance à adresser à : Dr. I. Ghozlani Email : [email protected] associated with mictional urgency evolving for 3 months. Clinical examination and laboratory tests are without defects. The renal bladder ultrasound examination is unremarkable. Cystometry shows an overactive bladder. An MRI of the lumbar spine reveals a terminal cone at a lower position below L5 with a spinal cord of homogeneous signal in a posterior position. Tethered cord syndrome (TCS) is a complication of spinal dysraphism. The TCS is characterized by a progressive myelopathy associated with urinary abnormalities such as incontinence, retention or recurrent urinary tract infections. Urodynamic tests have a place in the monitoring of TCS. MRI is an excellent non-invasive technique exploring spinal cord anomalies. The treatment is essentially surgical. Tethered cord syndrome; Dysraphism; MRI. moelle bas attachée du fait de sa rareté et de la pertinence de l’iconographie en la confrontant aux données de la littérature. Observation Une jeune fille de 20 ans, sans antécédents pathologiques particuliers, consulte pour une douleur périnéale évoluant depuis 3 mois dans un contexte de conservation de l’état Revue Marocaine de Rhumatologie 37 Syndrome de moelle bas attachée : à propos d’un cas. général et associée à une dysurie et une impériosité mictionnelle. Elle n’a pas de symptomatologie digestive ou neurologique. L’examen clinique est sans particularités et le bilan biologique est sans anomalies. L’échographie rénovésicale n’a pas montré de lésion spécifique en dehors d’un résidu post mictionnel estimé à 80 ml. La patiente est mise sous traitement symptomatique mais la symptomatologie urinaire s’est aggravée. Une cysto manométrie a objectivé une vessie hyperactive. L’IRM pelvienne est revenue normale mais celle du rachis lombaire a révélé la présence d’un cône terminal en position basse au dessous de L5 avec un cordon médullaire de signal homogène en situation postérieure (figure1,2). Un syndrome de moelle bas attachée est retenu et une prise en charge neuro chirurgicale est indiquée. Discussion Le syndrome de moelle bas attachée est une complication du dysraphisme spinal. L’affection, peut être asymptomatique, est souvent découverte chez l’enfant et rencontrée chez l’adulte [1]. A l’état normal, le niveau du cône médullaire se situe en L1-L2. Au cours de cette affection, il se trouve en dessous de ce niveau, et souvent associé à des malformations congénitales à type de filum épais ou de tumeurs bénignes type de lipome intra ou extradural [2]. En raison des caractéristiques physiques de la moelle épinière et de ses rapports anatomiques, les conséquences de l’élongation touchent essentiellement le cône terminal, ce qui explique que la symptomatologie s’exprime surtout à ce niveau. En effet, le syndrome de moelle bas attachée se caractérise par une myélopathie progressive associée à des troubles urinaires à type d’incontinence, de rétention ou d’infections urinaires à répétition [3]. Cliniquement, on distingue trois syndromes qui peuvent être intriqués [2, 3] : Le syndrome neuro-orthopédique consiste en des déficits moteurs, sensitifs, et parfois trophiques des membres inférieurs à nette prédominance distale, couramment unilatéraux ou bilatéraux mais très asymétriques. Il se traduit par l’association de signes périphériques et centraux et par une anomalie constante des réflexes osteo-tendineux. Il s’y associe des troubles de la marche, une dysmorphie du ou des pieds, une amyotrophie, des troubles vasomoteurs distaux et une scoliose. La douleur localisée à la région ano-périnéale, seul signe présent chez notre patiente, est le principal symptôme chez l’adulte. Le syndrome cutané lombosacré associe le plus souvent par ordre de fréquence un sinus dermique, une voussure sous-cutanée, une tumeur pédiculée, une queue de faune ou un angiome. Ces signes cutanés lombo-sacrés présents dans 90% des cas chez l’enfant, peuvent manquer chez plus de 50% de cas de l’adulte. Figure 1 : IRM lombaire en coupe sagittale T2 montrant la moelle bas insérée. Les troubles sphinctériens sont présents dans 80% des cas. Les troubles urinaires, conséquences de l’hypertonie vésicale, sont plus fréquents que les troubles stercoraux, caractérisés par une constipation opiniâtre avec défécation douloureuse. Une possibilité d’aggravation où d’apparition des troubles neurologiques est possible. Figure 2 : IRM lombaire en coupe axiale T2 à l’étage L5-S1. Cordon médullaire de situation postérieure sans lésion osseuse ni des parties molles para rachidienne. Revue Marocaine de Rhumatologie Les examens urodynamiques ont une place dans le diagnostic et dans le suivi des syndromes de moelle 38 I. Ghozlani et al. CAS CLINIQUE bas attachée. Ils peuvent montrer des troubles de dysfonctionnement vésical , une aréflexie, hyper réflexie vésicale ou une hypocompliance vésicale [4]. Déclaration d’intérêt L’IRM est l’examen de choix pour confirmer le diagnostic et établir un bilan complet et précis, en montrant la situation du cône terminal en position basse au-dessous de L2 et en précisant l’existence ou non d’anomalie congénitale associée notamment un lipome intra ou extradural avec ses rapports anatomiques [4, 5]. Références Notre observation s’intègre au syndrome de moelle bas attachée décrit chez l’adulte jeune dans la littérature. Son originalité tient au fait de la révélation tardive, alors que notre patiente n’avait jamais souffert de troubles neurologiques antérieurement. Le mode de révélation est également inhabituel avec association de signes urinaires et de douleurs ano périnéales sans signes malformatifs ou déficitaires. Les patients asymptomatiques sont suivis à des intervalles réguliers. La prise en charge chirurgicale n’étant pas indiquée dans leurs cas. Par ailleurs, les patients symptomatiques sont candidats le plus tôt possible à une neurolyse par microscope. L’intervention consiste à une laminectomie lombosacrée. Après ouverture de la dure mère, tous les éléments de fixation du cône terminal sont identifiés puis sectionnés sous monitoring éléctro physiologique de la queue de cheval, afin d’éviter une lésion accidentelle per opératoire de ces structures neuronales. Les résultats dans la littérature sont controversés pour les déficits et les troubles sphinctériens mais satisfaisants pour la douleur [2,5]. Conclusion Le syndrome de moelle bas attachée correspond à un ensemble de symptômes relativement rares et variés. Raison pour laquelle il échappe fréquemment à un diagnostic précoce. Un retard diagnostique, responsable d’un retard dans la prise en charge thérapeutique, peut être à l’origine de troubles neurologiques séquellaires invalidants tels qu’une incontinence urinaire chez ces patients relativement jeunes. En ce qui concerne notre patiente, la douleur périnéale a complètement disparu. Toutefois, l’impériosité mictionnelle même si elle a nettement régressée, elle n’est pas complètement résolue. Des séances de rééducation fonctionnelle lui ont été prescrite. Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt. 1. Maurel B, Le Corroller T, Cohen M, et al. [Infrapatellar fat pad: anterior crossroads of the knee]. J Radiol 2010;91: 841—55 2. Wickham MQ, Erickson GR, Gimble JM et al. Multi- potent stromal cells derived from the infrapatellar fat pad of the knee. Clin Orthop Relat Res 2003:196—212 3. Jacobson JA, Lenchik L, Ruhoy MK et al imaging of the infrapatellar fat pad of Hoffa. Radiographics 1997;17:675—91. 4. Kohn D, Deiler S, Rudert M. Arterial blood supply of the infrapatellar fat pad. Anatomy and clinical consequences. Arch Orthop Trauma Surg 1995;114:72—5. 5. Hoffa. The influence of the adipose tissue with regard to the pathology of the knee joint. JAMA 1904;43:795—6. 6. 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