La Fondation BBVA a primé Georges Aperghis pour sa réinvention

Transcription

La Fondation BBVA a primé Georges Aperghis pour sa réinvention
Prix Frontières de la Connaissance dans la catégorie de Musique
Contemporaine
La Fondation BBVA a primé Georges Aperghis pour
sa réinvention du théâtre musical par l'utilisation
des sons, des gestes, des technologies et des
espaces en intégrant les interprètes au processus
créatif de composition

Le maître grec installé en France crée, compose et met en scène des
spectacles où frontières entre théâtre et musique s'estompent et où acteurs
et musiciens se transforment en hybrides capables d'échanger leurs rôles

Le jury a souligné qu'Aperghis avait capté de nouveaux publics et réussi à
intégrer la musique contemporaine à l'expérience théâtrale commune. En
1976, il a créé un laboratoire théâtral dans une banlieue française où il a
impliqué les habitants au sein d'improvisations collectives

Dans sa recherche d'un langage universel, il remplace les mots par des
phonèmes et des onomatopées et arrive à créer des langues imaginaires
qui s'inscrivent dans le sillage de la poésie sonore
Madrid, 9 février 2016.- Le Prix de la Fondation BBVA dénommé Frontières de la
Connaissance dans la catégorie de Musique Contemporaine a été décerné dans
le cadre de sa huitième édition, à Georges Aperghis pour sa réinvention et son
innovation appliquée au théâtre musical.“Il a ouvert une voie singulière dans le
domaine du théâtre musical qui intègre de nouveaux dispositifs scéniques où tout
se transforme en musique en se fondant sur la gestuelle des interprètes et en
introduisant les bruits extraits des éléments de décoration ou d'autres objets utilisés
comme percussion” ; c'est ce qu'a déclaré le procès-verbal du jury.
Le jury a également insisté sur le fait que le théâtre musical d'Aperghis a capté de
nouveaux publics et réussi à “inclure la musique contemporaine dans l'expérience
théâtrale commune”. Pour y arriver, l'auteur a joué avec toute une série
d'éléments -voix, bruits, gestuelle, langage, vidéos, espace scénique et lumièresqu'il a par la suite traduits en musique. Le jury identifie dans son œuvre, l'esprit
même de ces prix dans la mesure où l'on va au-delà des frontières entre théâtre
et musique. Hier encore, le gagnant du prix l'exprimait dans ces mots: “Pour moi, il
n'y a pas de frontières entre la musique et le théâtre mais bien plus une continuité
au sein de laquelle l'action théâtrale n'est qu'une extension de la musique et la
musique représente l'action”.
Aperghis est autodidacte. Né à Athènes, Grèce, en 1945, au sein d'une famille
d'artistes, il a découvert la musique grâce à la radio et aux cours de piano qu'il
suivait auprès d'une amie de la famille bien qu'il n'intégra jamais le conservatoire.
À 17 ans, il s'installe à Paris pour y poursuivre ses études de musique. “C'était
curieux mais surtout, j'écoutais de la musique du monde entier. J'allais presque
tous les jours à un concert, à l'Unesco, au Musée de l'Homme qui proposait des
concerts de musique asiatique. J'adore également le rock : j'ai vu les Beatles jouer
à l'Olympia, les Rolling Stones au Palais des Sports, Pink Floyd sur les ChampsÉlysées... J'allais voir les compositeurs avec mes travaux sous le bras. C'est de cette
manière que j'ai connu Iannis Xenakis”.
C'est à Paris qu'il rentre en contact avec le monde du théâtre et qu'il s'initie au
sérialisme du Domaine Musical, concrètement avec la musique de Pierre
Schaeffer et de Pierre Henry ou encore avec les œuvres de Iannis Xenakis, qui
l'ont énormément inspiré dans ses premiers travaux.
Un laboratoire d'expérimentation avec le théâtre musical
Vers les années 1970, il décida d'approfondir dans un langage plus libre et
commença ses recherches et ses explorations sur le son de la voix.
Particulièrement intéressé par le théâtre musical, il compose en 1971 sa première
œuvre dans ce registre, œuvre dénommée La tragique histoire du nécromancien
Hiéronimo et de son miroir. Dans cette œuvre, il commence à mêler musique,
mots et scénario et y reflète son élan innovateur qu'il allait synthétiser quelques
années plus tard de la manière suivante: “S'il y a quelque chose dont je suis sûr
c'est que l'on ne doit jamais retourner vers le passé et moins encore à quelque
chose qui ait été créé après la seconde Guerre Mondiale”.
En 1976, il fonda en compagnie de sa femme, l'actrice Édith Scob, l'Atelier Théâtre
et Musique (ATEM) situé dans la banlieue parisienne, à Bagnolet, jusqu'en 1991
puis, au Théâtre Nanterre-Amandiers. C'est là qu'il a intégralement renouvelé sa
vision et son approche de la composition. Il convertissait les musiciens en acteurs
et intégrait à ses œuvres, des ingrédients vocaux, instrumentaux, gestuels et
scéniques selon des proportions égales. Ses spectacles s'inspirent de situations de
la vie quotidienne qui sont transposées à l'espace poétique avec des tonalités
satiriques, voire même absurdes. Pendant deux décennies, l'activité d'Aperghis
dans le cadre de l'ATEM s'est traduite par une vingtaine de compositions parmi
lesquelles figurent Jojo (1990), Sextuor (1993) et Commentaires (1996).
Bien qu'il soit à la fois créateur, metteur en scène et compositeur, il intègre les
interprètes à son processus de création, que ceux-ci soient musiciens, acteurs,
chanteurs ou danseurs. “Ce n'est en aucun cas un musicien conventionnel qui
propose à ses interprètes une partition fermée mais ils travaillent ensemble au sein
d'un processus de recherche, d'approfondissement où se déclarent des
phénomènes que l'on pourrait appeler “hybridation”: les acteurs se transforment
en musiciens et vice-versa” explique le jury.
Aperghis recherche un langage universel au sein duquel l'essentiel n'est pas le
texte mais où les mots sont remplacés par des onomatopées, des phonèmes et
des bruits. Cette fragmentation est articulée autour d'un montage surréaliste où se
créent des langues imaginaires qui s'inscrivent dans le sillage de la poésie sonore.
Tout comme il le dit lui-même, la priorité est de travailler avec la mémoire du
public. “Il faut avant tout que le public reconnaisse où se trouve la chaleur, où se
trouve l'espace, où se trouvent certains contrepoints ; si j'arrive à faire cela, je leur
transmets un autre message qui est différent du contexte et j'ai alors l'impression
que le public joue et interagit également avec la musique”.
Tout comme sa musique instrumentale peut être assimilée à des récitations
vocales car, bien plus que de rechercher un sens, il tente de trouver le sens dans
la confrontation avec le public auquel il propose des paradoxes ou des éléments
ludiques grâce auxquels, il cherche à la fois à provoquer leur réaction et leur
réflexion.
Le jury voit dans l'œuvre d'Aperghis, une rupture avec les tendances les plus
conventionnelles de la musique contemporaine: “Il n'y a ni métaphysique, ni
prétention intellectuelle, il compose une musique concrète, directe, fondée sur la
gestuelle, la corporalité et sur le recours aux progrès de la recherche actuelle sur
le son, le langage et leur interaction mais également sur les nouvelles
technologies et la vidéo”.
À partir des années quatre-vingt-dix, grâce aux moyens que l'Institut de
Recherche et Coordination Acoustique/Musique (IRCAM) met à sa portée,
Aperghis incorpore les nouvelles technologies à son travail : vidéo, électronique et
traitement du son en temps réel. “Grâce à l'électronique, je peux réaliser des
choses qui ne sont pas à portée de la voix : étaler dans le temps un son parlé,
créer une chaîne de mots à partir de la voix, manipuler différents registres,
superposer des voix et même éliminer des syllabes. Il existe une poétique
particulière propre à l'électronique : le même type d'émotion que nous ressentons
lorsque nous voyons un robot pleurer ou mourir”.
Une grande partie de ses plus de cent œuvres provient du registre du théâtre
musical, genre qu'il a non seulement révolutionné mais aussi où il se sent le plus à
l'aise. “J'investis beaucoup de temps à répéter les œuvres, moments où je peux
aussi bien me perdre que me retrouver une fois de plus avec les interprètes.
J'assume des risques comme par exemple, d'arriver avec des fragments de texte
et de musique pour achever l'œuvre sur le registre théâtral propre”. Son répertoire
est complété par des airs d'opéra, de la musique de chambre, des chorales, de la
musique uniquement instrumentale ou de la musique d'orchestre.
À propos des Prix de la Fondation BBVA Frontières de la Connaissance
La Fondation BBVA encourage, soutient et diffuse la recherche scientifique et la
création artistique d'excellence, en partant du principe que la science, la
connaissance et culture sont des outils fondamentaux permettant d'étendre les
opportunités à tous. La Fondation BBVA conçoit et développe son activité en
collaboration avec quelques unes des principales institutions scientifiques et
culturelles nationales et internationales, dans l'optique de primer les projets qui
déplacent de manière significative les frontières du connu.
En 2008, la Fondation BBVA créa les Prix Frontières de la Connaissance pour
reconnaître le travail des auteurs responsables de progrès éminemment
significatifs dans des domaines aussi divers que la science, la technologie et l'art,
qui répondent au cadre des connaissances émanant de la dernière partie du
20ème siècle ainsi que de notre époque actuelle ou encore aux défis
fondamentaux que peuvent représenter le changement climatique ou la
coopération au développement.
Les huit catégories incluent des domaines classiques comme les Sciences
Élémentaires (Physique, Chimie et Mathématiques) mais également d'autres plus
récents comme la Biomédecine ; d'autres plus caractéristiques de notre temps Technologies de l'Information et la Communication, Écologie et Biologie de la
Conservation, Changement Climatique, Économie, Finances et Gestion des
Entreprises ou Coopération au Développement ; et un autre domaine en rapport
avec les arts et particulièrement innovateur, la Musique Contemporaine.
Les jurys de chaque catégorie sont composés d'experts reconnus dans leurs
domaines, qui fonctionnent en parfaite indépendance et se fondent sur des
critères de reconnaissance de l'excellence. En ce qui concerne l'organisation des
prix, la Fondation BBVA bénéficie de la collaboration du principal organisme
public espagnol de recherches, le Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique
(CSIC). Le CSIC désigne les commissions techniques d'évaluation chargées de
procéder à une première estimation des candidatures puis de proposer au jury,
une liste étayée de finalistes. Le CSIC désigne également la Présidence de
chacun des jurys.
Dans la catégorie de Musique Contemporaine, les membres de la Commission
technique du CSIC étaient José Antonio Berénguer Sánchez, chercheur
scientifique et coordinateur du domaine des Sciences Humaines et Sociales de
l'Institut des Langues et Cultures du Bassin méditerranéen et du Proche-Orient du
Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique (ILC-CSIC) ; Antonio Ezquerro
Esteban, chercheur scientifique de l'Institution Milá y Fontanals du Conseil
Supérieur de la Recherche Scientifique (IMF-CSIC) ; Josep Martí Pérez, chercheur
scientifique de l'Institution Milá y Fontanals du Conseil Supérieur de la Recherche
Scientifique (IMF-CSIC) et Emilio Ros Fábregas, chercheur scientifique de
l'Institution Milá y Fontanals du Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique
(IMF-CSIC).
Jury de Musique Contemporaine
Le jury chargé de cette catégorie est présidé par Philippe Albèra, directeur des
Éditions Contrechamps (France) et a désigné comme secrétaire, Ranko Markovic,
directeur du Cursus du Programme de Musique de l'Université de Zurich (Suisse).
Quant au reste des membres, la commission est composée de Martin
Kaltenecker, professeur associé de Musicologie de l'Université Diderot Paris VII
(France); Tilman Kuttenkeuler, directeur général de l'Orchestre symphonique de
Radio Berlin (Allemagne); Paolo Pinamonti, directeur du Théâtre di San Carlo
(Italie); Dimitri Vassilakis, pianiste de l'Ensemble Intercontemporain (France);
Winrich Hopp, directeur artistique du Musikfest Berlin et du Cycle de concerts de
Musique en direct (Allemagne) ; Gianni Possio, professeur du Conservatoire de
Milan (Italie); et Massimo Acanfora Torrefranca, professeur du Centre
Interdisciplinaire Herzliya (Israël).
Gagnants des précédentes éditions
Découvrez les gagnants des précédentes éditions en cliquant sur le lien :
http://www.fbbva.es/TLFU/tlfu/esp/microsites/premios/fronteras/galardonados/20
15/index.jsp
CALENDRIER DES PROCHAINS PRIX
CATÉGORIE
DATE
Economie, Finances et Gestion des Entreprises
Mardis, 16 février 2016
Coopération au Développement
Mardi, 23 février 2016
PREMIÈRES DÉCLARATIONS ET IMAGES DU GAGNANT
Vous pouvez accéder à la vidéo présentant la première interview réalisée avec
le gagnant après avoir remporté le prix au FTP d'Atlas grâce aux coordonnées
et au nom suivants :
Serveur : 213.0.38.61
Utilisateur : AgenciaAtlas5
Mot de passe : premios
La vidéo est intitulée :
“PREMIO
FRONTERAS
DEL
CONOCIMIENTO
CONTEMPORÁNEA GEORGES APERGHIS”
CATEGORÍA
MÚSICA
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