Pieter BRUEGHEL LE JEUNE, Le Paiement de la dîme

Transcription

Pieter BRUEGHEL LE JEUNE, Le Paiement de la dîme
XVIIe siècle / Pays-Bas / Anvers / Paysage
Musée des Beaux-Arts de Caen – salle 2
Étude d’une œuvre…
PIETER BRUEGHEL LE JEUNE, DIT D’ENFER
(Bruxelles, 1564 –Anvers, 1638)
Paiement de la dîme
Ou Dénombrement de Bethléem
D’après Brueghel l’Ancien
Fiche technique
H. 1,1 x L. 1,6
Panneau de chêne
Musée des Beaux-Arts de Caen / Étude d’une œuvre : Pieter Brueghel le Jeune, Le Paiement de la dîme / 2012
ÉLEMENTS BIOGRAPHIQUES
L'art de peindre s'est transmis aux Pays-Bas dès le XIVe siècle à travers les guildes, corporations qui organisent la
profession et l’apprentissage des artistes. La tradition est transmise aussi de génération en génération par des
dynasties d'artistes, comme les Brueghel.
Pieter Brueghel l’Ancien (1525-1569)
Vers 1525 : naissance à Bruegel, village du Brabant.
1551 : après avoir d'abord été l'élève de Pieter Coecke d'Alost, Pieter Brueghel devient franc-maître de la guilde
d'Anvers.
1552-1553 : voyage en Italie, dont il rapporte, non des croquis d’après l’antique, mais de nombreux dessins de
paysages, souvent réutilisés dans ses peintures ultérieures.
1553 : retour à Anvers, où il dessine de grands paysages, diffusés sous forme de gravures, qui connaissent un
immense succès. L’homme, partout présent, n’est qu’un élément d’une nature immense.
Il nous reste de lui 45 tableaux signés, inscrivant des thèmes traditionnels dans le contexte populaire et
contemporain du peintre (Les Chasseurs dans la neige, Le Pays de Cocagne). Cette innovation iconographique, qui
évoque la Renaissance, n'empêche pas de retrouver dans ses œuvres l'atmosphère de troubles et de peur du
jugement dernier caractéristique du moyen-âge.
Pieter Brueghel le Jeune (dit aussi Brueghel d’Enfer) (1564-1638)
Fils aîné de Pieter Brueghel et frère de Jan Brueghel, Pieter Brueghel le
Jeune a modifié l'orthographe de son nom, signant Breughel, pour se
différencier de son père.
1569 : son père meurt, alors que Pieter n’a que cinq ans. Il est initié à la
peinture par sa grand-mère maternelle.
1585 : il est reçu franc-maître. Il se retrouve vite à la tête d'un atelier très
productif et a de nombreux élèves (dont son fils Pieter III). Spécialisé dans
l'imitation en multiples exemplaires des œuvres de son père, il conservera
toute sa vie le style du réalisme flamand. C'est ainsi qu'il subsiste une
douzaine de copies du Dénombrement de Bethléem, intitulé aussi Le
Paiement de la dîme, une peinture de Pieter Brueghel l'Ancien que l'on
peut voir aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (Bruxelles). C'est
d'ailleurs à travers les excellentes copies du fils que l'on connaît certains
originaux disparus du père.
Anton van Dyck, Portrait de Pieter Brueghel le Jeune, 1ère moitié du
XVIIe siècle
Musée des Beaux-Arts de Caen / Étude d’une œuvre : Pieter Brueghel le Jeune, Le Paiement de la dîme / 2012
ÉTUDE DE L’ŒUVRE
Présentation
Sujet
La scène est inspirée de l'Évangile selon saint Luc (II, 1-5) : il s’agit du premier recensement ordonné par
l’empereur Auguste : chacun devait aller se faire enregistrer dans sa ville d’origine. Joseph partit ainsi avec Marie
pour le village de Bethléem en Judée. C’est pendant ce séjour que naquit Jésus.
Cependant, au thème du dénombrement s'associe celui du paiement de la dîme, évoqué dans La Légende dorée,
composée vers 1265 par Jacques de Voragine, œuvre très célèbre au moyen-âge (cf. Repères à la fin du dossier).
Le peintre s’est un peu éloigné de ses sources. En effet,
Brueghel représente la scène dans un village brabançon
envahi par la glace et la neige. La Vierge, bien
reconnaissable à son grand manteau bleu, porte déjà
l’enfant Jésus. Le groupe de soldats que l'on découvre
dans la partie supérieure droite du tableau annonce le
massacre des innocents ordonné par le roi Hérode, en
même temps que le dénombrement. Le tableau semble
ainsi évoquer l’épisode suivant de la fuite en Egypte (cf.
« Repères »).
Composition
Cette vue plongeante de la scène ne nous permet pas de suivre des lignes de fuite. Le spectateur est confronté à
de multiples lignes de force qui l'obligent à parcourir la totalité du tableau. Par exemple, si la Vierge avec son
grand manteau bleu se trouve sur un axe vertical au tiers droit du tableau, ce sont les quatre chariots qui en
occupent le centre, inscrits dans un triangle inversé dont la base correspond au haut du tableau et le sommet au
point médian du bas du tableau.
De plus, beaucoup d’éléments contribuent à nier toute profondeur au tableau, à en redresser le plan, à lui donner
une surface relativement uniformisée :
Musée des Beaux-Arts de Caen / Étude d’une œuvre : Pieter Brueghel le Jeune, Le Paiement de la dîme / 2012
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une ligne d’horizon placée très haut qui ne laisse apparaître qu’une mince bande de ciel à l’unisson de la
couleur du paysage
la lumière diffuse et homogène de l’hiver
la répartition des groupes de personnages relativement régulière sur la surface du tableau
les accents de couleur vive (rouge, bleu) disséminés sur toute la surface
la précision identique des détails, qu’ils soient proches ou lointains
Couleurs
La palette est constituée de camaïeux de gris et de bruns rehaussés d’accents colorés plus vifs (rouge, bleu) qui
font contraste sur une teinte assez homogène.
Le sacré et le profane
Le tableau illustre un épisode de la Bible, mais le peintre l’a déplacé dans le pays brabant de son époque, ce qui
contribue à lui donner une dimension profane et autorise plusieurs lectures.
Certains critiques interprètent l'église (au fond à
gauche) comme le symbole du christianisme et la
ville en ruines (au fond à droite) comme les ruines
du paganisme. On peut cependant être surtout
sensible à la description de la vie du village, en
particulier le paiement de la dîme par les
contribuables massés devant l’auberge à
l'enseigne d'une couronne verte, placardée aux
armes de Charles Quint, mais aussi l'égorgement
du cochon, les parties de boule de neige, les
charpentiers qui dressent un échafaudage….etc…
Le tableau illustre alors la vie ordinaire sous
toutes ses facettes et a l’attrait de ces images
pour enfants où l’on aime partir à la recherche
de situations connues peuplées d’une
multitude de petits personnages.
Presque tous les motifs sont empruntés à l’enluminure, mais tout est ici amplifié et
rendu vivant par une observation précise du réel. Par exemple, le motif de
l’égorgement du cochon fait partie des scènes couramment utilisées pour illustrer
les travaux du mois de décembre dans les calendriers, comme en témoigne cette
illustration du Rustican (ci-contre, vers 1306, Chantilly, musée Condé), traité
d’agriculture de Pierre de Crescens (1233-1321) qui connut un vif succès au XIVe
siècle dans toutes les cours d’Europe.
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Pourtant, dans la représentation de cette
communauté paisible et confiante perce une
inquiétude face à la menace annoncée à
l’arrière-plan du tableau : en effet, au
recensement succèdera la mise à mort des
innocents ordonnée par Hérode. C’est ce
second épisode que Brueghel décrira dans son
Massacre des Innocents. Par ailleurs, l’image de
l’humanité inconsciente des dangers qui la
guettent est présente dans d’autres œuvres de
l’artiste, telles que le Paysage d’hiver avec
trappe aux oiseaux et le Proverbe du dénicheur.
Pieter Brueghel le Jeune, Le Massacre des Innocents, vers 1610, collection particulière
Le paysage du monde
On assiste ici en quelque sorte à un renversement d’échelle, qui inverse
la formule des tableaux religieux traditionnels à la Renaissance : du
paysage vu à travers d’étroites fenêtres donnant sur des lointains ou
réduit à un simple décor, on passe à un immense paysage dans lequel
le sujet religieux se trouve contenu au point d’en devenir quasiinvisible.
Traditionnellement, la scène religieuse prend la plus grande place et le
cadre paysager reste vague ou du moins restreint dans ses dimensions.
Au contraire, le Dénombrement de Bethléem de Brueghel se déroule
dans un gigantesque paysage enveloppé par l'hiver, ce que rend
admirablement l’artiste par le blanc épais du ciel, par le dénuement des
arbres qui scandent le tableau, par l'opacité et les reflets de la neige,
rendus par des touches bleutées. Il a choisi un point de vue élevé qui
permet une vue très large, où même les personnages du premier plan
ont une taille réduite.
Jan van Eyck, La Vierge au Chancelier Rolin, vers 1435, musée du Louvre
Ce type de paysage panoramique a également été
développé par Joachim Patinir et l’allemand Albrecht
Altdorfer au XVIe siècle. De façon comparable, les
personnages religieux s’y trouvent inclus dans des
vues panoramiques qu’on a appelées « paysages du
monde » pour souligner leur caractère totalisant et
exhaustif. A travers ces images, il s’agit en quelque
sorte d’offrir au spectateur le monde en résumé, avec
tout ce qu’on peut y observer.
Joachim Patinir, Paysage avec le repos pendant la fuite en Egypte, Zagreb, Gallerie
Strossmayer
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REPERES
Les Pays-Bas et Anvers au XVIIe siècle
Les Pays-Bas, après avoir été Bourguignons à la fin du XIVe siècle et durant le XVe siècle, sont passés
aux mains des Habsbourg à la fin du XVe siècle par le mariage de Marie de Bourgogne avec
Maximilien d’Autriche. En 1556, Charles Quint, malade et déçu par ses échecs, abdique et lègue à
son fils Philippe II l’Espagne, les Pays-Bas, les Indes occidentales et les domaines italiens (ce qui
deviendra la « branche espagnole » de la dynastie des Habsbourg). Philippe II mène une politique
impopulaire aux Pays-Bas, intervenant dans le gouvernement local et dans le domaine religieux. À
partir du milieu du XVIe siècle apparaissent alors des mouvements de rébellion, notamment contre
la répression espagnole à l’égard des protestants. Après une période de guerres, les Pays-Bas du
nord, calvinistes, se libèrent de la domination des Habsbourg et prennent le nom de ProvincesUnies en 1579.
Le sud, catholique, est resté sous domination espagnole. Anvers en est le principal centre
artistique. En 1566, le mouvement iconoclaste, mené par les réformés, a conduit au saccage de
nombreuses œuvres d’art. Au début du XVIIe siècle, on s’efforce de retrouver les anciens fastes
décoratifs dans le respect des règles de l’art sacré définies par la Contre-Réforme. Il s’ensuit un
retour de la peinture monumentale à sujet religieux, dont les principaux tenants sont Pierre Paul
Rubens ou Jacob Jordaens. Parallèlement aux sujets religieux se perpétuent la peinture à sujet
profane et la peinture d’histoire ou mythologique, grâce aux commandes de la cour.
Textes de référence
Le recensement
« Or, en ce temps-là, parut un décret de César Auguste pour faire recenser le monde entier. Ce premier
recensement eut lieu à l’époque où Quirinius était gouverneur de Syrie.
Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa propre ville ; Joseph aussi monta de la ville de Nazareth en
Galilée à la ville de David qui s’appelle Bethléem en Judée, parce qu’il était de la famille et de la descendance
de David, pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le jour
où elle devait accoucher arriva ; elle accoucha de son fils premier-né, l’emmaillota et le déposa dans une
mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle d’hôtes ».
Evangile selon saint Luc, II, 1-7
Musée des Beaux-Arts de Caen / Étude d’une œuvre : Pieter Brueghel le Jeune, Le Paiement de la dîme / 2012
Le paiement de la dîme
« César-Auguste, qui gouvernait l'univers, voulut savoir combien de provinces, de villes, de forteresses,
de bourgades, combien d'hommes renfermait son empire; il ordonna, en outre, ainsi qu'il est dit dans
l'Histoire scholastique (ch.IV, Evang.) que tous les hommes iraient à la ville d’où ils étaient originaires, et
que chacun en donnant un denier d'argent au président de la province, se reconnaîtrait sujet de l'empire
romain. (Le denier valait dix sols ordinaires, ce qui l'a fait appeler denier.) En effet, la monnaie portait
l'effigie et le nom de César. On déclarait aussi sa profession : on faisait le dénombrement, mais pour
diverses considérations. On déclarait donc sa profession, parce que chacun en rendant, comme on disait,
la capitation, c'est-à-dire un denier, le plaçait sur sa tête et professait de sa propre bouche qu'il était le
sujet de l'empire romain; d'où vient le mot de profession, professer de sa propre bouche; et cela avait
lieu en présence de tout le peuple. (…) Or, Joseph, étant de la race de David, partit de Nazareth à
Bethléem, et comme le temps des couches de la bienheureuse Marie était proche, et qu'il ignorait
l'époque de son retour, il la prit et la mena avec lui à Bethléem, ne voulant pas remettre entre les mains
d'un étranger le trésor que Dieu lui avait confié, jaloux qu'il était de s'en charger lui-même avec une
sollicitude de tous les instants. »
Jacques de Voragine, La Légende dorée, 1265
Le Massacre des Innocents et la fuite en Égypte
«La visite des mages
Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent
à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son astre à
l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage. » À cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé, et tout
Jérusalem avec lui. Il assembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple, et s’enquit auprès d’eux du
lieu où le Messie devait naître. « À Bethléem de Judée, lui dirent-ils, car c’est ce qui est écrit par le
prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le plus petit des chefs-lieux de Juda : car c’est
de toi que sortira le chef qui fera paître Israël, mon peuple. » Alors Hérode fit appeler secrètement les
mages ; se fit préciser par eux l’époque à laquelle l’astre apparaissait, et les envoya à Bethléem en
disant : « Allez-vous renseigner avec précision sur l’enfant ; et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi
pour que, moi aussi, j’aille lui rendre hommage. » Sur ces paroles du roi, ils se mirent en route ; et voici que
l’astre, qu’ils avaient vu à l’Orient, avançait devant eux jusqu’à ce qu’il vînt s’arrêter au-dessus de l’endroit
où était l’enfant. À la vue de l’astre, ils éprouvèrent une très grande joie. Entrant dans la maison, ils virent
l’enfant avec Marie, sa mère, et se prosternant, ils lui rendirent hommage ; ouvrant leurs coffrets, ils lui
offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Puis, divinement avertis en songe de ne pas
retourner auprès d’Hérode, ils se retirèrent dans leur pays par un autre chemin.
La fuite en Égypte
Après leur départ, voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends
avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte ; restes-y jusqu’à nouvel ordre, car Hérode va rechercher
l’enfant pour le faire périr. » Joseph se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Égypte.
(…)
Massacre des enfants de Bethléem
Alors Hérode, se voyant joué par les mages, entra dans une grande fureur et envoya tuer, dans Bethléem et
tout son territoire, tous les enfants jusqu’à deux ans, d’après l’époque qu’il s’était fait préciser par les
mages. Alors s’accomplit ce qui avait été dit par le prophète Jérémie :
« Une voix dans Rama s’est fait entendre,
Des pleurs et une longue plainte :
C’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, parce qu’ils ne sont plus. »
Evangile selon saint Matthieu, II, 1-18
Musée des Beaux-Arts de Caen / Étude d’une œuvre : Pieter Brueghel le Jeune, Le Paiement de la dîme / 2012
Le travail en atelier et la copie
Pieter Brueghel le Jeune est imitateur de l'œuvre de son père, dont il réalise nombre de
copies (pas moins de 13 Dénombrements sont répertoriés) ; c'est d'ailleurs à travers elles
que l'on connaît certains originaux disparus du père. Brueghel le Jeune dirigeait un
atelier où les peintres pratiquaient un travail collectif et copiaient les tableaux célèbres,
sans toujours avoir vu les originaux et en introduisant parfois des différences. On peut les
relever en comparant les versions de Brueghel l’Ancien et celles de son fils ci-dessous.
Contrairement à notre perception actuelle de l’œuvre d’art, qui doit être une création
originale, la tradition représentait alors la référence et l’imitation n’avait donc pas le
caractère péjoratif qu’on lui attribue de nos jours. La copie était appréciée comme
élément de décoration des intérieurs bourgeois, elle permettait d’acquérir des œuvres à
des prix raisonnables.
La version de Brueghel l’Ancien et les deux
versions de Brueghel le Jeune à Caen et à
Bruxelles présentent de nombreuses différences
visibles dans une multitude de détails (couleurs,
arbres, personnages, cadrage…).
Pieter Brueghel l’Ancien, Le Dénombrement de Bethléem, 1566, Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de
Belgique
Pieter Brueghel le Jeune, Le Dénombrement de Bethléem, Caen, musée des Beaux-Arts
Pieter Brueghel le Jeune, Le Dénombrement de Bethléem, Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de
Belgique
Musée des Beaux-Arts de Caen / Étude d’une œuvre : Pieter Brueghel le Jeune, Le Paiement de la dîme / 2012
POUR UN DIALOGUE ENTRE LES ŒUVRES
Autres scènes de genre au musée des Beaux-Arts de Caen
À la différence de la peinture d’histoire mettant en scène des sujets
mythologiques et religieux, la peinture de genre désigne l’illustration de
scènes de la vie quotidienne, contemporaine de l’artiste et peuplée de
figures anonymes. L’originalité de Brueghel est d’emprunter à ces deux
registres picturaux.
Les tableaux suivants offrent des scènes de genre autonomes.
Entourage de David Teniers Le Jeune II (1610-1690), Buveurs [salle 7]
Au XVIIe siècle, l’installation à Rome du hollandais
Pieter van Laer joue un rôle considérable dans le
développement de la peinture de genre. Il se fait
une spécialité des scènes populaires, nommées
bambochades, en appliquant aux scènes de rues
italiennes une observation du quotidien digne de
Brueghel. A partir des années 1640, des
imitateurs,
comme
Sébastien
Bourdon,
développent la mode des bambochades. Le
tableau ci-contre en est un bon exemple.
Sébastien Bourdon, Campement de bohémiens, après 1637 [salle 12]
L’œuvre de Crespi, quoique plus tardive, est héritière de
cette mode, par la part donnée au peuple et la
représentation des métiers en dehors de tout prétexte
littéraire ou religieux.
Ce peintre de Bologne nous livre une scène colorée
pleine de vie et de détails pittoresques. Le clair-obscur
vigoureux rappelle les grands maîtres de l’école
bolonaise (Guido Reni, Ludovic Carrache, le Guerchin) et
permet de révéler très nettement les éléments
principaux. On aperçoit au premier plan des paysans et
des animaux, tandis que l’arrière-plan montre un
arracheur de dents, une troupe d’acteurs et des
musiciens.
Giuseppe Maria Crespi, Un Marché, vers 1735-1740 [salle 12]
ATTENTION ! Avant toute visite, assurez-vous que les œuvres sont bien exposées dans les salles.
Certaines peuvent être en restauration ou prêtées pour une exposition.
Musée des Beaux-Arts de Caen / Étude d’une œuvre : Pieter Brueghel le Jeune, Le Paiement de la dîme / 2012
BIBLIOGRAPHIE
Les œuvres précédées de * sont disponibles à la bibliothèque du musée des Beaux-Arts de Caen.
•
Eloi Rousseau, Brueghel, Le grand carnaval, éditions Palette, collection L’art & la manière, Paris, 2012
•
Sylvie Girardet et Nestor Salas, Le petit monde de Brueghel, éditions RMN, collection « Salut l’artiste ! »
Paris, 2008
•
* Peter van den Brink (dir.), L'entreprise Brueghel, édition Flammarion, 2001
•
Stefano Zuffi, L’art du XVIe siècle, édition Hazan, collection « Guide des arts », Paris, 2005
•
Louise Heugel, Vacances au musée, éditions Palette, juin 2012 : de multiples jeux et activités autour
d’œuvres conservées dans des musées, dont le Brueghel du musée des Beaux-Arts de Caen.
INFORMATIONS PRATIQUES
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[email protected] / 02 31 30 40 85 (9h-12h du lundi au vendredi).
À NOTER !
Documents pédagogiques complémentaires disponibles sur le site du musée :
www.mba.caen.fr
Musée des Beaux-Arts de Caen / Étude d’une œuvre : Pieter Brueghel le Jeune, Le Paiement de la dîme / 2012