Éléments nutritifs
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Éléments nutritifs
Éléments nutritifs: proportions pour le traitement des eaux Les exploitants des stations d’épuration sont tenus de contrôler soigneusement le processus d’épuration, afin d’anticiper tout risque de dépassement des seuils. Il est donc fondamental de connaître la composition des boues activées, ainsi que les besoins en éléments nutritifs afin d’optimiser les performances d’épuration. Le présent rapport a trait aux causes, aux conséquences et aux mesures correctives à effectuer, lorsque les proportions en éléments nutritifs sont défavorables. Les principaux éléments nutritifs nécessaires sont le carbone, l’azote et le phosphore. Une proportion équilibrée de ceux-ci est primordiale pour que les microorganismes puissent effectuer une décomposition optimale. Carbone Le carbone est le composant principal de la matière organique contenue dans les eaux usées. Il est décomposé par les microorganismes présents dans les boues activées, dans des conditions anaérobies (Bio-P), dans le milieu anoxique (zone de dénitrification) et dans la zone d’aération de la phase de purification biologique (zone de nitrification). Les composés carbonés sont déterminés via la DCO, la DBO5 et le COT. Azote Dans la zone d’arrivée de la station, l’azote est présent sous forme d’azote organique lié et d’azote ammoniacal (NH4-N). Le traitement biologique des eaux usées consiste à convertir, sous l’action des bactéries présentes dans les boues activées, l’azote organique en NH4, lequel, à l’instar du NH4 de la zone d’arrivée, se transforme en nitrites, puis en 44 I aquarama #42 nitrates (nitrification). Les composés azotés qui ne sont pas formés par voie biologique dans les boues activées sont convertis en azote élémentaire dans des conditions anoxiques. Il s’agit de la dénitrification. Celui-ci s’échappe dans l’air sous la forme N2. Les composés azotés sont mesurés sous la forme NH4-N, NO2-N, NO3-N et TN (azote total, important pour les bilans et les contrôles en sortie). Phosphore La matière phosphorée présente dans la zone d’arrivée de la station, comprend des orthophosphates (PO4-P), des polyphosphates et des composés phosphorés organiques. Ceux-ci sont comptabilisés dans le paramètre de phosphore total (Ptot). Le traitement biologique des eaux usées transforme les polyphosphates et le phosphore organique lié en orthophosphates. Une partie du phosphore contenu dans les eaux usées est éliminé par voie biologique (Bio-P). La portion restante peut être résorbée par absorption biologique, mais aussi par un procédé physico-chimique de précipitation des phosphates. Les composés phosphorés sont mesurés sous la forme d’orthophosphates PO4 (régulation de la précipitation) et de Ptot. (contrôle en sortie). Oligoéléments & soufre Les oligoéléments nécessaires à la formation cellulaire sont pour la plupart présents dans les eaux usées urbaines ou fournis par les microorganismes des boues activées. Une forte concentration en composés soufrés réduits dans les eaux usées peut toutefois poser divers problèmes. Proportions en éléments nutritifs favorables et défavorables Ratio C/N/P (DBO5, TN, Ptot.) La concentration des différents éléments nutritifs dans les eaux usées doit être équilibrée (ratio C/N/ P) et correspondre aux besoins des bactéries qui se trouvent dans les boues activées. Cela est primordial pour l’efficacité des processus de décomposition biologique. Dans le cas d’une épuration des eaux usées de type aérobie, le ratio C/N/P doit être situé entre 100/10/1 et 100/5/1. Pour les eaux usées urbaines, le rapport C/N/P empirique est d’environ 100/20/5. Grâce aux méthodes actuelles, l’élimination des composés azotés et phosphorés excédentaires dans les eaux usées ne pose pas de problème majeur. Toute carence d’un élément nutritif principal dans les eaux usées, au niveau de la zone d’arrivée de la phase de purification biologique, peut poser divers problèmes (tableau 1). Une dénitrification efficace suppose une certaine proportion en composés carbonés facilement biodégradables. Dans les eaux usées urbaines prédécantées, le rapport DBO5/N dossier m+R est de 100/25 (=4). S’il descend en deçà de 100/40 (=2,5), le processus de dénitrification ne s’effectue pas complètement, ce qui se traduit par des valeurs de process accrues en termes de nitrates. Si l’absence de décantation primaire et l’augmentation du volume de dénitrification n’apportent pas d’amélioration, il convient d’envisager le recours à un dosage en substrat facilement dégradable (source de carbone externe). Les sources de carbone envisageables pour l’équilibrage des éléments nutritifs sont les suivantes: carbone interne (boues primaires hydrolysées ou acidifiées), carbone externe (résidus industriels – des brasseries, laiteries et industrie sucrière – et produits techniques comme méthanol, éthanol et acide acétique). Rapport DCO/DBO5 La relation entre ces deux paramètres totaux permet de mesurer la biodégradabilité de la charge polluante des eaux usées. La dégradabilité est considérée comme bonne dès lors que le rapport DCO/ DBO5 est inférieur ou égal à 2/1. Les substances qui présentent un rapport supérieur sont considérées comme difficilement biodégradables. Exemple: Régulation du dosage des substrats par mesure NO3-N Une station d’épuration urbaine qui traite une forte proportion d’eaux usées d’origine industrielle obtient, au niveau de la zone d’arrivée de la purification biologique, un rapport DBO5 / N de 2,45 étant trop bas pour garantir une dénitrification suffisante. En conséquence, il est nécessaire d’ajouter des composés carbonés externes. Tenant compte de la qualité souhaitée à la sortie et de la quantité d’azote pouvant être éliminée avec les eaux usées à raison d’une dénitrification en amont, il reste encore 13 mg/l d’azote à éliminer. Il convient de procéder à un apport supplémentaire en carbone à destination des microorganismes des boues activées en vue de la dénitrification des 13 mg/l d’azote restants. Pour un volume d’eaux usées journalier de 10.000 m3, la quantité de matière azotée est de 130 kg. Conformément à la fiche de travail DWA réf. A131, cela correspond à des besoins externes en carbone de 5 kg DCO / 1 kg NO3-N. Une dénitrification complète nécessite alors 650 kg de DCO par jour. La quantité d’acide acétique correspondante serait de 607 kg par jour. Le dosage doit être ciblé en fonction des valeurs NO3-N qui varient dans le courant de la journée. En résumé Des proportions défavorables en éléments nutritifs et une forte concentration de certaines substances sont préjudiciables aux performances de décomposition des processus biologiques de traitement des eaux. Il est donc primordial de surveiller en continu et de détecter les paramètres critiques suffisamment tôt, afin de pouvoir prendre les mesures correctives, si nécessaire. C’est le seul moyen de respecter les valeurs de sortie prescrites par le législateur et d’éviter les éventuelles taxes sur les eaux usées. Les tests en cuve LANGE et les appareils de Tableau 1: causes et conséquences d’une carence en éléments nutritifs au niveau de la phase de purification biologique des eaux usées Carence en Carbone Azote Phosphore Causes/provenance des eaux usées • Séjour prolongé dans le réseau de canalisations • Décantation primaire poussée des eaux usées • Eaux usées industrielles à forte teneur en azote, par ex. traitement du lait et de la viande Eaux usées à faible teneur en azote en provenance des secteurs suivants : • Industrie papetière • Traitement des fruits et légumes Conséquences possibles • Développement accentué des bactéries filamenteuses (foisonnement et moussage) • Dénitrification insuffisante Mesures correctives • Absence de décantation primaire • Augmentation du volume de dénitrification tout en conservant un volume de nitrification suffisant (boues datant de 9 jours minimum) • Valeurs DCO/COT élevées en sortie de Equilibrage des proportions en éléments nutritifs : • Augmentation du dosage en composés azotés station d’épuration • Bactéries filamenteuses (produits techniques compétitifs comme la carbamide) • Adjonction d’eaux usées domestiques, d’eau trouble en provenance du digesteur Equilibrage des proportions en éléments nutritifs par : • Eaux usées des décharges, eaux usées • Valeurs DCO/COT élevées en sortie • Bactéries filamenteuses • Augmentation du dosage en composés phosphorés issues du traitement des fruits et légumes (produits techniques compétitifs comme l’acide phosphorique ou les engrais agricoles phosphatés) • Adjonction d’eaux usées domestiques mesure de process à fonctionnement permanent s’avèrent indispensables pour renforcer la transparence comme la sécurité. Points de mesure types dans les stations d’épuration (Fig. 1) 1. Décantation primaire à l’arrivée: détermination et surveillance de la charge de l’installation; 2. Boues activées à l’arrivée: optimisation de l’apport en éléments nutritifs; 3. Boues activées en sortie: contrôle et optimisation des performances de décomposition du carbone, de la nitrification/dénitrification et de l’élimination du phosphore; 4. Sortie de station: surveillance des seuils, contrôle de la station. Les paramètres d’éléments nutritifs à analyser sont respectivement les suivants (conformément aux dispositions en matière d’auto surveillance): DCO (éventuellement COT), DBO5, ortho PO4-P / Ptot, NH4-N, ATK (azote total Kjeldahl : somme du NH4-N et du N organique), Ntot.inorg.(N inorganique : somme du NH4-N, du NO3-N et du NO2-N) et TNb (azote total : somme du N organique et inorganique). E www.hach-lange.be HACH LANGE Depuis 75 ans déjà HACH LANGE constitue la référence en techniques d’analyses et de mesures. 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