Quotidien du médecin oralité [pdf 183.66 ko]

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TROUBLES DE L’ORALITÉ ALIMENTAIRE DU JEUNE ENFANT
Repérer les facteurs
de risque et
conseiller les parents
Les pédiatres sont de plus en plus souvent confrontés à des troubles de l’oralité alimentaire chez
le jeune enfant. Une nouvelle étude a mis en évidence des facteurs prédisposants parmi lesquels
l’éducation alimentaire, le contexte socio-culturel, des circonstances périnatales particulières.
Une prise de conscience des risques potentiels et des bonnes attitudes à adopter, à la fois par
les professionnels de santé et les parents, paraît essentielle, comme en ont témoigné le Dr Karine
Garcette (Paris) et le Pr Jean-Pierre Olives (Toulouse), gastro-entérologues pédiatriques, ainsi
que Véronique Leblanc, psychologue clinicienne (Paris), lors du 22e Congrès national de pédiatrie
ambulatoire qui s’est tenu à Nancy.
❚ Quand parler de
troubles de l’oralité ?
En l’absence de cause organique (sténose du pylore, œsophagite…), certains signes sont
évocateurs : refus du biberon ou
refus de l’enfant de venir à table,
diminution progressive ou brutale
des apports, alimentation sélective, diversification difficile, refus
des aliments nouveaux, introduction des morceaux impossible,
durée anormale des repas, pleurs,
mouvements d’évitement, nausées ou vomissements dès que
l’enfant voit son biberon ou qu’on
lui présente certains aliments…
❚ Quels risques ?
Actuellement, 20 à 25 % des
jeunes enfants présenteraient
des difficultés alimentaires !
Ce constat alarmant n’est pas à
prendre à la légère. Ces troubles
ont des répercussions directes :
– à court terme (perte de poids,
cassure de la courbe de croissance) ;
– à plus long terme (influence sur le
comportement alimentaire ultérieur
et sur le développement du goût).
Ils peuvent par ailleurs avoir un
retentissement psychosocial et
occasionner des troubles du langage et/ou orthodontiques.
❚ Peut-on les éviter ?
Une étude observationnelle cas-témoins, menée par le Pr Olives sur
Côté
professionnel
de santé
plus de 100 enfants âgés de 1 mois
à 3 ans, a mis en évidence l’existence de facteurs prédisposants.
• Les parents ont un rôle primordial dans l’éducation alimentaire
de leur enfant et l’influence du
contexte socioculturel semble évidente dans l’apparition de ces
troubles : ambiance des repas perturbante pour l’enfant, trop agitée
et/ou bruyante, comportement
inadapté des parents, avec haut
niveau de conflit pendant les repas, manque d’« adaptabilité »,
angoisse maternelle, erreurs dans
l’apprentissage de l’alimentation…
L’existence de troubles du comportement alimentaire chez les
parents eux-mêmes et/ou la fratrie
ne fait qu’accentuer le risque.
• Certaines circonstances périnatales semblent favorisantes :
prématurité, césarienne, pathologie néonatale, pose d’une sonde
naso-gastrique.
• Les changements de lait multiples et non justifiés paraissent
aussi être un facteur de risque,
de même que la mise sous inhibiteurs de pompe à protons (IPP).
Les professionnels de santé ont
donc un rôle essentiel à jouer dans
la prévention de ces troubles en
repérant les facteurs de risque et
en conseillant les parents. Au-delà, ils ont à repérer ces troubles le
plus précocement possible afin
de les prendre en charge rapidement et de façon adaptée. Face
à l’importance des interactions
À ÉVITER
parents-enfant, à la facilité avec
laquelle un blocage de l’enfant
risque de survenir et aux difficultés ultérieures potentielles pour
lever ce blocage, l’accent est mis
aujourd’hui sur l’accompagnement
indispensable des parents dès le
plus jeune âge de leur enfant.
❚ Quels conseils
donner en pratique ?
Professionnels de santé et parents
doivent être impliqués, en ayant
chacun un comportement adapté
et en évitant certaines erreurs.
Des consultations « oralité »multidisciplinaires se développent
dans certains hôpitaux pour
améliorer la prise en charge
de ces enfants. Au travers de
séances pouvant s’étaler sur plusieurs mois, une équipe de professionnels de santé se consacre
à aider l’enfant à apprivoiser
les différents goûts et textures
et ainsi reprendre progressivement une alimentation normale :
l’approche ludique est essentielle pour venir à bout des résistances ; au-delà de la sphère
orale, tous les sens doivent être
successivement sollicités.
Dr Carole Morneau
Symposium Blédina – 22e Congrès
national de pédiatrie ambulatoire –
19 juin 2015.
La vidéo est disponible sur
le site :
www.jirp.info/bledina/
sympoafpa
À FAIRE
Avec les parents
– banaliser le problème
– les culpabiliser
–
–
–
–
écouter
rassurer
les impliquer
conseiller une introduction précoce
des aliments (pas avant 4 mois)
– conseiller de varier les goûts
et les textures
Dans sa pratique
– t rop médicaliser et psychiatriser
les troubles
– multiplier les changements de lait
–p
rescrire un traitement par IPP
plus de 10 jours
–p
oser une sonde naso-gastrique
trop tôt
– fixer des règles diététiques
– fixer un objectif de poids
Côté parents
À ÉVITER
– crier
– f aire le forcing auprès de leur enfant
s’il refuse un aliment
– le punir
– le dévaloriser
– lui faire du chantage
– imposer un rapport de force
– être trop dirigiste avec lui
– le distraire pendant le repas
– connaître et évaluer les facteurs de
risque
– évaluer l’état nutritionnel
– assister à une prise alimentaire
– conseiller un bilan orthophonique
– instaurer un suivi régulier
À CONSEILLER
– instaurer une ambiance calme
pendant le repas
– bien installer l’enfant
– manger assis à côté de lui
– lui laisser une autonomie
– le laisser s’approprier les différentes
textures, quitte à le laisser
« patouiller » avec la nourriture
– respecter son rythme et sa vitesse
d’apprentissage
– en cas de refus d’un aliment, le lui
présenter à plusieurs reprises lors de
différents repas
– maintenir un cadre d’autorité
Publi-rédactionnel réalisé par le Quotidien du Médecin pour Blédina

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