1 du : mercredi 16 janvier 2013 - Côte d`Ivoire: UN ADJOINT DE

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1 du : mercredi 16 janvier 2013 - Côte d`Ivoire: UN ADJOINT DE
Aprica Info
Votre magazine bimensuel
Mercredi 16 Janvier 2013
EDITO
c
Pour une Afrique nouvelle
eci est le premier numéro de
votre bimensuel en ligne «
Apricainfo ». Un bimensuel qui
ambitionne, par la profondeur et la
pertinence de ses analyses, de projeter
l'Afrique, notre continent, vers de nouveaux horizons. En effet, Longtemps
malmenée par des décennies de
conflits, de guerres, de mal gouvernance, d'hypocrisie et souvent de traîtrise de ses propres fils, l’Afrique a été
livrée dans l'arène de tous les vautours
et autres prédateurs de la planète.
Pour nous, le temps est enfin arrivé
pour l'Afrique de se soustraire de ce
spectacle nauséabond. L’Afrique doit
se réveiller, se dresser pour revendiquer avec fierté et détermination sa
place dans le concert des nations libres, dignes, démocratiques et prospères. Elle doit nécessairement résister
et surmonter la fatalité des épidémies,
de la famine, de la corruption de la forfaiture, du sous développement.
L'Afrique doit absolument triompher
dans la bataille pour la conquête et la
défense de sa souveraineté afin d’exister par elle-même pour ne pas périr.
Ce combat existentiel, elle n'a ni le
droit de l’éluder, de le mener par procuration, ni le droit de le contourner,
encore moins de le différer.
Au moment où nous écrivons ces
lignes, les conflits, avec brutalité, ont
franchi les murs de bien de pays africains tels que le Mali, la République
Centrafricaine, la République Démocratique du Congo ( RDC). Des pays
comme la Lybie et la Côte d'Ivoire,
peinent encore à recouvrer la stabilité.
Ils continueront malheureusement de
sombrer à la suite du grand trauma...Suite page 2
Quelles
perspectives
pour l’Afrique ?
N0 001
Pour une Afrique nouvelle
Matières premières, conflits armés
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AU-DELA DE
LA MÉLODIE
N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2012
MUSIQUE URBAINE
AFRICAINE
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QUEL CHOIX
RADICAL
POUR
L’AFRIQUE?
LE DEFI ENERGETIQUE
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POLITIQUE
Quelles perspectives pour l’Afrique ?
Matières premières, Conflits armés
Suite de l’édito
tisme causé par l'alibi de la restitution de la démocratie dans leurs Etats
et l'hypocrisie internationale des défenseurs de l'Etat de droit. On le sait
plus que trop, les matières premières
ont jusque là été à la base de bien de
conflits sur notre continent. Aussi, une
analyse opportune nous situera- t –elle
, dans ce numéro tous les enjeux géostratégiques de ces agressions.
L’Afrique doit-elle continuer à subir des guerres au mépris de son
développement? Quelles sont les raisons profondes des conflits qui
éclatent sur le continent?
Les défis économiques, énergétiques,
technologiques, culturels, de santé publique et d'éducation, auxquels notre
continent est confronté, seront abordés
dans ce premier numéro;
Nous ouvrons donc pour vous des
pages, nous dressons pour vous une
tribune. Ces lucarnes vous sont toutes
dédiées, vous les intellectuels
d’Afrique et du monde entier. La profondeur, la pertinence et la constance
de vos analyses sur les sujets majeurs
évoqués ici doivent absolument contribuer à désarmer tous les esprits retors
et toutes les mains traîtresses qui
plongent quotidiennement notre continent dans la spirale du pillage de nos
ressources, de la liquéfaction de nos
Institutions, des rebellions armées, des
conflits et des guerres aux conséquences désastreuses.
Nous comptons sur vous pour engager
dès aujourd’hui, en ce début d’année,
le combat pour une Afrique ambitieuse, fière, prestigieuse…, une
Afrique véritablement nouvelle.
Nous, Africains, avons l’impérieux devoir de léguer aux générations futures
un continent qui non seulement existe,
mais compte sur lui même et force le
respect des autres. Ce défi est à notre
portée. Oui, nous le croyons.
Lisez et faites lire Apricainfo. Visitez
et faites visiter www.apricainfo.com,
notre site et support commun .
Bonne et Heureuse année 2013 à
toutes et à tous.
Yves Komenan
M
Plateforme pétrolière
ême s’il est parfois difficile, au moment où les conflits se déroulent,
d’établir leur lien direct avec les
matières premières, l’histoire montre que dans
la quasi-totalité des cas en Afrique, ils trouvent
leur origine dans le désir farouche des protagonistes d’en avoir le contrôle.Au travers de cet
article qui, dans un premier temps, portera sur
un état des lieux illustratif et non exhaustif et,
ensuite, sur une esquisse de solutions, notre objectif est modestement de susciter le débat sur
le futur de ce continent, cible privilégiée de
toutes les grandes puissances.
A- Quelques constats :
1967-1970 guerre du BIAFRA :
guerre de sécession ayant impliqué directement
ou indirectement plusieurs pays européens et
africains avec en toile de fond la gestion des
ressources pétrolières. Bilan humain : au moins
un million de morts.
1989-1997 guerre du LIBERIA :
guerre entre factions libériennes de souches diverses (américano-libériens, autochtones …)
avec entre autres motivations : le contrôle des
mines de fer. Bilan humain : au moins cent
cinquante mille morts.
1991-2002 guerre de SIERRA
LEONE : une extension de la guerre du Libéria
dont l’une des causes reste le contrôle de
l’énorme potentiel diamantifère du pays. Bilan
humain : au moins soixante quinze mille morts.
1996-1997 &1998-2003 guerre du
CONGO (ex-ZAIRE) : un conflit complexe,
avec implication de nombreux états, qui trouve
son origine dans le contrôle et la gestion des
immenses ressources dont le pays dispose :
cobalt, diamant, pétrole, etc… Bilan humain :
plus d’un million de morts.
2002-2011 conflit armé de COTE
D’IVOIRE : un conflit qui aura été justifié par
divers mobiles à chaque phase de son évolution
et qui, à son terme en 2011 aura clairement
montré combien le sort des pays africains
échappe aux Africains et combien peuvent être
solidaires les grandes puissances quand leurs
intérêts sont en jeu. Ici, il s’agit bien sûr
des enjeux miniers et agricoles (pétrole, café,
cacao, etc…) mais aussi d’enjeux géostratégiques. Ce conflit aura certainement fait
plus de trente mille morts (chiffre officiel qui
ne se limite qu’à une période restreinte).
2011 guerre de LYBIE : une intervention de l’OTAN sous le couvert du droit
d’ingérence humanitaire et d’instauration de la
Démocratie. La presse occidentale, à peine un
an après, qualifie ce conflit de « guerre sécrète
du pétrole et du gaz » et n’hésite pas à rendre
compte des retombées économiques pour les
pays qui se sont engagés... Le bilan humain
reste pour l’heure un mystère !
On pourrait continuer la liste en remontant le
temps et dresser la liste de tous les leaders
africains qui ont payé de leur vie leur prise de
position : on n’en serait que meurtri et profondément révolté. Pourquoi l’Afrique est-elle
le théâtre de tant de conflits? Qui en sont les
commanditaires ? A qui cela profite-t-il ? Telles
sont en effet les questions récurrentes que l’on
se pose et auxquelles les réponses sont souvent
contradictoires et jamais clairement établies
même quand les belligérants font la paix. Les
populations africaines victimes de matraquage
médiatique à grande échelle, de rumeurs et de
contre vérités sont généralement les premières
à se perdre en explications suivant les partis
pris, rendant ainsi presque impossible toute
analyse objective et toute compréhension des
causes réelles. Certes, il existe des causes endogènes à tous ces conflits mais ne sont-elles
pas qu’un simple terreau sur lequel se jouent
des enjeux plus importants ? N’est-il pas encore temps pour les Africains de comprendre
que l’accès aux matières premières est un enjeu
majeur pour les pays qui en sont dépourvus ou,
qui jouant la carte du futur, font le choix de
préserver leurs propres réserves? Comprendre
cela sans chercher à culpabiliser quel que pays
que ce soit est essentiel pour se donner les
moyens de mieux gérer les tensions, les conflits et autres sources de déstabilisation des
pays et du continent.
Que les ressources du sous sol africain attirent
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N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013
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POLITIQUE
suite de la page 2
la convoitise, quoi de surprenant ? Si les pays
du Nord, pendant des siècles, ont sillonné les
mers du sud pour conquérir de nouveaux territoires, ce n’était pas pour assouvir une soif
d’exotisme. Bien au contraire, l’enjeu hier
comme aujourd’hui est d’assurer à leurs
économies un accès privilégié aux matières
premières et des débouchés pour l’écoulement
de leurs produits manufacturés. Si dans les années soixante, les pays du Nord ont accepté de
donner des Indépendances, ce n’était certainement pas parce que les Africains avaient un
droit légitime à la SOUVERAINETE mais,
bien au contraire, pour mieux sécuriser l’accès
aux matières premières face à l’émergence des
mouvements indépendantistes à tendance
marxiste. Si, en1990, à la conférence de la
BAULE, la promotion de la DEMOCRATIE
s’est imposée aux Africains comme condition
sine qua non pour avoir la reconnaissance des
grandes puissances, ce n’était certainement pas
par conviction que la Démocratie vraie soit
possible dans des états en proie à des tensions
dites tribales, religieuses, des états où
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monde et où la grande majorité de la population
est illettrée et n’a pas accès à l’Information.
Non, loin de là, mais c’était bien au contraire
pour répondre aux pressions croissantes de
l’opinion publique des pays développés et
mieux anticiper et canaliser les effets de ces
pressions sur les peuples du Sud. L’impact de
la BAULE a été si important que pendant deux
décennies, les Africains n’ont été occupés qu’à
parler de « processus de démocratisation », de
« multipartisme », de « conférence nationale »,
d’ « élections libres, démocratiques et transparentes », etc… !
Soixante ans après l’accession à l’Indépendance et malgré d’immenses ressources humaines, minérales et agricoles, l’Afrique dans
le nouveau contexte de la mondialisation peine
à suivre et à peser sur la scène internationale.
L’Afrique est sous perfusion et persiste dans sa
candeur et sa naïveté bien qu’elle s’entende
dire constamment « que les Etats n’ont pas
d’amis mais des intérêts… ». Les Etats
africains en sont aujourd’hui au stade où être
admis au PPTE, avoir le qualificatif de PAYS
STABLE ou de BON ELEVE par le FMI suscite la fierté des dirigeants !
L’Afrique est aujourd’hui une grande mine à
ciel ouvert où grouillent des « orpailleurs » de
tout genre opérant sans scrupule ni pour les
populations ni pour l’environnement et fomentant des conflits quand leurs intérêts le justifient. Face à cela, les Africains ont l’impérieux
devoir d’agir. Mais dans quelles directions ?
B- Solutions et Perspectives :
1- Mettre fin à la fragmentation de
l’Afrique:
L’Afrique est le continent le plus fragmenté à
l’échelle mondiale : un ensemble hétéroclite de
cinquante trois états dont certains n’ont même
pas la taille de certains départements des états
du Nord. Cette fragmentation héritée de la
colonisation est certainement l’un des plus
lourds handicaps. Certes, l’Afrique précoloniale n’était pas UNE. Tout comme les autres
continents, elle était PLURIELLE par la diversité de ses peuples et groupes ethniques qui ont
été morcelés par le découpage colonial à l’origine des Etats actuels.
Alors que les Etats du Nord, depuis des décennies, travaillent à une plus grande intégration
de leurs économies et de leurs politiques et
qu’ils y sont même encouragés par toutes les
Institutions
financières
internationales,
curieusement l’Afrique est le seul continent où
personne n’ose aborder cette question ou suggérer cette alternative. Malgré la place marginale de l’Afrique dans l’économie mondiale,
place qui d’ailleurs ne repose que sur l’exportation brute de produits primaires, personne
dans les Institutions de Développement ne
pointe du doigt les effets néfastes de cette fragmentation, base de tous les problèmes : conflits
intra et inter Etats, soutien des rebellions armées, faibles capacités des Etats à assumer leur
devoir régalien, faible capacité de négociation
commerciale des Etats, faible capacité des
Etats à initier des investissements cohérents et
économiquement rentables au niveau des infrastructures de base telles que les routes, l’électrification, l’accès à l’eau potable etc…Est-il
donc si difficile d’imaginer ce que serait une
Afrique plus intégrée ? A y réfléchir, il est évident qu’une Afrique plus intégrée serait une
grande opportunité de mise en commun des
moyens pour :
- Assurer l’autosuffisance alimentaire des populations grâce une rationalisation de la production et de la distribution des produits vivriers
en fonction du potentiel agricole indéniable de
chaque zone géographique.
- Organiser l’agriculture d’exportation, la rendre plus performante et plus compétitive et
doter le continent d’un vrai pouvoir de négociation sur le marché international.
- Rendre possible les grands programmes d’investissement dans les infrastructures de base.
- Favoriser l’émergence de grandes industries
de transformation des matières premières et la
création d’un vaste réseau de pme/ pmi avec
son corolaire de création d’emplois
- Accorder la place qui lui revient à l’énergie
solaire et assurer l’indépendance énergétique
de tous grâce à une rationalisation de la production, du raffinage et de la distribution des
produits pétroliers tout en allégeant leur poids
budgétaire.
-Créer des centres médicaux spécialisés de haut
niveau et soutenir une recherche médicale qui
s’appuie sur les acquis de la médecine traditionnelle.
Si les Africains ne prennent pas conscience de
cette réalité et s’ils ne travaillent pas à la
changer, personne ne le fera à leur place, car
personne hors de l’Afrique n’aura intérêt à ce
que cela change. Les régions du monde les plus
intégrées étant celles qui font le mieux face à
la compétition internationale, il est temps pour
l’Afrique d’aller au-delà de ses structures communautaires actuelles dont les limites sont devenues flagrantes. Ce remodelage de l’Afrique
qui est à définir par grande zone géographique
ne peut pas être de la seule
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africains. Il exige, pour sa réussite, une réelle
implication de la société civile, des mouvements politiques et des vrais leaders d’opinion.
2-Appliquer les règles de l’Economie de
marché :
On ne peut pas espérer réussir dans un championnat quel qu’il soit si l’on ne le prépare pas
physiquement, tactiquement, si l’on ne présente
pas la sélection la plus apte et si l’on ne fait pas
siennes les règles qui y sont attachées : souvenons-nous de cet athlète africain qui, au 100
mètres nage, mit 1minute et 52 secondes au JO
de Sydney contre moins de 50 secondes pour
tous les autres concurrents! Les raisons de cette
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performance, jugée incongrue à l’époque par
la presse pour une telle compétition, ne sont
malheureusement pas difficiles à imaginer !
Le système économique mondial dans lequel
est l’Afrique est un système dont les règles ne
sont pas optionnelles. Ce système exige des
états qu’ils aient une Vision, qu’ils fassent de
la Planification, qu’ils définissent des Stratégies adéquates et qu’ils aient une gestion
rigoureuse de leurs ressources humaines et
matérielles. Ce système requiert des Institutions stables et efficaces, un environnement juridique et fiscal adéquat, la promotion du
secteur privé générateur d’emplois, un système
d’enseignement et de formation adapté et pris
en charge par des personnels qualifiés et responsables, un système de recherche scientifique ouvert sur la société et l’économie, la
création de richesses par la stimulation de la
croissance et la valorisation du Travail. Sur
tous ces points qui ne sont pas limitatifs, force
est de constater que l’Afrique est bien loin du
compte… Regorger de matières premières
n’est donc pas suffisant. L’Afrique doit se
réveiller et s’éveiller, faire siennes les règles du
monde moderne, arrêter de naviguer à vue,
faire des choix de politique
par
mais aussi de
son économie
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économique
pertinents.
L’Afrique doit promouvoir le Travail et le
Mérite. Dans une Afrique moins fragmentée,
la diversité des ressources et des compétences
ne peut qu’être un atout majeur pour limiter
l’impact des facteurs bloquants que l’on observe au niveau des Etats pris individuellement.
3- Valoriser la Culture :
L’Europe se construit en s’appuyant sur sa Culture et en en faisant constamment la promotion.
Son immense patrimoine culturel entretenu et
défendu au fil des siècles est aujourd’hui une
fierté pour chacun de ces états qui, à des degrés
divers, bénéficie de la plus grande part du
tourisme mondial.
L’Asie de par son économie mais aussi de par
sa culture est aujourd’hui présente partout. La
cuisine asiatique s’est imposée partout avec respect, la médecine traditionnelle chinoise continue sa percée sur tous les marchés, les
méthodes thérapeutiques asiatiques sont partie
intégrante des pratiques de centres de santé
partout dans le monde. Les arts martiaux asiatiques sont enseignés partout et ont intégré
depuis longtemps les grandes compétitions internationales et le cinéma asiatique n’est pas en
reste. Si la Chine, hier qualifiée de pays sousdéveloppé, est aujourd’hui en passe de devenir
la première puissance économique du monde,
c’est entre autre parce qu’elle a su faire de sa
culture ancestrale la base de son développement.
On pourrait aussi parler de l’Amérique latine
qui se positionne par la vigueur de son
économie et la promotion de son patrimoine
culturel : sites historiques, production cinématographique et littéraire, art culinaire,
musique, etc…
L’Afrique même à ce niveau est loin de se faire
une place malgré son immense patrimoine.
Chaque pays, en effet, essaie de « vendre » ce
qu’il peut et faute de moyens et de politique
bien pensée, le travail de promotion ne va pas
souvent au-delà de la production de souvenirs
touristiques : masques, tabourets, tissus à mo-
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POLITIQUE
Richesses du sous-sol africain et convoitises de l’occident
à la base de conflits
L’exemple du Niger
L’uranium, une des grandes ressources économiques
sur laquelle le Niger compte depuis son indépendance
pour bâtir son développement est aujourd’hui la source
de toutes ses difficultés. Tant et si bien qu’on en vient à
se demander s’il valait bien la peine d'exploiter ces
ressources depuis cinquante ans, les troisièmes de la
planète, et demeurer au dernier rang pour le
développement humain.
Exploitation à ciel ouvert d’une mine d’uranuim au Niger
« Au moins les nigériens, tant qu'à être les plus
déshérités du monde pourraient ne pas avoir
inhalé de poussières radioactives » déclarait
Odile Tobner, membre de SURVIE, une association créée en 1984 à Paris ; qui mène des
campagnes d'information des citoyens et d'interpellation des élus pour une réforme drastique de la politique de la France en Afrique et
des relations Nord-sud.
Elle plante ainsi le décor de cinquante années
de relations/partenariat entre le Niger et son
ancienne tutrice la France, basées sur une exploitation sans vergogne et sans retenue des
ressources minières et d'ingérence dans la politique interne du Niger.
Au lendemain des indépendances, la France
avait signé avec le Niger un accord qui lui
donnait l’exclusivité de l’exploitation de l’uranium nigérien. Selon cet accord l’ex métropole s’engageait à soutenir tacitement le
régime en place en lui assurant un accord de
défense, mais sans intervention en cas d’agression extérieure. Le Niger pour sa part lui, assurait l’approvisionnement en matières
premières, dont l’uranium.
Ainsi en 1967, des accords franco-nigériens
pour la création d’une société des mines de
l’Aïr (Somair) sont signés, mais déjà les négociations butent sur les questions fiscales et la
part du Niger dans le projet. Hamani Diori,
alors Président de la République du Niger, estimant que les négociations sur l’uranium
relèvent d’une relation d’état à état en vertu
des accords de défense, tentera alors pour atteindre De gaulle, de recourir à la médiation
de Foccart, en qui il a confiance, mais sans
succès. Il fera alors prévaloir la dimension
suite page 5
stratégique et non simplement commerciale de
l’uranium, reconnue par les accords de défense
signés avec la France, ainsi que la valeur de
l’approvisionnement préférentiel que ces accords garantissent à la France.
Le Niger obtiendra finalement 20% des parts,
mais sans les facilités de remboursement demandées. Au passage, le général De Gaulle lui
remontera les bretelles, lui signifiant qu’il
devra « mettre un terme à cette escalade ».
Diori ne baissera pas pour autant les bras.
A l’avènement de Georges Pompidou, il relance le débat. Mais, la discussion piétine face
à l’intransigeance des autorités françaises en
charge du nucléaire. Parallèlement, le Niger
prend contact avec le Gabon pour tenter de
constituer une mini-OPEP des pays producteurs d’uranium, en vain.
En 1973, la crise pétrolière et la décision
française d’accélérer le lancement d’un grand
programme nucléaire changent la donne. A
l’image d’autres dirigeants qui revalorisent
leurs matières premières, Diori y voit l’occasion d’une « évolution du rapport de force :
l’uranium nigérien est indispensable au programme nucléaire français ».
Pompidou déjà malade accepte le principe
d’une revalorisation du cout du minerai. Le 23
mars 1974, une conférence franco-nigérogabonaise s’ouvre à Niamey. Le président
Diori est intransigeant. « Le Niger pouvant
contribuer à l’exceptionnelle nucléarité de la
France, il serait normal que la France contribue de manière exceptionnelle au
développement du Niger », déclare-t-il. Le
Gabon lui, fait profil bas. Les négociations
sont alors suspendues. Elles sont sensées
N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013
4
suite de la page 3
tifs, tamtam, afro musique au goût du jour...Les
sites historiques survivent souvent grâce aux
ONG étrangères ou à la pression qu’exerce
l’UNESCO au travers du label « patrimoine de
l’Humanité ». Des sites à potentiel touristique
indéniable restent insuffisamment mis en
valeur faute de volonté politique souvent, de
moyens quelquefois et compte tenu des autres
priorités de chaque état. Les Africains euxmêmes ont tendance à dénuer de sens les
VRAIES VALEURS africaines : être en retard
à un rendez-vous ne peut être excusé parce
qu’on suivrait l’heure africaine, on ne peut pas
se complaire dans l’assistance sous le seul prétexte de solidarité africaine, on ne peut pas tout
permettre sous prétexte de tolérance ou de «
palabre » africaine ! L’Afrique a des valeurs
culturelles qui peuvent constituer le socle de
son développement et inspirer ses modèles de
gestion: le respect de la vie et de la nature, le
respect de la communauté et du bien commun,
le partage, la compassion et le sens des responsabilités. Dans toutes les communautés
africaines de base, la vie et le bien commun
sont sacrés, tous les talents sont valorisés, l’éducation transcende le cadre de la famille, on
ne faillit pas à ses responsabilités vis-à-vis de
la communauté, ne pas travailler est inimaginable, les interdits sont respectés sans contraintes particulières, on se préoccupe de
l’autre, etc…Pourquoi l’Afrique est-elle donc
aujourd’hui le continent où la corruption semble gagner du terrain, où les responsabilités
publiques sont les moins bien assumées, où les
uns regardent de haut les autres, où les discriminations sont les plus criardes entre riches et
pauvres, cadres et non cadres, travailleurs et
chômeurs, etc… ?. Dans une Afrique mieux intégrée, les opportunités seraient inestimables
pour une meilleure valorisation du patrimoine
culturel et touristique et pour faire en sorte que
les valeurs culturelles soient partie intégrante
du processus de développement.
Au terme de cette réflexion force est de reconnaître que les matières premières en soi ne constituent pas des leviers pour le développement
et qu’elles peuvent même être à l’origine d’effets pervers à conséquences humanitaires
graves si elles ne sont pas gérées de façon responsable et ayant à l’esprit les enjeux qu’elles
représentent dans l’économie mondiale.
Repenser et remodeler l’Afrique pour que ses
ressources ne soient plus source de ses malheurs est donc une priorité. Le chantier est
colossal mais l’Afrique a cette chance de pouvoir s’inspirer de l’exemple des autres pour sa
reconstruction. L’Afrique a les ressources humaines, minières et agricoles qu’il lui faut,
l’Afrique a un marché captif attractif qui ne demande qu’un accroissement des flux commerciaux internes. Il est maintenant temps pour
l’Afrique de se donner les leaders qui lui manquent ; c'est-à-dire des hommes et des femmes
capables de s’élever au-dessus des intérêts locaux et partisans, des Africains capables de
comprendre qu’aucun pays ne peut s’en sortir
seul, des Africains capables de fixer le nouveau
cap, de définir les règles et mobiliser les
énormes ressources humaines disponibles.
Non, il n’y a pas d’autres alternatives possibles
si l’on veut que l’Afrique, forte de ses matières
premières, des richesses de son sol, de son
réseau hydrographique et de sa démographie,
intègre le gros du peloton.
Heman Zobollou
Consultant Tading
SBT-Paris
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POLITIQUE
Suite de la page 4
reprendre le 18 avril. Mais, dans la nuit du 14
au 15, Hamani Diori est renversé par Seyni
Kountché.
Le 27 janvier 1996, le colonel Ibrahim Baré
Mainassara (IBM) prend le pouvoir à la tête
d’un Conseil de Salut National pour « mettre
fin à la guérilla politique et sauver le Niger ».
Il bénéficie alors d’une très bonne côte de popularité du côté de l’Elysée : « protégé de Foccart, affilié à la grande loge nationale française
(GLNF) » et est affublé du sobriquet de «
putschiste le plus pacifique » par le susnommé.
C’est l’état de grâce.
Mais, Baré commet lui aussi l’irréparable : il
décide de revisiter les accords sur l’uranium. Il
est à son tour victime d’un coup d’état emmené
par le chef de la garde présidentielle, Daouda
Malam Wanké. Le 9 avril 1999, il est abattu sur
le tarmac de l’aéroport de Niamey.
A l’avènement de Mamadou Tandja, il ne se
contente pas de « négocier sur le prix de l’uranium : il souhaite également que le Niger
puisse disposer de sa propre part de minerai »
déclare (…). « Le président veut pouvoir le
vendre au plus offrant, et pas uniquement à
l’ancienne puissance coloniale, comme c’est la
règle de fait depuis les indépendances » poursuit-il. Les demandes de Tandja se font d’autant plus pressantes que le régime doit bientôt
faire face à une rébellion.
Areva choisi alors d’engager deux personnalités pour renforcer son influence face à la concurrence chinoise, à la résistance du président
nigérien, et contenir les rebelles Touarègues.
Sitôt nommé, l’un d’entre eux, le colonel Denamur se rend dans le nord du pays sans en
référer aux autorités nigériennes. Par son intermédiaire, « Areva aurait secrètement établi des
contacts avec les rebelles, avec la bénédiction
de Paris ». La riposte de Tandja est immédiate.
Le 26 juin 2007, Denamur est expulsé pour intelligence avec l’ennemi. Un mois plus tard,
c’est au tour du directeur d’Areva Niger d’être
déclaré persona non grata au Niger pour le
même motif.
Claude Silberzhan, l’ancien chef de la DGSE,
dans le même élan, a confirmé que les services
secrets français avaient joué un « rôle majeur
et secret » et que des agents français avaient
séjourné « à plusieurs reprises » dans le désert.
C’est ainsi que le 18 février 2010, Tandja est
victime d’un coup d’état militaire qu’il redoutait depuis plusieurs mois. Il en sera ainsi de
tous les dirigeants nigériens qui oseront s’attaquer à l’épineux dossier du nucléaire.
Affirmer sa souveraineté
M. Amadou Cissé, le ministre d'Etat, chargé du
Plan et de l'Aménagement du territoire du
Niger, déclarait il y a quelques temps que son
pays a "besoin de partenaires" pour la première
étape de son développement. Cette décision du
gouvernement nigérien « marque une rupture
par rapport au passé du Niger, qui avait rompu
avec une politique programmatique depuis près
de deux décennies ».
Selon le ministre d’Etat, le Niger doit prendre
"progressivement" en main son essor
économique et social grâce aux nouvelles
ressources minières et pétrolières découvertes
récemment. "Le plan a été conçu pour faire en
sorte que le Niger puisse, en tant que pays naturellement doté de ressources naturelles importantes, parvenir à exploiter au maximum
son potentiel minier et pétrolier et à générer des
richesses de la manière la plus optimale possible,. Ces ressources doivent bénéficier à l'intérêt général, et donc à la plus grande partie de
la population nigérienne", explique M.
Amadou Cissé. Qui précise que le Niger
compte s'approprier de plus en plus son
Le président Mamadou Tanja
développement. "Le plan devrait amener le
Niger à pouvoir bénéficier du maximum de ses
ressources pour progressivement s'autonomiser
par rapport à son développement", souligne
l’homme d'Etat nigérien. Notamment, "le
Niger doit prendre en charge le fonctionnement
et le financement de son développement".
D’autant plus qu’en 2014, le Niger deviendra
un pays exportateur de pétrole.
Mais, il veut notamment "rééquilibrer" les
partenariats signés avec les grands groupes internationaux, dont Areva. "Nous voulons revoir
les conditions de l'exploitation en vue de
rééquilibrer notre partenariat" assène le ministre.
En clair, le Niger qui a des difficultés de budget
cherche surtout "rééquilibrer" les partenariats
signés avec les grands groupes internationaux,
dont Areva. Il tient désormais à être parti
prenante des négociations actuelles et futures
d’Areva avec d’autres partenaires étrangers
pour ne plus être lésé. Car, Niamey craint que
les promesses de recettes fiscales et de royalties ne soient pas tenues. En la matière, les
preuves abondent. Un tableau comparatif des
situations respectives d’Areva et du Niger
quarante ans après la création de la Somair
laisse facilement deviner la réponse.
En 2008, après une hausse de 10,4% dans l’année et une progression de 34% en cinq ans, le
chiffre d’affaire d’Areva était de 13,2 milliards
d’euros, soit cinq fois le PIB du Niger, avec un
bénéfice de 589 millions d’euros, contre 743
millions l’année précédente.
Quelques autres indicateurs permettent de
mesurer mieux ce qu’Areva et la France
doivent au Niger. En France, pays le plus nucléarisé du monde en proportion de sa population, 80% de l’électricité est d’origine nucléaire
(…). Un tiers de l’uranium nécessaire aux 58
centrales françaises provient encore du Niger.
Le Niger a produit plus de 100 000 tonnes d’uranium, contribuant largement au développement de la puissance industrielle, économique
et militaire de la France.
A l’opposé, au Niger, un pays rural où le
secteur informel demeure prépondérant (…)
l’uranium représente depuis longtemps une
part importante des recettes d’exportation
(70% dans les années 1970, près de 50% aujourd’hui). Pourtant sa contribution au PIB n’a
jamais dépassé les 13% et est retombée aux
alentours de 2 à 4 % au début des années 2000.
En 2003, l’uranium représentait encore 62% de
la valeur des exportations nigériennes, mais
seulement 4,3% des recettes du gouvernement.
Selon les ONG nigériennes, la valeur de la production de l’uranium de 1967 à 2007
N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013
5
s’élèverait à 2500 milliards de FCFA, mais,
entre la vente du minerai, les impôts sur les
bénéfices, les dividendes et autres taxes, seulement 292 milliards sont revenus à l’Etat
nigérien, soit un peu moins de 12% de la valeur
de l’uranium exporté.
Il n’est pas alors surprenant que le Niger stagne
depuis longtemps en bas du tableau des pays
les plus pauvres du monde au regard de l’indice
de développement humain (IDH) du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). En 2005, selon le rapport
annuel de cet organisme, le Niger est ainsi
classé dernier des 177 pays étudiés. En 2010,
il devance tout juste la RDC et le Zimbabwe
alors que l’un sort à peine d’un conflit les plus
meurtriers du siècle et que l’autre a connu une
inflation démentielle qui a ruiné l’économie
formelle.
Face à un tableau des plus sombres, le Président Issoufou Mahamadou a décidé de prendre
ses responsabilités. D’abord, la création des
conditions d’attractivité pour ces groupes, pour
qu’ils se sentent parfaitement à l’aise. Il s’agit
entre autre d’une fiscalité attrayante, et d’une
facilitation des conditions d’installation.
Ensuite, l’affirmation de la souveraineté du
Niger sur ses ressources afin de tirer le meilleur
parti des exploitations de ses ressources naturelles et, en toute transparence. Pour cela, il
faut établir un partenariat « gagnant-gagnant »
avec l’ensemble des groupes pétroliers et
miniers. De sorte à parvenir à une maitrise effective des conditions d’exploitation de ses
ressources.
D’où les instructions du président de la
République, via le Ministre des Mines, de l’Energie et du Développement industriel, Omar
Hamidou dit Ladan Tchiana, à l’endroit des directions générales d’Imouraren S.A, SOMAIR
et COMINAK (évoluant toutes dans le secteur
de l’uranium) de procéder très rapidement au
démantèlement de la plate forme des sociétés
mise en place depuis 2008 par Areva.
En effet, AREVA NC Niger avait envisagé de
mettre en place une plateforme regroupant les
sociétés minières exploitant l’uranium dans ce
pays (COMINAK, SOMAIR, IMOURAREN)
en mettant au-dessus de ces sociétés, AREVA
NC Niger (ANCN), créé à dessein. Cette « harmonisation » devait être le véhicule par lequel
ANCN réaliserait d’importantes opérations financières dans le but d’améliorer son bilan
d’exercice annuel aux dépends des sociétés
nigériennes susmentionnées. C’est dans la perspective de multiplier les profits et, également
de minimiser les coûts et les pertes qu’ANCN
avait mis en place ce procédé savamment
élaboré pour contourner les conventions en
vigueur au Niger et les trois filiales (SOMAIR,
COMINAK et IMOURAREN) et, s’approprier
ainsi les procédures de passation des marchés,
le recrutement, la logistique, les systèmes d’informations etc.
Ainsi, par cet artifice, ANCN devenait seul décideur et refacturait toutes ces opérations au
grand dam de l’Etat du Niger qui se voyait, in
fine, privé injustement de la plupart de ses dividendes en fin d’exercice. Or, lorsque l’on se
penche de près sur ce que représentent les
opérations effectuées par ANCN par l’écran de
cette plateforme, l’on peut se rendre compte
qu’il s’agit là d’énormes manques à gagner
pour l’Etat du Niger.
Toute chose qui a fait dire à Raphael Granvaud,
membre de SURVIE que «c'est ainsi que la
France garde son " rang " dans le monde, justifie sa place de membre permanent du conseil
de sécurité à l'ONU, et reste enfin une petite "
grande puissance ".
Sery Bogoss
www.apricainfo.com
Aprica Info
Le poker menteur de la France
POLITIQUE
En Afrique, l’intervention armée de la France pose dans certains
cas, bien des questions...
Je revois encore les manifestations de joie en
Afrique, et particulièrement à Bangui, à l’élection de Barak Obama, pour son premier mandat
comme président des Etats-Unis d’Amérique.
Des fêtes ont même été organisées pour célébré
cette élection comme s’il s’agissait d’un événement africain ou international. Il s’agissait
pourtant de l’élection d’un président des USA,
même s’il est noir, seulement de couleur de
peau. Qu’a fait Obama pour ces millions
d’Africains qui ont célébré sa première élection
comme s’il s’agissait de l’élection de leur candidat comme président de leur propre pays?
Rien! Absolument rien du tout! Et je suis persuadé que la réélection, en novembre 2012, de
Monsieur Obama n’a pas donné lieu, en
Afrique, aux manifestations de joie observées
lors de sa première élection.
Malgré cette atmosphère de relative indifférence à la réélection de Barak Obama, les
Africains, qui refusent de retenir les leçons de
ce qu’ils vivent, qui refusent de s’inventer un
destin, comme l’a proclamé un président de la
France, le sieur Sarkozy, ont encore applaudi
et dansé à l’élection de Monsieur François Hollande, le socialiste. Même si je dois supposer
que, en Côte d’ivoire particulièrement, les applaudissements et danses étaient plus pour la
défaite de Sarkozy que pour l’élection de Hollande, force est de reconnaître que l’Afrique et
les Africains ont encore ouvert des bouteilles
de champagne pour célébrer l’événement. Et
pourtant, ce n’était que le résultat d’une élection présidentielle française. Ici, encore, les
Africains ont oublié que selon une théorie politique mille fois vérifiée, une théorie dont le
père est un président de la France, le Général
Charles de Gaulle himself, ‘‘un pays n’a pas
d’amis : iI n’a que des intérêts’’.
Et lorsque le président français, Hollande,
jouant au poker menteur avec les Africains, déclare la mort de la Françafrique, des Africains,
naïfs, l’ont cru et applaudi. Ici encore, les ‘Mamadou et Bineta’ africains, qui refusent de
grandir et donc de s’affranchir, ont oublié une
autre théorie dont le père est aussi un français,
un ministre du commerce de Valéry Giscard
d’Estaing, Michel Jobert, théorie selon laquelle
‘‘la France n’a pas de pétrole, mais elle a des
idées’’.
Continuant son jeu de poker menteur, Hollande
dira, lors de l’avancée des rebelles sur Bangui,
que la France, son pays, n’est pas là pour
défendre un régime, mais ses ressortissants et
les Européens. Des Africains, ici encore, y ont
vu la mort des dictateurs africains, notamment
dans le pré-carré français, qui ne pourront plus
s’abriter sous le parapluie français pour spolier
leurs peuples.
Mais voilà qu’au Mali, alors que la France de
Le président français, François Hollande
Hollande déclarait se mettre strictement dans
le cadre de l’ONU et de la CDEAO, intervient,
brutalement, au nord du Mali pour refroidir
l’ardeur des djihadistes maliens, démolisseurs
de monuments classés patrimoine de l’Unesco,
et coupeur s de bras au nom de la charia, non
seulement par ses avions de guerre, mais aussi
par des hommes au sol. Poker menteur encore!
Et voila Hollande qui accepte que le Nigeria
offre ses avions de guerre pour chasser les rebelles du Mali. A-t-il oublié que Chirac, lui
aussi président de la France, avait refusé, en
2002, que le même Nigeria offre à la Côte
d’Ivoire ses avions pour chasser les rebelles
ivoiriens, buveurs de sang humain? A-t-il oublié que la France a détruit les avions ivoiriens
pour avoir bombardé les rebelles ivoiriens.
Tiens, il paraît que les bombardements français
des rebelles maliens ont tué des civils, donc
d’innocentes victimes. Ah non, les rebelles
ivoiriens n’étaient pas des rebelles, comme les
rebelles libyens n’étaient pas des rebelles,
comme ceux de la de la Centrafrique et de la
République Démocratique du Congo ne le sont
pas. En Côte d’Ivoire et en Libye, la France
arme les rebelles, les entraîne, combat à leurs
côtés et même à leur place. En RDC et en Centrafrique, la France les tolère. Ce qui revient à
un ‘soutien tactique’. Au Mali, la France combat les rebelles à visage découvert, toute seule.
N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013
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Et c’est au pays africains (le Sénégal craignant
l’épine casamançaise, le Burkina Faso voulant
un retour en grâce et réclamant un soutien contre son position, le Nigeria voyant venir la
torche brûlante des islamistes, le Togo craignant d’être abandonné contre son opposition,
etc.) de suivre la France. Poker menteur toujours!
Et voilà le ministre de la France guerrière,
Ledrian, qui déclare qu’il s’agit d’une assistance à pays en danger, que ‘‘quand un ami
vous appelle … qu’il va mourir, … vous allez
le secourir’’. Ah bon? Donc Bozizé, la Centrafrique et ses diamants dont on se souvient
encore ne sont pas des amis de la France!
Mobutu, Kabila fils et la RDC de sont pas des
amis de la France! Mais, au fait, depuis quand
un pays a-t-il des amis? Depuis quand la
France a-t-elle des amis?
Mais que la France et Hollande se rassurent :
nous voyons et nous comprenons. Et nous
sommes capables de décrypter que la France,
qui n’a toujours pas de pétrole, a encore des
idées. N’est-il pas vrai que la France n’a pas
d’histoire sans l’Afrique? Poker menteur, éternellement!
Richard Legbozagnon
www.apricainfo.com
Aprica Info
DOSSIER
La crédibilité de la CPI en jeu le 19 février 2013 à la HAYE
CONFIRMATION OU INFIRMATION DES CHARGES CONTRE LE PRESIDENT LAURENT GBAGBO
Le procès Gbagbo à la Cour pénale internationale retient l’attention de tous. Cette Cour de justice est-elle capable de dire le Droit le 19 février prochain? Un éminent juriste nous fait partager son analyse.
L
Le président Laurent Gbagbo
a Chambre préliminaire après avoir refusé la liberté provisoire et affirmé sa compétence a fixé au 19 février 2013,
l’audience de confirmation des charges dans l’affaire Procureur Ocampo contre Laurent Gbagbo.
Prévue par l’article 61 du statut, elle constitue une
étape importante de la procédure devant la Cour.
Sa finalité est de renvoyer en jugement devant une
chambre d’instance les personnes contre lesquelles
des charges sérieuses existent. Elle peut de ce fait
être vue comme un « mécanisme tendant à protéger
les droits de la défense contre des accusations abusives totalement infondées ». Cependant dans le
cas d’espèce, les circonstances qui ont présidé au
renversement du Président Laurent Gbagbo,
déclaré vainqueur de l’élection du 28 novembre
2010, et à son transfèrement à la Haye, la quiétude
du camp Alassane Ouattara pourtant également indexé pour des crimes relevant de la compétence de
la CPI mais jamais poursuivi, les positions adoptées à ce jour tant par le Procureur que par la
Chambre préliminaire dans ce dossier dont dépend
la réconciliation en Côte d’Ivoire, sont autant de
sujets de préoccupation pour ses partisans.Ce
faisant, l’audience de confirmation des charges
programmée dont le résultat est très attendu, se
déroulera sur fond de légitime suspicion à l’égard
de la CPI. Ce sentiment se renforce encore plus à
l’examen du document de notification des charges
déposé par le Procureur Ocampo le 16 mai 2012
qui dénote d’un parti pris manifeste.
UN CONTEXTE DE SUSPICION QUANT A
L’INDEPENDANCE ET A L’IMPARTIALITE DE LA CPI
L’une des plus fortes critiques contre la CPI au moment où cette audience est programmée est l’absence deux ans après la fin « militaire » de la crise
et plus d’un an après le transfèrement de Laurent
Gbagbo, de toute poursuite ni en Côte d’Ivoire ni
à la CPI, des Hauts Responsables du camp Ouattara. Il sera choquant de voir la CPI n’examiner que
le seul cas Laurent Gbagbo, alors même que tous
les rapports qui ont permis d’incriminer ce dernier
ont formellement cité des personnes : Alassane
Ouattara créateur ; Guillaume Soro Chef des FAFN
; Fofié Koffi, TuoFozié, Koné Zakaria, Cherif Ousmane, Losseni.
Au-delà de l’injustice flagrante d’une telle situation et de la frustration légitime des victimes du
camp Ouattara face à ce fait d’impunité, se pose la
question de la possibilité dans ces conditions que
le futur procès soit juste et équitable. L’absence de
poursuites contre le camp Ouattara est interprétée
comme la réédition au plan international de « la
justice des vainqueurs » qui a cours en Côte
d’Ivoire.
UN DOCUMENT DE NOTIFICATION DE
CHARGES PARTISAN
L’audience de confirmation des charges se
déroulera sur la base d’une enquête du Procureur
menée exclusivement à charge, en violation de l’article 54-1-a du statut. Cet article intitulé devoirs et
pouvoir du Procureur en matière d’enquêtes dispose que « pour établir la vérité, (le Procureur)
étend son enquête à tous les faits et éléments de
preuve qui peuvent être utiles pour déterminer s’il
y a responsabilité pénale au regard du présent statut
et, ce faisant, enquête tant à charge qu’à décharge
».
Or, le document ne reflète nullement le souci de la
vérité qui doit caractériser le procès pénal international, à travers la recherche et la prise en compte
d’éléments à décharge. Le document est exclusivement accusatoire (à charge). L’accusé y est
présenté comme un « homme accroché au pouvoir,
doublé d’un criminel cynique et sans cœur ». Ce
qui est totalement le contraire de l’Homme !
Or il n’est pas conforme à la vérité de laisser croire
comme le fait le Procureur, qu’aucun fait, aucune
circonstance, ne vient en décharge au Président
Laurent Gbagbo ? A lire le Procureur, rien ne vient
à décharge de l’accusé, vainqueur de l’élection
présidentielle non par auto-proclamation mais par
une déclaration officielle du Conseil constitutionnel ! Rien ne vient à décharge d’un candidat dont
les observateurs électoraux ont reconnu et déclaré
que ses partisans et électeurs ont été brutalisés et
empêchés de voter dans le nord ! Rien ne vient à
décharge de celui qui a proposé la solution pacifique du recomptage des voix là où son adversaire
proposait le recours à la guerre ! Rien ne vient à la
décharge de celui qui a accepté la médiation de
l’UNION AFRICAINE refusée par son adversaire
! Rien à la décharge de celui qui en pleine crise a
mis en place une commission internationale d’enquête pour vérifier les allégations de violations des
droits… !
L’analyse du document révèle par ailleurs le recours à des procédés à la limite de l’honnêteté intellectuelle notamment, des omissions délibérées
de faits pertinents pour un bonne intelligence de
l’affaire, des raccourcis et des contre-vérités
servies apparemment dans le but de tromper la religion de la CPI. Il en va ainsi des efforts déployés
pour démontrer que l’accusé est co-auteur indirect
de crimes contre l’Humanité.
CRIMES DE GUERRE OU CRIMES CONTRE L’HUMANITE ?
Il est vrai que le Statut de Rome ne lie pas le crime
contre l’Humanité à un contexte de conflit armé
N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013
7
comme par le passé avec le procès de Nuremberg.
Mais cela suffit-il à justifier, d’ignorer ou d’occulter totalement le contexte d’affrontements armés
dans lequel prennent place les graves infractions
que le Procureur est chargé de faire sanctionner ?
C’est l’exercice difficile auquel s’est livré le Procureur dans son acte d’accusation. Dans quelle intention le Procureur a-t-il choisi d’occulter la
situation du conflit armé ?
Certainement pour masquer le fait que les FDS
n’agissaient pas dans le cadre de l’application ou
dans la poursuite d’une politique criminelle comme
il le soutient, mais qu’ils se sont toujours trouvés
en mission de maintien de l’ordre public, ou en
mission de défense et de protection des populations, des institutions et des biens contre les attaques des groupes armés pro-Ouattara. Or
l’article 8-3 du statut de Rome relatif aux crimes
de guerre, réserve clairement le droit des Etats de
maintenir l’ordre public et de se défendre : « rien
dans le paragr. 2, c,e, n’affecte la responsabilité
d’un gouvernement de maintenir ou rétablir l’ordre
public dans l’Etat ou de défendre l’unité et l’intégrité territoriale de l’Etat par tous les moyens
légitimes » !
Ensuite cela fait apparaitre clairement que c’est
plutôt Alassane Ouattara qui organise les attaques
et non pas Laurent Gbagbo plutôt placé sur la
défensive, ce qui nuit à la thèse Ggagbo concepteur
avec son entourage d’un plan criminel d’attaques
de civils.Enfin cela montre indiscutablement que
les cibles des FDS sont les groupes armés proOuattara et non pas les populations civiles.
L’INTROUVABLE CRIME CONTRE L’HUMANITE
Selon le Procureur, Laurent Gbagbo et les membres de son entourage immédiat, auraient avant
l’élection présidentielle, conçu un plan d’attaque
d’Alassane Ouattara et des membres de son parti,
en vue de conserver le pouvoir. Ce plan a été exécuté à la fin des élections, entre le 16 décembre
2010 et le 12 avril 2011, par les forces pro-Gbagbo,
donnant lieu à quatre chefs d’accusation de crimes
contre l’Humanité : meurtres de 153 personnes ;
viols et violences sexuelles sur 32 femmes et jeunes filles ; actes inhumains sur 39 personnes ; persécutions. Tel est après cinq mois de conflit armé,
le « bilan criminel » du Président Laurent Gbagbo
qui fonde selon le Procureur Ocampo, son inculpation en tant que co-auteur indirect de crimes contre l’Humanité.
Les crimes allégués sont certes des crimes graves
qui appellent à situer les responsabilités ainsi que
des sanctions conséquentes. Cependant la qualification de crimes contre l’Humanité qui en a été
donnée n’est pas pertinente au regard des faits, des
circonstances et du contexte. Elle nous paraît plutôt
participer d’une manipulation politicienne à laquelle le Procureur a voulu donner un vernis juridique.
Cela explique d’ailleurs les grandes difficultés rencontrées par l’accusation pour démontrer l’existence des éléments du crime contre l’Humanité.
D’abord, pour donner plus de chance à sa stratégie
accusatoire sur fond de crime contre l’Humanité,
le Procureur ne présente aucun élément sur le contexte de conflit armé, mieux il nie qu’il y ait eu un
conflit armé.Ensuite pour démontrer que le Président a conçu un plan criminel avant l’élection, le
Procureur va recourir au mensonge. Il écrit au paragraphe 35 du document de charges que « le candidat Laurent Gbagbo a déclaré avant l’élection qu’il
n’acceptera pas de défaite » sans préciser les circonstances et le support médiatique de ladite déc-
suite page 8
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DOSSIER
suite de la page 7
laration. A la vérité une telle déclaration n’a jamais
existé, le Procureur s’est plutôt livré à un exercice
d’interprétation, erroné et tendancieux de deux slogans de campagne électorale des partisans du candidat Gbagbo : « on gagne ou on gagne » et « y a
rien en face ». En fait le sens de ces deux slogans
échappe culturellement au Procureur. Le premier
slogan signifie simplement, pour une élection à
deux tours, ou bien on gagne au premier tour, ou
on gagne au second tour. Quant au second slogan,
tiré d’une chanson électorale composée en l’honneur du candidat Laurent Gbagbo par le groupe
musical les « Galliets », il veut dire tout simplement que les deux adversaires en face de lui, Konan
Bédié et Alassane Ouattara , ne sont pas de taille à
remporter l’élection.
En quoi donc de tels slogans familiers, qui au demeurant ne sont pas des déclarations du candidat
Gbagbo, signifient-ils que celui-ci n’acceptera pas
de défaite ?
Le Procureur ajoute au paragraphe 36, que Laurent
Gbagbo a déclaré « qu’il aurait recours à la violence en cas de défaite », lors de son adresse
préélectorale à la jeunesse à Yopougon et dans un
discours public en date du 21 décembre 2010. Rien
que des mensonges là aussi. A nul endroit de
l’adresse faite aux jeunes à ce giga-meeting, on ne
trouve de tels propos attribués au Président Laurent
Gbagbo. Idem, pour le discours présidentiel du 21
décembre qui, est plutôt un discours d’apaisement.
Dans ce discours le président Laurent Gbagbo a accusé Alassane Ouattara et ses nombreux soutiens
extérieurs de lui « faire la guerre ». A cela il répond
: « je ne veux pas que le sang d’un seul ivoirien soit
versé. Je ne veux pas d’une guerre en Côte d’Ivoire
qui peut s’étendre aux pays voisins ou les affaiblir… je suis disposé à accueillir un comité d’évaluation international sur la crise post-électorale…
pour un règlement pacifique de la crise… je tends
la main du dialogue à l’opposition, à Monsieur
Ouattara et à la rébellion armée qui le soutient ».
Le Procureur a ensuite écrit que le Président Laurent Gbagbo avant les élections, a procédé à des
promotions au sein des FDS en vue de s’assurer
leur soutien dans l’application de son « plan criminel ». Il aurait également procédé à leur renforcement, par le recrutement de 2000 jeunes ainsi que
de miliciens et de mercenaires. Enfin il aurait financé, équipé et fait entrainer ces forces que le Procureur regroupe sous la dénomination de forces
pro-Gbagbo. Aucun mercenaire n’a été recruté au
sein des FDS. Par ailleurs, les mesures prises à l’égard des Forces de Défense et de Sécurité
régulières de Côte d’Ivoire, s’inscrivent dans le
cadre de leur gestion normale sauf pour le Procureur à apporter la preuve de leur anormalité. En
fait ce qu’il y a lieu de relever ici, c’est la mauvaise
foi du Procureur, qui fait l’impasse sur le contexte
sécuritaire de la préparation de l’élection présidentielle. Le document de charges ne rappelle pas que
depuis 2002 le pays est en proie à une guerre civile
et que la moitié nord du territoire est occupée par
la rébellion pro-Ouattara, laquelle en dépit de tous
les accords signés refuse de désarmer. Selon l’accord de Ouagadougou, le désarmement des rebelles
devrait être achevé deux mois avant l’élection
présidentielle. Non seulement ils ont refusé de
désarmer mais ils ont continué d’être approvisionnés en violation de l’embargo sur les armes via le
Burkina Faso (rapport non publié de l’ONU).
LES ATTAQUES ONT-ELLES CIBLE LES
POPULATIONS CIVILES ?
Selon l’accusation les populations civiles spécialement les partisans d’Alassane Ouattara auraient été
victimes d’attaques des FDS ou de miliciens qui les
visaient expressément. Que relève-ton à l’analyse
des quatre évènements qui fondent les accusations
portées contre le Président Laurent Gbagbo ?
La marche du 16 décembre sur la RTI.
Initiée par le « gouvernement du Golf », cette «
manifestation » avait pour but d’installer à la tête
de la Radiotélévision ivoirienne, un Directeur
Général nommé par Alassane Ouattara qui remplacerait ce faisant le Directeur Général en fonction
nommé lui par le Président Laurent Gbagbo. La
veille de cette manifestation, Soro Guillaume «
Premier Ministre du gouvernement du Golf » a exhorté ses combattants des FAFN, dans l’enceinte
de l’hôtel du Golf, à participer et à faciliter la
libération de la RTI le lendemain 16 décembre
2010. La vidéo de cette scène a été vue dans le
monde entier. Il ne s’agissait pas d’une manifestation pour demander une amélioration de la gestion
des programmes de la RTI, mais plutôt d’un assaut
militaire pour prendre le contrôle d’une structure
de l’Etat.
Un extrait du rapport de la Commission internationale d’enquête sur les allégations de violation
des droits humains dans la crise post-électorale
mise en place par le Président Laurent Gbagbo le
7 janvier 2011, résume assez bien les évènements
de la RTI: « malgré les consignes de la hiérarchie
des FDS d’éviter les provocations et de ne faire
usage des armes qu’en dernière extrémité, l’affrontement a eu lieu. Selon un militant PDCI manifestant, la foule était importante, non maîtrisable et
excitée. C’est vers 10 heures que les tirs ont commencé. Les manifestants étaient armés et n’ont pas
obtempéré aux sommations des policiers ».
Les troupes de Soro Guillaume qui dans le même
temps ont tenté d’ouvrir un passage vers la RTI par
des tirs de roquettes contre les positions des FDS
ont été stoppées au niveau de Cocody.
On ne peut raisonnablement affirmer que cette
manifestation-insurrection est la preuve d’une attaque des populations civiles par les FDS, « en application d’un plan conçu par Laurent Gbagbo
ayant pour but cette attaque ».
La manifestation des femmes d’Abobo-Gare, le 3
mars 2011.
Dans le quartier d’Abobo-Gare où la guerre fait
rage depuis janvier 2011 une curieuse et anodine
manifestation des femmes est organisée, presque
sous la pression du gouvernement du Golf, comme
si celui en attendait quelque chose d’important.
Dans le courant de la journée le monde entier apprenait par les médias français, que les FDS de
Laurent Gbagbo avaient tiré sur ces femmes à
l’arme lourde, faisant 7 morts dans des conditions
à ce jour non élucidées.
La journaliste-écrivaine, Leslie Varenne dans son
ouvrage intitulé « Abobo la guerre. Côte d’Ivoire
terrain de jeu de la France et de l’Onu » écrit que
nombre des femmes manifestantes s’interrogeaient
sur l’insistance du « Golf » de voir cette manifestation se tenir précisément au carrefour Anador, ce
jour du 3 mars 2011, alors qu’Abobo était en guerre
! On lit également, que les chars et les manifestantes circulaient en sens inverse alors que c’est
dans le dos que les victimes ont été touchées ! Tous
les témoignages recueillis ce jour-là indiquaient
que les tirs sont partis d’une station d’essence
située dans les environs, et non pas des chars. On
lit que les corps auraient été enterrés rapidement,
sans autopsie et à l’insu des familles (pp 123 à
128). Comment dans ces conditions, peut-on conclure avec une absolue certitude, qu’il s’agit là
N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013
8
d’une attaque lancée contre une population civile
par des FDS, en application du plan conçu par le
Président Laurent Gbagbo ayant pour cette attaque
?
Restent les deux autres évènements à savoir les tirs
d’obus sur un marché d’Abobo-Gare le 17 mars
2011 et les massacres dits de Yopougon du 12 avril
2011.
Pour le premier, on se réfèrera utilement à nouveau
à l’ouvrage précité pour tenter de comprendre ce
qui s’est passé à défaut de savoir. « Le 17 mars,
trois obus sont tirés. Un sur le marché Siakakoné,
un dans le quartier Derrière-rails et un à Bokabo.
Ces tirs sur la population sont le deuxième fait marquant qui va conduire le Conseil de Sécurité à voter
la résolution 1975. Qui a tiré ? Et qui a donné l’ordre de tirer ?... Ces crimes sont imputés à Laurent
Gbagbo, pourtant la prudence reste de mise » (p
129). Sur la base de quelles preuves le Procureur
Ocampo peut-il affirmer qu’il s’agit là d’une attaque menée en application d’un « plan criminel »
de Laurent Gbagbo ?
Le second évènement qui serait survenu le 12 avril
au lendemain de l’arrestation du président Gbagbo
par les forces françaises, reste aussi difficile à
décrypter en l’absence de plus de précisions de la
part de l’accusation en ce qui concerne les lieux,
circonstances et acteurs.
Au total, il est difficile de conclure que le document
de charges à travers les quatre évènements examinés a établi de façon tangible, que les crimes allégués sont le résultat d’attaques des FDS, ayant
pris pour cibles des partisans d’Alassane Ouattara,
en exécution d’un plan du Président Gbagbo et de
son entourage ayant pour but une telle attaque.
D’autres éléments, volontairement occultés par
l’accusation montrent par ailleurs qu’une telle intention criminelle n’a jamais été sous-jacente aux
décisions de gestion de la crise.
Il est constant que tout au long de la crise postélectorale, le Président Laurent a donné des gages réels
de sa volonté de la régler par des voies pacifiques.
Sa pertinente proposition d’une évaluation du
processus électoral par un comité international neutre, devant aboutir à un recomptage des voix aurait
assurément permis à la Côte d’Ivoire de faire l’économie d’une guerre et épargné de nombreuses
vies humaines ainsi que des souffrances inutiles.
Elle était la preuve qu’il était sûr de sa victoire.
Pour des raisons inexpliquées cette solution a été
rejetée par Alassane Ouattara soutenu par le Secrétaire Général des Nations-Unies Ban Ki Moon, ces
derniers préconisant la voie de la guerre.
Mais c’est surtout la création par le décret n° 201106 en date du 7 janvier 2011, de la Commission internationale d’enquête sur les allégations de
violation des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire,
qui constitue la preuve indiscutable, que le Président Laurent Gbagbo n’a jamais conçu comme le
prétend le Procureur Ocampo, un plan criminel
dans le but d’attaquer les partisans d’Alassane
Ouattara, et qu’il entendait bien prendre des
mesures à l’encontre des auteurs éventuels. Il n’aurait jamais pris une telle décision s’il se savait compromis dans un projet criminel.
En occultant dans son document de charges un tel
rapport, assez complet et d’une grande objectivité
ainsi que bien d’autres faits et éléments pertinents
de la situation objet de son enquête, le Procureur
Ocampo a certainement voulu, pour des raisons que
lui seul connait, accabler le Président Laurent
Gbagbo. L’analyse du document de charges montre
qu’il n’est pas parvenu à son but. Il reste à espérer
qu’à l’audience du 19 février 2013, la CPI accepte
de rétablir la vérité qu’il a tenté de travestir, ce qui
contribuerait grandement à donner vie au processus
de réconciliation en panne dans ce pays.
Etonga Moumie Jean-Luc
PROFESSEUR DE DROIT
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ECONOMIE ET DEVELOPEPEMENT
CONTEXTE ET CONCEPTS
L’AFRIQUE A L’EPREUVE DES THEORIES DU DEVELOPPEMENT
L
Comment comprendre les grandes théories de développement? Un économiste explique.
es concepts sur le développement tels
qu’ils abondent aujourd’hui dans la littérature économique apparaissent à la
fin de la seconde guerre mondiale avec le
mouvement de décolonisation amorcé par
l'Inde en 1947. En 1949 à la tribune des Nations Unis, Truman, le Président des ÉtatsUnis d’Amérique appelle les pays riches à
aider au développement des nations pauvres.
La notion de pays sous-développés venait
ainsi de naître. Par la suite s’est constitué un
corpus d’idées sur la recherche des causes de
la pauvreté des nations dites sous-développées et des solutions à y apporter. L’économie du développement venait elle aussi
de voir le jour. Bernard Conte définit l’économie du développement comme «une discipline fondée sur un objet, les processus de
transformations de longue durée, et sur un
champ, le Tiers Monde ou pays en développement » dont l’Afrique.
Pourtant, l’Afrique regorge de richesses (naturelle, culturelle, sociale et humaine) immenses aussi bien en quantité qu’en qualité.
Malgré ses atouts qui font du continent un
pôle attractif, l’Afrique est en queue de liste
de tous les indices de développement humain.
Se pose alors la question de savoir pourquoi
cette situation ? Qu’est ce qui explique cette
contradiction de pays pauvres dans un continent aussi riche?
Notons que les théories sur le développement
sont nées en Afrique après la seconde guerre
mondiale, qui fut la première guerre menée
au nom de la liberté. Les vieilles puissances
sortent ruinées de cette guerre. Il y a naissance sur la scène internationale de nouvelles
puissances hégémoniques : États-Unis,
URSS, favorables à la décolonisation. La
période des indépendances marque donc
l’avènement des théories de développement
en Afrique. Aussi, devons-nous rechercher la
réponse à nos interrogations dans l’état des
économies africaines au moment des indépendances.
1-La période des ‘’indépendances’’ comme
contexte de la naissance des théories du
développement en Afrique
La majorité des Etats africains ont accédé à
la souveraineté internationale dans les années
60. Quelle était la situation des économiques
africaines à cette époque ? Interrogeons le
système colonial.
La colonisation a été le fait des pays de l’Europe Occidentale. Le système colonial est caractérisé par : une appropriation des terres par
le colonisateur, la domination du capital
marchand qui se valorise au dépend du Capital productif, la mise en place d'un pacte colonial entre la métropole et les colonies qui fait
de celles-ci des réservoirs des produits de
base pour les industries occidentales créées à
la suite de la révolution industrielle en Europe
et des déversoirs des produits manufacturés
de ces métropoles. A titre d’exemple, la
France, entre 1880 et 1895, est passée de 1
million de km2 à 9,5 millions de km2 en
matière d'étendue de possession de territoire
colonial. Ainsi, la France exploitait systématiquement et allègrement toutes les ressources
dont regorgent ces territoires.
Alors que l'Asie a été décolonisée sans grande
fragmentation, quelle que soit la forme
qu’elle ait prise, la décolonisation a laissé en
Afrique un territoire fortement balkanisée.
Ainsi, vu son mode opératoire, l’on peut affirmer aisément que le système colonial, loin
d’avoir été un vecteur de diffusion du progrès,
comme tentent de le faire croire ses thuriféraires, n’a été en réalité, à l’instar du commerce triangulaire et de la traite négrière,
qu’un moyen pour le colonisateur de satisfaire ses besoins de développement.
De ce fait, les structures économiques, le système éducatif et autres institutions des pays
africains au sortir de la colonisation ont été
modelées par les anciennes métropoles non
pas pour générer un développement autonome, mais pour perpétuer la logique du
système colonial qui est de servir les besoins
de développement de l’ex-pays colonisateur.
Tel est le contexte historique de la naissance
des théories du développement en Afrique.
2-Les théories du développement et leur
évolution
Ces théories se donner pour objet d’expliquer
comment les pays pauvres ou sous-développés peuvent rattraper les pays riches ou pays
développés, les vieilles nations industrielles
étant alors le modèle à atteindre. Malgré leurs
divergences de définitions, ces concepts tournent autour des deux grands courants qu’a
connus la pensée économique : l’Ecole classique qui a donné naissance au libéralisme et
au néolibéralisme économiques, l’Ecole
marxiste qui a engendré le socialisme.
Les observateurs modernes de l’évolution de
la pensée économique regroupent ces
théories en plusieurs grandes familles. Nous
n’en retiendrons que trois, largement
représentatives pour les besoins de notre propos : 1) les théories du rattrapage, 2) les
théories du développement par le bas, 3) les
Programmes d’Ajustement structurel.
2.1-Les Théories du rattrapage
On les nomme aussi ‘’Théories du développement par la croissance’’ A l’époque où ces
théories sont établies (les années 50), le
développement ne se différencie pas de la
croissance. Les principaux supports de ces
théories sont entre autres : les Etapes de la
croissance de Rostow, la vision dualiste du
développement de Lewis, la théorie d’inspiration ‘’ricadienne’’ du développement par
l’ouverture, les théories marxistes et ‘’dépendantistes’’ développées dans les années 60 et
70 par Samir Amin, C. Furtado, AG. Frank,
E. Arghiri.
- Les Etapes de la croissance de Rostow : Ce
modèle décrit le développement économique
comme un processus composé d'une succession d'étapes devant être suivies plus ou
N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013
9
moins par tous les pays sur la base de l'expérience des pays du Nord. Seul le moment du
décollage diffère (Teulon, 1999) : 1)-le
développement suppose d'abord une remise
en question de la société traditionnelle, de son
organisation sociale rigide et de sa production
limitée à une simple économie de subsistance
; 2)-le développement exige une préparation
pour pouvoir opérer son décollage: une agriculture capable de dégager des surplus, un
État actif pour mener à bien certaines interventions favorisant l'émergence d'entrepreneurs... ; 3)-le décollage du développement
passe par l'identification et la promotion de
secteurs moteurs disposant d'un niveau d'investissements qui leur correspondent,
secteurs promus à la condition que soient
levés les obstacles sociopolitiques pouvant
nuire à leur pénétration ; 4)-une industrialisation de l'agriculture qui permet la libération
d'une main-d’œuvre agricole laquelle, à son
tour, peut ainsi être mise à profit pour favoriser une industrialisation plus diversifiée ;
5)-la mise en place d'une économie de consommation de masse: émergence d'un secteur
tertiaire privé et diffusion de biens de consommation durables (appareils ménagers, automobiles, etc.). En bref, le développement se
concentre et se définit à partir de trois moteurs qui sont l'urbanisation, l'industrialisation et l'économie de marché, trois moteurs
qui seraient à l'origine du développement des
sociétés du Nord à partir du 19e siècle (18301975). Le développement du Tiers-Monde
dont l’Afrique devrait donc aller très vite car
il peut bénéficier des acquis et de l’expérience
du monde développé.
Il faut relever ici que cette façon de voir le
développement oublie que ces moteurs ne
sont pas neutres, qu’ils se sont inscrits dans
le cadre du capitalisme. Or ce capitalisme industriel et urbain ne s’est pas construit
uniquement sur la base d’échanges commerciaux et de progrès technique mais aussi sur
la base des conquêtes armées des marchés et
celui de la colonisation (FAVAEAU 2004). Ce
modèle n’a pas fonctionné dans la plupart des
pays. Il a engendré une spirale de la dette :
payer la dette et les intérêts de la dette et faire
du développement… dans les marges.
- La vision dualiste de Lewis : Quant à Lewis,
suite page 10
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ECONOMIE ET DEVELOPEPEMENT
suite de la page 9
il propose une vision dualiste du développement. Cette vision part du constat que les
économies sous-développées sont des
économies duales, c’est-dire qu’il y a juxtaposition d’un secteur traditionnel et d’un
secteur moderne ; ces deux secteurs fonctionnent sous deux modes totalement différents ;
dans le secteur traditionnel, les besoins sont
sociaux, dans le secteur moderne, les besoins
sont économiques ; dans le secteur traditionnel, l’avoir n’est pas une fin en soi ; dans le
secteur moderne l’accumulation des biens et
des marchandises est une fin en soi. Selon ce
modèle, le secteur capitaliste moderne va absorber le secteur traditionnel par un transfert
de main d’œuvre entre le secteur traditionnel
et le secteur moderne. Ce modèle s’appuie sur
l’évolution historique de l’Europe. La grande
erreur de Lewis est de penser que l’évolution
historique singulière de l’Europe est modélisable.
En effet, l’évolution des faits économiques en
Afrique a révélé un transfert du secteur traditionnel vers un nouveau secteur : le secteur
informel.
- Le modèle du développement par l’ouverture : Inspiré par le principe des avantages
comparatifs de Ricardo, ce modèle néolibéral
propose que chaque pays se spécialise dans le
domaine où il est le plus compétitif. Le commerce international devient alors le principal
facteur de croissance : les pays sous-développés doivent mettre en valeur leurs avantages
comparatifs pour s’insérer dans l’économie
mondiale et ainsi se développer. Ce modèle a
été mis en pratique par les institutions de Breton Woods : le FMI, la Banque Mondiale, et
le GATT (devenu l’OMC en 1995). Les avantages des pays sous-développés sont l’exportation des matières premières et des produits
agricoles de base. Ils ont aussi un avantage
comparatif dans la production de biens manufacturés de masse (nécessitant beaucoup de
main d’œuvre). Sur cette base a été dessinée
la carte de l’organisaéconomiques
rne, les besoins sont
dans le secteur modeditionnel, l’avoir n’est pas une fin
; dans le secteur tra ur moderne l’accumulation des
en soi ; dans le sectedises est une fin en soi
biens et des marchan
tion internationale du travail. D’après cette
organisation, l’Afrique doit se spécialiser
dans l’exportation de matières premières et
l’Asie dans la production des biens manufacturés de masse.
- Les modèles marxistes et dépendantistes :
Dans ces modèles, le sous-développement et
le développement sont deux faces d’un même
objet. Il n’y a donc pas de linéarité dans le
développement. Pour elles la solution se
trouve dans la capacité des pays dits pauvres
à mettre fin aux causes du sous-développement. La principale cause est le transfert du
surplus économique des pays du sud vers les
pays du nord. Ce transfert s’est d’abord opéré
par la colonisation (pillage direct des
ressources et de la main d’œuvre). Après les
indépendances, ce transfert se poursuit par le
rapatriement des bénéfices des investisseurs
vers le nord, mais aussi par le service de la
dette. Un autre canal est la détérioration des
termes de l’échange. Les termes de l’échange
qui est le rapport entre les prix des matières
premières et les prix des biens manufacturés
se sont détériorés en faveur des biens manufacturés. C’est le principe de l’échange inégal
développé dans les modèles marxistes et
dépentanisâtes. Cette détérioration peut
s’opérer de manière brutale : par exemple, la
Côte d’Ivoire est le premier exportateur de
cacao dans le monde depuis les années 60. En
1982, il y a eu détérioration brutale du prix du
cacao. Conséquence : le pays ne pouvait plus
rembourser sa dette. Selon ces théories, le
monde est divisé entre un centre et une périphérie. Les pays
n’éradique
ent économique . C’est la
em
pp
lo
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dé
té
Le
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ement la pauv
donc pas forc éories du développement
th
s
de
naissance
par le bas
développés sont au centre et
commandent les deux cercles. Ces différences
Centre/Périphérie s’expliquent par la division
internationale du travail. C’est parce que les
économies du sud sont hétérogènes et peu diversifiées que celles-ci sont extraverties en
direction du centre. C’est donc la domination
extérieure qui a produit le sous-développement et qui l’entretient.
Cette analyse n'offre guère de possibilités d’agir sinon en considérant que seule la révolution changerait le cours des choses.
Séduisante perspective pour certains mouvements mais qui fut de courte durée du fait de
l’effondrement du bloc socialiste.
ment» libéral nouvelle manière (Comeliau,
2000). La thérapeutique néolibérale des politiques d'ajustement structurel du FMI et de la
Banque mondiale peut se résumer de la façon
suivante : 1)-maximiser l'insertion des pays
du Sud sur le marché mondial, c’est-à-dire
une ouverture forcée des économies sur l’extérieur ; 2)-privatiser les entreprises de caractère public et libéraliser les prix ; 3-réduire les
dépenses sociales (éducation, santé, habitation, etc.).
2.2-Les Théories du développement par le
bas : Dans les années 50 la pauvreté est
perçue comme une conséquence du sousdéveloppement économique. Dans les années
70 on se rend compte que les théories du rattrapage ou du développement par la croissance ont un impact limité sur la réduction de
la pauvreté. Le développement économique
n’éradique donc pas forcement la pauvreté.
C’est la naissance des théories du développement par le bas. Selon ces concepts, pour
pouvoir lutter contre la pauvreté, il faut pouvoir la mesurer. Pour cela, l’indicateur PNB
par habitant est inopérant car il n’est pas pertinent. En effet le PNB par habitant ne tient
pas compte du processus de redistribution de
la richesse qui est l’un des points centraux de
la vie économique, de l’économie non
marchande qui est un secteur non négligeable
dans les structures économiques des pays dits
sous-développés, des inégalités et de la satisfaction des besoins de base.
Pour
ces théories la croissance économique
mesurée par les agrégats ne peut être le seul
moyen d’accéder au développement. Les populations doivent être les acteurs et non seulement les bénéficiaires.
2.3-Les Programmes d’ajustement structurel : A la suite des chocs pétroliers, le
monde entre en récession et tous les prix des
matières premières hors pétrole s’effondre.
Les pays du Sud très endettés n’ont plus les
moyens de payer les emprunts. Les modèles
«développementistes» qui avaient fait les
beaux jours des années 70, sont en crise parce
qu’inopérants. Les Programmes d’ajustement
structurel (PAS) issus du consensus de Washington deviennent alors, et ce, pendant 20 ans
(1980-2000), le fer de lance d’un «développe-
nsidérés tant les
hui eux-mêmes déco
les PAS sont aujourd’ t engendrés ont été flagrants et que se
on
échecs sociaux qu’ils nes de l’explosion sociale (des émeutes
sont manifestés les sig de l’implosion sociale (en Afrique)
en Amérique latine) ou ‘’L’Afrique à l’épreuve
des théories du développement’’, tel est le
thème que nous nous proposons de traiter
dans l’optique du débat général en cours sur
la recherche des voies de sortie du sousdéveloppement des pays Africains. A cet effet
nous avons tenté de reconstituer dans un survol rapide l’itinéraire de plus de 50 ans
(depuis 1960) autour de la notion de
développement en Afrique. Au terme de notre
parcours, nous notons que le mimétisme occidental de l’analyse et des solutions
néolibérales, prolongement du paradigme
colonial d’un côté, le blocage et le développement endogène de l’analyse marxiste de
l'autre qui ont constitué les deux référentiels
de base des débats et des politiques nationales
et internationales en matière de développement n’ont à ce jour pas produit les effets escomptés dans les économies africaines, où la
pauvreté sévit et augmente de plus en plus.
Nous poserons ultérieurement la problématique d’une théorie économique africaine.
Mais au paravent, nous allons dans le
prochain article continuer notre réflexion en
esquissant une tentative de bilan des politiques économiques mises en place à partir de
ces théories.
N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013
10
Mais les PAS sont aujourd’hui eux-mêmes
déconsidérés tant les échecs sociaux qu’ils
ont engendrés ont été flagrants et que se sont
manifestés les signes de l’explosion sociale
(des émeutes en Amérique latine) ou de l’implosion sociale (en Afrique). En Afrique les
États ont tellement été affaiblis et discrédités
que l’idée même d’intérêt général est devenue
caduque aux yeux des populations qui ne s’en
remettent qu’à eux-mêmes. D’où pour
l’essentiel, une montée en puissance de stratégies de la débrouille que l’on nomme aujourd’hui économies populaires. Bref, dans
les institutions internationales les plus fortes
(Banque mondiale, FMI et OMC), la croissance et la compétitivité l’ont emporté sur le
développement qui s’est réfugié au PNUD.
Le résultat est désormais connu et confirmé :
le développement a disparu de l’ordre du jour
de la communauté internationale et de la plupart de ses institutions. Il a été remplacé par
celui de la lutte contre la pauvreté, et surtout,
contre l’extrême pauvreté (Lévy, 2000).
Jean Michel Dizah
Economiste
à Johannesburg
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ECONOMIE ET DEVELOPEPEMENT
LA QUESTION DU DEVELOPPEMENT AU CENTRE DES PREOCCUPATIONS DU CONTINENT
Pourquoi l’Afrique tarde à se développer?
L
L’Afrique est à la traine du développement. Quelles en sont les raisons profondes et comment y remédier?
a question du développement est aussi vielle
que le monde. Bien qu’elle ait été traitée
depuis toujours par d’éminents spécialistes, il
n’est pas vain d’y revenir au moment où l’Afrique
semble marquer le pas malgré un niveau de croissance économique non négligeable ces dernières
années. De toute évidence, la croissance
économique consécutive à l’industrialisation des
pays occidentaux a été un élément déterminant
dans l’amélioration du niveau de vie des populations de ces pays. A l’opposé, l’Afrique peine à
prendre sa place dans l’économie mondiale. Pourtant ce ne sont pas les atouts qui manquent au continent noir qui a connu sa période de gloire avec
l’émergence de grands empires et des royaumes
au début du premier millénaire (Ghana, Mali,
Soudan, Monomotapa, Songhai, le royaume
éthiopien, Kanem-Bornou, etc.).
La part de l’Afrique subsaharienne dans la production mondiale de matières premières, énergétiques et non énergétiques, est de l’ordre de 10 %.
Mais l’Afrique regorge de minerais, de pierres
précieuses, d’or et de zinc. A titre d’exemple,
l’Afrique du sud seule possède 90% des réserves
de platine et avec le Zimbabwé la totalité des
réserves de chrome. 50% des réserves de cobalt
se trouvent au Congo et en Zambie. Le golf de
Guinée mais aussi le Soudan, le Tchad et bien
d’autres pays du continent regorgent de pétrole.
Malheureusement l’Afrique n’assume que 0,5 %
environ de la production mondiale de produits
manufacturés. Sa contribution dans le commerce
mondial est très faible, et en déclin permanent,
passant de 8 % dans les années 1990 à 2 % aujourd'hui. Les exportations du continent sont constituées à 80 % de pétrole, des minerais et des
produits agricoles à très faible valeur ajoutée.
Avec un PIB par habitant d’environ 1000 dollars
par an et un IDH de 0,465 et plus de 200 millions
de personnes mal nourries en 2010, l’Afrique subsaharienne est la partie la plus démunie du continent.
En plus de ces contre performances économiques
et commerciales, l’Afrique est le lieu de concentration de la plupart des fléaux qui déciment sa
population et étalent sa misère. Selon l’UNICEF,
l’Afrique subsaharienne reste la région du monde
où l'on enregistre le plus fort taux de mortalité infantile, 121 pour mille, alors qu’il est de 7 pour
mille dans les pays développés.
Cette situation et bien d’autres encore suscitent
l’intérêt des spécialistes du développement qui
ont élaboré des théories et des modèles de
développement susceptibles d’aider le continent
à sortir de sa torpeur. Pour n’avoir pas su poser un
diagnostic pertinent prenant en compte l’étiologie
du syndrome de sous développement de
l’Afrique, ces théories et modèles de développement semblent être dans l’impasse. Encore fautil s’entendre sur la notion de développement pour
ne pas laisser prospérer les théories simplistes du
retard que les pays pauvres auraient vis-à-vis des
pays dits développés. Lesquelles théories proposent un modèle unique de développement applicable à tous et prenant pour modèle la réussite
européenne et américaine des décennies précédentes. C’est pourquoi, au moment où des pays
qui avaient le même niveau de développement
que l’Afrique il y a une cinquantaine d’années
émergent, le bon sens commande que l’on revoie
la copie de l’Afrique subsaharienne.
Pour mesurer le niveau de développement d’un
pays Le PNUD propose quatre critères :
• la productivité qui permet d’enclencher un
processus d’accumulation ;
Et pourtant les africains ont cru en leur bonne foi
• la justice sociale : les richesses doivent être
partagées au profit de tous ;
• la durabilité : les générations futures doivent
être prises en compte (dimension à long terme du
développement) ;
• le développement doit être engendré par la population elle-même et non par une aide extérieure.
La question que se posent tous ceux qui s’intéressent aux problèmes de développement consiste à se demander pourquoi l’Afrique est à la
traine. La réponse à une telle question passe inévitablement par un réexamen des causes ou facteurs du sous développement de ce continent.
D’autant plus que l’histoire enseigne que
l’Afrique, et d’une manière générale le Tiers
Monde, a eu un niveau de développement égal à
celui des pays occidentaux avant de laisser creuser
l’écart à son détriment. Ainsi le tableau 1 cidessous montre que de 1750 à 1900 le PNB des
pays du Tiers monde a été régulièrement supérieur
à celui des pays développés.
Tableau 1 PNB dans le tiers-monde et les pays
développés, 1750-1990 (en prix et dollars
américains de 1960)
Source : Paul Bairoch, Mythes et paradoxes de
l’histoire économique, La Découverte, 1994
N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013
11
L’examen succinct des causes endogènes et exogènes permet de mieux comprendre la situation
actuelle de l’Afrique au regard du développement
économique.
Les Causes exogènes
Il ne fait de doute que des facteurs externes dont
les agressions répétées de puissances étrangères
ont fini par fragiliser durablement le continent
africain qui a du mal à retrouver ses repères.
L’esclavage et la colonisation représentent les
plus grands torts faits au continent noir. Après les
premiers contacts avec le monde arabe au VIIe
siècle, les Européens ont opéré la plus grande
traite des Noirs de l’histoire en commençant par
installer des comptoirs dès le XVe siècle. L’effet
immédiat a été la dispersion des peuples africains
à travers le monde entier. Entre 1400 et 1900, près
de quarante millions d’africains ont été razziés et
réduits en esclavage. Le plus souvent, ce sont les
jeunes vigoureux qui sont en majorité arrachés au
continent ainsi privé de ses consommateurs et
producteurs.
Selon l’économiste américain Nathan Nunn sans
l’esclavage le revenu par habitant moyen de
l’Afrique serait identique à celui des autres pays
du Sud et que le retard du continent vis-à-vis de
la moyenne mondiale serait comblé à 72%. La
traite négrière a également détruit les Etats traditionnels et contribué à la fragmentation ethnique
des pays fournisseurs d’esclaves. Elle a réussi à
installer dans ces Etats une culture de la méfiance
qui est à l’origine des divisions actuelles en
Afrique.
La colonisation qui a succédé à la traite des Noirs
a eu des effets aussi dévastateurs en termes de
d’inhibition de la capacité des Africains à gérer
leur destin. En effet, cette entreprise au non d’une
mission civilisatrice avait pour stratégie politique
la création d’empires et l’expansion territoriale
des puissances coloniales. La colonisation de
l’Afrique revêt une dimension économique, religieuse ou idéologique.
Les colonies d’exploitation ont pour vocation de
fournir à la métropole des matières premières ou
des produits tropicaux. Les cultures d’exportation
imposées et l’exploitation des matières premières
minières sont développées au détriment des cultures vivrières dont vivent les paysans des pays
suite page 12
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ECONOMIE ET DEVELOPEPEMENT
suite de la page 11
colonisés. Situation en partie responsable de la
famine endémique qui ravage le continent. Bien
plus, la colonisation a non seulement accentué les
inégalités à l’intérieur des sociétés rurales, mais
elle a favorisé l’enrichissement d’une bourgeoisie
indigène au détriment de la paysannerie contrainte
de vivre dans des conditions précaires.
Sur le plan culturel, la colonisation a bouleversé
la culture des peuples dominés. Elle a brisé les
cadres traditionnels qui assuraient leurs solidarités
et transformé leurs habitudes et leurs modes de
pensée. Les missions religieuses ont ébranlé les
croyances traditionnelles et le culte des ancêtres,
l’enseignement a créé une classe d’«évolués »
déchirés entre l’influence occidentale et l’attachement à la tradition.
En contrepartie du pillage des ressources et du travail forcé imposé aux colonisés l’administration
coloniale se contente de multiplier les moyens de
transport vers les ports et d’imposer l’usage de la
monnaie.
La fin de la colonisation n’a pas mis un terme aux
relations incestueuses entre l’Afrique noire et les
pays occidentaux. Les indépendances octroyées
aux ex colonies après la seconde guerre mondiale
l’ont été de façade. L’empire colonial ne pouvait
pas se permettre de perdre la main sur ces territoires qui lui fournissent l’essentiel des matières
premières dont il a besoin pour ses industries.
C’est pourquoi, avec subtilité il s’est retiré sans
jamais abandonner ses intérêts colossaux en
Afrique. De façon générale, un pacte colonial destiné à garantir en tout temps et en priorité l’accès
aux matières premières a été systématiquement
signé avec les nouveaux dirigeants dont ils ont favorisé l’émergence. Tout s’est passé comme si la
puissance coloniale reprenait d’une main ce
quelle a prétendu donner de l’autre ! C’est la néo
colonisation qui apparaît comme le système le
plus élaboré pour prolonger l’exploitation des
richesses du continent.
La détérioration constante des termes de
l’échange et la perte de revenus liée à la baisse
des prix des produits d’exportation ont contribué
à appauvrir les producteurs africains en leur enlevant tout moyen d’accumulation de capital.
Les causes endogènes
L’esclavage et la colonisation ne sont pas les seuls
facteurs ayant sapé les bases du développement
de l’Afrique subsaharienne.
Les Etats post coloniaux sont en situation de
déliquescence pour des raisons liées aux conditions de décolonisation. De nombreux freins empêchent l’activité économique et l’investissement
productif. La corruption des élites et des
dirigeants constitue un véritable frein au
développement de l’Afrique. Un rapport de
Global Financial Integrity estime entre 37 et 53
milliards de dollars, l'ensemble des transferts d'argent d'origine douteuse, de l'Afrique vers les
autres continents, pour l'année 2008. Depuis 1970,
ces sommes sont trois plus importantes que
l'ensemble des dons et aides que le continent a
reçu des pays développés dans la même période.
Population déplacée de guerre
Bien que le développement de l’Afrique repose
sur l’agriculture, force est de constater que cette
activité s’exerce dans des conditions difficiles, les
outils n’ayant guère évolué depuis des siècles. Les
agriculteurs sont tous confrontés au problème de
l’eau à cause de leur mauvaise maîtrise des techniques de conservation de l'eau et d'irrigation.
Plus de 50 ans après les indépendances, l’agriculture est tournée essentiellement vers la satisfaction des besoins des anciennes puissances
coloniales.
L’Afrique noire reste dans son rôle de pourvoyeur
de matières premières brutes et de produits agricole de rente au détriment des cultures vivrières.
L’éducation est un maillon faible des programmes
en Afrique subsaharienne. Dans la plupart des
pays le taux d’analphabétisme est au dessus de
50%. Or le taux de scolarisation est proportionnel
au taux de développement économique et inversement proportionnel au taux de croissance démographique. L’ignorance consécutive à la faiblesse
des systèmes éducatifs est à la base non seulement
de la pauvreté mais également de la violence et
de l’intolérance qui endeuille constamment le
continent.
Les programmes éducatifs sont souvent inadaptés
et ne permettent guère de former les enfants à
l’exercice des professions intellectuelles les plus
prestigieuses, mais aussi les plus pratiques comme
la science et la technologie. De même, en dehors
de quelques pays, l’Afrique ne dispose pas assez
de structures pour la formation d’élite de niveau
supérieur et secondaire.
En langage conventionnel de la science sociale,
la culture s’entend des croyances, valeurs et
modes de vie à travers lesquels les individus ac-
N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013
12
quièrent une identité, se forgent un destin et donnent un sens à leur existence. A cet égard, et cela
est tout à l’honneur delà diversité culturelle, certaines cultures se prêtent davantage que d’autres
aux exigences et contraintes du développement
économique moderne. Les « valeurs du cœur »
priment généralement sur l’économique dans les
pays en développement.
Mais bien plus, les cultures africaines ne privilégient les joies éphémères du plaisir immédiat
et de la jouissance matérielle instantanée sur la
discipline du travail soutenu et la réussite
économique durable. J’en veux pour preuve l’étalage, par les néo bourgeois, de leurs capacités
financières en termes de parcs automobiles privés,
d’attributs vestimentaires ou d’habitudes alimentaires. Il n’est pas rare de voir des personnalités
politiques et des hommes d’affaires organiser des
fêtes pour célébrer, selon le cas, leur énième million ou milliard en francs CFA. La presse américaine de Hollywood a fait l’écho de telle pratique
en rapportant que pour une soirée privée, un milliardaire africain (certainement Ivoirien) a versé
aux Stars Rihanna et Chris Brow ont touché la
rondelette somme de 10 millions de dollars la
veille de la Saint Sylvestre.
Les pays en développement doivent élaborer des
stratégies originales du fait de la spécificité de
leur situation économique, sociale et culturelle.
Les Africains devraient assumer le fait qu’il existe
réellement chez eux des aspects culturels inadaptés à la conception moderne du développement
économique.
John K. Silue
Financier New-York
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SCIENCES ET TECHNOLOGIES
QUEL CHOIX RADICAL POUR L’AFRIQUE?
LE DEFI ENERGETIQUE
P
Il est nécessaire pour l’Afrique de gagner son indépendance énergétique.
armi les plus grands défis technologiques
à relever par l’Afrique, se trouve en première place le défi énergétique. Le monde
moderne ne peut exister sans énergie.
Les nègres de l’Egypte de l’antiquité attribuaient la vie sur terre au mariage entre GEB,
la déesse de la terre et MOUT le dieu du ciel
engendré par le Dieu soleil Atoum-Ré..
La science moderne nous enseigne que la
matière végétale résulte de la photosynthèse, et
donc du « mariage » du soleil et de la terre.
Cette matière végétale est à la base du pétrole
et du gaz, source d’énergie. Le soleil est aussi
responsable du vent et du cycle de l’eau pouvant être des sources de production d’énergie.
Le soleil est donc directement responsable des
énergies non renouvelables comme des énergies renouvelables.
La crise énergétique et écologique résultant de
l’épuisement des ressources non renouvelables
et de l’impact de leur utilisation sur l’environnement, pose la question du chemin énergétique
que les candidats au développement de type industriel doivent emprunter pour assurer leur
développement et la survie de la planète terre.
La terre a vécu plus de 4 milliards d’année sans
êtres humains, elle peut donc bien s’en passer
si l’on y prend garde et surtout si nous continuons la logique d’autodestruction liée aux habitudes de consommation énergétiques actuelles.
L’Afrique, candidate au développement industriel et réservoir des ressources naturelles assurant l’équilibre de la planète terre, est donc face
à un défi : Emprunter le chemin classique de
développement et mettre en péril la survie de
l’être humain, ou réaliser le saut technologique
en investissant prioritairement dans les énergies
renouvelables dont l’énergie solaire pour assurer la survie des humains sur la planète terre.
Faire un choix est donc une grande responsabilité qui ne peut se faire qu’en connaissance de
cause.
Cet article, loin de donner une réponse définitive, se veut une aide à la décision.
L’EPUISEMENT DES RESSOURCES
CLASSIQUES
En 2010, la consommation d'énergie mondiale
a progressé de 5,5 %, ce qui s'est traduit par une
croissance de près de 6 % des émissions de
CO2 liées à l'énergie, atteignant un niveau sans
précédent (ref BP Statistical Review, juin
2012):.
Les pays émergents contribuent pour 2/3 à cette
augmentation globale, avec environ 460 MTEP
(millions de tonnes d’équivalent pétrole avec
1TEP= 7.33 barils selon la densité et un baril=
160l), la Chine représentant à elle seule 1/4 de
la croissance de la consommation énergétique
mondiale en 2010 (ref BP Statistical Review,
juin 2012).
Le pétrole, le gaz naturel et le charbon ont contribué de manière égale à cette augmentation de
la demande d'énergie en 2010, largement liée à
la reprise industrielle.
Malheureusement ces ressources sont non
seulement épuisables mais l’impact sur l’environnement est surchauffant et suffoquant pour
la vie sur terre.
La réglementation de chaque pays influence les
quantités de réserves qui permettent de définir
ces chiffres. Ils excluent souvent les réserves
non prouvées ou des réserves non encore découvertes. D’autres sources non conventionnelles de pétrole telles le sable bitumineux ou
le schiste bitumineux peuvent influencer la
quantité de réserves et le temps d’épuisement
estimé ci-dessus (58 ans pour le pétrole) sans
lever l’obstacle du réchauffement climatique et
Le tableau suivant montre les quantités de
réserves, de production dans le monde et le
temps
d’épuisement
des
réserves
Source : BP Statistical Review of
World Energy 2012 (chiffres 2011)
son impact environnemental. Le Canada a intégré les réserves de sables bitumineux dans ses:
réserves prouvées et les USA possèdent une importante réserve de schiste bitumineux. La
France a freiné l’exploitation des réserves de
schiste bitumineux et attend une technologie
plus propre pour l’exploitation. Les risques, financiers, techniques, environnementaux sont les
facteurs qui limitent les réserves exploitables.
Les investissements massifs déjà réalisés et le
nombre d’emplois élevé dans ce secteur agissent comme un volant d’inertie quant au saut
technologique vers les énergies nouvelles dont
l’énergie solaire. Le risque économique et social est trop élevé pour les pays développés.
Quant aux pays qui cherchent encore leur
chemin de développement, ils n’ont pas grande
chose à perdre en faisant le saut technologique.
L’Afrique qui possède un ensoleillement élevé
(‘deux fois plus que l’Europe), peut facilement
faire le choix du solaire. Les expériences réalisées et l’évolution de la technologie d’exploitation de l’énergie solaire, militent en faveur d’un
tel saut technologique.
PRODUCTION ET CONSOMMATION
D’ENERGIE SOLAIRE
Les experts estiment qu’un carré de 400 km de
coté soit 2% du Sahara suffit pour couvrir les
besoins en électricité de la planète.
D’usage individuel, la production et la consommation de l’énergie solaire se développe rapidement avec le développement des centrales
solaires.
Le principe d'une centrale électrique thermique
solaire est proche d’une centrale thermique à
gaz ou au pétrole sauf que la chaleur produite
par le gaz ou le pétrole est remplacée par une
chaleur produite par une concentration de
rayons du Soleil, à l'aide de miroirs
paraboliques, vers des tubes ou une chaudière
contenant un fluide caloporteur. La chaleur
ainsi récupérée est transmise à de l'eau. L'eau
se transforme en vapeur, qui actionne une turbine couplée à un générateur produisant de
l'électricité. Certains États, Espagne en tête,
misent sur cette technologie plutôt que sur le
photovoltaïque, dont le coût de production
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s'avère plus élevé en raison du prix du silicium
des cellules photoélectriques.
L'Espagne possède ainsi depuis 2009 une puissante centrale solaire thermique, d'une puissance de 150 MW. Quelque 400 000 miroirs,
soit une superficie de 1,1 million de mètres carrés, recueillent l'énergie du Soleil et approvisionne en électricité 45 000 foyers.
Le Maroc aussi s'est lancé début 2010 (profitant
de son désert), avec un investissement de 2 milliards d’Euros, dans la construction d'une des
plus grandes centrales solaires à concentration
du monde à Ouarzazate d'une puissance de 500
MW sur 3 040 hectares (la plus grande central
thermique de Cote d’Ivoire, la central d’Azito
fait 300 MW extensible à 450 MW en cycle
combiné). Elle sera suivie par 4 autres centrales
à concentration qui ont été programmées dans
le cadre du plan solaire marocain Desertec.
L’objectif est d'installer 2 000 MW sur 5 sites
dans les prochaines années (la Cote d’Ivoire a
une puissance installée totale actuelle de 1200
MW).
En Californie, dans le désert des Mojaves, se
trouve une centrale solaire d'une puissance totale de 354 MW
L’utilisation de panneau photovoltaïque intégré
à l’architecture des maisons ou installé dans des
parcs solaires en Europe fait de grands bons en
avant avec possibilité de vente d’électricité par
des producteurs individuels aux compagnies de
distribution d’énergie. L’Allemagne, pays
leader a un parc installé de 17320MW en 2010
et la France, 2672MW en 2012.
Aujourd’hui, tout ou presque peut fonctionner
en énergie solaire ; Chargeurs de batteries, ventilateurs, lampes de jardin ou lampadaires solaires, pompes hydrauliques, cuisine solaire,
climatiseurs et réfrigérateurs solaires, chauffeeau solaire, cellulaire et ordinateur solaire etc..
Au niveau du transport, les véhicules électriques solaires se développent. Les moteurs
Stirling fonctionnant avec l’énergie solaire font
tourner des bateaux, des avions et des sousmarins.
Les sondes spatiales en expérimentation au
japon sont actionnées par le vent solaire comme
des bateaux à voile.
La voile solaire est propulsée par la pression
produite par les photons qui viennent la percuter. Plus la voile est grande et réfléchissante,
plus grande est la force de propulsion. un engin
spatial à voile solaire, peut utiliser la force de
poussée photonique pour naviguer dans l'espace.
Le principal intérêt réside dans l'absence de carburant pour un véhicule muni d'un tel dispositif.
Cela permet d'envisager une très grande autonomie de déplacement dans le système solaire.
En 2007, le Japon envisage une sonde propulsée par la voile solaire IKAROS, et étudie le
matériel scientifique qui pourrait être emporté
par cette sonde qui doit explorer Venus. Ce
lancement est effectué le 20 Mai 2010.
Le cout actuel des investissements en énergie
solaire, en comparaison avec les énergies classiques limitent l’ utilisation de l’énergie solaire.
Les défis écologiques, la disponibilité permanente de cette ressource et son abondance sur
tout le continent africain commandent un choix
radical par l’Afrique pour le futur de l’humanité
et pour un développement écologique ,
économique , durable et équilibré.
Don Mello Ahoua
Docteur ingénieur des Ponts et Chaussée
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Passage de la Côte d’Ivoire au numérique
Les enjeux stratégiques, résultats des travaux d'un groupe d'experts
La Côte d’Ivoire tarde à embrasser l’air du temps. C’est le moment de passer du hertien au
numérique. Comment y arriver?
numérique.
La Conférence Régionale des Radiocommunications (CRR-06) de juin 2006, à Genève, a
adopté, en son temps, ses conclusions ainsi que
le plan qui en est issu, et qui est entré en
vigueur le 17 juin de la même année. Il en est
résulté l’adoption d’un calendrier contraint. Le
17 juin 2012 marque ainsi la limite pour le remplacement des émetteurs analogiques par des
émetteurs numériques en Europe, tandis que le
17 juin 2015 est choisi comme étant le jour
retenu par tous les pays, pour passer de
l’analogique au numérique.
Le 17 juin 2020, en outre, est la date choisie
pour les pays qui ont souhaité bénéficier d’un
délai supplémentaire de cinq ans pour l’extension complète des équipements analogiques sur
leur territoire. La Côte d’Ivoire est néanmoins
inscrite sur un « renvoi », et figure sur une liste
de 33 autres pays qui ont le droit d’utiliser leurs
émetteurs analogiques jusqu’en 2020. Il faut
noter que le nombre total de canaux planifiés
pour la Côte d’Ivoire est de 339 «fréquences ».
a mondialisation, dans sa nouvelle dyL namique,
présente à l’Afrique son flot incessant de mutations matérialisées par
l’émergence de nouveaux enjeux, laissant à nos
pays en quête d’identité sur la scène internationale, peu de latitude pour espérer jouer leur
meilleure partition dans ce concert des nations
hautement technologiques.
Parmi ces nouveaux enjeux pour nos pays, la
télévision numérique apparaît comme cette
nouvelle technologie de diffusion de signaux
de télédiffusion, car censée être plus efficace
que la télévision analogique.
En effet, la télévision numérique offre plus
d’options notamment la libération de l’espace
spectral pour d’autres services aussi importants, tels que les services sans fil évolués qui
reçoivent leurs signaux de télévision par câble,
satellite ou Internet.
Les grandes réflexions, sont souvent cependant
le résultat de grandes questions demeurées
longtemps sans réponse. En Côte d’Ivoire,
comme partout ailleurs dans le monde, des interrogations sont relatives à la transition de
l’analogique vers le numérique, une évolution
technologique indispensable.
Que gagne l’Afrique, aujourd’hui, face à une
option « tout numérique »? Une suprématie
numérique ivoirienne à dimension sous-régionale peut-elle induire une prééminence
économique et sociétale ? Si oui, dans quels
buts, proportions, ou finalités? Tous ces questionnements nous inclinent à penser que le
Numérique est un véritable enjeu de civilisation et de développement surtout en Afrique.
Concernant la Côte d’Ivoire, son mode de réception est toujours la voie hertzienne terrestre:
la télévision analogique constitue historique-
ment le premier mode de diffusion usité. L’une
des insuffisances de cette télévision analogique
porte sur une programmation réduite, aussi
bien, en nombre de chaînes, qu’en termes de
qualité d’image et de son. Cette donne a conduit le Gouvernement à afficher très tôt son ambition de faire de la Côte d’Ivoire une grande
nation numérique à l’horizon 2020, plaçant la
numérisation du pays au rang d’enjeu national.
Pour permettre ce saut qualitatif, à court ou
moyen terme, toutes les dimensions insoupçonnées du thésaurus, explorant le spectre entier
des variations technologiques et de réflexion
stratégique sur la question, sont ainsi en passe
d’être dévoilées. Ceci pour éviter toute discrimination numérique, aussi bien entre Ivoiriens
eux-mêmes, qu’entre Ivoiriens et leurs frères
Africains et le reste du monde. De ce point de
vue, l’enjeu de la numérisation apparaît bien
plus dans sa perspective socio-économique,
que technologique et cyber-stratégique.
Un schéma stratégique national
Chaque Etat, faut-il le rappeler, a son propre
schéma de modernisation de la diffusion audiovisuelle et de choix de télévision du futur. L’extinction définitive de la télévision analogique
terrestre, en 2015 est, avant tout, une décision
internationale, mais aussi et, surtout, une option
nationale.
Pour respecter une bonne gouvernance nationale du projet stratégique global, comme
cela s’est fait aux Etats-Unis en France ou au
Japon, pour ne citer que ces quelques pays, le
calendrier de passage à la télé tout numérique
devrait être arrêté par le Premier ministre, chef
du Gouvernement, dans le cadre d’un schéma
stratégique national d’arrêt de la diffusion
analogique et de passage à la télé tout
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Quoiqu’il en soit, le passage à la télé tout
numérique apparaît, ainsi, en Côte d’Ivoire
comme l’arrêt de la diffusion analogique des
chaînes reçues par nos antennes de télévision
publiques RTI1, RTI2 et de Radios, et son remplacement par la diffusion en Numérique.
La grande réflexion, sur la mise en œuvre du
plan, qui en émane, a commencé, avec les enjeux importants et les moyens à déployer. Il
s’agit dorénavant d’organiser le calendrier et
les modalités de cette évolution. Celui relatif
aux standards de diffusion à privilégier, aux
paramètres liés, ainsi qu’aux standards de compression à valider, à la topologie à faire pour le
réseau de diffusion et la technologie à adopter
pour le réseau de transport.
Le remplacement de la diffusion hertzienne
analogique par une diffusion hertzienne, entièrement numérique, devrait permettre, au regard de certaines expériences réussies dans des
pays développés, d’accroître et d’améliorer la
couverture TNT sur le territoire national. La
diffusion analogique consommant environ six
fois plus de fréquences que la diffusion
numérique, l’arrêt de la diffusion des chaînes
analogiques en Côte d’Ivoire, devant rendre
également osons-le dire! disponible un volume
relativement important de fréquences.
La réussite de cette transition, en Côte d’Ivoire,
sera en l’occurrence obtenue que grâce à une
étroite coordination entre l’Etat, les chaînes de
télévision historiques, le Régulateur, les antennistes, les syndics d’immeuble, les gestionnaires de parcs de téléviseur, les collectivités
locales et, surtout, les téléspectateurs et usagers
qui seront dotés, à terme, d’une plate-forme
numérique de base dans chacun des ménages.
Au niveau des contraintes liées au fonctionnement des émetteurs analogiques hors la limite fixée par la CRR-06, il faut noter le risque
encouru de ne plus disposer de pièces de
rechange pour dépanner des émetteurs
analogiques encore en service, surtout les émetteurs « anciens ». Ceux-ci ne bénéficieront plus
de protection contre des brouillages préjudicia-
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Suite de la page 14
bles, c’est-à- dire que si un émetteur numérique
arrivait à coexister (à l’intérieur du pays ou
d’un pays voisin), alors l’émetteur analogique
est automatiquement obligé de cesser d’émettre.
Un autre axe du schéma stratégique apparaît
avec la fin du monopole de l’Etat dans le
secteur de la communication audiovisuelle
consacrée par la loi n° 2004-644 du 14 décembre 2004, portant régime juridique de la communication audiovisuelle. Cette nouvelle
option politique a permis de renforcer le pouvoir de régulation assuré par la Haute Autorité
de la Communication Audiovisuelle (HACA),
qui doit« concourir à l’attribution des
fréquences de radiodiffusion sonore et télévisuelle, l’élaboration des conventions et des
cahiers de charges avec les différents opérateurs et le contrôle de leur mise en œuvre ».
La télévision numérique existe déjà sur le territoire Ivoirien, en étant accessible par le satellite, le câble, l’ADSL, la fibre optique ou
encore via la TNT. Dans la même veine, la
fibre optique se met en place progressivement,
pour permettre également l’interconnexion des
réseaux de télévision entre pays Africains.
La HACA devrait ainsi, dans son droit de faire
respecter l’exploitation et le bon usage des
fréquences de radiodiffusion sonore et télévisuelle, examiner toutes les options de lancement de chaînes nouvelles, notamment en
haute définition, les possibilités de l’élargissement de l’offre. La couverture de la télévision
mobile personnelle, voire les offres de chaînes
locales de télévision, et le lancement de la radio
numérique terrestre sur les fréquences actuellement utilisées par la télévision Nationale. Il
s’agira également d’analyser toutes les possibilités d’interconnexion TV/Internet et de rendre l’internet sur mobile accessible. Une partie
des fréquences libérées pourraient ainsi être
utilisées, pour permettre l’accès à l’internet
mobile à très haut débit sur tout le quadrilatère
ivoirien.
La nécessaire coordination nationale du
processus
En tout état de cause, cette option permettra la
meilleure réflexion sur la nouvelle gouvernance qui devrait favoriser le regroupement
aussi bien des décideurs politico-institutionnels
que les instances de régulation du domaine de
l’Audiovisuel, qui doit permettre cette nécessaire altération.
Le Premier Ministre devrait confier la responsabilité de la conduite de cette importante transition à une Coordination Nationale comme
recommandé à la Conférence de Genève sur les
Radiocommunications (CRR-06). Elle devra
ainsi superviser les travaux pour la transition
vers le numérique, et valider le schéma national
d’arrêt de la diffusion analogique et de basculement vers le Numérique.
Cette optique s’inscrivant dans l’action du
Groupe de travail pour la préparation de la
Côte d’Ivoire au passage à l’Audiovisuel
Numérique et au développement des réseaux,
installé à l’initiative du Ministre de la Communication et celui de la Poste et des Technologies
de l’Information et de la Communication.
Ce groupe, conformément à l’Arrêté interministériel n°002/MINICOM/MINTIC/MEF du 12
février 2010 qui le crée, et installé le quatorze
décembre 2011, à Abidjan, devra « mener
toutes les réflexions à soumettre au Gouvernement en vue d’aider à la définition de la politique Nationale de Numérisation de
l’Audiovisuel et la maîtrise de la convergence
des réseaux ».
Il devra plus spécialement faire l’état des lieux
des réseaux de l’Audiovisuel, déterminer les
études techniques à entreprendre en vue de la
numérisation des réseaux multimédias, mener
des réflexions devant conduire à l’élaboration
d’un cadre législatif et réglementaire, élaborer
des programmes de renforcement des capacités
humaines et technologiques. Il sera amené par
ailleurs, à élaborer un plan de développement
des centres publics de communication (CPC)
en centres de communication multimédias
publics.
Ces réflexions devront être confinées dans un
document stratégique à restituer au Gouvernement, qui devra à son tour le soumettre à la
haute attention du Président de la République.
Il faut noter que sur la question, le Chef de l’Etat avait déjà précisé sa vision stratégique en la
matière, dans son programme de développement économique et social faisant de la Côte
d’Ivoire, à l’horizon 2020, un pays émergent;
et en inscrivant au titre de priorités, la modernisation de la télévision et son adaptation aux
normes internationales et à l’évolution des
technologies de l’information et de la communication(TIC).
Le Groupe de travail, dans le cadre de la conception d’une Initiative Stratégique de Numérisation, devra affiner les concepts, faire
l’inventaire des cultures numériques internationales, le bilan de leurs apports respectifs à
la compréhension des nouveaux outils et conduites d’action.
Attribuer au concept stratégique le sens le plus
exhaustif, qui balaie le vaste champ de réflexion ouvert sur le numérique, en prenant en
compte la complexité des questions posées,
présenter un premier bilan et chronogramme
d’actions effective et efficiente du plan.
Sans pour autant présager des résultats des
travaux, l’on pourrait tout naturellement préciser que la stratégie à déployer se fera connaître dans les résultats obtenus par nos actions
ou omissions, et c’est en examinant ces conséquences souvent involontaires que l’on
pourra comprendre la nature et le fonctionnement de la logique qui aura été privilégiée
pour plus d’efficacité.
Le groupe d’experts sera chargé, par exemple,
d’évaluer le plan de développement progressif
de la TNT sur l’étendue du territoire ainsi que
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la gestion du Multiplex pour sa mise en œuvre
efficace. Il s’agira, plus spécifiquement de
définir le nombre de chaînes par multiplex pour
le service public, la présence ou non de
décrochages locaux qui se poseront en termes
de capacité de programmes à diffuser.
L’initiative stratégique ne se contentera pas de
conduire à telle ou telle proposition linéaire ou
paradoxale contradictoire et pourtant tenue
pour vraie, il lui faudra éviter tous risques organisationnels. Certes, des concepteurs compétents tenteront de prévoir le mieux possible
toutes les causes d’échec, mais leurs propres
erreurs en rajouteront une de plus.
Une fois le principe stratégique retenu, le facteur temps dûment introduit dans l’équation, en
qualité d’élément dynamique, nous pourrions
alors considérer cette logique, dans son ensemble, comme la meilleure méthode à adopter. Le
groupe d’experts réfléchira ainsi à certaines
contraintes relatives à la construction et à
l’aménagement d’une réserve foncière de
fréquences et aux affectations stratégiques
ultérieures, à long terme.
Il est bien évident qu’aux nouveaux instruments de caractère technologique, en seront
opposés d’autres, destinés spécifiquement à
leur faire revers à long terme. Ce qui est un peu
moins évident, c’est la relation entre le succès
même des nouveaux équipements et la probabilité de leurs futurs échecs.
Qui effectuera, en effet, les mesures sur les
points sensibles post-passage, les réaménagements numérique/numérique et les changements des normes, le suivi du projet au niveau
national et sa mise en œuvre à dimension régionale ? D’où la nécessité d’identifier un contrôleur technique qui devra être un instrument
de contrôle et d’accompagnement.
Une indispensable adaptation technologique
L’ironie de la situation veut que les appareils
les moins efficaces puissent le plus souvent,
conserver leur modeste utilité, alors même que
les plus impressionnants ont déjà fait l’objet de
contre-mesures qui leur ont ôté toute leur
valeur. Certes, les instruments de la catégorie
inférieure sont voués à être neutralisés, eux
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Suite de la page 15
aussi le moment venu, mais en attendant ils
peuvent rendre des services, et c’est tout ce que
l’on peut demander dans un domaine technologique où les progrès se révèlent très rapides.
Outre l’arrêt proprement dit des émetteurs de
la télévision analogique, le passage des chaînes
de la TNT sur les fréquences qui leur sont assignées, devra être prévu dans la mesure où,
durant la migration, plusieurs ménages seront
encore longtemps dépendants de la télévision
hertzienne terrestre analogique.
En ce qui concerne l’accompagnement nécessaire, il faut prévoir pour les téléspectateurs
une campagne de sensibilisation à la réception
de la Télévision Numérique de Terre (TNT) et
une aide éventuelle à l’adaptation des
équipements de réception (antenne, décodeur
télévision). Se poserait alors la question de
savoir qui en aurait la charge, des opérateurs
privés chargés de la vente et de la maintenance,
et quel pourrait en être le coût ?
Au surplus, la proposition pourrait aller dans
le sens de la création d’une société de diffusion, en tant que structure étatique ou semi-étatique. Il s’agira d’identifier le gestionnaire des
infrastructures de diffusion (transmission et
diffusion) le responsable de l’organisation des
sites, de l’exploitation et de la maintenance des
équipements de diffusion: bâtiments, énergie,
climatisation, antennes, pylônes.
Qu’en sera-t-il de la possibilité pour les entreprises de presse audiovisuelle de bénéficier de
canaux de multiplex ainsi constitués ? Autant
de questions qui devraient trouver réponse
suite aux travaux engagés.
Pour ce qui est de la réception, chez le téléspectateur, dans toute la chaîne de diffusion, il faudra, de toute évidence y penser, et nous l’avons
précisé, en termes d’antennes de réception et
d’équipements terminaux. Ce qui nécessitera
ici aussi la réflexion à mener sur la mise en
disponibilité de décodeurs numériques et leur
nécessaire adaptation aux normes à identifier
MPEG 4 ou autres, etc.
Si l’on s’en tient, à l’exemple de la France, il
faut noter que le basculement vers le tout
Numérique réussi le 29 novembre 2011, s’est
déroulé de manière progressive, région par région. Un plan « d’arrivée » vers lequel les différentes zones ont migré successivement lors
de l’arrêt de la diffusion analogique.
Ce plan prévoyait de réutiliser immédiatement
les fréquences des trois premières grandes
chaînes analogiques pour y déplacer trois des
premiers multiplex numériques, et de libérer
totalement les fréquences des autres chaînes
analogiques de manière progressive.
Les deux autres multiplex numériques, ont eu
ainsi à conserver leurs fréquences lors de cet
arrêt, laissant toute latitude au dernier multiplex installé, de démarrer son émission. Cette
pratique a eu pour avantage, de permettre la
libération immédiate de trois fréquences par
zone de couverture, laissant toute liberté aux
Etats voisins d’achever leur déploiement.
Option stratégique ivoirienne
Très rares sont les Etats qui participent à la vie
internationale avec une « grande stratégie »pro-
pre, et dûment méditée. La Côte d’Ivoire
souhaite conserver sa présence et son influence
sous-régionale, et consacrer la majeure partie
de ses efforts à la politique intérieure, notamment pour accroître la prospérité nationale et
le bien-être de ses populations.
Les intérêts nationaux doivent être définis de
façon subjective, au cours d’un processus politique aidé en cela, par un plan communicationnel à tous les niveaux et d’une politique
étrangère très détaillée et orientée envers les
pays concernés, notamment de la sous-région
ouest-africaine.
S’inscrivant dans cette dynamique, la Coordination Nationale pour la transition vers le
Numérique aura, entre autres missions, à proposer le meilleur choix stratégique et intégrer
la dimension sous-régionale, dans le cadre de
la CEDEAO ou l’UEMOA. Ceci devant favoriser l’intégration rapide de nos systèmes de
communication et de nos économies.
Au demeurant, il faut préciser que déjà dans un
passé récent, le choix opéré par les pays
africains de la transition Numérique, procédait
déjà de cette vision de consolider une certaine
solidarité agissante des peuples et de leur
dirigeants pour atteindre des objectifs du millénaire pour la réduction de la fracture
numérique.
La création, en effet, du réseau Africain de
communication par satellite (RASCOM), résulte de cette solidarité africaine, du reste, mise
en place avec la contribution significative du
Président Alassane Ouattara, alors Premier
Ministre du Président Houphouët-Boigny en
Mai 1992 à Abidjan. Aujourd’hui, RASCOM
est opérationnel avec un satellite sur orbite et
dont le réseau est toujours utilisé par notre
service public de la RTI.
La Côte d’Ivoire pourrait envisager ainsi, à
plus ou moins court terme, de négocier des opportunités d’affaires dans le domaine. Notre
pays ambitionne en effet, de devenir leader
numérique de radiodiffusion pour le marché
Africain très largement prometteur.
Dans cette perspective, nos établissements de
formation pourraient se développer dans l’espace africain en offrant des possibilités de
N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013
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développement des ressources humaines, l’un
des facteurs importants de la réussite de la transition numérique. Tout ceci s’intègre bien dans
un processus qui s’imprègne de la nécessaire
coordination nationale et d’une planification
vis-à-vis des échanges à l’international.
En définitive, et quelle que soit l’élégante ingéniosité de ce grand schéma, il faut se persuader que sa mise en œuvre dépendra d’une
myriade de décisions politiques de détail.
Chaque organisme étant structuré, de manière
à poursuivre ses propres objectifs séparés,
devra être amené à optimaliser ceux du plan
stratégique national de migration vers le
Numérique dans sa totalité.
Les solutions, ici, devront être supérieures à
une simple improvisation pragmatique. En
prenant simplement conscience de la dynamique engagée et des enjeux qui y sont imbriqués, nous sommes, par avance, mis en
garde contre tous les excès. Ce qui nous permettra de dresser un solide mur de précautions
contre les empressements pour des succès illimités, mais néanmoins fragiles.
Une fois que nous aurons intégré la structure
de la meilleure stratégie de mutation avec ses
divers niveaux et dimensions, nous aurons
toute la latitude de déceler les erreurs qui en résulteront, et pourrons les éviter ou les abolir
d’emblée.
L’on pourra ainsi, espérer tirer profit des
meilleures dividendes du Numérique, notamment l’ensemble des meilleures fréquences
libérées au profit des populations, pour un passage au tout Numérique réussi, au bénéfice de
la Côte d’Ivoire.
Anoma-Kanie Léandre
Stratégiste, Président du Groupe de Travail
Pour la Préparation de la Côte d’Ivoire au
Passage à l’Audiovisuel Numérique et au
Développement des Réseaux.
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Joe la conscience chante Laurent GBAGBO
ARTS ET CULTURE
Cameroun
Le phénomène Gbagbo depasse les frontieres de la
Côte d’Ivoire. Joe la conscience, un artiste camerounais a décidé de rendre
hommage au grand homme
politique.
C
’est un reggeaman camerounais, un artiste engagé et
véritable éveilleur de conscience. Au Cameroun Joe la conscience est sur tous les fronts pour
rendre parfaite la société. Cet artiste
iconoclaste au plus fort de la crise
ivoirienne a sorti un album pour
soutenir Laurent GBAGBO. Arrêt.
Pour le pouvoir camerounais c’est un
dangereux activiste un agitateur. Ce
qui le donne souvent maille à partir
avec la justice de son pays. Joe la conscience est un vrai bout-en- train qui
ne recule devant rien pour faire valoir
sa vision du monde. Un monde qu’il
veut plus altruiste, équilibré et moins
dépravé au niveau des mœurs.
Depuis quelques mois son actualité est
au palais de justice de Ndokoti un
quartier de Douala la mégapole
camerounaise ou il a assigné en justice
deux de ses collègues que sont les
stars camerounaises Petit pays et Lady
Ponce. Il reprochent à ses deux artistes
adulés par le public camerounais de
contribuer à la dépravation des mœurs
par leurs productions discographiques
souvent selon lui en dessous de la
ceinture.
Son coup marquant est cet album
sorti au plus fort de la crise ivoirienne,
album faisant les éloges de Laurent
Joe la conscience
GBAGBO le président ivoirien détenu
actuellement à la prison de la CPI au
Pays-Bas suite à la crise postélectorale en Cote d’Ivoire qui a vu l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara
après la guerre faite aux ivoiriens par
ceux qui refusaient le résultat véritable
des urnes tel que livré par la Conseil
constitutionnel ivoirien.
Pour cela il est détenu des jours durant par à la DGRE, la direction du
renseignement extérieur camerounais
qui et auditionné sur ses accointances
avec l’ancien pouvoir d’Abidjan. Il est
soupçonne d’avoir bénéficié d’un financement venu de l’entourage de
Laurent GBAGBO pour son album.
Cela se passait en Mai 2011 soit mois
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d’un mois après l’arrestation par les
forces françaises et sa remise aux
forces de Ouattara de Laurent
GBAGBO en sa résidence de fonction
d’Abidjan-Cocody. L’artiste a réfuté
ses accusations et a affirmé avoir juste
chanté pour un homme ayant une vision panafricaniste et qui mettait le
système prédateur occidental à mal en
défendant avec acharnement les intérêts de ses concitoyens.
Cet album de cinq titres tel que : «
privatisafrance » ou encore « président l’hôtel du golf » est encore d’actualité.
Ainsi pour l’artiste « « Bafouer la
légitimité, la légalité de la Cour constitutionnelle, avec à leur tête les
mafias de Babylone, pour faire plaisir
aux intérêts étrangers, avec à leur tête
Obama et Sarkozy instruments des
francs-maçons» est aberrant et donne
un mauvais exemple pour les acquis
démocratiques en Afrique.
Si l’album n’est pas un opus quand à
sa valeur artistique les textes sont
cependant très incisifs et dénoncent le
vaste complot occidental et même
africain en Cote d’Ivoire.
Pour sur De Vinci Kameini ( de son
nom à l’état civil) ou Joe la conscience est un artiste engagé et intègre
qui rêve d’une Afrique libre, digne et
forte sur tous les plans.
Patrice Thomas Atsama,
au Cameroun.
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ARTS ET CULTURE
E
AU-DELA DE LA MÉLODIE
n marge des conflits armés et des
crises économiques qui secouent le
continent, la musique urbaine
africaine prend progressivement son envol.
Elle se présente comme une bouffée
d’oxygène qui permet à chacun de s’offrir un
bref moment de tranquillité. Désormais, cette
musique dame le pion aux mélodies occidentales. Que l’on se trouve dans des night clubs
ou autres espaces de réjouissance, les populations ne se trémoussent qu’au son de la
musique urbaine africaine. Un tel constat
amène à dire que ce type de musique est en
vogue. Mais qu’est ce qui pourrait expliquer
un tel saut ? Deux raisons, à nos yeux, semblent l’expliquer.
L’apport extérieur
La musique urbaine africaine actuelle,
tranche avec celle des années 1990 ou 1995.
En effet, il s’agissait pour l’essentiel, de
musique introvertie ne puisant ses racines
que dans les spécificités culturelles des pays
d’origine. Ainsi, le zouglou ivoirien s’est
comporté comme le makossa camerounais ou
les rythmes congolais. Si durant ces périodes
ces musiques ont fait danser, c’est plus pour
leur rythme que pour leur valeur fédératrice.
Aujourd’hui, la vogue de la musique
africaine s’explique par le fait qu’elle transpose sur le terrain culturel, une idée politique:
le panafricanisme. De façon concrète, on ob-
Directeur de Publication
M. Yves Komenan
Directeur de la Rédaction
M. Marques Joziol
Directrice Marketing
Marie Pierette Kouamé
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MUSIQUE URBAINE AFRICAINE
Le groupe P.Square a acquis une renommée internationale
serve une fusion entre des genres musicaux
de pays africains ou encore une multiplication des featuring. Cette interaction aide à
briser les frontières. La preuve est offerte par
l’intervention de l’artiste nigérian J. Martins
sur l’album du groupe zouglou « Les Patrons
» ou encore celle de Koffi Olomidé sur celui
Dj Arafat.
Par ailleurs, la tendance à l’adoption des
genres musicaux étrangers, singulièrement
américains, boostent la musique urbaine
africaine. Le RnB, la pop, font dorénavant
partie de l’inspiration de nos jeunes artistes.
Elle règle (dans le domaine musical) non
seulement la question de l’occidentalisation
de nos sociétés africaines, mais également
l’ouverture de celles-ci sur l’extérieur. En
effet, les africains n’ont plus besoin de se
connecter sur les Usa, pour se servir en pop
ou Rnb. Ces genres musicaux sont désormais
pratiqués par des artistes africains, anglophones et francophones. En conséquence, les
africains préfèrent consommer le Rnb ou la
pop faite par P Square, Davido ou bien
d’autres artistes. Cependant, l’apport extérieur ne saurait à lui seul expliquer la
vogue de la musique urbaine africaine. Elle
resterait dans l’oubli si les médias n’étaient
pas venus à leur secours.
L’apport des médias
Les médias, principalement les chaines de
télévision, ont joué et continuent de jouer un
rôle important dans le positionnement de la
musique urbaine africaine. Elles œuvrent à la
promotion de ces musiques. En effet, depuis
quelques années, de véritables chaines de
télévision exclusivement consacrées à la diffusion des clips vidéo ont vu le jour. Il s’agit
par exemple de Trace Tv. Même si les clips
diffusés ne sont pas exclusivement africains,
notons que la musique africaine y occupe une
place prépondérante. Sa diffusion à un rythme effréné a ouvert la voie à son adoption
par les africains. Désormais où que l’on soit,
N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013
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il suffit d’un petit geste pour se voir plonger
dans un océan de clips faisant la promotion
de la musique urbaine africaine. Et quant on
sait que la population africaine est en majorité constituée de jeunes de plus en plus instruits et portés sur les médias, on comprend
aisément pourquoi l’on assiste à une montée
en flèche de ce type de musique.
De plus, il convient d’associer aux chaines
de télévision, les sites internet. Ces derniers
permettent les téléchargements en ligne, ou
de simples consultations de clips vidéo. En
un seul clic, l’on peut soit partager, par mails,
de nombreux titres africains à la mode, soit
en faire la promotion sur les réseaux sociaux.
A ce stade, les réseaux sociaux, parce qu’ils
mobilisent des centaines de millions de personnes par mois, peuvent être regardés
comme des adjuvants de la musique urbaine
africaine. Les médias sont donc de véritables
vecteurs de promotion de la musique urbaine.
N’eût été leur rôle, c’est avec réserves que
l’on parlerait de la vogue de la musique
africaine.
Il est certes vrai qu’on ne saurait parler de
musique sans mélodie. Mais si la musique urbaine africaine est aujourd’hui en vogue c’est
bien parce qu’elle a su surpasser les limites
frontalières entre les Etats africains pour se
présenter comme une force qui embrasse
toutes les cultures africaines. Les mélodies
sont universelles. Mais ce qui fait la spécificité et qui aide à porter haut la musique,
c’est bien la conjonction d’éléments nouveaux puisés ça et là. La musique urbaine
africaine a, sans conteste, bien négociée cette
conjonction d’où l’éclat qu’elle affiche ces
dernières années.
Alain Bouikalo,
Juriste consultant
www.apricainfo.com