1 du : mercredi 16 janvier 2013 - Côte d`Ivoire: UN ADJOINT DE
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1 du : mercredi 16 janvier 2013 - Côte d`Ivoire: UN ADJOINT DE
Aprica Info Votre magazine bimensuel Mercredi 16 Janvier 2013 EDITO c Pour une Afrique nouvelle eci est le premier numéro de votre bimensuel en ligne « Apricainfo ». Un bimensuel qui ambitionne, par la profondeur et la pertinence de ses analyses, de projeter l'Afrique, notre continent, vers de nouveaux horizons. En effet, Longtemps malmenée par des décennies de conflits, de guerres, de mal gouvernance, d'hypocrisie et souvent de traîtrise de ses propres fils, l’Afrique a été livrée dans l'arène de tous les vautours et autres prédateurs de la planète. Pour nous, le temps est enfin arrivé pour l'Afrique de se soustraire de ce spectacle nauséabond. L’Afrique doit se réveiller, se dresser pour revendiquer avec fierté et détermination sa place dans le concert des nations libres, dignes, démocratiques et prospères. Elle doit nécessairement résister et surmonter la fatalité des épidémies, de la famine, de la corruption de la forfaiture, du sous développement. L'Afrique doit absolument triompher dans la bataille pour la conquête et la défense de sa souveraineté afin d’exister par elle-même pour ne pas périr. Ce combat existentiel, elle n'a ni le droit de l’éluder, de le mener par procuration, ni le droit de le contourner, encore moins de le différer. Au moment où nous écrivons ces lignes, les conflits, avec brutalité, ont franchi les murs de bien de pays africains tels que le Mali, la République Centrafricaine, la République Démocratique du Congo ( RDC). Des pays comme la Lybie et la Côte d'Ivoire, peinent encore à recouvrer la stabilité. Ils continueront malheureusement de sombrer à la suite du grand trauma...Suite page 2 Quelles perspectives pour l’Afrique ? N0 001 Pour une Afrique nouvelle Matières premières, conflits armés Page 2 AU-DELA DE LA MÉLODIE N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2012 MUSIQUE URBAINE AFRICAINE Page 16 QUEL CHOIX RADICAL POUR L’AFRIQUE? LE DEFI ENERGETIQUE Page 11 www.apricainfo.com Aprica Info POLITIQUE Quelles perspectives pour l’Afrique ? Matières premières, Conflits armés Suite de l’édito tisme causé par l'alibi de la restitution de la démocratie dans leurs Etats et l'hypocrisie internationale des défenseurs de l'Etat de droit. On le sait plus que trop, les matières premières ont jusque là été à la base de bien de conflits sur notre continent. Aussi, une analyse opportune nous situera- t –elle , dans ce numéro tous les enjeux géostratégiques de ces agressions. L’Afrique doit-elle continuer à subir des guerres au mépris de son développement? Quelles sont les raisons profondes des conflits qui éclatent sur le continent? Les défis économiques, énergétiques, technologiques, culturels, de santé publique et d'éducation, auxquels notre continent est confronté, seront abordés dans ce premier numéro; Nous ouvrons donc pour vous des pages, nous dressons pour vous une tribune. Ces lucarnes vous sont toutes dédiées, vous les intellectuels d’Afrique et du monde entier. La profondeur, la pertinence et la constance de vos analyses sur les sujets majeurs évoqués ici doivent absolument contribuer à désarmer tous les esprits retors et toutes les mains traîtresses qui plongent quotidiennement notre continent dans la spirale du pillage de nos ressources, de la liquéfaction de nos Institutions, des rebellions armées, des conflits et des guerres aux conséquences désastreuses. Nous comptons sur vous pour engager dès aujourd’hui, en ce début d’année, le combat pour une Afrique ambitieuse, fière, prestigieuse…, une Afrique véritablement nouvelle. Nous, Africains, avons l’impérieux devoir de léguer aux générations futures un continent qui non seulement existe, mais compte sur lui même et force le respect des autres. Ce défi est à notre portée. Oui, nous le croyons. Lisez et faites lire Apricainfo. Visitez et faites visiter www.apricainfo.com, notre site et support commun . Bonne et Heureuse année 2013 à toutes et à tous. Yves Komenan M Plateforme pétrolière ême s’il est parfois difficile, au moment où les conflits se déroulent, d’établir leur lien direct avec les matières premières, l’histoire montre que dans la quasi-totalité des cas en Afrique, ils trouvent leur origine dans le désir farouche des protagonistes d’en avoir le contrôle.Au travers de cet article qui, dans un premier temps, portera sur un état des lieux illustratif et non exhaustif et, ensuite, sur une esquisse de solutions, notre objectif est modestement de susciter le débat sur le futur de ce continent, cible privilégiée de toutes les grandes puissances. A- Quelques constats : 1967-1970 guerre du BIAFRA : guerre de sécession ayant impliqué directement ou indirectement plusieurs pays européens et africains avec en toile de fond la gestion des ressources pétrolières. Bilan humain : au moins un million de morts. 1989-1997 guerre du LIBERIA : guerre entre factions libériennes de souches diverses (américano-libériens, autochtones …) avec entre autres motivations : le contrôle des mines de fer. Bilan humain : au moins cent cinquante mille morts. 1991-2002 guerre de SIERRA LEONE : une extension de la guerre du Libéria dont l’une des causes reste le contrôle de l’énorme potentiel diamantifère du pays. Bilan humain : au moins soixante quinze mille morts. 1996-1997 &1998-2003 guerre du CONGO (ex-ZAIRE) : un conflit complexe, avec implication de nombreux états, qui trouve son origine dans le contrôle et la gestion des immenses ressources dont le pays dispose : cobalt, diamant, pétrole, etc… Bilan humain : plus d’un million de morts. 2002-2011 conflit armé de COTE D’IVOIRE : un conflit qui aura été justifié par divers mobiles à chaque phase de son évolution et qui, à son terme en 2011 aura clairement montré combien le sort des pays africains échappe aux Africains et combien peuvent être solidaires les grandes puissances quand leurs intérêts sont en jeu. Ici, il s’agit bien sûr des enjeux miniers et agricoles (pétrole, café, cacao, etc…) mais aussi d’enjeux géostratégiques. Ce conflit aura certainement fait plus de trente mille morts (chiffre officiel qui ne se limite qu’à une période restreinte). 2011 guerre de LYBIE : une intervention de l’OTAN sous le couvert du droit d’ingérence humanitaire et d’instauration de la Démocratie. La presse occidentale, à peine un an après, qualifie ce conflit de « guerre sécrète du pétrole et du gaz » et n’hésite pas à rendre compte des retombées économiques pour les pays qui se sont engagés... Le bilan humain reste pour l’heure un mystère ! On pourrait continuer la liste en remontant le temps et dresser la liste de tous les leaders africains qui ont payé de leur vie leur prise de position : on n’en serait que meurtri et profondément révolté. Pourquoi l’Afrique est-elle le théâtre de tant de conflits? Qui en sont les commanditaires ? A qui cela profite-t-il ? Telles sont en effet les questions récurrentes que l’on se pose et auxquelles les réponses sont souvent contradictoires et jamais clairement établies même quand les belligérants font la paix. Les populations africaines victimes de matraquage médiatique à grande échelle, de rumeurs et de contre vérités sont généralement les premières à se perdre en explications suivant les partis pris, rendant ainsi presque impossible toute analyse objective et toute compréhension des causes réelles. Certes, il existe des causes endogènes à tous ces conflits mais ne sont-elles pas qu’un simple terreau sur lequel se jouent des enjeux plus importants ? N’est-il pas encore temps pour les Africains de comprendre que l’accès aux matières premières est un enjeu majeur pour les pays qui en sont dépourvus ou, qui jouant la carte du futur, font le choix de préserver leurs propres réserves? Comprendre cela sans chercher à culpabiliser quel que pays que ce soit est essentiel pour se donner les moyens de mieux gérer les tensions, les conflits et autres sources de déstabilisation des pays et du continent. Que les ressources du sous sol africain attirent suite page 3 N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 2 www.apricainfo.com Aprica Info POLITIQUE suite de la page 2 la convoitise, quoi de surprenant ? Si les pays du Nord, pendant des siècles, ont sillonné les mers du sud pour conquérir de nouveaux territoires, ce n’était pas pour assouvir une soif d’exotisme. Bien au contraire, l’enjeu hier comme aujourd’hui est d’assurer à leurs économies un accès privilégié aux matières premières et des débouchés pour l’écoulement de leurs produits manufacturés. Si dans les années soixante, les pays du Nord ont accepté de donner des Indépendances, ce n’était certainement pas parce que les Africains avaient un droit légitime à la SOUVERAINETE mais, bien au contraire, pour mieux sécuriser l’accès aux matières premières face à l’émergence des mouvements indépendantistes à tendance marxiste. Si, en1990, à la conférence de la BAULE, la promotion de la DEMOCRATIE s’est imposée aux Africains comme condition sine qua non pour avoir la reconnaissance des grandes puissances, ce n’était certainement pas par conviction que la Démocratie vraie soit possible dans des états en proie à des tensions dites tribales, religieuses, des états où épenle taux ccession à l’Ind rès l’a Soixante ans ap immenses ressources hué d’ gr ns al m et e nc da es, l’Afrique da e ales et agricol maines, minér te de la mondialisation pein le. ntex le nouveau co e internationa ser sur la scèn d’alà suivre et à pe phabétisation est le plus faible au monde et où la grande majorité de la population est illettrée et n’a pas accès à l’Information. Non, loin de là, mais c’était bien au contraire pour répondre aux pressions croissantes de l’opinion publique des pays développés et mieux anticiper et canaliser les effets de ces pressions sur les peuples du Sud. L’impact de la BAULE a été si important que pendant deux décennies, les Africains n’ont été occupés qu’à parler de « processus de démocratisation », de « multipartisme », de « conférence nationale », d’ « élections libres, démocratiques et transparentes », etc… ! Soixante ans après l’accession à l’Indépendance et malgré d’immenses ressources humaines, minérales et agricoles, l’Afrique dans le nouveau contexte de la mondialisation peine à suivre et à peser sur la scène internationale. L’Afrique est sous perfusion et persiste dans sa candeur et sa naïveté bien qu’elle s’entende dire constamment « que les Etats n’ont pas d’amis mais des intérêts… ». Les Etats africains en sont aujourd’hui au stade où être admis au PPTE, avoir le qualificatif de PAYS STABLE ou de BON ELEVE par le FMI suscite la fierté des dirigeants ! L’Afrique est aujourd’hui une grande mine à ciel ouvert où grouillent des « orpailleurs » de tout genre opérant sans scrupule ni pour les populations ni pour l’environnement et fomentant des conflits quand leurs intérêts le justifient. Face à cela, les Africains ont l’impérieux devoir d’agir. Mais dans quelles directions ? B- Solutions et Perspectives : 1- Mettre fin à la fragmentation de l’Afrique: L’Afrique est le continent le plus fragmenté à l’échelle mondiale : un ensemble hétéroclite de cinquante trois états dont certains n’ont même pas la taille de certains départements des états du Nord. Cette fragmentation héritée de la colonisation est certainement l’un des plus lourds handicaps. Certes, l’Afrique précoloniale n’était pas UNE. Tout comme les autres continents, elle était PLURIELLE par la diversité de ses peuples et groupes ethniques qui ont été morcelés par le découpage colonial à l’origine des Etats actuels. Alors que les Etats du Nord, depuis des décennies, travaillent à une plus grande intégration de leurs économies et de leurs politiques et qu’ils y sont même encouragés par toutes les Institutions financières internationales, curieusement l’Afrique est le seul continent où personne n’ose aborder cette question ou suggérer cette alternative. Malgré la place marginale de l’Afrique dans l’économie mondiale, place qui d’ailleurs ne repose que sur l’exportation brute de produits primaires, personne dans les Institutions de Développement ne pointe du doigt les effets néfastes de cette fragmentation, base de tous les problèmes : conflits intra et inter Etats, soutien des rebellions armées, faibles capacités des Etats à assumer leur devoir régalien, faible capacité de négociation commerciale des Etats, faible capacité des Etats à initier des investissements cohérents et économiquement rentables au niveau des infrastructures de base telles que les routes, l’électrification, l’accès à l’eau potable etc…Est-il donc si difficile d’imaginer ce que serait une Afrique plus intégrée ? A y réfléchir, il est évident qu’une Afrique plus intégrée serait une grande opportunité de mise en commun des moyens pour : - Assurer l’autosuffisance alimentaire des populations grâce une rationalisation de la production et de la distribution des produits vivriers en fonction du potentiel agricole indéniable de chaque zone géographique. - Organiser l’agriculture d’exportation, la rendre plus performante et plus compétitive et doter le continent d’un vrai pouvoir de négociation sur le marché international. - Rendre possible les grands programmes d’investissement dans les infrastructures de base. - Favoriser l’émergence de grandes industries de transformation des matières premières et la création d’un vaste réseau de pme/ pmi avec son corolaire de création d’emplois - Accorder la place qui lui revient à l’énergie solaire et assurer l’indépendance énergétique de tous grâce à une rationalisation de la production, du raffinage et de la distribution des produits pétroliers tout en allégeant leur poids budgétaire. -Créer des centres médicaux spécialisés de haut niveau et soutenir une recherche médicale qui s’appuie sur les acquis de la médecine traditionnelle. Si les Africains ne prennent pas conscience de cette réalité et s’ils ne travaillent pas à la changer, personne ne le fera à leur place, car personne hors de l’Afrique n’aura intérêt à ce que cela change. Les régions du monde les plus intégrées étant celles qui font le mieux face à la compétition internationale, il est temps pour l’Afrique d’aller au-delà de ses structures communautaires actuelles dont les limites sont devenues flagrantes. Ce remodelage de l’Afrique qui est à définir par grande zone géographique ne peut pas être de la seule s conscience de r, s ne prennent pa Si les Africain ne travaillent pas à la change s’ils hors e nn rso pe r ca cette réalité et e, . fera à leur plac que cela change personne ne le aura intérêt à ce n’ e qu fri l’A de responsabilité des Dirigeants africains. Il exige, pour sa réussite, une réelle implication de la société civile, des mouvements politiques et des vrais leaders d’opinion. 2-Appliquer les règles de l’Economie de marché : On ne peut pas espérer réussir dans un championnat quel qu’il soit si l’on ne le prépare pas physiquement, tactiquement, si l’on ne présente pas la sélection la plus apte et si l’on ne fait pas siennes les règles qui y sont attachées : souvenons-nous de cet athlète africain qui, au 100 mètres nage, mit 1minute et 52 secondes au JO de Sydney contre moins de 50 secondes pour tous les autres concurrents! Les raisons de cette N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 3 performance, jugée incongrue à l’époque par la presse pour une telle compétition, ne sont malheureusement pas difficiles à imaginer ! Le système économique mondial dans lequel est l’Afrique est un système dont les règles ne sont pas optionnelles. Ce système exige des états qu’ils aient une Vision, qu’ils fassent de la Planification, qu’ils définissent des Stratégies adéquates et qu’ils aient une gestion rigoureuse de leurs ressources humaines et matérielles. Ce système requiert des Institutions stables et efficaces, un environnement juridique et fiscal adéquat, la promotion du secteur privé générateur d’emplois, un système d’enseignement et de formation adapté et pris en charge par des personnels qualifiés et responsables, un système de recherche scientifique ouvert sur la société et l’économie, la création de richesses par la stimulation de la croissance et la valorisation du Travail. Sur tous ces points qui ne sont pas limitatifs, force est de constater que l’Afrique est bien loin du compte… Regorger de matières premières n’est donc pas suffisant. L’Afrique doit se réveiller et s’éveiller, faire siennes les règles du monde moderne, arrêter de naviguer à vue, faire des choix de politique par mais aussi de son économie La t. ou rt pa te L’Asie de par ésen aujourd’hui pr partout avec resa culture est e sé po im st ue s’e nlle chinoise co cuisine asiatiq ine traditionne archés, les m spect, la médec les us to r su rtinue sa percée iatiques sont pa é apeutiques as méthodes thér pratiques de centres de sant des tie intégrante monde. partout dans le économique pertinents. L’Afrique doit promouvoir le Travail et le Mérite. Dans une Afrique moins fragmentée, la diversité des ressources et des compétences ne peut qu’être un atout majeur pour limiter l’impact des facteurs bloquants que l’on observe au niveau des Etats pris individuellement. 3- Valoriser la Culture : L’Europe se construit en s’appuyant sur sa Culture et en en faisant constamment la promotion. Son immense patrimoine culturel entretenu et défendu au fil des siècles est aujourd’hui une fierté pour chacun de ces états qui, à des degrés divers, bénéficie de la plus grande part du tourisme mondial. L’Asie de par son économie mais aussi de par sa culture est aujourd’hui présente partout. La cuisine asiatique s’est imposée partout avec respect, la médecine traditionnelle chinoise continue sa percée sur tous les marchés, les méthodes thérapeutiques asiatiques sont partie intégrante des pratiques de centres de santé partout dans le monde. Les arts martiaux asiatiques sont enseignés partout et ont intégré depuis longtemps les grandes compétitions internationales et le cinéma asiatique n’est pas en reste. Si la Chine, hier qualifiée de pays sousdéveloppé, est aujourd’hui en passe de devenir la première puissance économique du monde, c’est entre autre parce qu’elle a su faire de sa culture ancestrale la base de son développement. On pourrait aussi parler de l’Amérique latine qui se positionne par la vigueur de son économie et la promotion de son patrimoine culturel : sites historiques, production cinématographique et littéraire, art culinaire, musique, etc… L’Afrique même à ce niveau est loin de se faire une place malgré son immense patrimoine. Chaque pays, en effet, essaie de « vendre » ce qu’il peut et faute de moyens et de politique bien pensée, le travail de promotion ne va pas souvent au-delà de la production de souvenirs touristiques : masques, tabourets, tissus à mo- suite page 4 www.apricainfo.com Aprica Info POLITIQUE Richesses du sous-sol africain et convoitises de l’occident à la base de conflits L’exemple du Niger L’uranium, une des grandes ressources économiques sur laquelle le Niger compte depuis son indépendance pour bâtir son développement est aujourd’hui la source de toutes ses difficultés. Tant et si bien qu’on en vient à se demander s’il valait bien la peine d'exploiter ces ressources depuis cinquante ans, les troisièmes de la planète, et demeurer au dernier rang pour le développement humain. Exploitation à ciel ouvert d’une mine d’uranuim au Niger « Au moins les nigériens, tant qu'à être les plus déshérités du monde pourraient ne pas avoir inhalé de poussières radioactives » déclarait Odile Tobner, membre de SURVIE, une association créée en 1984 à Paris ; qui mène des campagnes d'information des citoyens et d'interpellation des élus pour une réforme drastique de la politique de la France en Afrique et des relations Nord-sud. Elle plante ainsi le décor de cinquante années de relations/partenariat entre le Niger et son ancienne tutrice la France, basées sur une exploitation sans vergogne et sans retenue des ressources minières et d'ingérence dans la politique interne du Niger. Au lendemain des indépendances, la France avait signé avec le Niger un accord qui lui donnait l’exclusivité de l’exploitation de l’uranium nigérien. Selon cet accord l’ex métropole s’engageait à soutenir tacitement le régime en place en lui assurant un accord de défense, mais sans intervention en cas d’agression extérieure. Le Niger pour sa part lui, assurait l’approvisionnement en matières premières, dont l’uranium. Ainsi en 1967, des accords franco-nigériens pour la création d’une société des mines de l’Aïr (Somair) sont signés, mais déjà les négociations butent sur les questions fiscales et la part du Niger dans le projet. Hamani Diori, alors Président de la République du Niger, estimant que les négociations sur l’uranium relèvent d’une relation d’état à état en vertu des accords de défense, tentera alors pour atteindre De gaulle, de recourir à la médiation de Foccart, en qui il a confiance, mais sans succès. Il fera alors prévaloir la dimension suite page 5 stratégique et non simplement commerciale de l’uranium, reconnue par les accords de défense signés avec la France, ainsi que la valeur de l’approvisionnement préférentiel que ces accords garantissent à la France. Le Niger obtiendra finalement 20% des parts, mais sans les facilités de remboursement demandées. Au passage, le général De Gaulle lui remontera les bretelles, lui signifiant qu’il devra « mettre un terme à cette escalade ». Diori ne baissera pas pour autant les bras. A l’avènement de Georges Pompidou, il relance le débat. Mais, la discussion piétine face à l’intransigeance des autorités françaises en charge du nucléaire. Parallèlement, le Niger prend contact avec le Gabon pour tenter de constituer une mini-OPEP des pays producteurs d’uranium, en vain. En 1973, la crise pétrolière et la décision française d’accélérer le lancement d’un grand programme nucléaire changent la donne. A l’image d’autres dirigeants qui revalorisent leurs matières premières, Diori y voit l’occasion d’une « évolution du rapport de force : l’uranium nigérien est indispensable au programme nucléaire français ». Pompidou déjà malade accepte le principe d’une revalorisation du cout du minerai. Le 23 mars 1974, une conférence franco-nigérogabonaise s’ouvre à Niamey. Le président Diori est intransigeant. « Le Niger pouvant contribuer à l’exceptionnelle nucléarité de la France, il serait normal que la France contribue de manière exceptionnelle au développement du Niger », déclare-t-il. Le Gabon lui, fait profil bas. Les négociations sont alors suspendues. Elles sont sensées N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 4 suite de la page 3 tifs, tamtam, afro musique au goût du jour...Les sites historiques survivent souvent grâce aux ONG étrangères ou à la pression qu’exerce l’UNESCO au travers du label « patrimoine de l’Humanité ». Des sites à potentiel touristique indéniable restent insuffisamment mis en valeur faute de volonté politique souvent, de moyens quelquefois et compte tenu des autres priorités de chaque état. Les Africains euxmêmes ont tendance à dénuer de sens les VRAIES VALEURS africaines : être en retard à un rendez-vous ne peut être excusé parce qu’on suivrait l’heure africaine, on ne peut pas se complaire dans l’assistance sous le seul prétexte de solidarité africaine, on ne peut pas tout permettre sous prétexte de tolérance ou de « palabre » africaine ! L’Afrique a des valeurs culturelles qui peuvent constituer le socle de son développement et inspirer ses modèles de gestion: le respect de la vie et de la nature, le respect de la communauté et du bien commun, le partage, la compassion et le sens des responsabilités. Dans toutes les communautés africaines de base, la vie et le bien commun sont sacrés, tous les talents sont valorisés, l’éducation transcende le cadre de la famille, on ne faillit pas à ses responsabilités vis-à-vis de la communauté, ne pas travailler est inimaginable, les interdits sont respectés sans contraintes particulières, on se préoccupe de l’autre, etc…Pourquoi l’Afrique est-elle donc aujourd’hui le continent où la corruption semble gagner du terrain, où les responsabilités publiques sont les moins bien assumées, où les uns regardent de haut les autres, où les discriminations sont les plus criardes entre riches et pauvres, cadres et non cadres, travailleurs et chômeurs, etc… ?. Dans une Afrique mieux intégrée, les opportunités seraient inestimables pour une meilleure valorisation du patrimoine culturel et touristique et pour faire en sorte que les valeurs culturelles soient partie intégrante du processus de développement. Au terme de cette réflexion force est de reconnaître que les matières premières en soi ne constituent pas des leviers pour le développement et qu’elles peuvent même être à l’origine d’effets pervers à conséquences humanitaires graves si elles ne sont pas gérées de façon responsable et ayant à l’esprit les enjeux qu’elles représentent dans l’économie mondiale. Repenser et remodeler l’Afrique pour que ses ressources ne soient plus source de ses malheurs est donc une priorité. Le chantier est colossal mais l’Afrique a cette chance de pouvoir s’inspirer de l’exemple des autres pour sa reconstruction. L’Afrique a les ressources humaines, minières et agricoles qu’il lui faut, l’Afrique a un marché captif attractif qui ne demande qu’un accroissement des flux commerciaux internes. Il est maintenant temps pour l’Afrique de se donner les leaders qui lui manquent ; c'est-à-dire des hommes et des femmes capables de s’élever au-dessus des intérêts locaux et partisans, des Africains capables de comprendre qu’aucun pays ne peut s’en sortir seul, des Africains capables de fixer le nouveau cap, de définir les règles et mobiliser les énormes ressources humaines disponibles. Non, il n’y a pas d’autres alternatives possibles si l’on veut que l’Afrique, forte de ses matières premières, des richesses de son sol, de son réseau hydrographique et de sa démographie, intègre le gros du peloton. Heman Zobollou Consultant Tading SBT-Paris www.apricainfo.com Aprica Info POLITIQUE Suite de la page 4 reprendre le 18 avril. Mais, dans la nuit du 14 au 15, Hamani Diori est renversé par Seyni Kountché. Le 27 janvier 1996, le colonel Ibrahim Baré Mainassara (IBM) prend le pouvoir à la tête d’un Conseil de Salut National pour « mettre fin à la guérilla politique et sauver le Niger ». Il bénéficie alors d’une très bonne côte de popularité du côté de l’Elysée : « protégé de Foccart, affilié à la grande loge nationale française (GLNF) » et est affublé du sobriquet de « putschiste le plus pacifique » par le susnommé. C’est l’état de grâce. Mais, Baré commet lui aussi l’irréparable : il décide de revisiter les accords sur l’uranium. Il est à son tour victime d’un coup d’état emmené par le chef de la garde présidentielle, Daouda Malam Wanké. Le 9 avril 1999, il est abattu sur le tarmac de l’aéroport de Niamey. A l’avènement de Mamadou Tandja, il ne se contente pas de « négocier sur le prix de l’uranium : il souhaite également que le Niger puisse disposer de sa propre part de minerai » déclare (…). « Le président veut pouvoir le vendre au plus offrant, et pas uniquement à l’ancienne puissance coloniale, comme c’est la règle de fait depuis les indépendances » poursuit-il. Les demandes de Tandja se font d’autant plus pressantes que le régime doit bientôt faire face à une rébellion. Areva choisi alors d’engager deux personnalités pour renforcer son influence face à la concurrence chinoise, à la résistance du président nigérien, et contenir les rebelles Touarègues. Sitôt nommé, l’un d’entre eux, le colonel Denamur se rend dans le nord du pays sans en référer aux autorités nigériennes. Par son intermédiaire, « Areva aurait secrètement établi des contacts avec les rebelles, avec la bénédiction de Paris ». La riposte de Tandja est immédiate. Le 26 juin 2007, Denamur est expulsé pour intelligence avec l’ennemi. Un mois plus tard, c’est au tour du directeur d’Areva Niger d’être déclaré persona non grata au Niger pour le même motif. Claude Silberzhan, l’ancien chef de la DGSE, dans le même élan, a confirmé que les services secrets français avaient joué un « rôle majeur et secret » et que des agents français avaient séjourné « à plusieurs reprises » dans le désert. C’est ainsi que le 18 février 2010, Tandja est victime d’un coup d’état militaire qu’il redoutait depuis plusieurs mois. Il en sera ainsi de tous les dirigeants nigériens qui oseront s’attaquer à l’épineux dossier du nucléaire. Affirmer sa souveraineté M. Amadou Cissé, le ministre d'Etat, chargé du Plan et de l'Aménagement du territoire du Niger, déclarait il y a quelques temps que son pays a "besoin de partenaires" pour la première étape de son développement. Cette décision du gouvernement nigérien « marque une rupture par rapport au passé du Niger, qui avait rompu avec une politique programmatique depuis près de deux décennies ». Selon le ministre d’Etat, le Niger doit prendre "progressivement" en main son essor économique et social grâce aux nouvelles ressources minières et pétrolières découvertes récemment. "Le plan a été conçu pour faire en sorte que le Niger puisse, en tant que pays naturellement doté de ressources naturelles importantes, parvenir à exploiter au maximum son potentiel minier et pétrolier et à générer des richesses de la manière la plus optimale possible,. Ces ressources doivent bénéficier à l'intérêt général, et donc à la plus grande partie de la population nigérienne", explique M. Amadou Cissé. Qui précise que le Niger compte s'approprier de plus en plus son Le président Mamadou Tanja développement. "Le plan devrait amener le Niger à pouvoir bénéficier du maximum de ses ressources pour progressivement s'autonomiser par rapport à son développement", souligne l’homme d'Etat nigérien. Notamment, "le Niger doit prendre en charge le fonctionnement et le financement de son développement". D’autant plus qu’en 2014, le Niger deviendra un pays exportateur de pétrole. Mais, il veut notamment "rééquilibrer" les partenariats signés avec les grands groupes internationaux, dont Areva. "Nous voulons revoir les conditions de l'exploitation en vue de rééquilibrer notre partenariat" assène le ministre. En clair, le Niger qui a des difficultés de budget cherche surtout "rééquilibrer" les partenariats signés avec les grands groupes internationaux, dont Areva. Il tient désormais à être parti prenante des négociations actuelles et futures d’Areva avec d’autres partenaires étrangers pour ne plus être lésé. Car, Niamey craint que les promesses de recettes fiscales et de royalties ne soient pas tenues. En la matière, les preuves abondent. Un tableau comparatif des situations respectives d’Areva et du Niger quarante ans après la création de la Somair laisse facilement deviner la réponse. En 2008, après une hausse de 10,4% dans l’année et une progression de 34% en cinq ans, le chiffre d’affaire d’Areva était de 13,2 milliards d’euros, soit cinq fois le PIB du Niger, avec un bénéfice de 589 millions d’euros, contre 743 millions l’année précédente. Quelques autres indicateurs permettent de mesurer mieux ce qu’Areva et la France doivent au Niger. En France, pays le plus nucléarisé du monde en proportion de sa population, 80% de l’électricité est d’origine nucléaire (…). Un tiers de l’uranium nécessaire aux 58 centrales françaises provient encore du Niger. Le Niger a produit plus de 100 000 tonnes d’uranium, contribuant largement au développement de la puissance industrielle, économique et militaire de la France. A l’opposé, au Niger, un pays rural où le secteur informel demeure prépondérant (…) l’uranium représente depuis longtemps une part importante des recettes d’exportation (70% dans les années 1970, près de 50% aujourd’hui). Pourtant sa contribution au PIB n’a jamais dépassé les 13% et est retombée aux alentours de 2 à 4 % au début des années 2000. En 2003, l’uranium représentait encore 62% de la valeur des exportations nigériennes, mais seulement 4,3% des recettes du gouvernement. Selon les ONG nigériennes, la valeur de la production de l’uranium de 1967 à 2007 N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 5 s’élèverait à 2500 milliards de FCFA, mais, entre la vente du minerai, les impôts sur les bénéfices, les dividendes et autres taxes, seulement 292 milliards sont revenus à l’Etat nigérien, soit un peu moins de 12% de la valeur de l’uranium exporté. Il n’est pas alors surprenant que le Niger stagne depuis longtemps en bas du tableau des pays les plus pauvres du monde au regard de l’indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). En 2005, selon le rapport annuel de cet organisme, le Niger est ainsi classé dernier des 177 pays étudiés. En 2010, il devance tout juste la RDC et le Zimbabwe alors que l’un sort à peine d’un conflit les plus meurtriers du siècle et que l’autre a connu une inflation démentielle qui a ruiné l’économie formelle. Face à un tableau des plus sombres, le Président Issoufou Mahamadou a décidé de prendre ses responsabilités. D’abord, la création des conditions d’attractivité pour ces groupes, pour qu’ils se sentent parfaitement à l’aise. Il s’agit entre autre d’une fiscalité attrayante, et d’une facilitation des conditions d’installation. Ensuite, l’affirmation de la souveraineté du Niger sur ses ressources afin de tirer le meilleur parti des exploitations de ses ressources naturelles et, en toute transparence. Pour cela, il faut établir un partenariat « gagnant-gagnant » avec l’ensemble des groupes pétroliers et miniers. De sorte à parvenir à une maitrise effective des conditions d’exploitation de ses ressources. D’où les instructions du président de la République, via le Ministre des Mines, de l’Energie et du Développement industriel, Omar Hamidou dit Ladan Tchiana, à l’endroit des directions générales d’Imouraren S.A, SOMAIR et COMINAK (évoluant toutes dans le secteur de l’uranium) de procéder très rapidement au démantèlement de la plate forme des sociétés mise en place depuis 2008 par Areva. En effet, AREVA NC Niger avait envisagé de mettre en place une plateforme regroupant les sociétés minières exploitant l’uranium dans ce pays (COMINAK, SOMAIR, IMOURAREN) en mettant au-dessus de ces sociétés, AREVA NC Niger (ANCN), créé à dessein. Cette « harmonisation » devait être le véhicule par lequel ANCN réaliserait d’importantes opérations financières dans le but d’améliorer son bilan d’exercice annuel aux dépends des sociétés nigériennes susmentionnées. C’est dans la perspective de multiplier les profits et, également de minimiser les coûts et les pertes qu’ANCN avait mis en place ce procédé savamment élaboré pour contourner les conventions en vigueur au Niger et les trois filiales (SOMAIR, COMINAK et IMOURAREN) et, s’approprier ainsi les procédures de passation des marchés, le recrutement, la logistique, les systèmes d’informations etc. Ainsi, par cet artifice, ANCN devenait seul décideur et refacturait toutes ces opérations au grand dam de l’Etat du Niger qui se voyait, in fine, privé injustement de la plupart de ses dividendes en fin d’exercice. Or, lorsque l’on se penche de près sur ce que représentent les opérations effectuées par ANCN par l’écran de cette plateforme, l’on peut se rendre compte qu’il s’agit là d’énormes manques à gagner pour l’Etat du Niger. Toute chose qui a fait dire à Raphael Granvaud, membre de SURVIE que «c'est ainsi que la France garde son " rang " dans le monde, justifie sa place de membre permanent du conseil de sécurité à l'ONU, et reste enfin une petite " grande puissance ". Sery Bogoss www.apricainfo.com Aprica Info Le poker menteur de la France POLITIQUE En Afrique, l’intervention armée de la France pose dans certains cas, bien des questions... Je revois encore les manifestations de joie en Afrique, et particulièrement à Bangui, à l’élection de Barak Obama, pour son premier mandat comme président des Etats-Unis d’Amérique. Des fêtes ont même été organisées pour célébré cette élection comme s’il s’agissait d’un événement africain ou international. Il s’agissait pourtant de l’élection d’un président des USA, même s’il est noir, seulement de couleur de peau. Qu’a fait Obama pour ces millions d’Africains qui ont célébré sa première élection comme s’il s’agissait de l’élection de leur candidat comme président de leur propre pays? Rien! Absolument rien du tout! Et je suis persuadé que la réélection, en novembre 2012, de Monsieur Obama n’a pas donné lieu, en Afrique, aux manifestations de joie observées lors de sa première élection. Malgré cette atmosphère de relative indifférence à la réélection de Barak Obama, les Africains, qui refusent de retenir les leçons de ce qu’ils vivent, qui refusent de s’inventer un destin, comme l’a proclamé un président de la France, le sieur Sarkozy, ont encore applaudi et dansé à l’élection de Monsieur François Hollande, le socialiste. Même si je dois supposer que, en Côte d’ivoire particulièrement, les applaudissements et danses étaient plus pour la défaite de Sarkozy que pour l’élection de Hollande, force est de reconnaître que l’Afrique et les Africains ont encore ouvert des bouteilles de champagne pour célébrer l’événement. Et pourtant, ce n’était que le résultat d’une élection présidentielle française. Ici, encore, les Africains ont oublié que selon une théorie politique mille fois vérifiée, une théorie dont le père est un président de la France, le Général Charles de Gaulle himself, ‘‘un pays n’a pas d’amis : iI n’a que des intérêts’’. Et lorsque le président français, Hollande, jouant au poker menteur avec les Africains, déclare la mort de la Françafrique, des Africains, naïfs, l’ont cru et applaudi. Ici encore, les ‘Mamadou et Bineta’ africains, qui refusent de grandir et donc de s’affranchir, ont oublié une autre théorie dont le père est aussi un français, un ministre du commerce de Valéry Giscard d’Estaing, Michel Jobert, théorie selon laquelle ‘‘la France n’a pas de pétrole, mais elle a des idées’’. Continuant son jeu de poker menteur, Hollande dira, lors de l’avancée des rebelles sur Bangui, que la France, son pays, n’est pas là pour défendre un régime, mais ses ressortissants et les Européens. Des Africains, ici encore, y ont vu la mort des dictateurs africains, notamment dans le pré-carré français, qui ne pourront plus s’abriter sous le parapluie français pour spolier leurs peuples. Mais voilà qu’au Mali, alors que la France de Le président français, François Hollande Hollande déclarait se mettre strictement dans le cadre de l’ONU et de la CDEAO, intervient, brutalement, au nord du Mali pour refroidir l’ardeur des djihadistes maliens, démolisseurs de monuments classés patrimoine de l’Unesco, et coupeur s de bras au nom de la charia, non seulement par ses avions de guerre, mais aussi par des hommes au sol. Poker menteur encore! Et voila Hollande qui accepte que le Nigeria offre ses avions de guerre pour chasser les rebelles du Mali. A-t-il oublié que Chirac, lui aussi président de la France, avait refusé, en 2002, que le même Nigeria offre à la Côte d’Ivoire ses avions pour chasser les rebelles ivoiriens, buveurs de sang humain? A-t-il oublié que la France a détruit les avions ivoiriens pour avoir bombardé les rebelles ivoiriens. Tiens, il paraît que les bombardements français des rebelles maliens ont tué des civils, donc d’innocentes victimes. Ah non, les rebelles ivoiriens n’étaient pas des rebelles, comme les rebelles libyens n’étaient pas des rebelles, comme ceux de la de la Centrafrique et de la République Démocratique du Congo ne le sont pas. En Côte d’Ivoire et en Libye, la France arme les rebelles, les entraîne, combat à leurs côtés et même à leur place. En RDC et en Centrafrique, la France les tolère. Ce qui revient à un ‘soutien tactique’. Au Mali, la France combat les rebelles à visage découvert, toute seule. N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 6 Et c’est au pays africains (le Sénégal craignant l’épine casamançaise, le Burkina Faso voulant un retour en grâce et réclamant un soutien contre son position, le Nigeria voyant venir la torche brûlante des islamistes, le Togo craignant d’être abandonné contre son opposition, etc.) de suivre la France. Poker menteur toujours! Et voilà le ministre de la France guerrière, Ledrian, qui déclare qu’il s’agit d’une assistance à pays en danger, que ‘‘quand un ami vous appelle … qu’il va mourir, … vous allez le secourir’’. Ah bon? Donc Bozizé, la Centrafrique et ses diamants dont on se souvient encore ne sont pas des amis de la France! Mobutu, Kabila fils et la RDC de sont pas des amis de la France! Mais, au fait, depuis quand un pays a-t-il des amis? Depuis quand la France a-t-elle des amis? Mais que la France et Hollande se rassurent : nous voyons et nous comprenons. Et nous sommes capables de décrypter que la France, qui n’a toujours pas de pétrole, a encore des idées. N’est-il pas vrai que la France n’a pas d’histoire sans l’Afrique? Poker menteur, éternellement! Richard Legbozagnon www.apricainfo.com Aprica Info DOSSIER La crédibilité de la CPI en jeu le 19 février 2013 à la HAYE CONFIRMATION OU INFIRMATION DES CHARGES CONTRE LE PRESIDENT LAURENT GBAGBO Le procès Gbagbo à la Cour pénale internationale retient l’attention de tous. Cette Cour de justice est-elle capable de dire le Droit le 19 février prochain? Un éminent juriste nous fait partager son analyse. L Le président Laurent Gbagbo a Chambre préliminaire après avoir refusé la liberté provisoire et affirmé sa compétence a fixé au 19 février 2013, l’audience de confirmation des charges dans l’affaire Procureur Ocampo contre Laurent Gbagbo. Prévue par l’article 61 du statut, elle constitue une étape importante de la procédure devant la Cour. Sa finalité est de renvoyer en jugement devant une chambre d’instance les personnes contre lesquelles des charges sérieuses existent. Elle peut de ce fait être vue comme un « mécanisme tendant à protéger les droits de la défense contre des accusations abusives totalement infondées ». Cependant dans le cas d’espèce, les circonstances qui ont présidé au renversement du Président Laurent Gbagbo, déclaré vainqueur de l’élection du 28 novembre 2010, et à son transfèrement à la Haye, la quiétude du camp Alassane Ouattara pourtant également indexé pour des crimes relevant de la compétence de la CPI mais jamais poursuivi, les positions adoptées à ce jour tant par le Procureur que par la Chambre préliminaire dans ce dossier dont dépend la réconciliation en Côte d’Ivoire, sont autant de sujets de préoccupation pour ses partisans.Ce faisant, l’audience de confirmation des charges programmée dont le résultat est très attendu, se déroulera sur fond de légitime suspicion à l’égard de la CPI. Ce sentiment se renforce encore plus à l’examen du document de notification des charges déposé par le Procureur Ocampo le 16 mai 2012 qui dénote d’un parti pris manifeste. UN CONTEXTE DE SUSPICION QUANT A L’INDEPENDANCE ET A L’IMPARTIALITE DE LA CPI L’une des plus fortes critiques contre la CPI au moment où cette audience est programmée est l’absence deux ans après la fin « militaire » de la crise et plus d’un an après le transfèrement de Laurent Gbagbo, de toute poursuite ni en Côte d’Ivoire ni à la CPI, des Hauts Responsables du camp Ouattara. Il sera choquant de voir la CPI n’examiner que le seul cas Laurent Gbagbo, alors même que tous les rapports qui ont permis d’incriminer ce dernier ont formellement cité des personnes : Alassane Ouattara créateur ; Guillaume Soro Chef des FAFN ; Fofié Koffi, TuoFozié, Koné Zakaria, Cherif Ousmane, Losseni. Au-delà de l’injustice flagrante d’une telle situation et de la frustration légitime des victimes du camp Ouattara face à ce fait d’impunité, se pose la question de la possibilité dans ces conditions que le futur procès soit juste et équitable. L’absence de poursuites contre le camp Ouattara est interprétée comme la réédition au plan international de « la justice des vainqueurs » qui a cours en Côte d’Ivoire. UN DOCUMENT DE NOTIFICATION DE CHARGES PARTISAN L’audience de confirmation des charges se déroulera sur la base d’une enquête du Procureur menée exclusivement à charge, en violation de l’article 54-1-a du statut. Cet article intitulé devoirs et pouvoir du Procureur en matière d’enquêtes dispose que « pour établir la vérité, (le Procureur) étend son enquête à tous les faits et éléments de preuve qui peuvent être utiles pour déterminer s’il y a responsabilité pénale au regard du présent statut et, ce faisant, enquête tant à charge qu’à décharge ». Or, le document ne reflète nullement le souci de la vérité qui doit caractériser le procès pénal international, à travers la recherche et la prise en compte d’éléments à décharge. Le document est exclusivement accusatoire (à charge). L’accusé y est présenté comme un « homme accroché au pouvoir, doublé d’un criminel cynique et sans cœur ». Ce qui est totalement le contraire de l’Homme ! Or il n’est pas conforme à la vérité de laisser croire comme le fait le Procureur, qu’aucun fait, aucune circonstance, ne vient en décharge au Président Laurent Gbagbo ? A lire le Procureur, rien ne vient à décharge de l’accusé, vainqueur de l’élection présidentielle non par auto-proclamation mais par une déclaration officielle du Conseil constitutionnel ! Rien ne vient à décharge d’un candidat dont les observateurs électoraux ont reconnu et déclaré que ses partisans et électeurs ont été brutalisés et empêchés de voter dans le nord ! Rien ne vient à décharge de celui qui a proposé la solution pacifique du recomptage des voix là où son adversaire proposait le recours à la guerre ! Rien ne vient à la décharge de celui qui a accepté la médiation de l’UNION AFRICAINE refusée par son adversaire ! Rien à la décharge de celui qui en pleine crise a mis en place une commission internationale d’enquête pour vérifier les allégations de violations des droits… ! L’analyse du document révèle par ailleurs le recours à des procédés à la limite de l’honnêteté intellectuelle notamment, des omissions délibérées de faits pertinents pour un bonne intelligence de l’affaire, des raccourcis et des contre-vérités servies apparemment dans le but de tromper la religion de la CPI. Il en va ainsi des efforts déployés pour démontrer que l’accusé est co-auteur indirect de crimes contre l’Humanité. CRIMES DE GUERRE OU CRIMES CONTRE L’HUMANITE ? Il est vrai que le Statut de Rome ne lie pas le crime contre l’Humanité à un contexte de conflit armé N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 7 comme par le passé avec le procès de Nuremberg. Mais cela suffit-il à justifier, d’ignorer ou d’occulter totalement le contexte d’affrontements armés dans lequel prennent place les graves infractions que le Procureur est chargé de faire sanctionner ? C’est l’exercice difficile auquel s’est livré le Procureur dans son acte d’accusation. Dans quelle intention le Procureur a-t-il choisi d’occulter la situation du conflit armé ? Certainement pour masquer le fait que les FDS n’agissaient pas dans le cadre de l’application ou dans la poursuite d’une politique criminelle comme il le soutient, mais qu’ils se sont toujours trouvés en mission de maintien de l’ordre public, ou en mission de défense et de protection des populations, des institutions et des biens contre les attaques des groupes armés pro-Ouattara. Or l’article 8-3 du statut de Rome relatif aux crimes de guerre, réserve clairement le droit des Etats de maintenir l’ordre public et de se défendre : « rien dans le paragr. 2, c,e, n’affecte la responsabilité d’un gouvernement de maintenir ou rétablir l’ordre public dans l’Etat ou de défendre l’unité et l’intégrité territoriale de l’Etat par tous les moyens légitimes » ! Ensuite cela fait apparaitre clairement que c’est plutôt Alassane Ouattara qui organise les attaques et non pas Laurent Gbagbo plutôt placé sur la défensive, ce qui nuit à la thèse Ggagbo concepteur avec son entourage d’un plan criminel d’attaques de civils.Enfin cela montre indiscutablement que les cibles des FDS sont les groupes armés proOuattara et non pas les populations civiles. L’INTROUVABLE CRIME CONTRE L’HUMANITE Selon le Procureur, Laurent Gbagbo et les membres de son entourage immédiat, auraient avant l’élection présidentielle, conçu un plan d’attaque d’Alassane Ouattara et des membres de son parti, en vue de conserver le pouvoir. Ce plan a été exécuté à la fin des élections, entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011, par les forces pro-Gbagbo, donnant lieu à quatre chefs d’accusation de crimes contre l’Humanité : meurtres de 153 personnes ; viols et violences sexuelles sur 32 femmes et jeunes filles ; actes inhumains sur 39 personnes ; persécutions. Tel est après cinq mois de conflit armé, le « bilan criminel » du Président Laurent Gbagbo qui fonde selon le Procureur Ocampo, son inculpation en tant que co-auteur indirect de crimes contre l’Humanité. Les crimes allégués sont certes des crimes graves qui appellent à situer les responsabilités ainsi que des sanctions conséquentes. Cependant la qualification de crimes contre l’Humanité qui en a été donnée n’est pas pertinente au regard des faits, des circonstances et du contexte. Elle nous paraît plutôt participer d’une manipulation politicienne à laquelle le Procureur a voulu donner un vernis juridique. Cela explique d’ailleurs les grandes difficultés rencontrées par l’accusation pour démontrer l’existence des éléments du crime contre l’Humanité. D’abord, pour donner plus de chance à sa stratégie accusatoire sur fond de crime contre l’Humanité, le Procureur ne présente aucun élément sur le contexte de conflit armé, mieux il nie qu’il y ait eu un conflit armé.Ensuite pour démontrer que le Président a conçu un plan criminel avant l’élection, le Procureur va recourir au mensonge. Il écrit au paragraphe 35 du document de charges que « le candidat Laurent Gbagbo a déclaré avant l’élection qu’il n’acceptera pas de défaite » sans préciser les circonstances et le support médiatique de ladite déc- suite page 8 www.apricainfo.com Aprica Info DOSSIER suite de la page 7 laration. A la vérité une telle déclaration n’a jamais existé, le Procureur s’est plutôt livré à un exercice d’interprétation, erroné et tendancieux de deux slogans de campagne électorale des partisans du candidat Gbagbo : « on gagne ou on gagne » et « y a rien en face ». En fait le sens de ces deux slogans échappe culturellement au Procureur. Le premier slogan signifie simplement, pour une élection à deux tours, ou bien on gagne au premier tour, ou on gagne au second tour. Quant au second slogan, tiré d’une chanson électorale composée en l’honneur du candidat Laurent Gbagbo par le groupe musical les « Galliets », il veut dire tout simplement que les deux adversaires en face de lui, Konan Bédié et Alassane Ouattara , ne sont pas de taille à remporter l’élection. En quoi donc de tels slogans familiers, qui au demeurant ne sont pas des déclarations du candidat Gbagbo, signifient-ils que celui-ci n’acceptera pas de défaite ? Le Procureur ajoute au paragraphe 36, que Laurent Gbagbo a déclaré « qu’il aurait recours à la violence en cas de défaite », lors de son adresse préélectorale à la jeunesse à Yopougon et dans un discours public en date du 21 décembre 2010. Rien que des mensonges là aussi. A nul endroit de l’adresse faite aux jeunes à ce giga-meeting, on ne trouve de tels propos attribués au Président Laurent Gbagbo. Idem, pour le discours présidentiel du 21 décembre qui, est plutôt un discours d’apaisement. Dans ce discours le président Laurent Gbagbo a accusé Alassane Ouattara et ses nombreux soutiens extérieurs de lui « faire la guerre ». A cela il répond : « je ne veux pas que le sang d’un seul ivoirien soit versé. Je ne veux pas d’une guerre en Côte d’Ivoire qui peut s’étendre aux pays voisins ou les affaiblir… je suis disposé à accueillir un comité d’évaluation international sur la crise post-électorale… pour un règlement pacifique de la crise… je tends la main du dialogue à l’opposition, à Monsieur Ouattara et à la rébellion armée qui le soutient ». Le Procureur a ensuite écrit que le Président Laurent Gbagbo avant les élections, a procédé à des promotions au sein des FDS en vue de s’assurer leur soutien dans l’application de son « plan criminel ». Il aurait également procédé à leur renforcement, par le recrutement de 2000 jeunes ainsi que de miliciens et de mercenaires. Enfin il aurait financé, équipé et fait entrainer ces forces que le Procureur regroupe sous la dénomination de forces pro-Gbagbo. Aucun mercenaire n’a été recruté au sein des FDS. Par ailleurs, les mesures prises à l’égard des Forces de Défense et de Sécurité régulières de Côte d’Ivoire, s’inscrivent dans le cadre de leur gestion normale sauf pour le Procureur à apporter la preuve de leur anormalité. En fait ce qu’il y a lieu de relever ici, c’est la mauvaise foi du Procureur, qui fait l’impasse sur le contexte sécuritaire de la préparation de l’élection présidentielle. Le document de charges ne rappelle pas que depuis 2002 le pays est en proie à une guerre civile et que la moitié nord du territoire est occupée par la rébellion pro-Ouattara, laquelle en dépit de tous les accords signés refuse de désarmer. Selon l’accord de Ouagadougou, le désarmement des rebelles devrait être achevé deux mois avant l’élection présidentielle. Non seulement ils ont refusé de désarmer mais ils ont continué d’être approvisionnés en violation de l’embargo sur les armes via le Burkina Faso (rapport non publié de l’ONU). LES ATTAQUES ONT-ELLES CIBLE LES POPULATIONS CIVILES ? Selon l’accusation les populations civiles spécialement les partisans d’Alassane Ouattara auraient été victimes d’attaques des FDS ou de miliciens qui les visaient expressément. Que relève-ton à l’analyse des quatre évènements qui fondent les accusations portées contre le Président Laurent Gbagbo ? La marche du 16 décembre sur la RTI. Initiée par le « gouvernement du Golf », cette « manifestation » avait pour but d’installer à la tête de la Radiotélévision ivoirienne, un Directeur Général nommé par Alassane Ouattara qui remplacerait ce faisant le Directeur Général en fonction nommé lui par le Président Laurent Gbagbo. La veille de cette manifestation, Soro Guillaume « Premier Ministre du gouvernement du Golf » a exhorté ses combattants des FAFN, dans l’enceinte de l’hôtel du Golf, à participer et à faciliter la libération de la RTI le lendemain 16 décembre 2010. La vidéo de cette scène a été vue dans le monde entier. Il ne s’agissait pas d’une manifestation pour demander une amélioration de la gestion des programmes de la RTI, mais plutôt d’un assaut militaire pour prendre le contrôle d’une structure de l’Etat. Un extrait du rapport de la Commission internationale d’enquête sur les allégations de violation des droits humains dans la crise post-électorale mise en place par le Président Laurent Gbagbo le 7 janvier 2011, résume assez bien les évènements de la RTI: « malgré les consignes de la hiérarchie des FDS d’éviter les provocations et de ne faire usage des armes qu’en dernière extrémité, l’affrontement a eu lieu. Selon un militant PDCI manifestant, la foule était importante, non maîtrisable et excitée. C’est vers 10 heures que les tirs ont commencé. Les manifestants étaient armés et n’ont pas obtempéré aux sommations des policiers ». Les troupes de Soro Guillaume qui dans le même temps ont tenté d’ouvrir un passage vers la RTI par des tirs de roquettes contre les positions des FDS ont été stoppées au niveau de Cocody. On ne peut raisonnablement affirmer que cette manifestation-insurrection est la preuve d’une attaque des populations civiles par les FDS, « en application d’un plan conçu par Laurent Gbagbo ayant pour but cette attaque ». La manifestation des femmes d’Abobo-Gare, le 3 mars 2011. Dans le quartier d’Abobo-Gare où la guerre fait rage depuis janvier 2011 une curieuse et anodine manifestation des femmes est organisée, presque sous la pression du gouvernement du Golf, comme si celui en attendait quelque chose d’important. Dans le courant de la journée le monde entier apprenait par les médias français, que les FDS de Laurent Gbagbo avaient tiré sur ces femmes à l’arme lourde, faisant 7 morts dans des conditions à ce jour non élucidées. La journaliste-écrivaine, Leslie Varenne dans son ouvrage intitulé « Abobo la guerre. Côte d’Ivoire terrain de jeu de la France et de l’Onu » écrit que nombre des femmes manifestantes s’interrogeaient sur l’insistance du « Golf » de voir cette manifestation se tenir précisément au carrefour Anador, ce jour du 3 mars 2011, alors qu’Abobo était en guerre ! On lit également, que les chars et les manifestantes circulaient en sens inverse alors que c’est dans le dos que les victimes ont été touchées ! Tous les témoignages recueillis ce jour-là indiquaient que les tirs sont partis d’une station d’essence située dans les environs, et non pas des chars. On lit que les corps auraient été enterrés rapidement, sans autopsie et à l’insu des familles (pp 123 à 128). Comment dans ces conditions, peut-on conclure avec une absolue certitude, qu’il s’agit là N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 8 d’une attaque lancée contre une population civile par des FDS, en application du plan conçu par le Président Laurent Gbagbo ayant pour cette attaque ? Restent les deux autres évènements à savoir les tirs d’obus sur un marché d’Abobo-Gare le 17 mars 2011 et les massacres dits de Yopougon du 12 avril 2011. Pour le premier, on se réfèrera utilement à nouveau à l’ouvrage précité pour tenter de comprendre ce qui s’est passé à défaut de savoir. « Le 17 mars, trois obus sont tirés. Un sur le marché Siakakoné, un dans le quartier Derrière-rails et un à Bokabo. Ces tirs sur la population sont le deuxième fait marquant qui va conduire le Conseil de Sécurité à voter la résolution 1975. Qui a tiré ? Et qui a donné l’ordre de tirer ?... Ces crimes sont imputés à Laurent Gbagbo, pourtant la prudence reste de mise » (p 129). Sur la base de quelles preuves le Procureur Ocampo peut-il affirmer qu’il s’agit là d’une attaque menée en application d’un « plan criminel » de Laurent Gbagbo ? Le second évènement qui serait survenu le 12 avril au lendemain de l’arrestation du président Gbagbo par les forces françaises, reste aussi difficile à décrypter en l’absence de plus de précisions de la part de l’accusation en ce qui concerne les lieux, circonstances et acteurs. Au total, il est difficile de conclure que le document de charges à travers les quatre évènements examinés a établi de façon tangible, que les crimes allégués sont le résultat d’attaques des FDS, ayant pris pour cibles des partisans d’Alassane Ouattara, en exécution d’un plan du Président Gbagbo et de son entourage ayant pour but une telle attaque. D’autres éléments, volontairement occultés par l’accusation montrent par ailleurs qu’une telle intention criminelle n’a jamais été sous-jacente aux décisions de gestion de la crise. Il est constant que tout au long de la crise postélectorale, le Président Laurent a donné des gages réels de sa volonté de la régler par des voies pacifiques. Sa pertinente proposition d’une évaluation du processus électoral par un comité international neutre, devant aboutir à un recomptage des voix aurait assurément permis à la Côte d’Ivoire de faire l’économie d’une guerre et épargné de nombreuses vies humaines ainsi que des souffrances inutiles. Elle était la preuve qu’il était sûr de sa victoire. Pour des raisons inexpliquées cette solution a été rejetée par Alassane Ouattara soutenu par le Secrétaire Général des Nations-Unies Ban Ki Moon, ces derniers préconisant la voie de la guerre. Mais c’est surtout la création par le décret n° 201106 en date du 7 janvier 2011, de la Commission internationale d’enquête sur les allégations de violation des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire, qui constitue la preuve indiscutable, que le Président Laurent Gbagbo n’a jamais conçu comme le prétend le Procureur Ocampo, un plan criminel dans le but d’attaquer les partisans d’Alassane Ouattara, et qu’il entendait bien prendre des mesures à l’encontre des auteurs éventuels. Il n’aurait jamais pris une telle décision s’il se savait compromis dans un projet criminel. En occultant dans son document de charges un tel rapport, assez complet et d’une grande objectivité ainsi que bien d’autres faits et éléments pertinents de la situation objet de son enquête, le Procureur Ocampo a certainement voulu, pour des raisons que lui seul connait, accabler le Président Laurent Gbagbo. L’analyse du document de charges montre qu’il n’est pas parvenu à son but. Il reste à espérer qu’à l’audience du 19 février 2013, la CPI accepte de rétablir la vérité qu’il a tenté de travestir, ce qui contribuerait grandement à donner vie au processus de réconciliation en panne dans ce pays. Etonga Moumie Jean-Luc PROFESSEUR DE DROIT www.apricainfo.com Aprica Info ECONOMIE ET DEVELOPEPEMENT CONTEXTE ET CONCEPTS L’AFRIQUE A L’EPREUVE DES THEORIES DU DEVELOPPEMENT L Comment comprendre les grandes théories de développement? Un économiste explique. es concepts sur le développement tels qu’ils abondent aujourd’hui dans la littérature économique apparaissent à la fin de la seconde guerre mondiale avec le mouvement de décolonisation amorcé par l'Inde en 1947. En 1949 à la tribune des Nations Unis, Truman, le Président des ÉtatsUnis d’Amérique appelle les pays riches à aider au développement des nations pauvres. La notion de pays sous-développés venait ainsi de naître. Par la suite s’est constitué un corpus d’idées sur la recherche des causes de la pauvreté des nations dites sous-développées et des solutions à y apporter. L’économie du développement venait elle aussi de voir le jour. Bernard Conte définit l’économie du développement comme «une discipline fondée sur un objet, les processus de transformations de longue durée, et sur un champ, le Tiers Monde ou pays en développement » dont l’Afrique. Pourtant, l’Afrique regorge de richesses (naturelle, culturelle, sociale et humaine) immenses aussi bien en quantité qu’en qualité. Malgré ses atouts qui font du continent un pôle attractif, l’Afrique est en queue de liste de tous les indices de développement humain. Se pose alors la question de savoir pourquoi cette situation ? Qu’est ce qui explique cette contradiction de pays pauvres dans un continent aussi riche? Notons que les théories sur le développement sont nées en Afrique après la seconde guerre mondiale, qui fut la première guerre menée au nom de la liberté. Les vieilles puissances sortent ruinées de cette guerre. Il y a naissance sur la scène internationale de nouvelles puissances hégémoniques : États-Unis, URSS, favorables à la décolonisation. La période des indépendances marque donc l’avènement des théories de développement en Afrique. Aussi, devons-nous rechercher la réponse à nos interrogations dans l’état des économies africaines au moment des indépendances. 1-La période des ‘’indépendances’’ comme contexte de la naissance des théories du développement en Afrique La majorité des Etats africains ont accédé à la souveraineté internationale dans les années 60. Quelle était la situation des économiques africaines à cette époque ? Interrogeons le système colonial. La colonisation a été le fait des pays de l’Europe Occidentale. Le système colonial est caractérisé par : une appropriation des terres par le colonisateur, la domination du capital marchand qui se valorise au dépend du Capital productif, la mise en place d'un pacte colonial entre la métropole et les colonies qui fait de celles-ci des réservoirs des produits de base pour les industries occidentales créées à la suite de la révolution industrielle en Europe et des déversoirs des produits manufacturés de ces métropoles. A titre d’exemple, la France, entre 1880 et 1895, est passée de 1 million de km2 à 9,5 millions de km2 en matière d'étendue de possession de territoire colonial. Ainsi, la France exploitait systématiquement et allègrement toutes les ressources dont regorgent ces territoires. Alors que l'Asie a été décolonisée sans grande fragmentation, quelle que soit la forme qu’elle ait prise, la décolonisation a laissé en Afrique un territoire fortement balkanisée. Ainsi, vu son mode opératoire, l’on peut affirmer aisément que le système colonial, loin d’avoir été un vecteur de diffusion du progrès, comme tentent de le faire croire ses thuriféraires, n’a été en réalité, à l’instar du commerce triangulaire et de la traite négrière, qu’un moyen pour le colonisateur de satisfaire ses besoins de développement. De ce fait, les structures économiques, le système éducatif et autres institutions des pays africains au sortir de la colonisation ont été modelées par les anciennes métropoles non pas pour générer un développement autonome, mais pour perpétuer la logique du système colonial qui est de servir les besoins de développement de l’ex-pays colonisateur. Tel est le contexte historique de la naissance des théories du développement en Afrique. 2-Les théories du développement et leur évolution Ces théories se donner pour objet d’expliquer comment les pays pauvres ou sous-développés peuvent rattraper les pays riches ou pays développés, les vieilles nations industrielles étant alors le modèle à atteindre. Malgré leurs divergences de définitions, ces concepts tournent autour des deux grands courants qu’a connus la pensée économique : l’Ecole classique qui a donné naissance au libéralisme et au néolibéralisme économiques, l’Ecole marxiste qui a engendré le socialisme. Les observateurs modernes de l’évolution de la pensée économique regroupent ces théories en plusieurs grandes familles. Nous n’en retiendrons que trois, largement représentatives pour les besoins de notre propos : 1) les théories du rattrapage, 2) les théories du développement par le bas, 3) les Programmes d’Ajustement structurel. 2.1-Les Théories du rattrapage On les nomme aussi ‘’Théories du développement par la croissance’’ A l’époque où ces théories sont établies (les années 50), le développement ne se différencie pas de la croissance. Les principaux supports de ces théories sont entre autres : les Etapes de la croissance de Rostow, la vision dualiste du développement de Lewis, la théorie d’inspiration ‘’ricadienne’’ du développement par l’ouverture, les théories marxistes et ‘’dépendantistes’’ développées dans les années 60 et 70 par Samir Amin, C. Furtado, AG. Frank, E. Arghiri. - Les Etapes de la croissance de Rostow : Ce modèle décrit le développement économique comme un processus composé d'une succession d'étapes devant être suivies plus ou N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 9 moins par tous les pays sur la base de l'expérience des pays du Nord. Seul le moment du décollage diffère (Teulon, 1999) : 1)-le développement suppose d'abord une remise en question de la société traditionnelle, de son organisation sociale rigide et de sa production limitée à une simple économie de subsistance ; 2)-le développement exige une préparation pour pouvoir opérer son décollage: une agriculture capable de dégager des surplus, un État actif pour mener à bien certaines interventions favorisant l'émergence d'entrepreneurs... ; 3)-le décollage du développement passe par l'identification et la promotion de secteurs moteurs disposant d'un niveau d'investissements qui leur correspondent, secteurs promus à la condition que soient levés les obstacles sociopolitiques pouvant nuire à leur pénétration ; 4)-une industrialisation de l'agriculture qui permet la libération d'une main-d’œuvre agricole laquelle, à son tour, peut ainsi être mise à profit pour favoriser une industrialisation plus diversifiée ; 5)-la mise en place d'une économie de consommation de masse: émergence d'un secteur tertiaire privé et diffusion de biens de consommation durables (appareils ménagers, automobiles, etc.). En bref, le développement se concentre et se définit à partir de trois moteurs qui sont l'urbanisation, l'industrialisation et l'économie de marché, trois moteurs qui seraient à l'origine du développement des sociétés du Nord à partir du 19e siècle (18301975). Le développement du Tiers-Monde dont l’Afrique devrait donc aller très vite car il peut bénéficier des acquis et de l’expérience du monde développé. Il faut relever ici que cette façon de voir le développement oublie que ces moteurs ne sont pas neutres, qu’ils se sont inscrits dans le cadre du capitalisme. Or ce capitalisme industriel et urbain ne s’est pas construit uniquement sur la base d’échanges commerciaux et de progrès technique mais aussi sur la base des conquêtes armées des marchés et celui de la colonisation (FAVAEAU 2004). Ce modèle n’a pas fonctionné dans la plupart des pays. Il a engendré une spirale de la dette : payer la dette et les intérêts de la dette et faire du développement… dans les marges. - La vision dualiste de Lewis : Quant à Lewis, suite page 10 www.apricainfo.com Aprica Info ECONOMIE ET DEVELOPEPEMENT suite de la page 9 il propose une vision dualiste du développement. Cette vision part du constat que les économies sous-développées sont des économies duales, c’est-dire qu’il y a juxtaposition d’un secteur traditionnel et d’un secteur moderne ; ces deux secteurs fonctionnent sous deux modes totalement différents ; dans le secteur traditionnel, les besoins sont sociaux, dans le secteur moderne, les besoins sont économiques ; dans le secteur traditionnel, l’avoir n’est pas une fin en soi ; dans le secteur moderne l’accumulation des biens et des marchandises est une fin en soi. Selon ce modèle, le secteur capitaliste moderne va absorber le secteur traditionnel par un transfert de main d’œuvre entre le secteur traditionnel et le secteur moderne. Ce modèle s’appuie sur l’évolution historique de l’Europe. La grande erreur de Lewis est de penser que l’évolution historique singulière de l’Europe est modélisable. En effet, l’évolution des faits économiques en Afrique a révélé un transfert du secteur traditionnel vers un nouveau secteur : le secteur informel. - Le modèle du développement par l’ouverture : Inspiré par le principe des avantages comparatifs de Ricardo, ce modèle néolibéral propose que chaque pays se spécialise dans le domaine où il est le plus compétitif. Le commerce international devient alors le principal facteur de croissance : les pays sous-développés doivent mettre en valeur leurs avantages comparatifs pour s’insérer dans l’économie mondiale et ainsi se développer. Ce modèle a été mis en pratique par les institutions de Breton Woods : le FMI, la Banque Mondiale, et le GATT (devenu l’OMC en 1995). Les avantages des pays sous-développés sont l’exportation des matières premières et des produits agricoles de base. Ils ont aussi un avantage comparatif dans la production de biens manufacturés de masse (nécessitant beaucoup de main d’œuvre). Sur cette base a été dessinée la carte de l’organisaéconomiques rne, les besoins sont dans le secteur modeditionnel, l’avoir n’est pas une fin ; dans le secteur tra ur moderne l’accumulation des en soi ; dans le sectedises est une fin en soi biens et des marchan tion internationale du travail. D’après cette organisation, l’Afrique doit se spécialiser dans l’exportation de matières premières et l’Asie dans la production des biens manufacturés de masse. - Les modèles marxistes et dépendantistes : Dans ces modèles, le sous-développement et le développement sont deux faces d’un même objet. Il n’y a donc pas de linéarité dans le développement. Pour elles la solution se trouve dans la capacité des pays dits pauvres à mettre fin aux causes du sous-développement. La principale cause est le transfert du surplus économique des pays du sud vers les pays du nord. Ce transfert s’est d’abord opéré par la colonisation (pillage direct des ressources et de la main d’œuvre). Après les indépendances, ce transfert se poursuit par le rapatriement des bénéfices des investisseurs vers le nord, mais aussi par le service de la dette. Un autre canal est la détérioration des termes de l’échange. Les termes de l’échange qui est le rapport entre les prix des matières premières et les prix des biens manufacturés se sont détériorés en faveur des biens manufacturés. C’est le principe de l’échange inégal développé dans les modèles marxistes et dépentanisâtes. Cette détérioration peut s’opérer de manière brutale : par exemple, la Côte d’Ivoire est le premier exportateur de cacao dans le monde depuis les années 60. En 1982, il y a eu détérioration brutale du prix du cacao. Conséquence : le pays ne pouvait plus rembourser sa dette. Selon ces théories, le monde est divisé entre un centre et une périphérie. Les pays n’éradique ent économique . C’est la em pp lo ve dé té Le re ement la pauv donc pas forc éories du développement th s de naissance par le bas développés sont au centre et commandent les deux cercles. Ces différences Centre/Périphérie s’expliquent par la division internationale du travail. C’est parce que les économies du sud sont hétérogènes et peu diversifiées que celles-ci sont extraverties en direction du centre. C’est donc la domination extérieure qui a produit le sous-développement et qui l’entretient. Cette analyse n'offre guère de possibilités d’agir sinon en considérant que seule la révolution changerait le cours des choses. Séduisante perspective pour certains mouvements mais qui fut de courte durée du fait de l’effondrement du bloc socialiste. ment» libéral nouvelle manière (Comeliau, 2000). La thérapeutique néolibérale des politiques d'ajustement structurel du FMI et de la Banque mondiale peut se résumer de la façon suivante : 1)-maximiser l'insertion des pays du Sud sur le marché mondial, c’est-à-dire une ouverture forcée des économies sur l’extérieur ; 2)-privatiser les entreprises de caractère public et libéraliser les prix ; 3-réduire les dépenses sociales (éducation, santé, habitation, etc.). 2.2-Les Théories du développement par le bas : Dans les années 50 la pauvreté est perçue comme une conséquence du sousdéveloppement économique. Dans les années 70 on se rend compte que les théories du rattrapage ou du développement par la croissance ont un impact limité sur la réduction de la pauvreté. Le développement économique n’éradique donc pas forcement la pauvreté. C’est la naissance des théories du développement par le bas. Selon ces concepts, pour pouvoir lutter contre la pauvreté, il faut pouvoir la mesurer. Pour cela, l’indicateur PNB par habitant est inopérant car il n’est pas pertinent. En effet le PNB par habitant ne tient pas compte du processus de redistribution de la richesse qui est l’un des points centraux de la vie économique, de l’économie non marchande qui est un secteur non négligeable dans les structures économiques des pays dits sous-développés, des inégalités et de la satisfaction des besoins de base. Pour ces théories la croissance économique mesurée par les agrégats ne peut être le seul moyen d’accéder au développement. Les populations doivent être les acteurs et non seulement les bénéficiaires. 2.3-Les Programmes d’ajustement structurel : A la suite des chocs pétroliers, le monde entre en récession et tous les prix des matières premières hors pétrole s’effondre. Les pays du Sud très endettés n’ont plus les moyens de payer les emprunts. Les modèles «développementistes» qui avaient fait les beaux jours des années 70, sont en crise parce qu’inopérants. Les Programmes d’ajustement structurel (PAS) issus du consensus de Washington deviennent alors, et ce, pendant 20 ans (1980-2000), le fer de lance d’un «développe- nsidérés tant les hui eux-mêmes déco les PAS sont aujourd’ t engendrés ont été flagrants et que se on échecs sociaux qu’ils nes de l’explosion sociale (des émeutes sont manifestés les sig de l’implosion sociale (en Afrique) en Amérique latine) ou ‘’L’Afrique à l’épreuve des théories du développement’’, tel est le thème que nous nous proposons de traiter dans l’optique du débat général en cours sur la recherche des voies de sortie du sousdéveloppement des pays Africains. A cet effet nous avons tenté de reconstituer dans un survol rapide l’itinéraire de plus de 50 ans (depuis 1960) autour de la notion de développement en Afrique. Au terme de notre parcours, nous notons que le mimétisme occidental de l’analyse et des solutions néolibérales, prolongement du paradigme colonial d’un côté, le blocage et le développement endogène de l’analyse marxiste de l'autre qui ont constitué les deux référentiels de base des débats et des politiques nationales et internationales en matière de développement n’ont à ce jour pas produit les effets escomptés dans les économies africaines, où la pauvreté sévit et augmente de plus en plus. Nous poserons ultérieurement la problématique d’une théorie économique africaine. Mais au paravent, nous allons dans le prochain article continuer notre réflexion en esquissant une tentative de bilan des politiques économiques mises en place à partir de ces théories. N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 10 Mais les PAS sont aujourd’hui eux-mêmes déconsidérés tant les échecs sociaux qu’ils ont engendrés ont été flagrants et que se sont manifestés les signes de l’explosion sociale (des émeutes en Amérique latine) ou de l’implosion sociale (en Afrique). En Afrique les États ont tellement été affaiblis et discrédités que l’idée même d’intérêt général est devenue caduque aux yeux des populations qui ne s’en remettent qu’à eux-mêmes. D’où pour l’essentiel, une montée en puissance de stratégies de la débrouille que l’on nomme aujourd’hui économies populaires. Bref, dans les institutions internationales les plus fortes (Banque mondiale, FMI et OMC), la croissance et la compétitivité l’ont emporté sur le développement qui s’est réfugié au PNUD. Le résultat est désormais connu et confirmé : le développement a disparu de l’ordre du jour de la communauté internationale et de la plupart de ses institutions. Il a été remplacé par celui de la lutte contre la pauvreté, et surtout, contre l’extrême pauvreté (Lévy, 2000). Jean Michel Dizah Economiste à Johannesburg www.apricainfo.com Aprica Info ECONOMIE ET DEVELOPEPEMENT LA QUESTION DU DEVELOPPEMENT AU CENTRE DES PREOCCUPATIONS DU CONTINENT Pourquoi l’Afrique tarde à se développer? L L’Afrique est à la traine du développement. Quelles en sont les raisons profondes et comment y remédier? a question du développement est aussi vielle que le monde. Bien qu’elle ait été traitée depuis toujours par d’éminents spécialistes, il n’est pas vain d’y revenir au moment où l’Afrique semble marquer le pas malgré un niveau de croissance économique non négligeable ces dernières années. De toute évidence, la croissance économique consécutive à l’industrialisation des pays occidentaux a été un élément déterminant dans l’amélioration du niveau de vie des populations de ces pays. A l’opposé, l’Afrique peine à prendre sa place dans l’économie mondiale. Pourtant ce ne sont pas les atouts qui manquent au continent noir qui a connu sa période de gloire avec l’émergence de grands empires et des royaumes au début du premier millénaire (Ghana, Mali, Soudan, Monomotapa, Songhai, le royaume éthiopien, Kanem-Bornou, etc.). La part de l’Afrique subsaharienne dans la production mondiale de matières premières, énergétiques et non énergétiques, est de l’ordre de 10 %. Mais l’Afrique regorge de minerais, de pierres précieuses, d’or et de zinc. A titre d’exemple, l’Afrique du sud seule possède 90% des réserves de platine et avec le Zimbabwé la totalité des réserves de chrome. 50% des réserves de cobalt se trouvent au Congo et en Zambie. Le golf de Guinée mais aussi le Soudan, le Tchad et bien d’autres pays du continent regorgent de pétrole. Malheureusement l’Afrique n’assume que 0,5 % environ de la production mondiale de produits manufacturés. Sa contribution dans le commerce mondial est très faible, et en déclin permanent, passant de 8 % dans les années 1990 à 2 % aujourd'hui. Les exportations du continent sont constituées à 80 % de pétrole, des minerais et des produits agricoles à très faible valeur ajoutée. Avec un PIB par habitant d’environ 1000 dollars par an et un IDH de 0,465 et plus de 200 millions de personnes mal nourries en 2010, l’Afrique subsaharienne est la partie la plus démunie du continent. En plus de ces contre performances économiques et commerciales, l’Afrique est le lieu de concentration de la plupart des fléaux qui déciment sa population et étalent sa misère. Selon l’UNICEF, l’Afrique subsaharienne reste la région du monde où l'on enregistre le plus fort taux de mortalité infantile, 121 pour mille, alors qu’il est de 7 pour mille dans les pays développés. Cette situation et bien d’autres encore suscitent l’intérêt des spécialistes du développement qui ont élaboré des théories et des modèles de développement susceptibles d’aider le continent à sortir de sa torpeur. Pour n’avoir pas su poser un diagnostic pertinent prenant en compte l’étiologie du syndrome de sous développement de l’Afrique, ces théories et modèles de développement semblent être dans l’impasse. Encore fautil s’entendre sur la notion de développement pour ne pas laisser prospérer les théories simplistes du retard que les pays pauvres auraient vis-à-vis des pays dits développés. Lesquelles théories proposent un modèle unique de développement applicable à tous et prenant pour modèle la réussite européenne et américaine des décennies précédentes. C’est pourquoi, au moment où des pays qui avaient le même niveau de développement que l’Afrique il y a une cinquantaine d’années émergent, le bon sens commande que l’on revoie la copie de l’Afrique subsaharienne. Pour mesurer le niveau de développement d’un pays Le PNUD propose quatre critères : • la productivité qui permet d’enclencher un processus d’accumulation ; Et pourtant les africains ont cru en leur bonne foi • la justice sociale : les richesses doivent être partagées au profit de tous ; • la durabilité : les générations futures doivent être prises en compte (dimension à long terme du développement) ; • le développement doit être engendré par la population elle-même et non par une aide extérieure. La question que se posent tous ceux qui s’intéressent aux problèmes de développement consiste à se demander pourquoi l’Afrique est à la traine. La réponse à une telle question passe inévitablement par un réexamen des causes ou facteurs du sous développement de ce continent. D’autant plus que l’histoire enseigne que l’Afrique, et d’une manière générale le Tiers Monde, a eu un niveau de développement égal à celui des pays occidentaux avant de laisser creuser l’écart à son détriment. Ainsi le tableau 1 cidessous montre que de 1750 à 1900 le PNB des pays du Tiers monde a été régulièrement supérieur à celui des pays développés. Tableau 1 PNB dans le tiers-monde et les pays développés, 1750-1990 (en prix et dollars américains de 1960) Source : Paul Bairoch, Mythes et paradoxes de l’histoire économique, La Découverte, 1994 N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 11 L’examen succinct des causes endogènes et exogènes permet de mieux comprendre la situation actuelle de l’Afrique au regard du développement économique. Les Causes exogènes Il ne fait de doute que des facteurs externes dont les agressions répétées de puissances étrangères ont fini par fragiliser durablement le continent africain qui a du mal à retrouver ses repères. L’esclavage et la colonisation représentent les plus grands torts faits au continent noir. Après les premiers contacts avec le monde arabe au VIIe siècle, les Européens ont opéré la plus grande traite des Noirs de l’histoire en commençant par installer des comptoirs dès le XVe siècle. L’effet immédiat a été la dispersion des peuples africains à travers le monde entier. Entre 1400 et 1900, près de quarante millions d’africains ont été razziés et réduits en esclavage. Le plus souvent, ce sont les jeunes vigoureux qui sont en majorité arrachés au continent ainsi privé de ses consommateurs et producteurs. Selon l’économiste américain Nathan Nunn sans l’esclavage le revenu par habitant moyen de l’Afrique serait identique à celui des autres pays du Sud et que le retard du continent vis-à-vis de la moyenne mondiale serait comblé à 72%. La traite négrière a également détruit les Etats traditionnels et contribué à la fragmentation ethnique des pays fournisseurs d’esclaves. Elle a réussi à installer dans ces Etats une culture de la méfiance qui est à l’origine des divisions actuelles en Afrique. La colonisation qui a succédé à la traite des Noirs a eu des effets aussi dévastateurs en termes de d’inhibition de la capacité des Africains à gérer leur destin. En effet, cette entreprise au non d’une mission civilisatrice avait pour stratégie politique la création d’empires et l’expansion territoriale des puissances coloniales. La colonisation de l’Afrique revêt une dimension économique, religieuse ou idéologique. Les colonies d’exploitation ont pour vocation de fournir à la métropole des matières premières ou des produits tropicaux. Les cultures d’exportation imposées et l’exploitation des matières premières minières sont développées au détriment des cultures vivrières dont vivent les paysans des pays suite page 12 www.apricainfo.com Aprica Info ECONOMIE ET DEVELOPEPEMENT suite de la page 11 colonisés. Situation en partie responsable de la famine endémique qui ravage le continent. Bien plus, la colonisation a non seulement accentué les inégalités à l’intérieur des sociétés rurales, mais elle a favorisé l’enrichissement d’une bourgeoisie indigène au détriment de la paysannerie contrainte de vivre dans des conditions précaires. Sur le plan culturel, la colonisation a bouleversé la culture des peuples dominés. Elle a brisé les cadres traditionnels qui assuraient leurs solidarités et transformé leurs habitudes et leurs modes de pensée. Les missions religieuses ont ébranlé les croyances traditionnelles et le culte des ancêtres, l’enseignement a créé une classe d’«évolués » déchirés entre l’influence occidentale et l’attachement à la tradition. En contrepartie du pillage des ressources et du travail forcé imposé aux colonisés l’administration coloniale se contente de multiplier les moyens de transport vers les ports et d’imposer l’usage de la monnaie. La fin de la colonisation n’a pas mis un terme aux relations incestueuses entre l’Afrique noire et les pays occidentaux. Les indépendances octroyées aux ex colonies après la seconde guerre mondiale l’ont été de façade. L’empire colonial ne pouvait pas se permettre de perdre la main sur ces territoires qui lui fournissent l’essentiel des matières premières dont il a besoin pour ses industries. C’est pourquoi, avec subtilité il s’est retiré sans jamais abandonner ses intérêts colossaux en Afrique. De façon générale, un pacte colonial destiné à garantir en tout temps et en priorité l’accès aux matières premières a été systématiquement signé avec les nouveaux dirigeants dont ils ont favorisé l’émergence. Tout s’est passé comme si la puissance coloniale reprenait d’une main ce quelle a prétendu donner de l’autre ! C’est la néo colonisation qui apparaît comme le système le plus élaboré pour prolonger l’exploitation des richesses du continent. La détérioration constante des termes de l’échange et la perte de revenus liée à la baisse des prix des produits d’exportation ont contribué à appauvrir les producteurs africains en leur enlevant tout moyen d’accumulation de capital. Les causes endogènes L’esclavage et la colonisation ne sont pas les seuls facteurs ayant sapé les bases du développement de l’Afrique subsaharienne. Les Etats post coloniaux sont en situation de déliquescence pour des raisons liées aux conditions de décolonisation. De nombreux freins empêchent l’activité économique et l’investissement productif. La corruption des élites et des dirigeants constitue un véritable frein au développement de l’Afrique. Un rapport de Global Financial Integrity estime entre 37 et 53 milliards de dollars, l'ensemble des transferts d'argent d'origine douteuse, de l'Afrique vers les autres continents, pour l'année 2008. Depuis 1970, ces sommes sont trois plus importantes que l'ensemble des dons et aides que le continent a reçu des pays développés dans la même période. Population déplacée de guerre Bien que le développement de l’Afrique repose sur l’agriculture, force est de constater que cette activité s’exerce dans des conditions difficiles, les outils n’ayant guère évolué depuis des siècles. Les agriculteurs sont tous confrontés au problème de l’eau à cause de leur mauvaise maîtrise des techniques de conservation de l'eau et d'irrigation. Plus de 50 ans après les indépendances, l’agriculture est tournée essentiellement vers la satisfaction des besoins des anciennes puissances coloniales. L’Afrique noire reste dans son rôle de pourvoyeur de matières premières brutes et de produits agricole de rente au détriment des cultures vivrières. L’éducation est un maillon faible des programmes en Afrique subsaharienne. Dans la plupart des pays le taux d’analphabétisme est au dessus de 50%. Or le taux de scolarisation est proportionnel au taux de développement économique et inversement proportionnel au taux de croissance démographique. L’ignorance consécutive à la faiblesse des systèmes éducatifs est à la base non seulement de la pauvreté mais également de la violence et de l’intolérance qui endeuille constamment le continent. Les programmes éducatifs sont souvent inadaptés et ne permettent guère de former les enfants à l’exercice des professions intellectuelles les plus prestigieuses, mais aussi les plus pratiques comme la science et la technologie. De même, en dehors de quelques pays, l’Afrique ne dispose pas assez de structures pour la formation d’élite de niveau supérieur et secondaire. En langage conventionnel de la science sociale, la culture s’entend des croyances, valeurs et modes de vie à travers lesquels les individus ac- N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 12 quièrent une identité, se forgent un destin et donnent un sens à leur existence. A cet égard, et cela est tout à l’honneur delà diversité culturelle, certaines cultures se prêtent davantage que d’autres aux exigences et contraintes du développement économique moderne. Les « valeurs du cœur » priment généralement sur l’économique dans les pays en développement. Mais bien plus, les cultures africaines ne privilégient les joies éphémères du plaisir immédiat et de la jouissance matérielle instantanée sur la discipline du travail soutenu et la réussite économique durable. J’en veux pour preuve l’étalage, par les néo bourgeois, de leurs capacités financières en termes de parcs automobiles privés, d’attributs vestimentaires ou d’habitudes alimentaires. Il n’est pas rare de voir des personnalités politiques et des hommes d’affaires organiser des fêtes pour célébrer, selon le cas, leur énième million ou milliard en francs CFA. La presse américaine de Hollywood a fait l’écho de telle pratique en rapportant que pour une soirée privée, un milliardaire africain (certainement Ivoirien) a versé aux Stars Rihanna et Chris Brow ont touché la rondelette somme de 10 millions de dollars la veille de la Saint Sylvestre. Les pays en développement doivent élaborer des stratégies originales du fait de la spécificité de leur situation économique, sociale et culturelle. Les Africains devraient assumer le fait qu’il existe réellement chez eux des aspects culturels inadaptés à la conception moderne du développement économique. John K. Silue Financier New-York www.apricainfo.com Aprica Info SCIENCES ET TECHNOLOGIES QUEL CHOIX RADICAL POUR L’AFRIQUE? LE DEFI ENERGETIQUE P Il est nécessaire pour l’Afrique de gagner son indépendance énergétique. armi les plus grands défis technologiques à relever par l’Afrique, se trouve en première place le défi énergétique. Le monde moderne ne peut exister sans énergie. Les nègres de l’Egypte de l’antiquité attribuaient la vie sur terre au mariage entre GEB, la déesse de la terre et MOUT le dieu du ciel engendré par le Dieu soleil Atoum-Ré.. La science moderne nous enseigne que la matière végétale résulte de la photosynthèse, et donc du « mariage » du soleil et de la terre. Cette matière végétale est à la base du pétrole et du gaz, source d’énergie. Le soleil est aussi responsable du vent et du cycle de l’eau pouvant être des sources de production d’énergie. Le soleil est donc directement responsable des énergies non renouvelables comme des énergies renouvelables. La crise énergétique et écologique résultant de l’épuisement des ressources non renouvelables et de l’impact de leur utilisation sur l’environnement, pose la question du chemin énergétique que les candidats au développement de type industriel doivent emprunter pour assurer leur développement et la survie de la planète terre. La terre a vécu plus de 4 milliards d’année sans êtres humains, elle peut donc bien s’en passer si l’on y prend garde et surtout si nous continuons la logique d’autodestruction liée aux habitudes de consommation énergétiques actuelles. L’Afrique, candidate au développement industriel et réservoir des ressources naturelles assurant l’équilibre de la planète terre, est donc face à un défi : Emprunter le chemin classique de développement et mettre en péril la survie de l’être humain, ou réaliser le saut technologique en investissant prioritairement dans les énergies renouvelables dont l’énergie solaire pour assurer la survie des humains sur la planète terre. Faire un choix est donc une grande responsabilité qui ne peut se faire qu’en connaissance de cause. Cet article, loin de donner une réponse définitive, se veut une aide à la décision. L’EPUISEMENT DES RESSOURCES CLASSIQUES En 2010, la consommation d'énergie mondiale a progressé de 5,5 %, ce qui s'est traduit par une croissance de près de 6 % des émissions de CO2 liées à l'énergie, atteignant un niveau sans précédent (ref BP Statistical Review, juin 2012):. Les pays émergents contribuent pour 2/3 à cette augmentation globale, avec environ 460 MTEP (millions de tonnes d’équivalent pétrole avec 1TEP= 7.33 barils selon la densité et un baril= 160l), la Chine représentant à elle seule 1/4 de la croissance de la consommation énergétique mondiale en 2010 (ref BP Statistical Review, juin 2012). Le pétrole, le gaz naturel et le charbon ont contribué de manière égale à cette augmentation de la demande d'énergie en 2010, largement liée à la reprise industrielle. Malheureusement ces ressources sont non seulement épuisables mais l’impact sur l’environnement est surchauffant et suffoquant pour la vie sur terre. La réglementation de chaque pays influence les quantités de réserves qui permettent de définir ces chiffres. Ils excluent souvent les réserves non prouvées ou des réserves non encore découvertes. D’autres sources non conventionnelles de pétrole telles le sable bitumineux ou le schiste bitumineux peuvent influencer la quantité de réserves et le temps d’épuisement estimé ci-dessus (58 ans pour le pétrole) sans lever l’obstacle du réchauffement climatique et Le tableau suivant montre les quantités de réserves, de production dans le monde et le temps d’épuisement des réserves Source : BP Statistical Review of World Energy 2012 (chiffres 2011) son impact environnemental. Le Canada a intégré les réserves de sables bitumineux dans ses: réserves prouvées et les USA possèdent une importante réserve de schiste bitumineux. La France a freiné l’exploitation des réserves de schiste bitumineux et attend une technologie plus propre pour l’exploitation. Les risques, financiers, techniques, environnementaux sont les facteurs qui limitent les réserves exploitables. Les investissements massifs déjà réalisés et le nombre d’emplois élevé dans ce secteur agissent comme un volant d’inertie quant au saut technologique vers les énergies nouvelles dont l’énergie solaire. Le risque économique et social est trop élevé pour les pays développés. Quant aux pays qui cherchent encore leur chemin de développement, ils n’ont pas grande chose à perdre en faisant le saut technologique. L’Afrique qui possède un ensoleillement élevé (‘deux fois plus que l’Europe), peut facilement faire le choix du solaire. Les expériences réalisées et l’évolution de la technologie d’exploitation de l’énergie solaire, militent en faveur d’un tel saut technologique. PRODUCTION ET CONSOMMATION D’ENERGIE SOLAIRE Les experts estiment qu’un carré de 400 km de coté soit 2% du Sahara suffit pour couvrir les besoins en électricité de la planète. D’usage individuel, la production et la consommation de l’énergie solaire se développe rapidement avec le développement des centrales solaires. Le principe d'une centrale électrique thermique solaire est proche d’une centrale thermique à gaz ou au pétrole sauf que la chaleur produite par le gaz ou le pétrole est remplacée par une chaleur produite par une concentration de rayons du Soleil, à l'aide de miroirs paraboliques, vers des tubes ou une chaudière contenant un fluide caloporteur. La chaleur ainsi récupérée est transmise à de l'eau. L'eau se transforme en vapeur, qui actionne une turbine couplée à un générateur produisant de l'électricité. Certains États, Espagne en tête, misent sur cette technologie plutôt que sur le photovoltaïque, dont le coût de production N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 13 s'avère plus élevé en raison du prix du silicium des cellules photoélectriques. L'Espagne possède ainsi depuis 2009 une puissante centrale solaire thermique, d'une puissance de 150 MW. Quelque 400 000 miroirs, soit une superficie de 1,1 million de mètres carrés, recueillent l'énergie du Soleil et approvisionne en électricité 45 000 foyers. Le Maroc aussi s'est lancé début 2010 (profitant de son désert), avec un investissement de 2 milliards d’Euros, dans la construction d'une des plus grandes centrales solaires à concentration du monde à Ouarzazate d'une puissance de 500 MW sur 3 040 hectares (la plus grande central thermique de Cote d’Ivoire, la central d’Azito fait 300 MW extensible à 450 MW en cycle combiné). Elle sera suivie par 4 autres centrales à concentration qui ont été programmées dans le cadre du plan solaire marocain Desertec. L’objectif est d'installer 2 000 MW sur 5 sites dans les prochaines années (la Cote d’Ivoire a une puissance installée totale actuelle de 1200 MW). En Californie, dans le désert des Mojaves, se trouve une centrale solaire d'une puissance totale de 354 MW L’utilisation de panneau photovoltaïque intégré à l’architecture des maisons ou installé dans des parcs solaires en Europe fait de grands bons en avant avec possibilité de vente d’électricité par des producteurs individuels aux compagnies de distribution d’énergie. L’Allemagne, pays leader a un parc installé de 17320MW en 2010 et la France, 2672MW en 2012. Aujourd’hui, tout ou presque peut fonctionner en énergie solaire ; Chargeurs de batteries, ventilateurs, lampes de jardin ou lampadaires solaires, pompes hydrauliques, cuisine solaire, climatiseurs et réfrigérateurs solaires, chauffeeau solaire, cellulaire et ordinateur solaire etc.. Au niveau du transport, les véhicules électriques solaires se développent. Les moteurs Stirling fonctionnant avec l’énergie solaire font tourner des bateaux, des avions et des sousmarins. Les sondes spatiales en expérimentation au japon sont actionnées par le vent solaire comme des bateaux à voile. La voile solaire est propulsée par la pression produite par les photons qui viennent la percuter. Plus la voile est grande et réfléchissante, plus grande est la force de propulsion. un engin spatial à voile solaire, peut utiliser la force de poussée photonique pour naviguer dans l'espace. Le principal intérêt réside dans l'absence de carburant pour un véhicule muni d'un tel dispositif. Cela permet d'envisager une très grande autonomie de déplacement dans le système solaire. En 2007, le Japon envisage une sonde propulsée par la voile solaire IKAROS, et étudie le matériel scientifique qui pourrait être emporté par cette sonde qui doit explorer Venus. Ce lancement est effectué le 20 Mai 2010. Le cout actuel des investissements en énergie solaire, en comparaison avec les énergies classiques limitent l’ utilisation de l’énergie solaire. Les défis écologiques, la disponibilité permanente de cette ressource et son abondance sur tout le continent africain commandent un choix radical par l’Afrique pour le futur de l’humanité et pour un développement écologique , économique , durable et équilibré. Don Mello Ahoua Docteur ingénieur des Ponts et Chaussée www.apricainfo.com Aprica Info MEDIA ET MULTIMEDIA Passage de la Côte d’Ivoire au numérique Les enjeux stratégiques, résultats des travaux d'un groupe d'experts La Côte d’Ivoire tarde à embrasser l’air du temps. C’est le moment de passer du hertien au numérique. Comment y arriver? numérique. La Conférence Régionale des Radiocommunications (CRR-06) de juin 2006, à Genève, a adopté, en son temps, ses conclusions ainsi que le plan qui en est issu, et qui est entré en vigueur le 17 juin de la même année. Il en est résulté l’adoption d’un calendrier contraint. Le 17 juin 2012 marque ainsi la limite pour le remplacement des émetteurs analogiques par des émetteurs numériques en Europe, tandis que le 17 juin 2015 est choisi comme étant le jour retenu par tous les pays, pour passer de l’analogique au numérique. Le 17 juin 2020, en outre, est la date choisie pour les pays qui ont souhaité bénéficier d’un délai supplémentaire de cinq ans pour l’extension complète des équipements analogiques sur leur territoire. La Côte d’Ivoire est néanmoins inscrite sur un « renvoi », et figure sur une liste de 33 autres pays qui ont le droit d’utiliser leurs émetteurs analogiques jusqu’en 2020. Il faut noter que le nombre total de canaux planifiés pour la Côte d’Ivoire est de 339 «fréquences ». a mondialisation, dans sa nouvelle dyL namique, présente à l’Afrique son flot incessant de mutations matérialisées par l’émergence de nouveaux enjeux, laissant à nos pays en quête d’identité sur la scène internationale, peu de latitude pour espérer jouer leur meilleure partition dans ce concert des nations hautement technologiques. Parmi ces nouveaux enjeux pour nos pays, la télévision numérique apparaît comme cette nouvelle technologie de diffusion de signaux de télédiffusion, car censée être plus efficace que la télévision analogique. En effet, la télévision numérique offre plus d’options notamment la libération de l’espace spectral pour d’autres services aussi importants, tels que les services sans fil évolués qui reçoivent leurs signaux de télévision par câble, satellite ou Internet. Les grandes réflexions, sont souvent cependant le résultat de grandes questions demeurées longtemps sans réponse. En Côte d’Ivoire, comme partout ailleurs dans le monde, des interrogations sont relatives à la transition de l’analogique vers le numérique, une évolution technologique indispensable. Que gagne l’Afrique, aujourd’hui, face à une option « tout numérique »? Une suprématie numérique ivoirienne à dimension sous-régionale peut-elle induire une prééminence économique et sociétale ? Si oui, dans quels buts, proportions, ou finalités? Tous ces questionnements nous inclinent à penser que le Numérique est un véritable enjeu de civilisation et de développement surtout en Afrique. Concernant la Côte d’Ivoire, son mode de réception est toujours la voie hertzienne terrestre: la télévision analogique constitue historique- ment le premier mode de diffusion usité. L’une des insuffisances de cette télévision analogique porte sur une programmation réduite, aussi bien, en nombre de chaînes, qu’en termes de qualité d’image et de son. Cette donne a conduit le Gouvernement à afficher très tôt son ambition de faire de la Côte d’Ivoire une grande nation numérique à l’horizon 2020, plaçant la numérisation du pays au rang d’enjeu national. Pour permettre ce saut qualitatif, à court ou moyen terme, toutes les dimensions insoupçonnées du thésaurus, explorant le spectre entier des variations technologiques et de réflexion stratégique sur la question, sont ainsi en passe d’être dévoilées. Ceci pour éviter toute discrimination numérique, aussi bien entre Ivoiriens eux-mêmes, qu’entre Ivoiriens et leurs frères Africains et le reste du monde. De ce point de vue, l’enjeu de la numérisation apparaît bien plus dans sa perspective socio-économique, que technologique et cyber-stratégique. Un schéma stratégique national Chaque Etat, faut-il le rappeler, a son propre schéma de modernisation de la diffusion audiovisuelle et de choix de télévision du futur. L’extinction définitive de la télévision analogique terrestre, en 2015 est, avant tout, une décision internationale, mais aussi et, surtout, une option nationale. Pour respecter une bonne gouvernance nationale du projet stratégique global, comme cela s’est fait aux Etats-Unis en France ou au Japon, pour ne citer que ces quelques pays, le calendrier de passage à la télé tout numérique devrait être arrêté par le Premier ministre, chef du Gouvernement, dans le cadre d’un schéma stratégique national d’arrêt de la diffusion analogique et de passage à la télé tout N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 14 Quoiqu’il en soit, le passage à la télé tout numérique apparaît, ainsi, en Côte d’Ivoire comme l’arrêt de la diffusion analogique des chaînes reçues par nos antennes de télévision publiques RTI1, RTI2 et de Radios, et son remplacement par la diffusion en Numérique. La grande réflexion, sur la mise en œuvre du plan, qui en émane, a commencé, avec les enjeux importants et les moyens à déployer. Il s’agit dorénavant d’organiser le calendrier et les modalités de cette évolution. Celui relatif aux standards de diffusion à privilégier, aux paramètres liés, ainsi qu’aux standards de compression à valider, à la topologie à faire pour le réseau de diffusion et la technologie à adopter pour le réseau de transport. Le remplacement de la diffusion hertzienne analogique par une diffusion hertzienne, entièrement numérique, devrait permettre, au regard de certaines expériences réussies dans des pays développés, d’accroître et d’améliorer la couverture TNT sur le territoire national. La diffusion analogique consommant environ six fois plus de fréquences que la diffusion numérique, l’arrêt de la diffusion des chaînes analogiques en Côte d’Ivoire, devant rendre également osons-le dire! disponible un volume relativement important de fréquences. La réussite de cette transition, en Côte d’Ivoire, sera en l’occurrence obtenue que grâce à une étroite coordination entre l’Etat, les chaînes de télévision historiques, le Régulateur, les antennistes, les syndics d’immeuble, les gestionnaires de parcs de téléviseur, les collectivités locales et, surtout, les téléspectateurs et usagers qui seront dotés, à terme, d’une plate-forme numérique de base dans chacun des ménages. Au niveau des contraintes liées au fonctionnement des émetteurs analogiques hors la limite fixée par la CRR-06, il faut noter le risque encouru de ne plus disposer de pièces de rechange pour dépanner des émetteurs analogiques encore en service, surtout les émetteurs « anciens ». Ceux-ci ne bénéficieront plus de protection contre des brouillages préjudicia- Suite page 15 www.apricainfo.com Aprica Info MEDIA ET MULTIMEDIA Suite de la page 14 bles, c’est-à- dire que si un émetteur numérique arrivait à coexister (à l’intérieur du pays ou d’un pays voisin), alors l’émetteur analogique est automatiquement obligé de cesser d’émettre. Un autre axe du schéma stratégique apparaît avec la fin du monopole de l’Etat dans le secteur de la communication audiovisuelle consacrée par la loi n° 2004-644 du 14 décembre 2004, portant régime juridique de la communication audiovisuelle. Cette nouvelle option politique a permis de renforcer le pouvoir de régulation assuré par la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA), qui doit« concourir à l’attribution des fréquences de radiodiffusion sonore et télévisuelle, l’élaboration des conventions et des cahiers de charges avec les différents opérateurs et le contrôle de leur mise en œuvre ». La télévision numérique existe déjà sur le territoire Ivoirien, en étant accessible par le satellite, le câble, l’ADSL, la fibre optique ou encore via la TNT. Dans la même veine, la fibre optique se met en place progressivement, pour permettre également l’interconnexion des réseaux de télévision entre pays Africains. La HACA devrait ainsi, dans son droit de faire respecter l’exploitation et le bon usage des fréquences de radiodiffusion sonore et télévisuelle, examiner toutes les options de lancement de chaînes nouvelles, notamment en haute définition, les possibilités de l’élargissement de l’offre. La couverture de la télévision mobile personnelle, voire les offres de chaînes locales de télévision, et le lancement de la radio numérique terrestre sur les fréquences actuellement utilisées par la télévision Nationale. Il s’agira également d’analyser toutes les possibilités d’interconnexion TV/Internet et de rendre l’internet sur mobile accessible. Une partie des fréquences libérées pourraient ainsi être utilisées, pour permettre l’accès à l’internet mobile à très haut débit sur tout le quadrilatère ivoirien. La nécessaire coordination nationale du processus En tout état de cause, cette option permettra la meilleure réflexion sur la nouvelle gouvernance qui devrait favoriser le regroupement aussi bien des décideurs politico-institutionnels que les instances de régulation du domaine de l’Audiovisuel, qui doit permettre cette nécessaire altération. Le Premier Ministre devrait confier la responsabilité de la conduite de cette importante transition à une Coordination Nationale comme recommandé à la Conférence de Genève sur les Radiocommunications (CRR-06). Elle devra ainsi superviser les travaux pour la transition vers le numérique, et valider le schéma national d’arrêt de la diffusion analogique et de basculement vers le Numérique. Cette optique s’inscrivant dans l’action du Groupe de travail pour la préparation de la Côte d’Ivoire au passage à l’Audiovisuel Numérique et au développement des réseaux, installé à l’initiative du Ministre de la Communication et celui de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication. Ce groupe, conformément à l’Arrêté interministériel n°002/MINICOM/MINTIC/MEF du 12 février 2010 qui le crée, et installé le quatorze décembre 2011, à Abidjan, devra « mener toutes les réflexions à soumettre au Gouvernement en vue d’aider à la définition de la politique Nationale de Numérisation de l’Audiovisuel et la maîtrise de la convergence des réseaux ». Il devra plus spécialement faire l’état des lieux des réseaux de l’Audiovisuel, déterminer les études techniques à entreprendre en vue de la numérisation des réseaux multimédias, mener des réflexions devant conduire à l’élaboration d’un cadre législatif et réglementaire, élaborer des programmes de renforcement des capacités humaines et technologiques. Il sera amené par ailleurs, à élaborer un plan de développement des centres publics de communication (CPC) en centres de communication multimédias publics. Ces réflexions devront être confinées dans un document stratégique à restituer au Gouvernement, qui devra à son tour le soumettre à la haute attention du Président de la République. Il faut noter que sur la question, le Chef de l’Etat avait déjà précisé sa vision stratégique en la matière, dans son programme de développement économique et social faisant de la Côte d’Ivoire, à l’horizon 2020, un pays émergent; et en inscrivant au titre de priorités, la modernisation de la télévision et son adaptation aux normes internationales et à l’évolution des technologies de l’information et de la communication(TIC). Le Groupe de travail, dans le cadre de la conception d’une Initiative Stratégique de Numérisation, devra affiner les concepts, faire l’inventaire des cultures numériques internationales, le bilan de leurs apports respectifs à la compréhension des nouveaux outils et conduites d’action. Attribuer au concept stratégique le sens le plus exhaustif, qui balaie le vaste champ de réflexion ouvert sur le numérique, en prenant en compte la complexité des questions posées, présenter un premier bilan et chronogramme d’actions effective et efficiente du plan. Sans pour autant présager des résultats des travaux, l’on pourrait tout naturellement préciser que la stratégie à déployer se fera connaître dans les résultats obtenus par nos actions ou omissions, et c’est en examinant ces conséquences souvent involontaires que l’on pourra comprendre la nature et le fonctionnement de la logique qui aura été privilégiée pour plus d’efficacité. Le groupe d’experts sera chargé, par exemple, d’évaluer le plan de développement progressif de la TNT sur l’étendue du territoire ainsi que N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 15 la gestion du Multiplex pour sa mise en œuvre efficace. Il s’agira, plus spécifiquement de définir le nombre de chaînes par multiplex pour le service public, la présence ou non de décrochages locaux qui se poseront en termes de capacité de programmes à diffuser. L’initiative stratégique ne se contentera pas de conduire à telle ou telle proposition linéaire ou paradoxale contradictoire et pourtant tenue pour vraie, il lui faudra éviter tous risques organisationnels. Certes, des concepteurs compétents tenteront de prévoir le mieux possible toutes les causes d’échec, mais leurs propres erreurs en rajouteront une de plus. Une fois le principe stratégique retenu, le facteur temps dûment introduit dans l’équation, en qualité d’élément dynamique, nous pourrions alors considérer cette logique, dans son ensemble, comme la meilleure méthode à adopter. Le groupe d’experts réfléchira ainsi à certaines contraintes relatives à la construction et à l’aménagement d’une réserve foncière de fréquences et aux affectations stratégiques ultérieures, à long terme. Il est bien évident qu’aux nouveaux instruments de caractère technologique, en seront opposés d’autres, destinés spécifiquement à leur faire revers à long terme. Ce qui est un peu moins évident, c’est la relation entre le succès même des nouveaux équipements et la probabilité de leurs futurs échecs. Qui effectuera, en effet, les mesures sur les points sensibles post-passage, les réaménagements numérique/numérique et les changements des normes, le suivi du projet au niveau national et sa mise en œuvre à dimension régionale ? D’où la nécessité d’identifier un contrôleur technique qui devra être un instrument de contrôle et d’accompagnement. Une indispensable adaptation technologique L’ironie de la situation veut que les appareils les moins efficaces puissent le plus souvent, conserver leur modeste utilité, alors même que les plus impressionnants ont déjà fait l’objet de contre-mesures qui leur ont ôté toute leur valeur. Certes, les instruments de la catégorie inférieure sont voués à être neutralisés, eux Suite page 16 www.apricainfo.com Aprica Info MEDIA ET MULTIMEDIA Suite de la page 15 aussi le moment venu, mais en attendant ils peuvent rendre des services, et c’est tout ce que l’on peut demander dans un domaine technologique où les progrès se révèlent très rapides. Outre l’arrêt proprement dit des émetteurs de la télévision analogique, le passage des chaînes de la TNT sur les fréquences qui leur sont assignées, devra être prévu dans la mesure où, durant la migration, plusieurs ménages seront encore longtemps dépendants de la télévision hertzienne terrestre analogique. En ce qui concerne l’accompagnement nécessaire, il faut prévoir pour les téléspectateurs une campagne de sensibilisation à la réception de la Télévision Numérique de Terre (TNT) et une aide éventuelle à l’adaptation des équipements de réception (antenne, décodeur télévision). Se poserait alors la question de savoir qui en aurait la charge, des opérateurs privés chargés de la vente et de la maintenance, et quel pourrait en être le coût ? Au surplus, la proposition pourrait aller dans le sens de la création d’une société de diffusion, en tant que structure étatique ou semi-étatique. Il s’agira d’identifier le gestionnaire des infrastructures de diffusion (transmission et diffusion) le responsable de l’organisation des sites, de l’exploitation et de la maintenance des équipements de diffusion: bâtiments, énergie, climatisation, antennes, pylônes. Qu’en sera-t-il de la possibilité pour les entreprises de presse audiovisuelle de bénéficier de canaux de multiplex ainsi constitués ? Autant de questions qui devraient trouver réponse suite aux travaux engagés. Pour ce qui est de la réception, chez le téléspectateur, dans toute la chaîne de diffusion, il faudra, de toute évidence y penser, et nous l’avons précisé, en termes d’antennes de réception et d’équipements terminaux. Ce qui nécessitera ici aussi la réflexion à mener sur la mise en disponibilité de décodeurs numériques et leur nécessaire adaptation aux normes à identifier MPEG 4 ou autres, etc. Si l’on s’en tient, à l’exemple de la France, il faut noter que le basculement vers le tout Numérique réussi le 29 novembre 2011, s’est déroulé de manière progressive, région par région. Un plan « d’arrivée » vers lequel les différentes zones ont migré successivement lors de l’arrêt de la diffusion analogique. Ce plan prévoyait de réutiliser immédiatement les fréquences des trois premières grandes chaînes analogiques pour y déplacer trois des premiers multiplex numériques, et de libérer totalement les fréquences des autres chaînes analogiques de manière progressive. Les deux autres multiplex numériques, ont eu ainsi à conserver leurs fréquences lors de cet arrêt, laissant toute latitude au dernier multiplex installé, de démarrer son émission. Cette pratique a eu pour avantage, de permettre la libération immédiate de trois fréquences par zone de couverture, laissant toute liberté aux Etats voisins d’achever leur déploiement. Option stratégique ivoirienne Très rares sont les Etats qui participent à la vie internationale avec une « grande stratégie »pro- pre, et dûment méditée. La Côte d’Ivoire souhaite conserver sa présence et son influence sous-régionale, et consacrer la majeure partie de ses efforts à la politique intérieure, notamment pour accroître la prospérité nationale et le bien-être de ses populations. Les intérêts nationaux doivent être définis de façon subjective, au cours d’un processus politique aidé en cela, par un plan communicationnel à tous les niveaux et d’une politique étrangère très détaillée et orientée envers les pays concernés, notamment de la sous-région ouest-africaine. S’inscrivant dans cette dynamique, la Coordination Nationale pour la transition vers le Numérique aura, entre autres missions, à proposer le meilleur choix stratégique et intégrer la dimension sous-régionale, dans le cadre de la CEDEAO ou l’UEMOA. Ceci devant favoriser l’intégration rapide de nos systèmes de communication et de nos économies. Au demeurant, il faut préciser que déjà dans un passé récent, le choix opéré par les pays africains de la transition Numérique, procédait déjà de cette vision de consolider une certaine solidarité agissante des peuples et de leur dirigeants pour atteindre des objectifs du millénaire pour la réduction de la fracture numérique. La création, en effet, du réseau Africain de communication par satellite (RASCOM), résulte de cette solidarité africaine, du reste, mise en place avec la contribution significative du Président Alassane Ouattara, alors Premier Ministre du Président Houphouët-Boigny en Mai 1992 à Abidjan. Aujourd’hui, RASCOM est opérationnel avec un satellite sur orbite et dont le réseau est toujours utilisé par notre service public de la RTI. La Côte d’Ivoire pourrait envisager ainsi, à plus ou moins court terme, de négocier des opportunités d’affaires dans le domaine. Notre pays ambitionne en effet, de devenir leader numérique de radiodiffusion pour le marché Africain très largement prometteur. Dans cette perspective, nos établissements de formation pourraient se développer dans l’espace africain en offrant des possibilités de N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 16 développement des ressources humaines, l’un des facteurs importants de la réussite de la transition numérique. Tout ceci s’intègre bien dans un processus qui s’imprègne de la nécessaire coordination nationale et d’une planification vis-à-vis des échanges à l’international. En définitive, et quelle que soit l’élégante ingéniosité de ce grand schéma, il faut se persuader que sa mise en œuvre dépendra d’une myriade de décisions politiques de détail. Chaque organisme étant structuré, de manière à poursuivre ses propres objectifs séparés, devra être amené à optimaliser ceux du plan stratégique national de migration vers le Numérique dans sa totalité. Les solutions, ici, devront être supérieures à une simple improvisation pragmatique. En prenant simplement conscience de la dynamique engagée et des enjeux qui y sont imbriqués, nous sommes, par avance, mis en garde contre tous les excès. Ce qui nous permettra de dresser un solide mur de précautions contre les empressements pour des succès illimités, mais néanmoins fragiles. Une fois que nous aurons intégré la structure de la meilleure stratégie de mutation avec ses divers niveaux et dimensions, nous aurons toute la latitude de déceler les erreurs qui en résulteront, et pourrons les éviter ou les abolir d’emblée. L’on pourra ainsi, espérer tirer profit des meilleures dividendes du Numérique, notamment l’ensemble des meilleures fréquences libérées au profit des populations, pour un passage au tout Numérique réussi, au bénéfice de la Côte d’Ivoire. Anoma-Kanie Léandre Stratégiste, Président du Groupe de Travail Pour la Préparation de la Côte d’Ivoire au Passage à l’Audiovisuel Numérique et au Développement des Réseaux. www.apricainfo.com Aprica Info Joe la conscience chante Laurent GBAGBO ARTS ET CULTURE Cameroun Le phénomène Gbagbo depasse les frontieres de la Côte d’Ivoire. Joe la conscience, un artiste camerounais a décidé de rendre hommage au grand homme politique. C ’est un reggeaman camerounais, un artiste engagé et véritable éveilleur de conscience. Au Cameroun Joe la conscience est sur tous les fronts pour rendre parfaite la société. Cet artiste iconoclaste au plus fort de la crise ivoirienne a sorti un album pour soutenir Laurent GBAGBO. Arrêt. Pour le pouvoir camerounais c’est un dangereux activiste un agitateur. Ce qui le donne souvent maille à partir avec la justice de son pays. Joe la conscience est un vrai bout-en- train qui ne recule devant rien pour faire valoir sa vision du monde. Un monde qu’il veut plus altruiste, équilibré et moins dépravé au niveau des mœurs. Depuis quelques mois son actualité est au palais de justice de Ndokoti un quartier de Douala la mégapole camerounaise ou il a assigné en justice deux de ses collègues que sont les stars camerounaises Petit pays et Lady Ponce. Il reprochent à ses deux artistes adulés par le public camerounais de contribuer à la dépravation des mœurs par leurs productions discographiques souvent selon lui en dessous de la ceinture. Son coup marquant est cet album sorti au plus fort de la crise ivoirienne, album faisant les éloges de Laurent Joe la conscience GBAGBO le président ivoirien détenu actuellement à la prison de la CPI au Pays-Bas suite à la crise postélectorale en Cote d’Ivoire qui a vu l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara après la guerre faite aux ivoiriens par ceux qui refusaient le résultat véritable des urnes tel que livré par la Conseil constitutionnel ivoirien. Pour cela il est détenu des jours durant par à la DGRE, la direction du renseignement extérieur camerounais qui et auditionné sur ses accointances avec l’ancien pouvoir d’Abidjan. Il est soupçonne d’avoir bénéficié d’un financement venu de l’entourage de Laurent GBAGBO pour son album. Cela se passait en Mai 2011 soit mois N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 17 d’un mois après l’arrestation par les forces françaises et sa remise aux forces de Ouattara de Laurent GBAGBO en sa résidence de fonction d’Abidjan-Cocody. L’artiste a réfuté ses accusations et a affirmé avoir juste chanté pour un homme ayant une vision panafricaniste et qui mettait le système prédateur occidental à mal en défendant avec acharnement les intérêts de ses concitoyens. Cet album de cinq titres tel que : « privatisafrance » ou encore « président l’hôtel du golf » est encore d’actualité. Ainsi pour l’artiste « « Bafouer la légitimité, la légalité de la Cour constitutionnelle, avec à leur tête les mafias de Babylone, pour faire plaisir aux intérêts étrangers, avec à leur tête Obama et Sarkozy instruments des francs-maçons» est aberrant et donne un mauvais exemple pour les acquis démocratiques en Afrique. Si l’album n’est pas un opus quand à sa valeur artistique les textes sont cependant très incisifs et dénoncent le vaste complot occidental et même africain en Cote d’Ivoire. Pour sur De Vinci Kameini ( de son nom à l’état civil) ou Joe la conscience est un artiste engagé et intègre qui rêve d’une Afrique libre, digne et forte sur tous les plans. Patrice Thomas Atsama, au Cameroun. www.apricainfo.com Aprica Info ARTS ET CULTURE E AU-DELA DE LA MÉLODIE n marge des conflits armés et des crises économiques qui secouent le continent, la musique urbaine africaine prend progressivement son envol. Elle se présente comme une bouffée d’oxygène qui permet à chacun de s’offrir un bref moment de tranquillité. Désormais, cette musique dame le pion aux mélodies occidentales. Que l’on se trouve dans des night clubs ou autres espaces de réjouissance, les populations ne se trémoussent qu’au son de la musique urbaine africaine. Un tel constat amène à dire que ce type de musique est en vogue. Mais qu’est ce qui pourrait expliquer un tel saut ? Deux raisons, à nos yeux, semblent l’expliquer. L’apport extérieur La musique urbaine africaine actuelle, tranche avec celle des années 1990 ou 1995. En effet, il s’agissait pour l’essentiel, de musique introvertie ne puisant ses racines que dans les spécificités culturelles des pays d’origine. Ainsi, le zouglou ivoirien s’est comporté comme le makossa camerounais ou les rythmes congolais. Si durant ces périodes ces musiques ont fait danser, c’est plus pour leur rythme que pour leur valeur fédératrice. Aujourd’hui, la vogue de la musique africaine s’explique par le fait qu’elle transpose sur le terrain culturel, une idée politique: le panafricanisme. De façon concrète, on ob- Directeur de Publication M. Yves Komenan Directeur de la Rédaction M. Marques Joziol Directrice Marketing Marie Pierette Kouamé Email: [email protected] [email protected] MUSIQUE URBAINE AFRICAINE Le groupe P.Square a acquis une renommée internationale serve une fusion entre des genres musicaux de pays africains ou encore une multiplication des featuring. Cette interaction aide à briser les frontières. La preuve est offerte par l’intervention de l’artiste nigérian J. Martins sur l’album du groupe zouglou « Les Patrons » ou encore celle de Koffi Olomidé sur celui Dj Arafat. Par ailleurs, la tendance à l’adoption des genres musicaux étrangers, singulièrement américains, boostent la musique urbaine africaine. Le RnB, la pop, font dorénavant partie de l’inspiration de nos jeunes artistes. Elle règle (dans le domaine musical) non seulement la question de l’occidentalisation de nos sociétés africaines, mais également l’ouverture de celles-ci sur l’extérieur. En effet, les africains n’ont plus besoin de se connecter sur les Usa, pour se servir en pop ou Rnb. Ces genres musicaux sont désormais pratiqués par des artistes africains, anglophones et francophones. En conséquence, les africains préfèrent consommer le Rnb ou la pop faite par P Square, Davido ou bien d’autres artistes. Cependant, l’apport extérieur ne saurait à lui seul expliquer la vogue de la musique urbaine africaine. Elle resterait dans l’oubli si les médias n’étaient pas venus à leur secours. L’apport des médias Les médias, principalement les chaines de télévision, ont joué et continuent de jouer un rôle important dans le positionnement de la musique urbaine africaine. Elles œuvrent à la promotion de ces musiques. En effet, depuis quelques années, de véritables chaines de télévision exclusivement consacrées à la diffusion des clips vidéo ont vu le jour. Il s’agit par exemple de Trace Tv. Même si les clips diffusés ne sont pas exclusivement africains, notons que la musique africaine y occupe une place prépondérante. Sa diffusion à un rythme effréné a ouvert la voie à son adoption par les africains. Désormais où que l’on soit, N0 001 du Mercredi 16 Janvier 2013 18 il suffit d’un petit geste pour se voir plonger dans un océan de clips faisant la promotion de la musique urbaine africaine. Et quant on sait que la population africaine est en majorité constituée de jeunes de plus en plus instruits et portés sur les médias, on comprend aisément pourquoi l’on assiste à une montée en flèche de ce type de musique. De plus, il convient d’associer aux chaines de télévision, les sites internet. Ces derniers permettent les téléchargements en ligne, ou de simples consultations de clips vidéo. En un seul clic, l’on peut soit partager, par mails, de nombreux titres africains à la mode, soit en faire la promotion sur les réseaux sociaux. A ce stade, les réseaux sociaux, parce qu’ils mobilisent des centaines de millions de personnes par mois, peuvent être regardés comme des adjuvants de la musique urbaine africaine. Les médias sont donc de véritables vecteurs de promotion de la musique urbaine. N’eût été leur rôle, c’est avec réserves que l’on parlerait de la vogue de la musique africaine. Il est certes vrai qu’on ne saurait parler de musique sans mélodie. Mais si la musique urbaine africaine est aujourd’hui en vogue c’est bien parce qu’elle a su surpasser les limites frontalières entre les Etats africains pour se présenter comme une force qui embrasse toutes les cultures africaines. Les mélodies sont universelles. Mais ce qui fait la spécificité et qui aide à porter haut la musique, c’est bien la conjonction d’éléments nouveaux puisés ça et là. La musique urbaine africaine a, sans conteste, bien négociée cette conjonction d’où l’éclat qu’elle affiche ces dernières années. Alain Bouikalo, Juriste consultant www.apricainfo.com