Approfondissement des études sur la filière mangue et les créneaux

Transcription

Approfondissement des études sur la filière mangue et les créneaux
 République du Sénégal
Agence Régionale de Développement
de la Région de Kolda
Agence Espagnole de Coopération Internationale
pour le Développement
Programme d’Appui au Développement
Economique Local de Kolda (PROADELKO)
Approfondissement des études
sur la filière mangue et les
créneaux porteurs
Rapport final
Juin 2012
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
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ACRONYMES ACDI
ADPME
Agence
Canadienne
de
Développement
Internationale
Coopération Bilatérale avec Kolda
Agence de Développement des Petites et L’Agence offre des informations pratiques sur
Moyennes Entreprises
la création et le développement d'entreprise
La Coopération Espagnole concentre ses
AECID
Agence
Espagnole
de
Coopération interventions dans deux régions prioritaires :
Internationale pour le Développement
Saint-Louis et la région naturelle de la
Casamance
Appui
aux
collectivités
décentralisation
programmes :
AFD
Agence Française de Développement
AMUMA
Amicale des Municipalités du Mandé
au
locales
travers
PADDEL,
et
à
la
différents
PRECOL,
PAC,
PACR.
Première Intercommunalité au Mali regroupant
18 communes
Créée pour piloter le conseil agricole et rural
ANCAR
Agence Nationale de Conseil Agricole Rurale
sur toute l'étendue du territoire national. Il
intervient dans la lutte contre la mouche des
mangues
Agence
ANRAC
Activités
Nationale
pour
Économiques
le
Relance
des
et
Sociales
en
Casamance
AOC
Appellations d'Origine Contrôlée
Structure administrative PRAESC créée en
juillet 2004 sous la tutelle du Premier ministre
Label officiel français de protection d'un produit
lié à son origine géographique
Structure
regroupant
la
Région,
les
Communes et les Communautés rurales, qui a
ARD
Agence Régionale de Développement
pour
mission
d’apporter
aux
Collectivités
locales de la région, une assistance dans le
domaine du développement
ASEPEX
Agence
sénégalaise
exportations
de
promotion
des Plate-forme nationale de services export en
faveur des entreprises et de leurs associations
Association Sénégalaise pour la Promotion Outil
ASPRODEB
du
mouvement
paysan
pour
des Petits Projets de Développement à la accompagner les OP dans la mise en œuvre
Base
des programmes
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ATAF
CCIA
CDS
Assistance Technique en Appui aux Filières en Appui aux politiques de développement des
Casamance
Chambre
filières
de
Commerce,
d’Industrie
et
d’Agriculture
Chargé d’assurer l’encadrement, la promotion
et
la
représentation
des
intérêts
des
opérateurs économiques
GIE de valorisation des produits locaux du
Cercle des Sécheurs
Burkina Faso et du séchage
ONG suisse qui mène depuis 2002 un
CEAS
programme de promotion de l'artisanat, de
Centre Ecologique Albert SCHWEITZER
l'agro écologie et de l'agro-transformation au
Sénégal
CERER
Centre d’Etudes et de Recherche sur les
Energies Renouvelable
Institut Universitaire
Promotion
CNCR
COOPAKE
Conseil National de Coopération des Ruraux
Coopérative
Agricole
du
Kénédougou
du
Burkina Faso
de
la
concertation
et
de
la
coopération entre les OP membres
Organisation de producteurs de mangues
Réseau de 6 institutions actives dans le
COSE
Association Commerce Solidaire et Equitable
commerce équitable, membre de la fondation
TerrEspoir, Suisse.
Initiative de PDMAS. Il s’agit de centres
d’appui à l’innovation et à la qualité en lien
avec les producteurs et d’autres intervenants
CRIQ
Centres Ruraux pour l’Innovation et la Qualité
institutionnels privés et publics
Centre
CSE
Centre de suivi écologique
d’excellence
au
service
de
l’environnement sous l’égide du Ministère de
l'Environnement, de la Protection de la Nature
de la République du Sénégal
CWBI
Centre Wallon de Biologie Industrielle
Centre interuniversitaire de recherche belge
Le nouveau document cadre de référence de
l'Etat du Sénégal couvrant la période 2011-
DPES
Document de politique économique et sociale.
DPV
Direction de la Protection des Végétaux
2015. Il remplace le DRSP
Service
décentré
chargée
de
prévenir
l'introduction d'organismes nuisibles et de
combattre ceux présents sur le territoire
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DRDR
Direction Régionale du Développement Rural
Service décentré agriculture
Document cadre des politiques et programmes
DRSP
Document Stratégique de Réduction de la macroéconomiques, structurelles et sociales
Pauvreté
dans l’objectif de réduction de la pauvreté au
Sénégal
Fond d’appui aux initiatives communautaires à
FDL
FAO
Fond de Développement Local
Organisation
des
Nations
travers le soutien aux investissements
Unies
pour PROMER, PSOAP et PADAER sont des
l'Alimentation et l'Agriculture
programmes FAO en Casamance
300 entreprises, qui représentent plus de 97 %
FEBEA
Fédération des entreprises de la beauté
du chiffre d'affaires du secteur représentant
environ 50 000 collaborateurs en France
Son rôle est d’établir les standards d’assister
les producteurs, en collaboration avec ses
FLO
Fairtrade Labelling Organizations
membres, de mettre sous licence l’utilisation
de la marque de certification du commerce
équitable.
FLOCERT
Fairtrade Labelling Organization Certification
Organisme de certification et de contrôle du
label FLO, crée en 2004
Quand on achète une marchandise à un prix
FOB
Free On Board, soit en français Sans frais à « FOB », il faut ensuite qu'on paie son
bord.
transport et les taxes ainsi que les frais
d'assurances
FUGN
Fédération des Unions des Groupements Association nationale pour le développement
Naam
du monde paysan au Burkina Faso
Forme juridique, d’une durée déterminée et
GIE
Groupement d'Intérêt Economique
sans apport de capital, pour développer
l'activité économique des membres
Un système (et non pas une norme) qui
HACCP
Hazard Analysis Critical Control Points
identifie,
évalue
et
maîtrise
les
dangers
significatifs au regard de la sécurité des
aliments.
dispositif
IFLEX
Information
d’Exportation
sur
les
Fruits
et
de
Légumes commerciale
d’information
et
de
veille
pour les professionnels du
secteur et leurs partenaires institutionnels,
privés ou publics
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Signe officiel d'origine et de qualité qui permet
IGP
Indicateur Géographique Protégé
de
défendre
le
nom
et
la
spécificité
géographique d’un produit
Institut scientifique qui conçoit, organise et
mène des recherches dans le secteur rural y
ISRA
Institut Sénégalais pour la Recherche Agricole
compris sur les technologies appropriées et le
transfert de bonnes pratiques de récolte et
post-récolte
Établissement Public œuvrant dans le secteur
de
la
Recherche-Développement
Alimentation
ITA
Institut de Technologie Alimentaire
et
le
développement
en
de
technologie de transformation agricole placée.
Il est intervenu à Ziguinchor dans le transfert
de la technologie de production de vinaigre de
mangue
Des
mesures
organisationnelles,
des
techniques de prévention, de contrôle de la
MTD
Meilleures Technologies Disponibles
pollution ou des techniques de production qui
permettent de réduire de façon optimale les
impacts environnementaux d’un procédé de
production.
Depuis
ONAPES
Organisation
Nationale
des
2000,
ONAPES
regroupe
les
Producteurs principales entreprises agricoles du Sénégal,
Exportateurs de Fruits et Légumes du Sénégal représentant
80%
du
volume
total
des
exportations
OP
Organisation Paysanne
Financé par l’AFD et la Banque Mondiale il a
pour principal objectif le financement de
programmes d’infrastructures et d’équipement
des communes, le renforcement de leurs
ressources et l’amélioration de leurs capacités
PAC
PACD
Programme d’Appui aux Communes
de gestion
Promotion d’une Agriculture Compétitive et Financé par l’AFD et piloté par le Ministère du
Durable au Sénégal
développement rural et de l’agriculture
Financé par l’Union européenne dans le cadre
PADDEL
Projet d’Appui à la Décentralisation et au de plans de développement locale, et dans le
Développement Local
soutien à
la formation des élus et au
fonctionnement des services municipaux
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Programme
PADEC
d’Appui
au
Développement Financé par la coopération canadienne, il
économique de la Casamance
intervient dans l’ appui aux filières porteuses
Sous la tutelle Ministère de l’Agriculture et de
PADERCA
Projet d’appui au développement rural en
Casamance
l’Hydraulique, il appui le développement rural.
En septembre 2011 à Kolda, le PADEC et le
PADERCA ont signé une convention de
partenariat stratégique
Au Burkina Faso, le projet soutenu par la
PAFASP
Programme d’Appui aux Filières Agro-Sylvo- Banque mondiale depuis janvier 2007 qui vise
Pastorales
à la croissance et à la compétitivité du secteur
agricole
Programme de l’Union européenne destinée
PAR
Projet Appui aux Régions
au renforcement des capacités des acteurs au
développement régionaux
Programme la Banque mondiale au Mali, il
PCDA
Plan de Compétitivité et de Diversification contribue
Agricole
à
promouvoir
l’agriculture
commerciale comme alternative à l’agriculture
de subsistance.
et Programme de la coopération allemande pour
d'approvisionnement durable en combustibles la planification énergétique en lien avec DSRP
Programme
PERACOD
d'électrification
rurale
domestiques
Programme de la coopération canadienne et
PDMAS
Programme de Développement des Marchés
Agricoles au Sénégal
soutenu par la Banque Mondiale, pour stimuler
l’innovation et
l’investissement dans un
partenariat public-privé commercial dans le
secteur agricole
PGES
Plan de Gestion Environnementale et Sociale
PLAZA
Périmètre Logistique en Zone Agricole
Plan qui prévoir la mitigation des risques
Projet
d’infrastructures
post-récolte
et
de
stockage
Document de planification dans le cadre de la
PLD
Plan Local de Développement
politique
de
décentralisation
et
du
développement local de l’État
PME
Petite et moyenne Entreprise
PMI
Petite et moyenne Industrie
PNDL
Programme National de Développement Local
Lancé en 2006, pour appuyer la politique de
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décentralisation participative des collectivités
et aux organisations communautaires de base
(CL et OCB) et mettre à jour du cadre légal
règlementaire et organisationnel
Programme national de biogaz domestique
initié par le Sénégal (PNB-SN) dans le Bassin
PNB-SN
Programme national de biogaz domestique
arachidier et la zone péri-urbaine de Dakar
avec l’installation de 8.000 bio digesteurs d’ici
2013
PPI
Indice de Passage du Seuil de Pauvreté
Mode de financement par lequel une autorité
PPP
publique fait appel à des prestataires privés
Partenariat Public Privé
pour financer et gérer un équipement assurant
ou contribuant au service publique
PRAESC
PROADELKO
PROCAS
Plan de Relance des Activités Economiques et Initié par l’État sénégalais en 2001 et toujours
Sociales en Casamance,
d’actualité dans la phase 3
Programme d'Appui à la Décentralisation et au
Développement Economique Local de Kolda
Projet de la coopération espagnole de soutien
aux administrations autonomes et locales et
aux acteurs de la coopération.
Programme d’appui au développement socio- Programme
économique pour la paix en Casamance
phare
de
la
coopération
allemande dans la mise en œuvre du PRAESC
Programme d’appui à la Décentralisation et au Appuyé conjointement par la GIZ et la KFW, la
Développement Local du Ministère de la Banque allemande de développement
PRODDEL
Décentralisation et des Collectivités Locales
Entrée
PROGEDE
en
Projet de gestion durable et participative des financement
énergies traditionnelles et de substitution
vigueur
de
la
en
1997,
Banque
grâce
au
Mondiale
et
d’autres partenaires, il vise à contribuer à
l’approvisionnement
Lancé par le Gouvernement du Sénégal et le
PROMER
Projet de promotion des micro-entreprises FIDA en 1996, il vise à améliorer les revenus
rurales
des familles rurales pauvres par la création ou
la consolidation des micros entreprises rurales
PSIDEL
PSOAP
Projet
de
Soutien
aux
Initiatives
de
Développement Local
Programme
des
Services
Financé par l'Union Européenne dans le cadre
du 8e FED il finance des investissements
exprimés par les populations locales
Agricoles
et
Programme
FAO,
avec
le
PDMAS,
qui
contribuer à augmenter la productivité agricole
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Organisations de Producteurs
et les revenus ruraux
Fonds de soutien destiné aux organismes afri-
Fonds régional d’investissement pour les mi-
REGMIFA
cros, petites et moyennes entreprises d’Afrique
subsaharienne
cains de micro finance dont le grand intérêt est
d’éliminer le risque de change pour les clients
emprunteurs et ainsi de diminuer le coût de
leur
prêt,
destinés
essentiellement
aux
femmes
SAGTC
SARL
Schéma d’Aménagement et de Gestion des Document concerté d'orientations stratégiques
Terroirs Communautaires
pour l'aménagement et la gestion des terroirs
Société Anonyme à Responsabilité Limitée
Mis en place, en accord avec l’ensemble des
SCA
Stratégie de croissance accélérée
acteurs au développement, il vise à rendre
opérationnel le DSRP/DPES du Sénégal
Sous l’autorité de l’Ambassadeur, ce service
SCAC
Service français de Coopération et d’Action participe à la définition des orientations de
Culturelle
l’aide française au Sénégal et développe des
actions de coopération
SRSD
Service régional de la Statistique et de la
Démographie de Kolda
Service décentré de l’État
USUFORAL, qui signifie en Wolof « donnons-
USOFORAL
Comité Régional de Solidarité des Femmes
pour la Paix en Casamance
nous la main ». Ce projet appuyé par la
Fondation New Field soutient le leadership de
femmes et les organisations de femmes en
Casamance
VCS
Voluntary Carbon Standard
Norme
mondiale
pour
les
projets
de
compensation carbone
Table des matières ACRONYMES ................................................................................................................................. 2 Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
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AVANT-PROPOS .......................................................................................................................... 15 RESUME ANALYTIQUE ............................................................................................................... 16 PARTIE 1 – CHAPITRE INTRODUCTIF ....................................................................................... 28 1. Le contexte de la mission .......................................................................................................... 29 1.1 La mission ............................................................................................................................... 29 1.2 L’objet de l’étude ................................................................................................................... 29 1.3 La méthodologie .................................................................................................................... 30 1.4 Les difficultés, les limites de l’étude ...................................................................................... 32 1.5 Les résultats .......................................................................................................................... 32 PARTIE II – ANALYSE DES FILIERES ET ................................................................................... 33 DES CRENEAUX PORTEURS ..................................................................................................... 33 CHAPITRE 1 – LA MANGUE FRAICHE - La filière et ses potentialités ........................................ 34 1. Approfondissement des études sur le marché .......................................................................... 34 1.1 Comprendre le marché international ....................................................................................... 34 1.2 Le marché français ................................................................................................................ 36 1.3 La concurrence des pays-acteurs ......................................................................................... 37 1.3 Zoom sur deux pays producteurs africains ........................................................................... 38 1.3.1 Le Burkina-Faso ............................................................................................................. 38 1.3.2 Le Mali ........................................................................................................................... 39 1.4 Les contraintes du marché international .............................................................................. 42 1.5 Le marché intérieur .............................................................................................................. 43 1.5.1 Eléments généraux ........................................................................................................ 43 1.5.2 Le développement de la filière mangue au Sénégal selon les experts nationaux ......... 43 2. Analyse du potentiel et pistes stratégiques pour KOLDA .......................................................... 44 2.1 Caractéristique des vergers de la zone de Kolda .................................................................. 44 2.1.1 Les techniques culturales .............................................................................................. 45 2.1.2 Les problèmes sur la production .................................................................................... 45 2.2 La mise en marché de la mangue fraiche de Kolda .............................................................. 46 2.2.1 Destination ..................................................................................................................... 46 2.2.2 L’organisation de la vente .............................................................................................. 46 2.3 Potentiel du développement dans la Région ......................................................................... 47 2.3.1 La Région de Kolda est-elle en mesure de faire du marché à l’exportation ? ............... 47 2.3.2 La Région de KOLDA est-elle en mesure de faire de la mangue fraîche en Agriculture
biologique pour l’exportation ? ...................................................................................................... 47 2.3.3 La Région de Kolda peut-elle se développer sur le marché intérieur ? ......................... 49 CHAPITRE 2 - LA MANGUE TRANSFORMEE - La filière et ses potentialités ............................ 50 1. La mangue séchée .................................................................................................................... 51 1.1 Le produit et son utilisation .................................................................................................... 51 Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
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1.2 Points saillants ...................................................................................................................... 52 1.3 Approfondissement des études de marchés ......................................................................... 52 1.3.1 Le marché européen ...................................................................................................... 52 1.3.2 Les autres marchés internationaux ................................................................................ 53 1.3.3 Le marché français ........................................................................................................ 53 1.3.4 Zoom sur deux pays producteurs africains .................................................................... 54 1.3.5 La concurrence des pays acteurs .................................................................................. 55 1.3.6 Le marché intérieur ........................................................................................................ 56 2. La pulpe de mangue .................................................................................................................. 56 2.1 Le produit et son utilisation .................................................................................................... 56 2.2 Points saillants ........................................................................................................................ 58 2.3 Approfondissements des études de marché ........................................................................... 59 2.3.1 Les jus ............................................................................................................................ 59 2.3.2 Les produits laitiers et desserts à base de pulpe de mangue ........................................ 62 2.3.3 Les cubes de mangue surgelée ..................................................................................... 62 3. Le vinaigre de mangue ............................................................................................................. 63 3.1 Le produit et son utilisation ...................................................................................................... 63 3.2 Points saillants ...................................................................................................................... 64 3.3 Approfondissements des études de marché ......................................................................... 65 3.3.1 Le marché européen ...................................................................................................... 65 3.3.2 Le marché de l’Amérique du Nord ................................................................................. 65 3.3.3 Le marché des pays de Maghreb .................................................................................. 66 3.3.4 Le marché sénégalais .................................................................................................... 67 4. Les contraintes du marché international .................................................................................... 68 4.1 Les critères de qualité de la matière première ...................................................................... 68 4.2 Le critère environnemental .................................................................................................... 69 5. Analyse du potentiel et pistes stratégiques pour Kolda ........................................................... 70 5.1 La mangue séchée ................................................................................................................ 70 5.2 La pulpe ................................................................................................................................. 73 5.3 Le vinaigre ............................................................................................................................. 75 CHAPITRE 3 – LES SOUS-PRODUITS DE LA MANGUE ET DU MANGUIER - La filière et ses
potentialités ................................................................................................................................... 77 1. Les résidus de la production de mangue ................................................................................... 77 2. Approfondissements des études de marché ............................................................................. 79 2.1 Le beurre de mangue ............................................................................................................ 79 2.1.1 Le produit et ses utilisations .......................................................................................... 79 2.2.2 Aperçu du marché international ..................................................................................... 80 2.2.3 Les contraintes du marché ............................................................................................ 81 Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
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2.3 La valorisation locale agricole : le compost ............................................................................. 81 2.3.1 Le produit et son utilisation ............................................................................................ 81 2.3.3 La technique de fabrication ............................................................................................ 82 2.3.4 Le produit final ............................................................................................................... 83 2.3.5 Le marché et ses contraintes ......................................................................................... 84 2.4 Valorisation énergétique : Les résidus organiques ............................................................... 85 2.4.1 Points saillants............................................................................................................... 85 2.4.2 Le produit....................................................................................................................... 86 3. La Région de Kolda est-elle en mesure de développer les activités de valorisation des sousproduits ? ....................................................................................................................................... 88 3.1 Le beurre de mangue ............................................................................................................ 88 3.1.1 Plusieurs opportunités sont saillantes .................................................................................. 88 3.1.2 Les pistes porteuses...................................................................................................... 89 3.2 Le compost et la méthanisation ............................................................................................. 91 3.2.1 Le gisement potentiel et pouvant être collecté .............................................................. 91 3.2.2 Les contraintes pour la production de compost : ........................................................... 91 Ø Les étapes à franchir pour la production de compost ......................................................... 92 Ø Les étapes à franchir pour la production d’énergie ............................................................. 92 PARTIE III – LES RECOMMANDATIONS .................................................................................... 93 ET LES PISTES STRATEGIQUES ............................................................................................... 93 PISTE 0 : FACTEUR HUMAIN ET APPUI AU SUIVI DES ACTIVITES ........................................ 95 Action 0.1 – Réaliser un diagnostic participatif et un plan d’actions concerté ............................... 97 1 - Analyse, pertinence du choix : ................................................................................................. 97 2 - Étapes : .................................................................................................................................... 97 3 - Comment faire ?....................................................................................................................... 97 4 - Les acteurs : ARD, ensemble des acteurs et bénéficiaires...................................................... 98 Action 0.2 – Phase d'exécution ..................................................................................................... 99 1- Analyse, pertinence du choix : .................................................................................................. 99 2- Les étapes :............................................................................................................................... 99 ØSous-Action 1: Constitution et accompagnement des groupements villageois
............................................................................................................................................... 99 ØSous-Action
2
:
Formation
et
professionnalisation
des
acteurs
............................................................................................................................................... 99 ØSous-Action 3 : Accompagnement des acteurs et suivi de la mise en œuvre des activités
............................................................................................................................................. 100 3 - Comment faire ?..................................................................................................................... 100 Ø Sous-Action 4 : Mise en place d’une « agence » pour la promotion de la mangue et d’autres
productions agricoles koldaises (en lien avec les autres pistes et actions proposées) ............... 101 1- Analyse, pertinence, du choix : ............................................................................................... 101 2 - Comment faire ? ..................................................................................................................... 101 Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
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3 - Les acteurs : ARD, Chambre de Commerce, Agence de Marketing, PROMER et PADEC. . 101 1 - Analyse, pertinence du choix : ............................................................................................... 102 2 - Les étapes :........................................................................................................................... 102 3 - Les acteurs : l’ARD et ses partenaire ; un bureau d’études extérieur .................................... 102 La feuille de route ....................................................................................................................... 102 PISTE 1 : LA FILIERE MANGUE FRAICHE .............................................................................. 104 Objectif 1 - Professionnalisation et fédération des acteurs de la filière ....................................... 104 Action 1 - Favoriser la professionnalisation des arboriculteurs ................................................... 104 1 - Analyse, pertinence du choix : ............................................................................................ 104 2- L’action : ................................................................................................................................ 104 3- Comment faire ? ................................................................................................................... 105 Action 2 - Accompagner un échange interprofessionnel de la filière ........................................... 106 1- Analyse, pertinence du choix : ................................................................................................ 106 2 - L’action : ................................................................................................................................. 106 3 - Comment faire ?..................................................................................................................... 106 4 - Les acteurs :........................................................................................................................... 106 Objectif 2 - Mise en place d’outils techniques indispensables pour l’amélioration des vergers
traditionnels et greffés ................................................................................................................. 108 Action 1 - Mettre en place et conforter la lutte contre mouche .................................................. 108 1 - Analyse, pertinence du choix : ............................................................................................... 108 2 - Les actions : ........................................................................................................................... 108 3 - Comment faire ?..................................................................................................................... 108 4 - Les acteurs : DPV .................................................................................................................. 109 5 - Les moyens techniques : ....................................................................................................... 109 Action 2 - Réhabilitation des vergers traditionnels ...................................................................... 110 1 - Analyse, pertinence du choix : le potentiel local .................................................................... 110 2 - Les actions : ........................................................................................................................... 110 3 - Comment faire ?..................................................................................................................... 110 4 - Les acteurs : DRDR, ISRA, agriculteurs. .............................................................................. 110 5 - Les moyens techniques, recherche, logistique : .................................................................... 110 6 - Les délais : ........................................................................................................................... 110 7 - Les résultats escomptés en termes économiques, sociaux, création d’emplois, développement
durable : ...................................................................................................................................... 110 8 - Le financement : quels sont les partenaires possibles ?........................................................ 111 Action 3 : Renouvellement et création de vergers greffés ........................................................... 112 1 - Analyse, pertinence, du choix : potentiel régional et à l’exportation ...................................... 112 2 - L’action : ................................................................................................................................. 112 3 - Comment faire ?..................................................................................................................... 112 4 - Les acteurs : ISRA, DPV. ....................................................................................................... 112 Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
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5 - Les moyens techniques : ....................................................................................................... 112 6 - Les délais et les résultats escomptés : .................................................................................. 112 Action 4 - Mise en place de vergers d’observation des variétés et des techniques culturales
(station expérimentale) ................................................................................................................ 113 1 - Analyse, pertinence, du choix : .............................................................................................. 113 2 - L’action : ................................................................................................................................. 113 3 - Comment faire ?..................................................................................................................... 113 4 - Les acteurs :........................................................................................................................... 113 Objectif 3 - Mise en place de structures et des investissements ................................................. 114 Action 1 : Réfléchir à la mise en place d’une plateforme multi fonctions et entre autres du
conditionnement. ......................................................................................................................... 114 1 - Analyse, pertinence du choix : ............................................................................................... 114 2 - Les actions : ........................................................................................................................... 114 3 - Les acteurs :........................................................................................................................... 114 La feuille de route ....................................................................................................................... 114 PISTE 2 : LA FILIERE MANGUE TRANSFORMEE .................................................................... 118 Objectif 1 – Professionnaliser la filière et la rendre rentable et pérenne ..................................... 118 1 - Analyse, pertinence du choix : ............................................................................................... 118 Action 1 – Renforcer et améliorer l’existant grâce à l’expérience des GIE et des entreprises privée
dans le cadre de partenariats PPP .............................................................................................. 119 1 - Analyse, pertinence, du choix : .............................................................................................. 119 2 - Comment faire ?..................................................................................................................... 120 3 - Les acteurs :........................................................................................................................... 121 Action 2 - Renforcer et améliorer l’existant grâce à l’installation d‘unités modernes de
transformation dans le cadre d’un partenariat PPP. .................................................................... 122 1 - Analyse, pertinence, du choix : .............................................................................................. 122 2 - Comment faire ?..................................................................................................................... 123 3 - Les acteurs :........................................................................................................................... 123 Action 3 – Mettre en place une structure pour la promotion de la mangue koldaise ................... 124 1 - Analyse, pertinence, du choix : ........................................................................................... 124 2 - Comment faire ? ................................................................................................................. 124 3 - Les acteurs : ....................................................................................................................... 124 Feuille de route . ......................................................................................................................... 124 PISTE 3 – LES SOUS PRODUITS .............................................................................................. 127 PISTE 3-1 – LE BEURRE DE MANGUE ..................................................................................... 127 Objectif – Professionnaliser la filière et la rendre rentable et pérenne ....................................... 127 1- Analyse, pertinence du choix : ................................................................................................ 127 Action 1 – Vérifier la faisabilité de la piste ................................................................................... 128 1 - Analyse, pertinence du choix : ............................................................................................... 128 Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
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2 – Les étapes ............................................................................................................................. 128 3- Comment faire ?...................................................................................................................... 128 4 - Les actions : ........................................................................................................................... 128 5 - Les acteurs :........................................................................................................................... 129 Action 2 – Mettre en place un partenariat PPP ........................................................................... 129 1 - Analyse, pertinence, du choix : .............................................................................................. 129 3 - Les acteurs :........................................................................................................................... 129 Action 3 – Engager l’action et produire ........................................................................................ 129 1 - Analyse, pertinence du choix : ............................................................................................... 129 2 - Comment faire ?..................................................................................................................... 130 3 - Les acteurs :........................................................................................................................... 130 PISTE 3-2 - LE COMPOSTAGE .................................................................................................. 131 Objectif – Valoriser les déchets en créant une filière de production de compost ........................ 131 1 - Analyse, pertinence du choix : ............................................................................................... 131 3 - Comment faire ? ..................................................................................................................... 131 4 - Les actions : ........................................................................................................................... 131 5 - Les acteurs : ........................................................................................................................... 132 PISTE 3-3- LA CARBONISATION .............................................................................................. 133 1 - Analyse, pertinence du choix : ............................................................................................... 133 3 - Comment faire ? ..................................................................................................................... 133 4 - Les actions : ........................................................................................................................... 133 5 - Les acteurs : ........................................................................................................................... 133 Feuille de route pour les pistes 3.1, 3.2 et 3.3 ............................................................................ 133 ANNEXE TECHNIQUE ................................................................................................................ 136 ANNEXE BENCHMARKING BIBLIOGRAPHIQUE ..................................................................... 144 MARCHE MANGUE FRAICHE (DOSSIER MARCHES AGRICOLES) ....................................... 145 TRANSFORMATION DE LA MANGUE ....................................................................................... 148 LA MANGUE CERTIFIEE : BILOLOGIQUE, EQUITABLE, … .................................................... 151 PROJETS ET GOUVERNANCE ................................................................................................. 152 Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
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AVANT-­‐PROPOS Le présent rapport est destiné à l’Agence Régionale de
Développement de KOLDA (ARDK), afin de servir
d’outil d’aide à la décision
Cette version finale prend en compte les observations
et recommandations de l’atelier de restitution du rapport
provisoire, qui s’est tenu, à Kolda le 14 juin 2012, et qui
a rassemblé, sous la présidence de l’Agence Régionale
de Développement, les représentants de PROMER, du
PADEC, de l’ONG Agronomes et Vétérinaires Sans
Frontières (AVSF), d’ANCAR, du Service d'Appui au
Développement local (SDADL) de DIOULACOLON, de
la Communauté Rurale SARE BIDJI et du GIE
NAANGUE FOULADOU,
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RESUME ANALYTIQUE i.
Préambule
Ce qui frappe lorsque l'on arrive à Kolda, pour l'avoir connu quelques 20 années en arrière,
c'est que le paysage n’a que très peu bougé. Certes la ville a grandi, des commerces se sont
installés et l'activité est fourmillante, mais les zones rurales sont restées les mêmes. La
pauvreté est toujours patente. Les femmes toujours aussi mises à contribution, participant
largement aux travaux de la maison et des champs, portant des charges très lourdes sur de
longues distances, allant puiser de l’eau au forage ou au puits et contribuant, sans égal, à la
subsistance de la cellule familiale…..Les habitations sont toujours précaires, de plus en plus
construites en parpaings de ciment et surmontées de tôles, singulièrement inconfortables sur
le plan thermique, alors, que, comble de l’ironie, les villages de vacances vendent aux
touristes occidentaux, qui en sont friands, des toitures, qui sont revêtues de chaumes, et
pour l’installation desquelles il est fait appel au savoir-faire des artisans locaux. De même,
les manuels d’architecture vantent l’ingéniosité architecturale, la beauté et le confort de la
case à impluvium diola casamançaise, qui se meure de ne pas être reproduite et seulement
classée au rang de curiosité.
L’analphabétisme et le manque d’hygiène et de santé, toujours d’actualité, sont des
problèmes terriblement handicapants si l’on veut disposer d’acteurs de développement en
forme physique, donc productifs, capables de lire, écrire compter et, de ce fait, d’être
pleinement libérés de leurs situations d’infériorité, et aptes à jouer un rôle actif dans leur
environnement socio-économique.
Ainsi, dix ans après le lancement du Plan de Relance des Activités Economiques et Sociales
en Casamance, mettant la priorité sur l‘économie agricole, la pauvreté et le chômage
demeurent les caractéristiques principales de l’économie locale. Le manque durable
d’emplois a un impact direct sur la précarisation particulièrement constatée dans les
communautés rurales.
La Région de Kolda, qui est, de toute la Casamance, la zone la plus vaste en superficie,
comptait, en 2009, une population autour de 600 000 habitants constituée pour 60% de des
jeunes, alors que l’offre d’emplois est particulièrement faible, faute de secteurs économiques
suffisants actifs. Fort du constat de cet échec, malgré des apports financiers très importants
dans le cadre des projets des bailleurs de fonds, des Agences de Coopération et des ONGs,
l’Agence Régionale s’attache à sortir des « sentiers battus » et à marquer une rupture avec
la logique classique et habituelle de projets et programmes pour jeter les bases d’une
véritable stratégie de développement économique durable.
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Pour l’Agence Régionale de Développement de Kolda, il apparaît indispensable de
d’accroître les richesses produites, dans une logique économique pérenne, de répartition
équitable d’emplois et des ressources et préservant les ressources naturelles endogènes.
C’est dans ce contexte que le présent rapport sur « l’approfondissement des études sur la
filière mangue et les créneaux porteurs » a été commandité par l’ARDK. IDS a été retenue
afin d’apporter un regard extérieur, s’appuyant sur l’analyse des études déjà réalisées, les
expériences passées, le contexte local, la dynamique en cours de renforcement des
agriculteurs dans les centaines de communautés rurales.
Qu’en est-il de notre « regard extérieur » ? Lors de notre mission, nous avons constaté
d’abord que des ONGs intervenaient dans les villages, les visites se succédant les unes aux
autres, en proposant des solutions et que des GIE, constitués sur la base de propositions
d’ONGs, continuaient à être soutenus, alors même que la preuve de l’incompétence de leur
gestion était faite, l’équité dans la répartition des tâches et des fruits du travail incertaine, des
équipements mal entretenus, défaillants, voire non utilisés par manque d’intérêt.
Ce qui frappe c’est que les moyens et les compétences qui y sont attachés sont là (l’outil),
mais que ce qui fait défaillance, ce sont les acteurs (la main), ceux qui font faire fonctionner
les outils, qui semblent les moins concernés et, encore les moins réellement impliqués.
L’important est de redonner force et vigueur au nécessaire binôme main/outil.
Ce qui frappe également, c’est que tous les acteurs du développement sont présents, à
l’exception du secteur privé, sauf à un degré insignifiant. Pourtant, l’entrepreneur privé
dispose de financements, d’expériences, de compétences. Il est capable d’initiatives,
d’innovation, disposé à prendre des risques pour faire fonctionner son activité, sous peine de
disparaître. Il a généralement besoin de matières premières pour les vendre en direct ou les
transformer.
On le constate avec les acheteurs qui viennent de Dakar pour s’approvisionner en mangues
auprès de producteurs de la région, producteurs qui semblent surpris de l’intérêt que l’on
attache à ces fruits qui se trouvent en abondance dans les vergers et dont ils ne savent que
faire. L’important est de savoir et de faire savoir que c’est le marché et les consommateurs
qui fixent les règles du jeu. Il ne sert à rien de fabriquer des produits qui ne seront pas
vendus. Comprendre le marché et les attentes des consommateurs est, certainement, la
première démarche que le producteur et le transformateur doivent entreprendre afin de
fabriquer les produits susceptibles de satisfaire au mieux ces attentes. Il paraît important
d’insister que le fait de négliger cette démarche limite considérablement les ambitions de
faire de la mangue et de ses possibilités de transformation des créneaux porteurs pour le
développement de la région.
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Il faut bien comprendre qu’habituellement c’est le marché qui tire le produit et rarement
l’inverse. Pour satisfaire l’acheteur, il convient de lui proposer des produits de qualité, sains
et à des prix attractifs et construire avec les commerçants qui achètent le produit et les
transformateurs un partenariat gagnant – gagnant où chacun fait appel à ses propres forces
et dépasse les faciles et démobilisantes assistances à espoir perdu, qui lui sont
habituellement proposées.
Devant ce constat, il convient de sortir des sentiers battus.
Sortir des sentiers battus, c’est voir la réalité en face, c’est avoir une vision globale du
territoire et de l’ensemble des filières de la production agricole, sur le plan local, mais
aussi avoir pleine conscience de l’âpreté de la concurrence nationale et mondiale.
C’est privilégier le facteur humain et le mettre au cœur du dispositif, et non l’inverse,
faisant appel à la richesse de sa culture, de ses traditions, de sa connaissance du milieu.
C’est distinguer les savoir-faire - le producteur produit, le transporteur amène à destination,
le vendeur commercialise, … - et considérer que chacun a sa compétence et n’est pas
en mesure d’en assumer avec efficacité une autre qui lui est étrangère.
C’est parler de « co-production » dans le cadre de partenariats PPP, où le rôle des
ONGs serait de renforcer et d’animer l’action, de manière transversale complémentaire, en
matière de réponses sociales et écologiques appropriées.
C’est considérer les savoirs traditionnels et le développement durable comme des
valeurs ajoutées économiques pour le développement et l’avenir du territoire.
L’ARD connaît bien l’ensemble de cette problématique et a les compétences pour faire
évoluer la gouvernance du territoire vers des systèmes de valeurs, qui concilient les valeurs
humaines qui rassemblent et les biens économiques qui se partagent, tout en réinventant les
liens entre le local et le global, dans le cadre d’une démarche participative et concertée.
ii. Recommandations et pistes stratégiques
Le marché national et international de la mangue, qui est en croissance constante, est un
marché exigeant sur la qualité et très concurrentiel sur les prix. La seule issue possible, si la
Région de Kolda souhaite se positionner pour la commercialisation de sa mangue fraiche sur
les marchés à l’exportation, est de proposer un produit irréprochable, exempt de maladie,
répondant
parfaitement
l’approvisionnement.
au
cahier
des
charges
du
conditionnement
et
de
Cette stratégie qui s’applique quelque soit la variété, signifie, au
préalable, une volonté des producteurs à s’organiser, à se professionnaliser et à investir
dans un travail méticuleux de plusieurs années.
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L’analyse des forces, des faiblesses et des opportunités commerciales pour la filière mangue
fraiche de Kolda nous amène à la conclusion qu’il y a « peut-être » des actions à conduire,
mais, il ne suffit pas de dire « qu’il y a des manguiers partout », il faut occulter cela et mettre
en place une machine de guerre stratégique avec la contribution de tous les services et
autres acteurs régionaux.
La Région de Kolda a commissionné IDS pour analyser et concevoir des pistes stratégiques
pour le développement d’une chaine de valeur de la mangue fraiche, la mangue transformée
et les sous-produits permettant de constituer une feuille de route opérationnelle du
développement territoriale agro-alimentaire.
L’ensemble des conclusions et recommandations issues de notre étude devrait permettre de
faire levier à un développement économique durable et, de manière spécifique de : i) rendre
les producteurs auteurs et acteurs de leurs projets et ses potentialités : ii) améliorer la
coordination de l’assistance extérieure, sous la direction unique et acceptée de l’ARD ; iii)
dynamiser la filière mangue et l’associer au développement des autres productions agricoles
; iv) mettre en valeur les sous-produits agricoles, y compris les déchets qui en résultent ; v)
créer des emplois pour la population locale et la jeunesse en particulier ; vi) favoriser
l’insertion des femmes dans l’économie ; vii) et, enfin, d’attirer des investissements PublicsPrivés dans une logique de responsabilité sociale (vis-à-vis des producteurs) et
environnementale (vis-à-vis des ressources naturelles).
La mise en œuvre de ses pistes serait être une co-production, débattue en concertation avec
les acteurs concernés : les producteurs, les entreprises GIE et associations, les autorités
locales, les services techniques, les opérateurs économiques, dans le but d’établir un
schéma directeur de l’ensemble des pistes définies à l’issue de la restitution de la présente
étude et de désigner les acteurs chargés de leurs mises en place suivant un calendrier
précis et du rôle des parties prenantes : politiques, bailleurs de fonds, investisseurs privés,
centres de recherches.
En effet, cette étude ne fait que proposer des « recommandations » et des « pistes », leur
concrétisation reposant sur l’Agence Régionale de Développement de Kolda, sa capacité à
coordonner l’ensemble des opérations et à mobiliser les acteurs de la filière, et notamment
les producteurs et le secteur privé. IDS et d’autres organismes et ONGS pourront être des
partenaires, à la demande, pour intervenir dans le cadre des recommandations ou dans le
cadre du lancement et du suivi de pistes mises en œuvre localement.
iii. Synthèse des recommandations et pistes pour la mangue fraiche
A. Recommandations :
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√
Prévoir un « Monsieur » ou « Madame Mangue », en lien avec l’ARD, pour s’occuper
à plein temps de la filière mangue, en termes de qualité, de développement et de
commercialisation.
√
Organiser une mission – visite de producteurs de Kolda dans des coopératives
agricoles de la sous région (Burkina Faso, Mali, Côte d’Ivoire).
√
Mettre un dispositif en place pour mieux connaitre et canaliser les très nombreux
intervenants extérieurs, autour de l’ARD, chef de file.
√
Etablir un lien avec les agents forestiers du Corps de la Paix qui interviennent en
appui aux producteurs et qui pourraient aider aux recensements variétaux.
B. Pistes :
Objectif 1 : Professionnalisation et fédération des acteurs de la filière.
Action 1 : Favoriser une professionnalisation des arboriculteurs, par le
renforcement des capacités techniques, la maitrise de la fonction récolte,
l’acquisition des notions de rentabilité d’arbres ou vergers…
Action 2 : Accompagner un échange interprofessionnel « Table filière », composé
des différents acteurs ayant chacun un rôle bien particulier : producteurs,
commerçants, grossistes, revendeurs,…
Objectif 2 : Mise en place d’outils techniques pour l’amélioration des vergers
traditionnels et greffés.
Action 1 : Mettre en place des techniques de conduite de lutte contre les
parasites et d’amélioration des conditions de collecte, en privilégiant les
possibilités de développement de l’agriculture biologique.
Action 2 : Réhabilitation des vergers traditionnels : inventaire pour une meilleure
connaissance et promotion de la production locale.
Action 3 : Renouvellement et création de vergers greffés (création de pépinières
et mise à disposition de plants certifiés).
Action 4 : Mise en place de vergers d’observation des variétés et techniques
culturelles (station expérimentale).
Objectif 3 : Mise en place de structures d’investissements
Action 1 : Favoriser une organisation des producteurs pour la commercialisation.
Action 2 : Mettre en place une petite unité de conditionnement simple pour le
marché intérieur en lien avec des commerçants (interprofessions locales et
régionales).
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Partant du constat qu’il existe des potentialités réelles pour le développement de la filière, il
convient de faire savoir que certaines variétés de mangues traditionnelles de Kolda peuvent
avoir une place sur le marché national et qu’il est nécessaire de conforter une production
orientée vers les variétés greffées destinées au marché intérieur et à l’exportation.
La première piste proposée concerne la professionnalisation et la fédération des acteurs de
la filière visant à la rénovation des périmètres arboricoles traditionnels, avec la mise en place
de systèmes de gestion de qualité des arbres et des fruits. Ce choix semble pertinent pour
répondre à la demande croissante de qualité du marché national et sous régional et, si cette
option est retenue, à celle du marché international, en concurrence à l’important
positionnement de la mangue greffée Kent et Keitt en provenance, notamment de Côte
d’Ivoire et d’Amérique latine. La Région abonde en mangues traditionnelles, dont la qualité
gustative est considérée comme très bonne. De surcroit, la mangue traditionnelle est, pour le
moment, quasiment épargnée, du fait de sa précocité saisonnière, de la menace que fait
peser la mouche du fruit sur les mangues Kent et Keitt. Cela étant, dans les étapes de mise
à niveau des périmètres arboricoles, il est néanmoins primordial de prévoir un système de
veille et de contrôle sanitaire afin d’éviter que la mouche des fruits prolifère dans la zone. Ce
point, comme ceux de la taille des arbres, les techniques de collecte, l’organisation des
producteurs, la nécessité de disposer de données et statistiques chiffrées fiables, les circuits
de distribution et la commercialisation, font partie des étapes de développement de la
stratégie proposée.
L’étape préalable pour la mise en place d’une stratégie de rénovation des périmètres
arboricoles traditionnels est l’approche « tables filières », modèle de concertation qui permet
de regrouper des partenaires publics et privés autour d'un même thème, traitant
d’un
secteur d'activité spécifique. Ces tables filières favorisent un resserrement du tissu
économique de l'agroalimentaire et permettent à l’ensemble des parties prenantes de
discuter des enjeux fondamentaux de leur secteur et de déterminer les meilleures voies de
développement du produit et de sa chaine de valeur.
La deuxième piste propose de mettre l’accent sur des techniques pour l’amélioration des
vergers traditionnels et greffés dont l’une des sous actions est la mise en place de vergers
d’observation des variétés et des techniques culturales « station expérimentale » (Action 4).
L’objet serait de sauvegarder les variétés fruitières traditionnelles, à travers des plantations
contrôlées par des paysans et des techniciens agronomes. Les résultats de cette sélection et
des travaux qui la sous-tendent, sont autant d’atouts pour l’amélioration des productions en
termes de goûts, de couleurs, de résistances aux maladies, d’adaptation à la diversité des
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sols et leur proposition et la création de marchés rémunérateurs, répondant à la fois aux
attentes des consommateurs et à la promotion d’un terroir local.
La troisième et dernière piste concerne l’installation de structures d’investissements dont
un centre de conditionnement pour satisfaire à un marché de mangue fraiche qui sera
toujours plus exigeant tant sur le marché intérieur qu’à l’exportation. De plus les exigences
toujours plus grandes pour certaines certifications (Global Gap, Agriculture Biologique)
demandent certaines conditions minimum (normes HACCP, …) qu’aucune structure locale
n’est pour l’instant en mesure de satisfaire. Cette plateforme de réception et conditionnement
peut être un bâtiment simple, équipé de matériels de base qui, dans un premier temps, sera
une base test et servira à d’autres utilisations (mangues et autres fruits transformées).
La mise en place des investissements et l’organisation - professionnalisation des
producteurs ouvriront à terme des possibilités pour œuvrer vers une certification des
plantations. L’une des possibilités est la mise en place d’un label « terroir ». En s’inspirant de
la démarche des Indicateurs Géographiques de Produit, l’adoption d’un cahier des charges
distinctif d’origine qualité donnerait de la valeur ajoutée au produit, le rendrait facilement
reconnaissable et en même temps, apporterait aux producteurs une fierté vis-à-vis de leurs
produits, « d’origine Casamance ». Un autre créneau à terme serait l’agriculture biologique
("organic farming"). L’agriculture biologique est en nette progression. : de 2000 à 2007, le
nombre d’exploitations a été multiplié par cinq et la superficie a triplé. Par ailleurs, la
production biologique aura comme effet de réduire les coûts de production (moins d’intrants),
de préserver l’environnement (qualité des sols, qualité de l’eau) et enfin, de limiter les
impacts nuisibles à la santé des paysans. De plus, elle est en mesure de stimuler le
développement rural, de créer des revenus et des emplois et de mettre en valeur les
connaissances et savoir traditionnels locaux. Il est également possible de viser la mise en
place d’un label « Bio Equitable ». Ce label est un outil complémentaire qui offre un accès au
produit sur des niches d’import en France et Europe, tout en renforçant la vision des
producteurs de leurs qualités de travail et de produit. Cela étant, la production d’un
produit « Bio » et « Équitable » est un processus contraignant, exigeant et coûteux.
Enfin, la mise en œuvre de la stratégie pour la mangue fraiche reposera avant tout sur
l’autorité publique régionale et les Directions et Services agronomiques concernés. Ainsi, les
producteurs, les transformateurs et les universités et centres de recherches (ISRA, ITA,
CIRAD) seraient parties prenantes partenaires, ainsi que les partenaires de la coopération
internationale, car le développement d’une agriculture traditionnelle et respectueuse de
l’environnement (biologique) figure dans leurs objectifs de travail.
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iv. Synthèse des recommandations et pistes pour la mangue transformée
Dans la Région de Kolda, le secteur de la transformation demeure mal connu et concerne
avant tout le séchage de la mangue. À partir des divers entretiens réalisés, les premiers
constats sont que :
§
les unités de séchage de la mangue dans la Région de Kola ne sont pas en mesure
d’assurer la qualité du produit final ;
§
l’unité la plus « avancée » sur le plan organisationnel, GIE Nangue Fouladou, malgré
le soutien financier et technique accordé depuis plusieurs années, n’a pas montré sa
capacité à promouvoir correctement son activité et que le choix de ce GIE pour
accueillir et diriger l’unité moderne de séchage de mangues n’apparaît pas
souhaitable, sauf à revoir entièrement les conditions de sa gouvernance et la
composition de son équipe dirigeante.
Pour le développement de la mangue transformée, l’objectif retenu est de professionnaliser
la filière et la rendre rentable et pérenne en mettant en place des unités de transformation
performantes et en donnant plus de poids au facteur humain. En effet, les expériences
constatées sur le terrain ont montré des défaillances du fonctionnement liées à la non
hiérarchisation des compétences, au manque d’appréciation de la qualité et à l’absence
d’une stratégie de commercialisation. Côté rentabilité, l’absence de coopération entre les
différents producteurs agricoles ou agro-pastorales est intenable sur le plan économique :
une unité de transformation doit fonctionner toute l’année, d’où la nécessité de
traiter
plusieurs fruits et de s’intéresser à plusieurs types de débouchés. À ce titre, les
professionnels du secteur laitiers dans la Région de Kolda sont dynamiques et pour certains,
prévoient dans leur stratégie de développement de renforcer les équipements au niveau des
unités de transformation et de faire la promotion de nouveaux produits.
Mais, il faut savoir que s’il existe les potentialités pour développer la valorisation et la
transformation de filière manque, le préalable pour la réussite de toute stratégie est la
réhabilitation des périmètres de production, premier maillon de la filière. De cette étape
stratégique, toutes les autres étapes en découlent.
Enfin, pour atteindre les objectifs de professionnalisation et d’un développement pérenne,
nous préconisons de mettre l’accent sur des business plans pour l’évaluation des besoins, la
gestion et de la rentabilité sur le long terme.
A. Recommandations :
√
Faire l’inventaire-étude de la demande potentielle des entreprises régionales basées
à Kolda, et notamment des entreprises laitières, susceptibles d’être les premiers
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
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clients des produits transformés. Ces dernières, compte tenu des moyens techniques
dont elles disposent, peuvent participer à la production de pulpe, soit pour être
intégrée dans leur production (yaourts) et commercialisée sous d’autres formes (laits
de fruits, smoothies, barres énergétiques,…) pour d’autres marchés.
√
Faire l’inventaire-étude des autres productions fruitières, comme l’anacarde, la
banane, la goyave, la papaye et l’arachide (lieu de production, quantité, degrés de
transformation,… ) pouvant être incluses dans le circuit de distribution des produits
de la mangue transformée.
√
Étudier les débouchés possibles sur les entreprises familiales de Maghreb, qui
exportent des produits agricoles (dates, citrons vert,… ) sur le marché sénégalais et
qui pourraient être intéresser à importer, en retour, des produits sénégalais prêts à
consommer comme la mangue séchée, la banane séchée, l’anacarde … .
B. Pistes :
Objectif 1 : Professionnaliser la filière et la rendre rentable et pérenne
Action 1 : Renforcer et améliorer les GIEs de la transformation de la mangue
séchée et d’autres produits grâce à l’expérience de l’entreprenariat dans le cadre
de partenariats PPP.
Sous- Action 1 : Un appui à la mise en place des unités de transformation
pour la mangue séchée et d’autres fruits séchés.
Sous -Action 2 : Un appui à la même démarche pour la confiture et la pulpe de
mangue, en collaboration avec les GIE du secteur laitier dans la production
des yaourts à base de fruits.
Action 2 : Renforcer et améliorer l’existant par la mise en place d’une unité
industrielle moderne s’orientant vers un partenariat Public-Privé.
Action 3 : Mettre en place une structure pour assurer la promotion et le marketing
des produits.
Pour le renforcement de la transformation dans des petites unités professionnelles,
•
La Sous-Action 1, l’unité de transformation de la mangue séchée concerne
directement les GIEs du Département de KoldaS regroupéS au sein de la fédération
Naangue Fouladou, en se servant de l’unité modèle mise en place à Thiès par l’ONG
Performance Afrique (mais utilisant des séchoirs à ventilation forcée), de leur appui
en gestion technique interne, et en s’appuyant sur un management compétent et
responsable et d’une démarche commerciale forte.
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•
La Sous-Action 2 prévoit une collaboration avec le secteur laitier. La raison en est
que les entrepreneurs disposent, au sein de leurs unités, d’avantages en termes
d’équipements de production (système de froid, pasteurisation, conditionnement), et
de notoriété leur permettant de faire connaître leur produit dans un circuit de
distribution existant. De plus, deux laitiers rencontrés dans la région de Kolda et un
client à Dakar nous ont informés que la demande nationale en produits laitiers
dépassait l’offre et qu’il existait une demande pour les yaourts à base de fruits.
La deuxième action propose la mise en place d’une unité industrielle moderne dans le
cadre d’une démarche
de partenariats Publics-Privés, reposant sur l’objectif de
développement des produits semi transformés et transformés diversifiés en quantité et en
qualité et à des prix compétitifs, répondant aux cahier des charges de production et
sanitaires des acheteurs. Un tel partenariat pourrait s’organiser autour de la construction
d’une unité moderne de transformation, qui viendra compléter l’unité de conditionnement de
la mangue fraiche. Cette unité se présentera sous une forme modulable. Dans un premier
temps, un des modules concernera la transformation de la mangue séchée. Elle pourra se
compléter d’un module de transformation de pulpe en jus, confitures, vinaigre, …. Et, en cas
de validation de la piste, d’un module de fabrication de beurre de mangue et, dans le
meilleur des cas, de produits cosmétiques.
A travers un partenariat Public Privé, il serait possible d’innover et de diversifier l’offre des
produits (mangue séchée, pulpe, confiture, jus, voir beurre de mangue,…) et de capter les
niches à plus forte valeur ajoutée dans l’export sur le marché national, sous régional et
international, tout en sachant que le processus de mise en œuvre est complexe et nécessite
beaucoup de dynamisme de la part des autorités et services techniques régionaux. Les
entreprises rencontrées à Dakar nous disent que
si les conditions sont bonnes, elles
seraient « intéressées ».
Le schéma de montage du partenariat Public – Privé pour la mangue transformée est
comme suit :
§ Mettre en place un schéma directeur.
§ Diagnostiquer/Analyser
la
faisabilité
et
les
ressources
existantes :
pré-étude
d’opportunité.
§ Améliorer les performances des séchoirs existants, notamment ATESTA (voir en
annexe technique).
§ Établir un programme des besoins fonctionnels.
§ Mettre les budgets en comparaison pour anticiper les coûts.
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§ Analyser la grille de partage des risques et avantages (les conditions financières,
sociales et environnementales).
§ Mettre en place un organigramme des missions.
§ Mettre en place un cadre contractuel.
Enfin, comme il est difficile de maîtriser toute la chaine de valeur si on n’a pas les ressources
humaines et les compétences associées, il est recommandé la mise en place une structure
de type « agence » pour le promotion et commercialisation de la mangue et ses sous
produits. La commercialisation toute comme la gestion financière (absence de business
plan) et la qualité (non connaissance des attentes des clients) est un maillon faible dans les
unités de transformation. Ainsi, cette troisième action « marketing » vise à une vraie
stratégie commerciale. Le premier étape serait la mise en place, au sein au de l’Agence
Régionale de Développement et en lien avec la Chambre de Commerce et d’Agriculture,
d’une division commerciale composée de professionnels qui se chargeront de la promotion
et de la vente des mangues et des sous produits de la mangue au niveau local et extérieur,
ainsi que d’organiser des évènementiels sur Kolda et dans la sous région jusqu’à Dakar. Un
PPP avec des agences de marketing de la capitale peut être aussi envisagé pour le choix
d’emballages attractifs et pour des moyens de communication et de vente des produits : le
développement de « e-commerce », l’organisation de dégustation et des évènementiels
visant à créer des liens commerciaux.
v. Synthèse des recommandations pour les sous-produits
A. Recommandations :
√
En collaboration avec le CIRAD1 et le PERACOD, engager une étude sur les
productions énergétiques à partir des déchets de mangues, y compris le noyau.
√
Préparer un cadre légal de PPP précisant les conditions favorables accordées par la
Région de Kolda aux investisseurs privés.
√
Mise en place d’une certification Ecocert et un label de « terroir » à base de la
démarche IGP Indicateur géographique de Produit.
√
Mise en place d’une démarche afin d’adhérer au label « Bio Equitable » qui s’inscrit
dans une approche « filière » de qualité environnementale et sociale.
1
Le CIRAD est un centre de recherche français. L’unité de recherche Bio Masse Energie mène des recherches sur les
procédés de valorisation thermochimiques de la biomasse pour la production de combustibles, la génération d'électricité
décentralisée ou encore la production de biocarburants, avec le souci de minimiser l'impact des procédés sur le milieu naturel.
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26
B. Pistes :
1. Le beurre de mangue : Créer une filière de transformation pour la cosmétologie.
2. Le compost : Valoriser les déchets en créant une filière de production de compost.
3. La carbonisation : Valoriser les déchets en produisant du méthane de compost.
Pour la première piste, le choix du créneau porteur sur l’amande du noyau de la mangue,
transformée en beurre repose sur cinq critères de choix: i) la disponibilité des noyaux de
mangue ; ii) l’intérêt de réduire ces déchets – les pertes sèches liés aux fruits abimés et/ou
transformés ; iii) les qualités nutritives et cosmétiques du produit ; iv) la simplicité de la
technologie de transformation ; v) la réussite promise pour ce produit, à rapprocher à celle
obtenue par le beurre de karité, aux qualités proches et qui est très demandé par l’industrie
de la cosmétologie : les qualités nutritives du beurre de mangue sont celles de toutes les
graisses végétales. Globalement, il a des effets adoucissants, anti desséchants et
protecteurs. Il peut alors être commercialisé « pur beurre de mangue », si pressé à froid,
sans additif ou rejoindre la composition de produits comme les shampoings ou les crèmes
par exemple. Il peut aussi être intéressant pour l’industrie chocolatière comme substitut du
beurre de cacao. En effet, l'Union européenne a autorisé l’incorporation des huiles végétales
comme substitut au beurre de cacao dans les chocolats à hauteur de 5%.
La deuxième piste est la mise en place d’une filière de production de compost.
Actuellement, aucune utilisation n’est trouvée à la pulpe de mangue des fruits non ramassés,
qui pourrissent dans les vergers, ou refusés dans la chaîne de commercialisation, ainsi
qu’aux épluchures résultant de la transformation. Ces déchets pourraient être utilisés pour la
fabrication de compost, destiné à engraisser les jardins maraichers et les vergers. La
collecte de ces déchets serait complémentaire à celle des mangues, dont l’utilisation du
noyau servirait à la fabrication de beurre. La fabrication de compost est simple et ne réclame
pas de moyens techniques importants et de compétences particulières.
Enfin, la troisième piste est celle de la carbonisation. Les noyaux de mangues et les
coques résiduelles pourraient servir de matière combustible pour les foyers domestiques.
Ces résidus peuvent être utilisés directement comme énergie dans les foyers domestiques
ou transformés en charbon de bois. Les contacts entrepris avec les techniciens de
PERACOD et avec les experts au CIRAD ont montré que cette orientation était possible.
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PARTIE 1 – CHAPITRE INTRODUCTIF Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
28
1. Le contexte de la mission 1.1 La mission Cette étude a été commanditée dans le cadre de la coopération entre le Royaume
d’Espagne et la République du Sénégal, et du programme d’Appui au Développement
Local (PROADELKO), démarré mi-octobre 2011. Ce programme répond aux grandes
stratégies nationales de réduction de la pauvreté (DRSPII, SCAC) de développement
agricole (LOASP). Il cible les Collectivités dans l’ensemble de la région de Kolda. Il
s’intègre dans les stratégies du Plan Local de Développement, qui constitue l’outil de
référence de la planification locale et le document référence d’orientation stratégique et
prioritaire. Sa définition et sa mise en œuvre reposent sur le renforcement de la
gouvernance et la démocratie participative afin que les acteurs locaux se considèrent
réellement impliqués dans leur propre développement.
En ce sens, l’ARDK a décidé de mener un état de lieux des acteurs et des potentialités
du territoire en termes de production, de transformation, de commercialisation et de
vente des produits agricoles de trois filières : le riz, le maïs et la mangue. Les résultats
de l’analyse diagnostique devraient aboutir à l’élaboration d’un plan d’action pour le
développement d’activités économiques fondées sur ces filières et créneaux porteurs.
Pour les aspects opérationnels du plan d’action, il est prévu d’établir des relations de
partenariat avec les projets et programmes les plus actifs en la matière.
L’Agence Régionale de Développement (ARD) de Kolda a confié à l’ONG Initiatives de
Développement Stratégique (IDS) la tâche de « l’approfondissement des études sur la
filière mangue et les créneaux porteurs » visant à la mise en place d’un Programme
d’Appui au Développement Economique Local, dont l’objectif principal est le
développement économique de la Région de Kolda dans son ensemble.
1.2
L’objet de l’étude Il s’agit d’une étude de la filière mangue et des créneaux porteurs, dont l’objet est
l’identification des pistes stratégiques opérationnelles susceptibles de dynamiser la
filière et d’attirer des investisseurs dans un cadre Partenariat Public-Privé et de création
d’emplois, surtout pour les jeunes.
Pour chaque piste proposée, il s’agira de viser à la création d’une valeur ajoutée à
chaque niveau des opérations par l’amélioration de la qualité, des techniques de
production, de la logistique et du marketing.
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La prise en compte des critères de développement durable favorisera l’innovation
technologique et la maîtrise des Meilleures Technologies Disponibles (MTD/MDP),
comme les énergies renouvelables et la valorisation des déchets issus de la production.
Enfin, dans un souci de pérennité, l’étude doit également tenir compte de la grande
difficulté dans laquelle se trouvent les populations locales : les producteurs sont
pauvres, désorganisés, loin du marché, … et leurs vergers peu entretenus. Pour faire
face aux ces difficultés, les propositions stratégiques s’appuieront sur une approche
participative susceptible de remobiliser les acteurs, de les responsabiliser à leurs
problèmes et de les amener à les résoudre, par eux même et pour eux même, selon leur
perception, leurs méthodes et leur compréhension de leur environnement humain et
physique. Nous considérons le « facteur humain » comme l’élément premier et clé
de la réussite.
1.3
La méthodologie Notre étude a été mené sur la base de la collecte et l’approfondissement des
informations et des données existantes sur le marché : études, rapports, articles,
comptes rendus de forums,… et des rencontres avec les acteurs concernés de près ou
de loin par la filière : les importateurs, les distributeurs, les producteurs, les centres de
recherches, les techniciens de projets, les responsables politiques et institutionnels, les
acteurs économiques de tout bord.
L’approfondissement des études et des informations existantes portait sur les politiques
agricoles générales, le marché, les systèmes de production, les technologies de
transformation, les projets de coopération, les mécanismes de financement, le secteur
privé, les certifications et labels et le marketing des produits.
Les enquêtes de terrain ont été menées en France et au Sénégal.
En France, il a s’agi d’aller à la rencontre des importateurs, producteurs,
transformateurs ou distributeurs de la mangue et d’autres fruits qui se retrouvent sur un
même créneau porteur, en s’intéressant, avant tout, aux attentes et critères de choix de
ces entreprises et autres clients de la mangue fraiche et transformée. Est-ce qu’ils
connaissent la mangue de Sénégal ? Est-ce qu’ils l’apprécient ? Quels avantages et
désavantages trouvent-ils dans la mangue sénégalaise par rapport aux mangues
d’autres provenances ? Connaître le cahier des charges des acheteurs et comprendre
leurs exigences a constitué le cadre de notre analyse et de la conduite de nos enquêtes
de terrain car ce sont « leurs » critères, qui permettent de comprendre les contraintes du
marché et de cerner le possible positionnement de la mangue de Kolda.
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30
De même, des enquêtes étaient menées auprès des utilisateurs des sous-produits de la
mangue, comme le beurre de mangue ou des produits similaires, surtout le beurre de
karité pour la cosmétique, la pharmaceutique, les crèmes de beauté, les shampoings,…
les interroger sur le degré d’information qu’ils avaient sur ces sous-produits et connaître
leurs contraintes et conditions d’approvisionnement, dans la mesure où une demande
pour le beurre de mangue existait.
Au Sénégal, l’enquête sur la mangue fraiche était menée prioritairement à Kolda,
auprès des producteurs, des services techniques et des responsables politiques locales,
des organisations de coopération internationale, mais aussi à Ziguinchor et à Thiès
(autres zones de production) et à Dakar (où se trouvent les centres de recherche, les
bailleurs de fonds, les sièges des agences de coopération et les entreprises d’export).
L’objet était de connaître les différentes perceptions des expériences menées par
rapport à la mangue et ses différentes variétés à Kolda. Est-elle bonne ? Quelles sont
les principales difficultés liées à la production et la commercialisation ? Peut-elle mieux
se développer pour renforcer sa position sur le marché et, si oui, dans quelles conditions
préalables ?
Notre enquête sur les produits issus de la transformation de la mangue fraiche a été
menée auprès des unités de transformation dans l’arrondissement de Dioulacolon dans
la Région de Kolda et, puis, auprès des unités de transformation à Thiès et à Dakar. Des
entretiens ont également eu lieu avec les centres de recherche, tels ISRA, ITA, CIRAD
et avec l’ONG-bureau d’étude Performance Afrique, directement impliquée dans la
valorisation de la mangue dans plusieurs communautés rurales dans la région de Thiès
et de Casamance. L’objet, pour ce qui concerne la valorisation de la mangue, était de
savoir comment les unités fonctionnent, qu’est-ce qu’elles produisaient, pour quelles
clientèles et si elles étaient performantes.
Notre enquête a, également permis de constater que des pistes existaient pour la
transformation de l’amande du noyau en produits cosmétiques (contacts avec la Maison
du Karité) ou pour sa carbonisation en vue de produire de l’énergie (contacts avec
PERACOD et CERER).
A cela s’ajoute :
-
la prise en compte d’autres filières qui peuvent entrer sur le même circuit de
transformation et de commercialisation ;
-
la prise en compte de la filière lait, qui est très développée dans la Région et en
augmentation croissante ;
-
la prise en compte des expériences et des acquis, réussites ou échecs, des
multiples initiatives et projets existants pour ancrer la stratégie dans la réalité
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31
sociale, économique et institutionnelle locale. Un travail de benchmarking des
projets et expériences dans la filière mangue a permis de proposer une stratégie
en connaissance de cause, se voulant différente et innovante.
À l’issue de la phase enquête, la méthodologie a consisté à rechercher où se trouvaient
les goulots d’étranglement ? Au niveau humain, financier ou technique ? Au niveau de
stratégies appliquées ? Au niveau de la gestion des activités ? Au niveau de la capacité
et de la motivation des gens à prendre en charge leur développement ? Et d’identifier les
pistes de développement stratégique qui paraissaient les plus pertinentes au regard des
objectifs de la Région de Kolda.
1.4
Les difficultés, les limites de l’étude L’étude a été commanditée pour apporter des propositions permettant de trouver des
solutions pour le développement d’une filière mangue rentable. Les difficultés et limites
de cette démarche sont néanmoins considérables et se trouvent à tous les niveaux.
La prise en compte des autres produits et niches agricoles : La commande qui nous a
été faite est de proposer des pistes pour le développement de la seule filière mangue,
alors qu’elle procède de la même logique stratégique des autres filières de produits
similaires et font appel aux même besoins logistiques.
Les limites temps de l’étude : L’étude n’a duré que 6 semaines, dont 3 semaines in situ.
- Bien que trois personnes se sont déplacées dans l’équipe et ont travaillé à plein temps,
l’équipe aurait souhaité consacrer plus de temps aux rencontres avec les divers
décideurs, à la visite des projets, …, tout aussi bien dans la Région de Kolda, dans les
autres régions du Sénégal, que dans les pays de la sous-région, concernés par la filière
mangue, comme la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Mali, la Guinée, ..
L’expérience et le rôle des entreprises : Ils sont considérés cruciaux pour la plupart des
pistes. Plus de temps aurait enrichi l’étude en permettant aux entreprises, citées dans
l’étude comme partenaires potentiels, de se rendre sur place, de rencontrer les divers
décideurs et d’avoir une connaissance plus approfondie du contexte local et plus
pertinente que celle fondée sur les seules informations que nous leur avons fournies.
1.5
Les résultats L’approfondissement des études et les enquêtes de terrain ont donné lieu à l’élaboration
de plusieurs pistes stratégiques pour la filière mangue fraiche, transformée et sousproduits et d’un cadre opérationnel pour toutes les opportunités de production et de
valorisation retenues et avec les moyens techniques, humains, financiers, et partenarial
(secteur privé) requises pour lancer et mener l’action, sous l’autorité de l’ARDK.
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32
PARTIE II – ANALYSE DES FILIERES ET DES CRENEAUX PORTEURS Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
33
CHAPITRE 1 – LA MANGUE FRAICHE -­‐ La filière et ses potentialités 1. Approfondissement des études sur le marché 1.1 Comprendre le marché international La carte agricole de la Région de Kolda donne, uniquement sur le plan de ses
potentialités, une image de ses richesses. Elle est la deuxième région agricole du
Sénégal, la deuxième région pastorale, la première région céréalière et productrice de
bananes, la troisième région pour l’arachide, la première région cotonnière, la deuxième
région dans la production de mangues, derrière Thiès,… Pourtant, les exploitations
agricoles familiales de la région de Kolda se caractérisent par leur pauvreté.
Le Sénégal est actuellement le deuxième producteur de mangues de la sous-région,
après la Côte d’Ivoire. Le marché à l’exportation de la mangue est dominé par la Kent et
la Keitt, deux variétés très prisées.
Pour le moment, la filière mangue est le fait de petits producteurs sans moyens et, par
les gros industriels, dont certains possèdent des vergers et exportent vers l’Union
européenne. Les annonces médiatiques, dans les quotidiens et revues spécialisés
comme IFLEX ou Antenne Afrique, nous disent que « la mangue sénégalaise dispose
d’un atout sur ses concurrentes du monde »2 . Ainsi, les producteurs fondent beaucoup
d’espoir sur la filière qui tire l’essentiel de sa production de la Casamance naturelle.
De nombreuses sources situent la production annuelle de la mangue au Sénégal entre
60 000 à 80 000 tonnes. La part de Kolda s’élève à 16 500 tonnes contre 12 000 pour
Ziguinchor, 25 000 tonnes pour Dakar et Thiès, 5 000 pour Tambacounda et 1 500
tonnes pour Fatick et Kaolack réunies. Toutefois, le manque de fiabilité de ces
chiffres, y compris pour la connaissance précise de la production koldaise, ne permet
de faire des comparaisons instructives.
L’important reste de savoir si le producteur (ou plutôt, le propriétaire du verger) connaît
sa production, en qualité comme en quantité, et s’il est en adéquation avec le marché
qu’il va trouver. À cela, s’ajoute le fait que le producteur est isolé et qu’il ne peut s’en
sortir, seul, sans organisation structurée, qui l’informe sur la réalité des prix et le
soutienne dans son action de commercialisation.
2
FruiTrop avril 2012.
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34
Cela est important, car, le marché est aléatoire, plein d’embûches et a ses concurrents
et ses interdépendances. Il faut savoir que ce sont les sociétés commerciales d’import,
qui décident du destin des produits, des choix d’approvisionnement, des prix, des délais
et des quantités achetées. En face de ces importateurs, les distributeurs ou grossistes,
dotés d’un portefeuille d’exigences de leur clientèle bien précises, représentent la force
de vente et l’ensemble des intermédiaires, qui ont un rôle à jouer et qui prennent leur
marge au passage. À cela, s’ajoutent les incertitudes liées aux événements climatiques
et politiques. La crise en Côte d'Ivoire, par exemple, a créé une paralysie des secteurs
logistiques et bancaires, entrainant un approvisionnement mal maîtrisé, et une mise sur
le marché chaotique. Le Burkina Faso et le Mali, largement tributaires, en ont souffert.
Le commerce de la mangue peine aujourd’hui à trouver un équilibre sur le marché européen.
Les crises que connaît l’approvisionnement européen proviennent de deux sortes de
configuration :
- La première réside en un excès de livraisons remettant en cause le précaire équilibre
offre/demande.
- Le deuxième dans un excès de l’offre qui intervient traditionnellement durant les périodes
charnières d’approvisionnement, lorsqu’une origine achève sa campagne d’exportation et qu’une
nouvelle provenance émerge.
Les origines « secondaires » ne font qu’accentuer les mécanismes de surcharge ou de déficit de
produit.
FRUITROP - Février 2009
Les producteurs de Kolda doivent être en mesure d’évaluer leur capacité à se
positionner sur ces marchés très concurrentiels, multi-pays et multi-acteurs, en
fonction des différentes cibles internationale, nationale ou régionale, qu’ils
souhaiteraient aborder. Quels que sont les objectifs recherchés, ils doivent
comprendre que c’est toute une entreprise qu’il faudrait mettre en place, structurée,
professionnelle, avec un compte prévisionnel réaliste, prenant en compte les vrais coûts
de production et de commercialisation et le meilleur montage financier. Autant de défis à
relever auxquels il faut ajouter la nécessité d’un prix rémunérateur, pour un produit livré,
en respectant le cahier des charges des clients, en termes de qualités recherchée, de
quantités fournies et des délais.
Dans ces conditions, il est donc bien difficile d’imaginer, en l’état actuel, une
entrée de la mangue de Kolda sur le marché international.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
35
1.2
Le marché français Au niveau des importations, c’est à partir du Marché de Gros Rungis à Paris que les
produits sont dispatchés en direction des marchés de gros régionaux. A chaque niveau,
le volume est impressionnant : au Marché de Gros de Lyon-Corbas, plus de 300 000
tonnes de marchandises transitent chaque année, desservant plus de 2500 clients pour
la seule région Rhône-Alpes. D’après Pierre GERBAUD, « Il y a un créneau pour le
Sénégal du juin à aout, mais il faut résoudre le problème de la maladie de la mouche qui
nuit à la réputation de la mangue sénégalaise. Aussi, il faut savoir que le système est
aujourd’hui dominé par deux ou trois grandes entreprises industrielles sénégalaises,
alors il faudrait savoir faire avec ».
D’après nos enquêtes, l’origine Sénégal est connue sur le marché français. Son
avantage principal est que sa production est décalée par rapport aux autres pays.
Cependant, les mangues se vendent le mieux pour des évènements festifs (Pâques et
Noël), périodes où il n’y a pas d’offre de mangue sénégalaise.
L’un des problèmes le plus souvent cité est le risque sanitaire et notamment, celui causé
par la mouche des fruits et les fongicides, entrainant le refus de cargaisons complètes et
minant, de ce fait, la bonne réputation de la mangue sénégalaise. Toute l’Afrique de
l’ouest est concernée par ce fléau. Les contrôles aux frontières sont très importants et,
pour l’instant, si le problème du contrôle de ce parasite n’est pas résolu, il semble
illusoire de fonder une politique sur ces destinations. Avant tout, il faut régler ou atténuer
le problème de la mouche.
Selon l’avis d’un distributeur au Marché Gros de Lyon-Corbas :
Il y a deux marchés pour les mangues : les mangues « ready to eat » et les mangues « à point ». Pour
les mangues « ready to eat », il faut tout vendre dans la semaine.
La variété KENT est demandée par tous. La variété Amélie, personne n’en veut.
Souvent, on commande d’autres importations avec la mangue comme les avocats, les pommes,… Je
vends 100 colis de 600 Kg de mangue fraîche en trois jours,… j’achète les mangues péruviennes
importées en avion à 6/6,50€ le kg ; ce sont des KENTs… les mangues africaines se vendent à 3/3,50 €
le kg – importés bateau.
Les meilleures mangues africaines viennent du Sénégal et du Mali, mais, ils ont arrêté les imports
d’Afrique, car trop de problèmes de maladies (la mouche,…) Un autre désavantage est que la saison
africaine commence début mai, tandis que c’est le début des fruits rouges en Europe – donc il y a moins
de demande pour la mangue
Les autres sources sont: L’Australie qui exporte une mangue de bonne qualité ; la variété R22 ;
Thaïlande – la mangue jaune en hiver ; l’Espagne commence à se positionner. Le marché de bio ne
fonctionne pas trop – problème de maladies – anthracnose
Corbas, avril 2012
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
36
1.3
La concurrence des pays-­‐acteurs 1,2 million de tonnes sont échangées à travers le monde. Ce chiffre est à mettre en
parallèle des quelques 39 millions de tonnes produites, dont beaucoup pourrissent sur
les arbres !
Près de 80 % de l’approvisionnement du marché européen repose sur cinq origines
majeures de poids inégal : le Brésil (40 %), le Pérou (17 %), Israël (7 %), la Côte d’Ivoire
(7 %) et le Pakistan (6 %).
Les autres origines interviennent en complément de cet approvisionnement : Porto Rico,
le Sénégal, le Costa Rica, le Mali, l’Equateur, le Burkina Faso, l’Afrique du Sud et, plus
récemment l’Espagne et Israël.
Le Brésil : En dépit d'une légère réduction de ses exportations en 2011, le Brésil conserve son
rang de premier fournisseur de l'Union européenne avec 24 à 25 000 tonnes. Seule origine à
fournir des mangues tout au long de l'année, le Brésil a expédié ses produits régulièrement.
Le Pérou : Avec près de 14 000 tonnes de plus, la campagne 2010-11 du Pérou s’est déroulée
avec un mois et demi de décalage. La campagne s’est prolongée jusqu’au début mai 2011,
presque un mois plus tard que l'année antérieure où les arrivages avaient cessé mi-avril. Il
s’agissait des fruits en trop grande quantité et de qualité médiocre, présentant fréquemment des
« coupes noires » et des développements fongiques.
Le Mexique a également accentué sa présence parallèlement au développement de la
campagne d'Israël.
Le Maroc : L'émergence de ce pays, avec des quantités restreintes cette année, est venue
conforter sa position « origine du Bassin méditerranéen », dont les volumes ont dépassé ceux en
provenance d’Afrique subsaharienne.
Le Bassin méditerranéen, en évolution, fait partie des nouveautés de l'approvisionnement
européen de la mangue.
Les exportations d'Espagne et d'Israël s'inscrivent dans un profil ascendant. Elles bénéficient
également d'un atout capital : la proximité des marchés destinataires.
Le Sénégal : Malgré un retour plus conséquent sur le marché, en 2011, les fruits sénégalais
souffrent encore d'un manque de fiabilité en raison de problèmes qualitatifs ; Leur échelonnement
dans le temps a permis une liaison avec la reprise des exportations brésiliennes, fin août/début
septembre et le démarrage de la campagne espagnole.
Source FRUITROP
Les exportations de mangue d’Afrique de l’Ouest sur les marchés européens ont baissé
de près de 20% en 2008 : 23 0000 tonnes contre 28 000 en 2007. Cette baisse est
imputable principalement à la réduction de volumes de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du
Burkina Faso. Une production excessive, un nombre d'opérateurs trop important pour
une maîtrise acceptable du marché constituent, sans nul doute, des facteurs de
perturbation.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
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1.3
Zoom sur deux pays producteurs africains 1.3.1 Le Burkina-­‐Faso Ø Aperçu de sa position comme pays exportateur
En 1999, le Burkina exportait moins de 150 tonnes de mangues. Aujourd’hui, en termes
de volume, l’année 2010 était une année record d’exportation avec des volumes qui
oscillent autour de 3 000 à 3 500.
La plupart des mangues produites au Burkina n’étaient pas des variétés forcément
destinées à l’exportation. Le marché intérieur a absorbé à lui seul plus de 30 000 tonnes
de mangues fraîches en 2008, soit près de 50 % de la production
Le Burkina Faso est le quatrième fournisseur d’Afrique de l’Ouest, avec environ 10 %
des mangues de la zone. Il a exporté plus de 2 000 tonnes en 2008, se positionnant à la
11ème place des fournisseurs du marché européen. L’essentiel de la production de
mangues est destinée à l’exportation vers des pays, tels que le Niger, le Ghana, la
Libye, le Liban, le Maroc et l’Europe, principalement la France.
La culture de la mangue rapporte plus de 30 milliards de FCFA par an aux producteur.
Le kilogramme de la mangue à l’export s’est vendu en 2010 à 110 francs CFA contre à
peine 75 francs en 2009.
Mais la filière souffre d’un manque de compétitivité. Le traitement post-récolte reste trop
cher et les coûts logistiques ne sont pas négligeables. La concurrence de la Côte
d’Ivoire et du Mali, expédiant à la même période, est également une entrave à
l’augmentation des volumes.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
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Ø Aperçu de sa stratégie production et de commercialisation
Les superficies plantées s’étendraient sur 12 000 hectares et la production serait
estimée à 71 000 tonnes pour la campagne 2008, mais il n’existe pas de statistiques
nationales fiables.
Les méthodes culturales sont rudimentaires et similaires à celles des autres pays
producteurs de la sous-région : peu ou pas d’intrants et pas d’élagage. Les rendements
à l’hectare sont faibles, compris entre 5 et 7 tonnes.
Du fait de sa situation géographique et de la perméabilité des frontières, la production
de mangues exportables de la région de Bobo-Dioulasso a longtemps été exploitée par
les stations de conditionnement du nord de la Côte d’Ivoire.
Ces cinq dernières années, le gouvernement burkinabé a pris la pleine mesure de
l’intérêt de la filière mangue et s’est engagé à la dynamiser par le soutien à diverses
actions : naissance de l’association des professionnels de la mangue du Burkina en
2007, amélioration de l’entretien des vergers, création du terminal fruitier en 2005, et
mise en route d’une usine de transformation à Orodara en 2008. Aujourd’hui, le constat
est fait que la filière mangue du Burkina Faso commence à bien se porter. Mais,
l’enclavement du pays augmente les coûts de production et la mise du produit sur le
marché. Pour résoudre en partie cette contrainte, le PAFASAP a apporté un soutien
aux producteurs pour participer à des foires, pour effectuer des missions commerciales
en Europe et au Maghreb et pour accéder à la certification Global GAP pour mieux
répondre aux exigences de qualité et de traçabilité de leurs clients. Des avancées
notoires que les autres pays producteurs de la sous-région sont loin d’avoir réalisées.
De plus, la production au Burkina, comme le plupart des pays africains, est miné par des
problèmes sanitaires, et notamment, la mouche des fruits.
Enfin, pour se démarquer de la forte concurrence des produits asiatiques, elles ciblent
l’exploitation de créneaux bien particuliers, tels que la transformation locale des fruits
destinés à l’exportation et la pénétration des marchés « Bio ».
1.3.2 Le Mali Ø Aperçu de sa position comme pays exportateur
Le potentiel de positionnement compétitif de la mangue malienne sur les marchés
européens demeure fort, malgré le handicap majeur, qui est son enclavement et la
logistique terrestre nécessaire pour arriver aux ports d’expédition maritime. Pourtant, le
Mali est parvenu à rester depuis de nombreuses années une origine incontournable du
marché européen.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
39
L’exportation vers les marchés européens demeure un des piliers de la filière, avec 5
000 tonnes environ en 2009, en augmentation de 2% par rapport à l’année précédente.
Le kilogramme de mangue est acheté aux producteurs à 75 francs CFA (0,11 euro).
L’exploitation d’un hectare de manguiers rapporte ainsi en moyenne 1 000 euros pour
une campagne qui dure environ quatre mois.
L’Amélie est longtemps restée la principale variété de mangue du Mali, jusqu’à la
modification de la demande européenne, qui a conduit les producteurs à sur-greffer une
partie du verger au profit de la Kent. Cela étant, l’Amélie reste très présente, car sa
précocité permet de l’écouler en petites quantités en début de campagne, à destination
d’un public de connaisseurs.
En 2009,
face à la bonne demande du marché européen et plus particulièrement
français en mars, les exportateurs maliens ont expédié des variétés peu connues :
Smith, Palmer, Haden, Valencia, Irwin, obtenant des résultats de vente mitigés, compte
tenu de la méconnaissance des acheteurs.
En termes de volumes, la chaîne d’approvisionnement des marchés urbains au niveau
national et dans la sous-région reste la plus importante.
Il existe certains réseaux d’expédition des produits dans la sous-région pendant des
périodes de fenêtres d’opportunités porteuses, y compris à destination du Sénégal. Les
réseaux, qui réussissent le mieux, sont organisés et adoptent des pratiques améliorées
en termes de sélection des fruits, de techniques de conditionnement, d’emballage et de
logistique.
La qualité est largement responsable pour leur réussite, puisque le taux de rejet a
baissé de moitié en deux ans.
Ø Aperçu de sa stratégie de production et de commercialisation
La production malienne serait de 70 000 tonnes, sur une surface d’environ 4 000 ha.
La production se concentre dans la partie sud du Mali où les conditions naturelles sont
favorables à la culture. La principale zone de production malienne est celle de Sikasso.
Autre zone de production, Bamako, qui est plutôt orientée vers les exportations par
avion. Enfin, au sud-ouest de la capitale s’étend également une zone de production en
direction de la frontière guinéenne sur l’axe Bougouni-Yanfolila.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
40
La filière mangue du Mali repose encore majoritairement sur une activité traditionnelle
de cueillette et non, sur une production de type industriel. Elle est caractérisée par une
faible valorisation du produit commercialisé avec un niveau de pertes post-récolte
importantes.
Mangues – Mali – Calendrier de production3
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Amélie
Palmer, Smith, Haden,…
Kent
Keitt
L’intérêt économique des dernières années a toutefois eu pour effet :
§
un début de rationalisation des nouveaux vergers et une augmentation des
opérations de sur-greffage pour mieux harmoniser la production et la demande ;
§
la mise en place des certifications tend peu à peu à mieux organiser la
production, mais la concrétisation de ces démarches pesantes est lente ;
§
le traitement phytosanitaire de 5000 hectares et la mise en place d’un système
de traçabilité unique des vergers de manguiers ;
§
Alors qu’elles étaient essentiellement réalisées par avion, les exportations de
mangues se font maintenant majoritairement par bateau, bénéficiant en cela de
la logistique mise en place par la Côte d’Ivoire.
Des études de localisation et d’évaluation du verger malien de mangue ont été menées
ces dernières années. Elles restent incomplètes et difficilement exploitables par les
opérateurs. Une nouvelle étude, commanditée par le Programme Compétitivité et
Diversification Agricoles (PCDA), est actuellement en cours. Alliant les techniques de
télédétection aérienne et les enquêtes de terrain, elle donnera aux opérateurs de la
filière un état plus précis sur le potentiel de production par zone. Ces données devraient
permettre une plus grande rationalisation des approvisionnements destinés à
l’exportation.
3
Source : FruiTrop
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
41
L’amélioration sensible de la production de mangues au Mali est le fait d’un projet agricole
dénommé « Projet compétitivité et diversification agricole » (PCDA), qui a aidé à l’implantation
d’une unité de traitement et de conditionnement de mangues. L’unité a été réalisée dans le
cadre d’un Périmètre logistique en zone agricole (PLAZA), dont le but est de rendre la mangue
malienne compétitive et aux normes du marché mondial, grâce à la professionnalisation de
toutes les étapes de la production à l’exportation. Il est même de la labellisation de la mangue
malienne. Quelques contraintes entravent toutefois le développement du projet : le coût de
l’électricité s’avère élevé et il est nécessaire, pour amortir l’outil industriel, de ne pas se limiter
au traitement des mangues. Pour prospérer, l’unité devrait se diversifier en englobant
d’autres produits.
Source : Les Afriques septembre 2009
Toutefois, la filière mangue souffre « d’une absence de visibilité de l’ensemble des
paramètres concernant la production, notamment ceux sur les superficies en production,
sur l’état des vergers et la productivité, ainsi que sur les quantités produites par variété.
La production totale est estimée à plus de 200 000 tonnes avec un volume
commercialisé à un niveau beaucoup plus faible supposant des pertes importantes ».
De plus, le potentiel d’approvisionnement en mangue export est également peu connu
avec des estimations qui peuvent varier de moins de 7 000 tonnes jusqu’à 20 à 30 000
tonnes. Enfin, une bonne partie du verger malien est vieillissante avec des arbres
souvent de 25 ans et, de nouveaux vergers sont en phase de croissance, surtout, dans
la zone de Sikasso. »
1.4
Les contraintes du marché international Une demande limitée pour une qualité exigeante Le mécanisme de marché de la mangue apporte, depuis quelques années, plus de
déconvenues économiques aux pays du Sud concernés que de revenus satisfaisants.
La situation paraît même se dégrader progressivement.
L’adaptation des pays fournisseurs aux exigences des marchés européens engendre
des augmentations de coût que la compression des marges que les taux de change ne
suffisent plus à contenir. Dans ces conditions, on voit mal comment le commerce
international de la mangue pourrait évoluer favorablement dans l’avenir, d’autant que les
extensions de vergers se poursuivent dans bon nombre de pays producteurs et que,
chaque année, de nouvelles parcelles arrivent en production.
Enfin, les récentes préoccupations liées à l’environnement ne tarderont pas à se traduire
par des coûts supplémentaires, comme la taxe carbone par exemple.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
42
1.5
Le marché intérieur 1.5.1 Eléments généraux Malgré le peu d’informations disponibles sur le marché intérieur, le constat, que nous
avons fait en se rendant au marché Syndicat, à Pikine, est que le marché est assez
informel et aussi relativement important en volume. Ce qui est confirmé par la présence
de mangues d’origine malienne ou guinéenne sur ces marchés, mi-avril, à une période
où le Sénégal ne produit pas encore.
Comme pour le marché international, les cahiers des charges pour le développement de
la mangue à l’échelle nationale est axé sur : le prix, la qualité, la couleur, la saison, la
santé de la mangue.
« On se souvient qu'au début des années 2000, le Brésil connaissait des vicissitudes. Les flux
de cette origine n'ont pas cessé de croître depuis, mais, à un rythme plus modéré. L'adoption
de méthodes culturales permettant d'étaler la production sur toute l'année, la concentration du
secteur de l'exportation, mais aussi la conquête d'un marché intérieur dynamisé par un
pouvoir d'achat en progression, ont pour l'instant favorisé une meilleure fluidité du secteur
manguier. Cet exemple n’est peut-être pas transposable mais mérite réflexion. »
FruiTrop 2012 N° 197
En termes de ventes auprès des opérateurs économiques, il y a un énorme effort à faire
car, hors le circuit informel et surabondant en offre, on ne trouve pas de mangue. Nous
pensons notamment aux magasins grands surfaces, et aux secteurs de l’hôtellerie et
des sites touristiques. Une stratégie de marketing pourrait faire l’affaire car la réticence
ne se trouve pas au niveau des consommateurs mais des restaurateurs et acheteurs.
Manque de recettes, manque de connaissance de la qualité sénégalaise, manque de
connaissance des variétés locales traditionnelles sont autant de facteurs qui freinent
mais aussi autant de pistes à évaluer.
1.5.2 Le développement de la filière mangue au Sénégal selon les experts nationaux La filière mangue s’est faite d’elle-même ; elle prend de plus en plus d’ampleur et les
producteurs et exportateurs peuvent se lancer « tête baissée » dans ce marché juteux.
L’Etat a pris conscience de l’opportunité de ce secteur et fonde, aujourd’hui, beaucoup
d’espoir sur cette filière, qui tire l’essentielle de sa production de la Casamance
naturelle, du nord de la région de Saint-Louis, de la petite Côte, des Niayes, du bassin
arachidier et de la région de Tambacounda.
"Les perspectives de croissance sont
importantes, mais il faut que nous arrivions à maîtriser le processus de conservation.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
43
Nous avons la matière grise, le savoir-faire, mais pas les finances. Nous essayons de
monter des projets industriels. Sans grand succès... " explique Ibrahim DIAYE, du
Ministère de l’Agriculture, en précisant
nécessairement par l’exportation.
que
l’avenir de ce secteur passe
« À 533 euros la tonne, les paysans sénégalais ont
tout intérêt à exporter leur produit vers l’Europe, essentiellement la France, car le
marché intérieur est saturé. »
Au niveau régional, on constate aussi un engouement en faveur de la filière mais cette
mobilisation se situe plus au niveau de Thiès ou dans des nouvelles zones de
production soutenues par des projets, comme le programme Matam en partenariat avec
l’Agence nationale du Conseil Agricole et Rural (ANCAR). Cette agence, qui a initié ce
programme pour encourager les agriculteurs à produire les variétés de mangues Kent et
Keitt », couvre huit localités de la région. Dans chacune de ces localités, une superficie
de 0,5 ha a été réservée à l’expérimentation de la culture de ces deux variétés de
mangues. Les raisons qui auraient poussé à les introduire dans la région de Matam,
sont liées au constat que la Matam est la région pour le moment épargnée par la
mouche de fruits.
2. Analyse du potentiel et pistes stratégiques pour KOLDA 2.1
Caractéristique des vergers de la zone de Kolda Pour la zone de Kolda, la production de mangues se caractérise par un verger
traditionnel fait de grands arbres, assez anciens, multipliés par semis, avec, en majorité,
des variétés dites traditionnelles (Sierra Léone, Ballante, Dioroule, Mangue Papaye..)
mais, aussi des variétés difficilement identifiables.
Certaines variétés, dites traditionnelles, présentent l’avantage d’arriver tôt en saison (la
zone est connue pour sa précocité) et a une période peu sensible aux attaques de
mouche (car se situant avant l’hivernage)
Quelques vergers greffés « modernes » sont présents, mais, apparemment, en faible
proportion. On retrouve, ainsi, les variétés (Kent, Keitt) chez quelques producteurs.
Les variétés et le potentiel récoltable de la zone sont ainsi mal connus.
La production semble concerner un grand nombre d’agriculteurs (présence de
manguiers en toutes zones au niveau des villages et villes. Celle-ci revêt une grande
importance en période de soudure car, elle est génératrice de revenus et d’apport
alimentaire.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
44
Cette activité est faite :
§
Par les hommes qui conduisent le verger (plantation et entretien), mais n’opèrent
pas la cueillette et ne sont pas engagés dans l’acte commercial.
§
La récolte est effectuée par l’acheteur (femmes du village pour la vente sur les
marchés locaux ou commerçants qui ont leurs équipes de ramasseurs)
Aucune organisation (GIE) ne semble être constituée entre planteurs.
2.1.1 Les techniques culturales §
Elles sont faites par les hommes.
§
Peu d’interventions sont effectuées.
§
Pas ou peu de taille (des coupes de rabattage poseraient des problèmes).
§
Pas ou peu de fertilisation chimique.
§
Pas de traitement phyto sanitaire.
2.1.2 Les problèmes sur la production 2.1.2.1 Sur les jeunes plantations §
Nécessité d’un point d’eau pour irriguer les jeunes plantations sur 1 ou 2 ans.
§
Les animaux (chèvres et brebis) nécessitant un parcage ou clôture pour les
jeunes plantations.
§
Le feu de brousse est un risque.
2.1.2.2 Sur les vergers en production Ø Une nouvelle maladie cryptogamique : FUSARIUM MANGUIFERA
Cette maladie vient d’être détectée. Cette maladie attaque les grappes de fleurs, qui
sèchent et, ainsi, limitent, voire, réduisent très fortement la formation de fruits.
Elle est apparue, en 2009, et concerne la Région de Ziguinchor, et, maintenant, celle de
Kolda.
Pour l’instant, il n’y a aucun moyen de lutte directe ; seule, la lutte prophylactique est
proposée (enlèvement des fleurs touchées et brûlage des parties retirées)
Ce nouveau parasite est problématique.
Ø Les termites et fourmis qui peuvent sévir
Ø La Mouche (Bactrocera Invadens)
Depuis 2005, la Mouche pond des œufs dans les fruits donnant des larves. Ce parasite,
qui se développe, surtout en période d’hivernage, peut provoquer la destruction de 70 à
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45
90% de la récolte de certaines variétés, en particulier Keitt. Il se manifeste, soit avant
récolte, soit juste après. La présence de ce parasite est particulièrement surveillé à
l’exportation et provoque le refus de containers, s’il est détecté à l’arrivée des pays
destinataires.
Les méthodes de lutte chimique sont peu envisageables (traitements à faire quelques
jours avant récolte), très onéreux pour les paysans et non applicables dans la plupart
des cas (pas de matériel adapté à la hauteur des arbres)
Actuellement des pistes sérieuses de lutte contre la Mouche:
§
Introduction d’un prédateur (guêpe) qui va piquer les œufs. Il s’agit de procéder à
des lâchers de prédateurs élevés. Ceci se pratique au Mali avec de bons
résultats.
§
Pose de pièges à phéromones attirant les males qui sont tués dans le piège. Le
coût est cependant élevé 1 piège pour 10 arbres = 6 000FCFA, soit 60 000
FCFA/ha.
§
D’autres techniques, comme l’ensachage des mangues dans un sac papier, ont
été testées (barrière mécanique), mais, en saison des pluies, les sacs ne
tiennent pas. De plus, se pose le problème du coût et de la réalisation de pose
de sacs sur les grands arbres.
2.2
La mise en marché de la mangue fraiche de Kolda 2.2.1 Destination La destination de la mangue fraîche issue de KOLDA reste essentiellement sur le
marché local, sous régional et national (Dakar). Il ne semble pas y avoir de lots destinés
à l’exportation. Les chiffres des volumes expédiés ne sont pas connus ou peu
représentatifs.
2.2.2 L’organisation de la vente §
d’une part, par des femmes pour la vente sur des marchés locaux.
§
d’autre part, par les « banabana » qui, sur commande et par à-coup, viennent en
brousse, demandent pour cueillir (en principe leurs équipes qui coupent des
branches) et acheter les fruits, qui sont mis dans des paniers, payés au volume,
chargés, puis transportés par camion, vers les destinations demandées. Ils
reviennent, éventuellement, si le marché est porteur et demandeur.
Le prix payé au producteur est très variable, selon les variétés (les mangues greffées
sont plus chères que les mangues traditionnelles) et, à l’unité, il nous a été évoqué des
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
46
fourchettes très larges et non vérifiables : 4 mangues traditionnelles pour 50 FCFA en
mangue ou 3 mangues greffées pour 200FCFA.
Actuellement, les producteurs n’ont aucune prise et aucun pouvoir
sur la
négociation des prix de leurs mangues
2.3
Potentiel du développement dans la Région 2.3.1 La Région de Kolda est-­‐elle en mesure de faire du marché à l’exportation ? Plusieurs points sont particulièrement bloquants :
Les variétés les plus demandées Kent et Keitt viennent à la saison de l’hivernage,
période de plus haut risque d’attaques de mouche, en particulier la variété Keitt.
Aucune station de conditionnement n’est disponible dans la zone. Si le conditionnement
peut se faire sur une autre zone, une zone de regroupement des lots de présélection est
nécessaire sur Kolda.
Les phases de récolte (ramassage au sol) ne sont pas adaptées à la demande
qualitative et la cueillette sur l’arbre serait préférable.
L’identification d’un groupe d’agriculteurs est indispensable pour la connaissance du
potentiel cultural, une formation, un suivi des vergers et des méthodes de production à
adapter pour ce type de destination (obligations phytosanitaires, traçabilité, cahiers des
charges type GLOBAL GAP).
Dans l’état actuel, cette destination est peu réalisable et à risque trop important.
2.3.2 La Région de KOLDA est-­‐elle en mesure de faire de la mangue fraîche en Agriculture biologique pour l’exportation ? La Région de Kolda possède un paysage et une biodiversité remarquable et une terre
propre, exempte de toutes pollutions. Ce seul fait pourrait constituer une fierté et un
atout économique pour la Région. Avec 90% du territoire agricole, et 75% des emplois
dans ce secteur, l’agriculteur, au-delà de sa fonction productrice, est un acteur essentiel
de la mise en valeur de sa Région, car la valorisation économique d’un espace (les
vergers) et la valorisation de la qualité d’un produit (la mangue) sont étroitement liée à la
survie d’un territoire.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
47
La production est proche d’une démarche de certification « Agriculture Biologique » - AB
(pas d’utilisation de phytosanitaires, peu ou pas d’engrais..). Cependant, persistent des
problèmes équivalents au marché de la mangue fraîche, notamment le risque de la
mouche, les techniques de récolte, une zone de regroupement des lots et une formation
aux agriculteurs.
S’ajoute, à cela, le coût de la mise en place et le suivi des cahiers des charges AB.
A court terme, la vente en frais (bio ou non bio) sur les marchés export est donc
soumise à des préalables importants et bloquants qu’il est nécessaire de lever
pour avoir une possibilité de réussite.
Dès que le problème de la mouche sera maitrisé, il sera possible d’envisager cette
destination.
Il existe aussi de nombreuses mesures et démarches permettant de valoriser
économiquement des activités agricoles, dites de « terroir », qui passent par la définition
et le lancement d’une marque collective. On parle souvent de l’Appellation d’Origine
Contrôlée (AOC) et, aussi des Indications Géographiques Protégées (IGP). Ce sont
deux outils pertinents et efficaces pour faire reconnaître la qualité, protéger leurs noms
et leurs réputations. Au-delà du marché régional. Ils constituent des enjeux importants
pour développer des marchés à l’export avec une plus forte valeur ajoutée. Sa réussite
est largement fonction de la capacité des producteurs à sa défense.
Le miel de Casamance
C’est un miel provenant d'un arbre appelé le « solome », en langue national wolof. Le projet IG
du miel de Casamance constitue aujourd’hui pour beaucoup d’acteurs (Etat, ONGs, projets et
bailleurs) une des filières porteuses en termes de moyens de lutte contre la pauvreté et de
développement durable pour la région. Cependant, c’est une filière naissante, où les producteurs
ne sont pas encore bien organisés. Quelques ONGs et projets techniques commencent à
s’intéresser, mais il n’y pas encore de stratégie pour une meilleure valorisation de ce potentiel.
Source : Qualité liée à l’origine et Indications Géographiques en Afrique de l’Ouest et du
Centre, REDA
La "Qualité liée à l’Origine et Indications géographiques : quelles perspectives pour le
développement rural en Afrique ?" était le sujet d‘un séminaire, tenu en Guinée Conakry
du 8 au 10 décembre 2011. Cinq études de cas sur les IGP en Afrique de l’Ouest ont
été présenté : Le violet de Galmi, Niger ; L’échalote du Pays Dogon, Mali ; Le miel de
Casamance, Sénégal ; Le riz de Kovié, Togo ; Le thé de Gisovu, Rwanda. Toujours en
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
48
décembre 2011, le CTA et oriGIn ont publié le “Manuel Pratique sur les Indications
Géographiques pour les pays ACP”. Ce manuel a été réalisé dans l’objectif de servir
d’outil pratique pour aider les parties intéressées (principalement les producteurs et les
décideurs) à s’approprient le système IG.
2.3.3 La Région de Kolda peut-­‐elle se développer sur le marché intérieur ? La précocité est un atout important de cette zone. De plus, les mangues précoces sont
moins sujettes à la mouche.
Les volumes, provenant du Mali et d’autres destinations, semblent non négligeables en
avril et la région de Kolda pourrait pénétrer ce marché et, avec un travail sérieux et
régulier, se faire une renommée sur le marché national et ainsi, perdurer dans la saison
en profitant des variétés plus tardives (sous réserve de résoudre le problème de la
mouche).
Si Kolda veut percer, ce ne se fera qu’à partir d’un travail sérieux sur le produit, de
l’initiative et l’organisation de groupes de producteurs et avec le concours de
commerçants indispensables et incontournables. La démarche préconisée et qui est
développée dans le « Chapitre Pistes Stratégiques » est celle des tables de filières, ce
qui permet à l’ensemble des acteurs des différents maillons de la filière à se concerter,
collaborer et trouver leurs comptes.
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49
CHAPITRE 2 -­‐ LA MANGUE TRANSFORMEE -­‐ La filière et ses potentialités Les mangues fraiches non ramassées, les excédents de production, les déchets de
découpe pour la fabrication de mangue séchée,… constituent des intrants potentiels
pour la transformation. Il est en de même pour de nombreux autres fruits (bananes,
papayes, coco, agrumes, …) qui ne sont pas toujours valorisés.
Le mot d’ordre pour une stratégie commerciale efficace, approuvée des bailleurs de
fonds internationaux, est d’augmenter progressivement le dynamisme et la rentabilité
des filières en accroissant la valeur ajoutée des produits par l’amélioration du niveau de
qualité des produits transformés, et en écoulant les produits d’une manière efficiente.
Cela étant, l’expérience de Kolda est explicite : la seule association de transformation
de mangue séchée de la région est déficitaire, le bâtiment et les équipements sont
délabrés et mal entretenus, la qualité problématique, la commercialisation mal gérée, et
enfin, l’absence d’un compte d’exploitation ne permet pas de faire le point sur le chiffre
d’affaires et cela malgré un soutien de technique et financier depuis 1999.
Dans l’analyse qui suit, nous passons en revue les produits et le marché pour les
mangues transformées sous toutes ses formes, la concurrence et les acteurs, les
produits et les exigences, … et nous analysons la potentialité au niveau la région de
Kolda, en tenant compte des expériences existantes pour se positionner le plus
favorablement possible sur le marché et, de ce fait, vendre plus.
Les pistes stratégiques que nous avons identifiées expliquent les étapes de
développement, les techniques de transformation, les moyens de commercialisation, en
insistant sur les facteurs basiques de réussite : l’incontournable question de la qualité et
du prix.
Nous évoquons également le rôle des acteurs et les articulations entre les uns et les
autres dans le maillon de chaine de production et de commercialisation.
Les produits transformés, utiles pour l’alimentation, feront l’objet de notre analyse :
1. la mangue séchée ;
2. la pulpe, ses déclinaisons en purée, jus, confitures, marmelades, pâte de fruit, …
et ses diverses formes de conditionnement (futs, pasteurisation, surgélation,
conserves, …, mais aussi servant pour la fabrication du vinaigre et comme
condiments (chutneys, atjar).
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50
1. La mangue séchée 1.1
Le produit et son utilisation La mangue séchée est utilisée dans l’industrie alimentaire, comme produits de
pâtisserie, complément pour les céréales et surtout les müeslis, consommés au petit
déjeuner, dans des barres énergétiques pour une alimentation rapide et reconstituante,
mélangés avec d’autres fruits séchés, comme « amuse-gueule » .. et, localement pour
une consommation rapide de subsistance.
Il convient de distinguer plusieurs types de présentation de la mangue séchée :
conventionnelle, biologique et moelleuse ou confite, travaillée avec du sucre ajouté. Ces
trois types de mangues séchées sont les segments différents d’un seul marché, et la
mangue
séchée
biologique
est
en
directe
concurrence
avec
les
mangues
conventionnelles et les mangues confites, produites en Asie, à un coût de vente
moindre.
La mangue, sous toutes ses formes, séchées, mais aussi en jus, confitures, conserves,
en provenance de Chine, de Thaïlande, des Philippines, de France métropole (jus), de
Martinique (confiture), … est largement présente dans les boutiques chinoises, comme
dans le supermarché Paris Store de Lyon – voir photos ci-dessous.
Les produits « sophistiqués » et de plus forte valeur ajoutée, telles les barres
énergétiques, les assemblages de céréales pour le petit déjeuner et les produits pour
l’apéritif sont généralement conditionnés en Europe, et vendus sous la marque de
grandes enseignes. Bénénuts, Quaker, Creusli et Tropicana, par exemple, sont trois
marques de l’entreprise américaine multinationale Pepsico. On trouve dans ces produits
finaux :
la noix, l’amande, le pruneau, d’origine française et aussi… , des produits
tropicaux, dont ceux que l’on trouve à Kolda, comme l’arachide, la noix de cajou, la
mangue, la papaye, l’ananas, la banane…
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51
Le marché des céréales du petit déjeuner est porteur, mais la problématique des matières
premières reste présente.
François Rouilly, nouveau PDG de Kellogg’s France a indiqué ce matin sa volonté de faire croitre
les ventes de l’entreprise « de 5 à 10% par an », via 4 axes (capitaliser sur les marques fortes,
continuer à innover, mieux se connecter avec les consommateurs et développer de nouveaux
usages de consommation). Kellogg’s, marque numéro un des céréales pour petit déjeuner, a
enregistré une croissance des ventes de 4% l’an dernier, pour atteindre environ 300 millions
d’euros. Le patron, en place depuis quelques semaines, doit cependant gérer la hausse des
matières premières qui « met le compte d’exploitation sous pression ». Des programmes de
réduction des coûts ont été mis en place, mais restent insuffisants pour absorber totalement les
hausses. Dans ce contexte, Kellogg’s n’a eu d’autre choix que de passer des hausses de tarif de
2 à 3% cette année.
Source : http://www.lsa-conso.fr/
1.2
Points saillants §
L’essentiel de la transformation de la mangue porte sur le séchage.
§
Le Brésil et le Pérou détiennent 70 % du marché mondial.
§
Le secteur demeure mal connu au Sénégal à cause du caractère informel des
activités et la qualité de l’offre.
§
Le secteur de la transformation des fruits séchés au Sénégal est en péril pour
faute de produit de qualité, et absence de stratégie de marketing permettant de
pénétrer le marché.
§
Sur le site de petites annonces sénégalaises la seule offre de vente
est
sommaire : 23 avril 2012 – prix 500 FCFA les 100 grammes. Cette annonce a été
vu 18 fois !
§
Garantir une qualité uniforme et un bon calendrier pour éviter l'excès d'offre et
les bas prix sont de gros défis.
§
La grande distribution en France possède de leurs propres Marques de
Distributeurs (MDD) et des faibles marges, car le produit offre peu de valeur
ajoutée.
1.3
Approfondissement des études de marchés 1.3.1 Le marché européen Le marché européen est estimé entre 1630 et 2845 tonnes par an. L'Afrique du Sud
représente 50% de ce marché, le Mali et le Burkina Faso, environ 15% avec leur
mangue séchée normale et biologique, les Philippines et la Thaïlande, avec la mangue
confite ou moelleuse, environ les 35% restants.
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L’étude du Royal Tropical Institute de mai 2009 précise que « le Burkina Faso est
devenu le leader dans le secteur de la mangue séchée biologique, mais que, sans
innovation, il va perdre cette position au profit d’autres producteurs. »
Le tableau ci-dessous
donne une estimation de la demande de la mangue séchée
snack pour les 8 premiers pays importateurs en Europe.
PAYS
Est.
marché
total
Est.
marché
bio
Grande Bretagne
(tonnes/an)
1 200 – 2 000
équitable (tonnes/an)
120 - 400
Suisse
200 -350
20 - 70
Allemagne
50 – 100
5 - 20
France
50 – 100
5 - 20
Pays Bas
35 - 100
3,5 - 20
Belgique
20 - 50
2 - 10
Italie
20 - 25
2-7
Suède
15 – 30
1,5 - 6
et
Le marché concerne des tonnages très faibles.
La Grande Bretagne importe 15 à 30 plus que les autres pays.
Dans 5 premiers pays, la mangue bio et équitable atteint jusqu’à 20% du marché !
1.3.2 Les autres marchés internationaux Au Moyen-Orient, les possibilités sont limitées en raison d'un faible pouvoir d'achat et
une forte concurrence de la part des fruits secs traditionnels, tels que les dattes et les
figues, ainsi que la mangue fraîche, pour lesquels les exportateurs indiens sont
beaucoup mieux placés pour répondre à cette demande.
Le marché d’Amérique du Nord, quant à lui, offre plus de potentiel. Il est dominé par la
mangue confite en provenance des Philippines, et les Sud-africains n’y sont pas
présents.
1.3.3 Le marché français Au niveau des Marchés d’Intérêt National (on les appelle plus communément les «
Marché de gros »), on trouve des nombreux produits transformés, dont la mangue
séchée. Sur le marché gros de LYON-CORBAS, quelques distributeurs proposent en
plus des produits secs traditionnellement consommés en France, comme les raisins
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secs, les pruneaux, les abricots, les dates, les figues,… de la mangue sèche, dont
’approvisionnement, pour ce dernier produit, se fait exclusivement en provenance de
l’Asie.
D’après Michel ABITBOL, directeur général de DACO France (marque DACO Bello) : «Le
marché des fruits secs est paradoxal : cela fait trente ans qu'il y a tout à faire ! »« Ce marché
s'est développé avec l'arrivée de la communauté maghrébine en France. Mais la consommation
reste très saisonnière (septembre-décembre), et sur une gamme restreinte de produits »
Pour Stéphane POPESCU, responsable marketing chez France Prune (Maitre PRUNILLE) produit phare des ventes en fruits secs - la prune est à la peine. « Les ventes sont en légère
baisse en volume et en valeur », confirme le numéro un du secteur. Et quand le pruneau
tousse, c'est tout le rayon fruits secs qui s'enrhume.
Y a-t-il quelque chose à faire sur ce marché ? Les enseignes ne semblent pas trop y croire.
Source : LSA, « Redynamiser es fruits secs » 18 mars 2004
Autre source importante de vente en France : les vendeurs-grossistes. On peut citer : la
société « Descours » avec son argument de vente : « des fruits que la nature nous
envie », qui effectue dans son usine la transformation de la mangue, ou
«Transgourmet» avec ses
3 800 collaborateurs, qui est distributeur des marques
connues comme « 123 DELICES » et qui propose de produits » prêts à cuire, sucrés et
salés, ainsi que des préparations mix sec », ou la gamme « CAULLET », avec ses
nappages et glaçages, fondants, pâtes d’amande, sirop de glucose, sauces desserts...
Enfin, certaines entreprises de distribution, comme « Jean Hervé »,
ont renforcé leur
stratégie de vente en se positionnant sur la vente en magasin et la vente directe par
l’internet. Sa gamme de produit comprend les boissons instantanées, la purée de fruits
secs, les confits, et les pâtes de fruits.
1.3.4 Zoom sur deux pays producteurs africains De nombreux pays de la sous-région Afrique de l’Ouest se positionnent sont visiblement
comme on peut le constater en lisant « Espace Agro, page « Mangue Séchée vente ou
achat». Sur ce site, on découvre des dizaines d’offre pour la vente de la mangue séchée
en provenance de Burkina Faso et de Mali et, à un moindre degré, du Cameroun. La
seule annonce pour le Sénégal se lit comme suit :
Annonce N°30744:
Recherche mangues séchées - Demande très urgente pour arriver paris semaine 36
Conditionnement : enlèvement Dakar ou envoi direct par vos soins - Quantité : 30 kilos
Annonce enregistrée le 25/08/2010 dans la rubrique fruits secs et graines grillées
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A titre indicatif, les tonnages pour l’approvisionnement, en mangues séchées maliennes,
des marchés urbains sous régional et l’export, réalisés lors de la campagne 2 011, sont
évaluée à seulement 27 tonnes - Sources : http://www.pcda-mali.org/
Un rapide constat montre que ces marchés internationaux sont relativement
restreints, et extrêmement concurrentiels et qu’il convient d’être particulièrement
déterminé, efficace et innovant pour les conserver et, à plus forte raison, pour être
à même d’en conquérir de nouveaux.
1.3.5 La concurrence des pays acteurs La mangue séchée de l’Asie se distingue de celle de l’Afrique de l’Ouest par sa texture.
La mangue séchée en Afrique est moins moelleuse que celle de ses concurrents
asiatiques qui subit, avant le séchage, une macération dans du sucre pour en extraire
l'humidité. Sa texture et son goût deviennent différents. Elle est plus douce et plus
souple (donc plus facile à manger), mais a perdu beaucoup de sa saveur typique et
contient trop de sucre pour être considérée comme un produit diététique sain.
L'absence de marques fortes rend les opérateurs interchangeables sans que le consommateur
s'en émeuve, et le merchandising en pâtit. Forts de ce constat, les industriels du secteur ont
néanmoins commencé à réagir. Dans un premier temps, c’est le packaging a été l'objet de
leurs attentions. Sachets à fond plat chez France Prune ou sachets zip chez LAPARRE, les
emballages refermables et sécables sont une demande forte. DACO a développé des
barquettes sécables avec un remplissage sous gaz, qui donne des gages de qualité, selon
Michel ABITBOL. Chez COLOR, on travaille à un pot « nomade ».
Les industriels développent aussi de nouveaux produits, à l'image des fruits moelleux, en forte
croissance. Cette technique de réhydratation des fruits, développée sur les principaux produits
du rayon (pruneaux, abricots, figues, dattes), s'applique peu à peu à de nouveaux fruits
(poires, raisins, fruits exotiques).
« Il y a une forte demande d'exotisme chez le
consommateur. » explique Michel ABITBOL (DACO). Ce travail doit aller de pair avec une
meilleure identification des origines. « Elle n'est pas toujours clairement repérée », juge
Michael BECKER, courtier, président du Syndicat national des fruits secs. Les revendeurs
auraient intérêt à développer la notion de terroir. » À l'image du pruneau d'Agen qui, pour
s'armer contre les importations chiliennes, a obtenu une Identification géographique
protégée (IGP) en 2003.
Source : LSA.fr « Le Carnet des Décideurs »
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1.3.6 Le marché intérieur Le marché sénégalais ne dispose pas chiffres précis pour ce marché et sa part au
niveau régional et international est infime même, si les disponibilités en matières
premières dans plusieurs zones du pays lui permettrait facilement d’augmenter sa
production et d’exporter vers l’UE et les USA de plus grandes quantités.
À Dakar, on trouve la mangue séchée produit artisanalement, vendue sur le marché
informel autour de 500 FCFA le sachet de 50 grammes ou celles produites
industriellement qui sont vendues dans les supermarchés à un prix environnant 600
FCFA les 100 grammes. Les produits artisanaux sont conditionnés dans des sachets
transparents ; ceux issus d’une transformation industrielle, dans des emballages
attractifs, pour les plus sophistiqués, et conditionnés sous atmosphère protectrice
d’azote alimentaires.
2. La pulpe de mangue 2.1
Le produit et son utilisation C’est « la partie comestible du fruit entier, épluché et dénoyauté, et qui peut être coupée
en morceaux ou écrasée, mais non réduite en purée`` (Journal officiel des
Communautés européennes, 13 août 1979, n° L 205/12).
Ø La pulpe de mangue est utilisée :
§
pour la fabrication de jus de fruits ;
§
sous forme de cubes de mangue surgelé, appelés IQF (Individually Quick
Frozen), dans l’industrie
alimentaire, où il est important que le
consommateur puisse voir et goûter les morceaux de mangue, par
exemple les yaourts de luxe ou les garnitures de crème glacée ;
§
dans la cuisine et en pâtisserie, comme telle, soit à partir de la mangue
fraîche mixée ou de la pulpe congelée, pasteurisée ou en conserve, pour
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faire des préparations culinaires et des desserts, gâteaux,
pâtisseries, cocktails, sorbets, glaces, salades de fruits ;
§
dans la confiturerie : confitures, gelées, marmelades,
pâtes de fruits ;
§
comme condiments, principalement d’une sauce, appelée
« chutney » et bandes de mangue marinées : l’atjar,
principalement utilisés par les indiens, dans leur cuisine ;
§
dans la conserve, sous forme de mangues entières ou en
morceaux.
La principale utilisation de la pulpe de mangue en Europe est l’Industrie de
boisson : jus, nectar, et autre boissons contenant du jus 65% ; l’Industrie du lait
: yaourts, glaces, desserts, sauces, … ; 30% ; Autres industries
confiture,
gelées, etc : 5%
Ø Le jus
La consommation de jus est destinée aux clients de la restauration et de l’hôtellerie, aux
cocktails, cérémonies familiales, aux manifestations, religieuses, sportives, politiques et
récréatives. Le jus n’est présent que, lors de la saison de la production de la mangue,
comme nous avons pu le constater lors de la collation d’un séminaire organisé par le
PADEC. Les volumes de cette vente sur le marché local restent toutefois très limités.
Les vendeuses dans la rue, les restaurants proposent également des boissons plus
originales mais plus difficiles à trouver : jus de goyave (buyap), mangue, ditakh… » source : http://www.au-senegal.com/
Casa-Jus est installé à Ziguinchor, dans la première région fruitière du pays, la Casamance où
chaque année, la production pourrit, faute de cueillette, et en raison de l’insécurité. CASA-JUS
, reconnaît que durant de longs mois, « on est obligé de tourner au ralenti car nous ne
disposons pas de matière première pour travailler. … le secteur de la transformation des fruits
souffre de l’inorganisation de la filière. »
Source : http://www.cfd.nl/science/news/wcs0004.htm
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Comme on le constate, une forte demande s’est exprimée dans le passé. Actuellement,
à part l’entreprise sénégalaise ESTEVAL (voir plus loin) qui fabrique sa propre pulpe,
seul l’ITA serait en mesure de fournir le concentré à partir de ses laboratoires, mais, en
quantité très insuffisante.
Ø Les produits laitiers et desserts à base de pulpe de
mangue
La mangue fait de plus en plus partie des arômes des yaourts,
des sorbets et de la cuisine des grands chefs, qui se servent
pour accompagner des salades (assaisonnées de vinaigre de
mangue), ou pour accompagner des plats chauds, comme des
viandes et foies gras et confectionner des desserts.
Pour faciliter cette utilisation, CAPFRUIT propose une purée de mangue, naturelle, sans
colorant, ni arôme, ni conservateur, pour des utilisations variées conditionnée une poche
refermable, qui permet de conserver toutes les saveurs et les arômes.
Grâce à une technologie de flash-pasteurisation maîtrisée, les fruits sont transformés à
pleine maturité en une purée naturellement parfumée au bon goût de fruit.
Réalisations multiples : Idéale pour préparer cocktails/smoothies, glaces/sorbets, pâtes
de fruit, yaourts mais aussi nappages/sauces sucrées et salées. Parfaitement tamisée,
la purée
2.2 Points saillants §
Environ 65 % de la production de pulpe de mangue entre dans la fabrication des
jus.
§
Presque la totalité des 11,2 milliards de litres de jus consommés, chaque année,
en Europe, sont fabriqués à partir de concentré de fruits, l’équivalent de la pulpe
de mangue.
§
L’Inde, le premier exportateur de pulpe/purée de mangue contrôle 63 % du
marché mondial, le volume est en augmentation de 23 % au cours des trois
dernières années.
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58
§
Le Moyen-Orient, particulièrement l’Arabie Saoudite, possède une grande
industrie de production de jus et nectars. L’Arabie Saoudite importe 165 000
tonnes de jus concentré par an, dont 46 435 tonnes (28 %) de pulpe de mangue
en provenance de l’Inde.
§
La popularité de la mangue a augmenté en Europe. Cependant, en termes de
volume, elle reste un produit de niche qui occupe moins de 1 % du marché.
§
Les produits tropicaux concurrentiels sont d’abord le jus d’orange, le jus de
pamplemousse et le jus d’ananas.
§
Les importateurs font état de difficultés avec les producteurs indiens: il y a des
problèmes pour trouver des fournisseurs fiables, et il y a toujours un risque de
contamination des produits livrés. C’est pourquoi ils continueront à chercher des
alternatives à la pulpe indienne, en particulier pour l’Alphonso.
§
À long terme, la demande devrait augmenter de nouveau de façon régulière, du
fait que la saveur de mangue devient plus connue et est recherchée par le
consommateur et, ceci, d’autant plus que les smoothies et les boissons lactées à
base de mangue sont de plus en plus populaires.
2.3 Approfondissements des études de marché 2.3.1 Les jus Ø Le marché mondial
Selon l’étude du Royal Tropical Institute, « le marché mondial de la pulpe est dominé par
l'Inde, soit environ 60% de la production mondiale, suivie par le Mexique, la Colombie,
l'Équateur et le Pérou. Ce pays produit une grande quantité de pulpe de mangue
Totapuri qui est considérée comme de faible qualité, mais, qui, mélangée avec d’autres
jus, permet de réduire les couts, sans trop dénaturer le goût. Le marché de la pulpe de
mangue biologique et en particulier de commerce équitable semble être très limité. A
peine 5% du marché des jus est biologique, et avec, pour la pulpe, un taux encore plus
faible, du fait de couts plus élevés ».
De ce fait, il est difficile pour les pays africains d’entrer en compétition avec l’Inde,
sur les marchés européens.
Cette piste est, toutefois, à cibler du fait de la tendance actuelle à des
produits sains et de la progression de la demande
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Ø Le marché sénégalais
En dehors de quelques groupements de femmes, qui produisent du jus et de la confiture
pour le marché intérieur, il y a plusieurs entreprises qui s’intéressent à ce secteur :
§
Le groupe KIRENE, - http://www.kirene-groupe.com-, 24, rue Sandiniery DAKAR
Téléphone : (221) 33 849 56 66 / Fax : (221) 33 849 56 65, créé en 2001 par la
Société Sénégalaise industrielle agro-industrielle (SIAGRO), a pour principale
activité le marché de l’eau minérale sénégalaise, mais, par le biais de ses deux
marques Présséa, elle commercialise des jus d’orange, d’ananas, de goyave, de
mangue, …., à base de pulpe importée, (à l’exception du bissap), conditionnés
dans des emballages modernes de type « Tétra Pack », et Jip, cette dernière
marque s’adressant plus spécialement à la jeunesse avec des berlingots Tétra
Pack de jus diversifiés, également produits avec de la pulpe importée.
§
L’entreprise ESTEVAL, Entreprise Stéphane et Valérie - Sicap Liberté 4 N°5022
- BP 5421 DAKAR - Téléphone : (221) 33 646 01 88 - http://www.esteval.net/ -,
est une PME créée en 2008 et codirigée par un médecin nutritionniste et un
ingénieur agronome, tous deux sénégalais. Elle est spécialisée dans la
transformation de fruits sénégalais et africains en jus, nectars et sirops
pasteurisés et propose également une large gamme de fruits séchés.
Son objectif est de « promouvoir la transformation et la consommation des produits
africains en apportant davantage de valeur ajoutée à la matière première existante et de
contribuer au développement économique et social du Sénégal et de l’Afrique ».
ESTEVAL qui est en trains d’installer une unité de transformation à Ziguinchor, travaille
en partenariat avec des groupements de producteurs de différentes régions,
Tambacounda, Casamance, Thiès, …
§
Les autres principaux fabricants sénégalais de jus à base de fruits (page ciaprès).
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Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
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2.3.2 Les produits laitiers et desserts à base de pulpe de mangue L’industrie du yaourt est constamment à la recherche de goûts nouveaux, notamment
ceux qui font rêver d’exotisme leurs consommateurs. C’est ainsi que l’on voit fleurir les
préparations à base de pulpe de mangues, dans des proportions de 18 à 20%.
Les pâtissiers confiseurs, que nous avons rencontrés, au siège de leur association, à
Lyon, nous ont dit, pour certains, utiliser jusqu’à 30 kg de pulpe de mangue par
semaine, soit fabriquée avec de la mangue fraiche, soit de la pulpe réfrigérée ou
pasteurisée, pour la fabrication de desserts et de crèmes glacées.
2.3.3 Les cubes de mangue surgelée Cette transformation représente, avec la mangue fraîche et la pulpe de mangue, le
troisième produit sur le marché européen, en termes de volumes de vente. Les grands
producteurs sur le marché mondial sont la Thaïlande, les Philippines et, dans une
moindre mesure, l’Inde.
Les pays africains ne sont, pour l’instant, pas présents sur le marché européen, compte
tenu de la nécessité de réaliser des unités industrielles couteuses pour offrir des prix
compétitifs, et répondre aux critères d'hygiène des acheteurs.
Les questions qui se posent sont les mêmes que celles du marché de la pulpe : Les
variétés ouest africaines peuvent-elles s’intégrer à la situation et
tenir tête à la
concurrence?
Les condiments, « chutney » et « atjar ». Ils sont principalement utilisés par les
indiens, dans leur cuisine. Ce commerce est dominé par les Indiens eux- mêmes.
Ils ne concernent pas le Sénégal.
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3. Le vinaigre de mangue 3.1 Le produit et son utilisation Le vinaigre est un produit obtenu par fermentation acétique de boissons ou de dilutions
alcooliques. La production mondiale annuelle de vinaigre est estimée à 160
000 tonnes d’acide acétique pur, soit un volume de 1 600 millions de litres de
vinaigre à 10% d’acide.
Considéré longtemps comme une nécessité dans chaque foyer en raison de
la diversité de ses utilisations, le vinaigre est de plus en plus populaire
auprès des consommateurs à mesure que de nouveaux mélanges, de
nouvelles utilisations et de nouveaux produits de spécialités font leur entrée
sur le marché.
Les variétés typiques de vinaigre incluent le vinaigre balsamique, le vinaigre de cidre, le
vinaigre infusé ou aromatisé, le vinaigre de malt et le vinaigre de riz, le vinaigre blanc
distillé et le vinaigre de vin blanc ou rouge.
Les vinaigres aromatisés, en particulier, croissent en popularité, car ces produits de
spécialités sont assaisonnés afin de donner un goût unique aux aliments.
Les vinaigres de fruits de spécialités sont aussi faits de vin ou de vinaigre blanc distillé
et peuvent être fabriqués avec des fruits ou des jus de fruit pour créer un goût aigredoux.
Entre le vinaigre blanc de base sur les tablettes des foyers nord-américains, le vinaigre
de riz d’Asie, le vinaigre balsamique d’Italie et le vinaigre de malt du Royaume-Uni, les
similitudes et les différences entre les variétés de vinaigre peuvent agir comme
obstacles ou comme possibilités pour les exportateurs canadiens sur le marché mondial
du vinaigre.
D’après certaines recherches, le vinaigre serait un des aliments les plus sains au
monde. Il a été prouvé qu’il réduit la fièvre, qu’il favorise l’extraction des substances
toxiques corporelles, qu’il facilite les régimes alimentaires et qu’il agit comme
désinfectant. En fait, la consommation de vinaigre pendant les repas accroît le sentiment
de plénitude, ce qui réduit la quantité d’aliments consommés. Une seule portion de
vinaigre peut réduire la quantité d’aliments ingérés pendant une journée entière. La
plupart des vinaigres ne contiennent pas de gras et comportent moins de trois calories
par cuillère à soupe. Toutefois, les vinaigres de spécialités fabriqués avec des
ingrédients ajoutés peuvent contenir plus de calories.
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Au Sénégal, le vinaigre est fabriqué par des industriels locaux, à partir d’alcools
éthyliques concentrés importés. La demande est estimée à 8 000 000 de litres par an
(source : ABC Consulting).
Le pôle de développement agro-alimentaire ITA (Institut de Technologie alimentaire) a
engagé une Recherche & Développement pour produire du vinaigre local à partir des
surplus de production locale de fruits, tel que la mangue au niveau de la région Sud, et
de la banane au niveau de Tambacounda.
Il a apporté son assistance à l’association CRSFPC/USOFORAL, qui a décidé, au
travers du GIE WARRE Production, de valoriser les surplus de mangues - dont les
qualités gustatives sont limitées - en faisant de la transformation en vinaigre avec le
soutien technique d’ESP et CWBI et financier de la Coopération française
L’ITA ne s’arrête pas seulement dans le transfert de la technologie ; il forme ces femmes
à travers les bonnes pratiques d’hygiène et de qualité, mais également en HACCP
depuis maintenant cinq ans. Actuellement le GIE WAREE PRODUCTIONS a une
capacité de production de 23 000 litre par an.
3.2
§
Points saillants Les ventes mondiales de vinaigre ont augmenté et avec les vinaigres de
spécialités en tête.
§
Les vinaigres balsamiques et de vin rouge sont les plus populaires dans la
catégorie spécialités. Ces vinaigres représentent 45 % de la part en dollar du
vinaigre et 12 % du volume. Le pourcentage restant du volume, soit 88 %, est
dominé par des vinaigres blancs distillés et des vinaigres de cidre de pomme de
marque maison.
§
Le vinaigre de mangue est le premier produit lancé sur le marché européen par
l'association COSE (COmmerce Solidaire et Equitable), dont les partenaires sont
des paysans du Burkina Faso.
§
Parmi les dix plus grands exportateurs de vinaigre, la moitié a enregistré une
baisse sur le plan de la valeur entre 2008 et 2009.
§
Malgré cette diminution, le total des pays exportateurs (incluant tous les pays
exportateurs) a augmenté de 4 M$. Ceci est imputable à une augmentation de la
valeur des exportations des pays de la région Asie-Pacifique.
§
Le marché européen est le lieu où l’on trouve certains des meilleurs vinaigres
traditionnels dans le monde.
§
Une saveur novatrice bien ciblée est très importante pour le lancement réussi
d'un nouveau produit de vinaigre de mangue.
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64
3.3
Approfondissements des études de marché 3.3.1 Le marché européen Sur le plan de la valeur et du volume, les plus grands pays exportateurs de vinaigre en
2009 sont l'Italie, l'Allemagne et l'Espagne. L'Italie domine largement avec un volume
d'exportation de presque 83 millions de litres alors que l'Allemagne, bon second, a
exporté 49 millions de litres. Ce pays a exporté 258 M$ de vinaigre dans le monde; ce
qui représente le premier rang de cette catégorie.
L’Espagne occupe le troisième rang avec une valeur de 30M$ et un volume de 30,6
millions de litres. Cela représente une diminution de 9 % ou de 3 M$ par rapport à 2008.
La France, les États-Unis, le Japon et la Grèce se classaient également parmi les dix
plus grands exportateurs de vinaigre.
Les variétés de vinaigre présentant un intérêt particulier pourraient inclure le vinaigre
biologique, le vin de glace et le vinaigre à desserts.
Les secteurs du service alimentaire et de l’hébergement haut de gamme pourraient offrir
plus de débouchés pour le vinaigre de mangue.
Pendant le troisième et quatrième trimestre de 2008, l'Europe est devenue la région la
plus active dans la catégorie « sauce pour salade et vinaigre », surpassant l'Asie, et
représentant 37 % du lancement de tous les nouveaux produits. Les Pays-Bas, le
Royaume-Uni et l'Italie ont été les régions les plus actives, ayant ensemble représentés
plus de 40 % du marché. L’Europe a, ainsi, enregistré 46 % de tous les lancements de
produits biologiques et 55 % des produits de qualité supérieure.
3.3.2 Le marché de l’Amérique du Nord L’Amérique du Nord représente le deuxième plus grand marché pour le vinaigre derrière
l'Europe. L'aspect naturel des produits constitue le principal enjeu dans cette région,
avec une place importante accordée à des sauces à salade d'origine naturelle et
biologique, sans additifs ou agents de conservation.
Les ventes au détail des aliments et boissons gastronomiques, de spécialités, et de
qualité supérieure augmentent beaucoup plus rapidement que celles de l'ensemble de
l'industrie des aliments et des boissons. Selon une étude sur les biens de consommation
de Packaged Facts, ce segment a monté en flèche de 10,9 %, atteignant 59 G$US en
2007. Des sondages similaires auprès des consommateurs indiquent qu'il existe encore
une place avantageuse pour les aliments gastronomiques et de spécialités destinés à
des consommateurs qui veulent
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3.3.3 Le marché des pays de Maghreb4 En ce qui concerne tout particulièrement le Maroc, la consommation cumulée était en
2010 de 1,2 milliards de litres de boissons non alcoolisées (jus, boissons gazeuses et
eaux en bouteille), mais pour seulement 108 millions de litres de jus conditionnés, soit
en moyenne tout juste 4 litres par habitant et par an. Néanmoins, la croissance
économique tire la consommation vers le haut puisque l'on observe une augmentation
de la consommation des jus conditionnés au Maroc de 28% entre 2008 et 2009, et de
37% entre 2009 et 2010.
Le pays ne peut satisfaire une demande
en forte progression doit importer 44% de
ses besoins en jus de fruits, alors que ce
marché y est tout juste bourgeonnant.
Or, les seuls jus extraits industriellement
au Maroc sont les jus d’agrumes :
oranges, citrons et clémentines. Tous les
autres jus, industriels ou conditionnés,
sont donc importés.
Certaines quantités de concentré d'orange
doivent également être importés par des
industriels marocains du secteur de la boisson faisant face à une pénurie d'offre locale,
alors que le pays en est producteur.
En raison d'une croissance économique robuste, dans de nombreux pays émergents,
dont la classe moyenne est en forte progression, on peut donc s'attendre à ce que de
tels taux de croissance se maintiennent encore pendant de nombreuses années dans
ces mêmes pays, ce qui constitue le moteur principal de la hausse de la consommation
mondiale des jus.
Quant à l’Algérie, le marché des boissons gazeuses et jus de fruits est en nette
évolution au regard de la consommation moyenne des boissons rafraîchissantes sans
alcool (BRSA). C’est l’un des secteurs les plus dynamiques du marché de
l’agroalimentaire avec une production estimée à près de 20 millions d’hectolitres et un
chiffre d’affaires de 45 milliards de Dinars (DA), à fin 2008, a indiqué hier, à Alger, M
BOUDRA, un expert en stratégie marketing, La consommation est passée de 35 litres
par habitant et par an en 2005 à 49l/hab/an en 2007. “La marge de progression des jus
de fruits et des boissons plates est la plus importante, en termes de chiffre d’affaires,
4
http://www.axio.ma/Analyse-economique/Le-marche-mondial-des-jus-de-fruit-une-perspectiveafricaine-content-20.php
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avec une hausse annuelle de 30%, suivie des eaux embouteillées avec 15% et les
boissons gazeuses de 2 à 5%”, a-t-il précisé. La quasi-totalité des besoins nationaux
sont couverts par la production nationale et que les importations dans ce segment “sont
marginales”. Cependant,
-
24% seulement des entreprises de la filière couvrent l’ensemble du pays,
-
12% de ces producteurs rayonnent sur la région alors que 63% distribuent leurs
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position de leader sur son marché domestique (avec plus de 70% de parts de marché),
et d'initier un plan de croissance tourné vers l'international. Le vinaigre du Roy est
obtenu à partir de la fermentation d'alcool. Il existe 2 variétés de Vinaigre du Roy : le
vinaigre blanc et le vinaigre coloré au caramel.
Le vinaigre est aussi produit et vendu par des femmes organisées en GIE qui
commercialisent au marché, dans la rue ou dans les foires. Mais la structuration des
unités de transformation artisanales est encore dans son ensemble peu « efficace ».
Les GIE à Ziguinchor sont soutenus par le PROMER et produisent un vinaigre de bonne
qualité pour lequel le défi reste à celui d’améliorer la productivité et lancer une vraie
stratégie de marketing.
4. Les contraintes du marché international 4.1
Les critères de qualité de la matière première Si les unités de transformation ne se préoccupent pas trop de la variété de la mangue,
les mangues séchées industriellement, pour une grande partie, sont fabriquées à partir
des variétés Kent ou Keitt.
Pour les consommateurs des produits finaux, on recherche un produit d’une couleur
agréable, qui ne colle pas trop, qui est savoureux,… Afin de répondre aux attentes
physiques du produit, les industriels font un prétraitement avec du dioxyde de soufre et
un stockage à 3 °C qui favorise la conservation et la constance de sa bonne qualité
physique.
Selon l’avis d’un grossiste du marché de gros de Corbas, près de Lyon : « La
qualité reste le plus gros problème de la mangue séchée de l’Ouest Africain. Le
produit est souvent trop brun, sec (et donc difficile à mâcher), a perdu de sa
saveur ou est trop collant, ce qui le rend difficile à manger et à mélanger avec
d'autres noix et fruits ».
Pour les clients pour le jus et la pulpe de mangue, une saveur novatrice bien ciblée est
très importante pour le lancement réussi d'un nouveau produit. Les tendances en
matière de saveurs correspondent généralement à d'autres tendances importantes
observées dans le domaine des aliments et des boissons, comme la popularité des
aliments naturels et celle des fruits riches en antioxydant comme le bleuet.
Pour le vinaigre, en 2009, la foire commerciale Tutto Food Italian s'est tenue à Milan ; ce
qui a donné l'occasion aux exportateurs et aux distributeurs de prendre connaissance
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
68
des tendances et des innovations clés dans l'industrie alimentaire. Les vinaigres, les
sauces et les aliments prêt-à-servir ont également été présentés à cette foire. Quoique
plusieurs entreprises dans le secteur du vinaigre fussent conscientes de l'importance de
la valeur et du prix, il a été fortement mis l'accent sur les produits de qualité supérieure.
Un étiquetage épuré et simple permet de représenter cette idée de supériorité et de
produit de luxe.
Enfin, du fait que les consommateurs sont de plus en plus avertis en matière de
diététique, la demande pour des sauces pour salade est en hausse.
4.2
Le critère environnemental A l’heure actuelle, le diagnostic stratégique de la filière mangue séchée produite au
Sénégal montre une filière, aux potentialités énormes, freinée par une faible maîtrise de
la qualité des produits finis, en décalage avec les critères des clients, et handicapée par
un défaut d’emballages de qualité et d’un prix trop fort (souvent lié aux problèmes
technico-financiers de pertes importantes au stade de l’approvisionnement). La
compétitivité de la mangue séchée sénégalaise, quant à elle, reste biaisée par la faible
production de mangues fraiches certifiées BIO.
La mangue séchée labélisée biologique est un créneau porteur sur le marché
international et, surtout européen et américain. Le mode de production ne fait intervenir
aucun produit chimique de synthèse (pesticides, herbicides,…) et exclut le recours à des
organismes génétiques modifiés (OGM). Un organisme certificateur veille à l’application
de ces dispositions et accorde la mention « produit certifié biologique » ou « Demeter ».5
Cela étant, ce créneau de marché exige des volumes suffisants, un travail de collecte
primaire des produits avec des caractéristiques similaires, et, sans doute, l’élaboration
d’un cahier des charges commun ou d’un guide de bonnes pratiques que chacun devra
s’engager à respecter.
Au Sénégal, la mangue séchée est surtout consommée comme telle pour se
sustenter rapidement dans les zones rurales ou comme amuse-bouche pour
l’apéritif, le plus souvent mélangée avec d'autres noix et fruits séchés au niveau
des hôtels et des foyers plus aisés. Mais l’arachide demeure l’appertiser le plus
trouvé dans les bars, hôtels et restaurants.
Le séchage de mangue biologique est évoqué, mais pas réellement constaté
La fabrication de mangue séchée moelleuse ou confite n’est pas pratiquée.
De plus, si ce marché des produits biologiques semble intéressant, il nécessite que des
dispositifs d’appui se mettent en place. D’après le PROMER, l’une des premières
5
http://www.fruits-secs-bio.com/111-Mangue
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
69
barrières est la certification qui, en l’absence de systèmes nationaux, doit être réalisée
par des organismes du Nord. L’entreprise de transformation devra également être «
certifiée »: conditions de production (ingrédients biologiques), chaîne de transformation
isolée, lieu de stockage spécifique, comptabilité rigoureuse permettant de contrôler
l’origine des matières premières et additifs, dispositif de traçabilité du produit pour une
transparence et une garantie de qualité biologique, des conditions de transport,
d’emballage et d’étiquetage réglementés. Le manque de connaissances techniques
(production), d’informations sur les acteurs dans les pays importateurs, sur les circuits
commerciaux, sur les marchés, sur les démarches à entreprendre, les difficultés de
transport (notamment des denrées périssables), l’accès au financement et l’absence
d’une politique d’accompagnement de l’État, sont autant de contraintes qui limitent la
présence des produits africains sur le marché biologique.
Depuis 2008, le Programme d’Actions Prioritaires (PAP) pour la mangue malienne vise
notamment à renforcer la chaine d’approvisionnement pour les marchés urbains
nationaux, sous régionaux et internationaux, en apportant un appui particulier à
l’élaboration de schémas de traçabilité et de conformité aux normes de qualité HACCP
et Bio/CE.
5. Analyse du potentiel et pistes stratégiques pour Kolda La Région de Kolda dispose de matière première à profusion, dont une grande partie
pourrit sur place. Un des problèmes pour la commercialisation de la mangue fraiche
repose sur la demande et la grande diversité des variétés locales : la plupart des
mangues sont « traditionnelles », tandis que le marché est demandeur de mangues
greffées, plus gosses et calibrées.
Cela étant, la qualité gustative de la mangue
traditionnelle est très bonne et elle est disponible en grande quantité.
Jusqu’à présent, les unités de production ont vu le jour sans stratégie pour finir par faire
faillite. Le plan du développement industriel montre que rien ne se fait, pas
d’investisseurs et peu d’innovation. L’Agence Régionale de Kolda souhaiterait
aujourd’hui aider à la structuration d’une filière de transformation de la mangue et
cherche savoir exactement sous quelle forme et pour quel marché.
5.1
La mangue séchée En ce qui concerne la mangue séchée, l’une des pistes porterait sur le renforcement de
« l’existant » en reconduisant un appui à la Coopérative NANGUE FOULADOU,
considéré le transformateur le plus qualifié sur lequel il serait possible de capitaliser.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
70
Située dans la zone de DIOULACOLON, département producteur de la mangue, elle
regroupe 515 membres dont 30 hommes, qui ont pour objectifs la réduction de la
pauvreté, par la transformation et la commercialisation des produits céréaliers et fruitiers
(mil, haricots, gombos, baobab, bananes, mangues, ...), avec le soutien de PROMER. Il
est à signaler que la coopérative fait partie du REFABEC, qui est un réseau de femmes
engagées dans la promotion de l’agriculture biologique et du commerce équitable
La mission s’est rendue sur place pour rencontrer les responsables du GIE, et a visité 3
villages pour dialoguer avec les associations de femmes où étaient installés des
séchoirs.
Le constat que nous faisons est que les femmes ne savent pas pourquoi elles travaillent
à sécher de la mangue, ni où et comment écouler leur produit, combien elles gagnent,
ou, même, si elles gagnent quelque chose. Pourtant, les femmes ont paru très motivées
et très bien organisées, mais marquent plus d’intérêt à transformer les céréales qu’elles
peuvent mieux consommer et vendre que la mangue séchée. D’ailleurs, le fait que la
mangue séchée n’est pas consommée localement, car trop chère, constitue un goulot
d’étranglement. En effet, les femmes sont dans l’impossibilité de juger de la qualité de
leur produit et d’en faire sa promotion.
La visite de l’unité de séchage
de la coopération montre une gestion non
professionnelle de l’activité. Le bâtiment qui abritait l’unité principale de séchage n’est
pas entretenu. Le sol en terre battue ne permet pas de garantir des conditions d’hygiène
acceptables. Sur les 4 compartiments des 2 séchoirs ATTESTA, un seul était
opérationnel et en état non conforme à une utilisation correcte, en termes de sécurité
comme d’hygiène.
Le séchoir mixte solaire/gaz dans l’un des villages ne fonctionnait plus, du fait d’un
vitrage cassée, dont le cout de remplacement était estimé à seulement à 10 000 FCFA.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
71
Seul, le séchoir solaire en tôle ondulée du village d’Iliao était utilisé pour le séchage de
légumes et le rangement, alors que la campagne de mangues commençait.
Les entretiens avec le Président du GIE ne nous ont pas permis de connaître son
budget, les volumes fabriqués et commercialisés, ni l’état des stocks
Nous avons été étonnés, que malgré ce constat défavorable un avis favorable soit
donné au renouvellement du soutien à cette structure, qui constitue pour PROMER : « le
challenge parfait ». Dans le rapport d’évaluation, on peut lire : « Tous les éléments sont
réunis par cette entité : responsables entreprenants et motivés, matière première
abondante, produit fini de haut de gammes, potentiel de clients fortunés, possibilité à
l’export, perspective de croissance avérée, possibilités de diversification énormes, etc.
Au vu de ce constat, la question est de savoir si le GIE est en mesure de
produire de la mangue séchée, et de ses diverses déclinaisons, en pulpe, jus,
confitures, …., vinaigre, respectant les principaux critères de qualité que
réclament les consommateurs des marchés internationaux et sénégalais
urbains ou simplement locaux, qui sont un aliment de bonne qualité gustative,
sain et hygiénique et à un prix attractif.
Nous pensons que le GIE Naangue Fouladou n’est pas en mesure, dans les
conditions actuelles, de répondre aux attentes des consommateurs.
En mettant les moyens, on peut légitimement transformer cette entreprise en solide PMI.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
72
Au-delà du problème de qualité, il faut aussi retenir le critère du prix. A ce titre, nous
montrons par le tableau comparatif ci-dessous des prix pour la mangue séchées qui
illustre le grand décalage de la mangue séchée sénégalaise sur le marché international.
Mangues séchées – Comparatif de prix
Marché international
Marché
de
Corbas Lyon
gros
Marché de gros de
Rungis
Mangues
Thaïlande
moelleuses
3 400 FCFA/kg
Mangue séchée Thaïlande
Mangue séchée malienne
3 000 FCFA /kg
Mangue séchée conditionnée
avec traçabilité en sachet
transparent de 50 gr
5 000 F CFA/kg
Mangue séchée conditionnée
avec traçabilité en sachet
moderne opaque et attractif
de 50 gr sous atmosphère
d’azote
5 900 FCFA /kg
Mangue
séchée
Naangue Fouladou
6 000 FCFA/kg
Entretien grossiste / Cabinet
IDS
http://www.pcda-mali.org/
Marché national
Unité ESTEVAL Dakar
Supermarché
SARRAULT Dakar
Kolda PROMER
GIE
http://www.esteval.net/
Exofruits/PRONAT
Entretien IDS /responsable
PROMER
L’implication du secteur privé dans le cadre du Partenariat PPE pourrait être une piste
stratégique, en aidant à l’installation d’une unité de production pilote, équipée de
séchoirs améliorés (voir annexe technique), managée dans des conditions correctes,
conformes à une bonne gestion entrepreneuriale. Ce partenariat serait de nature à
doper l’activité, de produire des mangues séchées de qualité, d’avoir un effet
démonstratif pour les unités artisanales, de permettre d’écouler les excédents de
mangues, de créer des emplois, d’expérimenter des matériels mieux adaptés au
contexte rural, ….
5.2
La pulpe Afin d’évaluer l’ensemble des pistes et recueillir les avis des clients finaux, nous avons
rencontré, avant le départ en mission, une dizaine d’entreprises jugées comme clients
potentiels. Cela nous a permis de connaître leurs cahiers des charges, leurs critères de
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
73
choix, les lieux d’achat de leur mangue séchée ou pulpe et de savoir s’ils seraient
susceptibles de s’intéresser à la filière mangue de Kolda. Didier PERREOL, Directeur
Général EURONAT, Distributeur de produits bio et bio équitable, organise, chaque
année, un événement, intitulé « Le Bio dans les étoiles » et envisage qu’il devienne, à
terme « le Davos du Bio ». Des centaines d’entreprises agroalimentaires s’y rendent
chaque année. D’après M PERREOL, il serait possible que cette manifestation choisisse
pour thème « la mangue dans tous ses états » et, avec toutes les possibilités, de
déguster les produits présentés.
La Société RAVIFRUIT, basée en Ardèche, transforme 12 000 tonnes de fruits par an en
purée, destinée à la boulangerie, pâtisserie, glaciers, ce qui s’appelle le Food Service.
RAVIFRUIT est chargée de l’achat des fruits pour l’ensemble du groupe. Les autres
sociétés concurrentes sur ce type de marché sont les établissements BOIRON à
Valence, CAP FRUITS à Anneyron, la coopérative SICOLY dans le département du
Rhône. Pour le jus, destiné à être utilisé par les pâtissiers, RAVIFRUIT pèle et découpe
la mangue avant de la congeler. Pour la purée, ses achats portent sur environ 1 000t/an
conditionnés en futs de 200kg aseptisés, d’origine Inde et portant sur 2 variétés :
Alphonso et Totapuri, sélectionnées par eux, en Inde, pour leur qualité gustative et la
couleur de la purée, au prix d’achat rendu France livré, entre 0.80 (Totapuri) et 1.30€/kg.
Les mangues sont cueillies mûres sur place et entreposées sur un lit de paille. Elles sont
transformées (broyage, centrifugation, pasteurisation et mise en futs) par des
partenaires contrôlés régulièrement. D’après le gérant, le process fabrication est
primordial en termes de qualité : il ne peut être fait que sur place (fruits matures et
rapidité de travail). Des contacts ont été pris avec un opérateur au Mali, mais la qualité
de ses échantillons ne sont pas conformes à la qualité exigée. Ce qui montre bien que
les importateurs sont disposés à se déplacer pour diversifier leurs sources
d’approvisionnement.
L’entreprise fabricant de glaces et autres desserts glacés : « Terre Adélice » est une
entreprise familiale qui utilise la purée de chez Descours. http://www.descours.fr/ et
s’approvisionne, par commande régulière de 20 kg, en mangue Alphonso de l’Inde.
Cela représente un tonnage annuel de 2 à 3 tonnes de purée. Cette entreprise est
désireuse d’acquérir de la mangue bio pour obtenir une certification bio pour leurs
glaces sans toutefois trouver de fournisseurs sur ce créneau. Les critères restent les
mêmes, comme pour tous les pâtissiers, c’est à dire : le gout et le prix, indépendamment
de la variété.
Nous
avons également rencontré le Syndicat des Pâtissiers Glaciers Chocolatiers
Confiseurs du Rhône et de la Région Rhône-Alpes dans la recherche de pistes pour la
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
74
valorisation de la mangue en pâtisserie / confiserie. En questionnant les membres de
cette réunion, qui regroupait une quinzaine de professionnels expérimentés de la
confiserie, nous avons pu mesurer combien la mangue était un produit apprécié et se
prêtait à la confection de nombreux desserts, très demandés. Actuellement, les achats
se font principalement avec de la mangue fraiche, qui est, ensuite, travaillée par
l’artisan, ou de la pulpe pasteurisée ou congelée et parfois avec de la mangue séchée
ramollie pour la rendre plus moelleuse. Ces opérateurs s’approvisionnent en mangue
fraiche au Marché du gros à Corbas. Les critères d’achat ne s’appuient pas sur un
cahier des charges, le principal en étant le goût.
5.3
Le vinaigre Plusieurs tendances émergentes : les aliments prêt-à-servir et faciles à préparer, l'intérêt
croissant pour la cuisine ethnique, ainsi que des préoccupations en matière de santé
contribuent à accroitre la demande pour des produits naturels et faibles en gras.
La qualité du vinaigre de mangue semble être acquise dans les unités à Ziguinchor. Si
l’on effectue un transfert de savoir-faire, les possibilités commerciales seraient au cœur
du développement.
Cela étant, afin que le vinaigre de mangue puisse pénétrer le marché, il est suggéré de
faire la promotion de l'innovation et de la qualité avec des recettes à la clé, car les
secteurs de la restauration gastronomique et de l’épicerie fine et au détail pourraient
offrir des possibilités aux exportateurs.
Nous en citons les atouts :
§
Qualité, ingrédients : Le fait d’offrir un vinaigre de qualité, fabriqués avec des
produits agricoles et agroalimentaires pour lesquels le Sénégal est renommé
mondialement, peut être déterminant pour conquérir les marchés étrangers.
§
Variétés novatrices originaires du Sénégal : Créer un créneau au sein des
vinaigres existants peut contribuer à ce que les producteurs de vinaigre de
mangue élargissent leurs activités.
§
Marketing, des nouveaux recettes : L’entré d’une variété d’utilisation novatrice,
comme le vinaigre de vin de glace ou le vinaigre à desserts pourrait s’avérer
populaire auprès des consommateurs.
§
Marketing, les avantages du vinaigre pour la santé : Les producteurs peuvent
aussi bénéficier des tendances mondiales vers un mode de vie plus sain en
faisant valoir les avantages qu’offre le vinaigre pour la santé et en en tirant parti.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
75
Faute de transformation ou de moyens de conservation, les mangues pourrissent dans les
plantations. C’est de fort d’un tel constat que l’association USOFORAL a décidé à travers le GIE
Waaré production et avec l’appui du pôle Technique Agro-alimentaire (ITA) de valoriser le surplus
de mangues en faisant la transformation en vinaigre. L’unité industrielle mise sur pied à cet effet,
a été inaugurée en mars 2010. En mettant sur pied le Comité Régional de Solidarité des Femmes
pour la Paix en Casamance (CRSFPC), soutient les femmes rurales et les groupements. D’où la
naissance de Waaré Productions mise sur les fonds baptismaux en septembre 2008 et dont la
capacité de production tourne autour de 23 000 litres de vinaigre de mangues par an.
Source : http://www.scoopsdeziguinchor.com/general_results.php?id=839&Cat_id=
Ce sont autant de pistes, dans la mesure où les conditions de base sont réunies. En
clair, pour aller à la rencontre de ces clients, il est nécessaire de relever les contraintes
de production pour garantir la qualité irréprochable et de le faire savoir en assurant un
marketing offensif. Et si le marché international est visé, reste la nécessité de bénéficier
de la certification de normalisation de qualité sanitaire et environnementale.
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76
CHAPITRE 3 – LES SOUS-­‐PRODUITS DE LA MANGUE ET DU MANGUIER -­‐ La filière et ses potentialités En Afrique, que l’on soit dans la ville ou à la campagne, on pourrait dire que l'argent
pousse dans les rues et les champs sans que quelqu’un le ramasse, car à l’exception
des produits récupérés ou de quelques initiatives de valorisation, on ne réutilise pas les
déchets que l’on jette. C’est paradoxal, compte tenu que les paysans, confrontés à des
difficultés financières très préoccupantes, détiennent des matières premières végétales
qui pourraient être une source de revenus.
1. Les résidus de la production de mangue Ø Les principaux résidus sont :
•
Les fruits non récoltés, ou récoltés mais refusés du fait de leur mauvaise qualité
•
Les épluchures qui proviennent de la préparation de la mangue pour le séchage,
la préparation de confitures, …
•
La pulpe non utilisée
•
Tous ces résidus pouvant être traités pour la fabrication de composts
•
L’amande du noyau de la mangue, pour la fabrication de cosmétiques
•
Le noyau de la mangue avec ou sans amande, qui peuvent servir d’énergie
directe dans les foyers domestiques ou être traités par carbonisation.
• La bio masse, résultant de la culture des manguiers dans le verger, en mélange,
avec d’autres résidus agricoles et du fumier, mais aussi avec les déchets
fermentescibles urbains, qui constitue une matière première apte à être
transformée, selon le procédé de méthanisation. Cette biomasse résiduelle est
estimée à 4 à 4,5 tonnes à l’hectare !
•
La méthanisation est un moyen de traiter les déchets et de produire de l'énergie.
Les matières premières utilisées peuvent être aussi variées que: les déchets de
céréales, les semences d'espèces végétales, les fruits non marchands (espèces
sauvages de ficus, les mangues et les bananes trop ou pas assez mûres...) ;
•
Le bois du manguier, dont la teinte naturelle se rapproche du noyer, qui pourrait
être largement utilisé en décoration, menuiserie et ébénisterie ;
•
Les différents éléments du manguier (racines, écorce, feuilles, fleurs, …), très
utilisés en pharmacopée traditionnelle. Il est à signaler que la mangue sauvage
(irvingia Gabonensis) augmente le taux d'adiponectine et aussi de leptine dans le
corps. L'adiponectine est une hormone qui permet de normaliser le niveau
d'insuline et de lutter contre le diabète et l'obésité.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
77
•
La leptine se révèle être une hormone dont l'existence fait reculer le cholestérol
et diminue la faim.
•
Les résidus nés des activités de transformation, comme les eaux de lavage, dont
il convient de prendre en charge le traitement qu’elles soient chargées ou non en
produits chimiques (lessives, eau de javel, …)
Ø Analyse du cycle de vie de la mangue et de ses transformations :
Les sous-produits, qui nous semblent déboucher sur des pistes potentiellement
rémunératrices, dans le contexte actuel, sont :
•
La fabrication de beurre de mangue et de produits cosmétiques,
•
La production du compost,
•
La valorisation énergétique.
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Ø Analyse des résidus (en qualité et quantité) lors des phases de
transformations :
2. Approfondissements des études de marché 2.1
Le beurre de mangue 2.1.1 Le produit et ses utilisations Le noyau de la mangue renferme une amande, contenant environ 10% de protéines et
autant de lipides 7 à 11 % de graisse, selon les variétés, et dont le pressage permet
d’obtenir une pâte végétale huileuse : le beurre de mangue.
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79
Cette pâte est utilisée :
§
en chocolaterie, depuis une directive européenne de 2000, à hauteur de 5%,
comme substitut du beurre de cacao ;
§
par l’industrie de la cosmétique pour ses propriétés assouplissantes, protectrices
et régénératrices, ainsi que dans la fabrication de savon.
Dans le secteur de la chocolaterie, son incorporation dans le beurre de cacao subit la
concurrence du beurre de karité, mais surtout celle de l’huile de palme, produite en
quantité et à des couts moindres, par les pays asiatiques comme la Malaisie et
l’Indonésie
Le marché, susceptible de plus-values substantielles reste celui de la cosmétologie. Ce
beurre végétal est très prisé pour ses propriétés assouplissantes et protectrices. Elle se
présente sous l’aspect d’un beurre de couleur blanc crème, légèrement tendre à
température ambiante, huileux au-delà de 35°C et pratiquement sans odeur.
Du fait de sa capacité à restituer sa souplesse à la peau, il est considéré comme l’une
des huiles les plus riches du monde. Il n’est pas gras, pénètre facilement et fournit une
protection naturelle contre les conditions environnementales. On attribue ses propriétés
émollientes et son fort pouvoir oxydants.
Il est utilisé dans les savons de procédé à froid (3 à 6 %), dans les écrans solaires et les
crèmes après-soleil, dans les beurres corporels, lotions et crèmes (3 à 5 %), dans les
produits de soins capillaires (2 à 5 %), dans les baumes à lèvres et les barres de
massage (5 à 100 %) et en mélange avec du beurre de karité, de cacao et des huiles
végétales neutres.
2.2.2 Aperçu du marché international La production mondiale de mangues s’élève chaque année à plus de 30 millions de
tonnes, dont plus d'un tiers provient d’Inde. Les principaux producteurs de beurre de
mangue sont actuellement la Chine et l’Inde, qui le proposent, selon les fournisseurs, en
petites quantités de l’ordre de 25 kg à 1 tonne/mois.
voir http://french.alibaba.com/products/mango-butter.html
Le marché de la cosmétologie est dominé par les grandes marques internationales,
comme l’Oréal, Biodherm, Nivea, Avon, Yves ROCHER (n° 1 mondial de la cosmétique
végétale), etc. Tous ces laboratoires sont demandeurs de ce produit. Les laboratoires
français, BioTherm : http://www.biotherm.fr/ et Aroma-Zone : http://www.aromazone.com/, que nous avons approchés, achètent leur beurre de mangue, pressé à froid,
sans solvant et sans additif, en Inde, à des couts pouvant aller jusqu’à 5 250 FCFA, le
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
80
kg prix CAF, rendu chez le client, alors qu’un pot de beurre purifié coute 3 500 FCFA les
100 ml. Ce dernier laboratoire se dit intéressé à travailler en direct avec des producteurs
africains, du fait de la proximité par rapport à l’Inde et d’une communication plus facile
en langue française.
L'industrie des cosmétiques et parfumerie est composée à 80 % de petites et moyennes
entreprises.
En France, il emploie environ 50 000 personnes sans compter les salariés des soustraitants et des distributeurs - source : FEBEA, Fédération des entreprises de la beauté /
voir http://www.febea.fr/.
Au Sénégal, ce marché est assuré par une dizaine d’entreprises industrielles, qui
transforment sur place, importent et exportent.
Mais aussi, de plus en plus de petits laboratoires qui fabriquent localement leurs
produits et les commercialisent en direct sur le marché national et international, comme,
à Dakar, les Laboratoires Bio-Essence : http://www.bioessencelabs.com/ et la Maison du
Karité, qui travaillent principalement le beurre de karité, l’huile de baobab …
2.2.3 Les contraintes du marché Les contraintes sont principalement de 3 natures :
§
S’assurer de la rentabilité du marché et connaître les perspectives de
commercialisation.
§
Acquérir les techniques de fabrication du beurre de mangue, mais aussi de
toutes les huiles et beurres locaux (huile de palme, huile de baobab, beurre de
karité, beurre de coco, …), susceptibles d’entrer dans les préparations
cosmétiques.
§
Respecter les normes d’hygiène, telles demandées par la démarche HACCP
(Hazard Analysis Critical Control Points) pour garantir la fabrication d’un produit
sain et de qualité.
2.3 La valorisation locale agricole : le compost 2.3.1 Le produit et son utilisation La culture de la mangue génère une importante masse de matières organiques, du fait
des nombreux fruits, soit non récoltés, soit impropres à la consommation, et des
épluchures résultant de sa transformation. Les vergers produisent également de la
biomasse composée de branchages et feuillages, qui généralement, pourrissent sur
place.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
81
Le compostage est un moyen efficace pour :
1.
réduire la dégradation du milieu physique ;
2.
améliorer la santé des paysans et la gestion des ressources naturelles ;
3.
réduire les charges aux OPA liées à l’achat des intrants ;
4.
apporter
un
revenu
supplémentaire
aux
paysans,
producteurs
qui
commercialisent le produit, tout en contribuant à la lutte contre la pauvreté des
populations en milieu rural.
2.3.3 La technique de fabrication Les techniques de compostage sont bien connues et font l’objet de nombreuses
publications. Toutefois, rien ne vaut l’expérimentation in situ et le contact direct avec la
matière pour acquérir le savoir-faire nécessaire.
Le procédé proposé est très « rustique » et peu coûteux. Il ne réclame pas de
compétences techniques particulières Il consiste à empiler la biomasse à composter, en
« andains », de longueur variable et de 60 cm de haut et à la retourner, à des intervalles
de temps réguliers, pour la ventiler.
Pour permettre aux micro-organismes, les organismes responsables du compostage, de
se développer, trois éléments sont nécessaires :
§
un mélange de matières carbonées, - qui peuvent être constituées par la
biomasse (paille, petits branchages, …) trouvée sur place -, et de matières
azotées humides : les mangues non ramassées, avariées et provenant des
déchets de transformation, auxquels on peut ajouter du fumier ;
§
de l'humidité, contenue particulièrement dans les matières azotées ;
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
82
§
de l'air, dont la circulation est favorisée par les matières carbonées plus dures et
moins compactes.
Ces compostières peuvent s’installer à proximité d’une unité de séchage et d’un point
d’eau.
L’activité de fabrication démarrera, lors de la production de mangues, pour bénéficier de
quantité de matière d’œuvre et de l’humidité de la saison des pluies (prévoir de couvrir
les andains d’une bâche de protection ou de branches). Elle se prolongera durant toute
la durée de maturation, sur une période de 3 à 6 mois.
2.3.4 Le produit final Le compost est considéré comme mûr lorsqu'il ressemble de plus en plus à du terreau
avec sa couleur sombre et qu'il dégage une bonne odeur d’humus.
Son volume est de
40 à 60 % celui des matières premières Un tamisage permet d’éliminer les parties mal
décomposées.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
83
Le compost mur sera conditionné en sacs pour la revente.
Pour un exemple du procédé de fabrication :
http://postconflict.unep.ch/humanitarianaction/documents/fr-058-04_02.pdf
2.3.5 Le marché et ses contraintes Ø L’offre
L’offre s’adresse aux agriculteurs et maraichers qui amendent leurs sols en utilisant des
engrais chimiques. L’analyse des pratiques actuelles et de ses couts par rapport à celle
de l’utilisation de compost, soit seule, soit en mélange, permettrait de convaincre les
utilisateurs de sa pertinence, tout autant que la comparaison des performances
culturales.
Ø Les contraintes
Pour une grande partie, les contraintes sont mineures en ce qui concerne la technique
et les moyens matériels. Il faut, toutefois, une bonne expérience, respecter les
procédures, de manière à ne pas avoir une substance, ni trop sèche, ni trop humide et,
surtout, … savoir attendre pour avoir un produit final de qualité. La contrainte la plus
importante est de vendre le produit à son juste prix et pour cela, engager des contacts
préalables avec les utilisateurs, connaître leurs attentes.
L’analyse des pratiques actuelles de l’amendement des sols et de leurs couts par
rapport à celle de l’utilisation de compost, soit seul, soit en mélange, permettrait de
convaincre les utilisateurs de sa pertinence, tout autant que la comparaison de ses
performances culturales.
A l’instar des autres communautés rurales, Colobane n’est pas épargnée par la dégradation des
écosystèmes, phénomène qui est observé sur la quasi-totalité du pays, en particulier dans le
bassin arachidier. Cette dégradation qui a pris une ampleur alarmante se ressent sur les
différentes composantes des systèmes de production de la zone. Au plan agricole, il est noté une
baisse généralisée de la fertilité des sols dont la conséquence principale est la chute des
rendements. Cette perte de fertilité des sols est due à la fois à une dégradation chimique
(appauvrissement en éléments nutritifs) et physique des sols (érosion hydrique et éolienne).
Source : SAGTC Colobane
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
84
PPI 2 Accès d'une structure de compostage des déchets urbains aux crédits carbone
(Beira,
Mozambique)
-
http://www.ffem.fr/accueil/PPI/recherche_Projets-PPI/ppi-afrique-
centrale-orientale-australe/mozambique/PPI-Projets-Mozambique-Compostage-2
Etalonnage des unités locales de mesures pour le compostage en fosse de type unique
étanche durable - Robert Zougmoré , Moussa Bonzi, Zacharie Zida INERA SARIA BP 10
Koudougou, Burkina Faso - http://www.fidafrique.net/IMG/pdf/Leaf4.pdf
Bilan gaz à effet de serre de l’activité de compostage des déchets organiques
http://www.google.fr/search?client=safari&rls=en&q=Compost+et+effet+de+serre&ie=UTF8&oe=UTF-8&redir_esc=&ei=NAKAT_PcA6mj0QXCyYjrBg
2.4
Valorisation énergétique : Les résidus organiques Les contacts que nous avons pris avec les techniciens de PERACOD et du CERER
nous ont permis de noter qu’il existait des pistes pour la carbonisation et la
méthanisation de la mangue non consommée, des résidus de ses diverses
transformations et de sa culture, mais que si le gisement existait, la grande difficulté était
de le rassembler vers les unités de méthanisation.
2.4.1
Points saillants §
Le bois-énergie constitue plus de 60% de la consommation énergétique des
ménages sénégalais et une manne financière chiffrée à environ 20 milliards.
§
La production de charbon de bois, l’absence de régénération des ressources
végétales pèsent durablement sur la gestion de la forêt sénégalaise.
§
Pourtant, les résidus organiques sont importants et peuvent permettre à des
énergies de substitution d’émerger, soit en termes de biogaz e/ou de
carbonisation.
§
La valorisation de cette biomasse à des fins énergétiques permettrait à la
population de disposer de moyens de chauffes plus abordables financièrement
et moins contraignants pour l’environnement, que le gaz, tout aussi bien pour
l’usage domestique que pour le séchage des fruits.
§
La culture de la mangue génère une importante masse de matières organiques
du fait des nombreux fruits soit non récoltés, soit impropres à la consommation
et des épluchures résultant de sa transformation.
§
Les vergers produisent également de la biomasse composée de branchages et
feuillages, qui généralement, pourrissent sur place.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
85
2.4.2
Le produit Le Sénégal s’investit largement dans ce secteur. Plusieurs structures d’appui ont été
créées comme le Centre d’Etudes et de Recherche sur les Energies Renouvelables
(CERER), le PROGEDE - Projet de gestion durable et participative des énergies
traditionnelles et de substitution, le PERACOD – Programme pour la Promotion de
l’Electricité rurale et de l’Approvisionnement durable en Combustibles Domestiques.
Cette dernière structure est certainement plus directement opérationnelle pour intervenir
sur la valorisation de cette bio masse en bio charbon et les techniques de carbonisation,
comme elle le fait avec le typha, dans la région de Saint Louis, projette de le faire pour
les montagnes de coques du bassin arachidier et pourrait le faire avec la transformation
des noyaux de mangue en charbon de bois
En ce qui concerne la valorisation des résidus organiques des vergers et la fabrication
de biogaz pouvant remplacer ou compléter le gaz fossile utilisé pour le séchage de la
mangue, il pourrait être fait appel au Programme national de biogaz domestique (PNBSN), bien qu’il n’intervienne que, dans le Bassin arachidier et la zone péri-urbaine de
Dakar, avec l’installation de 8.000 bio digesteurs d’ici 2013.
2.4.3
Les techniques : Il existe de nombreuses techniques faisant appel à des méthodes simples comme la
carbonisation ou pouvant donner lieu à des installations complexes et couteuses.
ü L’utilisation de la biomasse sèche : bois, paille, noyau
§
La combustion, système classique et localement utilisé, qui permet de
générer de la chaleur pour cuire la cuisson, et, éventuellement, de la
vapeur pour alimenter une turbine à vapeur pour la possible production
d’électricité.
§
La carbonisation ou pyrolyse, qui produit du charbon de bois et des huiles
à partir desquelles on peut fabriquer du carburant et du gaz.
ü L’utilisation de la biomasse humide : boues, lisiers, .. mais aussi déchets
fermentescibles de la mangue fraiche
§
La digestion biogaz : il s’agit d’une fermentation des matière organiques
végétales ou animales, - qui pourraient être des rebuts de mangues,
additionnés ou non de fumiers -, en l’absence d’oxygène. Le résultat en est
la production de méthane, utilisable directement comme le propane et le
butane, et qui pourrait servir au séchage de la mangue et d’autres produits
agricoles.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
86
§
La fermentation éthanol : cette fermentation permet à certaines levures à
transformer le sucre en éthanol, qui est un bio carburant utilisable dans les
moteurs thermiques.
§
L’extraction des huiles contenues dans la bio masse pour transformer en
biodiesel.
Le tableau ci-dessous montre que la méthanisation de 5 tonnes de bio masse permet
d’obtenir 3 tonnes de bio gaz.
En ce qui concerne :
Ø la carbonisation :
Le PERACOD a expérimenté la carbonisation avec succès du typha dans la région de
Saint Louis et entreprend la même démarche avec les masses de coques d’arachide
dans le bassin arachidien. Les experts que nous avons contactés, ne voient pas
d’objection, à la carbonisation des noyaux de mangues, dans la mesure où le gisement
est rassemblé en quantité sur des lieux.
Ø la méthanisation :
Le Programme national de biogaz domestique propose un bio digesteur, qui se
compose d’un mécanisme construit à deux mètres de profondeur, doté d’un mixeur (eau
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
87
plus bouses de vache) et d’une chambre produisant, outre le compost, le gaz avec un
terminal pour le ou les brûleurs. La construction tout comme le service après-vente,
seront assurés par des maçons dûment formés par le programme.
Le potentiel en élevage, une population de 20.000 habitants au moins, l’intégration
agriculture/élevage et une cuisine adaptée, sont au nombre des modalités d’acquisition
de ces bio digesteurs coûtant, selon les volumes désirés, entre 382.000 et 433 550
francs avec toutefois une subvention de l’Etat pour les cent premières unités et un
apport en nature ou espèce du bénéficiaire.
3. La Région de Kolda est-­‐elle en mesure de développer les activités de valorisation des sous-­‐produits ? 3.1
Le beurre de mangue 3.1.1 Plusieurs opportunités sont saillantes Ø Le gisement potentiel et pouvant être collecté :
Les mangues non utilisées sont en abondance. La collecte de leurs noyaux peut
constituer un apport financier complémentaire, notamment pour des brigades de
cueilleurs de mangues fraiches.
Il est, toutefois, à noter que le rendement de l’extraction du beurre de mangue est
extrêmement faible. On peut considérer qu’il faut utiliser 120 tonnes de mangues pour
obtenir une tonne de beurre de mangue, soit 1 tonne pour 12 ha de verger et pour
l’ensemble des 100 000 tonnes estimées de la zone, une production potentielle d’un peu
plus de 800 tonnes à l’année, si tous les noyaux de mangue étaient collectés et utilisés.
Une R&D permettrait de déterminer les qualités du produit final en fonction des diverses
variétés de mangues et surtout si la mangue traditionnelle, souvent délaissée, pouvait
avoir une utilité dans cette orientation.
Notons qu’il est possible d’utiliser l’amande, dans sa totalité, sans en retirer le beurre, en
la pilant, selon des recettes spécifiques.
Ø L’intérêt économique :
Des éléments pour déterminer l’intérêt économique de cette piste pourraient être fournis
en analysant les filières similaires existantes, notamment traitant du beurre de karité ou
fabriquant de l’huile de neem, cette dernière production utilisant le même process de
transformation – voir étude ABC consulting : « Production artisanale d’huile de neem ».
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
88
Compte tenu de la quantité de mangues inutilisées et du nombre de noyaux de
mangues disponibles, cette piste semble être une bonne opportunité, dans la
mesure où il existe une demande et un intérêt économique des entrepreneurs de
Kolda.
Ø L’intérêt social :
Les paysans seront les premiers bénéficiaires car les déchets de mangues nuisent à la
santé du bétail qui s‘étouffe en avalant les noyaux. Ils bénéficieront également de
l’accès à un compost de qualité leur permettant de s’engager dans une filière bio.
Les transformateurs de mangues pourront se décharger des volumes inutilisés de
noyaux de mangues (au besoin alimentés par la collecte des noyaux des fruits non
consommés).
Les nouveaux acteurs travaillant sur la transformation des sous-produits, en partenariat
avec les clients acheteurs, et avec l’appui technique d’une structure compétente en
matière de cette production, bénéficieront d’emplois.
Il en sera, de même, pour les jeunes chômeurs, qui constitués en brigades, assureront
la collecte des mangues dans les vergers et le dénoyautage.
3.1.2
Les pistes porteuses L’entreprise franco-sénégalaise, « Naturi Ebène », installée à Paris depuis plus de dix
ans, a créé une boutique en ligne, qui propose des matières premières cosmétiques à
base de la pharmacopée africaine : Kombo, coco et aussi mangue. Naocia.com, site de
vente de parapharmacie, depuis 2007, est un central de distribution de large gamme de
parapharmaceutique et diététiques : produits antirides, produits minceurs, hyper
protéinés, à base des produits naturels dont la mangue. A titre d’exemple, sur les rayons
des baumes de lèvres on peut trouver la marque « Nuxe », baume multifonctions
nourrissantes et protectrices des lèvres avec un effet de gloss transparent. Leur slogan
marketing : « Le site de vente qui révolutionne la satisfaction clientèle ». De même que
Klorane commercialise 125 cl d’huile de mangue Klorane pour 11,50 € en vente directe.
Son argument de vente : Klorane Huile de Mangue cheveux secs et abimés « possède
un anti-uv et des propriétés nutritives pour protéger et sublimer les cheveux secs ou
abîmés exposés au soleil ».
Sur les créneaux porteurs des produits similaires, on peut citer les Laboratoires
BIOESSENCE, entreprise dakaroise et lauréate du prix Cartier Women’s Initiative. Elle
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
89
produit localement les soins pour femmes, pour enfants,… des crèmes, des huiles, et
baumes pour cheveux,… qu’elle commercialise à l’international. « Body Butter », baume
100% karité de massage se vend à 17,70 Euros (11 600 FCFA), le savon karité et coco
à 4,79 Euros (3 140 FCFA) la pièce, l’huile de baobab à 30 Euros (19 700 FCFA) les
100 litres, et enfin, leur « Karistal corbeille phyto-vitale », avec ses 7 produits assortis,
coute 58 Euros (38 000 FCFA). Leur stratégie markéting, leur choix d’emballages et leur
site pour vente en directes sont autant d’atouts qui ont fait progresser cette entreprise
exemplaire.
Ainsi, partant de la qualité intrinsèque et reconnue du beurre de mangue et de la logique
du développement des produits, il faut s’appuyer sur les expériences réussies, sur les
savoirs technologiques et sur les innovations en termes de marketing.
Enfin, à noter aussi qu’en termes de partenariats opportuns, « Naturi Ebène », engagée
à revenir sur Dakar, anime des ateliers cosmétiques, de savonnerie et de coaching «
retour au naturel » car « l’Afrique c’est chez moi, et c’est là-bas que je souhaite
construire ma vie » et que La Maison du Karité, à Dakar, a exprimé son intérêt avec les
producteurs de la Région de Kolda sur cette filière.
La demande de l’industrie du cosmétique exige un beurre de mangue 100 % pur et
naturel, sans colorant, ni conservateur, ni parfum, extrait par pression à froid puis
purification par procédé physique (sans solvant ni produit chimique).
Ces critères et la démarche de production sont à rapprocher de celle de la fabrication du
beurre de karité ou d’huile de neem, qui réclame en partie les mêmes installations. La
fabrication d’autres beurres (karité, coco, avocat…,) pourrait être regroupée au sein
d’une même unité de production, qui pourrait également distiller des extraits
aromatiques.
Ø Les étapes à franchir : §
L’analyse du marché et de sa faisabilité.
§
Les tests préalables de la faisabilité technique de l’extraction et du contrôle
qualité du produit fabriqué.
§
La mise en place d’une unité de production de beurre, sous couvert de la
validation des tests préalables, soit pour fabriquer du beurre de mangue pur,
destiné à l’exportation, soit pour fabriquer des produits cosmétiques finis, en
synergie avec d’autres produits, comme le beurre de karité, de coco et des
huiles essentielles, à base d’agrumes … .
§
L’obtention d’une certification Ecocert par un laboratoire agréé.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
90
§
Le lancement et la commercialisation d’une production sur le marché
international, national et local.
3.2 Le compost et la méthanisation 3.2.1
Le gisement potentiel et pouvant être collecté Le gisement potentiel de résidus organiques issus du manguier, de la mangue et de sa
transformation dans la région de Kolda, est évalué, en ce qui concerne :
§
la bio masse, à 4 à 4,5 tonnes la masse disponible à l’hectare ;
§
les mangues non exploitées, à un gisement potentiel de 20 000 tonnes sur la
base d’une production totale estimée à 100 000 tonnes ;
§
les noix de mangues résiduelles, susceptibles d’être collectés, à 8 000 tonnes,
dont quelques 800 tonnes (10%) pourraient l’être par des brigades de
cueilleurs.
Ø L’intérêt économique : Le développement d’une filière de compostage serait un moyen de sauvegarder
la qualité du territoire et une étape importante vers la certification des produits en
tant qu’agriculture biologique. Elle permettrait en utilisant des déchets rejetés
comme inutiles à créer du compost qui diminue les intrants en engrais chimiques
importés.
Il en est de même de la fabrication de méthane, pour la réduction de la facture de
gaz fossile, également, importé.
Cette piste, si elle est poursuivie, peut contribuer à remplacer partiellement ou
totalement le gaz fossile des séchoirs de mangue, ainsi que participer à limiter
l’effet de serre en évitant les émissions de gaz. Ce qui permet d’être éligibles au
crédit carbone et de se positionner sur ce marché.
Ø L’intérêt social : Cette piste permettrait aux jeunes des brigades, de compléter leurs revenus par
la collecte de la bio masse, la fabrication de compost et la vente de compost.
3.2.2 Les contraintes pour la production de compost : Les contraintes résident essentiellement dans :
§ La collecte et le transport des éléments à composter disponibles.
§ L’acquisition et le respect du savoir faire.
§ Les délais d’obtention d’un produit mûr satisfaisant.
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
91
§ L’intérêt des agriculteurs et des maraichers à utiliser ce produit et à le payer à
son juste prix.
Ø Les étapes à franchir pour la production de compost §
L’analyse du marché et de sa faisabilité.
§
La sensibilisation à la fabrication et à l’utilisation de ce produit.
§
La mise en place de compostières individuelles et collectives.
§
L’appui à la production et à la promotion du produit.
§
La rédaction d’un dossier « Project Design Document (PDD) » respectant les
normes du Voluntary Carbon Standard (VCS) à soumettre au Fonds français
pour l’Environnement Mondial - www.ffem.fr.
Ø Les contraintes pour la production d’énergie §
La question est de savoir si l’on peut ajouter des rebuts de pulpe de mangue
en complément ou en remplacement de la bouse de vache ?
§
Cette piste doit faire l’objet d’une R & D pour être validée.
§
Dans la logique où les conditions techniques et matériels sont mises en place
par PERACOD, la contrainte principale est de collecter, transporter et
rassembler dans les lieux de transformation la masse critique suffisante pour
engager les diverses valorisation de carbonisation et de méthanisation.
Ø Les étapes à franchir pour la production d’énergie §
L’ensemble de ces actions ne peut se faire qu’en partenariat avec les
structures concernées : PERACOD, le Programme national de biogaz
domestique, dans le cadre d’un partenariat et le CIRAD.
Adresses utiles :
PERACOD Hann Mariste BP 3869 Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 832 64 71 [email protected]
/ http://www.peracod.sn/
BIOECO/PERACOD – Anthony GUHUR – [email protected] - tél : 77 421 20 09 / Martial
CHARPIN –martial CHARPIN @eco-consult.com - tél :77 215 33 83 - http://bio-eco.fr/biogaz,traitement-lisier/assainissement-autonome,international/bioeco-expertise.php /
PROGEDE - Projet de gestion durable et participative des énergies traditionnelles et de
substitution - Dakar Tel : 33 832 47 38 - Fax : 33 832 47 39 Email : [email protected] Kolda
Tel : 33 996 17 29 - Fax : 33 996 17 30 Email : [email protected]
Centre d’Etudes et de Recherche sur les Energies Renouvelables (CERER), Route du
Service Géographique (HB-87) x Rue HB-478, Hann Bel-Air - 338 32 10 53 http://cerer.ucad.sn
Centre de suivi écologique (CSE) pour la conduite des activités du Plan de Gestion
Environnementale et Sociale (PGES) - http://www.cse.sn/ - Rue Léon GONTRAN DAMAS- FANN
Résidence – DAKAR Tél. 33 825 80 66 / 33 825 80 67 – mail : [email protected]
Techniques simples de carbonisation http://www.fao.org/docrep/X5328f/X5328f00.htm
Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
92
PARTIE III – LES RECOMMANDATIONS ET LES PISTES STRATEGIQUES Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
93
Cette partie présente les recommandations et l’ensemble des pistes proposées.
Ø Le choix de ces pistes repose sur un ensemble de facteurs, qui s’articulent
autour de ces principes :
§
Le territoire dispose d’importantes potentialités qui ne demandent qu’à être
mises en valeur, si les populations en prennent conscience, mais aussi qu’il
convient de préserver.
§
Il ne peut y avoir de développement économique et social possible qu'à
travers celui du développement de la personne.
§
La gouvernance des collectivités locales est déterminante pour donner fixer
un cadre institutionnel, l’encadrer, l’animer et le faire respecter.
§
Le recours à l’entreprenariat privé est nécessaire pour donner plus de force
à l’action et servir d’effet démonstratif.
§
L’implication de l’assistance extérieure, avec ses compétences et ses
moyens garantit l’implication et la responsabilisation des acteurs, en
animant, formant, garantissant les règles d’équité, de gouvernance et de
bonne gestion.
Si aucune hiérarchisation n’a encore été faite, il est à signaler que les deux premières
pistes proposées sont considérées des préalables à toutes les autres : i) le facteur
humain, concernant la prise en compte, l’implication des hommes et des femmes et la
coordination des interventions ; ii) la réhabilitation des vergers de manguiers.
Ø La logique retenue est la suivante : §
la disponibilité en mangues de qualité est l’élément déterminant pour le
développement de la filière ;
§
le facteur humain et son appropriation des méthodes et des techniques, est
l’élément déterminant pour la réussite des activités ;
§
sans coordination de l’assistance, des messages contradictoires peuvent être
diffusés, entrainant une
incompréhension
et une
démobilisation
des
bénéficiaires.
Les autres pistes concernent la mangue fraiche, la mangue transformée et les sousproduits et sont présentées en respectant l’ordre des chapitres d’analyse de notre étude.
Ø La mise en oeuvre •
L’ARDK est le « chef d’orchestre » qui organise, engage les concertations et
propose aux organismes des accords de partenariats techniques et financiers.
•
IDS et d’autres ONGs peuvent intervenir en appui à la maitrise d’ouvrage et
assistance technique, à la demande et de manière ponctuelle.
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PISTE6 0 : FACTEUR HUMAIN ET APPUI AU SUIVI DES ACTIVITES La clé́ du succès de l’action dépend en large partie de la participation des bénéficiaires
et du rôle actif qu'ils jouent dans l’élaboration et de la mise en oeuvre de la stratégie.
Cette piste propose d’avoir recours à la logique généralement adoptée pour la conduite
des projets de développement intégré et d’intervenir, le plus en amont possible, afin de
responsabiliser les villageois bénéficiaires et les amener à être les acteurs de leur
propre développement.
Cette logique s’appuie sur les principes suivants :
§
La stratégie se veut globale, selon la logique suivant laquelle la connaissance
d’un tout permet de comprendre les caractéristiques de chacun des éléments de
ce tout, notamment ceux qui font l’objet de l’étude.
§
L’action doit s'inscrire dans une démarche de développement durable et se
projeter sur le long terme.
§
L’action ne peut apporter à elle seule une réponse sectorielle et doit se conjuguer
avec l’ensemble des programmes locaux d'appui au développement.
§
L'assistance apportée aux acteurs locaux doit être de durée limitée et les
modalités de son désengagement précisées dans le plan d’action et son
calendrier, dès sa conception.
§
La consultation des acteurs locaux, des bénéficiaires et toutes les parties
concernées doit être permanente et les outils de démocratie participative, qui
permettent d’impliquer les acteurs bénéficiaires à la prise de décision, largement
utilisés.
§
Le développement intégré se concentre plus sur les moyens de production et les
facteurs économiques susceptibles de favoriser les échanges commerciaux les
plus aptes à améliorer les conditions de vie des bénéficiaires.
La responsabilisation, qui est proposée, fait largement appel à l’expérience des groupes
« Naam », au Burkina Faso, d’une part, parce qu’elle a été pensée et conçue par des
africains pour des africains, dans le respect dans le respect des contextes culturels, et
d’autre part, parce qu’elle a produit des résultats gagnants. La philosophie des «Naam»
repose sur le concept : « Développer sans abimer ». C’est d'abord reconnaître à chaque
société une identité propre et le droit à la préserver et l'enrichir à partir d'options
(objectifs et stratégies) qu'elle aura définies. En employant cette philosophie, on vise à
responsabiliser le groupe à ses problèmes et l'amener à les prendre en charge en
6
0 pour préliminaire1
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considérant sa culture, sa perception des choses, ses pratiques, sa compréhension de
l'environnement humain et physique.
« Lorsqu'un groupe conscient de son identité et de ses valeurs et ayant des options
claires, identifie ses difficultés, il s'engage à les résoudre. II cherche dans le creuset
de son expérience des solutions possibles et adéquates. II fait des efforts pour
élaborer des plans d'action, s'organise et en cherche les ressources nécessaires. Une
dynamique entraînant des changements économiques, sociaux et culturel,s sans
altération et ni violence, est ainsi déclenchée ».
Les formateurs, que nous avons rencontrés, nous disent tous « Nos élèves sont
parfaitement formés lorsqu’ils nous quittent. Ils appliquent précisément nos
enseignements, mais quand ils retournent au village, ils reprennent leurs habitudes et
ne pratiquent ce que nous leur avons appris ». Nous pensons que le cœur du
problème se trouvent ici et qu’il faut mettre en adéquation, l’homme, ses habitudes
culturelles et adapter les projets à l’homme et non vouloir adapter l’homme aux projets
exogènes qui lui sont plus ou moins imposés.
L’indispensable challenge pour réussir est de rendre le groupe auteur et acteur de ses
projets dans l'optique de ses propres valeurs et potentialités.
Le diagnostic est la première étape du travail à réaliser avec les villageois. Avec l’aide
des animateurs, ils font un apprentissage progressif qui les amene à analyser leur
situation actuelle. Pour les villageois, les objectifs sont les suivants : i) mieux connaitre
leur environnement, leurs contraintes et potentialités ; ii) identifier, pour chaque
catégorie d’habitants, les principaux problèmes rencontrés; iii) hiérarchiser les
problèmes pour l’ensemble de la collectivité ; iv) analyser les problèmes en vue d’une
meilleure compréhension de leurs causes et de leurs effets ; v) choisir les causes les
plus pertinentes sur lesquelles les bénéficiaires peuvent agir ; vi) identifier les problèmes
prioritaires et les atouts de la collectivité ainsi que les ressources existantes ou
mobilisables.
A la fin de cette étape de diagnostic, les villageois disposent d’une description détaillée
de leur terroir, d’une liste des problèmes hiérarchisés par groupes de villageois, d’une
analyse des problèmes prioritaires et des atouts qui sont à la base de la planification, qui
constituent la 2ème étape.
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Action 0.1 – Réaliser un diagnostic participatif et un plan d’actions concerté 1 -­‐ Analyse, pertinence du choix : Le constat est que les bénéficiaires ne semblent pas réellement motivés par les actions
engagées, dépendent largement de l’aide extérieure, la subissent pour certains,
l’exploitent pour d’autres et que cette aide ne contribue pas au développement qu’ils
souhaiteraient, compte tenu de leurs attentes et de leurs habitudes culturelles.
2 -­‐ Étapes : Ø Sous Action1 : Phase de préparation
§
Contact avec les partenaires et accord des autorités administratives, mise au
point
de
la
stratégie
d’intervention,
identification
et
formation
des
enquêteurs/animateurs, préparation des documents d'enquêtes.
Ø Sous-Action 2 - Phase de Diagnostic : Identification et analyse des problèmes,
restitution, formation de comités villageois et mise en place des structures de
l’activité :
§
Réaliser (ou revoir ce qui a été fait, selon la logique présentée) un diagnostic
territorial participatif, privilégiant d’une part, les stratégies d’acteurs et un état
des lieux des actions engagées et des résultats obtenus et d’autre part, la
prise en compte des acteurs, de leurs valeurs, des enjeux et de leurs
attentes.
§
Favoriser l’organisation des intéressés en groupements structurés (ou
renforcer ceux qui existent), administrés par un comité de gestion, dans le
cadre d’élections libres et démocratiques, notamment en privilégiant la
création et le renforcement de groupements administrés par des femmes.
Ø Sous-Action 3 - Phase de planification : Identification des actions et
réalisation d'un plan d'actions
§
À partir de ces données, élaborer (ou revoir) un document cadre et un
programme pour chacune des activités, qui les sous tendent.
3 -­‐ Comment faire ? §
Identifier un technicien responsable capable de conduire cette action.
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§
Former les cadres d’animation à ces techniques et les encadrer dans leurs
exécutions.
§
Identifier la zone concernée par l’intervention.
§
Engager une participation active des acteurs locaux dans le cadre d’un
processus démocratique, par villages, groupes, genres, catégories d’âges et
concernés.
Cette action devra s’effectuer
en préalable à toutes autres, dont le contenu en
découlera.
4 -­‐ Les acteurs : ARD, ensemble des acteurs et bénéficiaires. Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
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Action 0.2 – Phase d'exécution 1-­‐ Analyse, pertinence du choix : Pour une bonne exécution des activités de développement, les bénéficiaires ont besoin
d’une organisation locale efficace apte à prendre en charge la gestion et le suivi évaluation des actions planifiées. Une collectivité avertie et bien organisée peut à la fois
mieux gérer ses ressources naturelles et permettre à tous les villageois de se sentir
concernés et d’exprimer leurs opinions. Pour promouvoir le développement local, il est
indispensable que les villageois soient formés, suivis et qu’une attention particulière soit
accordée aux processus de communication et de concertation entre eux, avec les
habitants des villages voisins, avec les autorités administratives (décentralisées) et avec
les différents partenaires qui interviennent dans leur milieu.
Une démarche similaire est à engager entre les partenaires institutionnels et de
l'assistance extérieure pour donner plus de cohérence à une action commune.
Une structure spécifique pour la promotion de la Région et de ses productions agricoles
est à envisager en ce qui concerne la labellisation l'amélioration des emballages, le
marketing, la création d'évènementiels, …) (voir le développement en Sous-Action 4)
2-­‐ Les étapes : Ø Sous-­‐Action 1: Constitution (ou renforcement) et accompagnement des groupements villageois §
Créer ou consolider les structures villageoises de coordination qui seront les
interlocuteurs de l’ARD et des partenaires extérieurs et, en même temps,
capables de stimuler et coordonner toutes les activités de développement. Après
l’étape de planification, une réflexion est à mener avec les villageois pour
l’établissement ou le renforcement d’une telle structure.
Ø Sous-­‐Action 2 : Formation et professionnalisation des acteurs §
Remettre à niveau sur le plan éducatif élémentaire (savoir compter, lire, écrire)
les principaux acteurs, les former, les informer et leur donner les moyens d’être
en mesure de jouer pleinement leurs rôles dans le développement local, en
matière de gestion d’entreprise, de comptabilité, de conduite de réunions, de
rédaction de PV, …
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§
Informer les bénéficiaires de la réalité du monde extérieur et des marchés et les
former en ce sens : marketing, règles d’hygiènes, exigence de qualité,
labellisation,
culture
biologique,
législation
du
travail,
contraintes
environnementales, …
Ø Sous-­‐Action 3 : Accompagnement des acteurs et suivi de la mise en œuvre des activités §
Mise en place des structures et les conditions qui permettront à l’ARD et à ses
partenaires d’appuyer les bénéficiaires et de suivre le bon déroulement de la
mise en œuvre du plan d’actions.
3 -­‐ Comment faire ? §
Travailler en coordination avec les ONGs intervenant dans la zone (les peace
corps se sont déclarés disponibles), afin d’éviter les visites trop nombreuses, les
doublons et les actions contradictoires et pour cela, mettre en place un cadre de
concertation, placé sous la direction de l’ARD.
§
Former les cadres à ces techniques d’animation et les encadrer dans leurs
exécutions.
§
Expliquer les enjeux et les procédures.
§
Engager des discussions pour désigner les « vrais » leaders et favoriser la tenue
d’élections libres et démocratiques pour la constitution de groupes d’action et la
mise en place d’un bureau exécutif.
§
Dégager, à partir du document cadre et des programmes d’activités, un budget,
une feuille de route et un calendrier.
§
Engager les actions de formation, qui seront continues durant la durée de l’action
et spécifiques pour gommer les manques et/ou renforcer une fonction et/ou une
démarche.
§
Les contenus de cette action devront s’effectuer en préalable à toutes autres, et
se poursuivre en parallèle, durant toute la durée du plan d’action prévu, avec la
possibilité d’être réactualisé en permanence pour « coller » à la réalité du terrain
et à ses contraintes.
4 -­‐ Les acteurs : ARD, ONGs compétentes en ce domaine, ensemble des acteurs et
bénéficiaires.
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Ø Sous-­‐Action 4 : Mise en place d’une unité de type « agence » pour la promotion de la mangue (en lien avec les autres pistes et actions proposées) 1-­‐ Analyse, pertinence, du choix : §
La vente des fruits frais et des produits transformés, quels qu’ils soient, dépend
des 4 critères suivants : le prix, la distribution, le produit et la promotion (ou le
marketing), auxquels on peut ajouter le packaging, qui permet d’attirer
l’attention du client et de déclencher son acte d’achat ;
§
Le non-respect de ces critères dans leur ensemble ou de l’un ou de l’autre rend,
sans grand objet, la fabrication du produit, que l’on désire commercialiser. A
contrario, la mise en place d’un marketing bien construit permettrait de
dynamiser les ventes et, de ce fait, permettre de satisfaire les objectifs
poursuivis de réduction de la pauvreté.
§
Toutefois, la réalisation de ces critères est l’affaire de spécialistes. La mise en
place d’une structure d‘appui à la commercialisation des produits transformés
de Kolda compléterait efficacement les productions villageoises.
A cela s’ajoute d’autres possibilités en lien avec les acteurs privés :
§
Des entreprises
nationales qui vendent leurs produits
sur le marché
sénégalais et de Kolda pourraient vendre leurs produits et repartir avec les
produits locaux pour les revendre sur d’autres marchés. Par exemple, une
entreprise sénégalaise de poulets, basée à Dakar veut développer le marché à
Kolda. Elle y vend 10 000 poulets par mois et veut tripler ses ventes. Elle serait
disposée à acheter les produits laitiers comme le yaourt à base de mangue,
pour les revendre à Dakar, grâce à son circuit de distribution.
§
Des entreprises étrangères pourraient également faire ce choix stratégique leur
permettant de mieux rentabiliser leurs circuits de distribution. C’est le cas de
l’entreprise algérienne AFRIDAT qui se lance en 2012 sur le marché
sénégalais. Importateur des dattes de « Tougourt » il serait intéressé à acheter
des fruits séchés non produits dans son pays.
2 -­‐ Comment faire ? § Créer au sein au de l’Agence Régionale de Développement en lien avec la
Chambre de Commerce et d’Agriculture, une unité de type « Agence »,
composée de personnels qui se chargeraient uniquement de la promotion et de
la vente des produits agricoles au niveau local et extérieur, ainsi que
d’organiser des évènementiels. Un PPP avec des agences de marketing de la
capitale, peut être aussi envisagé.
3 -­‐ Les acteurs : ARD, Chambre de Commerce, Agence de Marketing, PROMER et
PADEC.
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ACTION 0.3 -­‐ Phase d'évaluation 1 -­‐ Analyse, pertinence du choix : §
Le suivi et l’évaluation participatifs doivent permettre aux villageois de : i) suivre
l’avancement de chaque action au cours de l’année ; ii) tenir tout le monde au
courant ; iii) évaluer les résultats des actions entreprises afin de les (ré)planifier
si nécessaire ; iv) évaluer l’engagement de chaque responsable (villageois et
techniciens) dans les activités entreprises.
§
Le suivi est assuré de manière continue tout au long des activités alors que
l’évaluation est réalisée périodiquement (par exemple une fois par an), à miparcours et à la fin des activités.
2 -­‐ Les étapes : Ø Sous-Action 1 : Suivi régulier de l'action
§
Cette action est du ressort direct de l’ARD et de la structure de suivi mise en
place
Ø Sous-Action 2 : Evaluation interne et externe à mi-parcours
§
Cette action est du ressort direct de l’ARD qui confie à un de ces
responsables distinct de celui qui supervise l’action la tâche d’évaluer à miparcours les actions engagées et mandate un bureau d’études, compétent en
la matière, d’effectuer la même prestation la même tâche
Ø Sous-Action 3 : Evaluation finale interne et externe
§
Même démarche que précédemment effectuée à la fin de l’appui prévu.
3 -­‐ Les acteurs : l’ARD et ses partenaire ; un bureau d’études extérieur La feuille de route (voir page suivante) Étude de la filière mangue dans la Région de Kolda - Initiatives de Développement Stratégique – www.ids21.org - juin 2012
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