Petit journal FR

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Petit journal FR
AILLEURS ICI
UNE PROPOSITION D’ELVAN ZABUNYAN
AVEC MICHELLE DIZON, FANCH DODEUR ET BARTHÉLEMY PÉRON, ANDREAS MARIA FOHR,
RENÉE GREEN, THIERRY LEFÉBURE, TRINH T. MINH-HA, CAECILIA TRIPP
En partenariat avec le Musée des beaux-arts de Quimper et Gros Plan
« Ailleurs, ici » est né du désir de réunir ici, au Quartier, des propositions visuelles et sonores qui racontent l’histoire du
déplacement culturel. Ce déplacement est d’abord physique - l’artiste se trouve dans un lieu et y enregistre des images mais il est aussi politique et poétique - l’artiste pense le présent de la culture qu’il interroge et en fait une forme filmique,
photographique, sculpturale, littéraire.
Pour vivre cette exposition collective, qui est aussi et surtout une expérience subjective, les spectateurs peuvent prendre
leur temps. Elles et ils peuvent s’engager dans un parcours contemplatif en s’immergeant dans les œuvres afin de saisir les
mouvements du déplacement et la nécessité de s’arrêter pour les découvrir. Le corps se pose mais, au contact des images
et des sons, l’esprit devient nomade.
« Ici », « Ailleurs », deux adverbes dont l’étymologie latine désigne respectivement un endroit précis (hic) et un autre lieu
(aliore). Sans hiérarchiser les espaces, l’exposition propose de privilégier les rencontres en créant une simultanéité de
temporalités. C’est au cœur d’une oscillation (comment effectuer le déplacement entre le « ici » et l’« ailleurs » ? et vice
versa ?) qu’on cherche à saisir ce qui se joue dans la distance qui sépare géographiquement, politiquement, culturellement,
métaphoriquement les deux lieux à appréhender selon la position que l’on occupe dans le monde.
Il ne s’agit pas de déterminer ce qu’est le « ici » ou l’« ailleurs » (ils sont partout là à chaque instant) mais bien l’espace qui les
lie ou les éloigne. Puisque le déplacement d’un point à un autre peut être multiple et évoquer à la fois le voyage, la migration,
l’exploration, l’exode, ce qui fait le lien de toutes ces conditions est la mobilité nécessaire qui s’y rattache.
L’exposition souhaite solliciter plusieurs « ailleurs » pour les faire naviguer vers le « ici » que représente la ville de Quimper,
en convoquant à travers les lignes et la mémoire, la longue histoire de la Bretagne dans le commerce maritime à l’époque
coloniale.
Travailler cette notion de lieu dans sa translation permet de réfléchir à la façon dont l’idée allégorique du « voyage » est
aussi une façon de découvrir, d’explorer mais aussi d’observer, d’étudier ce qui se joue dans les ondes de l’expérience du
déplacement et dans les sillons d’une pensée critique qui s’adosse plus que jamais à l’extrême violence de l’actualité en
s’inscrivant dans les interstices d’une Histoire tourmentée.
À la manière d’une vague, l’exposition porte l’idée contrastée de force et de fluidité, de décentrement et d’aller-retour, de
turbulence et de persévérance, pour établir une conversation entre les artistes et les spectateurs, pour poser un regard
aiguisé sur la réalité contemporaine du monde aujourd’hui, « ailleurs » et « ici », « ailleurs, ici ».
Elvan Zabunyan, historienne de l’art contemporain, est professeure à l’Université Rennes 2 et critique d’art. Ses recherches
portent sur l’art nord-américain depuis les années 1960 et notamment le tournant 1970 autour des questions raciales et
féministes. Elle travaille depuis le début des années 1990 sur les problématiques issues des cultural studies, des théories
postcoloniales et des études de genre en cherchant à construire, grâce à ces pensées critiques, une méthodologie de
l’histoire de l’art contemporain articulée autour d’une histoire culturelle, sociale et politique. Ses travaux actuels interrogent
l’héritage et la mémoire de l’esclavage ainsi que de la colonisation en repensant l’idée de déplacements culturels à la lumière
de l’actualité mondiale, tant artistique que géopolitique. Elle a publié Black is a color, une histoire de l’art africain américain
(Dis Voir, 2004 et 2005 pour la version anglaise), Theresa Hak Kyung Cha – Berkeley – 1968 (Presses du réel, 2013), co-dirigé
plusieurs livres et écrit de nombreux articles dans des ouvrages collectifs, des catalogues d’exposition et des périodiques
(notamment sur les artistes Louise Bourgeois, Martha Rosler, Adrian Piper, Lorna Simpson, Trinh T.Minh-ha, Renée Green,
Rosemarie Trockel, Hannah Wilke, Martha Wilson…).
JOURNAL Nº 95
14 NOVEMBRE 2015 - 14 FÉVRIER 2016
SALLE 1
THIERRY LEFÉBURE
Né à Paris. Il vit à Limay et à Paris.
Sans titre, 2007-2014
15 photographies, 80 x 120 cm
Thierry Lefébure photographie selon ses déplacements.
Son travail s’adosse depuis des décennies à un
engagement sur le terrain. En 1998, il emménage à l’Hôtel
Moderne à Paris et aide les Sans-Papiers à traverser la
mer Rouge comme une métaphore pour revendiquer le
droit à la circulation pour tous. En 2002, il autoédite un
livre sur l’entreprise familiale pour rendre hommage au
monde du travail et présente des portraits des salariés
photographiés en 1998 et en 1999. En 2003, il rencontre les
Rroms roumains aux portes de Paris (Montreuil, SaintDenis, Aubervilliers) et s’engage avec d’autres soutiens
pour obtenir leur régularisation sur le territoire français.
En 2004 et en 2005, il se rend à Brindiago en Casamance
au Sénégal en tant que chef de projet (porté par
l’association ARBRE) pour travailler à la reconstruction de
l’école primaire de Brindiago qui accueille 205 élèves en
2008.
Paris, Istanbul, Saint-Malo, Bucarest, Dakar, Los Angeles,
Mustafapasa, Selçuk, Uchisar, Catane, Izmir, Doganbey,
sont les lieux où Thierry Lefébure a pris les photographies
qui sont présentées ici pour la première fois par des
tirages de grand format, directement collés sur les murs.
L’artiste préfère volontairement ne pas nommer chaque
image par un titre afin de laisser libre le regard que l’on
pose sur le lieu. Si c’est l’image qui fait exister le lieu, le lieu
a aussi sa liberté et l’artiste choisit de la lui laisser tout en
captant pendant une fraction de seconde ce qu’il y a vu.
Parmi les éléments qui génèrent le déplacement
photographique chez Thierry Lefébure, il y a la lumière.
Celle-ci associe ce qui est saisi avant et après la prise
de vue et est très souvent le déclencheur de l’image à
naître. En parcourant les paysages les plus divers en
Europe occidentale et orientale, aux Amériques, en Asie,
en Afrique, il regarde comment le lieu traversé peut
s’imprimer sur la surface rayonnante de sa pellicule
argentique.
Choisies de façon très soigneuse parmi des milliers
d’images qui composent son travail depuis près de
trente ans, ces quinze photographies datent toutes des
dix dernières années et permettent de créer un espace
de contemplation inédit et spécifique. Chaque image
existe pour elle-même et pour les autres, produisant
simultanément la conscience d’une immersion, d’une
concentration et d’un flottement.
LE SUPERBE
Maquette du bateau de la flotte royale française du XVIIIème
siècle, réalisée dans les ateliers P. Bauwens à l’île Maurice
en 1993.
Issu d’un programme maritime visant à renforcer les
diversités des vaisseaux de la Marine royale de Louis XVI
au XVIIIème siècle, le Superbe est mis en chantier à partir
des plans de l’ingénieur Jacques-Noël Sané en 1782. C’est
un vaisseau de ligne de 74 canons, d’une longueur totale de
85 m et d’une largeur de 30 m. Sa particularité est d’avoir
une coque doublée de cuivre qui le protège contre les vers
et parasites marins. Lancé en 1785, le Superbe intègre
la flotte de l’Amiral Villaret de Joyeuse. Il prend part à la
campagne du Grand Hiver, dirigée par la République contre
la marine britannique, mais gravement endommagé au
cours d’une tempête, le vaisseau est abandonné en janvier
1795. La maquette est présentée dans l’exposition en écho
aux ex-votos marins de Bretagne.
JEAN-BAPTISTE CAMILLE COROT
Né en 1796 à Paris où il est mort en 1875.
Paysage de Bretagne, 1860-1865
Huile sur toile, 33 x 25 cm
Collection Musée des beaux-arts de Quimper
Corot est souvent cité comme le précurseur de
l’impressionnisme pour ses recherches sur la lumière,
pour le travail sur le motif et pour le paysage saisi sur le
vif. Il n'expose jamais ses études réalisées en plein air
mais les tableaux peints en atelier. Il voyage sans cesse
de l’Italie aux Pays-Bas, en passant par l’Angleterre et
la Suisse. Il se déplace aussi dans différentes régions
françaises, notamment en Bretagne où il séjourne à sept
reprises.
Paysage de Bretagne ne peut être localisé avec certitude,
mais il a appartenu à un de ses amis, le peintre Camille
Bernier, établi à Brest. À partir de 1866, Corot séjourne
avec Bernier chez un autre peintre, Vincent Vidal, dans la
propriété de Kerlagadic près de Bannalec. Il est probable
que ce paysage ait été réalisé à cette occasion dans les
environs de ce lieu. Plus qu’un paysage, le sujet principal
du tableau est un arbre, d’où l’utilisation d’un format
vertical atypique. Cette peinture, qui ne se différencie
pas des paysages peints à cette époque autour de Villed’Avray (Île-de-France), caractérise la dernière période
de l’œuvre de Corot, marquée par une vision romantique,
une rêverie poétique devant une nature originelle.
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SALLE 2
CAECILIA TRIPP
Née à Francfort-sur-le-Main en Allemagne.
Elle vit et travaille à Paris depuis 1993.
Music for (prepared) Bicycles (Score One: Bombay,
Score Two : New York) [Musique pour les bicyclettes
(préparées), partition un : Bombay, partition deux :
New York], 2013
Deux projections vidéo sonores, 18’ et 15’
À travers l’installation filmique, la photographie, le son et
la performance, la pratique artistique de Caecilia Tripp
s’immerge dans l’espace migratoire de l’imaginaire social
et collectif des identités fluides.
Music for (Prepared) Bicycles (Score One: Mumbai, Score
Two: New York) est un projet en cours (prochaine partition
sera réalisée à Cap Town en Afrique du Sud) qui présente
deux itinéraires d’une bicyclette équipée de cordes de
guitare et des éléments sonores ; l’un à Bombay en Inde,
l’autre à New York aux États-Unis. Ces deux métropoles
ont été choisies en référence aux mouvements des droits
civiques qui y ont eu lieu. Inspirée par les œuvres de
Marcel Duchamp, John Cage et par les écrits d’Henry David
Thoreau sur la désobéissance civile, cette installation de
deux vidéos présente une œuvre musicale dans l’espace
publique, où les enregistrements de sons produits par le
vélo capturent les paysages sonores de chaque métropole.
MICHELLE DIZON
Née à Los Angeles où elle vit et travaille.
Perpetual Peace [Paix perpétuelle], 2013
Film, 42’53’’
Michelle Dizon est artiste, cinéaste et écrivaine. Son
travail se construit à partir des théories postcoloniales, de
l’histoire des mouvements sociaux, des droits de l’homme
et de la mémoire collective.
Perpetual Peace interroge la façon dont un engagement
lié à une mémoire diasporique peut proposer une autre
représentation de la globalisation aujourd’hui.
Le film explore l’histoire politique de la colonisation des
Philippines par les États-Unis à travers la narration
personnelle de Michelle Dizon, qui est née aux Etats-Unis
et y a été élevée au sein de la diaspora philippine. Cette
narration personnelle entre en relation avec un récit
politique en expansion. Ce qu’elle enregistre évoque un
pays, les Philippines, qui reste profondément affecté
par les legs de colonialismes multiples conditionnant
encore les différentes gestions internationales dans un
présent globalisé. Pendant la production de Perpetual
Peace, Michelle Dizon a voyagé à travers les Philippines
à la recherche de lieux et de processus qui confirmaient
l’existence de l’impérialisme en expansion : les ruines
d’une ancienne base militaire américaine devenue une
zone économique spéciale, l’exploitation de ressources
naturelles par les multinationales, les zones de conflit
de Mindanao, une île au sud du pays... Perpetual Peace
est divisé en cinq chapitres : traduction, mémoire,
pays, valeur et héritage. Chaque chapitre est appelé
un “intervalle” et, comme pour la migration, s’inscrit
dans un espace qui se situe entre langage, histoires,
espaces, économies et générations. Le principe narratif et
structurel qui constitue l’organisation du travail de l’artiste
permet aux spectateurs de comprendre que la temporalité
proposée par Perpetual Peace va au-delà d’une simple vie
humaine.
PETITE SALLE
FANCH DODEUR ET BARTHÉLEMY PÉRON
Fanch Dodeur et Barthélemy Péron sont nés
respectivement à Lorient et Rambouillet.
Ils vivent et travaillent à Quimper.
Haïkus, 2012-2015
Vidéo 83’
Fanch Dodeur et Barthélemy Péron travaillent ensemble
depuis 2010 sur le projet Geocyclab, lieu d’observation,
de recherche et de création en permanente mutation, qui
se fait et se défait, se déplace, apparaît, disparaît puis
réapparaît ailleurs suivant le modèle de la «T.A.Z.» (Zone
Autonome Temporaire) d’Hakim Bey. De 2012 à 2015, le
duo arpentait en vélo les routes du monde, expérimentant
les réalités de cet atelier mobile et autonome.
Avec Haïkus, les deux artistes transfèrent la tradition
littéraire du haïku japonais dans le domaine du son et de
l’image en mouvement pour traduire l’évanescence d’un
instant vécu. Respectant une certaine spontanéité, le
haïku devient un lieu d’expression où deux interprétations
(sonore et visuelle) d’un même espace-temps s’opposent,
se confrontent ou s’associent, remettant en question notre
lecture du réel. Cet ensemble de 83 micro-métrages d’une
minute propose un éventail de paysages fragiles qui en se
succédant revisitent de manière sensible le concept de
carnet de bord.
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SALLE 3
RENÉE GREEN
Née à Cleveland (Ohio). Elle vit et travaille à New York et à
Cambridge, Massachusetts, États-Unis.
Come Closer, 2008
Vidéo, 12’10’’
Artiste, écrivaine et cinéaste, Renée Green questionne
dans ses vidéos et films l’histoire reléguée du discours
dominant présenté comme vérité historique. Ses œuvres
se nourrissent de ses lectures, de ses entretiens, de ses
voyages et de son activité théorique en s’inscrivant dans
l’héritage de l’art conceptuel et post-minimal et dans le
discours critique du postcolonialisme. En réalisant ses
projets dans divers pays en lien avec le contexte historique
et l’actualité du lieu, l’artiste invite le public à relier les
références entre passé et présent, histoire personnelle et
histoire collective.
Réalisée en 2008 à partir d’extraits de ses précédents
films consacrés au Portugal, la vidéo Come Closer est un
récit allégorique racontant la relation de Renée Green avec
le Brésil, un pays où elle n’est alors encore jamais allée
mais où y habite son frère Derrick, musicien du groupe
Sepultura et où sont nés des écrivains et des artistes
importants pour son travail. Ce regard vers le Brésil
s’effectue à partir de ses recherches portant sur l’histoire
coloniale du Portugal. Renée Green a exposé à Lisbonne
en 1992 puis en 2000, chacun de ses séjours a permis des
déplacements dans la ville en quête d’une mémoire inscrite
dans le présent. L’artiste interroge la façon dont on habite
un lieu, dont on l’explore, dont on le quitte. Par un montage
qui fait se superposer plusieurs références et citations,
par une narration en portugais et en anglais qui fait se
croiser les voix féminines et masculines, Come Closer
s’adresse à soi et aux autres en parlant au monde.
Le Space Poem #2 (créé en 2009 pour son exposition
«Endless Dreams and Water Between » au Maritime
Museum de Greenwich-Londres) est composé des « Mots
de Laura ». Fidèle à sa méthode de recherche minutieuse,
Renée Green reprend ici le poème « There Is No Land Yet »
de Laura Riding (1901-1991) dont chaque vers se pose sur
les 33 bannières en formant un récit fragmenté qui renvoie
à l’eau et à l’imaginaire le plus profond porté par la mer.
Le poème spatial crée un lieu décloisonné où le regard
bouleversé est dans le même temps enchanté. Images
mentales abstraites, interrogations tranchantes, les vers
sur les bannières colorées constituent le socle d’une
pensée qui navigue ; les bannières dans l’espace sont
autant de voiles qui appellent le vent.
Poème spatial #2 (Les Mots de Laura)
[1ère rangée]
Il n’existe pas encore de terre
La longue mer, de si courte durée,
De pensée liquide en pensée liquide
Si prompte à éprouver surprise et honte.
Où les instants ne sont pas du temps
[2ème rangée]
Mais le temps est fait d’instants.
Tel ni oui ni non,
Tel amour unique, que reporte au lendemain
L’échec certain du maintenant et maintenant.
[3ème rangée]
Couchés sur l’eau de robustes navires et des hommes
Doués de faiblesse arrivent ailleurs :
Pas de lieux plus heureux depuis chez soi dans le lit
Pour le plus formidable dormeur.
[4ème rangée]
Ainsi la foi embarqua sur la terre du marin
En quête d’absurdités au nom du ciel Une fontaine sans source pour toute découverte,
Légende de brume et patience perdue.
[5ème rangée]
Le corps nageant en lui-même
Est la dissolution préférée.
La bouche dégoulinante il dit une vérité
Qui ne peut mentir, avec des mots encore à naître
[6ème rangée]
De la première immortalité,
Fragilité omnisciente.
Et l’œil poussiéreux dont les précisions
S’embuent pour l’esprit
[7ème rangée]
Où des vagues de probabilité
Écrivent une vision d’une main marée
Que seul le temps peut lire.
Et pas encore la terre sèche,
[8ème rangée]
Salut solitaire et absolu Se vantant d’être consistante
Comme une île sans eau autour
Dans une eau où il n’existe pas de terres.
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SALLE 4
TRINH T. MINH-HA
Née à Hanoi au Viêtnam. Elle vit et travaille aux États-Unis
depuis 1970.
Old Land New Waters, 2007
Installation de deux séquences vidéo, 7’ et 11’
© Moongift Films, Viêtnam
Trinh T. Minh-ha, cinéaste indépendante, féministe
et théoricienne, est une personnalité qui a marqué
toute une génération d’artistes s’engageant dans une
création plurielle entre espaces visuel et littéraire. Son
travail filmique — Reassemblage (1982), Naked Spaces
(1985), Surname Viet Given Name Nam (1989), Shoot for
the Contents (1991), A Tale of Love (1996), The Fourth
Dimension (2001), Night Passage (2004) et Forgetting
Vietnam (2015) — a été présenté dans plus de cinquante
rétrospectives à travers le monde.
Old Land New Waters est un travail visuel pensé comme un
diptyque et composé de deux séquences vidéo diffusées
simultanément et en continu. La première séquence (Dât)
figure l’élément terre, la seconde (Nuoc) l’élément eau,
les deux réunis forment le mot “pays” en vietnamien : dât
nuoc. L’un des mythes qui est à l’origine de la création
du Viêtnam parle d’un combat entre deux dragons dont
les corps entrelacés tombant dans la mer de Chine du
sud symbolisent et structurent, par la forme du “S”, les
contours côtiers du pays.
La double projection proposée par l’artiste est une
peinture d’un Viêtnam originel, spirituel et historique
où la question de la globalisation est au cœur d’une
réflexion portant sur les enjeux du développement
économique et du tourisme. Alors que la cinéaste a été
à l’origine de concepts théoriques radicaux permettant
de déconstruire les stéréotypes culturels ainsi que les
approches anthropologiques et ethnographiques les plus
conventionnelles, elle propose un essai engagé où le
médium numérique se dissout sur la surface de l’écran
comme d’infinies particules d’eau. Associant les images
à des textes qui les traversent, s’emparant de faits
quotidiens, insistant sur le déplacement sur la terre et sur
l’eau, Trinh T. Minh-ha revisite avec cette œuvre l’histoire
d’une culture ancestrale en accordant aux représentations
une fonction à la fois politique et poétique.
ANDREAS MARIA FOHR
Né en Allemagne. Il vit à Paris et à Champlay.
Andreas Maria Fohr construit sa pratique artistique
dans une démarche qu’on pourrait qualifier de postdocumentaire. Partant d’un ancrage dans le réel, ses
œuvres, souvent filmiques, articulent des objets, des
textes, la photographie ou la performance en vue d’une
relecture radicale.
Sans titre (Bird), 2015
Impression numérique, 66 x 90 cm
Cette image d’un oiseau rare enfermé au Tierpark de
Berlin est extraite de la vidéo Travelling E (Exile) qui
questionne la notion du dehors, de l’espace public et de
l’exil.
Why is there no color on the screen ? [Pourquoi il n’y a pas
de couleur sur l’écran ?], 2015
Dessin mural, 330 x 1000 cm (variable)
Issu d’une photo satellite d’un désert au Proche Orient, ce
dessin adapté à la surface du mur du Quartier déploie une
nouvelle forme qui, à la manière d’une peinture rupestre
contemporaine, compile la technologie de pointe et la
pratique ancestrale.
Déjà vu, 2014
Peinture laque sur bois, cheveux humain, ø 65cm
Rappelant un tambour rituel chamanique, Déjà vu
présente un schéma de reconnaissance faciale. Cet objet
assimile à la fois, le rapport du corps à la performativité
technologique et la diversité culturelle aux flux
migratoires.
AAA, 2014
Deux masques Hulk, cheveux, bois, env. 30 x 15 cm
Tout en se référant au système de notification de
la solvabilité d’un état, ces masques réunissent les
matériaux et narrations de trois continents (Afrique,
Amérique et Asie). À la manière d’un agrégat étrange à
la fois grotesque et inquiétant, ils associent les formes
traditionnelles, rituelles aux mythes contemporains.
Pathos, 2013, photographie : Viviane Fohr
impression numérique marouflée au mur, 300 x 280 cm,
peinture laque sur aluminium, 65 x 90 cm
À cette photographie d’un souvenir de vacances en bord
de mer, reproduite à grande échelle, Andreas Maria Fohr
juxtapose par montage une peinture d’après le dessin de
son fils, mettant en scène une transmission réciproque
d’expériences transgénérationnelles, qui fait resurgir des
symboles à travers le jeu.
Der Garten meiner Eltern [Le jardin de mes parents], 2015
7 photographies, tirage Fine Art sur Hahnemüle 300 gr,
40 x 60 cm
Dans cette série photographique, Andreas Maria Fohr
présente des plantes recensées dans le jardin botanique
de ses parents. Les appellations de nombreux spécimens
y évoquent des contrées lointaines héritées d’un système
colonial, qui semblent donner une représentation
miniature d’un monde révolu.
JOURNAL Nº 95
14 NOVEMBRE 2015 - 14 FÉVRIER 2016
ANDREAS MARIA FOHR
- Sans titre (Bird), 2015
Impression numérique, 66 x 90 cm
- Why is there no color on the screen
? [Pourquoi il n’y a pas de couleur sur
l’écran ?], 2015
Dessin mural, 330 x 1000 cm (variable),
- Déjà vu, peinture laque sur bois, 2014
Cheveux humains, ø 65cm
- AAA, 2014
Deux masques Hulk, cheveux, bois, env.
30 x 15 cm
- Pathos, 2013
Photographie : Viviane Fohr
Impression numérique marouflée au mur
(300 x 280 cm), peinture laque sur
aluminium
(65 x 90 cm)
- Der Garten meiner Eltern
[Le jardin de mes parents], 2015
7 photographies, tirage Fine Art sur
Hahnemüle 300 gr, 40 x 60 cm
TRINH T. MINH-HA
- Old Land New Waters, 2007
Installation de deux séquences vidéo,
7’ et 11’
SALLE 3
FANCH DODEUR ET BARTHÉLEMY
PÉRON
- Haïkus, 2012-2015
Vidéo 83’
SALLE 4
RENÉE GREEN
- Come Closer, 2008
vidéo, 12’10’’
- Space Poem #2, 2009
Installation de bannières
MICHELLE DIZON
- Perpetual Peace [Paix perpétuelle],
2013
Film, 42’53’’
PETITE
SALLE
SALLE 2
SALLE 1
LE SUPERBE
- Maquette du bateau de la flotte
royale française du XVIIIème
siècle,
réalisée dans les ateliers P.
Bauwens
à l’île Maurice en 1993.
VOUS
ÊTES
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THIERRY LEFEBURE
- Sans titre, 2007-2014
15 photographies, 80 x 120
cm
14 NOVEMBRE 2015 - 14 FÉVRIER
2016
JOURNAL Nº 95
JEAN-BAPTISTE CAMILLE COROT
- Paysage de Bretagne, 1860-1865
Huile sur toile, 33 x 25 cm
Collection du Musée des beaux-arts de
Quimper
CAECILIA TRIPP
- Music for (prepared) Bicycles (Score One:
Bombay, Score Two: New York) [Musique pour
les bicyclettes (préparées), partition un :
Bombay, partition deux :
New York], 2013
Deux projections vidéo sonores, 18’ et 15’
AUTOUR DE L’EXPOSITION
CONFÉRENCES
Mercredi 2 décembre à 18h
Ailleurs ici, qu’est-ce qu’une exposition
collective subjective ?
par Elvan Zabunyan, historienne de l’art
contemporain, professeure à l’université
Rennes 2, critique d’art
À partir de l’exposition « Ailleurs, ici » qui
propose un regard sur des travaux artistiques
contemporains où la question du déplacement
culturel est au centre de la réflexion, il s’agira
de penser la structure de l’exposition en
insistant sur le caractère subjectif de sa mise
en forme et les points de jonction critiques
qu’elle permet de faire surgir dans son rapport
à l’actualité et au présent.
L’EESAB, site de Quimper / Salle de culture
générale, accès libre.
Jeudi 17 décembre 2015 à 18 h 30
Vendredi 15 janvier 2016 à 18 h 30
Sonorités africaines et afro-américaines :
origines, évolutions et relations des
musiques déplacées
Deux conférences musicales de Kemi Bassène,
musicologue.
Les Amériques sont la scène pivot où les
musiques qui ont accompagné les populations
déplacées (qu’elles soient africaines ou
autres) ont trouvé une intelligence recréatrice
pour remodeler des identités à travers une
résistance par la résidence ou l’imitation de
l’oppresseur. L’esclavage des Noirs, et les
colonisations qui lui ont succédé, ont permis
une nouvelle définition de rituels sonores qui,
à leurs débuts, n’avaient pour nom que les
instruments qui les jouaient. Les musiques
qui ont « voyagé » avec les corps déportés
vivaient toutes en dehors de leur propre
vocabulaire. Ces conférences ne chercheront
pas à redéfinir ces musiques mais elles
interrogeront les entraves de résistance et de
survivance de ces sonorités déplacées une fois
adaptées à leur nouvel environnement.
Tarif 4 € / réduit 2 € / durée 1 h
Vendredi 29 janvier 2016 à 18h30,
Ailleurs ici, histoire(s) en mouvements
par Elvan Zabunyan.
À partir de l’exposition et des œuvres qui
y sont présentées, la conférence portera sur l’importance des déplacements
culturels comme autant de façons de saisir
l’échelle du monde et son histoire.
Fonds Hélène & Édouard Leclerc,
Landerneau
Sans réservation préalable, dans la limite
des places disponibles.
Mercredi 27 janvier 2016 à 18h30
Geocyclab – atelier nomade de recherche et de création
Par Barthélemy Péron et Fanch Dodeur
Geocyclab est un atelier nomade de
recherche et de création artistique qui
sillonna les routes du monde entre septembre 2012 et septembre 2015. De retour
depuis quelques semaines, Barthélemy
Péron et Fanch Dodeur, artistes quimpérois, reviennent sur les points clés de ce
voyage expérimental.
Gratuit / durée 1h30
JOURNAL Nº 95
CINÉMA
MÉCÈNES & BIENFAITEURS
Julie Bizien, Crédit Agricole, Crédit Mutuel de
Bretagne, Philippe Dejacques, Garage Plomelin
Auto, Marie et Jean-Pierre Le Garrec, Libraire
Ravy, Gwen Pacallet, Michelle Senant,
Stéphanie Stein, Les Vitrines de Quimper
Le Bouton de nacre de Patricio Guzmán
Production : France/Chili – 2015 – 1h22 / Ours
d’argent – meilleur scénario Berlinale 2015
Projections à partir du 11 novembre au cinéma
Quai Dupleix.
En partenariat avec l’association Gros Plan
Le Bouton de nacre raconte une histoire sur
l’eau, le Cosmos et nous. Il puise son inspiration
dans deux mystérieux boutons découverts au
fond de l’océan Pacifique, au large des côtes
chiliennes.
Comité de rédaction et suivi : Morgan Danveau,
Keren Detton, Sylvie Doré, Anna Olszewska,
Elvan Zabunyan
Conception graphique : Jérôme Saint-Loubert
Bié assisté de Caroline Fabès
REMERCIEMENTS
Elvan Zabunyan remercie les artistes, toutes
les personnes qui ont travaillé sur le projet,
ses ami-e-s, sa famille, ses filles Meena et Lily.
Le Quartier remercie Sten et Marie Lena,
Guillaume Ambroise, Solenn Rousseau,
Stéphanie Stein
PARTENAIRES
Avec le soutien de la ville de Quimper,
du ministère de la Culture et de la
Communication, du conseil général
du Finistère et de la Région Bretagne
VISITES
Visite commentée
Un parcours dans l’exposition « Ailleurs, ici »
en compagnie d’un médiateur du Quartier.
Tous les dimanches à 16h
Gratuit/durée 1h
Visite en breton
Samedi 12 décembre à 16h
Découverte de l’exposition en langue bretonne
en compagnie d’Annaïck Loisel, guide conférencière
Tarif 3,50 € / réduit 2 €/ durée 40 mn
Visite couplée avec le Musée des beaux-arts
23 janvier à 15h
Une traversée de l’histoire de l’art développée
autour du thème de l’exposition du Quartier.
Tarif 6€50/ réduit 3€50/ durée 1h30
ATELIERS
Atelier famille
Samedi 19 décembre à 15h
Précédé d’une visite de l’exposition, l’atelier
pratique propose aux familles de découvrir les
gestes et la démarche des artistes.
A partir de 5 ans
Tarif 4€/durée 1h
Ateliers sensoriels
en compagnie d’Isabelle Le Bail
Samedi 30 janvier 2016 à 16h
(0-3 ans)
Tarif 4 €/durée 40 min.
LE QUARTIER, CENTRE D’ART
CONTEMPORAIN DE QUIMPER
10, esplanade François Mitterrand
29000 Quimper
T : +33 (0)2 98 55 55 77
www.le-quartier.net
ACCÈS
centre ville de Quimper, entrée face
au Théâtre de Cornouaille.
Accessible aux personnes à mobilité réduite.
HORAIRES
Du mardi au samedi de 13 h à 18 h
Dimanche de 14 h à 18 h
Fermé les 25 décembre et 1er janvier
TARIFS
Entrée 3 € (le dimanche : entrée libre)
Réduit 2 € : Passeport culturel,
Fonds Hélène & Édouard Leclerc,
Passerelle, groupe (+ 10 pers.)
Entrée libre : abonné du Quartier, étudiant
(-26 ans), demandeur d’emploi, bénéficiaires
des minima sociaux, passeport pour l’art