l`album de - Christian Constant
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L’ALBUM DE Christian Constant PAR MARTINE OCCHIPINTI © Simon Grosset © Clay McLachlan © Clay McLachlan L’ALBUM DE CHRISTIAN CONSTANT I NOVEMBRE 2015 I TGM 274 I 9 Les Cocottes Le Café Constant Le Violon d’Ingres Montauban - Paris - Toulouse - Montech - Paris... Comment définir l’enchantement que nous éprouvons à l’écouter parler, lui et son accent. C’est tout le Sud Ouest qui passe en boucle, tel un gospel blues à la Nougaro… Pourtant, Christian Constant a quitté très jeune son Sud Ouest natal pour s’installer à Paris. Mais il y a des choses comme ça, auxquelles on ne renonce jamais. Homme de cœur et grand professionnel, il a fait de son restaurant étoilé, le Violon d’Ingres, le rendez-vous des gourmets parisiens. Ensuite, il a façonné son Café Constant à son image. Puis communiqué son amour du Sud Ouest à ses très parisiennes Cocottes Constant. Et la simplicité de ses goûts à la plus élégante des brasseries toulousaines : Le Bibent. Il s’est enfin replongé dans ses racines tout près de Montauban, à Montech, avec le Bistrot Constant, avant de dupliquer ses Cocottes au Sofitel Arc-de-Triomphe. Cinq établissements estampillés Constant… Une belle évolution professionnelle ! Mais, au delà de tout cela, il a formé toute une génération de cuisiniers… ils sont nombreux à lui devoir beaucoup. Lorsque l’un de ses jeunes s’installait, il l’aidait moralement et parfois financièrement, tous s’en souviennent encore ! « On pourrait presque l’appeler “ papa ” tant il a fait des petits dans la profession », nous confiait il n’y a pas longtemps Éric Frechon, l’un des « petits » aujourd’hui trois fois étoilé au Bristol à Paris… 10 I TGM 274 I NOVEMBRE 2015 I L’ALBUM DE CHRISTIAN CONSTANT légende ?????? Christian Constant est né (le 18 mai 1950) et a grandi à Montauban. Son père, adjudant de gendarmerie, refusait toute mutation, renonçant à une évolution professionnelle, « il était trop attentif à notre bienêtre et à notre scolarité », explique Christian Constant, « je suis resté jusqu’à 18 ans à Montauban ». Votre scolarité ? Je mettais bien plus d’ardeur à jouer au rugby qu’à étudier. Des diplômes ? J’ai obtenu le certificat d’études puis le B.E.P.C. avec, en prime, les palmes de la dissipation ! Ensuite… Ensuite, je me suis rattrapé. J’ai réussi mon CAP Cuisine avec mention « assez bien ». Pourquoi la cuisine ? Je pense que c’est à un copain, Patrick Albert, que je dois d’être cuisinier. Ses parents avaient un restaurant et comme j’étais toujours fourré chez lui, je passais souvent par la cuisine. C’était un vrai spectacle, j’étais fasciné… En apprentissage, à 13 ans. Vos débuts en cuisine ? À l’hôtel Cap-Estel à Èze-sur-Mer, puis au restaurant Le Moulin de Moissac. Ensuite, après avoir fait mon service national, je suis monté à Paris. Paris… J’avais vingt ans, j’intégrais la brigade de Guy Legay chez Ledoyen. Lorsque le chef a quitté Ledoyen, je l’ai suivi au Ritz. Ledoyen, le Ritz… Nous étions une bande de jeunes cuisiniers et nous n’étions pas plus sages que les jeunes d’aujourd’hui. Mais nous étions sans cesse recadrés et nous étions surtout dotés d’une sacrée résistance. Nous sortions après le service, nous jouions au foot, au rugby l’après-midi, mais le travail, c’était le travail et lorsque nous étions en poste, personne ne bronchait ni n’exprimait la moindre fatigue. Votre première place de chef… À l’Île de France, un restaurant flottant amarré sur les quais face à la Tour Eiffel. L’apprentissage… Je suis entré en apprentissage très jeune, j’avais treize ans, chez un restaurateurtraiteur renommé à Montauban, monsieur Delmas. J’ai reçu une formation classique, type Escoffier. Votre poste de chef au Crillon… Une brigade de quatre-vingts personnes, une période magique, j’avais toute la confiance de monsieur Jean Taittinger, le propriétaire. En cuisine, j’étais mon propre patron et je me démenais comme un patron. Un apprentissage à la dure ? J’avais des horaires pas possible et je devais traverser tout Montauban pour me rendre à mon travail. L’équipe de cuisine… Une superbe équipe, d’excellents seconds de cuisine : Yves Camdeborde, Éric Frechon, Jean-François Rouquette, Hervé Quesnel, Thierry Faucher, Hugues Fortier, Alain Pégouret… et Christophe Felder, le chef pâtissier. Ils étaient tous très jeunes… Ils formaient un noyau dur. Ces sept années passées au Crillon, sont-elles un grand souvenir ? Plus que cela. Quand on me demande ce que m’a apporté le Crillon, je réponds « tout ! » Un énorme travail et d’immenses récompenses. J’ai côtoyé des gens extraordinaires, j’ai beaucoup voyagé… Pourquoi en êtes-vous parti ? Il faut savoir « partir » pour connaître d’autres expériences. Un septennat dans une maison, je trouve que c’est pas mal, sinon ce sont les autres qui vous poussent. L’expérience qui a suivi ? Le Violon d’Ingres ! En 1996. Une seconde vie… Une seconde vie, un deuxième succès et deux étoiles en trois ans ! Oui, sauf que la deuxième étoile est repartie tout aussi rapidement… Quelle fut votre réaction ? Un coup de massue ! Je ne m’y attendais vraiment pas. Et puis, le soir, à la maison, d’un commun accord, mon épouse et moi décidons de réfléchir plus tard, demain peut-être, et nous avons ouvert une bouteille de champagne. Ce n’est que quelques jours après que nous avons examiné la situation. L’ALBUM DE CHRISTIAN CONSTANT I NOVEMBRE 2015 I TGM 274 I 11 Ci-dessus : lors d’un déjeuner à l’Ambroisie, chez Bernard Pacaud, organisé par Roxane Debuisson. On y reconnaît Manuel Martinez, Yves Camdeborde… En haut à droite : une partie de cartes avec son beau frère Pierre Horeau, Gérard David, Jean-Pierre Cachau… À droite : avec sa maman et Jean-Luc Petitrenaud. Quelle fut votre réflexion ? Lorsque je suis parti du Crillon pour ouvrir Le Violon d’Ingres, ce n’était pas pour en faire un restaurant étoilé, juste une brasserie de luxe. Mais on m’avait mis une étiquette, et on m’a donné deux étoiles. C’était énorme, j’étais heureux, pourtant je ne partirai pas à la reconquête de cette deuxième étoile. Trop de pression, depuis trop longtemps… Pourquoi depuis trop longtemps ? Ledoyen, le Ritz, le Crillon… Il était temps pour moi de pratiquer une cuisine en toute liberté. Au Violon d’Ingres, je n’ai donc rien modifié, ni ma façon de cuisiner, ni le service, ni les prix… Ensuite… Je m’offre un bistro, à deux pas du Violon d’Ingres. Il appartenait à Irène chez qui je me rendais parfois pour boire un coup l’après-midi. Elle savait que j’avais toujours eu envie d’avoir un bistro, de préparer des petits-déjeuners le matin, de tirer des bières pression l’après-midi... Lorsqu’elle m’a annoncé qu’elle voulait vendre, je me suis dit, « pourquoi pas ? » Le bistro d’Irène devient le Café Constant… Nous y servions des sandwichs, un plat du jour et des assiettes de charcuterie… C’était simple, bon et pas cher. Très vite, le bistro ne désemplit pas… Alors nous étoffons la carte, nous remanions le décor et petit à petit, cela est devenu ce que c’est aujourd’hui : un Café très fréquenté, avec une clientèle internationale, des hommes politiques, des hommes d’affaires. Nous avons des Japonais, des Chinois… Ensuite, arrive le Papinou… Je m’associe avec Grégoire qui tenait le Paris-Brest, un restaurant situé tout près du Violon d’Ingres. Ensemble , nous achetons le Papinou, une institution à Neuilly. Une ambiance sans chichi, comme à la maison, les clients descendaient dans la cave et se servaient le vin à discrétion. Un bistro un peu loufoque, mais ça marche. Puis, mon associé et moi faisons un échange : je lui laisse le Papinou, je prends le Paris-Brest et je le rebaptise Les Fables de la Fontaine. Les Fables de la Fontaine… J’y installe le maître d’hôtel David Bottreau et le chef Sébastien Gravé, tous les deux travaillaient avec moi au Violon d’Ingres. Un an plus tard, je leur vends le restaurant une bouchée de pain, et à peine un an après, ils gagnent leur étoile au guide Michelin. Et vous ? J’achète une charcuterie, toujours rue Saint-Dominique. C’est comme ça que sont nées Les Cocottes… En 2007. Avec la complicité de Staub. Pourquoi Les Cocottes ? Les Cocottes, ça me rappelle mon enfance lorsque nous nous retrouvions autour de la table en famille, avec mes parents, avec mes frère et sœurs. Nous dégustions des plats mijotés déjà à l’époque dans une cocotte, que ma maman préparait amoureusement. Cela m’a donné l’idée de créer ce concept, les Cocottes. Les Cocottes, c’est un peu comme la maison d’un ami qui dresse sa table tous les jours pour recevoir les copains, de midi à minuit, sept jours sur sept… C’est convivial, c’est du « mijoté », ça maintient le plat au chaud… On mange dans la cocotte, le service est rapide, plus hygiénique et décontracté. Cette année, Les Cocottes se sont installées au Sofitel Arc-de-Triomphe… J’ai hésité. Démultiplier Les Cocottes, les implanter hors de « chez moi », c’était comme les déraciner. Puis, finalement, au Sofitel, ce sont elles qui ont pris possession des lieux… et non l’inverse. L’entrée du restaurant est indépendante. 12 I TGM 274 I NOVEMBRE 2015 I L’ALBUM DE CHRISTIAN CONSTANT Avec son chef exécutif parisien : Philippe Cadeau. Avec son chef et associé Christophe Marque. Une partie de pétanque à Montech. Seraient-elles des Cocottes chic ? Ce sont des petites cocottes en fonte toute simples et conviviales qui ont fait irruption dans un quartier chic… Christophe Marque ? Nous nous sommes associés à Montech, sans lui, je ne me serais jamais lancé dans l’aventure. Christophe avait travaillé avec moi au Bibent, au Violon d’Ingres… Je connais le bonhomme depuis longtemps. Pourtant, nous faisions un malheur avec nos petits menus. Gérard Depardieu, et d’autres stars, venaient souvent au Camelot, c’était la fête tous les jours. En 2011, un retour dans le Sud Ouest, à Toulouse, au Bibent… Je m’associe avec Thierry Oldak, le propriétaire des murs, nous investissons, chacun, deux millions d’euros pour rénover le décor du Bibent classé aux Monuments Historiques. Pourquoi le Bibent ? À force d’insister, monsieur Baylet, le patron de La Dépêche du Midi et fidèle client du Violon d’Ingres, m’en avait persuadé, cette affaire était pour moi. Le Bibent, une magnifique brasserie toulousaine. Combien de fois suis-je passé devant cette institution située place du Capitole ? Lorsque je l’ai visitée, elle était fermée depuis près de quatre ans, laissée à l’abandon, dans un état déplorable. La rénover, était pour moi une évidence, presqu’une mission. Le chef ? Alexandre Bourany, je suis fier de lui, il évolue à une vitesse Grand V. Il a pris le poste de Christophe Marque au pied levé. Montech… Un retour au pays montalbanais avec l’achat de la Maison de l’Éclusier… La maison appartenait à mon neveu, lors qu’elle a été mise aux enchères, je l’ai achetée car je souhaitais qu’elle reste dans la famille. C’est aujourd’hui le Bistrot Constant. La cuisine ? J’ai tout de suite aimé ce métier et j’ai eu raison de l’aimer. Il m’a permis de vivre et surtout de donner un sens à ma vie, à travers des dégustations incroyables, des voyages inoubliables, des rencontres extraordinaires, telles madame Debuisson… Plus jeune, je n’avais jamais imaginé ma vie ainsi… Une folie dans votre parcours ? Oh ! Il y en a eu plusieurs dont Le Camelot, un tout petit bistro acheté alors que j’étais au Crillon et qui attira les foudres de Jean Taittinger. Il estimait que ce n’était pas assez chic pour moi… chef exécutif du Crillon… Vous êtes une vedette… Non, je suis un cuisinier qui a eu l’opportunité de rencontrer des vedettes. Aujourd’hui, je suis un coach, un manager, j’essaie tout simplement d’être un bon formateur. Je ne joue plus dans la cour des grands. Vous n’êtes plus dans l’excellence ? On peut viser l’excellence dans tous les domaines. Et on peut atteindre le top niveau avec une simple pomme de terre caramélisée farcie au pied de porc… Avec les années, j’ai appris à être concis dans ma cuisine. Je trie, je dépouille, j’enlève tout ce qui est inutilement compliqué… Diriger plusieurs établissements… Tout d’abord, il est impératif de s’entourer de chefs dont la sensibilité est proche de la nôtre. Ensuite, il faut les laisser créer leur propre univers, et même les aider à se réaliser, car tous, un jour prendront leur envol… Mais, et toutes mes équipes le savent, mon identité culinaire ne doit jamais être déviée. Il faut rester « constant ». L’ALBUM DE CHRISTIAN CONSTANT I NOVEMBRE 2015 I TGM 274 I 13 Christian Constant avec son épouse Catherine, leur fils Benjamin et l’aîné de la famille Charles. Thierry Dusautoir le capitaine de l’équipe de France de rugby, Yannick Nyanga, Maxime Machenaud et leur « fan » Christian Constant. « Je suis un cuisinier qui a eu l’opportunité de rencontrer des vedettes. » Pourquoi dites-vous qu’un jour ils prendront leur envol ? J’ai très vite compris qu’on ne forme pas ses seconds pour soi. Un jour, ils voudront partir et ce jour-là, il faudra leur accorder toute l’attention qui leur est due. Ils veulent une bonne place ? Ils veulent s’installer ? Les aider sera leur témoigner toute notre gratitude pour ce qu’ils ont fait pour nous. Il faut les récompenser… Oui. Sa notoriété, on la doit en partie à ceux qui travaillent avec nous... Pourquoi Yves Camdeborde spécialement ? Il était mon collaborateur le plus proche. Nous aimions les mêmes choses, nous aimions sortir, travailler ensemble, nous aimions le rugby… Nous nous ressemblions. En un mot, je pourrais dire qu’il a pris le meilleur de moi, puis il a grandi autrement. Il semble être loin des étoiles… Tout comme moi avec le Café Constant, le Bibent, mes Cocottes et Montech. On dit qu’au Crillon, vous avez donné naissance à toute une génération de cuisiniers. Certains d’entre eux disent que vous êtes leur « papa ». C’est ce qu’ils disent… Moi, je dis que je suis leur grand frère. Tout comme eux, je ne me vois pas vieillir ! Comment gérez-vous votre emploi du temps ? Je me rends à Toulouse toutes les semaines, au pire tous les quinze jours, et Montech est à quarante kilomètres de Toulouse... Quel regard portez-vous sur eux aujourd’hui ? Je ne m’en rendais pas compte à l’époque, j’avais de l’or en cuisine. Car c’était une vraie mine d’or ces garçons ! Et qu’est ce que je suis fier de leur réussite ! Quand je vois ce qu’ils sont devenus : Éric Frechon, Emmanuel Renaut, Jean-François Piège, Jean-François Rouquette, Christian Etchebest, Thierry Faucher, Thierry Breton… et tous les autres dont surtout Yves Camdeborde. À Paris… Teddy et Hugues viennent d’arriver au Violon d’Ingres, ils sont chapeautés par mon chef exécutif, Philippe Cadeau. Vos atouts les plus précieux ? Philippe Cadeau et mon épouse. Philippe Cadeau… Un excellent cuisinier, le plus « constant » de mes collaborateurs, je lui voue une confiance absolue. Il supervise tous mes restaurants parisiens et je lui dois une partie de ma réussite. L’autre partie, je la dois à mon épouse. Votre épouse… J’ai connu Catherine en pleine mer, sur le Queen Elizabeth. J’étais en cuisine avec d’autres chefs… Elle était la responsable du personnel de réception, elle est devenue mon épouse. Le rôle d’un chef d’entreprise ? Un chef d’entreprise vit son entreprise d’une façon émotionnelle, et il a souvent raison. Les autres, d’ailleurs s’en aperçoivent, mais toujours après. Rien ni personne ne peut le remplacer. Vos relations avec vos équipes ? Je donne le tempo, le mouvement. Je ne suis pas celui qui a une réponse à tous les problèmes ni celui qui détient les meilleures idées… Toutes les suggestions doivent être mises dans le panier. La confiance… Un patron doit inspirer la confiance et avoir confiance aux autres. Dans la vie, si on est tout seul, on ne peut rien, mais si on est plusieurs à taper sur un mur, il s’écroule. Avec mes équipes, nous faisons bloc. La clé de la réussite ? J’ignore si elle existe. Ce n’est pas toujours celui qui nous semble être le meilleur qui ira le plus loin dans son métier. Le travail, la rigueur ne suffisent pas, il y a aussi le facteur chance. Mais encore faut-il être 14 I TGM 274 I NOVEMBRE 2015 I L’ALBUM DE CHRISTIAN CONSTANT © Clay McLachlan © Clay McLachlan © Clay McLachlan Les Cocottes : - Émietté de thon, caviar d’aubergines et gelée de tomates. - Pommes de terre caramélisées farcies au pied de porc. - Fruits du marché. préparé à saisir la chance lorsqu’elle se présente et donc avoir derrière soi du travail et de la rigueur. Il faut aussi prendre des risques, car on ne sait jamais si l’opportunité qui se présente est la bonne, seul l’avenir le déterminera. Donc, seuls les gens travailleurs, rigoureux, entreprenants et audacieux pourront dire un jour : j’ai eu de la chance ! Ce qui vous a aidé à progresser ? Mes souvenirs d’enfance. J’ai grandi avec l’odeur des plats mijotés… Cette odeur m’a toujours guidé dans mes choix. Même lorsque j’étais au Crillon où j’ai imposé tête de veau, tête de cochon et queues de bœuf… Une rencontre déterminante pour l’évolution de votre carrière ? Jean Didier, le fondateur du Bottin Gourmand. Il appréciait ma cuisine, il me conseillait, me disait ce qui allait, ce qui n’allait pas, ce qui se faisait ailleurs… Je l’ai connu à l’époque où j’étais chef au restaurant Île de France, dans les années 1977. Il m’a suivi durant de longues années… © Clay McLachlan © Kris Maccotta © Kris Maccotta Violon d’Ingres : - Œufs de poule mollets roulés à la mie de pain, toasts de beurre truffé. - Fine gelée d’araignée de mer et crémeux de tourteaux à l’infusion d’herbes. - Soufflé chaud à la Chartreuse des Moines. Votre aventure à Top Chef ? Une aventure géniale, même si elle n’est pas forcément évidente. Heureusement, j’avais durant deux années, participé à l’émission Matin Bonheur animée par Sophie Davant. Pourquoi qualifiez-vous cette aventure géniale et pourtant « pas évidente » ? Géniale car nous disposons d’une entière liberté pour nous exprimer face à la caméra. Mais nous devons également générer du suspens et ne pas en dire trop. Il n’est pas évident d’être constamment sur la réserve tout en restant soi-même, de mesurer ses propos tout en leur donnant une consistance. J’ai fait cinq saisons, c’est parfait. Il faut quitter la scène avant de lasser les téléspectateurs… Cette aventure vous a-t-elle apporté une notoriété supplémentaire ? Incontestablement. Les gens me reconnaissent dans la rue, dans l’avion, partout… Ils veulent une photo avec moi… Cela pourrait monter à la tête… Ceux qui prennent la grosse tête reviendront sur terre, fatalement. Pourquoi fatalement ? Passer à la télé ne signifie pas « être meilleur que les autres… » Les jeunes cuisiniers… Je suis entouré de jeunes cuisiniers, ils sont tous très talentueux… Et je leur dois cette part de jeunesse qui est en moi, ce sont eux qui me la communiquent. Cinquante et un ans de cuisine… Toujours la même passion ? Toujours. J’ai sans doute une bonne constitution… J’ai énormément profité de la vie, et si j’en ai même parfois abusé, à présent, je m’impose une hygiène de vie. Je surveille mon alimentation, j’ai arrêté de fumer, je me lève tôt le matin, je fais du vélo… Y aura-t-il une vie après la cuisine ? Mon métier, c’est ma vie, je pense que je garderai toujours une petite poire pour la ■ soif…