L`HYPOTHèQUE
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L`HYPOTHèQUE
Lettre N°6 ■ Juin-juillet 2011 Ailleau-Bougardier Le Crédit Hypothécaire Clef de voûte du crédit immobilier L’HYPOTHèQUE Elle a mauvaise presse l’hypothèque. Elle passe pour un sérieux handicap. En langage populaire « hypothéquer son avenir » ne signifie-t-il pas que l’on est mal parti. A tort cette réputation. Tout à fait à tort. L’hypothèque est la clef de voûte du crédit immobilier. Elle est l’élément qui inspire la confiance. Elle permet aux Françaises et aux Français d’acquérir un logement. Elle soutient un secteur économique qui est lui-même l’un des fondements de la croissance et de la prospérité. L’hypothèque conventionnelle est Aussi revenons-nous sur ce sujet. L’hypothèque crée donc une Assurément les professionnels n’y contrainte pour le débiteur. Mais à la plus communément pratiquée. trouveront (au mieux) que l’occa- la respecter ce dernier, ainsi que Elle est consentie par un débiteur sion de rafraîchir quelques notions nous l’avons déjà souligné, suscite sur un bien immobilier qui sert luithéoriques. Mais pour tous ceux la confiance qui est l’essence mêle même de gage pour l’obtention d’un crédit (cas par exemple de l’achat qui visitent le site www.ailleau- de tout accord financier. bougardier.com ce sera l’occasion Précisons d’ailleurs que l’hypo- à crédit d’un appartement ou d’une d’acquérir des connaissances es- thèque laisse le débiteur proprié- maison). Elle est obligatoirement sentielles avant d’aborder l’univers taire de son bien immobilier. Il peut authentifiée par un acte notarié. L’hypothèque judiciaire résulte immobilier. Tant pour acheter une l’habiter ou le louer et percevoir des d’une décision de justice résidence principale ou secondamnant un débiteur condaire que pour obtenir (art. 2123 du Code civil). un crédit hypothécaire, un L’hypothèque légale réprêt viager hypothécaire ou ADRESSES sulte d’une loi en faveur un prêt hypothécaire caude certains créanciers tionné (voir la Lettre n°5, Conservation des hypothèques de Paris (art. 2121 du Code civil mai 2011). 6, rue Paganini - 75020 Paris et suivants). Par exemple L’hypothèque est la Tél. : 01 44 64 50 00 un époux sur les biens de garantie fournie par un l’autre, un mineur sur les emprunteur (dit le débiConservation des hypothèques biens de son tuteur, un léteur) à ceux qui lui prêtent départementales : une par département gataire sur une succession. de l’argent : personnes et dépendantes de l’administration fiscale Et aussi l’Etat et les collecphysiques, organismes Voir Direction générale des impôts tivités locales sur les biens de crédit, banques (dits 139, rue de Bercy - 75012 Paris des receveurs et adminiscréanciers). Cette « sûreté Tél. : 01 40 04 04 04 trateurs comptables. réelle », comme on la déPour qu’une hypothèque nomme, est basée sur un Voir aussi Chambre interdépartementale soit valable, elle doit faire bien immobilier ou foncier des notaires l’objet d’une inscription qui sera vendu en cas de 12, avenue Victoria - 75001 Paris au bureau de la consernon-paiement des sommes Tél. :01 44 82 24 00 vation des hypothèques dues aux échéances pré(voir adresses par ailleurs). vues. Le produit de cette L’inscription hypothécaire vente sert alors à rembourser le créancier. loyers. Il peut même dans certaines permet de prendre rang. Le premier créancier inscrit fera valoir un L’hypothèque peut également conditions l’aliéner. porter sur un bien appartenant à un Il existe trois types d’hypo- droit de préférence lorsque le gage tiers qui se sera proposé comme thèques : conventionnelle, judiciaire immobilier est grevé de plusieurs caution. ou légale. Lire la suite page 2 www.ailleau-bougardier.com 2 ■ Lettre Ailleau-Bougardier ■ Juin-juillet 2011 Suite de la première page hypothèques. En cas de vente du bien, il sera le premier remboursé. C’est notamment le cas du fisc lorsqu’il est partie prenante. Un créancier peut pour diverses raisons avoir à céder son droit de préférence. Il devient alors créancier de second rang. Tous ceux qui se trouvent à faire la queue derrière les créanciers de premier et de second rangs sont appelés créanciers chirographaires. Procéder à la main levée Si tout dans l’opération de crédit s’est déroulé selon les termes du contrat, il peut être procédé à la main levée de l’hypothèque. A savoir l’inscription hypothécaire sera radiée grâce au dépôt au bureau du conservateur d’une copie authentique de l’acte notarié certifiant que le créancier a donné son accord à cette radiation (voir aussi encadré « Quatre questions à Maître Brogi »). S’il y a vente d’un bien immobilier hypothéqué le partage du montant généré pourra se faire à l’amiable. A défaut interviendra une procédure d’ordre conduite par un jugecommissaire qui tranchera entre les créanciers privilégiés et les chirographaires. Si les créanciers y consentent, l’hypothèque sera purgée après paiement des sommes dues. L’hypothèque rechargeable Reste une dernière formule qui est l’hypothèque rechargeable. Si un emprunteur, après avoir remboursé un crédit, en sollicite un second, la banque qui va le lui accorder est obligée de reprendre une hypothèque. Pour éviter ce formalisme, une loi de 2006 prévoit que la première hypothèque pourra d’emblée être déclarée rechargeable. Elle pourra en conséquence être réutilisée telle quelle pour le deuxième prêt. L’intérêt, outre l’économie de formalités, est de ne pas avoir à payer une deuxième taxe hypothécaire. Economie modeste au regard du prêt mais toujours bonne à pren dre. J.-L. G. Lettre Ailleau-Bougardier ■ Juin-juillet 2011 ■ 3 AU MENU DU RESTAURATEUR : QUATRE QUESTIONS À HYPOTHèQUEs SUR HYPOTHèQUEs Maître BROGI Sur plusieurs points d’importance en matière d’hypothèques, Maître Brogi, notaire à Paris, avenue du Père Lachaise, a eu l’amabilité de répondre à nos questions et de nous éclairer de son expérience. des hypothèques, il va redemander un état hypothécaire afin de vérifier que l’inscription vient bien au rang convenu. Cet état est dit « sur formalités ». Le notaire adresse alors au prêteur, généralement une banque, les bordereaux comportant la mention de l’hypothèque, la copie exécutoire et l’état sur formalités. Toutefois il arrive, même si c’est rare, qu’une ou plusieurs hypothèques aient été effectivement prises dans les deux semaines qui séparent l’état hors formalités de l’état sur formalités (on parle « d’inscriptions intercalaires »). Et cela pose problème., notamment si les fonds ont été débloqués. Il faut alors, si nécessaire, faire intervenir le fonds d’assurance des notaires. Mais c’est une autre histoire. Quels sont les frais liés à une hypothèque ? Maître Brogi : « Une demande d’hypoPour un particulier, il faut thèque est rapidement satisfaite ». compter la taxe hypothécaire (0,715%) qui inclue les Combien de temps faut-il compter frais d’assiette et de recouvrement pour obtenir une hypothèque ? ainsi que le salaire du conservateur Maître Brogi : S’il s’agit de la garantie (0,05%), les émoluments du notaire d’un prêt pour lequel il y a accord, la (0,275%), plus 132 € au-delà de demande est rapidement satisfaite. 30 000 € et la TVA. Avec in fine le De l’ordre de deux à trois semaines. droit d’enregistrement de 125 €. C’est l’obtention du prêt qui demande du temps. Comment disparaît une hypothèque ? Quelle procédure suit le notaire, Le troisième alinéa de l’article 2441 notamment pour déterminer à quel du Code civil, introduit par l’ordonrang se situe l’hypothèque ? nance du 23 mars 2006, permet la En premier le notaire va demander un radiation d’une inscription d’hypoétat hypothécaire afin de savoir s’il y a thèque conventionnelle par le dépôt déjà une ou plusieurs hypothèques sur de la copie authentique de l’acte le bien gagé. Il va recevoir l’informanotarié certifiant que le créancier, à tion dans un court délai. Elle indiquera la demande du débiteur, a donné son par exemple que son hypothèque se accord à la radiation. situera en tête. On dira qu’elle est de Si aucune main levée n’est pratiquée « premier rang ». Cet état hypothésur une hypothèque, celle-ci s’effacaire est qualifié de « hors formacera d’elle-même (art.2434 du Code lités ». civil) au terme d’une année après Environ deux semaines plus tard, la dernière échéance, sans que la lorsque le notaire aura établi son acte durée d’inscription puisse dépasser et l’aura fait parvenir à la conservation 50 ans. J.-L. G. Malheureusement le succès n’est pas au rendez-vous : le lieu dans l’île d’Oléron est mal choisi (peu de passages) ; il a beaucoup plu en 2010 (fuite de la clientèle). Il faut fermer. Raymond Acker ne veut pas de dépôt de bilan. Il entend régler ses dettes (fiscales, sociales, fournisseurs). Des 200 000 € du crédit initial, il a déjà remboursé 50 000 €. Restaurateur en veine de crédits, de la butte Montmartre (photos en haut et ci-contre) à l’île d’Oléron (photo ci-dessous) et retour faute de clientèle. Résultat : des hypothèques qui s’enchaînent en série… (Photos d’archives © fotolia / moulin Christine Terkouche / table machiavel 007 / Oleron Yves Roland) A u pied de la butte Montmartre, un restaurant de taille plutôt modeste mais à l’excellente rentabilité. Son propriétaire, Raymond Acker, décide en 2009 de se diversifier : il ouvre un deuxième restaurant à l’île d’Oléron. Afin de financer l’opération, il fournit en gage les murs de son établissement parisien. Et il prend deux hypothèques : au premier rang pour 120 000 € auprès de la Banque populaire ; au deuxième rang pour 80 000 € auprès du brasseur qui le fournit en breuvages. Total : 200 000 €. Il lui reste 150 000 € à payer à la Banque populaire et au brasseur. Il souhaite en conséquence contracter un deuxième emprunt. Celui-ci dans son esprit, afin de le remettre confortablement à flot, devrait aussi lui permettre, et de redécorer son restaurant parisien, et d’aména- ger un petit local mitoyen en point de restauration rapide. Total du besoin : 250 000 € (150 000 pour le remboursement du crédit et 100 000 pour les travaux). Comment les obtenir ? Il consulte le cabinet Ailleau-Bougardier. Ce dernier lui monte le dossier suivant : en garantie du prêt demandé (250 000 €), Raymond Acker va fournir à nouveau les murs de son restaurant parisien auxquels il va ajouter l’appartement où il vit (un ancien atelier de mécanique qu’il a aménagé en un confortable deux pièces). Avant d’en arriver là toutefois, il lui faut lever les hypothèques prises par la Banque populaire (120 000 €) et le brasseur (80 000 €). soit un total de 200 000 €. Le calcul de la taxe de levée d’hypothèque s’effectuera en effet sur le montant inscrit à l’origine (200 000 €) et non sur le capital restant dû au moment de la levée, soit dans le cas présent 150 000 €. Pour les 250 000 € du nouveau crédit, il va falloir souscrire deux nouvelles hypothèques : l’une pour les murs du restaurant, l’autre pour l’appartement. Plus 20% pour les « accessoires » (somme qui servira à couvrir les frais de contentieux en cas de litige). La durée sera celle du prêt, plus une année. Ce délai supplémentaire permettra au créancier (la Banque populaire) de se retourner en cas de litige. Voilà, le dossier est bouclé. Raymond Acker va pouvoir se consacrer dans les meilleures conditions possibles à son cœur de métier (comme l’on dit aujourd’hui) : la restauration. Domaine où il excelle.■ 4 ■ Lettre Ailleau-Bougardier ■ Juin-juillet 2011 LEXIQUE Pour connaître les lois, décrets et règlements qui régissent le crédit hypothécaire, rien de tel qu’un lexique courant de A à Z. Nous poursuivons donc aujourd’hui les définitions des termes commençant par C Bonnes vacances ! En raison de la période estivale, la Lettre du cabinet Ailleau-Bougardier suspend sa parution jusqu’au mois de septembre en souhaitant à tout un chacun d’excellentes vacances. CLAUSES Le texte d’un acte juridique est constitué de phrases appelées « clauses ». Celles-ci définissent les droits et les obligations des personnes concernées par cet acte. Un acte de prêt est constitué de différentes clauses, notamment la clause d’exigibilité. Le recours à la clause d’exigibilité par une banque signifie qu’à la suite d’incidents répétés dans le remboursement d’un crédit, elle exige que lui soit payée en totalité la dette restant due. L’emprunteur ne pourra plus dés lors reprendre le cours normal de son crédit. COMMUNAUTé CONJUGALE Ailleau-Bougardier Le Crédit Hypothécaire Directrice Véronique Bougardier Les époux mariés sous le régime de la communauté disposent des mêmes pouvoirs et se représentent mutuellement pour les actes courants. Chacun des deux agit au nom de la communauté et cette solidarité est valable pour toutes dettes contractées pour le bien du ménage. Reste que l’un des deux époux peut être tenté de commettre un acte frauduleux au détriment de l’autre, tels que vendre la résidence principale ou l’aliéner en contractant un prêt hypothécaire. Afin d’éviter ce genre de mésaventure, toute convention hors gestion courante doit obligatoirement être décidée conjointement. CONDITIONS On entend par conditions les clauses dont dépend la validité d‘un acte. Les conditions sont suspensives ou résolutoires. Exemples de conditions suspensives : - Un prêt hypothécaire peut être accordé par une banque sous réserve que l’expertise du bien donné en garantie révèle une valeur suffisante au regard du prêteur ; - Un emprunteur devra apporter la preuve par la présentation d’un bail neuf qu’un bien donné en garantie est effectivement loué au moment de la mise en place du prêt : - Un gérant de société sollicite un prêt en fin d’année ; la banque demandera que soit produit le dernier bilan avant de débloquer les fonds afin que soit validée la bonne marche de la société, donc sa pérennité. Les conditions résolutoires sont plus particulièrement utilisées dans le domaine des baux commerciaux. Ainsi le défaut de paiement d’un loyer entraîne la résiliation de plein droit du contrat de bail. Les conditions particulières sont stipulées dans l’offre de prêt émise par la banque. Le notaire qui sera chargé de recevoir l’acte de prêt s’informera préalablement auprès de la banque que les conditions sont bien respectées. COMPTE COURANT Le compte courant est celui ouvert par une banque au bénéfice d’un client qui accède de ce fait à un mode de paiement simple (par chèques ou prélèvements). Dans une société commerciale ou civile le compte courant d’un associé comporte les apports de ce dernier et les remboursements qui lui sont versés. En termes plus techniques, il s’agit des écritures qui sont passées à son actif ou à son passif. Le prêt hypothécaire est souvent la solution pour qu’une société propriétaire d’un bien (la plupart du temps une SCI) rembourse le compte courant d’un associé quand ce dernier a un besoin de trésorerie. Il arrive en effet que les associés d’une Société Civile Immobilière aient payé de leurs deniers personnels les échéances du prêt ayant permis à cette même SCI de devenir propriétaire. Le prêt hypothécaire servira à rembourser totalement ou partiellement le compte courant de l’associé ou des associés. Directeur adjoint Eric Cazaux-Devy Relation avec les banques Georges Louis Guy Veron 22, avenue de l’Opéra - 75001 Paris Tél. : 01 42 60 84 63 Fax : 01 42 60 84 50 [email protected] www.ailleau-bougardier.com Agence Côte d’Azur 35, rue Pastorelli - 06000 Nice Tél. : 04 93 71 83 65 Fax : 04 93 72 58 96 Lettre Rédaction Jean-Louis Guillemard Tél : 01 46 41 00 78 [email protected] Maquette AgenceCréa Jean-Pierre Théreau Tél. : 01 47 82 60 80 [email protected] Les témoignages publiés dans la Lettre sont inspirés de faits authentiques. Toutefois, pour des raisons de discrétion que chacun comprendra, les noms et prénoms de personnes sont changés ainsi que les localisations géographiques.