RAPPORT DE STAGE ET RESUME
Transcription
RAPPORT DE STAGE ET RESUME
Réseau Européen de Formation Judiciaire European Judicial Training Network Avec le soutien de l’Union européenne With the support of the European Union RAPPORT DE STAGE ET RESUME Instructions: 1. Le rapport doit être renvoyé au REFJ ([email protected]) dans le mois suivant le stage. 2. Veuillez utiliser le formulaire ci-dessous pour rédiger votre rapport (4 pages minimum). 3. Le rapport doit être rédigé en français ou en anglais. Si cela s’avère impossible, le rapport peut être écrit dans une autre langue mais le résumé devra être rédigé en français ou en anglais. 4. Veuillez lire les lignes directrices pour la rédaction du rapport (en annexe). Vous pouvez également intégrer toute autre information que vous jugerez utile à votre rapport. 5. Le résumé (1-2 pages) doit consister en une synthèse des informations les plus importantes contenues dans le rapport. 6. Si vous acceptez que votre rapport et/ou résumé soit publié sur le site du REFJ, veuillez cocher la case appropriée dans le cadre ci-dessous. Identification du participant Nom: Prénom: Nationalité : allemand Fonctions: procureur Ancienneté: 6 ½ ans Identification du stage Juridiction/institution d’accueil: Parquet au Tribunal de Grande Instance de Toulon Ville: Toulon Pays: France Dates du stage: 15.03.-26.03.2010 Type de stage: x stage individuel stage de groupe stage généraliste stage spécialisé (précisez : ) Autorisation de publication Je soussignée autorise la publication de ce rapport et/ou résumé sur le site internet du Réseau Européen de Formation Judiciaire. A Hambourg Le 26.04.2010 Signature Réseau Européen de Formation Judiciaire/European Judicial Training Network (aisbl) Rue du Luxembourg 16B, B-1000 Bruxelles; Tel: +32 2 280 22 42; Fax: + 32 2 280 22 36; E-mail: [email protected] RAPPORT Rapport de stage effectué auprès du Parquet du Tribunal de Grande Instance de Toulon Nom : Prénom : Nationalité : allemande Fonctions dans le pays d’origine : Procureur Pays du stage : France Ville : Toulon Juridiction : Parquet au Tribunal de Grande Instance de Toulon Dates du stage : du 15 Mars au 26 Mars 2010 I. Programme du stage Pendant le stage, j’ai assisté aux audiences du tribunal correctionnel collégial et du tribunal pour enfants ainsi qu’à la CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité), aux comparutions immédiates et au TTR (traitement en temps réel). En plus, j’ai participé à une audition par vidéoconférence devant le juge des libertés et de détention sur la prolongation d’une détention provisoire et à une rencontre avec des officiers de police judiciaire relativement aux enquêtes préliminaires contre plusieurs personnes soupçonnées du trafic de stupéfiants. Finalement, j’ai participé plusieurs fois à la réunion quotidienne qui a lieu chaque soir avec le procureur général, les trois procureurs-adjoints et les procureurs du TTR pour discuter les événements du jour. Avec le soutien de l’Union européenne With the support of the European Union Réseau Européen de Formation Judiciaire European Judicial Training Network Le programme du stage préparé par Mme R.G était le suivant : 15 mars : 9 :15 Accueil et introduction au droit français pénal par M. D.M.P à 14 heures : prestation de serment devant la 1ère chambre de la Cour d’Appel à Aix-en-Provence 16 mars : 8 :30 Rendez-vous avec R.G VPR Audience de CRPC avec M.P Substitut Placé 14 h : TTR (traitement en temps réel) / permanence 17 mars : TTR 14 h : comparutions immédiates 18 mars : 8 :30 h Audience de Tribunal pour Enfants 19 mars : 8 :30 h Audience correctionnelle collégiale 22 mars : 8 :30 h Audience (assignation en la forme des référés en cas d’urgence) devant le juge d’affaires familiales (Mme L) 14 h : Audience de requête 23 mars : 9 :30 h Instruction Mme F VP Doyen des juges d’instruction 15 h confrontation 24 mars : 9 :15 h interrogatoires 14 :30 h confrontation 25 mars : JIRS (Marseille) 26 mars : débats en milieu ouvert, M.A, VPR I. L’institution d’accueil Le Parquet au Tribunal de Grande Instance de Toulon est compris de 13 magistrats. A la tête se trouve le Procureur de la République, suivi par trois procureurs-adjoints, les vice-procureurs et les substituts. Le Procureur Général qui préside le Parquet est situé au Parquet à la Cour d’Appel à Aix-en-Provence. En dehors de la poursuite pénale, les procureurs français – au contraire aux procureurs allemands - participent aussi, dans quelques instances, aux audiences des tribunaux commerciaux et aux décisions du juge familial concernant l’état civil (changement de nom, mariage) où ils donnent leurs avis sur des problèmes juridiques et – s’il y a lieu (dans des cas commerciaux) - ouvrent une enquête. III. Le droit du pays d’accueil Avec le soutien de l’Union européenne With the support of the European Union Réseau Européen de Formation Judiciaire European Judicial Training Network Un aspect du droit national qui m’a particulièrement intéressé, c’était le rôle central que le juge d’instruction joue dans l’enquête en droit français puisque sa compétence diffère beaucoup de celle du juge d’instruction allemand. Le juge d’instruction est saisi par le procureur lorsqu’il s’agit d’un crime (saisie obligatoire) ou d’une procédure complexe - plusieurs personnes mises en cause, faits compliqués – (saisie facultative) ce qui est le cas dans 5 -10 % des procédures. Cependant, pour obtenir une autorisation de perquisition ou d’écoutes téléphoniques, le procureur ne doit pas saisir le juge d’instruction, mais peut demander les autorisations auprès du juge des libertés et de la détention. Le juge d’instruction est saisi par le procureur par réquisitoire introductif (ouverture d’information). Une fois que le juge d’instruction est saisi, ce n’est plus le procureur, mais le juge d’instruction qui est en charge de l’instruction préalable. A partir de ce moment, la personne mise en examen ne peut être interrogée que par lui. Par contre, le juge d’instruction peut déléguer d’autres investigations à la police par commission rogatoire (p.ex. les interrogatoires des témoins). Dans le cadre des instructions, le juge autorise toutes les mesures nécessaires pour l’enquête. Le juge d’instruction est compétent de libérer une personne mise en détention provisoire ; par contre, il n’est pas autorisé à mettre une personne en détention provisoire (ce qui était le cas autrefois). Aujourd’hui, c’est le domaine du juge des libertés et de la détention. A la fin des instructions, le juge d’instruction renvoie le dossier au procureur qui apprécie les preuves et détermine si elles sont suffisantes pour déférer la personne mise en examen devant le tribunal. S’il estime que les indices ne sont pas suffisants, il est tenu de demander une ordonnance de non-lieu auprès du juge d’instruction puisqu’il n’est pas autorisé à classer la procédure lui-même. Lorsqu’il estime que la charge des preuves est suffisante, il demande au juge d’instruction une ordonnance de renvoi au tribunal par réquisitoire définitif. Dans ce cas, les instructions terminent par l’ordonnance de renvoi. Le sujet du juge d’instruction est d’intérêt particulier à l’égard d’une reforme envisagée et fortement discutée d’actualité en France qui prévoit l’élimination du Avec le soutien de l’Union européenne With the support of the European Union Réseau Européen de Formation Judiciaire European Judicial Training Network juge d’instruction. Surtout les juges d’instruction y sont fortement opposés. Une des craintes est que l’indépendance de l’enquête ne sera plus garantie si les enquêtes sont confiées au parquet puisque, au moins dans le système actuel, le procureur n’est pas indépendant, mais se trouve dans une hiérarchie qui est présidée par le ministre de la justice. Ainsi, il est dépendant du pouvoir politique qui nomme directement ses magistrats. Il est vrai que les procureurs peuvent être ordonnés à poursuivre une personne tandis que le ministre n’est pas autorisé à les ordonner de ne pas poursuivre, mais en pratique, ce danger (de recevoir une ordonnance interne de ne pas poursuivre) existe toujours. Comme en dehors du procureur, les victimes, elles aussi, peuvent saisir le juge d’instruction (ce qui est le cas dans environ 10 % des procédures dans lesquelles le juge d’instruction est saisi), l’enquête (et, le cas échéant, la poursuite pénale) est garantie par le juge d’instruction même si le procureur a décidé (ou été ordonné) de ne pas poursuivre une plainte. A mon avis, une bonne solution serait de confier les enquêtes au parquet, mais sous le contrôle d’un procureur indépendant (ce qui n’est malheureusement pas non plus le cas en droit allemand). Cela garantirait l’indépendance de l’enquête et en même temps, rendrait le système plus efficace. IV. L’aspect droit comparé du stage En général, il me paraît que les ressemblances entre les systèmes juridiques prédominent, surtout relativement aux résultats de la poursuite pénale, bien que les procédures diffèrent. Le procureur de la République est en charge de la poursuite pénale. Il conduit l’enquête et détermine sa portée, surveille l’enquête des officiers de police judiciaire (OPJ) et leur donne des instructions. S’il décide de classer sans suite une procédure, la personne ayant dénoncé les faits peut former un recours auprès du procureur général contre la décision de classement, ce qui est aussi le cas au droit pénal allemand. En dehors du classement sans suite, le procureur français - ainsi que le procureur allemand - a la faculté d’engager des poursuites en déférant la procédure devant le tribunal ou de mettre en oeuvre une de plusieurs procédures alternatives aux poursuites (le rappel à la loi, la médiation pénale, la composition pénale ou le Avec le soutien de l’Union européenne With the support of the European Union Réseau Européen de Formation Judiciaire European Judicial Training Network CRPC (plaider coupable), les dernières n’étant introduites au droit pénal français qu’en 2001. Quant aux peines infligées, le droit pénal français prévoit – comme le droit pénal allemand - l’amende et la peine d’emprisonnement, avec ou sans sursis, simple ou avec mise à l’épreuve, ainsi que la suspension ou l’annulation du permis de conduire et la fixation d’un délai d’interdiction de solliciter la délivrance d’un nouveau permis . Mais en plus, ils existent d’autres formes de peine comme le travail d’intérêt général (TIG) et comme alternative à la prison ferme le bracelet électronique. Au contraire du droit pénal allemand, il est aussi possible de condamner le prévenu à une peine d’emprisonnement en partie ferme et en partie mise à l’épreuve. Une différence assez grande est la durée maximum (et y correspondant la moyenne) de la détention provisoire qui s’élève à 4 ans en droit pénal français, la durée moyenne étant un ans. Par contre, la durée moyenne en Allemagne ne s’élève qu’à quelques mois et selon le droit procédural allemand, la Cour d’Appel libère un prévenu après six mois si le procureur n’a pas pu prouver qu’il a mené l’enquête avec l’urgence nécessaire. Une autre différence est la majorité pénale qui commence plus tôt selon le droit pénal des mineurs français. Le tribunal pour enfants et la cour d’assises des mineurs peuvent prononcer une sanction éducative déjà à l’encontre des mineurs de 10 à 18 ans et une peine à l’encontre des mineurs à partir de 13 ans tandis que la majorité pénale en Allemagne ne commence qu’à l’âge de 14 ans. Vue que les malfaiteurs sont de plus en plus jeunes, la mise à disposition des mesures efficaces déjà pour les malfaiteurs jeunes me paraît impérative. Chaque mineur poursuivi doit être assisté d’un avocat ce qui n’est obligatoire selon le droit pénal allemand qu’en cas de crime ou une peine d’emprisonnement envisagée excédant un ans. Comme devant le tribunal correctionnel, un jugement peut être rendu en absence du prévenu aussi devant le tribunal pour enfants. A l’égard du déroulement du procès français, les différences suivantes me paraissaient particulièrement intéressantes et notables : Avec le soutien de l’Union européenne With the support of the European Union Réseau Européen de Formation Judiciaire European Judicial Training Network - C’est le juge qui informe le prévenu des reproches (au contraire du procès pénal allemand où le procureur se lève et lit à haute voix le réquisitoire au début du procès) - L’avocat se trouve à côté du prévenu devant le juge tandis que dans la salle du tribunal allemand, il se trouve au même niveau du procureur - Le principe de l’oralité des débats n’existe pas au procès pénal ; l’administration de la preuve est basée sur les procès-verbaux des interrogatoires policiers et en général, les témoins ne sont pas entendus. Les victimes sont avisées / notifiées de la date du procès, mais normalement pas convoquées. Elles sont entendues seulement si elles demandent des dommages-intérêts (ce qui se fait fréquemment au procès pénal en France). - Le jugement n’est normalement pas motivé lors du prononcé (orale), mais seulement dans le jugement écrit. - Tous les participants sont convoqués à la même heure au début de l’audience; un horaire pour les procédures n’existe pas. En plus, tandis que les jugements peuvent être rendus « sur le siège » (immédiatement), ils sont souvent rendus tous ensemble après une suspension ou même en fin d’audience. Tout cela contribue à une perte de temps énorme, surtout pour les avocats. - Les personnes mises en examen ont le droit de se taire, mais elles ne doivent pas en être informées avant l’interrogatoire tandis que selon le code de procédure pénale allemande cette instruction est impérative et son omission mène en principe à l’interdiction de recevoir les aveux. Par contre, le code de procédure pénale française prévoit que la personne mise en garde à vue ne peut être interrogée qu’en présence d’un avocat qui donne son accord. - A cause de la charge de travail, beaucoup de cas sont décidés et communiqués uniquement par téléphone dans le cadre du TTR ; la police note la décision (p.ex. rappel à la loi) du procureur et finit le dossier. - Une particularité en droit pénal français, c’est que dans les cas où une personne est soupçonnée d’avoir conduit en état d’ivresse, la vérification de Avec le soutien de l’Union européenne With the support of the European Union Réseau Européen de Formation Judiciaire European Judicial Training Network son état alcoolique par prise de sang n’est possible qu’avec son accord et sa coopération. Au contraire du droit pénal allemand, la prise de sang (ainsi que la prise d’ADN) par force n’est pas admissible. Cependant, le refus de se soumettre à la vérification de l’état alcoolique constitue une infraction en soi-même. Donc, à base des constatations (et rapports) des policiers d’une « ivresse manifeste », la personne mise en examen est poursuivie pour conduite en état d’ivresse ainsi que pour refus de se soumettre aux vérifications de l’état alcoolique. V. L’aspect européen du stage Pendant un jour, j’ai visité la JIRS (juridiction interrégionale spécialisée) au Tribunal de Grande Instance de Marseille (C.C, Vice Président Instruction). La JIRS traite des dossiers de délinquance organisée au niveau interrégional et coordonne la poursuite pénale en plusieurs pays européens. Elle est chargée des plus gros dossiers de délinquance et de criminalité organisée aussi bien en matière générale qu’économique et financière. VI. Les bénéfices retirés du stage Le stage m’a permis d’acquérir une meilleure connaissance et compréhension des institutions, du système judiciaire et du droit pénal français et son application à la pratique. En même temps, la comparaison du droit pénal français avec le droit pénal allemand m’a permis de voir le système juridique de mon propre pays d’un angle différent, d’apprécier les avantages, mais aussi de mettre en question quelques règlements, procédures et pratiques qui me paraissent plus sensé ou efficace au système français. Finalement, cet échange a contribué à beaucoup de discussions animées avec mes collègues français sur les développements actuels concernant l’application du droit pénal en Allemagne et en France, sur les problèmes (souvent similaires) avec lesquels nous nous trouvons confrontés dans le cadre de la poursuite pénale. De nouveau, le stage a souligné l’importance de l’aide et la coopération judiciaire européenne. J’aimerais remercier tous les collègues au Parquet et au Tribunal de Grande Instance de Toulon pour l’accueil chaleureux, l’introduction compréhensible au Avec le soutien de l’Union européenne With the support of the European Union Réseau Européen de Formation Judiciaire European Judicial Training Network droit pénal français, leur patience en expliquant les détails souvent compliqués et en répondant à mes multiples questions et pour beaucoup de discussions intéressantes. Cet échange était une expérience très intéressante et enrichissante et les collègues à Toulon ont rendu mon séjour inoubliable. VII. Suggestions Ce programme d’échange tel qu’il a été mis en oeuvre par le REFJ est un programme extraordinaire et unique qui contribue beaucoup à la compréhension mutuelle des institutions judiciaires des pays européens. Quant a l’organisation du programme, il serait très utile d’être informé plus tôt de la sélection ainsi que du lieu du stage pour pouvoir organiser plus tôt les dates de l’échange et aviser les supérieures de la période d’absence (surtout le temps entre la première notification de la sélection et la notification du lieu de l’échange a duré très longtemps). En plus, il serait utile de recevoir toutes les dates de contact de la personne chargée de l’échange (non seulement le numéro de téléphone, mais surtout l’adresse e-mail) pour mieux pouvoir communiquer. RESUME Le stage m’a permis d’acquérir une meilleure connaissance et compréhension des institutions, du système judiciaire et du droit pénal français et son application à la Avec le soutien de l’Union européenne With the support of the European Union Réseau Européen de Formation Judiciaire European Judicial Training Network pratique. En même temps, la comparaison du droit pénal français avec le droit pénal allemand m’a permis de voir le système juridique de mon propre pays d’un angle différent, d’apprécier les avantages, mais aussi de mettre en question quelques règlements, procédures et pratiques qui me paraissent plus sensé ou efficace au système français. Finalement, cet échange a contribué à beaucoup de discussions animées avec mes collègues français sur les développements actuels concernant l’application du droit pénal en Allemagne et en France, sur les problèmes (souvent similaires) avec lesquels nous nous trouvons confrontés dans le cadre de la poursuite pénale. De nouveau, le stage a souligné l’importance de l’aide et la coopération judiciaire européenne. J’aimerais remercier tous les collègues au Parquet et au Tribunal de Grande Instance de Toulon pour l’accueil chaleureux, l’introduction compréhensible au droit pénal français, leur patience en expliquant les détails souvent compliqués et en répondant à mes multiples questions et pour beaucoup de discussions intéressantes. Cet échange était une expérience très intéressante et enrichissante et les collègues à Toulon ont rendu mon séjour inoubliable. Merci pour votre hospitalité énorme. J’espère de pouvoir vous accueillir un jour à Hambourg – vous êtes toujours les bienvenus ! Avec le soutien de l’Union européenne With the support of the European Union Réseau Européen de Formation Judiciaire European Judicial Training Network