19mars62-discours 2015 (2) - Magny-les

Transcription

19mars62-discours 2015 (2) - Magny-les
Madame la Sénatrice,
Messieurs les Anciens Combattants,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs les représentants de la Gendarmerie et des SapeursPompiers,
Mesdames, Messieurs,
Chers Enfants,
Nous savons tous combien ce rendez-vous du 19 Mars marque une volonté
particulière. Nous avons vu les efforts et la persévérance de ceux qui ont conduit de
nombreuses collectivités à célébrer solennellement cet anniversaire. Et nous
connaissons la difficulté qu’ont tous les peuples réconciliés à se remémorer
ensemble leurs conflits.
Cela est vrai de tous les conflits.
Le 19 Mars est une date symbolique, et il ne s’agit donc en aucun cas, d’occulter
les souffrances de ceux qui au-delà du 19 Mars ont été les ultimes victimes.
Notre histoire nationale est traversée de grandes dates et comme l’a dit Victor
Hugo : « Les souvenirs sont nos forces. Quand la nuit essaie de revenir, il faut
allumer les grandes dates, comme on allume des flambeaux. »
Les années qui suivirent 1962 furent celles de la nuit, de l’oubli organisé.
Une sorte d’amnésie qu’il fallait généraliser.
Dès 1963, la FNACA a pris l’initiative de commémorer chaque année
l’anniversaire du 19 Mars 1962, “fin de la guerre d’Algérie”.
Nous avons appuyé, comme d’autres municipalités, cette volonté !
En 1999, soit 37 ans après, sous le gouvernement de Lionel Jospin, l’Assemblée
Nationale a reconnu que les « événements d’Algérie ne pouvaient avoir d’autre
appellation que celle de Guerre ».
Et le 6 décembre 2012, l’Assemblée Nationale assoit enfin officiellement, plus de
50 années après cette guerre, la cérémonie de souvenir et de recueillement à la
mémoire des victimes civiles et militaires de la Guerre d’Algérie et des combats en
Tunisie et au Maroc.
Cette cérémonie, chaque année renouvelée, s’inscrit dans une démarche de
souvenir, de rétablissement de la vérité, mais aussi de réconciliation entre les
peuples.
Discours de M. le Maire, à l’occasion de la cérémonie du 1962 – Jeudi 19 mars2015
Et elle est essentielle ! Lorsque monte la voix de la haine, de ces tenants de
l’Algérie Française, qui accumulent des amalgames d’intolérance pour stigmatiser
toujours un peuple, pour mettre au ban certains de nos compatriotes du simple fait
de leurs origines !! Ces haineux qui débaptisent des lieux portant le symbole du 19
Mars 1962 !
Les accords d’Évian ont déterminé la fin des opérations militaires sur le territoire
algérien à la date du 19 Mars 1962 à midi.
Ces accords étaient un compromis politique.
Ces accords ont été approuvés par le peuple français à plus de 90 % lors du
référendum du 8 Avril 1962.
Cette date du 19 Mars cristallise donc la volonté de deux peuples de mettre fin au
conflit.
La Guerre d’Algérie a duré 8 longues années et elle a blessé les deux rives de la
Méditerranée.
Comme toutes les guerres, elle portait en elle-même les germes de l’injustice, de
l’horreur, de l’arbitraire et de l’absurde. Elle portait l’oubli des valeurs de liberté,
d’égalité et de fraternité.
« Si l’homme échoue à concilier la justice et la liberté, alors il échoue à tout »,
Albert Camus, écrivain déchiré par ce conflit, a eu ces mots justes.
Entre 1954 et 1962, soldats de métiers, jeunes appelés et rappelés du contingent,
harkis, tous furent confrontés à la même épreuve. Parmi les deux millions de jeunes
français mobilisés, 24 000 sont morts en Algérie, mais aussi 4 000 en Tunisie et au
Maroc et 2 000 soldats disparus.
Du côté Algériens plus de 500 000 civils et militaires ont perdu la vie.
Sans oublier les morts en France lors des manifestations à Paris le soir du 17
Octobre 1961 et au métro Charonne le 8 Février 1962, mais aussi les dizaines de
victimes des attentats de l’OAS.
Le 19 Mars est une date lourde de sens, synonyme de cessez-le-feu. Pourtant, nous
ne passerons pas sous silence les violences qui au-delà du 19 Mars ont provoqué les
ultimes victimes d’un conflit que les généraux de l’OAS tentèrent de prolonger,
guidés par une véritable folie meurtrière.
Discours de M. le Maire, à l’occasion de la cérémonie du 1962 – Jeudi 19 mars2015
Nos compatriotes français d’Algérie, rapatriés, ont abandonné leur terre natale. Les
harkis, qui n’envisageaient pas d’autre avenir que dans la France, ont payé un lourd
tribut.
Nous rendons aujourd’hui hommage à toutes ses victimes, tuées, blessées,
déplacées, et à toute une génération d’hommes et de femmes qui y ont sacrifié leur
jeunesse.
Aujourd’hui, il nous faut assumer ce passé pour mieux nous projeter dans un avenir
de paix et de réconciliation.
Aujourd’hui, plus de 6 millions de personnes vivant en France ont une part de leur
vie liée à la guerre d’Algérie : anciens combattants et leurs familles, pieds-noirs,
harkis, algériens et français d’origine algérienne…
Cela est vrai aussi ici à Magny-les-Hameaux.
Dans ce monde actuel où les équilibres demeurent très fragiles, cette réconciliation,
ce rassemblement sont indispensables. Permettez-moi une pensée pour nos
militaires qui combattent hors du sol Français depuis plusieurs mois, permettez-moi
une pensée pour les victimes de la terreur et de la haine.
Nous devons collectivement avoir à l’esprit les enseignements de tous les conflits
qu’a connus la France afin de mieux appréhender le présent et préparer l’avenir, en
poursuivant ce travail de réconciliation.
Pour garantir cet avenir de paix et de cohésion nationale, nous devons être lucides
sur chaque période de notre passé et nous devons être déterminés à entretenir notre
mémoire pour les jeunes générations, nous devons être déterminés à lutter contre
l’oubli, contre toute tentative de réécriture de ce passé…
C’est à nous toutes et tous, qu’il incombe de regarder l’histoire en face et de
contribuer à sa diffusion, de manière apaisée, pour éviter que de l’incompréhension
du passé naisse celle du présent.
Nos anciens combattants y contribuent, à nos côtés, ici à Magny-les-Hameaux.
Agir ainsi inlassablement, c’est défendre les valeurs universelles de paix et de
solidarité entre les peuples.
Vive la Paix
Vive la Liberté
Vive la République
Vive la France
Discours de M. le Maire, à l’occasion de la cérémonie du 1962 – Jeudi 19 mars2015

Documents pareils