Discours 19 Mars 2016 - Magny-les

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Discours 19 Mars 2016 - Magny-les
Messieurs les Anciens Combattants,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs les représentants de la Gendarmerie et des SapeursPompiers,
Mesdames, Messieurs,
Chers enfants,
Les accords d’Évian ont déterminé la fin des opérations militaires sur le
territoire algérien à la date du 19 mars 1962 à midi.
Ces accords étaient un compromis politique.
Ces accords ont été approuvés par le peuple français à plus de 90 % lors du
référendum du 8 avril 1962.
Cette date du 19 mars cristallise donc la volonté de deux peuples de mettre fin
au conflit.
Pour les combattants, c’était l’espoir du retour rapide dans leur foyer. Pour le
peuple algérien, c’était l’espoir proche de l’indépendance. Pour nos
compatriotes français d’Algérie rapatriés, c’était l’abandon de leur terre
natale. Pour les harkis, qui n’envisageaient pas d’autre avenir que dans la
France, cette fidélité fut un choix lourd de conséquences, pour lequel ils ont
payé un lourd tribut.
Entre 1954 et 1962, soldats de métiers, jeunes appelés et rappelés du contingent,
harkis, tous furent confrontés à la même épreuve. Parmi les deux millions de
jeunes français mobilisés, 24 000 sont morts en Algérie, mais aussi 4 000 en
Tunisie et au Maroc, et 2 000 soldats disparus.
Du côté Algériens plus de 500 000 civils et militaires ont perdu la vie.
Sans oublier les morts en France ou encore la tentative de putsch de ces
généraux en retraite. Ils ont tenté de renverser la République pour instaurer dans
notre pays une dictature militaire. Ce sont les soldats du contingent qui firent
échouer ce projet funeste.
Cette cérémonie, chaque année renouvelée, s’inscrit dans une démarche de
souvenir, de rétablissement de la vérité, mais aussi de réconciliation entre les
peuples.
Le 19 mars n’a pas été choisi pour gommer la multiplicité des mémoires dans le
but de n’en conserver qu’une seule, uniformisée, et livrer ainsi aux jeunes
générations une interprétation unique de la guerre d’Algérie.
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Bien au contraire, en nous invitant à nous souvenir de tous les disparus, civils
comme militaires, français comme algériens, victimes d’avant le cessez-le-feu
comme d’après le cessez-le-feu, auxquels il faut associer un million de PiedsNoirs déracinés d’une terre qui les a vu naître pour beaucoup, cette journée
élargit la portée de notre devoir de mémoire.
La date du 19 mars 1962 appartient à notre histoire, elle appartient à notre
peuple tout entier.
Et dans sa commémoration, il y a le partage d’un passé et d’une histoire entre
toutes les générations mais il y aussi une espérance pour l’avenir, pour que
demain nos enfants connaissent une paix durable et qu’ils se souviennent des
erreurs qui ont pu être commises et qu’ils ne devront pas renouveler.
En prenant acte des multiples aspirations à faire vivre différents héritages, toutes
légitimes, la commémoration du 19 mars constitue un formidable
encouragement à dépasser collectivement les antagonismes qui peuvent encore
subsister aujourd’hui.
C’est à nous toutes et tous, qu’il incombe de regarder l’histoire en face et de
contribuer à sa diffusion, de manière apaisée pour éviter que, de
l’incompréhension du passé naisse celle du présent.
Nos anciens combattants y contribuent, à nos côtés, ici à Magny-les-Hameaux.
Eux qui ont survécu à cette tragédie savent combien sont précieuses plus de 50
années de Paix.
Gardiens et porteurs de la Mémoire, nous savons que commémorer, c’est
arracher à l’ignorance, permettre une écriture correcte de l’Histoire dans la
recherche de la Vérité sans laquelle rien ne peut se construire, préserver
l’Avenir.
Entrepris avec les anciens combattants, notre Travail de Mémoire est un élément
essentiel du creuset républicain.
Si le passé est écrit, l’Avenir se construit.
Dans le respect de toutes les mémoires, avec esprit de tolérance, regardons notre
Histoire avec lucidité. Puisons dans les leçons du passé.
Favorisons la réconciliation afin de tisser, jour après jour, des liens d’amitié
avec les peuples d’Algérie, du Maroc et de Tunisie.
Construisons un monde Solidaire et de Paix.
La guerre d’Algérie est une période complexe de notre histoire, déclenchant des
prises de position le plus souvent passionnées et même parfois irrationnelles,
encore tout récemment. Les blessures ne sont pas encore guéries. L’histoire
mêlée des peuples Français et Algériens reste encore l’objet malheureusement
de débats et de controverses.
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D’où l’importance de ces cérémonies commémoratives, de cette cérémonie du
19 Mars 1962, qui permettent de réaffirmer notre hostilité́ aux politiques
coloniales, aux guerres, aux tortures, aux sacrifices de vies innocentes...
Il convient de rappeler que l’autre n’est pas un ennemi ou une menace. Antoine
de Saint-Exupery écrivait « si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu
m’enrichis » ainsi la République française grâce à la liberté, l’égalité, la
fraternité et la laïcité́ permet aux singularités de coexister, permet au pensées de
vivre librement. Il est important de reconnaître les différences de chacun afin de
former une société́ plurielle et solidaire et non une juxtaposition de
communautés.
Nous vivons actuellement une période difficile et troublée par les actes de
terrorisme, une période où beaucoup se cherchent. La paix est fragile. Nous
avons donc plus que jamais un devoir de vigilance pour préserver l'unité
nationale et cette paix tant souhaitée, mais sans cesse à conquérir, et ce, dans le
respect de tous.
Seuls l’humanisme et la tolérance sont les remparts contre la barbarie et
l’exclusion.
Cette solidarité, cette fraternité, c’est ce que les peuples ont de plus précieux,
pour résister à l’oppression, à la terreur. Et ce sont ces valeurs-là : la solidarité et
la fraternité, que nous défendons de part et d’autre de la méditerranée… Ici, en
France, avec les associations d’anciens combattants, avec l’ensemble de nos
concitoyens, toutes celles et ceux, quelle que soit leur origine, qui vivent en terre
de France… terre d’accueil et d’asile, patrie des droits de l’homme et du
citoyen.
C’est cette France-là, solidaire et fraternelle, que nous défendons, quand nous
déposons ces fleurs ici le 19 Mars 2016!
Vive la Paix
Vive la Liberté
Vive la République
Vive la France
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