Le retour des primo-accédants

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Le retour des primo-accédants
SPÉCIAL IMMOBILIER
NICE
Bruno Perousse / Explorer / Hoa Qui
Le retour des
primo-accédants
Alors que dans le neuf l’aide à l’accession sociale à la propriété ne pourra pas profiter à tous,
l’ancien, en baisse, permet aux acheteurs disposant de moyens modestes de se lancer
P
atricia, assistante sociale dans le
privé, n’a toujours pas, à 50 ans
passés, accédé à la propriété :
« Ma capacité financière me permettrait tout juste d’acheter un
studio dans le neuf. Cependant, je n’ai
aucune envie de vivre dans un petit espace,
je ne suis plus étudiante. » Alors, quand elle
entend parler de la mise en place du prêt
Pass-Foncier par la Communauté urbaine
Nice-Côte d’Azur l’été dernier, elle monte un
dossier : « Avec ce dispositif qui permet de
bénéficier d’un différé de remboursement
de 50 000 euros, je peux envisager de m’en-
detter à hauteur de 200 000 euros et m’offrir un 2-pièces. C’est un sacré coup de pouce
pour des gens comme moi, d’autant plus que
je peux aussi bénéficier d’une subvention de
4 000 euros de la part de la communauté
urbaine, et, jusqu’au 30 juin prochain, du
doublement du prêt à taux zéro (PTZ) pour
un montant de 60 000 euros. »
Patricia, qui attend encore la réponse à sa
demande, ne fait pourtant pas partie des
candidats prioritaires, les locataires du parc
social. Elle relève que le dossier a été assez
compliqué à constituer. Pour savoir si on est
éligible au Pass-Foncier, le mieux est de
s’adresser au Logement interprofessionnel
des Alpes-Maritimes (Logiam, collecteur du
1% logement) ou à l’Agence départementale
pour l’Information sur le Logement (Adil 06),
qui sont chargés d’instruire les dossiers, puis
d’adresser ces derniers aux services de la
communauté urbaine. « Depuis l’ouverture
des candidatures, le 15 mars dernier, nous
avons déjà reçu une dizaine de demandes,
précise Emmanuel Poulard, directeur de
l’Adil 06. D’ici à juin, c’est une soixantaine
d’appartements neufs qui seront proposés
dans le cadre de ce dispositif d’accession
sociale à la propriété, à un prix de ☛
●I
SABINE
DEBUSIGNE
Déléguée à la
communication
de la chambre
des notaires
des Alpes-Maritimes
Le Nouvel Observateur. – Quelle est
la réalité de la baisse des prix de l’immobilier à Nice ?
Sabine Debusigne. – La chute d’environ 25% du nombre des transactions
s’est accompagnée l’an dernier d’une
baisse des prix. Les appartements, qui
représentent 80% des transactions, ont
vu leurs prix diminuer d’environ 10%,
ce qui correspond à la moyenne enregistrée au niveau national. Le marché des
maisons a davantage souffert, avec des
baisses atteignant parfois 20%. Une
partie des résidents niçois sont des
personnes plutôt âgées et des résidents
étrangers pas pressés de vendre. C’est la
raison pour laquelle le recul des prix a
eu moins d’ampleur ici que dans d’autres régions françaises.
N. O. – Cette baisse a-t-elle favorisé le
retour de certains acheteurs ?
S. Debusigne. – La reprise concerne
pour l’essentiel des logements entre
150 000 et 280 000 euros. Les acquéreurs
sont pour la plupart de jeunes actifs qui
s’installent ou des couples qui cherchent
plus grand et qui bénéficient des aides à
l’accession. Les transactions sur les
biens entre 300 000 et 600 000 euros
reprennent également, mais plus lentement. En revanche, les gros clients internationaux ne sont pas encore revenus.
Une tendance nouvelle est apparue avec
le dispositif Scellier. Une partie des
investisseurs ont acheté un bien non seulement pour défiscaliser, mais aussi dans
l’idée de l’occuper plus tard, soit en résidence secondaire, soit au moment de
prendre leur retraite dans le Sud.
N. O. – Les prix devraient-ils continuer
de diminuer cette année ?
S. Debusigne. – Je ne pense pas.
Aujourd’hui, le marché a atteint son
point d’équilibre, les prix se sont stabilisés et les taux d’intérêt sont bas. Je le vois
bien au sein de mon étude : les dossiers
de certains de mes clients, auxquels
j’avais conseillé de signer un compromis
de vente plutôt que de souscrire un prêtrelais avant de procéder à un nouvel
achat, sont en train de se débloquer.
Propos recueillis par S. B.
II ● LE NOUVEL OBSERVATEUR
Le boulevard Gambetta reste un secteur prisé
3 600 euros/m 2 [TTC ; avec une TVA à
5,5%]. » C’est un bon début, mais autant dire
que tout le monde ne pourra pas en bénéficier.
C’est d’ailleurs plus ou moins le montant
maximal (3 500 à 3 600 euros/m2) que les
actifs locaux peuvent investir dans le neuf.
Et encore, ce prix est plutôt accessible au
pouvoir d’achat des cadres. En 2009, le nombre de nouvelles mises en vente a progressé
sur le territoire de la communauté urbaine.
Ce sont 1 454 logements neufs qui ont été
mis sur le marché, contre 1 232 l’année
précédente. Les promoteurs ont ainsi
retrouvé leur niveau de production de 2005.
Simultanément, le prix moyen des nouveaux programmes a reculé de 7%, à
4 853 euros/m2. « La crise de l’immobilier, et
plus largement celle du logement, est loin
d’être résolue. Le parcours résidentiel
n’existe plus dans notre région. Les gens
entrent dans le parc social à des prix très bas
et doivent payer très cher, 4 800 euros/m2,
pour en sortir. C’est impossible. Pour en
finir avec la crise, il faudrait développer le logement intermédiaire et l’accession à la propriété à grande échelle », explique Christian
Roussaux, président de la Fédération des
promoteurs constructeurs (FPC) Côte
d’Azur-Corse. L’an dernier, entre 70 et 80%
des ventes de logements neufs à Nice ont été
réalisées grâce au dispositif fiscal Scellier.
Double effet positif, car ces ventes permettront, à terme, d’augmenter considérablement le nombre de logements locatifs dans le
parc privé. Les loyers mensuels niçois varient, selon les biens et les secteurs, dans une
fourchette comprise entre 8 et 18 euros le
mètre carré. Si l’an dernier, ils s’affichaient
plutôt en hausse, en 2010 ils devraient se stabiliser. Aspect négatif du Scellier : les stocks
Bruno Bebert / Sipa
DR
Spécial immobilier
des promoteurs ont drastiquement diminué.
A la fin 2009, 872 logements neufs étaient en
vente à Nice, contre 1 234 fin 2008.
Dans l’ancien, la diminution des prix, de
10% environ, intervenue depuis 2008, ainsi
que la forte chute des taux d’intérêt ont
permis de relancer une partie du marché immobilier. Pour l’heure, la reprise a surtout
concerné les biens modestes, entre
100 000 euros (soit le prix d’un studio) et
250 000 euros (celui d’un beau 2-pièces dans
le centre-ville ou d’un 3-pièces dans un quartier périphérique). Un peu partout en ville,
entre la baisse des prix et celle des taux, les
primo-accédants ont retrouvé près de 20%
de pouvoir d’achat. Aussi bien dans l’ouest,
où les 3-pièces sont redevenus abordables,
entre 220 000 et 250 000 euros, qu’au nord –
où ils peuvent descendre en dessous de
200 000 euros. A 3 581 euros/m 2, selon la
Fnaim, la valeur de l’immobilier ancien reste
très raisonnable à Nice, en comparaison de
ses consœurs du littoral des AlpesMaritimes. Le marché de la résidence principale y côtoie celui de la résidence secondaire
où le prix des appartements flambe, à plus
de 7 000 euros/m2, sur une partie de la promenade des Anglais et au Mont-Boron.
Au mois de mai prochain, une nouvelle
édition des Assises du logement réunira autour d’une même table la préfecture, les
représentants du conseil général et ceux de
la chambre de commerce et d’industrie.
Objectif : faire un point sur les résultats
obtenus à la suite des mesures prises dans le
département en faveur du logement des
actifs. La dernière en date est le Prêt
Logement 06 de 15 000 euros, accordé depuis le 1er janvier sous certaines conditions.
Un chantier ambitieux. SOPHIE BONIS

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