SPÉCIAL IMMOBILIER GRENOBLE

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SPÉCIAL IMMOBILIER GRENOBLE
SPÉCIAL IMMOBILIER GRENOBLE
CÉCILE MARTINET-PERINETTI
de chercheurs et de cadres, de
ménages désireux de profiter d’une
ville à la montagne et d’un environnement économique et universitaire
dynamique. Choix privilégié de ces
publics (dont l’enveloppe budgétaire
est souvent comprise entre 250 000 et
400 000 euros) : le centre ou le quartier Europole, ainsi que le quartier
résidentiel de l’Ile-Verte pour les plus
aisés. A leurs côtés, on trouve toujours
des primo-accédants, de moins de
35 ans, aux budgets plus modestes,
compris entre 150 000 et 230 000
euros. Pour eux, la Métro a maintenu
son soutien à l’accession dans le neuf,
via le versement – sous condition de
ressources et sous réserve d’être locataire en HLM ou demandeur de
Directrice de l’Adil
de l’Isère
Le Nouvel Observateur
Comment percevez-vous le
marché immobilier
grenoblois ?
Cécile Martinet-Perinetti
Le regain pour l’acquisition se
maintient. Il n’y a pas eu d’accroissement de la demande, mais
une stabilité, dans un contexte de
baisse des aides à l’achat. Mais,
au-delà du sujet de l’accession,
l’élément particulièrement marquant, actuellement, est la forte
progression des questions rela tives à la location, dans une
agglomération où le taux de
vacance est de plus de 5%.
Qui sont les acheteurs qui
viennent vous voir ?
Nous recevons majoritairement
des primo-accédants, une clientèle jeune, dont les projets sont
viables et aboutissent, en dépit
d’un marché grenoblois où les prix
sont élevés. L’enveloppe moyenne
est environ de 160 000 euros, avec
un apport personnel plus faible
qu’auparavant et des durées de
prêt de vingt-cinq à trente ans. Il
semble que la politique d’incitation à l’accession sociale à la propriété, via notamment une aide de
4 000 euros que continue d’apporter la Métro, ait permis l’arrivée sur
le marché de personnes qui, auparavant, ne pouvaient se permettre
d’acheter.
Le PTZ+ (prêt à taux zéro
renforcé) a-t-il modifié le
profil des acquéreurs ?
Le dispositif n’a pas révolutionné
le marché ni la clientèle que nous
recevons. Mais la mesure, qui
vise aussi à encourager l’achat de
logements BBC (bâtiment de
basse consommation) ou dotés
d’une certaine étiquette énergétique, a eu un impact sur les acheteurs qui autrefois ne se posaient
pas la question. Cela a également
un impact financier, car l’étiquette énergétique détermine en
partie la hauteur du prêt. C. B.
Le Nouvel Observateur
Le centre-ville
reste le pôle
d’attraction de
Grenoble
Les investisseurs sont
toujours
actifs dans
l’achat de
logements
anciens.
logement social – d’une prime de
4 000 euros. Cette aide pourrait, à la
rentrée, être mise en place à l’échelle
du département. Sur le marché de
l’immobilier neuf justement, la donne
est en train de changer : « Nous
entrons dans une période d’essoufflement, liée d’une part aux modifications
des mesures fiscales et d’autre part au
manque d’offres disponibles après la
pause opérée en 2008 par les promoteurs dans les lancements de programmes », observe Alain Giraud,
directeur général de l’agence RhôneAlpes-Auvergne du Crédit immobilier
de France. Ce que confirme Gilles
Hautrive, directeur général délégué de
BNP Paribas Immobilier résidentiel :
« Nous ne disposions, à la fin du
premier trimestre, à Grenoble que de
trois mois d’offres de logement, ce qui
est exceptionnellement bas. » Les
investisseurs, très présents l’année
dernière dans le neuf (70% des ventes),
ne constituaient plus avant l’été que la
moitié des acquéreurs, modification
du Scellier oblige. Ils restent en
revanche très actifs dans l’achat de
logements anciens, malgré les inquiétudes sur le marché de la location. A
Grenoble, le taux de vacance locative
est particulièrement élevé, de 5 à 8%
selon les sources : « Il y a près de 5 000
logements vides ! » s’exclame Olivier
Collignon, président de la chambre
syndicale des propriétaires de l’Isère.
Les incidences sur les niveaux de
loyers commencent à se faire sentir :
« Lorsque le logement est de nouveau
loué, au mieux le loyer ne baisse pas, et
la plupart du temps il faut faire des travaux pour retrouver un locataire »,
poursuit-il. Selon l’observatoire Clameur, les loyers s’établissent pour les
studios et T1 à 14,8 euros/m2 par mois
et sont en baisse de 3,8% en ce début
d’année ; l’allongement des délais
entre deux baux passe de 1,9 mois en
2008 à 2,26 mois fin 2010. En cause, la
forte concurrence avec le neuf : « Le
Scellier est venu tirer vers le haut les exigences des locataires. Il y a, dans l’agglomération, beaucoup de logements
dits “Scellier intermédiaire”, pour lesquels les délais de location sont extrêmement courts. Du coup, les durées de
location dans l’ancien s’allongent »,
témoigne Laurent Fabiano de Jacob
Immobilier. « Il existe désormais une
pression à la baisse des loyers, de l’ordre
de 15 à 20% dans l’ancien et dans certains secteurs, explique un autre agent
immobilier. L’un de nos clients, propriétaire d’un studio dans le centre historique, a accepté, lors du renouvellement du bail de son locataire, qu’il
souhaitait garder, une baisse de loyer
de 50 euros par mois… » Un cas de
figure inenvisageable il y a à peine un
an. Mais cette vacance, forte dans le
parc privé, devient également importante dans le parc locatif social, notamment dans les secteurs de Teisseire ou
du village olympique, où les bailleurs
sont confrontés à un accroissement
des refus de la part de demandeurs de
logement HLM (jusqu’à 15 dossiers
présentés pour un logement). Dans le
quartier de l’Arlequin de la Villeneuve,
le taux de vacance estimé est de 3%,
principalement dans les grands logements ; elle était quasi nulle il y a
deux ans. CATHERINE BOCQUET
DR
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