Un tournant pour le général
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Un tournant pour le général
VENDREDI 20 MAI 2016 CYCLISME 21 TOUR DE FRANCE LA FDJ A RECONNU L’ÉTAPE DE FINHAUT TOUR D’ITALIE «Un tournant pour le général» Six coureurs de la FDJ, dont Thibaut Pinot, le leader, Steve Morabito Vainqueur, Greipel ne devrait pas et Sébastien Reichenbach, finir le Giro. KEYSTONE les régionaux de l’étape, Greipel pour ont reconnu la montée la troisième fois sur Finhaut-Emosson. L’Allemand a enlevé la 12e étape au sprint. Steve Morabito (à droite) a joué le rôle de capitaine de route lors de la reconnaissance au côté de Sébastien Reichenbach (tout à gauche), notamment. LDD CHRISTOPHE SPAHR Là-haut, à près de 2000 mètres d’altitude, les murs de neige étaient encore bien présents lorsque la FDJ avait entamé son stage dans les Alpes par un détour à Finhaut. Ce jour-là, des camions s’affairaient d’ailleurs à libérer la route autant que possible. Deux semaines après Nairo Quintana, le premier à faire l’ascension jusqu’au barrage, quelques jours après la formation Astana de Fabio Aru, c’est donc le groupe français de Thibaut Pinot, l’un des plus sérieux outsiders pour la victoire finale à Paris, qui a reconnu l’étape du 20 juillet prochain. Sous le soleil. «Il s’agit d’une montée inédite pour le Tour de France, relève Julien Pinot, l’entraîneur de la FDJ. C’est une ascension magnifique, de petites routes et un décor somptueux. L’arrivée sur le barrage est réellement impressionnante. Sportivement, c’est difficile. D’autant qu’il y a le col de la Forclaz juste avant. Il s’agit donc de deux montées séparées par une descente courte et très rapide. Je m’attends à un final très spectaculaire.» Au départ de Martigny Six coureurs – Steve Morabito, Sébastien Reichenbach, Thibaut Pinot, Jérémy Roy, Arthur Vichot et Anthonyy Roux – s’étaient don- JÉRÉMY ROY «Entre le panorama et le barrage, le cadre de cette étape est magnifique.» né rendez-vous à Martigny, lundi matin. Ils ont donc effectué les 37 derniers kilomètres. A l’instar de ses coéquipiers, Jérémy Roy a d’abord été «bluffé» par le cadre. «Entre le panorama et le barrage, c’est juste magnifique, relève-t-il. D’un point de vue architectural, c’est assez exceptionnel. L’enchaînement des deux bosses sera compliqué. La dernière ascension, et ses 1000 mètres de dénivelé, sera très difficile.» Cette étape, la première dans les Alpes, se révélera-t-elle décisive pour le classement général? «C’est possible, estime Julien Pinot. Je me méfie beaucoup de la chaleur. Le col de la Forclaz est bien exposé. Il peut faire très chaud ce jour-là. En outre, ce sera le lendemain d’un jour de repos. On sait que ce n’est jamais simple. En 2015, Chris Froome avait fait de gros écarts à la PierreSaint-Martin. Le lendemain de la deuxième journée de repos, c’est Tejay Van Garderen qui avait connu une grosse défaillance. Finhaut sera l’une des deux ou trois étapes décisip le général.» g ves pour Gare aux défaillances! Jérémy Roy abonde dans le même sens. «Toutes les arrivées en altitude peuvent être capitales, à plus forte raison quand elles surviennent au lendemain d’un jour de repos. Les organismes répondent différemment d’un coureur à l’autre. Des défaillances ne seront pas à exclure. Deux fois 1000 mètres de dénivelé, ce n’est pas anodin. Je vois bien certains favoris, qui auront lâché du temps lors des deux premières semaines, attaquer de loin et prendre des risques. Sur une montée aussi difficile, tout est possible.» JULIEN PINOT «A Emosson, les écarts pourraient se chiffrer en minutes.» Si le col de la Forclaz peut être considéré comme roulant, à ce niveau-là, l’ascension sur Finhaut, plus encore depuis le village jusqu’au sommet, présente des pourcentages très élevés. Lors du Dauphiné, en 2014, certains coureurs avaient franchi la ligne dans un état de fatigue avancé. «Si un leader n’est pas au mieux dès le pied, il ne pourra jamais se refaire, poursuit le coureur français. Dix kilomètres de montée, ce n’est pas rien. L’altitude jouera aussi un rôle. Oui, il peut y avoir des écarts à l’arrivée.» Julien Pinot, le frère du leader de la FDJ, croit même que certains pourraient laisser leurs illusions sur les routes valaisannes. «Les écarts peuvent se chiffrer en minutes entre les dix premiers au sommet. C’est typiquement le genre de difficultés qui peut favoriser de gros écarts. Finhaut-Emosson pourrait être un tournant en vue de la victoire finale à Paris.» } QUATRE QUESTIONS À... «L’une des ascensions les plus difficiles» 1 STEVE MORABITO COUREUR VALAISAN DE LA FDJ Dans quel état d’esprit avez-vous effectué cette reconnaissance? C’était la première journée dans les Alpes après une coupure d’une semaine. Les sensations n’étaient pas idéales. Nous ne sommes pas montés à bloc, bien sûr. Nous avons adopté un rythme régulier et soutenu tout en papotant en route. C’était important d’appréhender cette ascension et d’en décortiquer les difficultés. Je dirai que c’était un bon amuse-bouche avant deux autres journées de reconnaissance, en France voisine. Il faisait froid au sommet des deux cols; les conditions étaient très différentes de ce que l’on peut attendre en juillet prochain. 2 a dessinée l’arrivée barrage d’Emosson, où ser SURPRISE A l’approche dultitude, la neige est encore bien présente. LDD à près de 2000 mètres d’a Qu’en ont retiré vos coéquipiers qui ne connaissaient pas forcément cette double ascension? Seuls Arthur Vichot et Sébastien Reichenbach avaient eu l’occasion de grimper à Emosson, lors du Dauphiné 2014. Pour les autres, c’était un peu l’inconnue. Sur le papier, c’était déjà assez impressionnant. Tous les 100 mètres, nous avions connaissance du détail et des pourcentages. La montée est régulière sur La Forclaz, plus irrégulière jusqu’au barrage. Il faudra se méfier de la traversée de Martigny, le passage de la place Centrale notamment. C’est serré. Le peloton sera étiré. Il faudra éviter la chute et le changement de vélo avant d’attaquer la première difficulté. Ensuite, mes coéquipiers ont pu constater que la descente n’offrait pas beaucoup de répit. A partir du village de Finhaut, les meilleurs pourront s’expliquer entre eux. La ligne est tracée sur une portion très raide. Ce n’est pas courant. 3 Justement, avez-vous le sentiment que l’ascension finale pourrait convenir à Thibaut Pinot? Dans un premier temps, il s’est contenté d’une analyse très terre à terre du terrain. Incontestablement, ce sera l’une des ascensions les plus difficiles du Tour de France. Maintenant, les petits gabarits, légers, du type Contador et Quintana, seront bien évidemment avantagés. Après, c’est la troisième semaine du Tour. Thibaut Pinot craint particulièrement la canicule, d’autant qu’entre La Forclaz et la montée sur Emosson, la route est très exposée; il n’y aura pas d’ombre. 4 Les derniers kilomètres sont-ils susceptibles de créer de gros écarts? C’est une ascension exigeante, sans le moindre répit, où la défaillance ne pardonnera pas. Celui qui n’est pas bien au pied de la bosse n’aura pas l’occasion de se refaire, d’autant qu’on arrive à près de 2000 mètres. Avec le jour de repos la veille, l’étape en fin de Tour, tous les ingrédients sont réunis pour créer des écarts. Certains pourraient monter à pied… } CS L’Allemand Andre Greipel (Lotto), une nouvelle fois le plus rapide, a enlevé à Bibione la 12e étape du Tour d’Italie, son troisième succès depuis le départ. Il a devancé le jeune Australien Caleb Ewan au terme de cette étape sans conséquence pour le classement général. Le Luxembourgeois Bob Jungels (Etixx) a conservé le maillot rose de leader avant que le Giro rejoigne la moyenne montagne du Frioul. Dans le sprint, Greipel, lancé par ses équipiers, a choisi sa trajectoire en se rapprochant des barrières. Derrière lui, Ewan n’a pu trouver l’ouverture mais a obtenu sa meilleure place dans le Giro. L’Italien Giacomo Nizzolo, nettement devancé, a pris la troisième place devant son compatriote Sacha Modolo. Une chute, qui n’a pas concerné les coureurs de tête, a fractionné le peloton dans le final. Greipel, 33 ans, a signé son troisième succès dans le Giro 2016 après ceux acquis à Bénévent (5e étape) et à Foligno (7e étape). Le «Gorille» de Rostock, qui ne devrait pas terminer la course, porte le maillot rouge qui distingue le leader du classement par points. Place à la montagne L’échappée du jour a été menée, longtemps sous la pluie, par les Italiens Daniel Oss et Mirco Maestri qui ont été repris avant les 20 derniers kilomètres. En raison des risques sur le circuit final, les temps ont été pris au passage sur la ligne, à 8 kilomètres de l’arrivée, et les bonifications n’ont pas été attribuées. Aujourd’hui, la 13e étape se court intégralement dans le Frioul, près de la frontière slovène, sur des routes souvent étroites et pentues entre Palmanova et Cividale (170 km). Quatre ascensions, deux de deuxième et deux de première catégorie, sont programmées, la dernière à 14 kilomètres de l’arrivée. } ATS RÉSULTATS 12e étape, Noale-Bibione (182 km): 1. André Greipel (GER) 4h16’00. 2. Caleb Ewan (AUS). 3. Giacomo Nizzolo (ITA). 4. Sacha Modolo (ITA). 5. Alexander Porsev (RUS). 6. Moreno Hofland (NED). 7. Ivan Savizki (RUS). 8. Heinrich Haussler (AUS). Puis: 22. Stefan Küng (SUI). 31. Arnaud Démare (FRA). 39. Vincenzo Nibali (ITA). 40. Alejandro Valverde (ESP). 41. Bob Jungels (LUX). 45. Andrey Amador (CRC). 103. Marcel Wyss (SUI), tous m.t. Classement général: 1. Jungels 49h32’20. 2. Amador à 24’’. 3. Valverde à 1’07. 4. Kruijswijk, m.t. 5. Nibali à 1’09. 6. Majka à 2’01. 7. Ilnur Zakarin (RUS) à 2’25. 8. Esteban Chaves (COL) à 2’43. 9. Gianluca Brambilla à 2’45. 10. Ulissi à 2’47. Puis: 40. Wyss à 30’23. 52. Küng à 44’25.