adidas euro2002

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adidas euro2002
adidas1
Rebelote. Adidas s’apprête à nous refaire le coup du Mundial. Affairée à gagner des
parts de marché, la première compagnie européenne d’équipements de sport sera
sponsor officiel de l’Euro 2000. Du ballon aux emblèmes du tournoi, en juin prochain il
sera impossible de ne pas avoir notre regard marqué des trois bandes…
Pub assurée donc pour Adidas, qui y met cependant du sien. En 1998, la société investissait
28,5 milliards de FB en promotion et sponsoring, soit 13% de son chiffre d’affaires. Une
augmentation de près de 11 milliards de FB par rapport à 1997. Un bon investissement
puisque 98, année globalement morose pour les ventes d’articles de sport, devait s’avérer
une année historique pour Adidas. La société y réalise son deuxième meilleur résultat de
tous les temps : un chiffre de ventes de 217 milliards de FB 2, marquant 70% d’augmentation
des ventes aux USA, 15% en Europe, 48% au niveau mondial.
Ancien deuxième leader mondial du marché, Reebok est resté sur le banc. Et à l’image de
Ronaldo, son joueur fétiche, Nike est peut-être en train de se faire dribler. En 1998, Adidas a
gagné 12% de part de marché mondial des articles de sport … Kluivert, Zidane, Beckam se
sentent bien dans leurs pompes, des « Predator accelerator » signées Adidas.
Sur les terrains de foot transformés en champs de bataille pour la conquête du marché,
Adidas ne s’est que très tardivement préoccupé de sa responsabilité sociale. Contrairement
à ses concurrents américains, Nike et Reebok, il ne s’est doté d’un texte de référence qu’en
juin 1998. Pour les consommateurs et les campagnes affrontant jusque là une fin de non
recevoir, sinon le mépris de la part de la compagnie européenne, la surprise était de taille.
Mais les engagements pris par Adidas ne sont cependant pas très novateurs. Les
« Standards of Engagment » dont s’est dotée la société sont basés sur le code de conduite
type, volontaire et minimaliste, de la fédération mondiale de l’industrie des articles de sport
(WFSGI). Adidas s’y engage à ne pas conclure de marché avec des fournisseurs qui ont
recours au travail forcé ou au travail des enfants et qui ne respectent pas la législation du
travail du pays de production (Encore heureux !). Contrairement au code développé par la
fédération internationale de football (FIFA), il n’y est question ni de liberté d’association des
travailleurs, ni d’une procédure de contrôle indépendant, ni de sanctions.
Adidas a cependant pris le parti d’exploiter au maximum cette nouvelle image de
« responsabilité sociale ». La société a entrepris une audit interne d’une majorité de ses
fournisseurs. Avec certains d’entre eux elle a élaboré des plans d’action pour améliorer les
conditions de travail. Adidas est partie prenante du projet d’éradication du travail des enfants
dans la couture des ballons de football au Pakistan3 et participe à un projet similaire en Inde.
Depuis janvier 1999, Adidas s’est attaché les services d’un directeur global des affaires
sociales et environnementales. David Huselbee doit s’affairer à ménager la chèvre et le
chou. Cet ancien collaborateur de l’ong britannique Save the Children Fund, doit à la fois
affronter la pression des consommateurs et des campagnes dénonçant, dossiers en main,
des violations des droits des travailleurs et défendre la stratégie de développement de sa
société basée sur un marketing agressif et sur un stricte contrôle des coûts de production.
Comme si ce dernier point n’avait aucun impact sur les conditions de production et par
conséquent sur les conditions de travail. Quelques exemples ?
1
D’après le dossier réalisé pour la campagne « Euro 2000 – Droits de l’Homme, droit au but » par Marlies Filbri
de SOMO (Pays-Bas) et Ingeborg Wick de SÛDWIND-Institut (Allemagne)
2
Un chiffre de vente exceptionnel qui ne se traduit pas en bénéfice exceptionnel (13,7 milliards de FB avant
impôt) du fait de l’amortissement du coût d’achat du fabricant français de skis Salomon réalisé en 1997 pour un
montant de 1,4 milliards de dollars.
3
Voir article et dossier ci-joints.
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A Formosa – Evergreen, usine sous-traitante d’Adidas située au Salvador, 1000
travailleuses cousent 60 à 70 heures par semaine pour un salaire mensuel de 133
dollars. Les femmes enceintes sont licenciées et les syndicats sont réprimés.
Le salaire des travailleurs de l’usine chinoise de Han Tin fluctue entre 1.850 et 2.800 FB
par mois. Les ouvriers y travaillent 7 jours sur sept, forcés de prester jusqu’à 7 heures de
travail supplémentaire quotidien sans supplément de salaire.
En Bulgarie, les travailleurs de l’usine Orfei gagnent 2.640 FB par mois. A peine de quoi
payer la facture de chauffage et d’électricité.
En Indonésie, l’usine Tainan ne respecte pas la législation en matière de salaire
minimum ni les tarifs légaux pour le paiement des heures supplémentaires. Le travail
supplémentaire est obligatoire et sa durée excède le temps maximum toléré par la loi.
Les syndicats indépendants ne peuvent y exercer aucune activité. Les sanctions
financières infligées aux travailleurs en cas d’erreur sont excessives. Les conditions de
sécurité et d’hygiène sont négligées, Les travailleuses sont sexuellement discriminées.
En septembre 1999, alors que des négociations s’engageaient entre syndicats et
direction dans l’usine indonésienne de chaussures de sport Nikomas Gemilang, des
troupes mlitaires encerclaient et investissaient l’usine.
La pression internationale exercée sur Adidas par la campagne Vêtements Propres (en
Belgique mais aussi particulièrement en Allemagne, pays hôte du siège de la société) vise à
ce que Adidas franchisse des pas supplémentaires, aille plus loin qu’un contrôle interne qui
ne peut en aucun cas apporter de garantie aux consommateurs. Adidas a commencé à
réagir. Alors que depuis plus d’un an, la campagne Vêtements Propres dénonce la situation
qui préside dans l’usine Formosa Evergreen au Salvadot, Adidas a récemment réagi en
dépêchant sur place une société d’audit américaine, en diffusant le rapport de cette enquête
et en mettant en place un plan d’action. Aujourd’hui, les travailleuses de Formosa
commencent à sentir quelques améliorations dans leurs conditions de travail.
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