CR recherches euthanasie TSA

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CR recherches euthanasie TSA
COMPTE-RENDU DE RECHERCHES TSA
L'euthanasie
1. Qu’est-ce que l’euthanasie ? Quelles en sont les différentes formes ?
I)
Définition et Histoire de l'euthanasie
L'euthanasie est une pratique qui consiste à
provoquer la mort d'un individu pour des
raisons médicales, afin d'abréger des
souffrances morales et/ou physiques d'une
maladie incurable qu'un homme ne peut
endurer.
Etymologiquement, l'euthanasie provient
du grec et signifie « bonne mort ». Nous
devons le terme « euthanasie » à Francis
Bacon (1561-1626).
A l'origine, l'euthanasie désigne une mort
douce, dans de bonnes conditions, qu'elle
soit provoquée ou naturelle.
Dans de nombreux hôpitaux, l'euthanasie était une pratique courante mais discrète pour éviter des débats
publics.
L'euthanasie a longtemps été taboue. En effet, c'est un sujet qui pose des problèmes philosophiques,
éthiques, légaux et religieux. De nombreuses personnes s'opposent à cette pratique alors que d'autres
l'approuvent.
Francis Bacon était un défenseur de cette pratique, de «l'adoucissement agonique ». Il dit de l'euthanasie : «
l’office du médecin n’est pas seulement de rétablir la santé, mais aussi d’adoucir les douleurs et souffrances
attachées aux maladies […] mais encore afin de procurer au malade, lorsqu’il n’y a plus d’espérance, une
mort douce et paisible [...] Mais de notre temps les médecins semblent se faire une loi d’abandonner les
malades dès qu’ils sont à l’extrémité ; au lieu [de n'épargner] aucun soin pour aider les agonisants à sortir de
ce monde avec plus de douceur et de facilité. »
En revanche, les religions telles que l'islam, le judaïsme et le christianisme condamnèrent l'euthanasie
puisque cette pratique allait à l'encontre de leurs idées, notamment celle qui considère la vie humaine
comme sacrée.
Dans la Grèce et la Rome antiques, dans certaines circonstances il était permis d'aider quelqu'un à mourir.
D'ailleurs, Platon et Socrate approuvaient certaines formes d'euthanasie. Platon écrit même : « On laissera
mourir ceux dont le corps est mal constitué ».
Dans l'Antiquité, plusieurs civilisations acceptaient l'euthanasie pour les personnes âgées.
Aujourd'hui, l'euthanasie a été admise dans de nombreuses sociétés. Dans certains pays, seules quelques
formes d’euthanasie sont autorisées. En effet, il existe différentes formes d’euthanasie
II) Les différentes formes d'euthanasie
Le terme général d'euthanasie recouvre en réalité plusieurs formes, en effet, les législations et les actes sont
différents selon celles-ci.
L'unique forme d'euthanasie autorisée légalement en France est l'euthanasie passive, celle-ci consiste à
débrancher les aides à la vie d'un malade puis de le laisser mourir de faim ou d'épuisement. Tous les pays ne
considèrent pas l’arrêt des aides respiratoires et l’arrêt d’alimentation comme des arrêts de traitement, c’est
pourquoi il existe des différences d’acceptation légales suivant les pays.
Certains médecins définissent cette forme d’euthanasie comme « l’arrêt d’un acharnement thérapeutique »,
sachant qu’il n’y a pas d’espoir d’amélioration de l’état du patient, les médecins cessent tout ce qui peut le
maintenir artificiellement en vie.
De même, l’euthanasie indirecte consiste également à débrancher les aides à la vie d’un patient mais
s’accompagne par l’injection d’antalgiques forts pour annuler la douleur. La conséquence seconde de cette
injection est le raccourcissement de la dernière période de la vie du patient. Cette forme d’euthanasie n’est
alors plus considérée comme euthanasie passive.
Au contraire, l’euthanasie active, considéré comme un homicide en France, se définit par l’injection de
substances létales au patient dans le but de lui donner la mort, avec son accord si il est en mesure de le
donner, ou par l’accord de ses proches et du corps médical si il n’a plus la capacité mentale et physique
d’exprimer sa volonté.
Or, bien que le suicide ne soit pas condamné en France, certaines formes d’euthanasie active peuvent être
dénoncées comme un suicide assisté qui résulte du fait d’aider quelqu’un à se donner la mort quelle que soit
la façon, en lui fournissant des renseignements ou des moyens pour écourter sa vie. Dans ce cas, le patient
est l’auteur de sa mort mais en ayant bénéficié d’assistances. Cette « aide » est considérée comme un
homicide ou également comme un délit de non-assistance à personne en danger puisque le témoin n’a pas
empêché l’acte.
L’accélération de la fin de vie n’est pas reconnue dans tous les pays, cependant, demeurent des droits
fondamentaux. L’Homme est libre de refuser les traitements qu’ils lui sont prescrits, en effet l’article 36 du
code de la santé publique affirme : « Le consentement de la personne examinée ou soignée doit être
recherché dans tous les cas. Lorsque le malade, en état d'exprimer sa volonté, refuse les investigations ou le
traitement proposé, le médecin doit respecter ce refus après avoir informé le malade de ses conséquences. »
De même, bien qu’il ne soit pas légalement reconnu en France, l’homme a le droit de rédiger un testament
de vie qui consiste à exprimer à l’avance sa volonté concernant les derniers moments de sa vie, ce document
fait part des souhaits de l’individu à recevoir des soins médicaux ou non si il n’est plus en état d’exprimer sa
propre décision.
Le testament est une demande anticipée d’euthanasie.
Bibliographie/ Sitographie :
Guillemette de Véricourt, Euthanasie mieux mourir ?, édition les essentielles milan.
http://www.conseil-national.medecin.fr
www.fr.wikipedia.org/wiki/euthanasie
http://caderange.canalblog.com/archives/2006/02/02/1285128.html
http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/les-differentes-formes-d-6643
www.euthanasietpe.canalblog.com
www.futura-sciences.com/magasines/sante/infos/dico/d/medecine-euthanasie-8220/
www.senat.fr/lc/lc49/lc490.html
www.aufeminin.com/dossiers/euthanasie-en-france-f108854.html
2. Que dit la loi française et les lois de quelques autres pays sur le sujet ?
L'acte d'euthanasie est fondé sur la législation en vigueur dans le pays où il est pratiqué. Ainsi on peut se
demander ce que dit la loi sur l'euthanasie en France et dans quelques autres pays, et dans quelles conditions
elle est pratiquée dans les pays où elle est autorisée. Nous étudierons dans un premier temps le cas de la
France avant de voir ce qu'il en est dans les autres pays.
1.
Les lois françaises :
En France, l'euthanasie active n'est pas légale, on ne pratique donc que l'euthanasie passive, qui est basée sur
trois lois fondatrices, toutes votées sous Chirac :

Loi n°99 477 du 9 Juin 1999 visant à garantir l'accès aux soins palliatifs (traitement qui n'agit pas
directement sur la maladie et qui la soulage sans pouvoir la guérir) ;

Loi du 4 mars 2002 relative au droit des malades et à la qualité du système de santé (aussi appelée
« loi Kouchner ») ;

Loi Leonetti du 22 avril 2005 visant à éviter les pratiques de harcèlement thérapeutique (pour tous
les patients et pas seulement ceux en fin de vie) et à faire en sorte que les patients soient plus informés sur
les possibilités de mettre en œuvre leur fin de vie. 1
En 2014 François Hollande a annoncé au cours de sa troisième conférence de presse qu'il attendait le rapport
du Comité national d'éthique pour légiférer sur la question de l'euthanasie, mais en restant évasif. 2
2.
L'euthanasie dans les autres pays :
On distingue deux formes d'euthanasie : l'euthanasie active et l'euthanasie passive, qui sont autorisées et
pratiquées de différentes manières selon les pays.
A. Pays autorisant l'euthanasie active
L'euthanasie active est légalisée dans seulement trois pays européens dont les Pays-Bas, la Belgique et le
Luxembourg.
- Les Pays-Bas : c'est le premier pays européen à avoir autorisé l'euthanasie par injection létale. Ils ont aussi
légalisé depuis 2001 le suicide assisté avec la loi sur le contrôle de l'interruption de vie sur demande du
patient. Ici le médecin est au cœur du processus, il doit avoir la conviction qu'il n'existe pas d'autre solution
raisonnable pour le patient. Les patients peuvent dès 16 ans, en prévoyant l'hypothèse de ne pas être en
mesure d'exprimer leur volonté sur le sujet, effectuer une « déclaration anticipée », c'est-à-dire choisir d'être
euthanasié ou non.
- La Belgique : l'euthanasie active est légalisée depuis la loi de mai 2002, et ici aussi le médecin est au
centre du processus. La situation médicale du patient doit être sans issue, et le patient doit être l'objet d'une
souffrance physique ou psychique constante et insupportable sans perspective d'amélioration pour pratiquer
l'euthanasie sur lui. Concernant la loi, la demande pour l'euthanasie doit être volontaire, réfléchie, répétée, et
sans pression extérieure. La demande doit être écrite et le patient doit être majeur.
- Le Luxembourg : l'euthanasie comme le suicide assisté sont légalisés par une loi de mars 2009. Comme
pour les deux pays précédents le médecin est au cœur du système et la situation doit être sans issus. La
demande se fait par écrit, et le patient doit être majeur.
B. Pays interdisant l'euthanasie active
En Suisse, l'euthanasie active indirecte (donner
une substance dont les effets secondaires peuvent
réduire la durée de vie), et l'euthanasie passive
(interruption du dispositif médical de maintien en
vie) sont autorisées ainsi que le suicide assisté (la
personne prend elle-même la dose mortelle).
Voici le "Kit suicide" utilisé par l'association
suisse Exit, qui fournit sur demande des
substances létales aux malades incurables.
- Les Etats-unis : L'euthanasie passive est acceptée par la cour suprême. La législation dépend en fait des
états : l'Oregon et l'Etat de Washington sont les seuls, à ce jour, à accepter le suicide assisté . Il ne légalise
pas néanmoins l'euthanasie. Par le référendum du 4 novembre 2008, approuvé par 58 % des voix, l'État de
Washington a autorisé le recours à l’euthanasie pour les malades en phase terminale
- En Grande-Bretagne, l'interruption des soins dans certains cas est autorisée depuis 2002. Depuis février
2010, la justice rend moins probables les poursuites contre une personne aidant un proche à se suicider par
compassion, à condition que ce dernier en ait clairement exprimé l'intention.
- En Allemagne, où l'euthanasie active a été largement pratiquée sous le régime nazi, l'euthanasie passive est
tolérée si le patient en a fait la demande. La situation est similaire en Autriche.
- Le Danemark prévoit depuis 1992 que chaque citoyen peut déclarer par écrit son refus de tout
acharnement thérapeutique, déclarations sauvegardées dans un registre central.
- En Norvège, l'euthanasie passive est autorisée à la demande du patient en fin de vie ou d'un proche si
celui-ci est inconscient.
- En Espagne, en Suède en Hongrie et en République tchèque, les malades incurables peuvent refuser leur
traitement.
- Au Portugal, l'euthanasie active ou passive est condamnée mais le conseil d'éthique admet l'arrêt des
traitements dans certains cas désespérés.
- L’Australie : En Australie, l'euthanasie active et l'aide au suicide sont illégales, mais elles font l'objet d'un
vif débat, surtout depuis que le Territoire-du-Nord a autorisé, par une loi de 1995, l'assistance au décès d'un
patient en phase terminale. Cette loi, entrée en vigueur le 1er juillet 1996, a été abrogée en mars 1997 par la
loi fédérale sur les lois d'euthanasie, alors que quatre personnes y avaient eu recours.
Dans le reste du monde, l'euthanasie active ou, selon les pays, toutes les formes d'assistance à la mort, sont
strictement interdites, souvent assimilées à un l'homicide volontaire et ainsi passibles de quelques mois à
plusieurs années de prison.4
Pour conclure, on peut dire que l'euthanasie est envisagée de manière très différente selon les pays, parfois
en fonction de leur histoire. De plus, on peut ajouter que la création de nouvelles lois fait très souvent suite à
des cas de patients remarquables ayant fait l'actualité.
NOTES ET SOURCES
1
: legifrance.gouv.fr ; senat.fr
: harcèlement thérapeutique = fait d'entreprendre ou de poursuivre un traitement dont les résultats prévus
sont inutiles ou se limitant à permettre la survie artificielle du malade (Larousse)
3 :huffingtonpost.fr ; leparisien.fr
4
: lexpress.fr ; lesechos.fr
2
3.Arguments favorables à l’euthanasie
Introduction:
A l'origine, l'euthanasie était le fait d'avoir une mort douce (naturelle ou provoquée). Par la suite,
l'euthanasie a été décrite comme une pratique visant à provoquer par un médecin ou sous son contrôle, le
décès d'un individu atteint d'une maladie incurable qui lui fait subir des souffrances morales et/ou
psychiques intolérables. Cette pratique a été à l'origine de plusieurs débats.
Nous allons plus particulièrement nous intéresser aux cas pour lesquels l'euthanasie pourrait être autorisée.
Dans un premier temps, nous nous concentrerons sur les conditions nécessaires pour cette pratique et dans
un second temps, nous nous intéresserons aux avis de différentes personnes à propos de l'euthanasie.
I- Conditions
La pratique de l'euthanasie est autorisée dans certains cas mais ce n'est pas si facile de mourir:
-le patient doit être majeur (ou mineur anticipé) au moment de sa demande
-le patient doit être capable et conscient au moment de sa demande
-la demande écrite est formulée de manière volontaire, réfléchie et répétée
-la demande ne fait l'objet d'aucune pression extérieure
-le patient doit se trouver dans une situation médicale sans issue
-la souffrance physique et /ou psychique doit être constante, insupportable et inapaisable
-l'état du patient doit être dû à une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable
Cependant, l'euthanasie doit être réglementée par la loi du pays sinon il s'agit d'une procédure illégale, la
personne qui en sera l'auteur passera en cour d'assise.
Par ailleurs, le «Devoir d'humanité» nous informe que le conseil de l’ordre des médecins est favorable à un
placement du patient sous coma artificiel. Cependant ce coma doit intervenir après des requêtes persistantes
et claires. Le conseil de l'ordre rejoint donc le point de vue de François Hollande qui déclare que toute
personne majeure en phase avancée ou terminale d'une maladie incurable provoquant une souffrance
physique et/ou psychique insupportable puisse demander à bénéficier d'une assistance médicalisée pour
terminer sa vie dans la dignité.
De manière plus générale, l'avis rappelle que la loi Leonetti de 2005 couvre pratiquement toutes les
situations de fin de vie. Or ce texte doit être plus largement promu, car il est encore souvent ignoré du grand
public comme du corps médical.
II-Avis médecins; familles
Les médecins sont beaucoup concernés par cette pratique car ils en sont parfois les auteurs, nous allons donc
voir sous forme de tableau ce qu'ils en pensent.
Généralistes Spécialistes Hospitaliers Ensemble
Tout à fait
8%
défavorable
Plutôt défavorable 19,6%
Plutôt favorable
Tout à fait
favorable
NSP
8,5%
10,9%
8,7%
11,8%
19,3%
17,2%
45%
50,5,%
43,1%
46,3%
24%
25,4%
21,3%
23,9%
3,4%
3,8%
5,3%
3,9%
-Par ailleurs, l'avis des familles est aussi important, d'après des sondages, 92% des Français seraient pour
l'euthanasie.
-Au niveau de la politique, un article nous informe que « Lorsqu'une personne, en phase avancée ou
terminale d'une affection grave et incurable, quelle qu'en soit la cause, décide de limiter ou d'arrêter tout
traitement, le médecin respecte sa volonté après l'avoir informée des conséquences de son choix. La décision
du malade est inscrite dans son dossier médical. »
Francois Hollande a affirmé récemment que l'euthanasie peut être mise en pratique seulement pour des cas
exceptionnels.
-De plus, d'un point de vue sociologique, la façon dont chacun se positionne à l’égard de l’euthanasie
dépend d’un rapport intime à la mort et à la vie issu de son éducation et de ses expériences propres. Le point
de vue de la société est non seulement la somme de ces avis individuels, mais il est aussi fonction des idées
religieuses et morales dominantes sur le plan collectif.
Conclusion:
Pour conclure, l'euthanasie est une pratique qui existe depuis très longtemps et qui suscite de nombreux
débats, à la fois dans les domaines philosophiques, légaux et religieux. Il s'agit d'une pratique très
controversée, l'euthanasie est autorisée si le patient le souhaite et s'il est souffrant, cette pratique est utilisée
au dernier recours, mais cela ne suffit pas, il faut que la loi le permette.
Mais l'on est en droit de se demander si un jour l'euthanasie sera une pratique courante pour tout le monde.
Bibliographie / Sitographie
www.informationhospitalière.com/docs/forum/post 24760.html
sante-medecine.commentcamarche.net/contents/170-l-euthanasie www.youtube.com/watch?v=fwMYv60txo
4.Quels sont les arguments des personnes opposées à toute forme d'euthanasie ?
Depuis de nombreuses années, l'euthanasie ne cesse de diviser l'opinion publique. Elle a ouvert de
multiples débats sans fin et fait diverger les esprits. Les avis sur ce sujet sont aussi bien tranchés que
mitigés. Il y a des personnes qui défendent avec force l'euthanasie, d'autres qui émettent une objection
mais reconnaissent son importance et d'autres qui se placent du côté des fervents opposants à
l'euthanasie. Alors, on peut se demander quels sont les arguments des personnes opposées à toute forme
d'euthanasie. Nous verrons que ces arguments peuvent être d'ordre médical, philosophique, politique ou
encore religieux.
Tout d'abord, il nous semble peu surprenant que certains médecins soient opposés à l'euthanasie. En effet,
avant de commencer à exercer, les médecins prêtent le serment d'Hippocrate, dans lequel il est clairement
écrit : « Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. »
Par ailleurs, plusieurs médecins québecois ont créé un collectif dont le but ultime est de refuser l'euthanasie
ou le suicide assisté comme soins car ils vont à l'encontre de la médecine.
« Nous souhaitons faire entendre la voix des médecins qui considèrent
que des dispositions légales ou déontologiques qui permettraient la pratique
de l’euthanasie ou l’aide au suicide sont contraires aux buts de la médecine.. »
Collectif de médecins du refus médical de l'euthanasie
Lucien Israël, médecin psychanalyste, vingt ans de service de cancérologie, était attentif à toutes les
dernières avancées médicales mais il resta fidèle à la tradition d'Hippocrate. Il est l'auteur du livre Les
dangers de l'euthanasie, dans lequel il expose ses arguments en défaveur de l'euthanasie.
Selon ce professeur les conséquences des relations entre médecins et patients seraient très lourdes, il parle
même de « mort de la médecine ».
Il évoque aussi un effondrement de la culture occidentale avec la rupture du lien symbolique entre les
générations:
« Les enfants et arrières petits-enfants, dans la mesure où nous sommes en train de passer à une société à
quatre générations, sauront que l'on peut se débarrasser des vieux. »
Lucien Israël craint que les liens entre générations soient fragilisés et que les jeunes voient leurs aînés
comme des objets jetables et dont ils peuvent se débarrasser.
D'après lui les conséquences seraient très dommageables pour la transmission des rites, de la morale, de la
solidarité et des valeurs qui sont les nôtres.
« En tant que médecin je suis tenu de donner cette image de compassion et de respect de l'existence. »
En résumé, le désir d'euthanasie est selon le professeur le reflet d'un affaiblissement des liens existant aussi
bien entre individus qu'entre générations et entre groupes sociaux.
Par ailleurs, de nombreux médecins avancent que l'euthanasie augmente leur pouvoir sur la décision de
vie ou de mort de leurs patients, il ne s'agirait en réalité que de « suicides assistés ». Or, les médecins
jouent un rôle crucial en tant que porte-parole entre le patient et sa famille. On peut donc se demander
pourquoi certaines familles peuvent s'opposer à l'euthanasie d'un de leur proche.
Prenons l’exemple de l’affaire Vincent Lambert. En ce qui concerne les membres de la famille du
tétraplégique, les avis étaient partagés. En effet, contrairement à sa femme et aux médecins, les parents et la
justice s’opposent à cet acte. Il se trouve que les parents, une sœur et un beau-frère de Vincent Lambert sont
contre l’euthanasie. Ces derniers avancent que selon la loi Leonetti, les droits des patients en fin de vie ne
s’appliquent pas au cas de Vincent Lambert, qui est handicapé et non atteint d'une maladie incurable.
Nous pouvons ajouter un commentaire de l’avocat des parents :
« Vincent est handicapé, il n'est pas atteint d'un mal incurable, il n'est pas en fin de vie sauf si on lui retire
son alimentation et son hydratation. »
http://www.bfmtv.com/societe/affaire-vincent-lambert-famille-dechiree-apres-decision-justice-688560.html
Un membre de la famille d'un patient souhaitant être euthanasié atteste :
« Je suis contre l'euthanasie car imaginez qu'on tue par euthanasie l'un de vos proches condamné, mais, le
mois suivant, vous apprenez qu'on a trouvé un remède contre la maladie qu'il avait !!!! Pensez-y... »
Par ailleurs, selon un récent sondage, la majorité des plus de 75 ans est opposée à l'euthanasie, affirmant qu'
elle n'est pas intéressée par les directives anticipées.
Outre les médecins et les familles, l'euthanasie divise également au sein-même de l'Hémicycle. En effet,
l'euthanasie est un point-clé de chaque campagne présidentielle, et bien sûr, les débats à ce sujet n'en
finissent pas.
Nicolas Sarkozy, ancien chef de l 'État, est opposé à l'euthanasie. Dans une interview accordée au Figaro
Magazine, il se dit défavorable à un changement de législation concernant l'euthanasie
« L'euthanasie légalisée risquerait de nous entraîner vers des débordements dangereux et serait contraire à
nos conceptions de la dignité de l'être humain. »
Nicolas Sarkozy
François Fillon, ancien Premier Ministre français est fermement opposé à une légalisation de l'euthanasie
active. Il préconise un développement des soins palliatifs et estime que l'euthanasie va à l'encontre des
valeurs sur lesquelles la société est fondée.
« À titre personnel, je suis hostile à la légalisation d'une aide active à mourir ; ce n'est pas ma conception
du respect de la vie humaine et des valeurs qui fondent notre société. »
François Fillon
Jean-François Copé, président de l'UMP, préfère rester sur ses gardes quant à la légalisation de l'euthanasie,
estimant, lui aussi, que la Loi Leonetti est suffisante.
« Le risque est tout simplement de créer un droit au suicide pour tous. La priorité, c’est le développement
des soins palliatifs. »
Jean-François Copé
Jean-Marc Ayrault, actuel Premier Ministre du gouvernement français, n'est pas favorable à l'euthanasie,
mais selon lui, seulement à une amélioration de la Loi Leonetti.
« Ce que nous voulons faire, c'est perfectionner la loi Leonetti (…) c'est un sujet extrêmement grave et je
comprends que les évêques et les catholiques expriment des interrogations, des réserves. Ils en ont
parfaitement le droit. »
Jean-Marc Ayrault
Marine Le Pen, présidente du Front National, quant à elle, décrit la proposition de loi comme une
« législation de l'assassinat ».
François Bayrou, président du Mouvement Démocrate, sans affirmer son opposition formelle, préfère s'en
tenir à la loi Leonetti de 2005, qui lui semble équilibrée.
Élisabeth Hubert, ancienne Ministre de la Santé Publique et de l'Assurance Maladie, fait partie du comité
d'honneur du collectif « Plus digne la vie » qui a lancé un appel contre l'euthanasie lors de la proposition de
loi de François Hollande sur la légalisation de l'assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité.
Jean-François Mattei, ancien Ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes Handicapées, est
également membre de « Plus digne la vie ».
En dehors du cercle médical ou familial, on a vu que l'euthanasie embrasait également la sphère
politique. Néanmoins, l'euthanasie ne semble pas non plus trouver sa place dans les diverses religions.
Par définition la religion est l'ensemble des croyances et des pratiques qui fondent les rapports entre les
hommes et le sacré. L'euthanasie va à l'encontre de nombreuses religions, et notamment de la religion
chrétienne. L’Église catholique refuse qu’on limite la valeur de la vie de quelqu’un à sa possibilité de vivre
sans souffrance. Elle est en opposition avec le 6ème commandement: « tu ne tueras point » Exode XX/13.
« Je confirme que l’euthanasie est une grave violation de la Loi de Dieu, en tant que meurtre délibéré
moralement inacceptable d’une personne humaine. »
extrait de Evangelium Vitae, Jean Paul II
L’Église catholique encourage par contre les soins palliatifs, qui consistent à accompagner le malade en
diminuant au maximum ses souffrances.
La seule chose permise dans la religion islamique est de laisser la personne mourir naturellement. L’être
humain ne possède pas son corps, c’est Allah qui en dispose. L’euthanasie active en Islam est assimilée au
suicide. Seule l'euthanasie passive est admise par la religion musulmane, le malade peut donc choisir de ne
pas se soigner, alors il ne commet aucune faute selon l'éthique musulmane.
Les Bouddhistes croient en la réincarnation. Cette religion met en avant le fait que si on tente de fuir les
problèmes de notre vie actuelle, nous rencontrons les mêmes dans la vie suivante. L'euthanasie est donc
prohibée. L'actuel Dalaï-lama , Tenzin Gyatso, met d'ailleurs en garde contre l’euthanasie active.
L'euthanasie active est condamnée sans appel par le judaïsme, les juifs faisant une distinction avec
l’euthanasie passive. Le respect de la vie de l'Homme est inconditionnel. De plus c'est Dieu qui donne vie.
Mais le renoncement à des actes médicaux manifestement sans espoir, donc l'euthanasie passive, est accepté,
et doit se distinguer de l'euthanasie active.
L'euthanasie active est totalement proscrite par ces principales religions monothéistes. Selon elles, Dieu a
fait don de la vie à l'Homme et aucun d'entre eux ne peut abréger la vie de son prochain.
Cependant, certains philosophes s'élèvent également contre l'euthanasie.
Par exemple, Cicéron philosophe du Ier siècle avant J.C disait:
«Nous envisageons un homme ferme, digne, supérieur à l’insignifiant humain.Cet homme ne peut être
peureux, endolori. Ce sont là des défauts des humains qui avouent que les accidents de la vie humaine sont
plus forts que leur propre esprit.»
Cicéron
Bernard-Marie Dupont diplômé de philosophie a publié en 2011 l'essai D'un prétendu droit de mourir par
humanité dans lequel il déclare :
« Il existe un interdit absolu dans notre société, motivé par un principe moral : l'interdit de tuer. Si l'on
brise légalement cet interdit, on déstabilise l'essence même de notre droit positif. Il ne doit pas y avoir de
permis de tuer. Par ailleurs, je ne vois pas pourquoi, au nom de quoi l'on devrait exiger du personnel
médical qu'il donne la mort. C'est contraire à sa culture, à sa philosophie. »
Bernard-Marie Dupont
La philosophie semble étroitement liée à la sociologie, qui est l'étude scientifique des faits sociaux
humains. Il y a donc plusieurs sociologues contestant l'euthanasie.
Nous pouvons citer Patrick Baudry, professeur des universités en sociologie et membre du collectif « Plus
digne la vie » :
« Tout se passe aujourd’hui comme si ce qui était souhaité c’était d’en finir avant que la mort n'arrive.
Cela en oubliant que le mourir n’est pas uniquement cessation des fonctions vitales, mais ce qui touche à la
construction des rapports sociaux. »
Patrick Baudry
On voit clairement ici qu'il n'encourage pas cette pratique puisque selon lui, la société contemporaine
choisirait l'euthanasie pour ne pas faire face à la mort, nécessairement présente dès notre venue au monde.
De plus, selon Baudry, les gens ne perçoivent que le sens premier du mot « euthanasie », c'est-à-dire la mort
physiologique et occultent le plus souvent le fait que la mort entraîne fatalement la suppression de tout
rapport social.
David Le Breton, sociologue et membre de « Plus digne la vie », place le choix de l'euthanasie sur le compte
de la douleur. Dans son œuvre Anthropologie de la douleur, Le Breton approfondit la notion de douleur et
dépasse la frontière du corps : il l'étend à l'individu dans sa totalité. Il explique ainsi que, en permanence
confronté à la douleur, l'homme n'aura plus la force de se battre et le seul choix s'offrant à lui sera celui de la
mort, et donc de l'euthanasie, lui permettant de croire qu'il ne représentera plus un poids pour son entourage.
Simone Bateman-Novaes, sociologue écrit :
« On ne prend pas soin de la même manière en réanimation et en soins palliatifs, ce qui fait qu’une même
action, l’euthanasie par exemple, sera définie dans un service comme relevant d’une nécessité éthique, alors
qu’elle fera figure de mauvaise pratique ailleurs. » Simone Bateman-Novaes
Bertrand Pulman, sociologue et membre du collectif « Plus digne la vie », reprend les propos de BatemanNovaes :
« La bioéthique et, de manière plus large, les pratiques controversées en médecine (telles que (...)
l’euthanasie) constituent, en effet, des objets propices pour la mise à l’épreuve d’une approche sociologique
qui vise à faire apparaître la dimension sociale du “fait moral”. »
Bertrand Pulman
Benoît Van Cutsem, sociologue, tranche la question de l'euthanasie :
« Provoquer la mort de quelqu'un, ou ne pas se battre pour l'éviter, ou la retarder, c'est se trouver en
contradiction avec une valeur fondamentale dans notre culture : le respect de la vie. »
En définitive, on voit que l'euthanasie ne fait pas l'unanimité auprès des Français. Une partie du corps
médical s'y oppose fermement ; certaines familles de patients est hostile à cette pratique ; certains
politiques, qu'ils soient d'un parti ou d'un autre, semblent également défavorables ; les religions
monothéistes sanctionnent durement l'euthanasie ; et, enfin, certains philosophes et sociologues
contredisent aussi cette notion de « mort anticipée ».
L'euthanasie constitue donc un enjeu majeur de la bioéthique, néanmoins, elle n'est pas le seul et unique
problème moral scindant la société française. En effet, récemment, le gouvernement a dû faire face à un
soulèvement massif de personnes opposées à l'interruption volontaire de grossesse, pourtant dépénalisée
par la loi Veil le 17 Janvier 1975.
Bibliographie/ Sitographie
Médecins
http://www.lapresse.ca/le-droit/opinions/votre-opinion/201309/09/01-4687380-le-leurre-de-leuthanasie.php
http://www.lapresse.ca/debats/votre-opinion/201309/06/01-4686813-une-trajectoire-dangereuse.php
http://www.leparisien.fr/abo-vivremieux/des-medecins-contre-l-euthanasie-20-01-20111234972.php
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20070309.OBS6153/euthanasie-un-manifestepour-contrer-les-2000.html
http://refusmedical.blogspot.fr/p/le-collectif-de-medecins.html
Lucien Israël Les dangers de l'euthanasie
Anonymes
http://www.koztoujours.fr/mes-14-bonnes-raisons-de-dire-non-a-leuthanasie
Politique
http://www.lefigaro.fr/politique/2012/02/16/01002-20120216ARTFIG00743-legaliser-l-euthanasie-seraitlourd-de-consequences.php
-Le Figaro Magazine
-L'Express
-Le Monde
-L'Est Républicain
-France Soir
-20 Minutes
-Le Point
Religions
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&ved=0CC8QFjAA&url=ht
tp%3A%2F%2Feuthanasie-richelieu.e-monsite.com%2Fpages%2Fl-euthanasie-sous-une-approchesociologique.html&ei=FErHUoylJKPF0QWWsYDQDw&usg=AFQjCNHYwpVpeZXvk5Y8VkJAkwwgluJ
30A
http://fr.wikipedia.org/wiki/Euthanasie
http://euthanasie-religions.overblog.com/
Philosophes
http://www.francetvinfo.fr/societe/euthanasie/pour-ou-contre-la-legalisation-de-l-euthanasie_154181.html
http://www.google.fr/urlsa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=4&cad=rja&ved=0CFAQFjAD&url=htt
p%3A%2F%2F
http://www.juridica-danubius.ro/continut/arhiva/A14.pdf
Sociologie
http://www.liberation.fr/societe/2012/09/14/on-melange-aide-a-mourir-et-a-s-eteindre_846432
http://plusdignelavie.com/
http://www.mgen.fr/fileadmin/user_upload/documents/Solidarite/Journee_ethique_2013/pbaudry_lenjeusoci
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http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/manifestations/12_13/12_12_07.html
http://www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/ebim/documents/vancutsem_euthanasie.pdf
http://lamaisonmuette.blogspot.fr/2011/08/anthropologie-de-la-douleur-david-le.html
5. Des exemples de cas dans l’actualité
L'affaire Sue Rodriguez (1993)
A quarante ans, Sue Rodriguez, mère d’une famille Canadienne, apprend
qu’elle est atteinte d’une sclérose latérale amyotrophique (maladie de Lou
Gehrig), qui entraîne une dégénérescence mentale. Cette maladie
dégénérative (maladie se détériorent tout comme la vie du malade) ne lui
laisse plus que quelques années à vivre. Les effets sont terribles puisque cette
maladie va causer le fait que Sue sera incapable d'avaler, de parler, de marcher
et de bouger sans aide peu de temps après le jugement de la Cour Suprême qui
s’occupe de son cas et devant laquelle elle a lutter pour avoir un juridique droit
à l’aide au suicide. Elle perdra ensuite la capacité de respirer sans respirateur,
de manger sans subir de gastrotomie et sera finalement alitée en
permanence. Son expectative de survie se situe entre 2 et 14 mois à ce moment
là. «Si je ne puis pas donner mon consentement à ma propre mort, alors à qui
appartient ce corps? Qui est le propriétaire de ma vie?», demandait-elle,
réclamant ainsi le respect du droit à la libre disposition de son corps. Sue
Rodriguez ne souhaite pas en effet mourir tant qu'elle peut encore jouir de la vie mais demande qu'un médecin
qualifié soit autorisé à mettre en place des moyens technologiques qu'elle pourrait utiliser, quand elle perdra la
capacité de jouir de la vie, pour se donner elle-même la mort au moment qu'elle choisirait. Son appel est rejeté
mais John Hofsess, fondateur de la Société « pour le droit de mourir » a écrit qu’il assisterait Sue Rodriguez
pour mettre fin à sa vie. Elle meurt, finalement assistée le 12 Février 1993 dans son suicide par un médecin
anonyme
Un film de 1998 appelé à la fin de la journée: La Sue Rodriguez histoire , avec Wendy Crewson comme
Rodriguez, raconte son histoire.
Affaire Vincent Humbert (1981-2003)
Vincent Humbert, un jeune pompier, est victime
d'un grave accident de la route, le 24 septembre
2000. Il devient alors est devenu tétraplégique,
aveugle et muet. Ne supportant plus de vivre une
vie sans espoir de guérison, il entreprit de
nombreuses démarches pour obtenir le droit d'être
euthanasié alors que l'euthanasie est interdite en
France, afin d'abréger ses souffrances et celles qu'il
perçoit chez sa mère. Depuis le centre hélio-marin
de Berck-sur-mer où il est soigné, il lance un SOS
au président de la République, Jacques Chirac.Avec
l'aide d'une de ses soignantes, il rédige une lettre,
adressée au chef de l'Etat dans laquelle il lui dit qu'il
représente son dernier espoir. Dans cette lettre, rendue publique en décembre 2002, Vincent Humbert écrit :
"Vous avez le droit de grâce, moi je vous demande celui de mourir." Cette dernière phrase devient quelques
mois plus tard, le titre du livre posthume écrit par le jeune homme avec le journaliste Frédéric Veille, œuvre
posthume et vendue à plus de 300 000 exemplaires.. S'il a reçu sa mère à l'Elysée, Jacques Chirac n'a pas fait
évoluer sa situation. Par conséquent, le 24 septembre 2003, la mère du jeune homme, Marie Humbert,
provoque le coma de son fils en lui donnant d'importantes doses de pentobarbital de sodium. Marie Humbert
est immédiatement arrêtée et placée en garde à vue, et son fils Vincent tombe alors dans le coma. Le
26 septembre 2003, après discussion et accord avec la famille, Le Dr Chaussoy décide d'arrêter toute mesure
de réanimation et d'injecter du chlorure de potassium, entraînant le décès de son patient. En janvier 2004,
le Dr Chaussoy et Marie Humbert sont mis en examen, le premier pour « empoisonnement avec
préméditation » et la seconde pour « administration de substances toxiques ». Les deux accusés ont toujours
assumé leur acte et ont provoqué un débat éthique et législatif sur le thème de l'euthanasie, aboutissant à
l'adoption d'un « droit à laisser mourir » par le parlement français en avril 2005. Un non-lieu a été délivré
en février 2006 sur cette affaire par la juge d'instruction Anne Morvant. Entre-temps, ils ont obtenu que la
réflexion sur l’accompagnement en fin de vie débouche sur la loi Leonetti de 2005. Celle-ci instaure le
« droit à laisser mourir » ou « euthanasie passive », qui interdit l’acharnement thérapeutique. Mais
condamne l’euthanasie dite « active », c’est-à-dire l’administration volontaire de substances provoquant de
manière délibérée la mort du patient.
L’affaire Chantal Sébire (2002-2008)
Chantal Sébire est une enseignante française de 52 ans, mère de trois
enfants, qui apprend en 2002 qu'elle est atteinte d'un
esthésioneuroblastome, une tumeur très rare des sinus et de la cloison
nasale et dont l'évolution provoque une déformation spectaculaire et
irréversible du visage et des souffrances «atroces», selon Chantal Sébire.
Cette tumeur était devenue incurable et elle perdit peu à peu l'odorat, puis
le goût et enfin la vue six mois avant de perdre la vie. Étant contre l'idée du
suicide, elle a écrit au président de la république, Nicolas Sarkozy le "droit
de mourir dans la dignité" car selon son vœu, elle avait souhaité s'éteindre
à son domicile entourée des siens et en toute conscience, par le biais d'un
produit létal comme cela est autorisé aujourd'hui en Belgique, aux PaysBas ou en Suisse. Le 17 Mars 2008, après le rejet de sa requête par le
tribunal de grande instance de Dijon ; elle sera retrouvée morte à son
domicile suite à une ingestion massive de barbituriques (médicaments
agissant comme dépresseurs du système nerveux central ayant pour effet l'anesthésie). Son décès, précédé
d'un combat médiatique avait relancé le débat sur la délicate question de 1'euthanasie. Le parquet de
Dijon a d’ailleurs classé l'enquête sur sa mort "sans suite".
D'abord face à cette souffrance atroce qui l'accable, Mme Sébire refuse tout traitement sédatif qui la
plongerait dans un semi-coma et soutient que seule la potion létale présenté par un praticien lui offrirait le
repos eternel qu'elle souhaite. Le généticien Axel Kahn, membre du Comité national d'éthique rapporte en
effet que Chantal Sébire avait refusé aussi bien une opération, qui aurait eu de fortes chances de réussite, que
toute forme de médicament (y compris la morphine), qu'elle considérait comme « du poison », pour leur
préférer la seule homéopathie. Dans une interview au Parisien, le chef de l'unité de soins palliatifs de Dijon,
le Dr Béal, avait d'ailleurs indiqué que Chantal Sébire avait refusé les soins palliatifs, les antidouleurs, « qu'elle assimilait à la chimie donc à du poison ».
Cette revendication du « droit à mourir » est la conséquence de la question de dignité selon Chantal Sebire.
Ainsi, la dégradation de leur corps, la maladie, la souffrance, seraient pour les patients des atteintes à leur
dignité.
L’affaire Vincent Lambert
Vincent Lambert, 38 ans, après un accident de moto en
septembre 2008, devient tétraplégique a d'abord été dans
une phase de coma profond. Il se trouve ensuite dans un
coma dit « pauci-relationnel », plus précisément en état dit
de « conscience minimale plus ». Il bouge les yeux, ressent
la douleur, sans qu'il soit possible de savoir s'il comprend
ce qu'on lui dit. Au terme de cinq ans, et 80 séances
d'orthophonie, aucun code de communication n'avait
pu être établi avec lui. Début 2013, l'équipe de soins palliatifs du CHU de Reims dans lequel Vincent
Lambert est hospitalisé note des comportements inhabituels d'opposition lors des soins, faisant « suspecter »
un refus de vivre. A l'issue d'une procédure collégiale de réflexion prévue par la loi Leonetti, l'équipe dirigée
par le docteur Eric Kariger décide l'arrêt de la nutrition artificielle, son seul traitement. Son épouse, Rachel,
donne son accord à cette décision médicale. Un frère, trois demi-frères, une sœur, une demi-sœur et un
neveu soutiennent a posteriori le choix de l'équipe médicale. Cependant, les parents, un demi-frère et une
sœur de Vincent Lambert, estiment qu'il doit rester en vie. La situation de Vincent Lambert, affirment-ils,
relève d'un « handicap » et non d'une « maladie cérébrale incurable ». Seulement, selon sa femme et l'un de
ses frères, le jeune homme, qui était infirmier psychiatrique, aurait à plusieurs reprises, avant son accident,
assuré qu'il n'aurait pas voulu de cette vie-là. Ces faits expliquent qu’il s’agisse d’une affaire très
controversée et médiatisée, par la complexité de la situation.
Le 16 janvier 2014, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) s'était opposé à l'euthanasie
passive de Vincent Lambert. Rachel Lambert, sa femme avait alors estimé que cela conduisait à "rajouter de
la violence à la violence" et le 28 janvier 2014, elle a fait appel devant le Conseil d'Etat de la décision de
maintenir artificiellement en vie son mari. Elle estime que "le laisser partir est un geste d'amour".
L’affaire Bonnemaison
Mis en examen le 12 août 2011 à Bayonne
pour « empoisonnement sur personnes
particulièrement vulnérables », le médecin
est soupçonné de neuf euthanasies actives sur
des patients (âgés) et n’a désormais plus le
droit d’exercer.
Le médecin assume entièrement ses actes
puisque bien qu’il encoure la réclusion à
perpétuité, le médecin urgentiste de Bayonne
a choisi d’assumer. Il aurait injecté un mélange à base de curare à plusieurs patients âgés, en attente de
placement en soins palliatifs, dans le but de faire « sortir de l’omerta » le débat sur l’euthanasie, selon son
avocat. Me Arnaud Dupin explique par ailleurs :
« Oui, mon client assume son geste. Car il a pris des décisions médicales, en son âme et conscience, face à
des patients en souffrance, dans un processus de mort inéluctable et imminente. Il a décidé en fonction de
cas cliniques. Il a abrégé les souffrances de patients, conformément au serment qu’il a prêté. Il a permis que
ces personnes meurent dignement. »
Concernant les familles des victimes, la grande partie assure leur soutien à l’urgentiste.
L’affaire Cazes
Il s'agit d'un couple âgé de 86 ans, Georgette et Bernard Cazes, un couple qui a décidé de se donner la mort
dans une chambre d’ un 'hôtel parisien, le Lutétia, en s'étouffant avec un sac plastique sur la tête, le vendredi
22 novembre 2013. Un garçon de chambre a retrouvé leurs corps ainsi qu'une lettre, une ultime demande qui
relance le débat puisqu'il s'agit d'un « véritable plaidoyer pour le droit au suicide assisté » qui défend donc le
droit de mourir dans la dignité...cette lettre a été adressé au procureur de Paris. Ce couple demande en effet
le droit de prendre une « pastille létale » prescrit par un médecin et qui conduit à une mort certaine, sans
douleur. Ce couple avait préparé son départ depuis plusieurs «dizaines d'années», a révélé leur fils. Sous le
coup de l'émotion, il a confié au Parisien que ses parents «craignaient la séparation et la dépendance bien
plus que la mort». Le choix du palace parisien n'était pas non plus dû au hasard. C'est là que la défunte avait
retrouvé à la Libération son père, qui revenait d'un camp de prisonniers en Allemagne.
« Dans leur lettre, Bernard et Georgette Cazes exhortent leurs enfants à militer en faveur de l'aide au
suicide. Selon Le Figaro, qui cite des passages du courrier retrouvé, Georgette Cazes écrit: "De quel droit
empêcher une personne n'ayant plus de charges, en règle avec le fisc, ayant travaillé toutes les années
voulues et ayant exercé des activités de bénévolat, de quel droit la contraindre à des pratiques cruelles
quand on veut quitter la vie?" Selon le quotidien, elle enjoint même son fils à se substituer à elle pour
attaquer l'État.
Parmi les cas célèbres ayant créé des débats sur l’euthanasie, il y a aussi :
*1998 : L'affaire Terri Schiavo aux Etats-Unis. Les médecins décident de ne pas la réintuber et de la laisser
mourir de déshydratation, seule possibilité légale en accord avec la loi de l'État.
*1993 : L'affaire Rober Latimer. Ce père a tué sa fille, Tracy, handicapée et seulement agée de 12 ans.
Atteinte de paralysie cérébrale, elle ne pouvait ni parler, ni marcher, ni s’alimenter seule. Il fut condamné à
la prison à perpétuité.
*1982 : L'affaire Yves le Bonniec condamné à deux reprises pour « abstention délictueuse de porter secours
à personne en danger » pour n'avoir pas porté secours à des lecteurs désespérés qui lui ont écrit avant de se
suicider.
Bibliographie :
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http://www.midilibre.fr/2013/11/25/un-couple-age-met-fin-a-ses-jours-au-lutetia-et-relance-le-debat-sur-la-fin-devie,787961.php
https://sites.google.com/site/tpeeuthanasie/conclusion/les-differents-cas-qui-relancent-le-debat
http://publications.gc.ca/Collection-R/LoPBdP/BP/bp349-f.htm
http://scc-csc.lexum.com/decisia-scc-csc/scc-csc/scc-csc/fr/item/1054/index.do
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Chantal_S%C3%A9bire
http://nakoldja.over-blog.com/article-euthanasie-cas-chantal-sebire-68367985.html
http://www.lefigaro.fr/debats/2008/03/14/01005-20080314ARTFIG00605-l-affaire-chantal-sebire-l-analyse-demartine-perez-.php
http://www.20minutes.fr/france/218968-euthanasie-retour-affaire-relance-polemique
http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Vincent_Humbert
http://www.huffingtonpost.fr/2013/09/26/euthanasie-vincent-humbert-loi_n_3961765.html
http://rue89.nouvelobs.com/2011/08/13/euthanasie-de-humbert-a-sebire-les-cas-qui-ont-fait-changer-la-loi217748b
http://www.lemonde.fr/sante/article/2014/01/29/dix-questions-autour-de-l-affaire-vincentlambert_4351187_1651302.html
http://www.lesechos.fr/economie-politique/politique/actu/0203247827882-affaire-vincent-lambert-la-justiceordonne-le-maintien-en-vie-d-un-patient-643428.php
http://champagne-ardenne.france3.fr/2014/01/31/affaire-vincent-lambert-le-conseil-d-etat-examinera-le-dossierle-6-fevrier-406661.html
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/11/25/01016-20131125ARTFIG00291-double-suicide-au-lutetia-mesparents-craignaient-la-dependance.php