26 mai - Vendome Triathlon L Une première mémorable pour Marc

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26 mai - Vendome Triathlon L Une première mémorable pour Marc
26 mai - Vendome Triathlon L
Une première mémorable pour Marc
Si vous voulez un race report à la Mark Allen, passez votre chemin. Je vous propose
aujourd'hui une version à base de sang (Thomas & Philippe témoigneront), de sueur et de
larmes.
L'idée de faire Vendôme avait germé il y a plusieurs années, mais les aléas de la vie m'avaient
gentiment éloigné du tri jusqu'à ce mois d'août de l'année dernière où j'ai décidé de m'y
remettre et enfin faire cette course. C'est donc avec une certaine angoisse que j'approche du
parc à vélo pour installer tout le matériel ce dimanche 26 mai. La météo est clémente, c'est
toujours bon signe, surtout en ce moment. Ai-je tout bien préparé? Le matériel est-il au point?
Et le bonhomme est-il capable de faire autant? Voilà en gros les dernières questions qui me
sont passées par la tête. Une fois la combinaison enfilée, je ne me pose plus de questions et
me laisse gentiment porter par le flux vers le podium pour le briefing.
Ce briefing, j'en retiendrai uniquement sa longueur, puisque je n'ai rien écouté. Les pro diront
qu'ils étaient dans leur course à revoir la stratégie. Moi j'étais plutôt en train de planer, et
surtout anxieux de l'épreuve au pied de laquelle je me trouvais. La mise à l'eau pour
l'échauffement démarre. Effectivement, elle est fraîche, et on comprends mieux pourquoi le
parcours a été raccourci à 2000 m. Cependant, la température reste supportable.
Pour complexifier la chose, le déroulé d'un triathlon se fait pour moi dans l'ordre croissant des
épreuves où je ne me sens pas à l'aise. Les départs en natation ne me font pas trop peur,
recevoir et donner des tartes c'est possible, mais au final la courtoisie reste plutôt de mise dans
l'eau, tout comme les escherichia coli et autres amibes que j'ai certainement ingurgité de
temps en temps. Mon système immunitaire ne s'en trouve que renforcé. Les 700 premiers
mètres sont tout de même bien pénibles, le paquet ne s'étire pas et j'ai constamment des mecs
autour de moi. Puis ça va mieux et j'arrive à trouver mon rythme. Le reste de la natation se
déroule sans encombre.
Sortie de l'eau, j'arrive dans le parc et je prends le temps de bien me sécher, d'enfiler une paire
de chaussette et de partir avec la veste thermique. La première boucle à vélo passe plutôt bien,
mais peu à peu je suis confronté à la dure réalité déjà constatée au moment des entraînements
: mon niveau à vélo est faible et je me fais doubler par beaucoup. Et bien évidemment,
impossible de les accrocher. Mais pour me consoler, je me dis que j'ai mieux nagé qu'eux. On
se console comme on peut. A la fin de la première boucle je commence à trouver le temps
long. Heureusement que la Garmin est là pour me distraire au rythme du bip de son timer
toutes les 10 min : un coup à boire, un coup à manger. Je suis quand même bien content de
voir Natalie au bout de 40 km pour m'encourager. Sans elle, la course aurait été toute autre.
2ème boucle, c'est parti pour la traversée du désert. Je me retrouve assez vite tout seul, et je
vois quelques naufragés sur le bas côté de la route, un coup c'est une crevaison, un coup c'est
une chaîne (Quentin, c'est toi ça). Je termine le vélo assez content d'en finir avec cette partie
de l'épreuve. Mais une fois le pied posé par terre, je prends conscience de l'ampleur des dégats
et de l'état de mes cuisses. La CAP va être compliquée.
Je pose le vélo, et je commence à courir. Re-coucou à Natalie qui m'attend à la sortie du parc.
Et il ne me faut que 50 m. pour me rendre à une évidence pourtant bien acceptée : le manque
d'entrainement à pied, c'était vraiment pas l'idée du siècle. Pour arranger le tout, les super
semelles confectionnées dans les forges de mon podologue pour régler mes problèmes de
genoux me donnent des ampoules aux voûtes dès... wait for it... le 4ème km. Le mode Ken le
Survivant est enclenché et la tête va devoir être solide. Heureusement que certains moments
viennent rompre la monotonie de la douleur, dont la claque sur les fesses de Philippe pour
m'encourager, qui l'eut cru, où les tables de ravito où je prends bien évidemment le temps de
manger et boire. Et défigurer les bénévoles sans trop comprendre de quoi ils me parlent. Je
crois que l'un d'entre eux m'a d'ailleurs parlé de dopage. Vu mon état et le temps, je prends
cela a posteriori pour de la provocation, mais je ne relève pas et je le regarde pantoisement
avec mes yeux vitreux.
Et c'est quand on se dit que le fonds a été touché qu'on se rend compte qu'on peut toujours
aller un peu plus bas : point de côté au 14ème km. Alors celui-là, il est cadeau. C'est comme si
les dieux du triathlon c'était dit : "on va bien lui pourir sa course à celui-là". Effectivement, ils
avaient raison, ils me l'ont bien pourrie jusqu'à la fin. Les 7 ou 8 derniers km sont une
succession de marche et de trottinement, avec une lubie qui me tournait dans la tête : "ils"
vont venir me ramasser et "ils" vont m'empêcher de finir, je vais être hors délai. La montée au
demi-tour dans le sous-bois a tout d'un chemin de croix. Même les oiseaux semblent en rire. Il
n'y a absolument plus personne autour, il commence à faire frais. Pour peu, les loups
sortiraient bien manger les derniers galériens. L'avant dernière table de ravito sonne comme
une libération. Il reste pourtant 4 km me dit la bénévole. Je ne vois vraiment pas comment il
est possible de terminer cette course. Mes pieds sont en feu et je ne peux quasiment plus
respirer. Puis c'est la sortie du bois, et l'arrivée sur la section bitumée. Au bout du chemin je
vois une camionnette de la Croix Rouge, et mon double paranoïaque ressurgit, persuadé qu'ils
sont venus me chercher pour m'empêcher de finir, un peu comme dans Shutter Island. En
plus, ses portes étaient ouvertes, prête à accueillir la brebis égarée. Finalement la camionette
s'en va et je continue mon calvaire. Dernière table de ravito, je prends encore le temps de
m'arrêter. Puis c'est la fin. Je redescends, traverse tout le bordel et longe le lac. Natalie est là
pour m'accompagner sur les 500 derniers mètres. Mais mon double est toujours bel et bien en
moi, et je l'engueule presque en lui disant : "va-t-en! va-t-en! t'as pas le droit de courir avec
moi, ils vont considérer que c'est de l'aide extérieur, et ils vont me disqualifier!". J'en souris
maintenant, mais sur le moment je ne souriais pas du tout.
Il y a du monde près de la ligne d'arrivée. Thomas, Philippe et Nathalie, Alex Billard, et
Nadège je crois, me lancent les derniers mots d'encouragement. Et finalement je la franchis la
ligne d'arrivée. Bizarrement, pas d'explosion de joie, juste une satisfaction d'en avoir terminé.
Je me pose par terre, sans trop savoir où je suis et une bénévole vient m'enlever ma puce. 2
concurrents sortis de nul part me soutiennent, et me mouillent la tête. Je reprends un peu mes
esprit et pars vite manger à la tente ravito. Quelques minutes plus tard, le Stade est appelé à la
tribune pour récupérer une coupe. Thomas et Philippe me pressent d'y aller. En quel honneur
une coupe? Je ne sais pas trop, mais je prends quand même et la soulève comme si c'est moi
qui l'avait gagnée! En fait, c'était pour récompenser le Stade d'être venu si nombreux. Il y a
aussi des bics dans la coupe, toujours pratiques.
Pour le sang promis en début de récit il arrive. C'est une fois posé dans l'herbe que je décide
d'enlever mes chaussettes. Le pied gauche porte une ampoule d'environ 10 cm de diamètre, la
chaire est rouge et des lambeaux de peau pendent. Le pied droit lui garde sa petite surprise.
Lorsque j'enlève la chaussette, la dérisoire bande d'elasto que j'avais mise arrache une
poche gorgée de sang et de jus d'ampoule qui vient gicler dans la soupe de Thomas (et sur ses
vêtements aussi je crois). Encore désolé!
Voici donc le récit de mon premier LD.
PS : la coupe trône dans notre salon. On peut mettre en place un système de roulement et
de garde partagée pour ceux qui en veulent un peu