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1942
L’incorporation de force des Alsaciens et Mosellans pendant la seconde guerre mondiale
les Malgré-Nous
Le 3 septembre 1939, l’Angleterre et la France déclarent la guerre à l’Allemagne.
Première grande guerre idéologique de l’Histoire, elle laisse une Europe affaiblie et à
reconstruire. Les crimes de guerre perpétrés par l’armée du Reich sont nombreux et très
largement décrits et étudiés (déportation, tortures, viols etc.).
Il existe cependant un aspect de cette guerre, en rapport direct avec l’Alsace et la Moselle,
qui mérite d’être développé : l’incorporation de force de jeunes Alsaciens et Mosellans dans
la Wehrmacht.
Dans ce dossier, nous nous proposons de faire la lumière sur ce sujet encore trop méconnu.
L’ordonnance de Robert Wagner sur l’incorporation des jeunes alsaciens dans la
Wehrmacht :
En 1940, l’Alsace est rattachée au IIIe Reich avec la victoire du régime nazi.
Le 24 août 1942, Robert Wagner, « Gouverneur régional de l’Alsace annexée au grand
Reich », décrète le service militaire obligatoire pour tous les Alsaciens. Ce service est en
réalité une incorporation de force dans la Wehrmacht (armée régulière allemande) ou la
Waffen SS.
L’incorporation se traduit par le port de l’uniforme allemand au service du Reich. Elle
participe à l’idéal pangermaniste du Führer.
Elle fait suite à une incorporation basée sur le volontariat ayant échouée.
Afin que les jeunes Alsaciens et Mosellans ne puissent pas déserter sans courir un grand
danger, ils furent envoyés sur le front russe aux côtés de la légion des volontaires français.
Les Malgré-Nous
1942, le service militaire devient obligatoire
pour les jeunes Alsaciens.
120 000 seront incorporés contre leur gré dans
l’Armée du Reich pour servir principalement
sur le front russe.
1/3 meurent ou disparaissent
1/3 reviennent blessés ou malades
Résistances et désertions :
Au même titre que l’incorporation volontaire dans la Wehrmacht, l’incorporation de force
révulse les Alsaciens. Elle implique de servir un autre pays, le pays « ennemi » et de mourir
sous son uniforme.
De nombreux jeunes appelés à servir l’Allemagne tentèrent de fuir leur région vers la Suisse
et d’autres régions de France.
Jusqu’en novembre 1942, 12 000 jeunes prennent la fuite malgré les représailles annoncées.
Afin de stopper l’hémorragie, Robert Wagner décrète le 1er octobre 1943 l’ordonnance
« Verordnungsblatt » (ordonnance pour le maintient de l’ordre). Elle engage la
responsabilité collective des familles en cas de défaillance d’un appelé.
Les sanctions en cas de résistance pour la famille étaient très lourdes :
- Déportation en Pologne
- Confiscation des biens
- Comparution devant un tribunal spécial
- Travail forcé dans des camps
Les désertions et rébellions sur le front russe sont courantes et la répression allemande
brutale.
En Alsace, 21 classes d’âge (de 1908 à 1927) sont incorporés de force à la Wehrmacht et 14
en Moselle (de 1914 à 1927).
Le camp de Tambov et le rapatriement :
Sur le front de l’Est (Russie), les Alsaciens et Mosellans incorporés de force tentaient
régulièrement de rejoindre les lignes russes afin d’échapper au joug allemand.
De nombreux Malgré-Nous sont alors fait prisonniers par l’armée Rouge, ne faisant aucune
différence avec les ennemis allemands, et sont envoyés au camp de Tambov.
De nombreux Malgré-Nous ne reviendront pas de Tambov, à cause des conditions de
détention très dures (travaux forcés, conditions sanitaires effroyables, nourriture
insuffisante, maltraitance etc.).
En 1945, lorsque le IIIe Reich capitule, commencent les premiers rapatriements de
prisonniers vers leurs pays respectifs.
En raison des différentes nationalités présentes dans le camp, le processus de rapatriement
traine en longueur et les russes font mal la distinction entre Allemands et AlsaciensMosellans, entre ennemis et alliés.
De plus, des enjeux politiques freinent ce processus :
L’Union Soviétique réclame le retour réciproque des prisonniers soviétiques
L’URSS hésite à se séparer d’une main d’ouvre quasi-gratuite
Les soviétiques freinent l’accès aux informations à l’Europe occidentale
Le dernier prisonnier ne rentrera que le 16 avril 1955, 10 ans après la fin de la guerre.
Au final :
L’histoire de ces Malgré-Nous, ces « presq’oubliés » ne s’arrête pas avec la guerre. Lors de
leur retour en Alsace, beaucoup sont humiliés car assimilés à des traîtres. C’est
l’incompréhension générale qui les accueille. De plus, ils sont diffamés par le Parti
Communiste Français qui ne tolérait pas qu’ils dénoncent les souffrances subies dans les
camps soviétiques.
Ce seront au total 120 000 Alsaciens et Mosellans qui furent appelés sous le drapeau
allemand entre 1942 et 1945.
Le bilan est lourd :
42 500 sont tués ou portés disparu (dont 1000 femmes)
40 000 sont blessés
10 000 réussissent à s’évader des lignes allemandes et des camps russes
Malgré les conditions de détention, environ 88 000 Malgré-Nous ont pu revenir en Alsace.
Au 60ème Anniversaire du Débarquement du 6 juin 1944, aucun Malgré-Nous n’est invité.
Il faudra attendre le Mémorial d’Alsace-Moselle de Schirmeck, ouvert en 2005, pour que
l’histoire des Malgré-nous soit reconnue.
Sources :
http://www.soultz68.fr/F/choisir/soultziens/malgrenous.html
www.malgre-nous.eu
www.anac-fr.com/2gm/2gm_11.htm
http://www.arenotech.org/actual_2003/theo/THEO.htmhttp://archives.acstrasbourg.fr/microsites/hist_geo01/professionnel/malgrenous/hypert1.htm
http://www.visit-alsace.com/librairie/indexfr.html
http://www.encyclopedie.bseditions.fr/article.php?pArticleId=6&pChapitreId=19064&pSousChapitreId=19067&p
ArticleLib=R%E9sistances+et+d%E9sertions+%5BAlsace+%3A+l%92Alsace+au+temps+des+%AB%A0malgr%E9+no
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