Communiqué de presse

INCIDENCES DES MUTATIONS SECTORIELLES SUR LES PROFILS DE QUALIFICATIONS :
LE CAS DES ENTREPRISES DE LA ZONE PORTUAIRE EN RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE
Communiqué de presse
En 1998, la zone du Port de Bruxelles avait fait l'objet d'une étude réalisée par l'Observatoire
bruxellois du Marché du Travail et des Qualifications relative au poids économique des entreprises qui
y sont implantées. Le présent rapport constitue un complément à cette première étude et se propose
d'analyser, par le biais d'une approche plus qualitative, la nature des changements technologiques,
organisationnels et économiques que connaissent les entreprises ainsi que leurs impacts sur l'emploi
dans la zone portuaire.
Dans un contexte où le bassin d'emploi bruxellois offre de moins en moins d'emplois à ses résidents et
où la Région est confrontée à un chômage ouvrier masculin important, concentré dans sa partie nordouest, le rôle de la zone du Port comme pourvoyeurs d'emplois ouvriers faiblement qualifiés apparaît
comme particulièrement relevant. Contrairement à la Région de Bruxelles-Capitale qui connaît un
déclin significatif de l'emploi manuel, la zone portuaire tend à préserver l'emploi faiblement qualifié à
statut ouvrier.
Le déclin des secteurs du transport et du commerce de gros en Région bruxelloise au profit de la
périphérie n'est pas observé dans la zone du Port de Bruxelles. Les travaux de modernisation du Port
de Bruxelles vont encore renforcer celui-ci dans son rôle d'approvisionnement de la ville et comme
pôle logistique.
Le cadre de recherche se limite ici aux entreprises faisant partie des secteurs du commerce de gros et
du transport - encore appelé tertiaire lourd - qui constituent la structure sectorielle dominante de la
zone. Ces secteurs engendrent d'importantes activités de logistique, mobilisent des profils
professionnels fort similaires et sont en outre soumis à d'importantes mutations (innovations
technologiques, organisationnelles et commerciales).
Nous avons cherché à mettre en évidence l'influence qu'exercent ces mutations sur les pratiques de
gestion de l'emploi au sein des entreprises, et plus spécifiquement leurs conséquences sur les
professions de manutentionnaires, de chefs magasiniers et de chauffeurs-livreurs, tous travailleurs
manuels considérés comme "peu" qualifiés. L'approche transversale adoptée ici couvre des domaines
variés : les conditions de travail, les pratiques de recrutement, les pratiques de formation
professionnelle…
L'étude se divise en trois parties :
-
-
-
Le premier chapitre constitue une mise en contexte des caractéristiques de la zone portuaire en
insistant sur le rôle particulier du Port comme pourvoyeur d'emplois ouvriers faiblement qualifiés.
L'évolution de l'emploi dans les secteurs du transport des marchandises et du commerce de gros
est ensuite étudiée successivement dans la zone du Port et de la Région.
Le second chapitre, cœur de ce travail, présente les conclusions de l'enquête menée auprès du
monde de l'entreprise de la zone portuaire appartenant aux secteurs du commerce de gros et du
transport et concentrant un taux d'ouvriers supérieur à la moyenne de la zone.
Enfin, le dernier chapitre analyse les statistiques à disposition de l'ORBEM afin de faire état du
marché de l'emploi pour deux des professions emblématiques de ces secteurs décrites dans le
chapitre précédent, à savoir les chauffeurs et les manutentionnaires.
Ce cahier est disponible à l'Observatoire bruxellois du Marché du Travail et des Qualifications
(Tél. : 02/ 505.14.53 ou e-mail : [email protected]) ou peut être téléchargé dans sa version intégrale
sur
notre
site
Internet
en
Format
PDF
(http://www.orbem.be
rubriques
de
l'Observatoire/publications).
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Quelques élèments de conclusions
Un travail moins physique mais…plus fatigant ?
L'amélioration du matériel et des techniques de déplacement de marchandises a eu deux effets
principaux sur l'organisation du travail. En premier lieu, la main-d'œuvre affectée à la gestion
physique des stocks s'est contractée, notamment sous l'effet des gains de productivité de la
manutention. En deuxième lieu, cette amélioration a rendu le travail d'exécution moins physique. Ce
double phénomène s'est vérifié auprès des PME rencontrées.
La composante purement physique du travail s'est contractée au bénéfice d'un travail plus
méthodique, réflexif et administratif centré sur la vérification et le contrôle des flux. En d'autres mots,
la charge du travail s'est déplacée en partie d'une charge physique vers une charge mentale.
Un troisième phénomène, plus indirect, peut être cité comme corollaire aux effets décrits plus haut.
L'augmentation du taux de rotation de la marchandise a, en effet, imposé à la main-d'œuvre ouvrière,
une plus lourde exigence de flexibilité, notamment en termes de rythme de travail, d'heures
supplémentaires, d'horaires atypiques,...
Quelles conséquences pour le recrutement de la main-d'œuvre…?
Dans les entreprises portuaires, les procédures d'engagement restent peu formalisées et le réseau
relationnel bien souvent bruxellois, constitue le premier canal de recrutement pour les fonctions que
nous avons étudiées.
Une constante s'est dégagée au cours des entretiens menés dans les PME occupant et/ou recrutant du
personnel de manutention, à savoir la difficulté à formuler une définition claire des profils de poste. Il
semble que les profils recherchés se définissent moins par un ensemble de qualifications ou de
compétences identifiables que par une attente en termes de polyvalence, de flexibilité, de motivation
qui nous renvoie au registre des dispositions comportementales à l'égard du travail et de l'entreprise.
Il reste que les critères liés à l'expérience professionnelle ou sectorielle sont importants dans la
sélection des candidats. La sélection des nouvelles recrues s'opère généralement par un test en
situation qui permet d'appréhender le savoir-faire en action, mais également les qualifications sociales
du candidat, soit une série de notions liées aux attentes patronales en termes comportemental,
souvent traduites par la notion de "motivation".
En termes de profil professionnel mobilisé, l'organisation du travail a sensiblement modifié les
exigences des employeurs des sociétés visitées. Ces entreprises se sont orientées vers la recherche de
nouvelles capacités cognitives centrées sur la notion de réflexion par rapport au travail de
manutention. Ainsi des compétences telles que la capacité de contrôle, la polyvalence, la connaissance
et le respect des procédures ont été mises en exergue par les employeurs.
L'étude a cependant montré qu'au-delà des discours, dans un environnement en perpétuelle mutation,
les entreprises du Port adoptent une stratégie de gestion de l'emploi plutôt réactive où la notion
d'anticipation est peu présente et où le recours à la flexibilité externe est préféré au développement
d'une politique de formation.
Quelles conséquences pour le recrutement de la main-d'œuvre…?
Dans les entreprises portuaires, les procédures d'engagement restent peu formalisées et le réseau
relationnel bien souvent bruxellois, constitue le premier canal de recrutement pour les fonctions que
nous avons étudiées.
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Une constante s'est dégagée au cours des entretiens menés dans les PME occupant et/ou recrutant du
personnel de manutention, à savoir la difficulté à formuler une définition claire des profils de poste. Il
semble que les profils recherchés se définissent moins par un ensemble de qualifications ou de
compétences identifiables que par une attente en termes de polyvalence, de flexibilité, de motivation
qui nous renvoie au registre des dispositions comportementales à l'égard du travail et de l'entreprise.
Il reste que les critères liés à l'expérience professionnelle ou sectorielle sont importants dans la
sélection des candidats. La sélection des nouvelles recrues s'opère généralement par un test en
situation qui permet d'appréhender le savoir-faire en action, mais également les qualifications sociales
du candidat, soit une série de notions liées aux attentes patronales en termes comportemental,
souvent traduites par la notion de "motivation".
En termes de profil professionnel mobilisé, l'organisation du travail a sensiblement modifié les
exigences des employeurs des sociétés visitées. Ces entreprises se sont orientées vers la recherche de
nouvelles capacités cognitives centrées sur la notion de réflexion par rapport au travail de
manutention. Ainsi des compétences telles que la capacité de contrôle, la polyvalence, la connaissance
et le respect des procédures ont été mises en exergue par les employeurs.
L'étude a cependant montré qu'au-delà des discours, dans un environnement en perpétuelle mutation,
les entreprises du Port adoptent une stratégie de gestion de l'emploi plutôt réactive où la notion
d'anticipation est peu présente et où le recours à la flexibilité externe est préféré au développement
d'une politique de formation.
Pénurie de main-d'œuvre et bassin d'emploi bruxellois
On peut émettre l'hypothèse que le discours sur la pénurie de main-d'œuvre est sans doute soustendu par l'habitude que les entreprises ont eu, ces dernières années de crise, de disposer à tout
moment d'une main-d'œuvre formée et directement opérationnelle.
Appliquée à notre objet d'étude, on a pu voir que, si pour les manutentionnaires et les chefs
magasiniers il n'existe pas de véritables difficultés de recrutement, la situation diffère pour les postes
de chauffeurs. Les chefs d'entreprises interrogés se faisant le relais de préoccupations sectorielles
régulièrement annoncées par voie médiatique.
On se retrouve ici devant une situation paradoxale. A ne considérer les problèmes de recrutement,
voire de pénurie, que sous l'angle de l'inadaptabilité des travailleurs - déficit de qualifications, manque
de compétences -, on ne fait sans doute qu'entretenir, ou accentuer cette problématique. Les
difficultés de recrutement rencontrées par les employeurs tiennent également à un problème
d'attractivité du secteur lié à la mauvaise image, aux conditions de travail et bien sûr au salaire. L
'inadaptabilité ne s'inscrit-elle pas aussi dans le chef des entreprises à qui incombe la responsabilité de
développer des stratégies d'adaptation à l'évolution de la main-d'œuvre disponible… ?
Enfin, au regard des mutations sectorielles et d'une structure économique spécifique (concentration
de PME) il apparaît peu vraisemblable qu'à moyen terme, une menace particulière plane sur les
emplois peu qualifiés du Port. Nous ne faisons pas référence ici à d'autres facteurs dont les
conséquences pourraient, à notre avis, être plus dangereuses pour les emplois dont nous discutons
ici. Pensons aux menaces qui pèsent sur les logiques d'affectation du sol dans la zone ou encore à une
certaine "logique urbaine" à laquelle sont confrontés nombre de ports intérieurs européens, et qui se
manifeste par une spécialisation de l'espace, engendrée par des intérêts bien souvent purement
financiers.
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