Petite histoire du thermalisme et des Eaux de Neyrac-les
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Petite histoire du thermalisme et des Eaux de Neyrac-les
Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains Petite histoire du thermalisme et des Eaux de Neyrac-les-Bains Compilation et mise en page : Jean-Michel Picard. Responsable des soins aux Thermes de Neyrac. 2008. La pratique des cures thermales, fort ancienne, s'est appuyée essentiellement durant de longues années sur des observations et des connaissances empiriques. Concepts religieux, moraux, voire philosophiques, ont donc accompagné depuis au moins deux millénaires l'utilisation des eaux et produits thermaux afin d'améliorer la santé ou tenter de guérir bien des maux dont la délimitation diagnostique était loin d'être faite. Mais on peut constater au cours des siècles l'émergence d'une distinction fondamentale entre prescription interne ou externe, entre les effets espérés de l'absorption digestive d'une eau particulière ou la respiration de vapeurs natives, et les actions d'un bain tant sur la peau que sur l'organisme entier, immergé dans l'eau chaude ou dans des boues imprégnées d'eau thermale. Le thermalisme scientifique A partie du XIX° siècle, on n'avait pas écarté les possibilités d'utilisation des eaux et produits naturels d'origine souterraine. Ainsi pour les affections dermatologiques, les maladies rhumatismales dont la différenciation fut même souvent réalisée en de hauts lieux du thermalisme, les maladies cardiovasculaires avec la reconnaissance des effets vasodilatateurs des eaux carbo-gazeuses. Les maladies digestives et rénales, parfois la conséquence d'excès alimentaires, furent traitées par les eaux les plus appropriées dont la composition chimique reconnue permettait de faire un parallèle entre la présence de telles ou telles substances minérales biologiquement actives et l'amélioration de l'état de santé de ces malades devenus des curistes. Le développement de la chimie médicamenteuse et le perfectionnement audacieux de multiples techniques chirurgicales ont relégué au second rang, voire parfois éradiqué de la palette thérapeutique, la démarche thermale. Et c'est pourquoi aujourd'hui le thermalisme procède à des recherches aussi bien épidémiologiques qu'explicatives, afin de situer sa juste place parmi les traitements multiples et efficaces auxquels le patient pourra prétendre. Le Développement prévisible du thermalisme Aujourd'hui la thérapeutique thermale peut et doit trouver une place grandissante parmi la multiplicité des moyens de traitement ou de prévention des maladies. C'est en tenant compte d'un passé brillant et surtout d'un effort constant des recherches appropriées que les traitements environnementaux, thermalisme et climatisme, parviennent à se distinguer en s'inscrivant dans une démarche aussi bien prophylactique que thérapeutique. Les difficultés rencontrées dans la maîtrise des maladies chroniques par le système de santé actuel participent au regain d’intérêt pour cette pratique ancestrale. Médecine curative Page 1 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains Interrompre l'évolution des processus dégénératifs et pallier les insuffisances fonctionnelles qui en résultent sont des objectifs auxquels la cure et le séjour en station thermale peuvent apporter des solutions. Beaucoup d'affections chroniques, vis-à-vis desquelles les prescriptions médicamenteuses et/ou les interventions chirurgicales ne fournissent que des solutions restreintes, sont du ressort de la thérapeutique thermale. Il en est de même pour nombre de maladies immunologiques à composante génétique telles que l'asthme ou pour certaines atteintes allergiques d'expression cutanée auxquelles le thermoclimatisme peut apporter sinon la guérison, du moins des rémissions et des soulagements durables. Médecine préventive et de rehabilitation Un autre aspect positif de la médecine thermale est son approche éducative: qu'il s'agisse d'apprendre les gestes qui permettront de parer à un handicap ou de prévenir son évolution, de mieux constituer un apport nutritif équilibré ou d'abandonner l'utilisation de certains toxiques. L'environnement tant humain que matériel d'une cure, le savoir-faire des praticiens qui en exercent la spécialité permettent souvent aux patients de garder, au-delà des trois semaines habituelles de cette cure, le bénéfice d'un changement transitoire de leur mode de vie. C'est pourquoi la vocation de médecine préventive s'ajoute-t-elle d'une façon de plus en plus déterminante aux objectifs de nos actuelles stations. Médecine et loisirs A côté des rôles économiques et sociaux que peut aujourd'hui jouer le thermalisme de part des activités qu'il génère, il faut insister aujourd'hui sur l'utilisation ludique de l'eau, moyens de détente , de loisirs offerts aux accompagnants des patients ou aux habitants des sites thermaux. Ce secteur est actuellement en plein développement puisque bénéficiant des structures déjà exploitées pour l'utilisation thérapeutique de l'eau. Page 2 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains L'histoire thermale, c'est à dire l'utilisation des eaux et boues thermales à usage médical, commence il y a plus de 3 500 ans. Des témoignages existent aussi bien en France, qu'en Grèce, Italie, Egypte (papyrus de Kahoun 1900 av. J.-C : Quand une femme éprouve des douleurs aux pieds et aux jambes après la marche, tu diras à ce sujet : ce sont des sécrétions de l’utérus. Et voilà ce que tu feras pour cela : ses pieds et ses jambes seront enduits de boue jusqu’à ce qu’elle soit guérie. Les Grecs sont les premiers à utiliser les eaux thermales dans les traitements médicaux; les Romains répandront cette pratique dans tous les territoires de l'Europe actuelle, dans lesquels on relève à l'époque plus de 100 stations. Ce sont les bains grecs qui ont inspiré les premiers bains romains en incorporant l’exercice physique comme élément fondamental de leur pratique. Le gymnase et les bains ont subi un développement parallèle et complémentaire. Le gymnase a été conçu à l’origine comme une institution pour les militaires, pour l’entraînement de jeunes athlètes et pour le développement artistique et intellectuel du peuple. Les bains dans le gymnase prennent un rôle de liaison entre la partie physique pratiquée dans la palaestra et la discussion philosophique qui avait lieu a l’exedra. Les thermes, en Grèce, sont d’abord liés à l’hygiène et c’est au gymnase que sont apparus les premiers bains. Les établissements de bains sont alors de simples annexes du gymnase où s’exercent les athlètes, les militaires, et même les philosophes. S’ils servent surtout à se laver, ils permettent également aux baigneurs de se détendre et de se divertir avant l’exercice physique ou intellectuel. Les établissements romains étaient connus comme des thermes dans lesquelles les bains se mélangeaient avec l’exercice physique. Dès l’époque de la République, certains citoyens très riches disposent déjà de salles de bains privées à côté de la cuisine où l’on peut chauffer l’eau. C’est au 2ème siècle a.v. JC qu’apparaissent les premiers bains publics; d’abord réservés aux plus pauvres, ils seront ensuite utilisés par tous les citoyens romains. Les thermes occupent un site qui leur est spécialement destiné et aménagé. La place qui leur est accordée peut alors être immense; c’est le cas, notamment des thermes impériaux (thermes de Caracalla et de Dioclétien à Rome), qui sont d’énormes complexes occupant plusieurs hectares capables d’accueillir jusqu’à 3000 personnes et de contenir - outre la palestre, les pistes de course et les bains - des bibliothèques, des boutiques, des salles de lecture, des salles de conférence et des esplanades aménagées pour la promenade. Le baigneur, s’échauffe d’abord en jouant avec une balle bourrée de plumes ou de sable ou joue avec un ballon gonflé d’air puis, après s’être dévêtu dans l’apodyterium (vestiaire), il s’enduit d’huile et de cire avant de lutter ou de courir dans la palestre. Les efforts terminés, il passe dans une étuve sèche ou laconicum puis dans le destrictarium pour se débarrasser de l’huile en se faisant racler la peau par un esclave. Fatigué, il se repose dans le tepidarium, salle généralement spacieuse, luxueuse et de température agréable. Il gagne ensuite le caldarium, la salle la plus chaude puis le sudatorium (une sorte de hammam) avant d’entrer dans la salle de massage. C’est seulement à la fin qu’il plonge dans l’eau froide de la piscine du frigidarium. Finalement, s’il en a les moyens, il peut se faire épiler et parfumer le corps. Page 3 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains Reconstitution et coupe des thermes de dioclétien à Rome - E.Paulin, école nationale des beaux arts Paris Le succès des thermes est tel qu’il a été construit à Rome plusieurs centaines d’établissements de toutes tailles. Mais il faudra la destruction des aqueducs consécutive à l’arrivée des Ostrogoths en 538 ap. J.-C pour que soit mis un terme à ces lieux privilégiés de détente et de plaisirs. 1 Si on en croit la tradition, des Thermes auraient été construits à Neyrac-les-Bains sous l’occupation de l’Helvie par le Consul Domitius en 121 avant J.-C. L’exploitation antique semblerait cependant antérieure à la conquête romaine, d’après les docteurs JOLY, CAPDEVILA et PAMARD. C’est ce qu’ils en ont dit lors d’une communication à la Société d’hydrologie et de climatologie, à Paris en 1931 : l’expérience ne date pas d’aujourd’hui : elle est séculaire, elle remonte aux Romains et probablement à un temps antérieur à leur venue. En effet lorsque le Consul Domitius occupa l’actuel Vivarais, les indigènes usaient déjà des eaux de Neyrac. Mais on ne peut dire si ces thermes avaient été construits dans le but d’une bonne hygiène de la garnison ou si les Romains avaient découvert les propriétés des eaux de Neyrac. Les Grecs ont donc été les premiers à utiliser les eaux thermales dans les traitements médicaux ; les Romains répandront cette pratique dans tous les territoires de l'Europe actuelle, dans lesquels on relève à l'époque plus de 100 stations. 1 Meyras, dont dépend Neyrac-les-Bains, viendrait de « Major Area », attestant un emplacement de garnison à l’époque romaine. Page 4 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains En France le site le plus ancien remonte à la fin de l'âge de pierre, vers le 2ème millénaire av. J.-C. Il s'agit des Fontaines Salées au pied de la colline de Vézelay. Les Celtes, puis les Gaulois, utilisent les propriétés des eaux thermales. La plupart des sources avaient Borvo comme bienfaiteur (berw en celte signifiant « bouillonnant »). Les Romains le remplaceront par Mercure (Néris-les-Bains), Apollon (Bourbon-Lancy) ou Hercule (Mont-Dore). Mais il ne semble pas que ce changement autoritaire des divinités ait diminué la fréquentation des bains et des sources par les Gaulois et leurs conquérants ! En fréquentant les bains gaulois les Romains font connaissance avec les tractotores, précurseurs de nos kinésithérapeutes. Les militaires sont aux premiers rangs des prescripteurs. Hannibal envoie ses blessés dans les stations pyrénéennes. Une cure est même considérée comme une "campagne", ce qui vaut au soldat romain d'être défrayé du déplacement Revers de la médaille, le relâchement des mœurs transforme certains bains thermaux en lieux de plaisir, voire de débauche. Tout cela ne durera qu’un temps, car de 251 à 406 après J.-C., les incursions des Barbares, Alamans, Vandales, Quades, Sarmates, Burgondes, « ces peuples innombrables et féroces qui dévastent tout ce qui se trouve compris entre les Alpes et les Pyrénées, entre l’Océan et le Rhin » (Saint Jérôme) pillent et détruisent Luxovicum (Luxeuil) et d’autres stations. Trois siècles plus tard, le déferlement des musulmans, fanatisés par l’appel à la guerre sainte prêchée par Mahomet, submerge l’Espagne, puis le Roussillon. En 730, le riche tombeau de saint Martin à Tours est mis à sac par l’émir Abd al-Rahman, mais quelques mois après Charles Martel stoppe l’invasion à Poitiers. La date de naissance des activités "thermales", à l’instar de celles des sciences et des techniques, est couramment située dans le milieu du XIXè siècle. En réalité ce siècle de Révolution industrielle n’a été pour le thermalisme, qu’une période de renaissance puisque la plupart des sources étaient déjà connues et en usage à l’époque romaine et que l’activité thermale s’est poursuivie, tant bien que mal, du Moyen-Age au XVIIIe siècle. Après la période faste de l’Antiquité, les thermes connaissent le plus souvent une grande désaffection. Les édifices tombent en ruine et les sources, qui faisaient le bonheur des baigneurs, changent de vocation: les plus chaudes servent, par exemple, à des fins ménagères. C’est notamment le cas à Ax-les-Thermes où l’eau coule sur la voie publique à 77°C. Page 5 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains Heureusement, en 1260, cette eau gâchée va être utilisée à des fins thérapeutiques et Saint Louis fait édifier à Ax-les-Thermes un bassin spécial où sont soignés les « ladres », c’est-àdire ses soldats frappés par la peste pendant son expédition en Terre sainte en 1252. Ce changement d'attitude à l’égard des thermes, qui de lieux de plaisir vont devenir lieux de soin, est une volonté de l'Eglise qui cherche à remplacer le paganisme lié au thermalisme antique par une approche plus chrétienne, en consacrant notamment de nombreuses sources et thermes à des figures évangéliques. Bain chez l'habitant au début du XXème siècle. Les eaux de Neyrac ont aussi la réputation de soulager des conséquences de la « lèpre » (au sens ancien du terme, beaucoup plus large qu’aujourd’hui). On construit donc une piscine en bois de châtaignier (découverte en 1941) où les lépreux prenaient des bains deux par deux et une maladrerie. La tradition rapporte qu’après le bain les lépreux se séchaient au soleil sur un rocher appellé : « le banc des ladres ». Page 6 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains Un acte notarié mentionne la vente des bains et eaux de Neyrac en 1340. Au XVème siècle les malades se pressent à Saint-Georges-les-Bains puis à la fin du XVIème siècle ils découvrent Vals-les-eaux avec Claude Expilly président du Parlement de Grenoble, atteint de la maladie de la pierre. C’est à la fin du XVIème (Montaigne saluait les bienfaits des bains), et surtout au XVIIème siècle, que le thermalisme connaît donc un véritable regain depuis la période faste de l’Antiquité. En 1604, sous l’impulsion d’Henri IV, est inaugurée la première charte des eaux minérales. En 1632, Louis XIII et Anne d’Autriche font un séjour à Forges-les-Eaux et apprécient cette eau ferrugineuse, certes froide, mais bénéfique contre les anémies. La maladrerie de Neyrac sera détruite pendant les guerres de Religion (XVIème et début XVIIème) et les eaux de Neyrac tomberont dans l’oubli. Mais avant cela le Thermalisme en général aura son heure de gloire lorsque Marguerite de Navarre, si contente de son séjour à Cauterets, y enverra sa fille, Jeanne d’Albret, soupçonnée d’être stérile. Coïncidence ou heureux effet des eaux pyrénéennes, quelques mois après sa cure, Jeanne d’Albret donnera naissance, le 13 décembre 1553, à un gros bébé, le futur Henri IV ! Celui-ci s’en souviendra plus tard et créera la surintendance générale des bains et fontaines du royaume. Comme les fontaines « minérales » constituent un moyen de « rétablissement et compensation de la santé des peuples du royaume » le surintendant sera « avisé » de la découverte de fontaines « utiles à la commodité et au soulagement de ceux qui y cherchent guérison ». Le surintendant sera aidé dans cette mission par des intendants qui « visiteront les fontaines minérales, rechercheront les diverses propriétés de celles-ci ». Celles-les-Bains sera découverte au XVIIème siècle. La satisfaction de nos têtes couronnées est telle que par la suite, toutes les dames de la Cour, y compris les reines, viendront dans cette charmante station normande située au cœur du pays de Bray, pour se remettre de leurs couches. Quant à Vichy, dont les Romains exploitaient déjà trois sources, elle est la station de prédilection de Madame de Sévigné qui (alors qu’elle soigne ses rhumatismes) estime ses eaux « miraculeuses » et se félicite d’être «le prodige» de la station «pour avoir soutenu courageusement la douche de Vichy». Les stations se multiplient. Même à Paris, puisqu’on exploite les sources de Belleville, de Passy et des Batignolles. Page 7 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains Au siècle des Lumières, période favorable à l’essor des sciences, les eaux de sources sont analysées et classées selon leurs propriétés. C’est ainsi que Bordeu, collaborateur de Diderot à l’Encyclopédie, étudie les eaux minérales du Béarn et que le Docteur Bagard dévoile les effets favorables de l’eau de Contrexéville sur les calculs rénaux. De la fin du XVIIème siècle jusqu’à 1775, les eaux de Neyrac connaissent une popularité régionale. Le catalogue Carrère (catalogue raisonné des eaux minérales) publié en 1785, sous les auspices de la Société Royale de Médecine, mentionne les eaux minérales chaudes de Neyrac. Aux Etats du Languedoc du 21 décembre 1769 l’établissement de la grande route RhôneAuvergne par le col de la Chavade (actuelle RN 102) est décidé ; l’une des raisons l’ayant amené est que « la santé publique y est intéressée puisque les malades pourront se rendre de toutes les parties de la province à Neyrac en Vivarais dont les eaux font des miracles ». Ensuite, jusqu’à la Révolution, on ne vient plus à Neyrac qu’en curieux pour voir la Mofette où se dégage du gaz carbonique, et l’on vient de loin pour voir l’effet asphyxiant du gaz sur les poules et les chats. On se contente de boire l’eau comme un médicament. Entre 1775 et 1789 Neyrac sombre dans l’oubli. Pourtant, en décembre 1780 l’Abbé Bartre écrit : plus de cinquante personnes ont bu de cette eau l’été passé pour remède et s’en sont bien portés. On y vient en fait surtout en curieux pour voir la grotte et les puits où se dégage un gaz 2 mystérieux. On est surtout intéressé par la Mofette et l’on vient voir l’effet asphyxiant du gaz sur les poules et les chats (le gaz carbonique, témoin de l’activité volcanique souterraine 3 dépose sur le sol sur une hauteur d’environ 60 centimètres) . 2 Voir plus loin la légende de la Mofette. La Mofette sera utilisée à des fins thérapeutiques à la fin du XIXè siècle et lors de la première année de la relance de la station thermale en 1987 (sous le nom d’emanatorium). Le CO2 est un vasodilatateur et fait la richesse des Thermes de Royat en soulageant les patients atteints d’artérite. Il est utilisé à Vals-les-Bains pour ces mêmes raisons dans les artériopathies diabétiques. 3 Page 8 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains Le catalogue des eaux minérales de France publié en 1785 par Joseph-Barthélémy-François 4 Carrère mentionne les eaux minérales chaudes de Neyrac et signale l’existence de fosses méhitiques dans le cratère du volcan du Souilhol. La Révolution va sonner l’abandon de Neyrac jusqu’en 1830, bien qu’en 1803, un médecin d’Aubenas (Embry) écrive dans l’annuaire de l’Ardèche An XI : « les eaux et les bains de Neyrac deviendront un jour fameux et très utiles. La tradition et l’usage journalier constatent qu’on les a employés avantageusement dans les maladies cutanées. » Le bouillonnement de la Révolution va provisoirement infléchir le destin des stations thermales. Les riches propriétaires des sources et différentes congrégations religieuses, sont dépossédés de leurs biens par la loi du 24 août 1793 ; les bains sont désormais « bains nationaux », les eaux minérales « ressources publiques » et gratuitement utilisées par les patriotes et les indigents. Il faudra attendre le XIXème siècle pour que reprennent les analyses de toutes les grandes sources et que des réglementations soient progressivement mises en place. Neyrac-les-Bains subit une période d’abandon entre 1789 et 1830. Toutefois au début du XIXè siècle, les indigènes utilisaient les eaux tant en bain qu’en boisson. En 1803, un médecin d’Aubenas, le docteur EMBRY, publie un article important sur les guérisons qu’il a obtenu et prédit que les eaux de Neyrac et les bains deviendront célèbres pour la guérison des maladies cutanées. Si le thermalisme connaît son apogée dans la seconde moitié du XIXème siècle c’est principalement à cause de l’expansion du rail qui permet une approche plus aisée des villes d’eaux et contribue à la renommée de certaines stations thermales comme celle de Vichy, par exemple, qui accueille dès 1862 près de 20.000 visiteurs ferroviaires par an. Le succès de cette station est tel que, de strictement médical, l’établissement devient - comme c’était le cas des thermes antiques romains - un lieu de plaisir et de détente avec la construction de casinos, restaurants, boutiques, parcs. La Bourboule connaît, deux décennies plus tard, une situation similaire; de nombreux hôtels et villas font de cette petite ville un lieu privilégié où malades et touristes rencontrent tout le bien-être de la vie moderne. Il est vrai que, outre l’évolution du chemin de fer, c’est la politique volontariste de Napoléon III, lui-même curiste, qui a permis au thermalisme de connaître un tel développement 4 http://www.lapressethermale.org/fichiers/b021Carrere.pdf Page 9 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains Après l’éclipse provisoire de la Révolution, les bains reprennent donc leurs activités : la noblesse « royale » a, certes, déserté les stations, mais elle est remplacée rapidement par la noblesse d’Empire. Ainsi l’impératrice Joséphine fait une cure à Aix-les-Bains, en compagnie de la mère de Napoléon et de Pauline Bonaparte. Talleyrand est un habitué de Bourbonl’Archambault. En 1834, un médecin d’Aix-les-Bains précise qu’un bain-douche pour un cheval coûte 25 centimes. De 1831 à 1850, des médecins de l’Ardèche et de la Haute-Loire font des essais thérapeutiques avec les eaux et les boues de Neyrac. Les baignoires sont en bois et il n’existe pas d’infrastructures pour accueillir les malades. Le Docteur FRANCUS écrira en 1892 : « Je me souviens des premiers temps où on allait prendre les eaux à Neyrac. Comme il n’y avait ni hôtel, ni établissement de bains, on se procurait une baignoire chez le paysan où on était logé, puis on envoyait chercher de l’eau minérale et on la faisait chauffer à plein chaudron. C’était primitif mais l’on obtenait pas moins des cures miraculeuses . » Le premier hôtel est construit en 1843. La période faste de Neyrac va de 1851, date à laquelle le ministre de l’Intérieur autorise la construction d’un établissement thermal et l’utilisation des sources à des fins médicales, jusqu’à la guerre de 1870. D’autres hôtels sont construits. On en comptera jusqu’à 5. La propriété de la station change plusieurs fois de mains jusqu’à arriver en totalité dans celles d’Ignace Reymondon, architecte à Privas. Celui-ci, dès 1851, fit un effort sérieux pour réussir : grâce à lui Neyrac se dote d’un établissement de bain, d’un hôtel, d’une chapelle, de routes. Le premier pont de pierre pour franchir l’Ardèche et relier la route nationale à Neyrac sera construit en 1850. On en voit encore les restes sous le pont actuel datant de 1903. C’est à ce moment qu’on découvre les vestiges gallo-romains. La chapelle est construite à l’emplacement d’une hypothétique église ancienne. En 1852 on met au jour une maçonnerie du moyen-âge en gros cailloux dégrossis, et un mur souterrain de 7 mètres de longueur datant de l’époque romaine. La station a du succès et la visite de nombreux étrangers. Pendant cette période les communications scientifiques et médicales se multiplient. Un professeur allemand, le Dr Mitscherlich de Berlin fait même le déplacement plusieurs fois et lors de son dernier voyage en 1856 déclare : « Si nous avions en Allemagne une semblable richesse d’eaux minérales à exploiter dans un site aussi ravissant et un climat aussi doux, l’on y dépenserait des millions. » La station attire les médecins étrangers notamment espagnols (on cite l’eau de Neyrac comme n’ayant qu’un seul équivalent aux Açores à cause du titane qu’elle contient.!). Les Page 10 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains espagnols (curistes et médecins) viendront pendant quelques années à Neyrac (de 1866 à 1869). La station attire les médecins étrangers notamment espagnols comme en atteste ce panneau. Outres de nombreux ouvrages et publications édités à cette époque, Neyrac se fait connaître grâce à ses pommades fabriquées à partir de 1852. Les sédiments de Neyrac figureront même dans une vitrine de l’Exposition Universelle de Paris en 1855. Cela attire les scientifiques car les résultats font apparaître du molybdène, ce qui étonne et donne lieu à des controverses. Des essais thérapeutiques se multiplient dans les hôpitaux de Lyon et de Marseille. En 1854, les premiers trains atteignent Dax, Vichy en 1860 et Amélie-les-Bains, ou séjournera la reine Amélie, épouse du roi Louis-Philippe, en 1870. C’est indubitablement sous le second Empire que le thermalisme connaîtra son véritable et premier âge d’or. Napoléon III lancera Vichy – la reine des villes d’eau - où il fera 5 cures entre 1861 et 1866 et fréquentera Plombières et Saint-Sauveur. Quant à l’impératrice Eugénie, elle fera prospérer le petit village landais de Saint-Aubouer qui deviendra Eugénieles-Bains en 1861. Si l’autorisation des jeux de hasard a été donnée par Napoléon Ier, dès 1806, aux stations thermales pendant la « saison » de cure uniquement, sous le règne de son neveu les casinos feront recette tout en augmentant la fréquentation des établissements thermaux. 1872-1895. Les réalisations à Neyrac portent leurs fruits : les curistes affluent, la meilleure année ils seront 1 500. Page 11 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains L’abbé Félix Garilhe, originaire de Lagorce, est certainement le plus ancien client de Remise en forme de l’époque moderne ! Il a chaleureusement vanté les mérites thérapeutiques des Eaux de Neyrac. Il fut le plus fidèle baigneur car il y vint pour la première fois en 1870 et y fit 59 saisons consécutives ! Il n’y allait pas pour des soins dermatologiques mais pour le bien-être et le rajeunissement que lui procurait chaque cure comme il l’a écrit longuement dans ses lettres sur Neyrac-lesBains. C’est à cette époque que la Mofette servira à prendre des bains de gaz carbonique. Comme par le passé, après cette période heureuse de vif succès, la station connaît un nouveau déclin. Le Dr J. Carrera, secrétaire de l’Académie de Médecine de Barcelone, critique les « projets d’amélioration et d’agrandissement qui sont anciens et ne se réalisent jamais que le déplacement à Thueyts pour se loger est incompatible avec le repos prescrit après le bain. » Ainsi les avocats et hautes personnalités espagnoles, habituées à d’autres commodités, déserteront la Station, malgré la valeur des eaux. Dans une communication à la Société d’Hydrologie de Paris, les Docteurs JOLY, CAPDEVILLA ET PAMARD écriront : « Hélas, des difficultés financières, le morcellement des terrains à la suite de décès et de dissentiments de famille arrêtèrent le bel essor de la station de Neyrac-les-Bains. Actuellement les bâtiments : hôtel, établissement thermal, sont dans un état de vétusté lamentable, presque inexistants. Malgré cela, chaque année, deux à trois cents baigneurs viennent encore s’y soigner, se logeant comme ils peuvent chez l’habitant ou dans la riante station de Vals, où ils trouvent confort et distractions ignorés à Neyrac » La période 1896-1914 correspond donc a une période de discorde En août 1929, Charles LIENHART écrira, dans l’ancêtre du Dauphiné Libéré : « Il faut souhaiter voir renaître Neyrac . Le Vivarais, qui compte déjà avec Vals-les-bains un inestimable joyau, ne peut pas laisser péricliter cette autre merveille. » Page 12 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains En 1938, Neyrac est mise en vente mais rien n’est conclu. La station fonctionne de manière très précaire : les curistes doivent amener leur baignoire personnelle, l’eau est chauffée dans des lessiveuses. Pendant ce temps la station voisine de Vals-les-Bains reçoit 8 847 curistes et la vente d’eau minérale s’élève à 30 millions de cols ! Il faudra attendre 1941, pour que de gros travaux de recherche, de recaptage et de protection des sources soient entrepris. L’ancien établissement des Bains, réduit pratiquement à l’état de ruines, est démoli. Un nouvel établissement dermatologique voit le jour. Des terrains sont achetés. Le 8 juillet 1945 la station est officiellement réouverte. Tunnel de décantation de l’eau thermale (les caniveaux permettent de récupérer la boue thermale produite) Une thèse vétérinaire met en valeur l’effet bénéfique d’une pommade à base de sédiments de Neyrac dans les dermatoses suppurées et les manifestations eczémateuses chez l’animal. Page 13 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains Des collyres ophtalmologiques sont confectionnés par le Laboratoire Chauvin, à base d’eau de Neyrac. L’édition encyclopédique Quillet de 1952 ne connaît pas Neyrac mais cite Le Pestrin situé sur la même commune (Meyras) et dont les eaux sont bicarbonatées calciques faibles. En 1979 les trois communes thermales ardéchoises, Neyrac-les-Bains, Saint Laurent-lesBains et Vals-les-Bains, sont regroupées dans un Syndicat Intercommunal pour la relance du 5 Thermalisme et de l’Environnement (SITHERE) sous l’impulsion de l’ancien ministre et maire de Vals-les-Bains Paul RIBEYRE. En 1984 l’association Vacances, Loisirs, Accueil, Tourisme, Thermalisme en Ardèche (VLATTA) est constituée. Son président, Gérard BRUCHET, maire de Meyras, conscient de l’importance du maintien d’activité économique sur la commune, souhaite relancer le thermalisme. Mais il faudra encore attendre 1986, avec le rachat des sources à l’association des Demeures des Sources Vives par la commune de Meyras, la réobtention de l’agrément rhumatologie et les subventions attribuées par le SITHERE, pour voir le véritable redémarrage de Neyrac-les-Bains. Après avoir remis en état une partie de l’ancien hôtel que l’on transforme en établissement thermal, la relance de la station sous la direction de Robert Savarit (pharmacien), Bernard Albert (directeur du centre de Rééducation de la Châtaigneraie en région parisienne et une équipe médicale) et des docteurs Marc Dupuis, dermatologue, Patrick Lavault, rhumatologue, Pierre Perret, cardiologue, en 1987, est un succès. L'établissement thermal rénové reçoit plus de 400 curistes lors de la première saison, soit une augmentation de 500 % par rapport à 1986. Ces résultats encourageants incitent le conseil municipal, le dynamique maire et les gérants à chercher un investisseur capable de donner à Neyrac l'essor que la qualité des eaux est en droit de lui apporter. 5 Il faut remonter à 1979 lorsque le premier contrat Etat-Région est signé par le président de la République Valéry GISCARD D’ESTAING et Paul RIBEYRE alors président de la fédération thermale Rhône-Alpes. Son but : mettre en œuvre un programme spécifique d'investissements, de modernisation des équipements thermaux, dans le cadre de programmes régionaux de développement. Le Massif Central, avec 15 stations ( Bourbon l'Archambault, Chamalières, Chateauneuf-les-Bains,Châtel-Guyon, Chaudes-Aigues, Evaux-les-Bains, La Bourboule, Le MontDore, Néris-les-Bains, Neyrac-les-Bains, Royat, Saint-Laurent-les-Bains, Saint Nectaire, Vals-les-Bains, Vichy ) est la première région à bénéficier de cette initiative. Page 14 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains Le but est atteint lorsqu'en 1989 le groupe SODEXHO s'intéresse au projet. SODEXHO (aujourd’hui SODEXO) prend la gestion des Thermes en juillet 1989 et supervise les travaux du nouveau centre thermal. Ce nouveau plateau technique voit le jour en 1991 et une Résidence hôtelière *** de 30 studios vient s’ajouter en 1993. En 1998, la barre des 2000 curistes est franchie. Une étude scientifique sur les bienfaits de la cure en phlébologie, supervisée par le Centre Rhône-Alpes d'Epidémiologie. et de Prévention Sanitaire (CAREPS), permet de déposer une demande d’agrément pour cette indication au Ministère de la Santé. En 2000, le projet de construction d’une piscine thermale destinée pour partie à une clientèle de remise en forme intègre la mise en place d’un couloir de marche destiné aux personnes atteintes de problèmes circulatoires veineux. En 2002, une première extension pour la remise en forme est construite (le spa avec piscine couverte, jacuzzi, et jets tonifiants). Page 15 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains Depuis 2003 une réflexion est menée pour ajouter des activités dans le champ de la prévention (alimentation-activité physique, isolement social, ostéoporose,…) La prévention des chutes en milieu thermal semble un sujet qui mobilise les pouvoirs publics, tant nationaux que locaux et une étude est construite en partenariat avec le Centre de prévention pour réussir son vieillissement de la Drôme, dirigé par le Dr Monique FERRY et le futur centre de gérontologie d’Aubenas sous la responsabilité du Dr Bernard GROSCLAUDE. Elle répond à un appel à projet de recherche de la récente Association Française de Recherche Thermale (AFRETH) et est déposé en décembre 2006. Malgré l’intérêt porté pour le sujet par l’Afreth, le financement n’a pas encore été accordé faute d’autres partenaires thermaux. Cependant, la fréquentation de Neyrac augmente régulièrement depuis 1987 et les Thermes ont accueilli 3 450 curistes en 2007, ce qui fait de Neyrac-les-Bains la première des trois stations thermales ardéchoises. L’hébergement commençant à saturer, un nouveau programme de 24 appartements a vu le jour en octobre 2007. Un Centre de Bien-Être y est intégré (Natural Spa ***). L’aménagement du parc thermal – tant attendu - et sa reconfiguration a commencé en juin 2008. De nouveaux projets sont en cours de réflexion. L’ouverture des Thermes à l’année est ainsi envisagée. Les activités hors saison porteraient sur la prévention (chutes, ostéoporose, sarcopénie,…), sur le maintien de l’autonomie des personnes âgées vivant à domicile, sur la lutte contre l’isolement social et ses conséquences sur le vieillissement et sur l’éducation pour la santé des patients. Ces actions seront menées en partenariat avec les structures institutionnelles du territoire de l’Ardèche méridionale (futur centre de gérontologie d’Aubenas, maisons de retraites et foyersrésidence, mutuelles et caisses de retraite). On l’a vu plus haut, l’étude scientifique sur la prévention des chutes en milieu thermal n’attend plus que le financement pour démarrer. Elle devrait permettre de faire reconnaître la place du thermalisme dans la santé publique et le Bien-vieillir auprès des instances de tutelle Page 16 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains (Ministère de la santé, CNAMTS, MSA…) et faciliter la mise en place de nouveaux types de séjours. Une nouvelle structure est même envisagée pour les activités d’éducation… Atelier diététique Réunir sur un même lieu un centre de bien-être, un centre de cure thermale, une école pour la santé font de Neyrac un domaine thermal cohérent pour un accompagnement des générations actuelles et à venir (de 3 mois à 102 ans !). Le Professeur Mitscherlich pourrait-être content : il se dépense, aujourd’hui, des millions d’euros dans ce site ravissant. Compilation et mise en page : Jean-Michel Picard. Responsable des soins aux Thermes de Neyrac. 2008. Bibliographie : BADIA Stéphane, médecin généraliste et thermaliste - Meyras. BOURGET Pierre : Petite histoire de 3 900 ans de thermalisme. Guide du Thermalisme. Editions Impact Médecine. 2003. CHAUVIN Alfred, Les étapes de la vie de Neyrac les Bains. CHAUVIN Alfred, Documents et anecdotes de Neyrac les Bains -1945CONSEIL NATIONAL DES ETABLISSEMENTS THERMAUX (CNETh) DUMAS ALBIN : Thèse pharmacie Grenoble 1984. MOULIN Jean, Thèse vétérinaire : Traitement des plaies, dermatoses suppurées et manifestations eczémateuses cutanées par une pommade complexe à base de sels cupro-zinciques et de sédiments de Neyrac. SAVARIT Robert, Thèse de pharmacie : Historique de l'utilisation des boues thermales. Page 17 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains L’EAU THERMALE DE NEYRAC-LES-BAINS, captée à 42 mètres de profondeur, est indemne de toute contamination (microbes pathogènes, pesticides, etc…). Sa température est de 29°5 C, ce qui traduit son origine profonde. Elle est restée plus de 40 ans dans le sous-sol (peut-être beaucoup plus encore). La présence de gaz carbonique révèle son origine volcanique. Elle est riche en fer (14 mg/l) ce qui lui donne un goût métallique. Ces hydroxydes de fer « floculent » et donnent une couleur rouille aux dépôts de calcium et de silice. Les nombreux éléments qui précipitent forment ce que nous appelons communément – mais improprement - le « limon » de Neyrac. Ce précipité est extrait de l’eau thermale grâce à une centrale de déferrisation et à des décantations successives. Il est utilisé seul ou associé à une argile thermale selon l’indication thérapeutique. La cure de boisson, outre le fer, le calcium et le magnésium apporte de nombreux oligo-éléments et contribue à compenser les pertes hydriques subies pendant les soins. 4 buvettes sont à votre disposition. 2 sont alimentées par l’eau thermale native, facilement reconnaissables par leur jaillissement intermittent (lié au gaz carbonique). Les 2 autres sont alimentées en eau thermale déferrisée et regazéifiée (comme on le ferait pour une eau minérale embouteillée). MINERALISATION CARACTÉRISTIQUE Calcium Magnesium Potassium Sodium Bicarbonates Chlorures Sulfates Silice soluble mg/l 240 63 52 320 1857 15,1 12,9 135 QUE FAUT-IL SAVOIR SUR LA « BOUE » ? Une définition : On entend par boue thermale tout produit contrôlé issu d’une eau minérale (exemple : un précipité) ou du contact plus ou moins prolongé d’une eau minérale avec des matériaux résultant de processus géologiques (ex : argiles) ou géologiques et biologiques (ex : sédiments, tourbes), et utilisé à des fins thérapeutiques dans la station thermale d’origine de l’eau minérale. Les matières premières solides : On peut les grouper en 4 familles : les précipités des eaux minérales, les argiles, les sédiments et les tourbes. - 6 Les précipités des eaux minérales (Neyrac-les-Bains…). Il s’agit essentiellement de floculat6 d’hydroxyde ferrique. Le fer ferreux, qui, rappelons-le, ne doit pas dépasser 0,1 mg/l dans les eaux d’alimentation, sous peine d’inconvénients, atteint dans certaines eaux minérales la dizaine de grammes par litre (Cransac : 3,4 g/l, Neyrac : 14 mg/l) . Lors de sa précipitation, sous forme ferrique, divers oligo-éléments peuvent être adsorbés et entraînés : arsenic, cuivre, manganèse… Le matériau obtenu est Floculat : Rassemblement, dans une solution, de petites particules sous forme de flocons. Forme particulière de précipitation. Page 18 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains - - - d’une très fine et régulière granulométrie. Les précipités, lorsqu’ils sont suffisamment abondants, peuvent être utilisés en illutations. C’est le cas à Neyrac-les-Bains pour le traitement de l’eczéma et du psoriasis. Les argiles. Leur rôle est majeur dans les qualités finales des boues tant lorsqu’elles sont préparées à partir d’argiles pures (Neyrac-les-Bains…) qu’à partir de sédiments, lesquels ont toujours une composante plus ou moins argileuse. Les sédiments. Ils résultent de l’érosion de la croûte terrestre. Leur sélection granulométrique et minéralogique s’est faite par transport en milieu aquatique. Ils sont constitués de mélanges de matériaux dont des argiles, des sables siliceux ou calcaires, des matières organiques, notamment humiques, qui ont elles aussi des propriétés colloïdales 7 particulières. Ces sédiments humides sont en outre le support et le substrat d’une biomasse importante dont l’activité a modelé l’ensemble. Les tourbes. Il s’agit de matières organiques végétales ayant subi en milieu palustre une humidification avancée et un début de processus de carbonisation. Leur nature dépend des végétaux initiaux et des conditions climatiques prévalant lors de leur formation. Elles contiennent des acides humiques, des tannins, des goudrons et sont toujours acides. Peu plastiques, elles ont une faible capacité d’absorption d’eau (en général inférieur à 25%) : au-delà, elles se dispersent. Leur évolution résulte d’activités biologiques ; elles sont un milieu riche en micro-organismes. Selon les éléments constitutifs de la boue on distingue : - Le Péloïde (Dax, Balaruc, Aix-les-Bains…) dans lequel un limon, une argile, ou un substrat argileux a « maturé » (voir plus loin) dans l’eau minérale pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines. - Le Fangoïde (Barbotan…) constitué par un mélange d’un substrat végétominéral et d’une eau minérale. - La Pâte à l’eau minérale (Neyrac-les-Bains, Luchon…) constituée par un mélange d’un substrat argileux et d’une eau minérale. On parle de boue extemporanée par opposition aux boues maturées représentées par les péloïdes et les fangoïdes. On peut alors considérer qu'il existe deux grands groupes de boues différenciées par leur mode de préparation : 1.- Les boues maturées. ou "péloïdes", où le temps de contact entre l'eau thermale et le substrat minéral est prépondérant et permet l'instauration d'échanges chimiques et biologiques. La maturation permet de reproduire les conditions naturelles qui ont été à l'origine de la production spontanée de ces boues utilisées dans un but curatif. Elles sont spécifiques d'une station donnée : substrats, nature et température des eaux différents, durée de maturation variée. Les boues maturées favorisent le développement d'une flore (bioglée) spécifique, constituée d'algues et de bactéries particulières. Des échanges entre les composants argileux et organiques du substrat et l'eau minérale interviennent. La maturation permet une concentration des éléments traces et par l'intermédiaire de la bioglée, elle enrichie la boue une série de molécules issues du métabolisme des algues et des bactéries (acides aminés, vitamine C…) ainsi que des produits provenant de la dégradation de ces organismes. 2.- Les Boues extemporanées (Neyrac-les-Bains…) : Elles résultent d’un mélange d’argiles sélectionnées et d’eau minérale peu de temps avant leur utilisation. On ne recherche pas de développement 7 Colloïde : terme issu de du grec kolla : colle et eidos : forme. Qui a la consistance et ressemble à de la gelée. Page 19 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains microbiologique ou algal (algues), seuls les échanges minéraux sont pris en compte. Les équilibres physico-chimiques entre l’eau et le solide s’établissent en quelques heures, voire quelques jours. A Neyrac-les-Bains nous mélangeons le précipité de l’eau minérale (voir plus haut), une argile de la famille des Montmorillonites (forte capacité d’échange avec la peau) et l’eau thermale pendant quelques heures (visite des installations techniques toutes les 3 semaines). Lors de l’application, aux mêmes températures (supérieures à la température du corps humain), les transferts percutanés répondent aux mêmes lois que pour les boues maturées, mais il n’y a pas ici mise en jeu de métabolites issus d’une activité biologique. L’absence d’une biomasse8 exclue la possibilité de compétition vitale et pourrait favoriser le développement d’une flore de contamination. Il faut donc privilégier l’usage unique (Neyrac) ou bien la stérilisation. Mais cette dernière issue est d’intérêt réduit du fait de la rapidité de la préparation du produit et de la réduction des stockages. Si les boues extemporanées se différencient des boues maturées (contact prolongé avec l’eau minérale, développement microbiologique ou algal) elles ne doivent pas être considérées comme des péloïdes de 2ème classe. Elles peuvent donner lieu à des transferts chimiques plus important du fait d’une plus grande sélection de la qualité minéralogique, et notamment thermique, du support solide. Un sédiment a souvent une composition plus hétérogène et par conséquent un comportement thermique plus variable. Les boues extemporanées constituent donc un outil thérapeutique de premier plan. 9 CAPACITÉ D’ÉCHANGE CATIONIQUE DES PRINCIPALES FAMILLES D’ARGILES Nature de l’argile C.E.C. en meq/100 g Kaolinite 3 à 15 Halloysite 5 à 50 Smectites Montmorillonite (Neyrac) Illite 80 à 150 80 à 150 10 à 40 On retiendra qu’au-delà des seuls effets des eaux et des boues thermales, s’assoçient ceux des techniques de soins, des actes de kinésithérapie (massages et surtout mobilisation, école du dos…), de la qualité de l’environnement (médical, milieu naturel, animations, hébergement, convivialité), de l’éloignement du lieu de vie habituel, de l’ambiance conviviale de la station sans oublier la reprise d’une activité physique quotidienne (au moins l’équivalent d’une demi-heure de marche rapide par jour, gymnastique douce, natation…), les actions d’éducation pour la santé et une bonne hygiène de vie en général (lutte contre les kilos superflus, manger au moins 5 fruits et légumes par jour, repos, détente, …). C’est L’ENSEMBLE DE CES FACTEURS qui contribue a améliorer la qualité de votre vie pour de longs mois. 8 9 Le terme "biomasse" désigne au sens large l'ensemble de la matière vivante. Sources : - Robert Savarit. Essai de classification technique des boues thermales. Presse thermale et climatique 1988. - A. Rambaud. Les boues thermales. Masson. 1989. - Thierry Ferrand, Argicur. Page 20 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains Maudit soit le parricide ! Faujas de Saint-Fond, en 1778, relate l'existence de la mofette dans un livre : “J’avais entendu raconter à des paysans beaucoup de choses extraordinaires sur divers puits qui existent dans les possessions d’un habitant du lieu : les uns m’avaient dit que nulle espèce de plantes ne pouvait croître dans les environs de ces puits; d’autres que les oiseaux et tous les reptiles qui s’en approchaient étaient frappés à mort; plusieurs ajoutaient que les moutons et même des bœufs étaient venus flairer ces ouvertures de trop près étaient morts subitement. ” Ce phénomène non compris à l’époque a laissé place à l’imagination des hommes et c’est ainsi qu’une légende est née, racontée par Ovide de Valgorge en 1846 : “ Un grand seigneur du voisinage avait un fils unique sur lequel toute sa sollicitude et toute sa tendresse de père s’étaient concentrées. Ce fils, vivant portrait d’une femme charmante morte en lui donnant le jour, n’avait malheureusement pas hérité du cxur noble et généreux de sa mère. Joueur et débauché, il avait déjà une première fois osé lever la main sur la tête de son père qui refusait de contribuer plus longtemps à ses dérèglements en lui donnant l’argent dont il faisait un si mauvais usage. Depuis cette époque la haine du fils pour le père s’était accrue et le misérable en était arrivé à méditer froidement la mort de l’auteur de ces jours. Ce dernier avait deviné les mauvais desseins de son fils et se tenait sur ses gardes. Mais un jour, le fils avait été si tendre, il avait parlé de son repentir en termes si touchant que son père, vaincu par les supplications hypocrites de cet enfant si dénaturé, lui ouvrit les bras et lui accorda son pardon. Plusieurs années s’écoulèrent ainsi dans la plus douce et la plus cordiale intimité. Insensiblement la surveillance que le père faisait exercer autour de lui par ses serviteurs dévoués se relâcha. Une nuit le père, se sentant malade, avait renvoyé tous ses serviteurs et n’avait gardé auprès de lui que son fils, des soins duquel il ne pouvait plus se passer. Page 21 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains Fatigué le père s’endormit. Aussitôt le fils, attendant avec impatience un moment favorable pour accomplir son horrible dessein, saisit son poignard et en frappa avec fureur son malheureux père qui ne se réveilla que pour passer des bras du sommeil dans ceux de la mort. Une fois le crime consommé, il fallait en faire disparaître les vestiges et le fils, profitant des ombres de la nuit, sortit sans bruit et courut, portant le corps de son père sur ses épaules, le déposer dans une fosse qu’il avait préparé à l’avance dans une caverne, à l’entrée de laquelle coulait une claire fontaine. A peine venait-il d’ensevelir le corps de son père, qu’une voix, partie à la fois des hauteurs du ciel et des entrailles de la terre, lui cria : “Maudit soit le parricidex”. Et aussitôt la terre trembla, le sol s’entrouvrit sous les pas du maudit, et ce trou fétide d’où s’échappent en si grande abondance tant d’exhalaisons mortelles, remplaça la caverne et la fontaine limpide. Tout avait disparu, le cadavre du père et celui du parricide.” La mofette était née ! Sources : Ovide de Valgorge : "Souvenirs d'Ardèche" LAVOISIER AVAIT RAISON ! "J’ai précédemment établi, dans de précédents mémoires, que l’air de l’atmosphère n’est point une substance simple, un élément, comme le croyaient les anciens, et comme on l’a supposé jusqu’à nos jours ; que l’air que nous respirons n’est composé que d’un quart d’air éminemment respirable, et que le surplus est une mofette vraisemblablement très composée elle-même, qui ne peut servir seule à l’entretien de la vie des animaux, à la combustion et à l’inflammation". Antoine-Laurent Lavoisier (1743-1794) Mémoire sur la combustion des chandelles dans l'air atmosphérique. Page 22 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains Le Thermalisme s'adresse à tous La médecine thermale traite de nombreuses pathologies chroniques. Si beaucoup d'affections sont devenues curables grâce aux progrès de la pharmacopée ou de la chirurgie, il s'en faut de beaucoup que toutes le soient. Dans tous les domaines de la pathologie, il existe encore des maladies chroniques, facteurs de contraintes pénibles ou d'incapacité pour lesquelles ne sont proposées que des traitements au long cours insuffisamment efficaces et souvent fastidieux, quand ils ne sont pas difficiles à supporter. Dénué d’effets secondaires, le Thermalisme s’adresse à toutes sortes de clientèles, jeunes ou plus âgées. La grande diversité et la qualité exceptionnelles des eaux minérales françaises, à l'origine de la spécialisation médicale des stations thermales en douze orientations thérapeutiques, associées à des techniques physiques et manuelles d'une variété inégalable, permettent au Thermalisme français d'interrompre l'évolution des processus dégénératifs et de pallier les insuffisances fonctionnelles en résultant. Il en est de même pour nombre de maladies immunologiques à composante génétique telles que l'asthme ou pour certaines atteintes allergiques d'expression cutanée auxquelles le Thermalisme peut apporter sinon la guérison, du moins des rémissions et des soulagements durables. Une thérapeutique efficace Médecine naturelle héritée des temps les plus anciens, le Thermalisme a su faire la preuve de son efficacité et dispose aujourd’hui d’une véritable caution scientifique et universitaire. Ainsi, une étude de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie, menée sur un échantillon de 3000 curistes, a mis en évidence une amélioration de l'état de santé chez 2/3 des personnes ayant suivi une cure. Qualité et sécurité Comme pour tout autre médicament, les eaux thermales sont soumises à un contrôle très strict quant à la constance de leur qualité physico-chimique, leur sécurité bactériologique et leur utilisation. Par ailleurs, le remboursement des traitements par les organismes d'Assurance Maladie implique l'obligation de dispenser des soins, définis dans une grille normalisée et adaptée à chaque pathologie. Dans une période où la maîtrise des dépenses de santé et la plus juste utilisation des fonds publics sont de rigueur, le Thermalisme se définit comme une thérapeutique efficace et peu coûteuse. Une thérapeutique économique Le Thermalisme est économe des ressources publiques, puisqu’il est démontré que les malades bénéficiant de cette thérapeutique réduisent leur consommation médicale. La cure thermale joue un rôle préventif et éducatif important qui contribue à la réduction des dépenses de santé et de l'absentéisme en entreprise. Or, les prestations versées au titre des cures thermales ne constituent qu’une très faible partie des dépenses globales de santé. En 1999, elles ont représenté 0,20 % des dépenses d'assurance maladie Page 23 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains La médecine thermale s'inscrit d'autant plus dans le cadre d'une maîtrise des dépenses de santé qu'elle s'adresse majoritairement à deux tranches d'âge (enfants et seniors) où la consommation médicale est forte. Les soins aux Thermes de Neyrac ont pour but - D’augmenter la souplesse articulaire, de combattre les contractures et de diminuer la prise de médicaments antalgiques et anti-inflammatoires dans les rhumatismes chroniques. - De stopper l’inflammation et les démangeaisons, de freiner, voire supprimer, les poussés et de prolonger les rémissions dans l’eczéma et le psoriasis. - D’améliorer la circulation sanguine en cas d’insuffisance veineuse chronique, en particulier lors des gonarthroses, des troubles de la statique plantaire, des eczémas consécutifs à la stase veino-lymphatique L’efficacité du traitement résulte de la synergie de différents facteurs - De l’action des agents thermaux (limon et eau thermale) - Des techniques de soins pratiquées par un personnel qualifié : o Bains, jets, massages et mobilisation en piscine sous contrôle des masseurskinésithérapeutes… en rhumatologie. o Application de limon thermal, compresses, aérobain de limon, pulvérisations, douches,etc…en dermatologie o Soins à visée phlébologique pour lutter contre les effets indésirables de la chaleur : pédiluve à hydromassage, aérobain, hydromassage en baignoire... - De l’information et de la sensibilisation à une meilleure hygiène de vie (alimentation équilibrée et adaptée, mal de dos, ostéoporose, surpoids, hypertension artérielle, trouble de l’équilibre… - Des activité d’accompagnement : gymnastique douce, étirements, école aquatique du dos, gym équilibre, aquagym, marche nordique, couloir de marche. - Du climat et de l’environnement naturel privilégié Page 24 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains Trajet de l’eau thermale Répartition des stations thermales françaises Page 25 Petite histoire du thermalisme et de Neyrac-les-Bains LE THERMALISME SOCIAL EN QUELQUES ETAPES • 23 Vendémiaire An VI : arrêté instaurant la gratuité des traitements dans les stations thermales au bénéfice des indigents et des militaires blesses • 29 septembre 1919 : la loi qui institue la taxe de séjour prévoit que son produit permettra aussi de faciliter l’accès aux cures thermales pour les plus défavorisés • Entre 1920 et 1939, à l’instigation d’universitaires (Prs VILLARET, JUSTIN-BESANCON,…) de nombreux malades sont envoyés en cure par des grands services hospitaliers (APHP), et grace aux subventions de communes ou de départements • 1936 : premiers achats d’établissements de cure pour enfants par une Caisse Interdépartementale d’Assurances Sociales (Saint-Honoré) • 1937 : Rapport sur les aspects sociaux des cures thermales présenté par les Prs VILLARET, CROUZON et JUSTIN-BESANCON lors du Congrès International du Thermalisme • 1937 : premières conventions signées entre les Assurances et certains établissements pour fixer un forfait-cure au profit des assurés sociaux • 1946 : création de la Commission du Thermalisme au sein du Comité Technique d’Action Sanitaire et Sociale (Ministère du Travail) • 1946 et 1947 : 2 propositions de lois (rejetées) revendiquent la nationalisation ou l’étatisation du patrimoine thermal • 15 Janvier 1947 : Arrêté Ministériel instaurant le remboursement des frais de cures thermales • Mars 1947 : circulaire relative au « triage » des assurés sociaux se rendant en cure thermale Source CNETH : Naissance du thermalisme social Page 26